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descriptionA l'embouchure du Tampocuilë EmptyA l'embouchure du Tampocuilë

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Juillet de l'an 1762

''repliez les voiles ! ''
''Bien Capitaine ! ramenez les voiles !


La Rosée du matin Approchait de l'embouchure du Tampocuilë. Artane avait décidé de ramener les voiles pour laisser son petit navire perdre de la vitesse au gré des flots, freiné par les vagues qui caressaient l'étrave de celui-ci. La manoeuvre paraissait simple  mais pour un capitaine pas trop expérimentée et qui ne connaissait pas vraiment la zone , tout devenait rapidement compliqué. Mais bon ! Fallait bien se forger en expérience au fur et à mesure n'est ce pas ?

Artane finit par porter sa main au front, comme pour sonder la côte qui approchait. Bientôt il allait jeter l'ancre et voir pour apporter ce que les Elfes et les Humains qui vivaient sur cette partie de l'archipel avaient besoin. Sa petite goélette n'avait pas une grande capacité de tonneaux, mais elle était utile pour du commerce de proximité. Heureusement que sa vitesse permettait de composer un peu sa limite de capacité. Mais bref !  Il était là pour livrer de la marchandise humaine, car même si les Elfes avaient de quoi satisfaire les gens de sa race qui avaient décidé de vivre avec les longues oreilles, il y avait des produits bien de chez eux qui devaient leur manquer. Et Artane apportaient les commandes, en plus de quelques missives. Il n'y avait pas de sottes tâches quand on servait dans le commerce maritime.

''Jetez l'ancre !

La lourde éclaboussure confirma que l'ordre venait d'être exécuté. Le navire cessa sa petite dérive et la corde grinça sous l'effort à fournir pour stopper totalement ce qui se tenait à son bout. Et là-bas sur la côte, il semblait y avoir un petit camp. Sans doute un avant-poste pour les liens commerciaux.

Artane aurait pu tenter de remonter le Tampocuilë, mais il ne connaissait pas le fleuve et il redoutait que le tirant d'eau de sa goelette ne pousse à se retrouver échouer dans un banc de sable. Et comme il tenait à ce petit navire....

''Mettez la chaloupe à la mer. Je vais me rendre là bas avec Henri et établir un premier contact. On verra bien ce qu'on attend de notre marchandise. Et les gars... Interdiction de vider les tonneaux de bières. ''

Les trois autres hommes d'équipages ne purent s'empêcher de glousser et reprirent leurs besognes. Artane descendit dans la chaloupe et Henri, son autre marin se mit à pagayer vers la côte

Dernière édition par Artane Nordan le Jeu 19 Oct 2017 - 8:57, édité 1 fois

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L’île de Keet-Tiamat, mais surtout la cité des elfes en son sein était comme une deuxième maison pour Luna. Bien qu’elle était humaine et que son allégeance était pour le royaume sélénienne où régnait désormais son petit frère, la jeune femme passait clairement trop de temps à Endëaerumë. Elle pouvait vous sortir de bonnes raisons si vous lui demandiez : elle s’assurait que la relation reste bonne entre les humains et le peuple magique, elle apprenait leurs mœurs afin de renseigner aux autres conseillers ce qu’ils devaient faire mais surtout ne pas faire, etc. Mais la vraie raison était toute autre : c’est là qu’Orfraie se trouvait. Rajoutez à cela l’envie insatiable de découverte d’Alkhytis.

Ce matin-là, elle avait raccompagné des conseillers et des elfes qui désiraient prendre des navires pour se diriger sur d’autres îles. Heureusement que l’eau du fleuve rafraichissait l’air, car il serait brûlant autrement. Déjà au zénith lorsqu’ils arrivèrent à l’embouchure du Tampocuilë, le soleil était bien haut. Luna ressentait son teint rougir et sa peau brûler. Pourquoi n’avait-elle pas emmené de chapeau?!  Elle chercha un petit coin d’ombre sur le petit bateau jusqu’à ce que le capitaine indique qu’ils étaient arrivés à destination et qu’ils pouvaient descendre. Les autres voyageurs se dirigèrent vers leur prochain navire tandis que Luna bifurqua en direction d’un petit camp. Il faudra attendre qu’une embarcation reparte vers la cité elfique. En attendant, il fallait faire passer le temps. Peut-être lire un bon livre sous l’ombre d’un arbre?

Elle salua les gens, reconnaissant quelques-uns d’entre eux. Ils semblaient bien affairés avec de la cargaison et de la nouvelle marchandise. Puis bifurquant vers l’ombre d’un palmier, son regard s’accrocha à celui d’un homme qu’elle avait déjà rencontré à maintes reprises. La première fois étant dans les couloirs sombres du palais lumineux, la deuxième sur la voie royale des montagnes elfiques et les fois suivantes pour transmettre des messages. C’était il y a longtemps…

- Mais quelle surprise! Prononça-t-elle, ses lèvres arquant ensuite un sourire.

Luna avait quelque peu changé depuis leur dernière rencontre. Elle se ressemblait toujours, certes, impossible de se tromper. Néanmoins, sa chevelure bouclée était courte. Elle portait un pantalon foncé fait d'un tissu léger, une chemise rouge et un sac en bandoulière. Aucune trace d’armes sur elle au premier regard.

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Il était en train de terminer de disposer les caisses de sa cargaison quand la voix féminine résonna à ses oreilles. Une fois qu'il connaissait, mais il peinait à mettre un nom dessus. Il déposa sa caisse, passa une main sur son front en sueur, car mine de rien, il faisait rudement chaud. Puis quand il se retourna, il sourcilla en fixant la jeune femme. Qui était cette donzelle ? Il peinait à savoir qui elle était et puis dans l'ombre du palmier, les traits de son visage étaient un peu masqué par l'effet ombragé de l'arbre du désert.Pourtant la voix lui disait bien quelque chose, avec un timbre différent de ses souvenirs. Tellement de choses s'étaient passées en plus....

Un timbre différent de ses souvenirs... Ah ben oui, il était plus ravi, plus joyeux.... et... Et c'était Luna ? Il écarquilla des yeux et fut déjà content de pas avoir été pris au dépourvu. Car il aurait manqué de tomber le cul par terre, dans le sable chaud.

