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Le mois d'août se faisait chaud et ensoleillé. Et si l'on pouvait croire que l'air frai de la côte aiderait les Caladonniens à respirer, le nouveau continent ne semblait pas y agréer. L'humidité y était étouffante. Même avec l'eau jusqu'à la ceinture, les marins transpiraient par dessus leurs peau brûlées. Ils répétaient leurs gestes aisés malgré la fatigue de leurs échines courbées et brisées par le travail dans un enchaînement inlassable. En effet, l'effervescence du port n'avait pas changé; Ce qui lui donnait plus que jamais cette insoutenable impression de crasse purulente. Un véritable enfer diraient certain. Pas étonnant qu'aujourd'hui la noblesse ai déserté les divertissements marins pour se rafraîchir à l'ombre des chaines et des peupliers. A leur façon, les jardins de la mairie grouillaient tout autant que les embarcadères. Dans une dance raffinée de flanelle, rubans et volants, les rires cristallins s'élevaient avec légèreté. Habillées de couleurs pâles, les dames avaient sorti les éventails et les ombrelles, ne laissant aucune chance aux rayons perfides du soleil de gangrener leur teint délicat. Sous le voile de son ombrelle, la jeune Ostiz admirait ce magnifique spectacle de productivité. A Caladon, chaque petite chose était à sa place.

Caladon, ville de liberté. Certes, on avait prit un plaisir sans limite à cracher sur l'aristocratie de l'ancien monde, remettant en cause les normes sociale, la légitimité de la royauté et tout ces vieux principes qui ne subsistaient plus qu'à Sélénia. Et pourtant, quels réels changements s'étaient opérés? Puisque leur haine des nobles venait uniquement de leur besoin enragé d’être des noble à leur place. Ainsi une nouvelle aristocratie s'était élevée, dans la cité où l'argent rendait roi. Eleonnora les méprisait autant qu'elle les comprenait. Leur vil opportunisme était semblable au sien et ne elle pouvait les blâmer pour ça sous peine d'être injuste. Au côtés de l'initiatrice de cette petite sauterie, la jeune femme surplombait ce petit monde depuis l'estrade, leur offrant à toutes et à tous un sourire aussi éclatant que l'astre solaire, qui peu à peu se faisait recouvrir par les nuages. C'était une vieille femme à l'air guindé qui lui avait demandé de préparer cette garden party comme on savait si bien le faire  à la cours lors des temps anciens; Les épouses se rencontraient, loin des préoccupations de leurs hommes, s'amusant au croquet, aux dés et s'enfilant de nombreuses confiseries luxueuses. Lorsqu'Eleonnora avait soutenu ce projet, l'administration n'y avait pas vu d'inconvénient tant que ce n'était pas à la cité de payer les frais de ces dépenses mondaines. Et puis mettre à l'aise les plus riches des citoyens était un bonus. Caladon savait se rendre attractive. Au dessus du brouhaha la demoiselle éleva sa voix comme elle savait si bien le faire.

« J'espère que Sélénia aussi est accablée par cette chaleur étouffante...le monde serait bien injuste sinon... » Quelques rires dans l’assistance. Les demoiselles se penchaient les unes vers les autres pour échanger des confidences, gloussant derrière leurs mains gantées. La conseillère ne pouvait savoir si elles faisaient parti de ceux qui l'admiraient ou de ceux l'enviaient. Bien que l'un soit positif et l'autre négatif, les deux étaient flatteurs. Elle était néanmoins consciente que tout ces regards n'attendaient qu'un faux mouvement de sa part pour alimenter leurs conversations. Si elle comprenaient leur opportunistes de maris, ces dames et demoiselles, elle les méprisait. Des âmes sans valeur dont le seul mérite était d'avoir suivit leurs hommes jusqu'à bon port. « ...Mais, mesdames, il y a un an il nous aurait été impossible d'être réunies ainsi. Alors c'est avec joie que Dame Agnès, ici présente, et la cité de Caladon représentée par ma personne vous invite dans la douceu-  »

BLAM


Un éclat de lumière pourfendit le ciel, arrachant à l'assemblée un cri strident. Ce fut dans un festival de dentelles effrayées qu'un véritable chaos s’installa. La jeune conseillère avait beau se démener, impossible de rétablir le calme. La vielle dame, cramponnée à ses lunettes ne l'aidait pas. Sur le vacarme vint se plaquer le martèlement de l'eau. Des trombes d'eau. Ce qui fera le bonheur des petites gens fera le malheur des plus grands. Elle essuya un juron, et se précipita vers la salle de bal grand ouverte où la garde prenait déjà soin de rentrer ces dames. « Mesdames, je vous assure que vous ne courrez aucun danger! Voyez regagner la grand salle dans le calme je vous prie! Nous allons installer la collation à l’intérieur, ce n'est qu'une question de temps! » Ils avaient l'air bien malins face à ces hystériques qui se cramponnaient à eux comme à des bouées de sauvetage. Elle étaient plus effrayantes que jamais avec leur maquillage à moitié effacé et coulant le long de leurs joues.
Il n'y avait rien à y faire alors le temps que ces niaises se calment, Eleonnora referma son ombrelle trempée et se détacha de la foule pour aller souffler dans un coin. En epongeant sa longue robe immaculée aux innombrables volants, elle se disait qu'au moins cet orage l'avait dispensé de ce discours ennuyant et de ces conversations idiotes.

Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Mar 12 Juin 2018 - 8:56, édité 1 fois

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Sintharia aimait les mondanités, non pas parce qu'il s'agissait d'un divertissement intéressant, mais plutôt parce que chacune de ces réunions de femmes était l'occasion de briller plus que sa voisine, les guerres des femmes n'en étaient pas moins mortelles que celles des hommes, certaines tentaient de s'immiscer au sommet et échouait pour rester brisées à terre. Certaines s'y refusent, ils s'accrochent au royaume, ou à l'amour. Des illusions. Les mots étaient aussi importants que le paraître et chaque erreur pouvait faire chuter toute une famille sur des générations. Les races mortelles n'oubliaient jamais, et c'était bien ce qui attirait le cygne noir à elles, ils n'oubliaient pas non plus les faveurs qu'on leur accordait.

Par chance, elle avait pressenti l'orage et avait su se mettre à l'abri - d'autant plus qu'elle ne supportait que difficilement le soleil, s'épargnant ainsi les tonnes d'eau qui déferlèrent en quelques secondes. Observant silencieusement les chicaneries des effarouchées par la pluie. Et une fois que toutes furent mises à l'abri, elle se détachait encore plus de la foule, la fille de nuit possédait une beauté surprenante, lunaire, peu commune chez la race humaine, presque surnaturelle et cette beauté supérieure était sublimée par sa tenue, une robe noire aux reflets bruns de satin sans fanfrelucheries, brodées d'or, peut-être qui en dévoilait plus que ce que la pudeur humaine autorisait, tout son dos était laisser nu ainsi que ses bras. Ses cheveux blancs pour l'occasion étaient laissés détachés et son maquillage soulignait ses yeux d'argent pur. Agent souligné par sa parure du même métal. Le cygne noir trônait au milieu de ces oiseaux de basse-cour.

La vampire s'avançait dans la directement de la femme qu'elle avait repéré, une charmante demoiselle dont elle devinait facilement la jeunesse, une fleur qui trônait au-dessus du tas de boue que représentaient les autres nobles. Suivie de près par sa suite, des femmes à la beauté similaire bien qu'amoindrie vis-à-vis de leur maîtresse. Les femmes s'inclinèrent poliment dans un geste calculé.

La fille Dalis était une parfaite inconnue dans cette ville, elle allait donc devoir se tisser quelques relations avec la noblesse locale, et ce jeu lui plaisait, accordant un sourire qui aurait pu sembler de convenance. D'autant plus qu'avec son physique encore dans l'enfance, personne n'irait lui reprocher d'être une inconnue.

- Madame. L'argent de ses yeux fixait la jeune femme, un regard qui aurait pu percer l'âme de la malheureuse. Une chance que cet orage vous ait sauvée de ces commérages. Peut-être désireriez-vous changer de tenue ? Il serait dommage d'attraper froid. Elle tendait son bras à l'égard de cette noble qui était finalement sans doute plus vieille qu'elle, au moins physiquement, grâce à l'exaltation de la nuit éternelle la peau de la créature de la nuit serait chaude.

En effet, la jeune brune était devenue accessoire pour les commères puisque chacun à présent s'accordait le temps de remettre de l'ordre dans sa tenue. Et elle pouvait constater une nouvelle fois que toute la noblesse humaine était basée sur le fameux paraître. Dans son infinie mansuétude, le cygne noir abritait sous son aile la jeune femme.

- Oh excusez moi, j'ai oublié de me présenter : comtesse Sintharia de Batisdonne. Je suis arrivée il y a peu à Caladon. J'espère que vous saurez pardonner mes erreurs, je n'ai pas encore toutes les habitudes de cette cour.

Oh, certainement, que son favoris l'avait glissé dans ses petits papiers avec un titre de ce genre-là, les deux amants aimaient jouer, jouer à ce qu'ils n'étaient pas, mais elle ne pouvait dire la vérité sinon la malheureuse fuirait à la seule mention d'Aerthia.. Néanmoins, elle commettait des erreurs qui était facile de mettre sur le dos de ses dix-sept printemps.

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Eleonnora Ostiz était une mondaine que le monde occupait, caressait, enivrait parfois, mais dont il était loin de remplir le cœur et de satisfaire l'activité. Paradoxalement aux apparences, il n'y avait pas un grain d'or à tout ce qu'on disait dans ce genre de réception: la raison, la conversation, la suite étaient entièrement bannies du tourbillon où elle pouvait être. Ces sois disant beaux esprits lui inspiraient de la pitié; Si vous saviez combien ils sont petits de près et combien ils sont quelquefois empêchés de leur personne! Lorsque l'orgueil se mêlait aux bonnes convenances, il n'y avait pas grand chose à en tirer. Cependant elle était la première à savoir que ces occasions étaient le théâtre des rencontres où se jouaient les influences. La diplomatie se faisait dans les salons privés, dans le luxe. Et sans une épouse bien née, la vie mondaine était impossible. Alors il fallait les cajoler, les enivrer, leur offrir de quoi se distraire et oublier leur vie dont l'aisance était l'écho de l'ennui. Ces femmes, éternelles enfants qui avaient pleinement conscience de cette cage dorée dans laquelle elle se complaisaient. Néanmoins, au milieux des jérémiades et des voix aussi exaspérées qu’exaspérantes, la jeunesse de la silhouette qui l'avait approchée ne lui inspirait en rien celle d'une enfant.

