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Décembre 1762


S'introduire sur les lieux avait été plus simple qu'il ne l'avait tout d'abord imaginé, accentuant la confiance déjà sereine qu'il avait face à la réussite de cette mission. De prime abord, ça n'avait rien d'inhabituel, un contrat sur la tête d'une noble un peu importune, comme il en avait déjà exécutés plusieurs sur le vieux continent, avant de quitter le Souffle et de devoir nettoyer derrière lui. Dans son esprit, tout était aussi clair et limpide qu'une eau pure. Tout ce dont il avait besoin, c'était de s'approcher assez près pour pouvoir piquer sa proie. Ensuite, il laisserait le venin agir sans faire plus d'efforts et repartirait toucher la prime de cinq mille pièces d'or qu'il irait mettre de côté sans rien dire à personne, en attendant de savoir ce qu'il allait en faire. C'était une très belle somme, la femme qu'il devait éliminer devait certainement beaucoup ennuyer son mystérieux commanditaire. Bah peu importait, il n'avait pas besoin de poser beaucoup de questions, si l'or était à la clef. Tout ce qu'il avait à faire, c'était évaluer les environs pour connaître le chemin et ses possibilités d'échappatoires, ce qu'il pouvait utiliser, puis de se trouver un moment adéquat pour passer à l'action. Et il devait avouer que reprendre un contrat d'assassin lui plaisait assez. Cela le changeait de son quotidien de simple pirate. Cette bande de dégénérés avait parfois la sale manie de lui porter sur les nerfs avec leurs habitudes stupides et leurs appétits ineptes. S'il se pensait meilleur ? Parfaitement. Et ne l'avait-il pas déjà prouvé ? Mais ça n'avait pas d'importance. Ce n'était pas le moment de faire un examen de conscience. C'était le moment du meurtre.

Il se glissait souplement d'une surface à une autre, s'approchant du lieu de repos de la damoiselle. Un pas, puis un autre. Défait de son manteau sa queue de chitine sombre et luisante se soulevait, dard mortel pointé en avant, voracement. Ses pas étaient silencieux, et bientôt, il fut devant la couche qu'il avait repéré précédemment et qu'elle aurait dû occuper… Aurait-du oui, car elle n'était pas présente. La constatation amena le trouble dans l'esprit du scorpion. Jusqu'à présent, il avait été certain de la trouver là à cette heure-ci. Est-ce que cela pouvait vraiment être une coïncidence si elle n'était pas là précisément quand il passait à l'action ? Non. Quelque chose s'alluma en lui. Quelque chose d'alerte et de tendu. Non, ce n'était pas une coïncidence si elle n'était pas là justement quand il passait à l'action. Où avait-il échoué ? Que venait-il de se passer ? Son cœur battait vite mais il était habitué à la pression, inspirant profondément, il se tapit dans un coin, et jeta un coup d’œil dans les environs. Soudainement, c'était comme si un voile se levait de sa vision, qui l'encombrait jusque là et qui subitement se désagrégeait pour lui faire prendre conscience qu'il venait peut-être de se mettre les deux pieds dans la merde. L'immobilisme était total pourtant, il ne voyait rien d'alarmant, rien de suspect à part cette absence. Son instinct lui hurlait de fuir le plus vite possible, le plus loin possible. S'il avait été confiant, il n'était pas de ceux qui n'admettaient pas l'échec ou une erreur et là ? Là il y avait erreur.

Ce ne fut que lorsqu'il vit la chevelure flamboyante se découper sur le ciel extérieur qu'il comprit à quel point il avait fait une erreur justement. Déglutissant légèrement, il resta pourtant maître de lui-même et observa la dragonnière de son regard absent. Il pouvait peut-être encore jouer cela au charme et à l'innocence, il pouvait essayer. Prétexter quelque chose de logique et d'acceptable à sa présence dans la chambre en question. Il ne devait pas agir comme un suspect. Avec de la chance, elle n'avait pas vu sa réaction première lorsqu'il était à l'intérieur et tout serait plus simple, bien plus simple. Avec une grâce héritée de ses années de noblesse, il salua la princesse immaculée avec, il l'espérait, assez de naturel.

« Bonsoir, Dame Flamboyante. Navré de vous déranger »

Il se redressa et décocha un coup d’œil par-dessus l'épaule de l'archère légendaire.

« Je ne faisais qu'une rapide vérification, je ne trouble pas plus votre soirée... »

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Le mariage commençait de la plus agréable des façons pour Orfraie. Entourée de sa famille, mais surtout de sa femme, elle restait encore quelques jours sur cette petite île paradisiaque avant de retrouver l'agitation de la capitale elfique. Ici, le soleil était tout autant présent que sur Keet-Tiamat, mais l'humidité de l'air ainsi que la chaleur bien moindre rendait l'exposition à l'astre du jour bien plus agréable qu'au cœur du désert de l'île voisine. L'Ataliel souhaitait profiter de ce cadre, se ressourçant, avant de se replonger au cœur de ses affaires. Et, bien entendu, elle n'avait pas envie d'être séparée de sa jeune épouse. Malheureusement, elle n'avait pas le choix. Pas encore.