''Dame Luna ? ''

Qui d'autres ? Maintenant qu'il avait un nom, il arrivait à la reconnaître. Sa tenue, sa coupe de cheveux... Tout paraissait si différent. Pourtant, il ne s'était pas écoulé tant de temps que cela... Si ? Il clignait encore des yeux qu'Henri le ramena à la réalité en passant sa main devant ses yeux ébahis.

''Hé capitaine, ca va ? Vous avez pris un coup de soleil ou quoi ? Ou alors c'est le coup de foudre ?''
''Qu... Quoi ? ''
''T'es figé capitaine....Tu es immobile que tu fais rire le reste de l'équipage. ''

On entendait les deux autres marins s'esclaffer.

''Oh la barbe ! Terminez de décharger la chaloupe, je vous rejoins....''
''passe du bon temps, capitaine .


Artane se contenta de foudroyer Henri du regard et il ignora son sourire lourd de sous-entendus. Ses marins n'étaient pas de mauvais bougres, mais il avaient parfois la langue un peu trop pendues. Il se rapprocha donc de Luna et la salua avec un minimum de dignité. Au moins sera-t-il hors de portée de voix de ses marins ! Les vils ! Il était certain qu'ils tentaient déjà l'oreille !

''Ne faites pas attention à eux.... Juste de fieffés coquins.... Si je m'attendais à vous voir ici....Pour une surprise, c'est euh...une surprise....''

Il ne put s'empêcher de ressentir une douleur fantôme à son flanc, un petit rappel d'une certaine entreprise de brigandage qui avait manqué de mal tourner . Mais il chassa rapidement cette mauvaise impression. Le passé était le passé et il avait veillé à bien tourner... Enfin presque...

''Je reste encore sidéré de vous revoir... Que devenez-nous donc, noble dame ? ''

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Luna avait reconnu Artane aussitôt et elle s’amusa, sourire bien taquin à ses lèvres, à détailler son expression interrogatrice. Il cherchait, ça se voyait. L’ancienne régente était-elle si facile à oublier? Elle avait beaucoup changé aussi, beaucoup étant relatif, mais bien plus que l’homme qui se trouvait en face d’elle. Ses poings se posèrent sur ses hanches en attendant impatiemment la réaction d’Artane.

- Gagné ! Répondit-elle à son nom.

Elle passa sa main dans sa chevelure dorée. Toujours étrange de l’avoir si courte après tant d’années à l’avoir eue plus longue que la moitié du dos.

- C’est la chevelure, c’est ça? Tu crois que ça ne me fait pas bien? Dit-elle en continuant de sourire et en se permettant allégrement de le tutoyer. Était-ce là une question piège?

Elle avait ajouté un clin d’œil. La jeune femme semblait des plus joyeuses et certainement de très bonne humeur. Elle écouta l’équipage de Nordan parler et observa les différentes réactions sans intervenir. Pensaient-ils que la blonde était une nouvelle conquête? Probablement, mais le capitaine n’avait aucune chance.

- Je ne m’attendais pas à te voir ici non plus, Artane. Allons plus à l’ombre, je suis en train de brûler.

La princesse des lumières leva sa main gauche pour saluer l’équipage. À son annulaire était confortablement logée une bague.

- Aucune chance, les copains! Le cœur de la demoiselle est pris. Leur lança-t-elle.

Luna leur tourna le dos afin de se diriger vers un coin à l’ombre formé par quelques palmiers. L’équipage pourrait dire ce qu’il veut à son sujet et émettre autant de rumeurs sur Artane et elle, cela ne lui importait pas. Aussi, elle était pratiquement certaine qu’on ne l’avait pas reconnue. Elle n’avait plus l’important d’antan aussi.

- Pas besoin de noble dame. Luna suffira amplement. Tint-elle à préciser.

Elle avait posé son dos contre l’arbre. Son regard azuré détaillait Artane.

- Tu n’as pas changé. Ça a l’air d’aller de ton côté, on dirait. Tu es marchand, maintenant? Demanda-t-elle.

Sa voix était douce et dénotait de sa curiosité. Elle avait noté que les hommes l’avaient appelé capitaine et qu’ils descendaient de la cargaison. De quoi? Bonne question. Avait-il continué d’opter pour un travail honorable au lieu d’essayer de détrousser les gens sur une voie? À première vue, cela semblait le cas.

- De mon côté, je ne sais pas trop quoi dire. Tu dois savoir que je ne suis plus régente depuis bien longtemps. Nolan - car oui, elle appelait l’empereur par son simple prénom - arrive à bien gérer, je crois. Je l’aide comme je peux. J’explore et je découvre sinon. Bref, je vais où le vent me pousse…

Libre comme le vent. Quel sentiment agréable.

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Artane manquait d'être un peu perturbée devant la jovialité de la jeune femme. Elle paraissait tellement plus épanouie et souriante qu'à leur dernière rencontre. Sans doute que cela venait du fait qu'elle n'occupait plus la place de Régente.... Oui, cela devait être cela. Moins de responsablité sur ses épaules et elle se sentait bien plus libre, et de pouvoir mener sa vie comme elle l'entendait.

Il restait néanmoins sur ses positions, le regard un peu écarquillés de la voir si enthousiasme, même en revoyant le malandrin qu'il était. Enfin malandrin... il ne pensait pas en négatif de sa propre personne bien sûr. Il finit par afficher un sourire devant le geste léger de l'ancienne régent qui souleva sa chevelure bien plus courte désormais que dans ses souvenirs.

L'équipage ne pouvait s'empêcher de rire encore en voyant la démarche de Luna. En voyant la bague à son doigt, les hommes d'Artane ne purent s'empêcher de glousser et de jeter :

''Même si tu ne voulais pas l'avouer, capitaine, elle est déjà prise. Raté de tenter de ravir son coeur...''
"Ah ah ah...


Artane riait mais de mauvaise grâce. S'ils savaient ces bougres... Mais il ne se permettrait pas de jouer sur ce terrain là. Certaines tendances pourraient choquer et il ne tenait pas à briser la gaité de l'ancienne régente pour des futilités. Et pui, lui, il était au dessus de cela.

''Ces bougres... toujours à sortir des fadaises...''

Entretemps, Luna était partie s'installer le dos contre le tron du palmier, pour savoir la fraîcheur offerte par son ombre. Artane l'avait imité, mais se contentant de la rejoindre dans cette ombre avec quelques pas de faits.

