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descriptionUn manoir d'épines et de roses. - Bohémond. EmptyUn manoir d'épines et de roses. - Bohémond.

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25 Novembre.

Au terme d'un voyage de plusieurs jours, elle pouvait enfin laisser Fafnir se poser dans le jardin de la demeure, et elle fut ravie d'être arrivée enfin à destination, elle mettait pied à terre souplement, même si elle avait quelques courbatures à déplorer. Elle fut surprise de voir le griffon roux aux reflets dorés se contenter d'ébrouer ses plumes et de directement repartir, il préférait être libre alors ce n'avait rien d'étonnant mais lui aussi devait être fatigué.

Elle arrangeait rapidement sa tenue, plutôt bousculée par le voyage. Et elle observait l'impeccable jardin du comte, elle se sentait bien, elle se sentait chez elle. Un rosier attirait l'attention de la courtisane, il avait été trompé par un vent chaud venu de l'océan et avait recommencé à fleurir, il avait dû croire que c'était le printemps. Elle retirait ses gants et en cueillait une, malheureusement, elle se piquait sur l'une des épines de la capricieuse fleur. Mais ce n'était pas grand chose. Elle se retirait ensuite des jardins, dont elle aurait tout le loisir de profiter plus tard.

Sintharia pénétrait dans la demeure, le bruit de ses talons carrés se répercutant dans le couloir. Personne. Cela l'arrangeait, elle était une solitaire et aimait avoir sa petite intimité. Elle était encore souffrante et cet état aggravait sa pulsion de solitude. Elle réfléchissait quelques secondes dans quelle pièce chercher, elle n'avait jamais eu la patience de jouer à cache-cache. Quant à demander aux serviteurs certainement pas.

Elle écoutait attentivement, elle se servait de ses sens nouvellement vivants, elle estimait que vu l'heure fraîchement matinale il ne devait pas encore être à la cour ou même dans son bureau voilà qui était agréable, le contraire aurait été fâcheux. Elle n'aimait ni courir ni déranger quelqu'un pendant qu'il travaille. Elle optait donc facilement pour le grand salon, donc elle poussait facilement la lourde porte en bois.

L'immaculée n'était pas aussi désirable que ce qu'elle aurait souhaité. Puisqu'elle portait une tenue de voyage faite de cuir noir et fourrée à l'intérieur, une tenue simple et chaud pour affronter les vents froids en altitude. Ses longs cheveux noirs étaient tressés sur le côté, et ses joues avaient été un peu rougies par le froid. Et elle portait une épaisse cape fourrée. Ni même aussi propre qu'elle l'aurait voulu, mais au moins les airs lui avaient empêché de profiter de la poussière des routes.

Lorsque son regard se portait sur son mari, il manquait presque un battement, elle avait dans le regard de l'amour et quelque chose de presque mutin, chacun de leur rencontre transformait le silence morne de son existence en vacarme assourdissant, elle avait attendu presque deux mois pour le revoir. Elle aurait presque pu en pleurer de joie.

Bonjour, Bohémond. Sa voix n'avait été qu'un souffle mélodieux venu troubler le silence. Puis elle reportait son attention sur la rose qu'elle avait entre ses doigts. Un de tes rosiers pensait que c'était le printemps. Elle déposait ensuite la fleur dans un vase laissé vide, au moins la fleur ne gèlerait pas.

Elle se débarrassait ensuite de sa cape et de ses gants, puis de son sac qui n'avait contenu que le minimum de provision, qu'elle posait sur le dossier d'un des moelleux fauteuils, elle avait gardé sa démarche d'enfant de la vie, souple, parfaitement calculée et surtout élégante. Mais elle avait cette retenue, qu'elle n'avait pas d'ordinaire et en observant d'avantages l'on remarquait facilement son visage un peu creusé, sans doute toujours par ce mal qui la rongeait depuis des semaines.

As-tu reçu mes lettres ? J'étais folle d'inquiétude de ne pas avoir de nouvelles, alors j'ai préféré me déplacer. Elle disait cela en s'installant confortablement avec un soupir de soulagement.