Elle avait beau certainement faire partie des plus jeunes de cette assemblée, la jeune fille ne semblait pas suivre la même esquisse que ces dames. Elle avait refréné l'élan de politesse hypocrite dont certaines s’apprêtaient à faire preuve. La conseillère arqua un sourcil en la voyant ainsi s'avancer vers elle, sans crainte ni reproche. Elle ne venait assurément pas du coin. Ou bien était-elle plus intelligente que ces bécasses qui se contentaient de la contourner de peur d'attirer les mauvais regards des autres dames?  Mais après tout elle n'était pas intouchable. Elle apprécia ce cran. Relevant le menton pour abandonner ses jupons trempés, elle accueillit ses paroles avec son usuel air de fierté. Elle ne put cependant réprimer un frisson lorsque son regard croisa le sien. Et cela n'avait rien à voir avec l'eau qui perlait le long de ses mèches brunes jusqu'au creux de ses omoplates. L'éclair fendit le ciel illumina la peau diaphane de la jeune inconnue la dotant d'un air surnaturel.

« Vous êtes trop aimable...il semble que je ne soit pas la seule à qui l'orage prête de belles opportunités, n'est ce pas? » S'était elle avancée car elle avait décelée dans son aînée le gros poisson? Dans ses yeux dansait la lueur d'une curiosité certaine. Cette garden party qui était il y a quelques minutes vide de sens, prenait désormais un tournant plus intéressant. Mais peut-être se fourvoyait-elle et que cette inconnue ne l'avait approchée que par candeur et inconscience. Autant était-il qu'elle prenait toute occasion de se distraire tout en remplissant son devoir. « A qui ai-je l'honneur? » Alors que le grondement, désormais lointain du tonnerre résonnait, la jeune femme s'appuya délicatement au bras qu'on lui tendait.
« L'ignorance vaux peut-être mieux que l'erreur dame de Batisdonne; Vous apprendrez...mais sachez qu'on nous rabâche à longueur de temps que le maître mot ici est 'liberté'. Alors pour peu que nous ne soyons pas tous nobles, la cours n'est surement pas aussi stricte que celles...d'avant. » Elle souffla ces derniers mots avec nostalgie. Enfin, si cette jeune fille en savait quelque chose. Peu étaient introduite à la cours aussi jeunes...mais elle n'aura pas été la première à être mariée pour de l'or ou de la réputation. Ainsi, ce n'était pas la première fois que ce nom lui remontait aux oreilles mais impossible de se souvenir en quoi ni comment. Elle blâma son manque d'attention au monde mondain ces derniers mois où elle s'était consacrée d'avantage à la politique. Elle avait ses priorités.

« Vous savez surement qui je suis mais dans le doute, je vais faire de même. Eleonnora Ostiz, conseillère au siège de Caladon la revenante et votre hôte en ce jour de pluie. » Elle eu un petit sourire pour la demoiselle qui, malgré ses erreurs, ne semblait pas plus déroutée le moins du monde. Elle l'invita à avancer, attrapant au passage deux coupes de champagne sur les tables que l'on avait péniblement acheminé pour rendre la salle plus accueillante. Elle en tendit une à sa compagne de fortune et sirota la sienne du bout des lèvres. S'approchant de la grande porte qui ouvrait sur le corridor menant au fin fond du palais, la jeune femme fit signe à l'intendante qui semblait débordée.

« Je vais m'absenter quelques temps. Veillez à ce que ces dames ne manquent de rien...apportez donc les tables de jeux je vous prie et...faites moi parvenir quelqu'un qui puisse apporter une tenue descente à mon bureau. » D'un hochement autoritaire, elle regarda l'employée s'en aller au pas de course donnant de nouveaux ordres à ses domestiques. Eleonnora se tourna vers son invité d'honneur avec un petit sourire. « Quelle meilleure façon d'en apprendre plus sur Caladon que d'en visiter les coulisses? » Sur ce, elle l’entraîna le long des couloirs où le bruit étouffé de l’effervescence de la sale de bal s'étouffait peu à peu. Bientôt elle n'entendirent plus que le clapotis de l'eau contre les carreaux. Le changement d'ambiance donnait aux longs et imposants espaces un air sinistre. Néanmoins cela ne dérangeait pas la jeune Ostiz qui se sentait plus sereine à errer dans cet environnement familier. Elles arrivèrent vite à son bureau dont elle poussa la porte après un regard pour garde qui contemplait le ciel d'un air absent. Il n'était pas aussi grand que celui du Bourgmestre, évidemment. Toutefois, la pièce était assez spacieuse pour y contenir la pile de documents qui s’étalait sur le secrétaire  de bois lustré. Elle déposa dans un tintement sa coupe de champagne qu'elle avait déjà vidé à moitié sur le bord de ce dernier. Tout en invitant la jeune fille au cheveux d'argent à s’asseoir dans un des fauteuils qui se trouvaient derrière le bureau, elle alluma d'un geste la lampe à huile qui se trouvait sur son bureau. Et sous la lueur tamisée de la flamme, Eleonnora s'assit face à à elle, essayant d'ignorer les frissons qui parcouraient son corps désormais du à la fraîcheur de ses vêtements trempés.