Il se frotta l'arrière de la nuque, comme s'il paraissait gêné par sa petite question. Non, il paraissait étonné de pas avoir changé physiquement à ses yeux. Lui, avait l'impression d'avoir pris une grosse claque de vieux dans la tronche.

''On vivote comme on peut. Marchand oui et non. Je suis le capitaine de la coque de noix que tu vois là-bas, ancrée non loin de la côte. MArchand, transport de personnes, reconnaissance des côtes et des courants... De l'exploration quoi... Tout ce qui peut rapporter quelques pièces d'or et de quoi faire vivre ces vauriens qui me servent d'équipage.''

il entendit glousser un de ses marins. Il fit mine de pas avori entendre. Il les appréciait mine de rien ces bougres de marins. Puis il ne put s'empêcher de sourire.

''Je pense surtout que tu es heureuse d'avoir une certaine liberté. Même si tu aides l'empereur, tu savoures ce que tu n'as pas pu avoir durant ton règne de Régente, je me trompe ? ''

Il s'était permise de la tutoyer, restait à voir si elle en ferait la remarque ou si au contraire, elle serait ravie de plus être considéré comme une personne d'un ragng très supérieur à lui.

''Là oùle vent te pousse. Comme ma goélette en fait... On est libre d'aller partout dans les mers du coin et plus loi, bravant tempêtes et danger et...''

Il se permit de rejoindre Luna, de s'asseoir contre le tronc et de caler ses mains derrière la tête, prenant une pose de parfait détendu.

''... et de ne penser à rien sauf à soi-même. D'ailleurs, cela fait quoi de retrouver le goût de la liberté ? ''

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Les compagnons d’Artane semblaient être de sympathiques personnes. Luna sourit simplement sans ajouter quoi que ce soit. Aurait-elle dû plutôt s’offusquer des rires, de la jovialité et des moqueries des matelots, surtout que ces derniers étaient dirigés vers leur capitaine? Eh! Bien, non! Pas de raison de s’enflammer et de prendre colère contre ces individus qui lui paraissaient de bonnes personnes. Il n’y avait pas de raison pour que Nordan soit gêné non plus, quoique si, il y avait des raisons… mais pas pour que la blonde qui était de bonne humeur en fasse tout en plat.

La princesse des lumières accueillit l’ombre avec plaisir et l’homme l’avait suivi sous cette protection. Elle l’écouta parler. Il ne sut pas faire tarir son doux sourire à ses lèvres.

- Je vois… Glissa-t-elle lentement.

Un petit silence s’installa. L’ancienne régente ne vint pas commenter ou ne chercha pas à en savoir plus concernant les activités que faisait le capitaine sur son navire. Supposons que tout était légal. La supposition contraire avait traversé son esprit, car son regard tel un miroir en témoignait. Mais l’idée disparut aussi rapidement qu’elle était arrivée. L’azur s’illuminait. Elle préférait croire que l’homme devant elle était conforme à la loi et ne pratiquait pas d’activités douteuses. Était-ce là de la naïveté ou du déni?

- Oui, très heureuse. Marqua-t-elle.

Le ton employé était sans équivoque. Elle avait serré ses mains ensemble et ses doigts commencèrent à danser sur la bague qui trônait son annulaire.

- Si je dis que je n’ai pas réellement aimé être régente, je ne sais pas si les gens me croiraient. C’est quoi la richesse et la puissance si on ne peut même pas se promener chez soi sans se faire agresser en pleine nuit? Lâcha-t-elle en terminant sa phrase sur une note moqueuse. Oui, elle faisait référence à la fois où Artane l’avait assaillie dans les couloirs du palais lumineux. Et tous ces gens, conseillers compris, qui croient que tu ne vois pas ce qu’ils manigancent dans ton dos. Ou pire, qui croivent que tu n’es bonne qu’à marier…

Elle fit une petite pause et prit une grande respiration. La jeune femme ressentait de la frustration face à tout cela et cela paraissait dans sa voix. Cela lui faisait du bien de vider son cœur. Pauvre capitaine qui devait subir tout cela.

- Et messire de Castelnau, je n'ai eu d'autres choix que de briser son pauvre petit cœur. Prononça-t-elle.

C’était définitivement sarcastique. Elle ne ressentait pas une once de culpabilité envers ce noble qui désirait sa main. Artane se rappelait-il de cet individu? La petite pouliche avait jadis soulevé son existence. Oui, une information sur la régente contre la promesse d’être détachée.

La première rencontre entre Artane et Luna était définitivement particulière et inoubliable.

- Alors ouais. Tout ça pour dire que j’adoooooore ma liberté! Je fais ce que je veux, quand je veux… ou presque. Sourire triomphant. Assez parlé de moi. Je ne suis pas le centre de l’univers, non? Ton bateau, il a un nom?

Pas une seule fois, la Liée-Dorée n’avait remarqué que le propriétaire de la goélette l’avait tutoyé ou si c’était le cas, elle ne l’avait pas repris. À la fin, c’était ce qu’elle voulait : avoir simplement une discussion normale entre deux personnes « normales ».

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Le bref silence qui s'était instauré ne passa pas inaperçu chez Artane. Quand il avait rencontré Luna, par deux fois, la jeune femme avait découvert que notre gentil bougre faisait dans des activités peu louables et parfois douteuses. Mais rien de compromettants. Enfin presque. Sinon, Artane ne serait plus là pour éventuellement en parler. Le capitaine avait bien dans le silence de la jeune femme que le doute persistait encore un peu. Elle ne le connaissait pas vraiment et donc, elle avait de quoi se demander sur ce qu'il faisait maintenant. Artane aurait pu défendre sa cause, mais il préféra éviter. Des fois, le silence servait mieux comme réponse que de chercher à se justifier.

Heureusement, ce silence n'avait pas duré et la jeune femme précisa son bonheur de goûter à la liberté retrouvée. Et elle narra un peu ses ressentis vis à vis de sa vie en tant que Régente. Artane ne put s'empêcher de faire un léger sourire contrit quand il comprit le sous entendu qu'elle balançait quand à leur rencontre nocturne, qui resterait, bien qu'on en vienne à en redire, mémorable. D'ailleurs, le nom qu'elle évoqua aussi dans ses dires rappela plus intensément cette soirée. Et de comment elle avait terminé. Ca, il se retiendra de le rappeler à la jeune blonde. Ce baiser fortuit avait laissé quelque chose chez Luna qu'il ne voulait pas remuer.