Un trouble passait un instant dans les yeux d'argent de la femme, bien que sa peur ait été effacée, elle n'était pas sereine, s'il n'avait pas reçu les correspondances de la courtisane, qui les avait ? Elle faisait soigneusement la liste de ses ennemis et ça ne lui plaisait pas du tout. Oubliant durant un petit moment l'intriguant.

descriptionUn manoir d'épines et de roses. - Bohémond. EmptyRe: Un manoir d'épines et de roses. - Bohémond.

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Décidément, il y avait eu quelques erreurs de jugement quand au personnel nécessaire pour entretenir les lieux. C'est ce que se disait le comte, hantant les diverses salles du manoir. Inspectant les lieux avec minutie il avait pu constater que certaines des oeuvres et autres objets reposant ça et là avaient eu le temps de prendre la poussière.  Certes, la demeure était une résidence secondaire employée uniquement lors des visites à la capitale... Aussi, avait-il fait assigner il y a quelques temps une poignée de serviteurs et de gardes afin de maintenir en ordre les lieux. Mais si l'on ajoutait leurs autres tâches concernant quand à elle l'écoute des rumeurs, la transmission de certaines informations et quelques autres courses... Non, il n'y avait point assez de temps et de personnel pour empêcher la poussière et le temps d'arriver en conquérant dans certaines ailes des lieux.

Mais tout de même, quel dommage cela était, de la poussière sur de si belles tentures ? Et ces tapis ? Eh. Qu'elle déception. Enfin, cela ne faisait qu'une poignée de jour que la suite de Batisdonne avait pénétré les lieux. On avait fait préparer les appartements du comte et une poignée d'autres salles en prévision de son arrivée, mais il y avait encore énormément à faire. Enfin, rien de mortel en soit, simplement un manque de goût et une façon de s'habituer une fois de plus aux vieilles pratiques. Et c'était nécessaire. Le comte avait pris du temps pour s'occuper et diriger la construction de la nouvelle Batisdonne afin d'en faire le centre de sa toile dans ce "nouveau monde". Il était donc normal de faire de même à la capitale avec ce manoir. Et croyez nous, il y avait un certains nombre de choses à faire pour concernant celui ci.

La chasse aux endroits délaissés n'était qu'une partie de celles ci, il fallait aussi diriger les serviteurs afin de réordonner les décorations. Certaines avaient fait leur temps, d'autres n'étaient point mises en valeur ici... Et ces rideaux là ? Cette couleur ? Ah. Absurde. Changez les donc. Le Comte passait vraiment pour un général plaçant ses petits soldats ça et là tout en leur dictant la moindre de leur action. Deux gardes ici à cette porte, ceux ci patrouillent là jusqu'à là. Serviteur, sortez ce vase de ma vue et mettez un buste à la place. Vous là bas, allez me faire un inventaire des réserves. Et ainsi de suite. Et tandis que l'on courrait partout dans les couloirs ça et là, le Comte saisit l'occasion d'une accalmie dans son oeuvre et d'un manque d'ordre à vociférer pour s'éclipser un instant en direction du grand salon dans l'espoir de trouver un peu de calme pour quelques instants.

Celui ci avait été la première salle à avoir été réorganisée de manière "optimale" dirons nous. Et avec sa vue sur le Jardin, autant vous dire que l'atmosphère charmante de la salle était à son paroxysme. Ainsi donc, le comte une fois sur place se dirigea vers l'une des tapisseries étendue sur l'un des murs. Un des derniers souvenirs de la vieille Batisdonne que l'on avait réussi à emporter par delà les mers... Illustrant dans toute sa splendeur les armoiries familiales. Cependant, tandis que le Comte attardait son regard sur celles ci, quelques bruits de pas lui firent comprendre qu'il n'était plus seul. En tendant l'oreille et de par l'habitude, il pouvait dire aisément qu'il ne s'agissait pas là d'un garde ou d'un serviteur. Les premiers avaient un pas lourd à cause des armures dans lesquels ils étaient encastrés, et les autres un pas plus cadencé et régulier. Celui ci était différant, plus... Discret en soit, mais avec... Quelque chose... Un petit air de déjà vu. Ou plutôt entendu dans la situation actuelle. Il ne fallut pas bien attendre longtemps pour découvrir de qui il s'agissait, pas même la peine de se retourner par ailleurs.