La soirée était bien avancée lorsqu'Orfraie quitta le bord de la plage.

« Je reviens tout de suite. » dit t-elle en s'éloignant vers l'intérieur de l'île, où se dressait la petite cabane rustique qui servait d'habitation au couple fraîchement marié. La légère brise donnait la chair de poule à Luna et Orfraie ne souhaitait pas que cette dernière attrape froid.

Sa femme resta donc auprès du feu qui crépitait sur la plage tandis que la guerrière s'avançait sous les palmiers, pieds-nus, pour aller chercher une couverture. Bientôt, le sable blanc laissa sa place à l'herbe folle. En raison des vents qui balayaient l'île, la végétation n'était bien haute à part les imposants palmiers. L'herbe y comprit. Et elle chatouillait les orteilles de la princesse dont le regard perçait l'obscurité sans l'aide d'une torche ou autre source de lumière. Cette soirée au bord de l'eau était une idée de la petite blonde. Et comme souvent, elle s'éternisait. D'ordinaire, à une heure si avancée, Orfraie et Luna avaient regagné la cabane afin de céder au sommeil.

La petite cabane se dressait dans la pénombre. C'était une construction fort simple. On peinait à croire que deux princesses y vivaient depuis quelques jours. Vêtue uniquement d'un pantalon marron et d'une chemise en coton blanche, Orfraie parcourut les derniers metres qui la séparaient de sa maison. Dehors, il y avait plusieurs chaises en bois ainsi qu'une petite table. Tous ces meubles étaient d'une fabrication simpliste mais élégante, modelée par la magie elfique à l'instar de la cabane. Un hamac était également tendu entre deux palmiers.

Orfraie s'arrêta avant d'entrer dans la petite maison. Ses sourcils se froncèrent comme s'ils possédaient leur propre volonté. Quelque chose clochait et un mauvais pressentiment s'empara de l'Ataliel. Celle-ci lança aussitôt son esprit en avant pour sonder les environs immédiats. Elle n'eut aucune difficulté à sentir la présence d'un intrus au sein de sa maison. Son sang ne fit qu'un tour et, d'un pas vif, la guerrière ouvrit la porte et pénétra dans la cabane. Elle s'arrêta sur le pas de la porte, bloquant ainsi l'accès à la sortie la plus grande. De l'intérieur, sa silhouette se découpait sur la toile sombre du ciel nocturne tandis que la lune révélait la couleur flamboyante de sa chevelure.

Mais l'intru pouvait t-il seulement la voir ? Son visage gracieux, ses oreilles effilées et sa taille ne laissaient aucun doute sur sa race. Mais cet Elfe ne disait pas grand chose à l'Ataliel. Et cette dernière n'aurait sans doute pas oublié un Elfe aveugle, à en juger le bandeau qui était sur ses yeux. Mais cela l'empêchait t-il vraiment de voir ? Sans doute pas, puisqu'il salua Orfraie en employant un surnom qui ne pouvait aller qu'à elle. La guerrière se tendit. Et elle se tendit encore davantage lorsqu'elle aperçut le dangereux dard qui se trouvait au bout de la queue de cet Elfe. Un Lié du scorpion, reconnue t-elle sans difficulté. Elle en avait déjà croisé au sein de son peuple, mais les siens préféraient garder leur queue sous leur vêtement plutôt que l'exposer ainsi. Cela avait tendance à rendre les gens nerveux... à raison.

Ses sourcils se froncèrent d'autant plus. Les traits de son visage se crispèrent. Ses orbes améthystes devinrent glaciales et foudroyèrent l'intrus sur place. Sa présence laissait peu de place à l'imagination. Son intrusion encore moins. D'un appel mental, Orfraie fit apparaître Fëaloecë dans sa main droite. La froideur de la lame contrastait avec la moiteur de l'air. Mais la présence de l'épée familiale au creux de ses doigts lui permit de se détendre légèrement. Elle ne baissa pas sa garde pour autant. Au contraire, elle releva légèrement la pointe de l'épée vers le torse de l'inconnu. Il était aussi grand qu'elle et d'une corpulence équivalente. Il ne portait pas d'armes apparentes mais son long manteau pouvait habilement les dissimuler.

« Un peu d'imagination mon garçon, tu es sur une île déserte. » répondit Orfraie. Une pointe d'ironie perçait dans le ton anormalement léger. Toutefois, la guerrière reprit vite son sérieux et demanda d'une voix glaciale, son regard transperçant l'intrus aussi bien que l'une de ses flèches. « Qui t'envoie ? »

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Bon, de toute évidence, le mensonge n'avait pas prit. Il ne pouvait pas vraiment la blâmer évidemment, mais il n'avait pas encore dit son dernier mot. Savoir quand combattre était important, et présentement, s'il pouvait l'éviter, il le ferait sans se faire prier. Le premier bon point, c'était qu'elle ne lui avait pas tout de suite sauté dessus. Ça aurait pu être intéressant si elle l'avait fait sans armes, mais l'épée qui brillait dans son poing était assez explicite sur son humeur présente et pour la seconde fois, il ne pouvait pas la blâmer. Lui aussi aurait voulu en découdre s'il avait trouvé quelqu'un comme lui dans sa chambre sans invitation spécifique. Son esprit travaillait toujours à trouver une potentielle parade à l'option de croiser le fer avec la dragonnière, et finalement, à peine un instant plus tard, ce fut elle qui lui donna une potentielle solution. Il haussa les épaules dans un geste nonchalant, bien que son corps fut tendu par l'attente d'une attaque.