''Ce cher sieur de Castelnau..... Je pense qu'il s'en est remis depuis. Ce n'est pas le gnre de bonhomme qui mérite de se marier de toute façon. Et puis c'est mieux ainsi. Qui sait s'il s'était pointé pendant que je te.... enfin, que je t'avais ligoté... il aurait eu peine à jouer réellement les héros. ''

Il avait toujours se regard contrit et fit mine de se gratter une fausse démangeaison à la nuque. Diantre, quel soir ce jour là n'empêche.

''De toute manière, tu n'es plus à la cour.... et tu auras plus le loisir de leur pointer le bout de ta lame s'ils venaient à jouer les sarcastiques devant toi....Rien que pour le plaisir de les apeurer un peu, au point de leur pousser à faire dans leurs chausses. Cela serait drôle non ? ''

Ce serait amusant d'être témoin d'une telle scène si cela venait à arriver. Là, Artane ne se gênerait pas à se moquer du possible nobliau qui aurait eu une remarque déplacée de trop à l'égard de Luna.

La conversation changea et Artane suivit le mouvement. Il comprenait que Luna ne veuille pas qu'on parle toujours d'elle et de sa vie. Il tourna la tête vers son navire.

''Cette chose là ? Il se nomme la Rosée du Matin. C'est pas un gros navire comme tu peux le voir, mais il tient bien la mer. Et gérer mes bons bougres est aisé vu le nombre de personnes qu'il faut pour le diriger. Tu veux y faire un tour ? Et en prime, je t'offre une chope d'un bon hydromel que je garde pour les bonnes occasions. ''

Il se doutait bien que de faire du bateau en mer n'avait rien de comparable à voler à dos de dragon. Mais qui sait... autant tenter non ?

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- Pas le choix. Répondit Luna.

Elle avait également haussé les épaules à l’égard de ce cher messire de Castelnau. Ce qu’il advenait de ce noble n’était plus de son ressort et ça ne lui importait plus non plus. C’était probablement réciproque, car maintenant qu’elle n’était plus régente, elle n’était plus un parti aussi alléchant. Quoique la jeune blonde était toujours noble et de famille impériale, même si ce n’était pas de sang.

Ç’aurait probablement été drôle qu’il se pointe pendant que j’étais ligotée. Échappa-t-elle en même temps qu’un léger ricanement. Tu penses qu’il serait venu de la misérable demoiselle en détresse que j’étais?

- Bonne question… C’était sûrement un préjugé de sa part que de penser que messire de Castelnau n’aurait été assez brave pour venir l’aider. Mais si cela aurait été le cas, elle aurait eu affaire à un homme qui considérait qu’elle avait une dette envers lui tandis qu’en réalité, elle n’avait pas eu besoin de personne.

- Mais entre toi et moi… Murmura-t-elle et elle se rapprocha afin de favoriser un moment de confidence. Je pense que je me suis bien débrouillée seule.

Luna s’éloigna par la suite, reposant son dos contre le palmier. Elle avait un sourire léger aux lèvres. D’autres personnes en auraient sûrement tenu rigueur longtemps à Artane pour les avoir agressés de la sorte, mais pas l’ancienne régente. Inutile de passer tout son temps à chercher à rendre la vie d’un autre un calvaire. Et au final, elle aimait bien la tournure que cela avait pris. Certes, il aura fallu une deuxième rencontre avec le voleur. Mais elle aimait croire qu’elle avait fait une différence dans sa vie pour le mettre un peu plus sur le droit chemin.

Nordan arracha un grand sourire à Luna. Oui, ce serait bien drôle. L’idée de pointer son épée lui paraissait satisfaisante. Elle avait plus de libertés et elle n’avait plus à autant penser à ce qu’elle disait. La vie était beaucoup plus simple et elle l’aimait comme ça.

- La rosée du Matin? Oh! Joli nom, j’aime bien! S’exclama-t-elle. En tout cas, ça a l’air sympa d’avoir un bateau… quoiqu’en même temps, c’est de l’organisation, du temps et faut s’y connaître bien en navigation. Je pense que je vais continuer de profiter de l’expertise des gens.

Non, avoir son propre bateau n’intéressait pas Luna. C’était trop de gestion à son goût et elle avait déjà pas mal de choses à laquelle elle devait penser. Mais naviguer à bord d’un navire, elle aimait bien.

- Ils ont l’air sympa. Je suis contente que ça a l’air d’aller pour le mieux pour toi. Capitaine de navire, ça te va bien.

La dragonnière fit une pause. Son regard se posa sur la goélette pendant un court moment.

- Oui, je veux bien. Ça te dérange pas, t’es sûr? Tu dois être occupé et avoir mieux à faire.

Toujours souriante. Elle n’était pas pressée dans le temps, alors pourquoi ne pas en profiter? Mais ce n'était peut-être pas le cas d'Artane avec sa cargaison ou peut-être était-il attendu ailleurs. Mais en même temps, il ne l'aurait pas proposé, s'il ne pouvait pas... Non?

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Qui sait comment les choses auraient pu réellement tourné si le dénommé Messire de Castelnau se serait pointé. Il aurait sans doute tenté quelque chose ou alors narré sa mésaventure pour jouer de panache et passer pour un héros pris malheureusement à partie par plus fort que lui. Mais les choses étaient faites, et le passé appartenait au passé... Un passé encore vivace dans l'esprit de notre baroudeur et qui en devait beaucoup à l'ancienne régente. Car si elle ne lui avait pas offert cette chance de se racheter et de quitter le brigandage avec plus de conviction qu'il n'en avait eu, il aurait croupi en prison et avec l'invasion des Chimères, il y serait sans doute resté. Pourtant, il gardait le sourire et ne put que conforter la jeune femme partie s'adosser contre le tronc du palmier. Il eut le temps de glisser pour elle :

''Pour sûr que tu auras su bien te débrouiller. Je pense même que si tu l'avais voulu, par la suite, tu m'aurais neutralisé''

Au vue de son niveau de combattante et de ses capacités magiques, il aurait fini par passer un sale quart. Ca, c'était certain.