"Bonjour, Bohémond. Un de tes rosiers pensait que c'était le printemps."

Le comte ne pu s'empêcher de sourire sincèrement sous la céramique blanche de son masque. Cette voix, il la reconnaîtrait entre mille. Et cette façon d'engager la conversation avec lui était typique de la personne. Une rose... Un grand classique romantique. Un style que sa femme appréciait grandement.

"Ah... Celui ci a sans doute dû perdre la notion du temps à force de se trouver seul sans quiconque pour l'admirer. Ce serait là l'occasion de faire bien des parallèle très chère amie. Mais j'en oublie mes manières. Bien le bonjour à toi aussi Sintharia."

Joignant ses mains dans son dos, il se détourna alors de la tapisserie afin de se retourner vers son épouse, celle ci venait à peine d'arriver et était encore en une tenue adaptée aux longs voyages. Visite surprise d'ailleurs car nul ici ne l'attendait et nul ne semblait l'avoir vu se faufiler dans la demeure. C'était là une habitude à la foi amusante mais aussi agaçante. Car si d'un côté il était parfaitement heureux de revoir sa chère moitié, de l'autre, le comte ne pouvait s'empêcher constater que certaines personnes non loin n'étaient pas aussi vigilantes qu'elle devrait l'être. Le temps qu'il rejoigne Sintharia du côté des fauteuils, celle ci avait déjà pris place dans l'un d'eux et avait par ailleurs mis sur la table l'un des grands sujets d'intérêt de cet éloignement au cours des dernières semaines.

"As-tu reçu mes lettres ? J'étais folle d'inquiétude de ne pas avoir de nouvelles, alors j'ai préféré me déplacer."

"Oh... Je vois. J'ai en effet reçut chacune de tes lettres, et concrètement, je serais le plus heureux des seigneurs si mes gens suivaient ton exemple lorsqu'il s'agit de me transmettre des rapports sur leurs activités au sein de mes terres."
Il prit place à son tour dans un autre fauteuil, faisant face à sa femme qui plus est avant de poursuivre.

"Par ailleurs, je suppose qu'il est de mise que je m'excuse pour ne point avoir fait réponse à toutes. Mais j'étais tout simplement dans l'impossibilité d'y parvenir. J'ai toujours du temps pour m'intéresser à tes écrits et répondre le cas échéant. Cependant... Le Code employé pour ceux ci et mes réponses rajoutent un temps et des efforts considérables à cette activité. Maintenant encore, je n'ai pas eu le plaisir de toutes les lire par ailleurs. Malgré cela, je plaide coupable pour ne point avoir envoyé de réponses au cours des derniers jours. J'ai dû prendre un certains nombre de disposition prioritaire afin d'organiser ma montée vers la capitale, et je n'ai su trouver le temps pour te prévenir de mon état."

Ne point trouver le temps pour envoyer de réponse, c'était le moins qu'on puisse dire. Les évènements de Cordont avaient très vite été connus de l'ensemble de l'île et sonnèrent aux oreilles de beaucoup de monde comme un coup de tonnerre. Il y allait avoir de l'animation au sein de la capitale à cause de ceci. Tout noble qui se respecte se devait d'être présent afin de participer à ceci. Et c'était d'autant plus vrai pour le maître espion, mais c'était là un détail inutile dispenser. Tout ça pour dire, que son attention avait été on ne peut plus accaparée au cours du mois. Toutefois, alors qu'il observait en long et en large sa femme, le Comte ne put s'empêcher de remarquer son visage étant comme qui dirait légèrement creusé. Ce qui souleva bien évidemment quelques interrogations...