« Les jours ensoleillés saillent davantage aux belles pierre de notre mairie...mais vous la voyez sous un jour bien particulier. Vous devriez vous estimer heureuse d'être privilégiée de cette vue sinistre. » Un rire cristallin s'éleva alors. Ce trajet à travers la mairie lui paraissait maintenant tout à fait ordinaire, mais elle aimit redécouvrir son quotidien au travers du regards des non initiés. Aussi pour voir cette lueur impressionnée au fond de leur yeux. Même si on ne pouvait comparer cette architecture aux palais grandioses de l'ancien temps. « Mais dites moi, qu'est ce qui vous mène dans notre belle citée? Si ce n'est pas trop indiscret...» La conseillère avait beau ressentir cette maturité, la demoiselle ne restait pas moins une enfant à ces yeux. Elle était donc bien aisée à lui adresser la parole si elle se sentait supérieure ne serait-ce qu'en age.[/color][/font]

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Les parvenus étaient sans doute une des choses qu’elle haïssait le plus au monde, bien que l’on pouvait estimer qu’elle en faisait plus ou moins parti, n’était-elle pas une fille de nuit avant que l’immortalité lui soit gracieusement offerte par son géniteur.

- Il faut laisser passer l’orage, ensuite nous verrons bien quelles glorieuses opportunités il aura créé.

Il fallait voir au-delà de ce que ces simples mots voulaient sous-entendre, l’orage avait le don de créer un renouveau, de rajeunir même les fleurs les plus tendres et les plus juvéniles. Il y avait dans le regard de la vampiresse une lueur de vie mêlée à un éclair de malice peu commun, celui qu’ont toutes les femmes qui ignorent quelque chose, et que si on leur demande la raison de ce soudain amusement elle pourrait laisser sortir une réponse qui ne vous plaira que très peu.

Elle laissait ainsi la mortelle gérer cette mascarade, elle avait du cran et une grande confiance en elle, tout cela lui évoquait une envie sourde de l’ajouter à ses conquêtes, mais il était encore bien trop tôt pour cela, elle devrait ruser, ruser pour obtenir ce qu’elle désirait et cela allait rendre le jeu d’autant plus amusant. L’hédoniste en elle s’étirait dans une position des plus lascive, frustration et plaisir faisaient parti du jeu.

- Vous savez bien accueillir, conseillère Ostiz, je ne pourrais vous enlever cette qualité. Le ton était révérencieux et parfaitement joué, elle veillait néanmoins à rester suffisamment avare de compliment pour ne pas donner l’impression d’en faire trop.

Les noms n’avaient aucune importance pour la courtisane, ce n’était qu’un simple nom qui avait été couché sur le papier, si un prénom ne valait rien à ses yeux alors que dire des noms et des titres ? Finalement conseiller n’avait pas une grande importance, être payé une fortune pour conseiller des banalités sans noms qui n’avaient guère d’intérêt. Une fois que tout cela serait fini elle irait laver cette pompeuserie au premier bordel qu’elle trouvera sur sa route, même une fille de taverne pourrait lui suffire. Ou alors elle pourrait retourner d’oublier dans les bras de son amant.

Elle glissait délicatement la coupe de champagne à ses lèvres remerciant son hôte, cachant son dégoût face au goût âcre du liquide pour ses papilles vampiriques. Tout ce qui n’était pas du sang lui semblait bien insipide. Acceptant néanmoins de la suivre plutôt docilement.

Une fois au bureau, elle s’installait confortablement dans un fauteuil, elle jetait un long regard dans la pièce, l’aspect sinistre ne semblait pas la perturber outre-mesure. Elle aimait ce genre d’ambiance qui laissait planer une dose de mystère.

- La pluie efface les fards du vivant, l’important n’est pas les pierres, mais ce qu’il s’y cache, les racines et l’âme en quelque sorte.

Elle se contentait d’opter pour un pieu mensonge face à cette question, qu’est-ce qui aurait bien pu la guider ici.

- Oh, mon époux est en visite pour affaire ici, il m’a suggéré à raison de prendre le temps d’apprécier la ville. La cour de Sélénia devraient vous envier tout ce luxe, et les déesses savent à quel point l’on s’ennuie à cette dernière. En effet, le maître-espion lui avait chaudement recommandé de ne pas trop tarder à faire ses premiers pas du côté des caladoniens. Continuant de s’éventer calmement. Je ne vous cache pas que la politique m’ennuie au plus haut point, alors je me trouve bien mieux ici, en charmante compagnie, qu’à entendre pour la soirée des nobliaux sans grand intérêt.

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Il faisait tellement sombre qu'on aurait pu se croire en pleine nuit. Néanmoins cette mystérieuse invitée ne semblait pas incommodée par l’atmosphère. Au contraire, elle semblait se fondre dans ce décor à la perfection, comme si le tableau était fait pour sa personne. La pensée qu'elle fut aussi obscure que la pièce traversa même l'esprit de la conseillère. Ces paroles n'en était pas moins énigmatiques. Alors son hôte se demanda si cette aisance ne cachait pas quelque chose. Que venait-elle faire ici? Pourquoi l'avait-elle approchée, elle? Il n'y avait aucun doute, cette jeune fille avait du flair. Ou cette dernière avait un but bien plus précis. Eleonnora était bien trop confiante pour se penser en danger dans son propre bureau mais elle n'en était pas moins une pièce stratégique dissimulant de nombreux dossiers aussi importants les uns que les autres. L'échine de la jeune Ostiz ne manqua pas d'être parcourue d'un frisson à cette idée. Le risque que cette visiteuse représentait avait le don de l'exalter. Le frisson de l'inconnu, la sensation du mystère...Qu'est ce qu'elle aimait ça. Elle se prit alors au jeu, lui demandent la raison de sa venue au sein de sa belle citée. Aussi, derrière le ton léger était caché cette suspicion qui ne l'avait pas lâchée depuis que la svelte silhouette avait fendu la foule dans sa direction.