''Si cela me dérange pas ? Attends, tu vas voir. Henri ! Où en est-on avec les caisses ?
''On a presque fini, C'pitaine. Mais tu peux le dire de suite hein, que je reste à terre pour négocier leurs ventes et que tu embarques la donzelle pour lui faire une petite balade romantique''
''Oh la barbe, Henri ! Allez les gars, préparez la chaloupe !


Les trois autres gaillard rigolaient encore comme des gosses et allèrent préparer la petite embarcation.

''Voilà qui répond à vos questions, M'dame. Le bateau n'attend plus que vous pour embarquer. Comme tu peux le voir; mes hommes ont bien l'air décidé à t'en montrer plein les yeux. Les connaissant, ils seraient capable de t'inviter à danser un soir prochain. Et Capitaine Nordan, cela en jette hein ? Oui, bon je fais un peu trop le fier là. Allez Madame la guerrière. Venez à notre bord. ''

Il ne leur fallut pas longtemps pour rejoindre la goélette et monter à son bord. Artane donna des ordres et ses trois hommes d'équipages passèrent vivement à l'action pour déployer les voiles, remonter l'ancre. Artane avait invité l'ancienne Régente à venir avec lui, non loin de la barre.

''Les vents longent la côte. Juste ce qu'il faut pour avancer doucement contre le vent et pour le retour, nous aurons le vent dans le dos. J'espère que tu n'as pas le mal de mer ma chère....''

Et là il fit un petit sourire amusé. Depuis le temps qu'il était à la tête de ce petit navire, il y avait longtemps qu'il n'avait plus ce mal, sauf en cas de grosse tempête. Mais il faisait tout pour les éviter.

''Avoir un bateau te permet d'aller partout où tu veux. Et tu n'auras jamais de bouchon comme à l'entrée d'une ville. Par contre, gérer un équipage et la navigation, c'est casse pied mais nécessaire. La bouffe, la position du navire, connaître les courants. Pfiouuu.... J'avais un peu appris durant la traversée, mais sur la mer, on en apprend tous les jours. Les bancs de sable par exemple, tu ne les auras jamais au même endroit d'un mois sur l'autre, voir du jour au lendemain, car dépend de la puissance du courant et bien d'autres facteurs...''

Pendant qu'il tenait la barre, il se frottait la barbe. Le vent faisait doucement claquer les voiles pendant que le navire prenait doucement une petite vitesse.

''Me demande si j'aurai pas mieux fait de me lancer dans l'élevage de chevaux moi....''

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Non, cela ne dérangeait visiblement pas Artane. Il ne devait pas être le genre d’hommes qui proposait quelque chose en espérant que l’idée ne soit pas acceptée. L’azur amusé se posa délicatement sur ce cher Henri qui était prêt à se sacrifier en restant au sol pour son capitaine. C’était une belle troupe que le navigateur avait à ses côtés. Ils semblaient avoir l’air soudé au premier regard.

- J’ai bien hâte de voir ça. Répondit-elle après qu’il eut dit que ses hommes étaient décidés de lui en montrer plein la vue. Capitaine Nordan, ça sonne très bon. Ne perdons pas de temps alors ! s’exclama-t-elle joyeusement.

Le « Madame la guerrière » lui arracha un énorme sourire. Luna vint s’installer dans la chaloupe parmi les marins et en un clin d’œil, ils étaient déjà sur la goelette. Elle s’approcha d’Artane qui était à la barre. Ce n’était pas la première fois que la régente embarquait sur un bateau. Après tout, ils étaient tous venus sur ce nouvel archipel en bateau et elle en avait également utilisé un pour se rendre de Calastin et Keet-Tiamat. C’était après tout trop risqué de voler avec Alkhytis. Un jour peut-être, un jour… Mais pas maintenant.

- Je n’ai pas eu le mal de mer jusqu’à maintenant. Croisons les doigts! Dit-elle en faisant le geste de ses deux mains. En tout cas, je peux t’assurer qu’il fera beau pendant tout le temps où je serai là. Ma présence apporte le beau temps, après tout.

La blonde avait pris un ton taquin, presque vantard. Le capitaine ne le savait probablement pas, mais elle avait une carte dans sa manche pour s’assurer de la véracité de ses paroles : la Grenouille.

- Tu es chanceux. Marqua-t-elle.

Pouvoir se promener là où on veut, quand on le veut, lorsque la mer était d’accord bien sûr, c’était une belle liberté. Déjà, elle ressenti la brise marine dans sa courte chevelure d’or. Elle aimait cette sensation.

- De chevaux?! Et rater tout ça? Ah non! Tu as pris la bonne décision. C’est mon avis. Ça a l’air merveilleux de chevaucher les flots… Ça me fait envie, en tout cas. Commença-t-elle.  Mais ça doit pas être facile. Tu veux me montrer? C’est quoi des bancs de sable, d’ailleurs?

Artane avait gagné l’azur.

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Artane n'avait pu s'empêcher de sourire pendant que la Rosée du matin prenait sa vitesse de croisière. Chanceux pour le temps hein ? Il n'avait qu'à lever les yeux pour voir la couleur bleue dominant le ciel.

''Peut-être parce que les cieux ont décidé de t'accorder une journée sans pareille aujourd'hui. Mais pour de la chance, oui, c'est de la belle chance. Tu joues les porte-bonheur aujourd'hui de ce fait alors ? ''

C'était drôle tiens, de dire cela comme cela... Dire qu'à leur dernière rencontre, il avait manqué d'y laisser la peau et que ce n'était que par la bonté de Luna qu'il était là aux commandes de son propre vaisseau ; parce qu'elle avait décidé de ne pas le faire emprisonner alors qu'il avait commis un crime en l'attaquant sans savoir au début qui elle était à l'époque. Mais le passé était derrière et sa goélette fendait gracieusement les flots bleus de la mer.

''T'as eu de la chance de pas connaître une seule fois le mal de mer. Moi, dès les premiers jours à bord, je l'ai ressenti et j'ai été malade comme un chien.... Peut être que tu as des ancêtres qui étaient de vrais marins, qui sait. En tout cas, on chope encore le mal de mer dans des tempêtes qui provoquent une forte houle. On arrive à tenir, mais passé un certain temps.... Bon, je te passe les détails. ''

Par contre, il ne put s'empêcher de rire devant la réplique de la jeune femme quand elle l'avait entendu marmonné sur l'histoire des chevaux

''C'est vrai, tu as raison, mais je pensais plus à autre chose en fait..... Disons que je t'avais surnommé petite pouliche, ce n'est pour rien... quand on voit comment la mer semble te conquérir....''