« Je ne pense pas que ça vous serve beaucoup de l'apprendre. Pas que je doute de vos capacités, c'est plutôt qu'en général, quand on prépare un assassinat, ce n'est pas le commanditaire en personne qui se déplace. Alors je peux vous répondre, mais vous allez sans doute tomber sur un grouillot pas plus dégourdi que ses pieds, qui n'aura lui-même eut affaire qu'à un autre grouillot… Et franchement, de grouillot à grouillot, il faut se serrer les coudes, non ? »

Il ne mentait pas, c'était ça le pire. Il doutait franchement de pouvoir lui vendre le moindre commanditaire, ce qu'il n'aurait pas hésité à faire s'il avait su de qui il s'agissait, quitte à y passer, autant ne pas être tout seul. Le problème, c'est que les individus qui l'avait engagé, il les connaissait et il s'était laissé avoir comme un bleu. Comment avait-il réussi à être aussi bête, il n'en avait pas la moindre foutue idée. Ce qui arrangeait bien ses adversaires d'ailleurs puisqu'ainsi, il n'avait pas même l'ombre d'un argument pour négocier sa mort. Et elle n'était pas du genre à tomber sous son charme, la princesse, il n'allait même pas pouvoir sortir l'orchestre symphonique pour essayer de l'attendrir. Alors quoi ? Faire fasse à son destin comme un homme ? Il n'avait pas assez de fierté pour tenir plus à sa dignité qu'à sa vie, il aimait beaucoup vivre et il avait encore beaucoup de projets en cours.

« Je ne suis pas venu pour vous, ça par contre je peux vous l'affirmer. On ne m'a jamais parlé de vous »

Derrière son bandeau, ses yeux aveugles bougèrent légèrement et la vision du glyphe lui permit de scanner les environs à la recherche d'une autre sortie. La fenêtre, certainement, mais elle allait forcément lui courir après si elle comprenait trop vite où il voulait aller. Il pouvait aussi l'aveugler avec du sable pour se donner un peu de temps. Mais cela signifierait ne pas se retourner ensuite et s'il pouvait partir un peu plus confortablement, cela lui allait beaucoup mieux. Alors quoi ? Elle n'allait pas se contenter de ça, pouvait-il essayer de nouveau de mentir, en pimentant juste assez de vérité pour le faire passer ? Peut-être, de toute façon ça ne l'engageait à rien à part d'essayer et de se creuser un peu la tête. Mentir n'était pas bien difficile, en tout cas c'était moins difficile que de devoir combattre. Avec un léger geste, il désigna l'environnement alentours, lentement, et surtout sans la lâcher de sa mire. Hors de question qu'elle bouge sans qu'il le sache.

« J'étais bien à la recherche de quelqu'un et on m'a donné une fausse information, maintenant que je vous vois je comprend qu'on destinait cette information à me tuer. Je n'ai pas de querelle contre vous, Ma dame, alors laissez moi m'en aller. On s'épargnera tous les deux un moment déplaisant je pense »

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Le regard dur de la princesse transperçait son vis à vis aussi bien que l'une de ses flèches. Pourtant, face à ces yeux lançant des éclairs, l'intru ne sembla pas prendre peur. Au contraire, il haussa les épaules dans un geste nonchalant, et répondit. Un instant, Orfraie fut tenter de lui couper la langue. Mais l'assassin en herbe lâcha une information précieuse qui fit froncer les sourcils à la princesse.

« Tu n'es pas là pour moi. » répéta Orfraie. Elle fit ce que n'importe qui était en mesure de faire. Et elle arriva rapidement à la conclusion… « Tu es là pour Luna. »

Le reste des paroles de l'intru se perdirent dans le néant. Quelqu'un voulait la mort de sa femme et avait envoyé cet homme faire la basse besogne. Orfraie releva la pointe de sa lame et s'avança dans la pièce. Elle se déplaça de façon à pouvoir couvrir facilement la porte par laquelle elle venait d'entrer et la fenêtre de la pièce. Son entraînement de guerrière d'élite lui permettait de bondir avec des réflexes impressionnants dans l'une ou l'autre des directions.

« Je ne te crois pas. Et même si ce que tu dis es vrai, tu avoue être un assassin. »

Elle était quelque peu sous le choque. Luna était la plus belle personne qui soit. Dans une autre vie, sans doute aurait t-elle fait une excellent Baptistrelle. Hélas, les aléas de son existence l'avaient conduite à tuer, à se battre. Son innocence avait décroît, mais elle ne l'avait jamais perdu totalement.  Bien sûr, porter le nom de Kohan l'exposait à bien des dangers. Les machinations de la cours n'étaient pas un secret pour l'Ataliel, qui aurait dû s'attendre à ce que ce jour arrive. Pourtant, Luna bénéficiait de son statut de dragonnière, qui la protéger un peu des plus trouillards. Attaquer un dragonnier, sans même le tuer, était un crime puni par la peine maximum dans les trois royaumes.