Elle réagit à peine à l'énonciation de l'adversaire des citées libres. Enfin, adversaire, auxiliaire avec qui les tensions ne manquaient pas. Après tout si c'était pour la dénigrer, cela ne pouvait que lui faire plaisir. Par ailleurs, elle savait que les nobles étaient indécis dans ces périodes troubles. Ils étaient partagés entre l'avidité du pouvoir, de l'argent qu'ils ne trouveraient plus autant à Sélénia qu'à Caladon. Mais si cela signifiait qu'ils devaient renoncer à leur titre en s'abaissant au même rang que ces bourgeois, il y avait des questions à se poser. Certains se pensaient d'ailleurs trop fidèle à leur patrie pour quitter Sélénia, pourtant en ce sens Eleonnora se délectait de la rage de l'aristocratie déchue de sa regrettée Gloria. Ceux là ne voulait qu'une chose, c'était de les voir ramper à leurs pied. Elle en faisait d'ailleurs parti. Si elle n'était pas le leader de cette pensée. Les voir venir à Caladon n'était qu'une source de jouissance pour elle, voyant l'empire se vider de sa richesse et son aristocratie. On ne faisait pas les affaire à Sélénia, on les faisait à Caladon. Néanmoins il lui fallait être prudente avec cette jeune fille. Qui savait ce qu'une Sélénienne était capable de faire à une conseillère Glorienne? Elle la toisa avec la méfiance qui lui restait.

«Je suis flattée de l’intérêt que vous me portez...mais êtes vous bien consciente que les Séléniens sont mal regardés ici bas? Je vous préviens juste pour vous éviter les désagrément des racoleries qui sont de mœurs dans toutes les cours sans exception...Mais je vous sens bien au dessus de ces ridicules différents politiques que ces dames de salons déforment de par leurs capacités limitées. Pourtant, c'est bien une preuve tangible que tout, absolument tout, est politique ma chère.» La demoiselle eu un faible sourire. Une lueur passionnée brillait dans son regard. Ceux qui avaient le pouvoir pouvaient en témoigner, la politique n'était qu'une suite de fourberie, de manigance, un jeu complexe et sans limite. Alors, elle comprenait que cela puisse en dépasser certains. Il ne faudrait pas effrayer son invitée. Néanmoins si il y avait bien un jeu auquel elle s'amuserait aujourd'hui c'est de savoir que cette jeune femme manigançait.
«Oh mais ne me prenez pas au mot...Nous avons surement mieux à faire que tourner en rond autour des conflits de notre propre race. »

Un tambourinement interrompit son discours. Sans bouger, elle pria la servante d'entrer. La domestique était loin d'être jeune et son visage sérieux s'accordait parfaitement à son uniforme sobrement voir strictement boutonné de haut en bas, ne laissant qu’apercevoir ses chevilles et ses poignets. D'un air guindé, elle se plia pour saluer ses dames du monde et tendit le package qu'elle avait pour mission d'apporter. Eleonnora daigna se lever et passer derrière le bureau pour déplier le tissu qu'elle avait fait parvenir. Elle ne prêta pas plus d'attention à la domestique qui s'en alla aussi silencieuse qu'elle était arrivée. C'était une robe de chambre, bien que légère, assez longue pour la couvrir entièrement. La jeune aristocrate ne se voyait pas se changer face à un auditoire inconnu. Aussi elle se contenta de passer les longues manches cernées de motifs floraux dans les quels dansaient des oiseaux au plumage irréel. Elle ne s'était jamais imaginée se montrer dans une telle tenue devant une inconnue...Elle ne la sentait d'ailleurs pas étrangère à l'art de la distinction et de l'apparence. Pourtant cela l'amusait grandement. «Qu'en pensez vous? Je ne pense pas avoir grand chose à envier de ces dames! » Après un tour complet sur elle même la demoiselle gloussa en direction de son amie de fortune. Elle noua la ceinture d'un nœud lâche autour de sa taille fine et revint à sa place avec une expression satisfaite. Au moins cela la préviendra de grelotter ou même pire, prendre un rhume, le temps que ces jupons ne sèchent.

Eleonnora sirota à nouveau son champagne dont il ne resterait bientôt que quelques gouttes. Le tout n'était pas de s'enivrer, évidemment, mais son esprit, lourd de toutes ses suppositions qui le traversait, nécessitait un peu plus de légerté. Elle s'avachit dans son large fauteuil et laissa reposer son port sur la paume de sa main, les yeux rivés sur cette douce enfant. Elle se laissait aller dans deux situations; Lorsqu'elle était en compagnie de femme de confiance et lorsqu'elle se sentait en position de supériorité. A vrai dire, elle ne saurait lequel choisir pour cette occasion.
« Alors, dites moi donc, comment se porte la cours de Sélénia? » Elle n'avait rien d’hostile à ceux qui lui apporterais quelques informations. Car ce que cette mystérieuse jeune femme ne savait pas, c'est qu'elle s'était jetée dans la gueule du lion en lui dévoilant ne serait ce que son identité.