Il se contenta de lui adresser un large sourire plaisantin, même s'il y avait un poil de charme dedans. Ce n'était qu'une simple boutade après tout. Artane s'était déjà fait à l'idée que de tenter une petite approche séduisante avec l'ancienne Régente était peine perdue. Luna était une magnifique jeune femme, il se l'était avoué bien des fois. Mais au vue des événements vécues et de ce qu'il se doutait un peu, il avait réussi à passer outre et à plus comparer Luna comme une petite soeur qu'autre chose. Il revint sur le sujet maritime.

''Tu te rappelles les dunes dans le désert quand on était chez les Protégés ? Elles bougent, se créent et disparaissent avec le vent. Les bancs de sable, c'est un peu la même chose. Mais là, c'est le courant marin ou les tempêtes qui aident à leur formation. Si on vient à en buter un, on s'ensable.... et bonjour la galère par la suite. Bien, tu veux que je te montre ? Alors je te vais te montrer. ''

Il lui prit la main, sans lui demander son avis et la porta doucement sur la barre. Ainsi, il céda un peu sa place, mais ne détacha pas complètement sa main de la sienne.

''Quand on prend la barre pour la première fois, cela fait étrange. Cela ne parait pas naturel de piloter quelque chose. Ressens tu la force de la mer à travers la barre. Pose ta seconde main dessus et essaie de la tenir. Tu vas sentir ressentir la vitesse du vaisseau, la mer qui force sur le gouvernail....''

Il la guidait et regarda les voiles, puis la terre. Il sourit. Ils étaient assez loin pour prendre le vent dans l'autre sens. Là ils étaient contre le vent.

''Tu veux chevaucher les vagues, alors tourne d'un coup la barre pour tourner fortement et on va prendre le vent pour prendre la vitesse. ''

Il ne douta pas que Luna allait suivre ses indications et il stoppera la barre d'une main ferme quand le bateau sera sous le vent. Là, les voiles claqueront d'un coup, les hommes, un peu surpris, auront marmonné quelques protestations, mais auront vite taché de compenser la manoeuvre. Et là, Luna sentira La rosée du Matin bondir un peu plus sur les vagues tout en prenant de la vitesse. Et là, Artane se reculera d'un pas pour laisser Luna seule à la barre. Puis il dira à ses hommes :

''Messieurs, notre invité est aux commandes. Veillez à ce que la Rosée du matin donne son plein potentiel pour elle. ''

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Petite pouliche. Ce surnom, Luna l’avait pratiquement oublié. À part Enetari, personne n’avait jamais osé la surnommer d’un titre plutôt saugrenu et ce, surtout lorsqu’elle était devenue Régente et qu’elle avait gagné l’influence qui allait avec. Artane était l’exception à la règle. Certes, il n’avait pas su qu’elle était la personne influente d’Aldaria, mais reste qu’il en avait de l’audace. Et en retour, comment l’avait-elle appelé?

- À la petite pouliche le petit poulet. Répondit-elle.

Son sourire s’était élargi pour illustrer son expression moqueuse. Aucunement vexée, cela l’amusait. Quoique cela changerait sûrement si l’homme prenait la mauvaise habitude de l’appeler ainsi. C’était toute une relation qui avait évoluer entre Luna et Artane, ça on pouvait bien le dire! S’il la considérait comme une petite sœur, la blonde ne le voyait pas comme un grand frère. Elle ne le connaissait pas suffisamment pour cela. Toutefois, il y avait quelque chose chez lui qui faisait qu’elle se sentait à l’aise à ses côtés. Un ami. Oui, c’est ce qui le décrivait le mieux.

- Oui, je me rappelle parfaitement… Marqua-t-elle doucement. Houla! Quand même. C’est vilain ces bancs de sable! Vaut mieux ne pas en croiser.

La navigation était une notion compliquée. La surprise se logea dans les océans de l’apprenti-capitaine lorsque ses mains furent posées sur la barre.

- Quoi?! S’exclama-t-elle.

C’est exactement ce qu’elle avait voulu… Mais elle n’avait pas cru que cela arrivait réellement. Les gens, normalement, auraient simplement expliqué comment fonctionnait la barre, comment s’assurer de mettre le vent dans les voiles, etc. Mais pas le capitaine. Bien heureusement, car la normalité est ennuyante!

La surprise fut rapidement remplacée par l’excitation en son cœur. Son visage s’illumina de joie et son sourire s’élargit. Il n’y avait aucune crainte. Merci à la main sur la sienne pour la rassurer.

- Oui, mon capitaine! Prononça-t-elle joyeusement.

Les deux mains sur la barre, la jeune femme exécuta l’ordre de Nordan. À vrai dire, elle ne savait pas exactement ce qu’elle faisait et ce que cela ferait. Or, elle le comprit lorsque les voiles claquèrent soudainement. Le navire prenait de la vitesse. La Rosée du matin dansait gracieusement sur l’eau!

Petits remerciements aux matelots et à leur patience en ce qui concerne leur nouveau pilote…

- On bouuuuuuuuge !

Comment un fait aussi simple pouvait-il l’émerveiller autant? Facile, c’était Luna. Une pointe d’inquiétude naquit en elle lorsque l’homme s’éloigna d’elle. Il lui fallut qu’un sourire pour être rassurée que tout irait bien.

- À nous la mer! Poursuivit-elle, toujours aussi jovialement. Vous en avez de la chance. C’est incroyable! dit-elle en se retournant vers l'équipage. Elle ne l'avait pas oublié.

Pas besoin d’une énorme montagne pour impression la petite lune. Son regard balaya les flots puis le bout de terre qui commençait à disparaître à l’horizon. Les minutes défilèrent…

- Mais c’est quoi ça? Demanda-t-elle en pointant du doigt devant le navire.

Pour Luna, c’était mystérieux. Les couleurs de l’eau avait changé. L’eau n’était plus simplement bleue, mais aussi de couleurs cyan, sarcelle, turquoise et blanche. Au loin, on pouvait également voir des « choses » dans l’eau qui n’étaient pas des poissons. Elle n’avait aucune idée de ce que c’était.