"Très chère, vous ne me semblez pas au meilleur de votre forme... Est ce donc le voyage jusqu'à la capitale qui fut si éprouvant ? Souhaitez vous que je fasse mander un serviteur afin qu'il apporte quelques rafraichissements et friandises ?"

descriptionUn manoir d'épines et de roses. - Bohémond. EmptyRe: Un manoir d'épines et de roses. - Bohémond.

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En effet, Sintharia était une romantique attachée aux plaisirs simples ou complexes, elle aimait les fleurs, la musique et la peinture, les soirées mondaines, danser ou juste jardiner, et parfois elle se plaisait même à lire encore des romans à l'eau de rose à base de preux chevaliers et d'horribles créatures à terrasser. Et d'autres activités sans doute moins banales pour une jeune femme de la haute noblesse.

Il ne faudrait pas qu'il meure durant l'hiver, c'est lui qui fait les plus belles roses. Elle en serait presque attristée, elle aimait les jardins que ce soit ceux d'ici ou dans le comté, elle aimait aussi beaucoup jardiner, elle faisait souvent venir des plantes des quatre coins de l'archipel dans ce but et avait même réussi à conserver quelques essences de l'ancien continent, une forme d'art à elle seule. Et elle pouvait se montrer fort hargneuse si on touchait à ses précieuses protégées.

Elle écoutait ensuite attentivement les propos de l'intriguant, pour elle, c'était des excuses tout à fait convenable, néanmoins elle semblait un peu perdue dans ses pensées et affichait une mine un peu boudeuse, mais elle ne lui en tirerait pas rigueur bien longtemps et pour elle la solution était toute trouvée :

Alors je ne les coderais plus. Il y avait de ces phrases qui étaient capables de faire cesser une conversation. Pour elle, cette simple phrase mettait un terme à ce qui aurait pu durer un long moment. Pourquoi est-ce que l'on continuerait à se cacher alors que l'on est marié ? Après tout, ils ne faisaient rien de mal, chacun ignorait les occupations de l'autre, mais il s'agissait là d'une simple pensée produite à voix haute, une indignation du cœur.

Ils s'aimaient et étaient mariés, à présent, pourquoi devaient-ils encore se cacher ? Ils avaient tout deux un certains nombres d'ennemis, plus ou moins communs, mais à présent elle se refusait à se cacher comme à leurs débuts. Elle était plus soucieuse à présent, l'on parlait beaucoup sur eux, et pas vraiment en bien, tout ce qui était mystérieux attisait les critiques et la médisance. Elle prendrait plaisir à les faire taire une bonne fois pour toute, lorsqu'elle serait de retour pour de bon dans la cour sélénienne.

J'étais présente au congrès lors de la chute de Cordont, je dois avouer que cela m'a plus secoué que ce que j'aurais cru. Elle ne se sentait pas de lui parler de sa chute de la falaise, provoquée par ce curieux vampire, cela le mettrait certainement hors de lui. Mais elle finissait par ajouter d'un ton simple : Je suis souffrante depuis ce jour, ce corps vivant n'est plus aussi solide que l'ancien, je le crains. Lorsqu'elle était encore une vampire, elle était solide, rien ne pouvait l'ébranler, à présent tout était bien différent. Je ne dirais pas non à quelque chose à manger, j'ai eu plus de cinq jours de voyage en pressant un peu ma monture. Après, j'irais prendre un bain.

Elle avait en effet les traits de ceux qui ont les entrailles rongées par un mal inconnu, qui essayent de bien paraître, généralement sans grand succès, elle aurait pu faire disparaître cet air sous du maquillage, mais sa peau nue la trahissait. L'immaculée se carrait s'avantage dans son fauteuil, lâchant un soupir satisfait, enfin un peu de confort, son dos la remerciait. On était ici à des lieux de l'absence de confort du camp de Cordont, alors elle en profitait. Elle plongeait son regard sur son mari ensuite, arborant un visage plus sérieux, ils avaient beaucoup à se dire, et le ton de la conversation serait sans doute bien moins aimable.