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Peut-être est-ce parce que je ne suis pas de sang noble ? Je n’ai aucune prétention spirituelle ou matérielle, aucune envie de m’élever davantage, la noblesse d’âme et de cœur je laisse cela au chevalier et aux contes pour enfants, mademoiselle. Les plaisirs que je peux tirer de la vie sont plus petits et communs que ça. Elle observait longuement la jeune femme, d’un regard félin, presque lascif, mais dissimulé, elle était innocente ça oui, mais pas tout à fait ignorante des vices de ce monde. Une fleur qui plairait à qui aurait la patience d’attendre sa pleine éclosion, trop vite et la belle perdrait de son éclat, pas assez elle pourrirait avant d’être cueillie ou serait dévorée par la vermine. Sintharia aimait jouer, mais elle n’aurait pas la patience d’attendre le dernier moment.

En réalité, les choses étaient bien plus compliquées que cela, elle en cachait la moitié pour entretenir ce mystère, n’étant pas vraiment claire dans ses propos. Elle qui savait rester discrète, un petit titre de noblesse lui convenait parfaitement, il lui ouvrait des portes, sans trop attirer l’attention et surtout lui offrait suffisamment de moyens pour conserver ce train de vie qu’elle affectionnait tout particulièrement.

Elle se carrait plus confortablement dans son siège, ressentant la maigre méfiance de son hôte grâce aux battements si particulier de son cœur. La créature de la nuit savourait quelques secondes cette mélodie nocturne avant de reprendre, avec une lenteur toute calculée. Elle se levait avec une élégance toute calculée, la soie suivant son mouvement élégamment dans un bruit mat. Faisant quelque pas et osant pour ainsi dire tourner le dos à la jeune fille, elle se mordit l’ongle parfaitement manucuré de son pouce, pendant que la demoiselle se changeait, ne voulant pas trop donner l’impression d’observer, et puis ainsi elle pouvait respecter sa pudeur. Elle en profitait pour déposer sa coupe, enfin vide, l’alcool ne valait définitivement rien par rapport au sang.

La présence lunaire elle-même portait une tenue que la morale réprouvait, en dévoilant largement plus que nécessaire en dépit de la fraîcheur qui s’annonçait. Elle ne semblait ni souffrir de l’humidité par plus que de l’obscurité qui allait grandissante puisque c’était son domaine. Elle se postait à une fenêtre légèrement embuée.

Vous êtes bien plus belle, et plus futée. Si vous apprenez à en user en tant que tel vous pourriez avoir le monde à vos pieds, si vous le désiriez. Elle avait dévoilé quelque chose d’important, par chance, cette dernière était née femme, son ascension serait bien plus aisée, si elle désirait atteindre le sommet. Néanmoins, elle avait aussi les deux défauts, les deux défauts qui tuent les femmes, le jeu était dangereux, mais en valait-il la peine ? On dirait qu’une catastrophe se prépare là-dehors.

Sintharia aurait pu rire en devinant les pensées de l’humaine, elle ne la tenait pas, elle avait absorbé les maigres informations qu’elle avait choisi de lui donner, fausses pour la plupart. Oui, une certaine Sintharia, fille sans naissance, récupérée dans la rue par un noble notoire, un mariage d’amour dans la campagne de Sélénia.. Mais était-ce vraiment elle ? Ou une de ses multiples illusions ? Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de déshabiller distraitement la femme du regard, puis prenait une attitude plus distante comme si elle était ennuyée par le cheminement dans la conversation.

La cour est vieillissante et ennuyante, la vieille noblesse est difficile à supporter pour quelqu’un d’aussi jeune que moi. Il ne s’y passe rien, même dans les alcôves. Elle qui était friande de secret, Sélénia était plutôt décevante pour sa personne.

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Eleonnora ne fut pas surprise par les aspirations presque pieuse de cette mystérieuse jeune fille. Après tout elle avait décelé chez elle un désintérêt et même un mépris des mœurs futiles de femmes de la cours ou ces bourgeois tout aussi intriguants. Ce n'était son désappointement qui avait arc bouté son sourcil. Bien sur elle se désespérait de voir une jeunesse aussi peu ambitieuse mais elle se disait que cela lui faisait de la concurrence en moins. Non, c'était bien ce regard lancinant et félin que son interlocutrice faisait couler sur elle. Cela l'interpella. Elle alla jusqu'à ce demander si les 'plaisirs' évoqués n'étaient pas plus évocateurs ainsi que par les mots qu'elle avait employé. Ainsi elle n'aurait plus grand chose de pieux à offrir à son hôte. Elle ne voulait cependant pas faire de conclusion hâtives. La caresse de ses pupilles sur sa silhouette n'étaient peut-être que la simple ivresse de l'aventure que lui évoquait cet endroit inattendu et cette prestigieuse compagnie. N'avait-elle pas dit à l'instant que son sang n'était pas noble? Peut-être était-elle toujours émerveillée par ce monde qui n'était pas censé lui appartenir. C'est d'ailleurs ce qui remit en doute le manque d'ambition qu'elle disait avoir. « Allons, allons, vous ne pouvez me dire que vous n'avez jamais eu d'ambition enfin! Vous vous êtes élevée pour pouvoir acquérir ce style de vie que tous désirent. Je ne peux que vous en féliciter pour ça...peu de personnes de basse condition y parviennent. »
Tandis qu'elle se changeait, elle réfléchissait ainsi à cette manière bien particulière de faire planer le mystère; C'était certain, elle avait des choses qu'elle préférait dissimuler...Car ce que la conseillère avait omis de préciser, c'est que le topaze de son précieux pendentif, souvenir de feu son père, brillait d'une lueur qu'elle pourrait reconnaître parmi mille. Celle qui annonçait le mensonge. Elle ne pouvait cependant affirmer que son interlocutrice lui ait menti depuis le début...cela pouvait être un anodin mensonge où bien une plus vaste tromperie. Il en fallait plus pour affoler la jeune femme mais quelque part son attention, volatile auparavant, se raffermit sur les gestes de la femme qui se trouvait enfermée dans la même pièce qu'elle.