« Et les assassins, je les tue. »

Dans un geste aussi gracieux que mortel, Orfraie plongea vers l'inconnu, la pointe de la dent de dragon bien devant elle afin d'embrocher sa cible sur sa lame. Avec un peu de chance, tout ceci serait rapidement terminé.

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Voilà exactement pourquoi il mentait rarement, il n’en avait pas besoin. Si de base on ne le croyait pas, il pouvait bien dire la vérité, elle resterait lettre morte. Dommage, cette fois il aurait aimé que ce ne soit pas le cas. Si elle l’avait cru il aurait peut-être pu monnayer une paix, à la place, il allait devoir se battre. De nouveau, il haussa les épaules. Plus que de la peur, il ressentait une intense vigilance car il ne comptait pas donner le premier coup et devait rester attentif afin de ne pas être prit par surprise. S’il n’avait pas été autant en danger, sans doute aurait-il été amusé de constater sa réaction. Allons ! N’était-elle pas une guerrière accomplie ? Elle en avait vu d’autres, des choses pires encore qu’un tueur professionnel.

« Il faut de tout pour faire un monde  »

Ah, ils allaient avoir un souci. Pour toute autre chose il aurait été ravi de la contenter mais certainement pas en perdant la vie. S’attendant à l’assaut il bondit de côté au moment où elle chargeait et esquiva de justesse le coup d’épée. La lame lui siffla si près qu’il cru un moment s’être fait avoir et seule l’absence de douleur l’informa définitivement que, non, il n’était pas touché, pour cette fois. Sa roulade le mena heureusement près de la porte mais pas dans son axe. S’il voulait quitter ce piège à rat il devait tourner le dos à la dragonnière et cela signerait sa fin. Usant des capacités de son esprit lié, l’immaculé fit voler une nappe de sable dans la bicoque, obscurcissant la vue de son adversaire pendant quelques instants. Mais quelques instants salutaires pour lui.

« Hmf  »

Il était dehors, mais il n’avait aucune idée de comment lui échapper sur le long terme. Cette île ne disposait pas de centaines de cachettes et il devait probablement la traverser tout entière pour retrouver son embarcation. Était-elle du genre à le poursuivre coûte que coûte ? Probablement. Levant une nouvelle gerbe de sable, il réfléchissait à toute vitesse. Quoi faire ? S’il prenait la mer, de toute façon, elle le poursuivrait à dos de dragon. Finir rôti sans possibilités de s’échapper ne lui plaisait pas. Il pouvait tenter de se cacher sur l’île et attendre le moment propice pour partir. Ou il pouvait essayer de la tuer. Profitant des restes de sable dans l’air, il commença à se diriger vers un bouquet de roches afin d’y trouver un terrain plus à son avantage pour l’attaquer par surprise. S’il réussissait à aller jusque là.

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Orfraie plongea, la lame en avant. Entre ses doigts, la poignée de Fëaloecë était froide. Hélas, l'épée en ithildin manqua sa cible. Elle s'était attendue à une charge et avait bondit sur le côté, faisant preuve d'excellents réflexes, afin d'échapper à la morsure du métal. Loin de se laisser emporter par son élan, Orfraie fit volte-face à la vitesse de l'éclair et dans un tourbillon de cheveux couleur de feu.
Mais l'adversaire avait plus d'un tour dans son sac. La guerrière fut obligée de se protéger les yeux à l'aide de son bras gauche. Ses propres réflexes lui permirent d'éviter de le prendre dans les yeux. Mais l'ennemi s'enfuyait.

« Argh ! »

La Liée gronda plutôt que de jurer. Mais la colère s'emparait de son être, tout comme la peur. Orfraie avait espéré une pause tranquille sur cette île reculée. Faire face à un assassin n'était clairement pas dans ses plans initiaux. Et le fait que ce dernier soit là pour Luna et non pour elle nouait son estomac. Elle ne pouvait le laisser s'échapper ainsi et encore moins rejoindre la plage où se trouvait sa bien-aimée.

« Viens ici, lâche ! »

Mais l'instinct de conservation du pirate était grand, semblait-t-il. Toutefois, il ne pouvait aller bien loin sur cette petite île. Il pouvait tenter de se cacher, mais Orfraie en connaissait les moindres recoins. De plus, celui qui serait en mesure de tromper la Générale des Rôdeurs Elfiques n'était pas encore né. Soudain, une nouvelle gerbe de sable força cette dernière à se protéger les yeux, offrant alors quelques secondes supplémentaire à son invité.

« Tu ne peux pas te cacher ici. Je connais cette île comme ma poche. »

Orfraie marchait, à présent. Elle était attentive à son environnement tandis que l'assassin filait. Il avait disparu de son champ de vision, mais il n'était pas devenu le traqueur pour autant. La Liée de Feu comptait bien faire honneur à la réputation du corps d'élite qu'elle dirigeait.
Au détour d'un bouquet de roches, esquiva l'attaque surprise du pirate. Elle glissa dans le sable, la lame en arrière, et se redressa sans attendre. Il y avait ici bien plus d'espace que dans la maison. C'était un terrain plus propice pour les deux immaculés.