Sans doute, Sintharia devrait prendre le temps de lui parler de ses multiples rencontres après cette catastrophe, et notamment du bourgmestre qui perturbait tant ses pensées, il avait bousculé sans ménagement et avait oser l'interroger sur sa relation avec le noble. Mais au moins lui avait-il permis de se débarrasser de son géniteur, un mal pour un bien donc. Néanmoins, elle n'arrivait pas à savoir le fond de ses intentions et quelque part elle s'en retrouvait perturbée, mais elle gardait ses doutes pour elle. Chassant rapidement les mauvaises pensées de ses yeux.

Je ne reste pas très longtemps, l'on attend encore beaucoup de moi là-bas. Mais ça ne devrait plus durer très longtemps. Néanmoins, elle avait des informations qui serait susceptible de l'intéresser, mais il devrait attendre, à présent, elle voulait profiter un peu de son homme, égoïstement.

Mais je préférerais profiter de toi le peux de temps que je resterais ici. Aurais-je l'occasion de voir le visage de mon mari durant ma courte visite ? Une aimable requête, prononcée de manière presque mutine, l'homme n'avait pas besoin de se dissimuler derrière ce masque blanc, pas en sa présence, voilà plus de deux ans qu'ils étaient mariés, ils avaient eu tout le loisir de se connaître, suffisamment pour que les fards soient faciles à percer, et elle pouvait deviner aisément les expressions qui se cachaient derrière la céramique. Elle minaudait un peu bien entendu, espérant que sa requête soit acceptée.

Ils ne s'étaient pas vu durant plusieurs mois, autant éviter de faire durer d'avantage leur supplice, du moins c'était ce qu'elle pensait juste, elle avait attendu ce moment et bien qu'il eut été précipité par l'absence de nouvelle, elle semblait retrouver une certaine nouvelle jeunesse dans la demeure du comte, elle allait pouvoir se reposer dans un vrai lit auprès de celui qu'elle aimait.

Nous pourrons parler quand je serais un peu plus en forme, et propre. Elle n'était pas stupide au point de penser que l'homme ne la questionnerait pas sur ses agissements, ainsi elle préférait mettre les choses au clair dès le début, plus tard, tout simplement.

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Cela faisait décidément longtemps... Très longtemps que le comte n'avait point pu poser les yeux sur sa chère épouse. Nous n'irons pas jusqu'à dire que cela faisait une éternité bien évidemment, ce serait exagérer bien plus que de raison, cependant, malgré tout... Oui, cela faisait longtemps. Mais malgré cela, le noble avait un très bon souvenir de l'état de Sintharia peu avant son départ. Et ce dernier était radicalement différent de celui d'aujourd'hui. C'était une certitude, les détails observés par un regard soutenu et inquisiteur ne pouvaient tromper. Ils étaient peut être subtils et vagues pour la plupart des esprits, et sans doute même pour le Comte, toutefois ils étaient suffisant afin de pouvoir affirmer que quelque chose n'allait pas comme il se devait. Mais ça, Bohémond ne le mentionna pas, ou du moins pas tout de suite, se contentant d'écouter sa Dame attentivement, laissant sous sa céramique s'élever un sourire.

"Il ne faudrait pas qu'il meure durant l'hiver, c'est lui qui fait les plus belles roses."

Bien évidemment. Un tel intérêt pour les roses, c'était typique d'elle. Une charmante obsession, une appréciable passion, une adorable vision de ce qui était beau. En soit, une part de son être profond que le comte affectionnait tout particulièrement, bien loin de ses manigances, tricheries et autres manoeuvres sinistres, un éclair de lumière à travers la masse ombreuse du monde. Un cocasse contraste avec sa vision du monde et de comment agir au sein de ce dernier. L'exception qui confirme la règle...