Ces soupesons se raffermirent en ce qui concernait les jeux de cette inconnue. Il était clair que cette dernière avait du étaler de nombreuses cartes pour monter de femme du peuple à ce qu'elle était désormais. Pas d'ambition, hein? Allait-elle essayer lui faire croire qu'elle avait épousé un noble par amour? Elle rigola. « Seules les femmes de moindre vertu et d'aussi petite fierté se plient aux vils désirs des hommes pour obtenir d'eux ce qu'elles souhaitent. Je ne fais pas partie de ces femmes car je joue à égalité avec les hommes; Et c'est ainsi que je leur devient supérieure: En jouant à leur propre jeu. » Elle ne vivais pas derrière ce jeu permanent de séduction. Elle cherchait juste la crainte et le respect dans le regard de ces monsieurs. Bien évidemment que l'apparence avait à voir dans ce charisme qui l'entourait, mais n'avait pas la grâce du cygne, juste le parfum de l'or, ce qui la rendait tout aussi attirante. Puis elle ne parlait pas des libertins, en quête de plaisir charnel et de stratégies raffinées, sont morts sous le couperet de la guillotine et ceux qui leur ont succédé sont des ambitieux sans scrupules qui ne recherchent le commerce des femmes que pour s’en faire des marchepieds dans leur désir d’ascension sociale. Pourtant les femmes, lorsqu’elles manquent d’ambition et/ou se laissent écraser, sont autant blâmables que les hommes, lorsqu’ils sont manipulateurs et arrogants. Au final personne ne sortait indemne de ces jeux interdits alors, de toute prudence, elle préférait laisser cela à la plèbe. Ils pourraient encore rêver de plaisirs éphémères pendant qu'elle raflerait la postérité.

Ce qui n'était plus le cas de Sélénia, dont même la charmante population venait s'amuser chez ces voisins. Eleonnora fut d'ailleurs bien heureuse de voir à quel point l’évocation de la cours semblait ennuyer une de ses membres. Elle s'en frotterait les mains et fit aussi bien attention à ne pas laisser paraître son sourire satisfait devant l'air las de son invitée. «Je ne pourrais donner un avis objectif sur nos chers voisins, je m'en tiendrais à vos mots. Mais puisque nous sommes parties sur ce sujet, que dit-on de Caladon là bas? Au delà de l'animosité que nous nous portons...Puisque vous disiez être une habituée des alcôves. » Cela avait évidemment attiré l'attention de la conseillère qui avait alors planté son regard d'acier dans le mordoré de la femme qui lui faisait face.

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J'ai juste eu beaucoup de chance, les bonnes personnes sont juste tombées dans ma vie au bon moment. Elle paraissait fort humble en disant cela, en effet en épousant le comte elle avait pu s'offrir une place à Sélénia, et elle en était heureuse. Mais ce n'était pas quelque chose que je recherchais, je n'étais qu'une orpheline sans naissance, qui se vendait dans les bas-fonds de Gloria pendant la théocratie, alors même que la ville grouillait de vampires, jamais je n'aurais pu espérer avoir la chance que j'ai aujourd'hui, voilà pourquoi je ne désire pas plus. J'ai trouvé un homme qui m'a accepté avec mes casseroles alors que j'avais déjà une fille sans-père, à dix sept-ans, alors que certaines nobles jouent encore à la poupée. Après tout, elle aurait pu être aussi bien fille de noble que fille de catin, et dans son cas, ça ne changerait pas grand chose. À présent elle était presque comblée, si ce n'était un point noir, une chose qu'elle ne saurait mentionné à cette enfant. Et ne riez pas, j'ai réellement épousé mon mari par amour. Le ton était plus froid, mais calme et s'opposait à la moquerie de la conseillère. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que lorsque l'on a connu que la violence durant toute sa vie, il est aisé d'aimer la première personne qui nous traite correctement.

Pendant que la nobliette parlait, la créature de la nuit s'était approché, silencieusement malgré ses talons, d'une démarche souple et assurée, elle corrigeait distraitement un pli de la robe de cette dernière. Dommage que cette enfant ait été aussi égocentrique, elle aurait pu se plaire de la remettre dans le droit chemin. Mais elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner dans une lutte dangereuse. Cette dernière avait un fort mauvais avis sur les gens de ce genre, c'était dommage, elle aurait pu lui faire découvrir son monde. Il est parfois bon de s'incliner, le royaume de Mort est peuplé d'inconscients ayant négligé les exercices de souplesse.. Elle laissait planer durant quelques secondes le message porté par ses mots. Faites attentions à vos mots, on ne sait pas qui peut les entendre. L'immortelle repensait aux mots de son géniteur, les hommes étaient la plaie de ce monde, et si elle aurait pu elle-même aurait purger ce monde de leur présence. Mais ses mots demandaient à la jeune femme de ne pas la fâcher inutilement.