Soudain, l'air autour d'Orfraie s'obscurcit. Un étrange nuage semi-opaque apparut à ses pieds et s'éleva dans les airs. Son avancée révélait peu à peu l'éclat mate et ténébreux d'une armure de facture elfique, commençant des pieds pour terminer par la tête. Les plaques teintes en noir, mais aussi matifiées, ne reflétaient pas la lumière du soleil.

La Liée de Feu portait bien son surnom. Il était en rapport avec sa chevelure, bien sûr, mais pas seulement. Et cela, Teolt allait le comprendre. Tandis qu'Orfraie tenait son épée dans la main droite, elle leva la main gauche et lança la boule de feu qui s'y trouvait vers sa cible. Le projectile, de la taille d'un gros melon, était une diversion. En effet, la dragonnière s'élança aussitôt vers l'assassin dans l'idée de lui transpercer le coeur.

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Ça ne serait ni la première, ni la dernière fois qu'il serait traité de lâche, mais le bon côté, c'était qu'il restait en vie et pour ça, il s'asseyait sur sa fierté. Néanmoins, survivre sur l'instant ne suffisait pas, il devait s'assurer de ne plus être pourchassé s'il désirait s'en sortir. Vu le tempérament de la dragonnière, cela voulait dire qu'il devait la tuer. Voilà qui aurait un sacré retentissement. Peut-être simplement l'handicaper durablement ? C'était une fameuse idée ça. Un juste milieu, certes cela voudrait dire qu'à long terme elle serait son ennemie mais pour le moment, il voyait surtout le bénéfice de ne pas exécuter un membre de la famille royale elfique. Non vraiment, c'était la meilleure chose à faire. Lui couper un ou deux tendons, ou l'assommer un bon coup, le temps qu'il prenne la fuite sans demander son reste. Serrant les dents, il s'empêcha de répondre à son défi et attendit, à la place, qu'elle se rapproche. Fondu dans un bosquet, il l'a vit passer près de lui. Ses griffes sifflèrent dans l'air et ratèrent leur cible. Il bondit en arrière pour éviter un coup qu'il n'aurait pas vu venir et reprit sa garde en jaugeant de la femme. D'une main, il dénoua son fouet, prêt à activer le glyphe qui viendrait l'emprisonner et contraindre ses mouvements. Entre son arme et sa vie, s'il devait la laisser là, le choix était tout aussi fait qu'entre sa fierté et sa vie.

Fronçant les sourcils, il jura mentalement quand l'armure apparue. Il n'avait pas besoin qu'elle soit encore plus difficile à tuer bon sang ! Mais peut-être que cela la ralentirait un peu également, à bien y réfléchir. Ne pouvant rester longtemps à y réfléchir, il recula et esquiva juste à temps la boule de feu… mais la lame se planta dans son épaule. La douleur irradia immédiatement, l'acier perforant la chair. Il se crispa, et par réflexe, lui attrapa le poignet et brandit ses griffes de l'autre main dans l'intention ferme de lacérer ce qu'il trouverait sur son passage et qui s'avérait vulnérable, comme la tête. D'une torsion, il essaya de lui donner un coup de pied pour la repousser et se retrouva à vaciller à un mètre d'elle, l'épée plantée dans l'épaule. Il n'osait pas la retirer de peur qu'elle provoque une hémorragie. Disciplinant son corps contre la douleur, il changea de main son fouet vers celle dont le bras n'était pas bloqué et le fit claquer dans l'air, sacrifiant une dose de son énergie pour ne plus voir, pendant un moment, de magie le menacer. Avec ce souci en moins, il pouvait se concentrer sur ses problèmes les plus conséquents. De nouveau, il fit voler du sable pour l'aveugler et cette fois, rejeta l'épée hors de son corps. Son sang devint ambre rapidement, et le pirate siffla d'un soulagement passager avant de chercher à se trouver un nouveau terrain. Il fit de nouveau claquer son fouet au travers du nuage de sable dans l'intention de le laisser s'enrouler sur son adversaire.

Lui attendit de savoir s'il y avait quelque chose au bout de son fouet avant de se décider s'il courrait ou non.

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Orfraie plongea vers sa cible. Sa chevelure, dans son sillage, était comme une flamme. Une flamme aussi vive que celle qui se trouvait au creux de sa main et qu'elle lança vers le scorpion. Contrairement à ce que ce dernier pensait, l'armure d'Orfraie ne la ralentissait pas. Sur le dos d'un homme, cela aurait été le cas. Mais pas sur le dos d'une immaculée dont la force physique était bien supérieure au commun des mortels. Teolt esquiva la boule de feu mais il ne parvint pas à se soustraire à la lame en ithildin. La dent de dragon plongea dans la chair tendre de l'épaule, mais Orfraie fut contrainte de la lâcher afin d'esquiver un coup de griffe. Elle portait déjà une cicatrice au visage et n'avait certainement pas besoin d'en rajouter une nouvelle à sa collection. Une fois dégagée de la poigne du scorpion, la dragonnière recula, mais pas suffisamment pour éviter le coup de pied qui suivait. Le choc la fit reculer d'un mètre en arrière, mais la guerrière retrouva rapidement son équilibre et brandit la première arme à sa portée : une branche très sèche.