"En ce cas j'informerais les jardiniers afin qu'ils prennent les mesures qui s'imposent pour qu'il puisse passer l'hiver."

D'autant plus qu'il était vrai que ces roses étaient tout à fait sublimes. Un vestige de ce qui se faisait sur l'ancien continent d'ailleurs, une reproduction, une imitation parfaite dans un soucis de nostalgie de ce que l'on pouvait contempler autrefois dans des lieux similaires à l'actuel. Oui... Une reproduction, à l'image de bien d'autres choses en ce manoir par ailleurs. Mais nous nous égarons. Vraisemblablement, les commentaires visant à expliquer le pourquoi du comment, il n'avait pu répondre à chacune des lettres avaient provoqués une réaction tout à fait classique et typique de la Dame.

"Alors je ne les coderais plus. Pourquoi est-ce que l'on continuerait à se cacher alors que l'on est marié ?"

Bien évidemment, un enchaînement tout à fait logique. Une mine froissée, et un allez simple vers le sujet sensible. Pourquoi ne pas se révéler ? Eh. C'était là une bonne question. Pourquoi donc ? Car le Comte détestait s'afficher sur le devant de la scène. C'était un homme de l'ombre, et plus longtemps il conservait ses cartes, mieux ils pouvaient les jouer. Et les informations sur lui même étaient des cartes. Des cartes sensibles même, qui si elles tombaient entre les mains des mauvaises personnes revenait ainsi à offrir la dague pour se faire poignarder entre autre. Cependant, tel état de fait ne pouvait demeurer éternellement dissimulé aux yeux de tous. Certains finiraient par savoir, d'autres étaient déjà sur la voie et avaient des doutes certainement. Ce n'était qu'une question de temps avant que la vérité éclate. Enfin, le comte avait fait tout ce qu'il pouvait afin de retarder l'inévitable. Mais tant qu'à révéler les choses, autant prendre les devants et le faire lui même. Qui plus est, il n'était plus temps de présenter des excuses ou des raisonnements plus ou moins logique afin d'essayer de convaincre sa chère épouse. Cela ne fonctionnerait plus, et hors de question de révéler ses fonctions particulières à cette dernière afin d'essayer de la faire renoncer. Certainement pas.

"Ma foi, j'ai déjà exposé mon avis quand à ceci autrefois. Cependant, si tu le souhaite vraiment, nous pouvons faire une annonce commune et proclamer officiellement notre union aux yeux du monde. Cependant, tu sais très bien que certaines personnes risquent de s'étouffer de rage face à tel annonce, et que d'autres auront matière à faire de la médisance. Enfin, peu importe l'avis de ces benêts. Seul importe ce que tu souhaite ma chère amie."

Mais voilà qu'était évoqué le sujet épineux du moment...

"J'étais présente au congrès lors de la chute de Cordont, je dois avouer que cela m'a plus secoué que ce que j'aurais cru."

Et la suite pu confirmer les observations silencieuses du Comte. Quelque chose n'allait pas.

"Je suis souffrante depuis ce jour, ce corps vivant n'est plus aussi solide que l'ancien, je le crains."

"Bien évidemment. L'évènement a eu de conséquences multiples. De Cordont à Sélénia, nul n'est resté indifférant face à celui ci. De tel nouvelles et le constat de ta souffrance m'attriste fort. Cependant, j'ai bien peur de ne point y pouvoir grand chose, du moins pour d'éventuelles conséquences physiques. Malgré cela, je peux aussi faire mander un médecin ou un apothicaire si besoin est, je suppose que ceux de Cordont doivent êtres surchargés si tant est qu'il en reste. Les locaux devraient dès lors être plus efficace."

La suite était simplement une réponse positive à ses suggestions précédentes quand à lui faire apporter de quoi se sustenter, suivit cependant d'une requête quand au retrait de son masque, ce qui une fois de plus le fit sourire sous la céramique.