Pour Artane, c’était simplement une baie de corail.

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Petit poulet ? Artane avait fait une moue faussement vexée avant d'en rire. Mine de rien, valait mieux garder de souvenir pour en rire que d'en pleurer. Après avoir saisi que les bancs de sable étaient dangereux pour un navire, elle fut presque stupéfaite que le capitaine la mette au pied du mur en la mettant à la barre de la Rosée du matin. Mais la joie remplaça rapidement la surprise du moment et elle prit la barre, même si ses gestes paraissaient peu assurés. En même temps, c'était normal, elle n'avait jamais navigué.

La jeune femme avait le sourire rayonnant, elle avait la joie qui lui illuminait le visage, plus encore quand elle tourna la barre sous le commandement d'Artane. L'humain n'était pas bien loin d'elle s'il y avait besoin de redresser rapidement la situation. Il s'était certes un peu éloigné, mais pas trop. Le vent était bon, la mer favorable à une petite navigation de novice. En résumé, les conditions étaient idéales.

Luan libéra son enthousiasme. L'équipage hurla joyeusement pour répondre à sa réplique.

''A nous la mer''répétèrent-ils aussitôt. Et la petite goélette fendit fièrement les eaux. Les marins d'Artane firent ce qu'il faut pour assurer la meilleure des vitesses.  

Puis, au fur et à mesure que la goélette fedait les eaux, la surface de la mer évolua pour apporter des notes de couleurs plus variées. On devinait sous la surface des tons de rose, de jaunes, de orange/ Luna en fut interrogative. Le capitaine se pencha et regarda. Il sourit.

''Ca, ma chère navigatrice, c'est ce qu'on appelle un banc de corail. L'eau étant assez chaude et pas très profonde, ces choses se développent dans ces profondeurs. Tant que ce n'est pas proche de la surface, ce n'est pas dangereux pour la coque. En dessous, c'est comme si c'étaient des algues, mais en calcaire. et c'est vivant. Et tu trouves des myriades de poissons de toutes les couleurs. C'est comme si c'étaient des oasis de vie la dessus. Le spectacle te plairait sans doute si tu étais un poisson ou un dauphin. ''

Qui sait comment Luna prendrait cela. Peut être qu'elle demanderait à voir cela de plus près, en étant sur une barque ou en se postant sur le bastingage.

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- Oooooooh ! s’exclama Luna à la suite aux explications d’Artane.

L’émerveillement et la curiosité s’étaient glissés dans sa voix. L’azur glissait tout au long de la baie de corail. Ce n’était pas trop difficile de lire en la jeune femme ce qu’elle désirait : elle voulait la voir de plus proche, elle voulait découvrir ce que c’était!

Elle en oublia même la barre qu’elle tenait. Heureusement, le capitaine fut là pour reprendre la relève et lancer quelques ordres à ses hommes, si nécessaire. Tout cela n’était plus que distant derrière elle. Les pas rapides de la princesse des lumières se précipitèrent vers le bastingage où elle posa ses mains. Non, l’idée de tomber ne lui paraissait pas alléchante. Mais l’idée de s’approcher de toutes ces couleurs, oui, ça ce l’était. Elle se retourna, rayonnante, vers Artane. Il savait quels mots allaient s’échapper de ses lèvres avant même qu’elle les ait prononcés.

- On peut aller voir de plus près, dis? Demanda-t-elle joyeusement, en se joignant les mains par la même occasion.

Une vraie gamine, cette fille-là! Mais impossible de poser un refus face à tant d’entrain et à ce regard rempli d’espoir. Lui dire non, c’était équivalent à la gifler ou pire, à poignarder son petit cœur d’enfant. C’est ainsi qu’une barque fut préparée.

La petite embarcation emmena Luna et Artane jusqu’à la baie de corail.

- Mais c’est incroyable! C’est ça, le corail? Demanda-t-elle.

Sa main avait plongé dans l’eau pour pointer, en effet, ce qui était du corail. Elle ne semblait pas s’inquiéter de savoir s’il y avait des choses méchantes dans l’eau qui pouvaient lui mordre le doigt.

- Si seulement j’étais un dauphin… Dit-elle en un murmure attristé.

L’idée d’aller voir de plus près lui plaisait. Elle voulait nager avec les poissons, voir de plus près les coraux et découvrir ce que recelait cette baie. Si seulement…

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Oh que oui, c'était redevenu une gamine avide de découvrir les merveilles que la nature offrait et de les contempler de plus près. Artane en avait encore ri pour la peine. C'était rafraîchissant. Et il ne doutait toujours pas que son équipage se faisait malgré tout des idées sur ce qui pourrait s'en suivre. Ces sales garnements adultes ! Bah, qu'ils restent dans leurs fantasmes du moment. Puis, pendant qu'il ramait toujours pour se rapprocher un peu plus des effleurements , Luna se penchait toujours plus, pour contempler au mieux le spectacle.

''Oui, c'est cela le corail''

La jeune femme paraissait attristée de pas être un dauphin. En même temps, quand on voyait ce qu'on arrivait à voir à partir de la surface de l'eau, le chatoiement des couleurs et des formes vivantes là-dessus, il y avait de quoi soupirer.

''Oui si seulement....''

Mais la mer recelait bien des dangers. Soudain, Il manqua de sursauter quand il entendit un cri ravi de la part de Luna. Elle venait de se rappeler qu'elle avait une bague capable de la faire respirer dans l'eau. Il manqua de paraître penaud. Lui aussi avait ce genre d'artefact sur lui, mais en cas de besoin et ne s'amusait pas à le crier sous tous les toits. Sans doute parce qu'il avait encore cette vieille habitude de garder pour lui des astuces quand il se retrouvait encore dans des situations désespérées. Cela l'avait sauvé plus d'une fois. Mais aujourd'hui, il était capitaine, plus un escroc, arnaqueur, bonimenteur... quoique... Il ne put s'empêcher de sourire. Tant pis pour cette astuce là. Il était avec Luna, qui rêvait de voir la nature de plus près.

'''Ca tombe bien, moi aussi ''

Il montra fièrement la bague qu'il avait à son index.