Le fouet claqua près de son oreille et, aussitôt, Orfraie sentit la trame se distordre. Un frisson lui hérissa l'échine lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était incapable d'invoquer son feu. Cela la frustra, mais elle avait d'autres ressources en réserve. La Liée de Feu n'avait certainement pas dit son dernier mot, mais un nouveau nuage de sable la força à reculer afin de ne pas être complètement aveuglée.

Lorsque l'épée fut expulsée de l'épaule du scorpion, elle ne tomba pas dans le sable. Elle revint se loger dans la paume de sa propriétaire, qui referma ses doigts autour des deux dragons enlacés non sans une certaine satisfaction.

Le fouet la surprit, mais Orfraie leva son arme de fortune dans un pur réflexe de défense. Les lanières de cuir s'enroulèrent autour du bout de bois plutôt que son propre corps. Elle lâcha le bâton lorsque le scorpion le tira vers lui et profita du nuage de sable pour s'éloigner et activer le glyphe d'Everelle. La magie, puisait directement dans ses propres réserves, fit disparaître son corps, ses armes… Elle s'était évaporée en l'espace d'un instant et ses déplacements étaient aussi silencieux que ceux d'un chat. Même son armure, pourtant de plaques et de mailles d'adamantine, ne faisait pas le moindre bruit.

Pour ne pas laisser de trace de son passage, Orfraie se dirigea vers les rochers qui bordaient ce terrain de fortune. Un genou posé contre la roche afin de se stabiliser, elle glissa ses doigts contre sa cheville et sortit de sa botte droite une courte lame* de facture elfique. La dague d'agilité était parfaitement équilibrée et affûtée. Orfraie prit la lame entre son pouce, son index ainsi que son majeur et la lança vers le scorpion. Lorsque la dague quitta ses doigts, elle réapparu car le glyphe d'invisibilité ne la couvrait plus, mais le poignard arrivait sur la gauche de Teolt, dans son angle mort.

* Dagues d'Agilité : Dagues magiques qui sont capables de rectifier leur trajectoire d'elles-mêmes et d'atteindre la cible visée même si son porteur a mal visé, ou si la cible a bougé. Ceci ne marche toutefois qu'une seule fois par cible...

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Où était-elle passée ? Il inspira puissamment, tendit l'oreille. S'il ne pouvait la voir, peut-être pouvait-il la retrouver autrement. Malheureusement, le sable, son allié d'un instant, devenait son ennemi au suivant. Son odeur était couverte, et il n'entendait rien de ses pas. Avec prudence et méfiance, il commença à reculer, les muscles tendus autant par la douleur de son épaule transpercée que par la tension de l'attente et du combat. Ça n'allait certainement pas se finir ainsi, aussi facilement. Mais dès qu'elle serait de nouveau à portée, il lui apposerait la marque de son collier de traque, ainsi il n'aurait pas à se fatiguer pour jouer à cache cache. Et son énergie, il en avait besoin. Toujours rien pourtant. Curieux, il aurait juré que…

Et soudain, le sifflement l'alerta. Pas assez vite cependant pour qu'il puisse l'éviter, trop proche pour une manœuvre adéquate. Il essaya néanmoins, par pur réflexe, ne cherchant pas à voir ce qui arrivait vers lui et se jetant sur le côté dans une torsion de muscles. Un instant, éphémère, il cru être parvenu à éviter quoi que ce soit qui le menaçait, avant qu'une douleur puissante n'éclate dans son flanc. Il gronda, se plia légèrement sur lui-même en portant immédiatement la main au niveau de la blessure, s'arrêtant en sentant le manche sortant de l'entaille de son armure. Du pouce, il caressa les bords de la plaie, pour vérifier sa netteté puis avec une inspiration profonde, retira l'arme. Une douleur aiguë déchira son corps mais elle fut rapide, il ne resta ensuite qu'une palpitation douloureuse.

La première constatation qui lui vint fut qu'il n'allait pas pouvoir se battre éternellement, mais surtout moins longtemps encore avec un tel écoulement permanent de sang qui deviendrait de plus en plus critique à chaque effort. Appelant la maîtrise de son esprit-lié, il boucha les plaies avec du sable. C'était barbare et cru, mais il n'avait pas d'autres solutions sur le moment. Serrant les poings, il inspira profondément, pour contenir la douleur, puis s'engouffra prudemment dans les rochers pour essayer de débusquer l'elfe. Peut-être par pure chance, il réussi à repérer où elle se trouvait, en écoutant attentivement, et cette fois, plutôt que d'attaquer immédiatement, il essaya de la prendre par surprise. Fouet à nouveau en main, il voulu la faire glisser, en bougeant le sable sous elle, à même les roches, puis seulement en l'attaquant.

Néanmoins, au tout dernier moment, il changea d'idée et recula. S'il pouvait trouver l'autre femelle, peut-être pourrait-il l'utiliser comme monnaie d'échange contre sa vie.