"Ma foi, je retirerais volontiers cette céramique afin que tu puisse poser tes douces prunelles sur mon visage, mais une fois que tu te seras ressourcée. Je vais encore après tout en avoir besoin quelques instants afin de prendre les dispositions nécessaires pour ceci. Sur ce je t'invites à prendre tes aises. Et surtout, une dernière questions. Dois-je faire faire apporter et organiser le tout ici au sein du salon ? Ou au coeur des apprtements privés ?"

Les dés en étaient jetés. Quel que soit les réponses obtenus, le Comte se retirerait dès lors quelques instants afin d'aller d'une part sermonner sa garde, et surtout donner ses instructions à ses serviteurs. Si les rafraichissements ne seraient pas un problème en soit, les cuisiniers courant à cette heure ci les étals afin de remplir les cuisines faisait que les choix en matière de nourriture à l'heure actuelle étaient limités, aussi le Comte avait-il préciser faire pleinement confiance à ses gens afin de choisir ce qui serait le mieux pour sa Dame. Enfin, il commanda à quelques servantes d'aller se mettre à la disposition de sa chère amie afin que sur ses instructions elle puisse prendre un bain tout à fait appréciable lorsqu'elle le désirerait.

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Même si elle tentait toujours de cacher le désastre qui s'était abattu sur elle, il était capable de percer facilement le masque de santé qu'elle tentait vainement d'afficher, ils se connaissaient comme s'ils avaient toujours vécu ensemble, malgré l'attente et la distance qui les avaient séparés.. Il voyait toujours le moindre changement dans ses états d'âme, et elle pouvait presque le sentir sous ses regards.

Je m'occuperais du jardin quand je serais définitivement de retour. Son ton était celui qu'elle avait d'ordinaire quand elle promettait quelque chose, un peu soucieux néanmoins, elle n'aimait pas voir périr les précieuses plantes des jardins.

L'immaculée aimait prendre soin du jardin, et quand elle disait quelque chose l'on pouvait être certain que ça serait fait qu'elle en aurait l'occasion. Elle aimait toutes les fleurs, mais c'était bien les roses qui avaient ses faveurs. Mais elle ignorait quand elle serait de retour, d'ici quelques semaines, mois ou pire en année ?! Elle avait promis de servir la Triade, mais il lui avait aussi dit qu'elle pourrait arrêter quand elle le souhaitait, mais elle avait encore tant à faire..

Pour le reste, elle ne pouvait lui faire la tête bien longtemps, ça ne durait jamais plus de quelques minutes, elle savait qu'il y avait une juste raison derrière chaque refus, elle n'était pas stupide, le temps que les médisants passaient à imaginer des choses, c'était le temps qu'ils ne passaient pas à nuire aux jeunes mariés.

Nous ferons à ton idée, je te fais confiance. Elle n'avait aucun mal à comprendre les raisons de son compagnon, même si elle n'approuvait pas tout, puisqu'elle aimerait tant faire taire les moqueurs, mais en même temps pour vivre heureux par les temps qui courent, il fallait se cacher et puis.. Il y avait le cas de son géniteur, qui l'inquiétait profondément. N'avait-elle pas trahi plus d'une personne en se rangeant aux côtés de Caladon ? Situation ô combien délicate.

Elle pressentait que s'étendre sur le délicat sujet de la catastrophe n'était pas une bonne idée, elle pouvait aisément deviner que tous les habitants de Calastin n'avaient que ce nom-là à la bouche et quelque part cela lui déplaisait et certainement que le comte aimerait entendre des nouvelles plus réjouissantes, alors délaissant les morts et la souffrance, elle tenta de le rassurer dans un des sourires charmant dont elle avait le secret : Oh, ne vous vous donnez pas tant de peine, mon ami. Il ne me faudra rien de plus que du repos et un peu plus de temps.

L'immaculée était forte, elle avait survécu à des choses bien pires que cela, elle pouvait affronter n'importe quoi du moment où elle avait le soutien adapter et à présent qu'elle était certaine de l'état de son mari, elle retrouverait certainement rapidement du poil de la bête, sauf si son état était plus grave que ce à quoi l'on pouvait s'attendre.

