10 février 1763
Cela faisait dix jours que la tempête s’était calmée. Le sable encombrait encore de nombreuses rues, maisons et portes. De nombreux Elfes balayaient devant chez eux ou utilisaient la magie pour débarrasser, au plus vite, la ville de tout ce sable. Les enfants, de plus en plus nombreux, profitaient de cette occasion pour s’amuser. De nombreuses constructions éphémères avaient vu le jour depuis la fin de la tempête tandis que leurs rires emplissaient les rues.
Depuis son bureau, Orfraie s'était penchée sur le déploiement de ses Rôdeurs. Après la tempête, le corps d’élite avait de nouveau sécurisé les environs immédiats de la cité ainsi que de son port. Le réapprovisionnement avait donc repris son cours, au grand soulagement des Elfes, les navires pouvant de nouveau approcher Keet-Tiamat. Par la suite, la Conseillère et Générale avaient décidé de pousser un détachement de ses troupes jusqu’au désert, là où la tempête de sable avait débuté. Une vingtaine de Rôdeurs s’étaient donc rendu près des ruines du mystérieux temple aperçu par Orfraie des jours plus tôt, alors qu’elle se trouvait face aux Chimères.
La Liée se souvenait encore de la sensation des vrilles la retenant prisonnière. Machinalement, elle se frotta les poignets. Elle songea alors à Firindal tandis que son regard se perdait par sa fenêtre. Son Lié ne lui en voulait plus, mais leurs retrouvailles avaient été houleuses… Le souvenir de ce Graärh mystérieux et son regard brillant de gourmandise fit frissonner la princesse. Elle était convaincue que ce félin les aurait tous dévorés, Firindal en premier, s’il en avait eu l’occasion. Qui était-il ? Orfraie se remémorait des vêtements en lambeaux, comme s’ils étaient portés depuis des siècles. Cela ne faisait pas de sens à moins d’être hyper matérialiste. Ce pourrait-il que ce Graärh se soit retrouvé sous le sable du désert pendant tout ce temps ? La Liée partagea cette pensée avec Firindal tandis qu’elle fermait la porte de son bureau.
« Conseillère ? »
On l'appelait de plus en plus ainsi dernièrement, venant demander son avis sur telle ou telle question. Même au conseil, son avis était de plus en plus écouté lui semblait t-il. Orfraie se retourna et fit face à un jeune immaculé.
« Je vais aller voir ce temple de mes propres yeux. » répondit t-elle à la question muette.
En passant à côté de lui, elle serra doucement son épaule. Ce Sainnûr avait à peine deux cent ans. Son regard trahissait l'angoisse grandissante qui prenait racine dans le coeur de nombreux elfes et immaculés. Les Chimères, maintenant cet étrange Graärh dont le souffle était assez puissant pour créer cette tempête de sable qui avait coupé les Elfes du monde pendant une semaine.
Orfraie sortie à l'extérieur du Palais et rejoignit Firindal. Elle caressa tendrement sa tête, déposa un baiser sur le bout de son museau puis laissa ses doigts glisser le long de ses écailles jusqu'à ce qu'elle grimpe sur son dos.
# Tu es prêt ? #
Quelque temps plus tard, Firindal et Orfraie survolaient le campement des Rôdeurs. On le discernait à peine du sable, les tentes et les tenues de ses soldats se mariant parfaitement avec le décor. Instinctivement, la guerrière resserra sa prise autour de la poignée de la selle. La dernière fois qu'ils avaient volé ici, la tempête s'était déchaînée autour d'eux jusqu'à clouer Firindal au sol.
# Ca va bien se passer. # Transmis t-elle mentalement au jeune dragon. Sa main, gantée de cuir, se posa sur son cou et elle lui transmis sa propre assurance. Ils étaient ensemble et c'était ce qui importait. # Peux tu te poser au campement ? #
L'imposant dragon souffla l'air autour de lui lorsqu'il s'approcha du sol. Le sable vola et les Rôdeurs se couvrirent le visage et les yeux. Une fois stabilisé, Orfraie sauta à terre, heureuse de se dégourdir les jambes. L'un de ses soldats se détacha du rang. Son armure avait la couleur du sable.
« Nous avons sécurisé les environs. Le temple est à une centaine de mètres, dans cette direction. » expliqua t-il en désignant une direction du doigt. « Si vous êtes prêt, nous pouvons y aller. » dit-il en regardant successivement Firindal et sa Liée. Cette dernière transmit une demande au Jade. Elle faisait, bien sûr, allusion au Graärh. # Sens tu une présence hostile ? #
Une petite mise en bouche. Lomion, je ne voulais pas forcer ton arrivée. Ceci dit, je suggère que les Rôdeurs t'arrêtent lorsque tu t'approche trop et te conduise à Orfraie.