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Orfraie avait oublié à quel point la chasse était grisante. Ses bas instincts, des vestiges de sa transformation en vampire, semblaient resurgir des tréfonds de son être. D'ordinaire, elle n'était pas ainsi. Elle était douce, aimante et attentionnée, y comprit envers son prochain. Mais Teolt avait réveillé la part sombre qui sommeillait en elle, celle qui avait pris plaisir à se repaître du sang des mortels, il y a quelques années.

Lorsque la dague se planta dans la chair, la chasseuse découvrit ses crocs en un sourire satisfait. La pauvre tentative de l'assassin, pour éviter le lame, avait été totalement inutile. Le poignard elfique s'était fiché dans son flanc et, de la plaie, suintait un peu de sang frais, écarlate et brillant sous le soleil de l'île déserte. Il n'allait pas en mourir, mais la douleur l'handicaperait. Le chasseur était devenu la proie, l'assassin se frottait à plus fort que lui.

Orfraie quitta son rocher et bondit agilement sur un autre. Sa réception fut parfaite, mais elle n'avait pas prévu que quelques graviers glissent le long de la paroi. Le bruit était léger, presque couvert par les vagues qui s'écrasaient sur la plage, mais le pirate avait l'oreille fine à défaut d'avoir une vue parfaite. Elle se remit aussitôt en mouvement, s'éloignant, cherchant un terrain plus propice à une nouvelle attaque qui, cette fois, serait fatale.

Mais, soudainement, la proie changea d'itinéraire. Il s'éloignait vers la plage, là où se trouvait le trésor de la princesse des ombres.

Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Orfraie ne supportait pas l'idée qu'il touche, ne serait-ce qu'à un cheveu, de sa tendre Luna. La guerrière s'élança aussitôt à la poursuite de l'assassin, se moquant bien de faire du bruit cette fois.

Il courait, elle aussi, mais lui était blessé. Elle le rattrapait inexorablement et, au dernier moment, se jeta sur son dos d'un bond prodigieusement inhumain. Il roulèrent dans le sable, se débâtant, mais Orfaie parvint à prendre le dessus. À cheval sur la poitrine de l'aveugle, elle lui maintint le bras gauche au sol en appuyant son genou dessus, tandis qu'elle tenait l'autre d'une poigne de fer. Ses améthystes se posèrent là où, normalement, se trouvait son regard à lui. Ils étaient feu et détermination, une pointe de fureur dansait au fond de ses prunelles.

Elle dégagea son bras gauche et, d'une petite torsion du poignet, fit sortir la lame cachée qui se logeait sous son brassard en mithril. Sans quitter son visage des yeux, elle enfonça doucement la lame étincelante entre ses côtes, puis se pencha dangereusement vers lui. À son oreille, elle murmura.

« Elle n'est pas une arme contre moi. »

Elle était sa force, même si l'imaginer en danger faisait naître des pensées et des envies bien sombres dans l'esprit de la dragonnière, dont le souffle chatouillait le cou du pirate.

Orfraie voulait lui laisser une marque, lui faire comprendre qu'avant de mourir, il n'était rien, si ce n'est sa proie. Elle s'humidifia les lèvres et sentit, du bout de sa langue, ses crocs.

« Ce sera parfait. Tu ne lui feras aucun mal. Tu ne feras plus de mal à quiconque. »

Elle sourit, un air terrifiant se peignant sur son visage de porcelaine, et plongea doucement ses crocs dans la gorge de l'assassin. Le goût du sang était, étonnamment, peu dérangeant. Cela lui rappelait des souvenirs et faisait vibrer tout son être. Elle avait oublié à quel point dominer sa proie était satisfaisant.

Puis soudain, elle eut une drôle de sensation.

Le goût du sang fut remplacé par autre chose. Quelque chose de chaud, de sucrer, mais qui n'était pas liquide. C'était indescriptible, mais c'était bon. Elle sentait sa force croître, sa magie bouillonner dans ses veines. Elle ôta la lame secrète de la blessure, puis prit le visage du pirate entre ses deux mains, ramenant son corps contre elle. Elle le tenait fermement et mordit de nouveau.

C'était de la magie, comprit-elle.

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Le bruit de pas martelait derrière lui, au son de la course de son adversaire qui le talonnait mais il se poussait avec fermeté, ne voulant pas flancher maintenant, alors qu'il avait une chance toute trouvée de s'en sortir. Surveillant son souffle et la faiblesse de son bras blessé, il esquiva le piège d'une roche glissante uniquement pour sentir un soudain poids percuter violemment son dos. Tombant, il roula dans le sable avec son agresseur, tentant de reprendre l'avantage sur elle bien qu'elle fut plus lourde et en meilleure forme physique. Son dard siffla plusieurs fois près du visage de la femme elfe avant qu'il ne perde inexorablement en force jusqu'à être dominé. Bandant pourtant ses muscles, il voulut essayer de se détacher une fois de plus, de faire l'anguille pour qu'elle perdre sa prise, sans succès aucun. Bon sang, sans ses blessures il aurait pu se libérer, mais là ? Il était prit au piège comme un moucheron dans les pattes d'une araignée. Il n'essayait pas moins, pourtant, on ne lui avait pas apprit à baisser les bras. Même quand la lame s'enfonça entre ses côtés, il cherchait toujours un moyen de briser sa prise sur lui.