Dans les appartements bien entendus. Une nouvelle évidence, elle aimait avoir son intimité, et préférait ne pas prendre le risque d'être dérangée pour le moment. Elle profitait de ce battement, comprenant que son homme désirait être seul un moment pour s'éclipser de sa démarche d'enfant dans le nuit, et déjà elle semblait aller mieux.

Elle pouvait ainsi profiter rapidement d'un bon bain bien chaud grâce aux servantes qui étaient toujours efficaces, après plusieurs semaines dans un camps presque militaire était un véritable plaisir, cela permit de faire passer un peu les courbatures de ces longs jours de vol, elle pu prendre d'avantage le temps d'observer les dégâts que les dernières semaines avaient eu sur son corps, et elle put prendre d'avantage conscience de l'inquiétude de ceux qu'elle fréquentait, elle avait beaucoup changé, elle avait perdu du poids et ses traits s'étaient affinés, ça ne lui plaisait pas vraiment, elle imaginait qu'elle devait ressembler à cela dans sa vie de mortelle. Même avec un maquillage adapté cela serait visible, alors elle ne se donnait pas la peine de se dissimuler derrière les fards.

Lorsqu'elle apparaissait enfin, elle portait une robe légère d'un pourpre franc, en soie, un tissu qu'elle appréciait tout particulièrement, elle préférait d'ordinaire le noir, mais il fallait au moins un peu de couleur pour arranger son état. Elle avait troqué toute sa tenue de voyage, contre quelque chose d'un peu plus noble, tout en restant simple, elle portait une robe qui laissait ses bras et ses épaules nues tout en soulignant légèrement sa taille. Ses bijoux, ombre-crocs sur son bras droit, qui trônait là comme un délicat bracelet et à sa droite ses autres bracelets, à son cou son pendentif en argent. Elle préférait l'argent sur les dames, à la vulgarité de l'or qu'elle préférait sur les hommes. Un métal qui lui allait parfaitement. Ses cheveux quant à eux étaient soigneusement relevés dans un chignon plutôt complexe, comme à son habitude.

Sintharia lâchait un long soupir de soulagement en arrivant enfin aux appartements, elle attrapait un livre dans l'une des très nombreuses bibliothèques et s'installait confortablement dans une des banquètes, mais elle n'attaquait pas sa lecture immédiatement, elle savait que l'homme avait certainement, fort à faire avec sa venue non-prévue, mais même si elle était impatiente, elle saurait prendre son mal en patience et elle aurait tout le loisir de choisir avec attention les mots qu'elle utiliserait face à lui, pour lui annoncer sa délicate situation. Elle faisait tourner son alliance autour de son doigt, un sourire aux lèvres, elle repensait à leur histoire, et à l'histoire à leurs alliances, qu'elle avait fait fabriquer pour leur mariage, dans le secret à Gloria auprès du meilleur orfèvre de la ville avec l'argent le plus pur, le moindre détail avait été pensé pour garder le secret de cette union, et elle était satisfaite du résultat, ils pouvaient ainsi s'assurer des états d'âme de l'un et l'autre, grâce au choix de la pierre, mais elle avait besoin de le voir de temps en temps pour se rassurer.

Néanmoins, elle devait bien avouer que ce n'était pas son roman à l'eau de rose qui la tiendrait parfaitement éveillée, ni les allées et venues des servants qui organisaient tout ça, la fatigue du voyage eu raison rapidement d'elle, et elle s'éveillait lentement lorsqu'elle entendait la porte s'ouvrir après un moment d'accalmie, ouvrant paresseusement ses yeux argentés, malgré la courte sieste, cela faisait longtemps qu'elle avait été aussi paisible, ici, elle se sentait en sécurité, comme si rien ne pouvait lui arriver.

Tu en as mis du temps. Un ton doux et aucun reproche, elle se redressait non sans s'étirer distraitement avant.

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