J'ai quelques fois fréquenté des hommes, qui ne valent guère grand chose en dehors de leur prétendue noblesse, qui critiquaient allègrement Caladon, et sa prétendue bourgeoisie, comme une fausse noblesse qui ne s'assument pas. Les femmes, sont dévorées par la jalousie, Caladon est riche, bien que j'ignore à quel point. Et je dois avouer que les caladoniennes ont une beauté que l'on ne trouve pas à Sélénia.

Du moins, c'était ce qu'elle avait entendu, elle n'était pas appelée pour parler de Caladon, mais pour séduire, et entendre ce qui devait être entendu, et parfois plus.

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Eleonnora soupira. Cette jeune femme était décidément bien mystérieuse...pourtant si elle souhaitait effrayer son interlocutrice, elle était loin du compte. Aussi, la conseillère la voyant comme bien trop inoffensive, il n'y eu pas de raison de relever la menace. Et c'est vous dire ce que d'habitude elle détestait les menaces. « Mon intention n'était pas de vous offenser. Je ne faisait qu'exprimer mon avis sur la question. Et je pense que nous méritons plus que d'être catégorisées comme celles qui ne peuvent s'élever que leurs relations aux hommes. Du moins, ce n'est pas ce que je souhaite, voyez vous. » Elle ne savait évidemment pas ce qu'il en était du petit peuple et respectait celles qui étaient prête à tout pour faire valoir leurs ambitions auprès des plus puissants alors qu'elle n'étaient qu'esclaves de leur situation. Puis elle n'était pas non plus blanche comme neige. Son titre, son éducation , ses biens, elle les avaient obtenu de son père; Ce n'est pas pour autant qu'elle s'en culpabilisait. Chacun faisait avec ce que la vie lui avait donné. Mais si elle pouvait éviter d'y laisser sa fierté, elle en serait fort aise. « Puis, je vais peut-être vous paraître cruelle dans mes paroles mais cet amour, si beau qu'il puisse paraître, n'avez vous pas peur qu'il se flétrisse et qu'un jour sans qu'il ne vous le dise pourquoi vous chasse de sa demeure? Il est bien simple de se marier à une femme qui peut disparaître comme elle est apparue...Croyez moi, je connais le cour des gens de ce milieux. » Ils n'étaient bien différent d'elle par ailleurs. « Mais je ne connais pas votre mari, juste, en tant que femme, je me devais de vous alerter sur le sujet. »Elle ne faisait que l'avertir, pleine de bons sentiments. Surement marquait-elle aussi l'écart qui existait entre elles. Etait-ce une représailles à la menace qui avait pu être proférée? C'était alors bien gentil venu d'un caractère si facilement inflammable. Ce n'était qu'un simple conseil, lui rappelant qu'elle devait faire attention à ce que la place qui lui était due pourrait lui jouer de tours.

Toutefois il y avait bien une chose que la demoiselle aimait entendre de n'importe quelle bouche étaient les éloges. Un éclatant sourire avait fendu ses traits à la remarque de jeune fille qui la toisait avec insistance. « Oh vous nous n'avons pas cette prétention....Vous n'avez eu là qu'un moindre échantillon peu représentatif de notre population... » Elle tentait de rester modeste mais son torse bombé en disait long sur sa fierté. « Non, je pense que le secret est que toutes les gloriennes sont de superbes créatures, n'ai je pas raison? » Elle lui fit un clin d’œil complice. Après tout rendre la pareille semblait évident vu leur passé commun...enfin en ce qui concernait leur ville de naissance bien entendu.Aucun des enfants Ostiz n'avaient vécu ces moment violents que pouvaient évoquer la mystérieuse jeune femme qui se trouvait dans le bureau de la conseillère. Comme à son habitude, Eleonnora avait vu les événements se dérouler du haut de sa tour d'ivoire; Regardant avec un mélange de fascination et d'horreur ces soldats de plombs se battre et mourir dans des luttes sanglantes contre les monstres aux dents pointues. Et elle savait que, là bas, au royaume, son père gagnait plus de bataille qu'elle ne pourrait l'imaginer. Elle s'était endormie chaque soirs en fermant les yeux sur les histoires héroïques que son cerveaux d'enfant confectionnait. Bien évidemment la réalité était toujours plus rude que ce que sa nourrice lui racontait. Pas de héro, que des monstres. Mais quel adulte serait prêt à compter de telles histoires et briser l'étincelle d'émerveillement qui brillait dans les yeux de ces bambins? Ceux qui n'avaient pas eu cette chance, qu'étaient-ils devenu? Cette réflexion interpella la demoiselle. Pas qu'elle ressentait le moindre apitoiement sur le sort de ces pauvres gens; Elle avait apprit à relativiser la douleur du peuple. On ne pouvait pas sauver tout le monde. Ce qui l'embêtait était d'une bien autre nature. Elle ne pu s'empêcher de défigurer un bref instant son invitée. Quel age avait-elle? Elle qui la prenait pour une jeunette, peu importe ce qu'elle ait vécu, elle n'avait pas l'air d'avoir plus de dix sept ans...« On vous l'a surement déjà fait remarquer mais vous ne faites pas du tout votre âge. »[/font][/color] Elle s'amusa de son erreur idiote, ne s'alarmant pas plus de la situation. Après tout cela soulevait l'hypothèse, s'il on suivait son anecdote, qu'elle puisse s'être fait morde. Néanmoins cela paraissait tellement absurde à la dame qu'elle y avait à peine pensé.

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