Un sifflement répondit à la voix chantante de la femme elfe. Il n'était pas exactement dans les meilleures dispositions pour discuter sur le moment ! Bon sang, il y avait bien quelque chose qu'il pouvait faire, non ? Être ainsi à la merci d'un autre n'était pas dans ses habitudes. Il était le prédateur pas la proie ! Pourtant, en cet instant, force était de constater que les rôles étaient inversés. Il était désormais la proie, faible et sans défense. C'était une expérience parfaitement unique pour lui et il ne l'appréciait pas. A la fois noyé par des sentiments conflictuels et par un crainte soudaine, une angoisse panique, l'immaculé se trouvait soudainement devant un mur de portes closes : ses espoirs de fuite. Il n'avait aucune solution pour s'en sortir et sentir d'un seul coup les crocs se planter dans son cou ne fit qu'accentuer sa détresse. La sensation de succion était répugnante, et elle le fit se tortiller de toutes ses forces restantes pour tenter de se dégager. Bon sang, non contente de le chasser, elle voulait l'humilier aussi ?

Il gronda, feula, ragea mais ne parvenait à rien et soudainement, une immense faiblesse le prit, comme si son essence vitale le quittait rapidement. Ses soubresauts se firent de moins en moins furieux, de moins en moins vivaces, au fur et à mesure qu'on le drainait de ses forces. Sous le bandeau, ses yeux aveugles se fermèrent. Son corps nerveux frémissait encore et tressaillait, mais plus l'énergie le quittait, plus il était incapable de bouger. Était-ce une sensation similaire que les elfes avaient ressentis en étant prit par Néant dans la forêt ? Est-ce qu'ils avaient aussi eut l'impression d'êtr lentement privés de ce quelque chose d'indescriptible mais de vital ? Il ne pouvait plus rien faire. Ses forces l'avaient abandonné. Entre les griffes de la dragonnière, il n'avait même plus la force de presser contre ses bras pour lui refuser sa soumission. Il s laissait faire, avant de perdre conscience. Le voile noir vint recouvrir ses sens lentement, un à un, puis il ne ressentit plus que la succion et sa force qui disparaissait. Puis il ne ressentit plus rien du tout.

descriptionDure leçon [Orfraie] EmptyRe: Dure leçon [Orfraie]

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Ses crocs s’étaient enfoncés dans la chair aussi aisément qu’un couteau dans du beurre. C’était un gestion, une action, que le subconscient d’Orfraie n’avait pas oublié. C’était une partie d’elle tapis dans l’obscurité et qui, selon toute vraisemblance, n’attendait qu’une chose : resurgir.  Le plaisir s’écoulait dans ses veines tandis que la Sainnûr siphonnait la magie de son semblable. Elle découvrait cette capacité insoupçonnée de la plus délicieuse des façons, selon son propre avis. Son coeur battait la chamade tandis que, comme un poisson hors de l’eau, le pirate se tortillait. Hélas, l’étreinte d’Orfraie était si forte qu’il n’avait pas la moindre chance de lui échapper.

Peu à peu, les gémissements s’espacèrent. Puis, le pirate cessa de bouger. Il était aux portes de la mort tandis que la soif de magie d’Orfraie était apaisée. Celle-ci se redressa. Un peu de sang maculait son menton, mais ce n’était rien en comparaison de ce que cela avait été lors de ses années en tant que vampire. Elle s’essuya à même la tunique du pirate tandis que le corps de ce dernier retombait mollement dans le sable.

D’un geste, Orfraie extirpa la lame cachée d’entre les côtes du pirate. Elle nettoya l’acier étincelant dans la tunique poisseuse du mécréant, puis, d’une torsion du poignet, dissimula de nouveau la lame sous le brassard en mithril. Ensuite, elle se redressa et fit quelques pas sur le sable. Son corps disparu, un instant, sous un nuage sombre, son armure redevenant une simple ceinture. Qu’allait-elle faire du corps ? Se demanda t-elle en l’observant. Elle ne voulait pas affoler Luna.

L’Ataliel soupira et se résigna. D’une main, elle empoigna la chemise du pirate et le traina sur le sable comme s’il ne pesait pas plus lourd qu’un sac de pommes de terre. Ce qui était vrai, du mois pour elle.

Sans sourciller, Orfraie gravit un promontoire rocheux. L’ombre d’un palmier lui offrit un instant de fraicheur avant qu’elle ne s’avance au bout d’une falaise. Elle tombait à pic dans la mer, les vagues se déchainant aux pieds de celle-ci. L’écume maculait les rochers en contre-bas d’une fine couche de mousse blanche.

Sans plus d’égard pour l’assassin, la dragonnière jeta le corps comme un vulgaire sac. Elle l’observa tomber, tomber et… éviter les rochers en contre-bas. Plutôt que s’y disloquer comme un pantin, le corps disparu dans l’écume et fut emporté, loin, par les courants marins.




Ce sera une conclu pour moi ^^ Merci pour ce super RP ! Mwahahahah !

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