''On va aller fair eun grand plouf sous l'eau, mademoiselle. Mais attention. Les coraux, c'est bien joli, mais cela coupe. Donc on touche juste avec les yeux. Attention aussi aux animaux qu'on verra là-dessus. Les couleurs vives et éclatantes les rendent beau, mais cela veut dire qu'ils sont dangereux. C'est un peu une manière de dire aux autres animaux ''ne me mangez pas, ou vous mourrez". D'ac ? ''

Il jeta la petite ancre de la barque, qui fit un bref plouf pour s'accrocher rapidement à un rocher proche de la surface. Puis il retira ses bottes, son épée et garda seulement sa courte lame. On n'était pas à l'abri d'un soucis là-dessus. Puis il termina de retirer sa tunique et sa chemise, se mettant totalement torse nu. Peut-être que Luna rougira, ce serait drôle.


''Et voilà jeune fille, moi je suis prêt. Par contre..... Faudra pas se moquer de moi. Je ne sais pas vraiment nager. ''

Il montra ses gants en cuir.

''Garde les à tes mains, cela pourra te protéger la peau si tu dois te tenir à des rochers. Bon allez, à la flotte tout le monde. ''

Il voulut faire un bond par dessus le rebord de la barque, sauta, se prit le pied droit sur le rebord et tomba comme une pierre dans l'eau. Pour faire le clown par accident, il se montra fort sur ce coup là.

Une fois sous l'eau, quand Luna l'eut rejoint, il avait déjà activé sa bague de respiration. Il montra du doigt le récif tout proche. Luna pourra l'observer tout à loisir. Il ne pourra sans doute pas s'empêcher de sourire en la voyant s'émerveiller devant la splendeur du corail présent en face d'eau. Il leva la tête. La surface était à peine à trois mètres d'eau. Bien. Il préférait ne pas être trop loin de l'air en cas de besoin.

La faune locale s'habitua rapidement à la présence des deux terrestres qui les contemplaient, comprenant qu'ils n'étaient pas là en tant que prédateurs. Luna pourra alors voir la richesse de vie que recelait cette partie de cette barrière de corail. Tout bougeait, tout frémissait partout, comme si chaque seconde devait être vécu. Artane regardait aussi ce foisonnement de vie, jetant par à a coup son regard dans les environs. Même s'il voyait mal dans l'eau, il préférait rester prudent. La mer restait dangereuse. Soudain, il sentit un truc gluant et glissant se poser sur son épaule. Il sursauta et vit un poulpe d'une bonne taille le lorgner de son oeil intelligent. Il ne bougea pas. L'animal mou ne bougeait pas puis remonta le long de son bras. Il était attiré par l'éclat de sa bague. Un de ses tentacules s'était déjà enroulée autour du bras, pendant qu'un autre tâtonnait les doigts. Artane hésita. Devait-il le tuer ou attendre que la bestiole ait fini son inspection ? Soudain, il sentit qu'il respirait de l'eau. Diantre ! Il se retint de paniquer et repoussa l'octopus de sa main libre. Ses ventouses avait réussi à s'intercaler entre la bague et la peau de son doigt. L'animal résista.

*Décroche toi ban sang *

Il attrapa sa dague de son autre main et piqua la peau flasque du poulpe. Ce dernier sentant l'attaque piquante, menaçant de gravement le blesser, se détacha, cracha un jet d'encre noir et épais et se sauva en nageant en brassant derrière lui vivement ses nombreux bras. Et Artane respirait avec un grand soulagement. Il balaya l'eau de sa main et adressa un sourire à Luna, pour lui montrer que tout allait mieux maintenant... Mais ce sourire se perdit quand il aperçut une bestiole plus grosse : un néréide.

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Les coraux étaient si magnifiques! C’était difficile pour Luna de décrocher son regard de ces étranges créatures colorées. Sa déception de ne pas pouvoir les rejoindre fut rapidement remplacée par une nouvelle joie : Artane et elle pouvaient respirer dans l’eau par l’entremise de leur objet magique. Merveilleux! Mais elle avait retenu la leçon d’une baignade passé : vaut mieux faire attention, car le temps passe rapidement et on ne veut pas respirer de l’eau!

- Oh oui! S’exclama-t-elle de sa voix la plus joyeuse. Promis. C’est promis! Ajouta-t-elle.

Elle acquiesça également d’un signe de tête. On pouvait douter qu’elle avait bien compris les dangers que recélait cette baie de corail. Mais elle était sincère. Elle ne comptait toucher qu’avec ses yeux. La curiosité, c’était dangereux. Elle avait bien appris cela au fil de ses aventures.

Le petit bateau bien ancré, les deux propriétaires du glyphe de respiration aquatique sautèrent à l’eau. La jeune femme avait préalablement laissé son sac et son veston au sec, et elle avait troqué ses bottes pour des palmes. Elle avait également revêtu les gants que lui avait donnés Artane. C’était frisquet au début, mais on s’habituait rapidement à la température de l’eau. Heureusement que c’était l’été pour rendre la baignade des plus agréables.

La princesse des lumières suivit le pirate afin d’observer la splendeur qu’offrait la vue marine. Il y avait des poissons de toutes sortes de couleur et d’autres qui savaient parfaitement se cacher, se révélant qu’au dernier moment quand Luna passait trop près d’eux. Elle s’était arrêtée un moment pour observer un poisson orangé et blanc sortir d’un corail verdâtre. Lorsque l’azur revint vers Artane, elle ne put s’empêcher de pousser une exclamation de surprise. Mais qu’était cette chose?! Les pattes de l’animal s’enroulaient autour de son bras et il voulait sa bague! Oh non! Mais c’est avec ça qu’il respirait sans problème sous l’eau, non?! Elle s’approcha rapidement à la nage pour lui venir en aide lorsque soudainement un énorme nuage noir se forma autour d’eux. Beurk!

L’ancienne Régente lui rendit son sourire en voyant que tout allait bien. Mais elle n’aima pas l’expression que prirent les traits de son visage. Se retournant, elle vit une créature mi-femme mi-poisson. Elle écarquilla les yeux un moment. Non, c’était bien réel. La créature avait le haut d’une femme dont la peau était recouverte par des écailles dorées et le bas de son corps était une longue queue de poisson. La Néréide avait un visage sévère et elle poussa un hurlement lorsque ses yeux noirs se posèrent sur les deux humains. Le souci, c’est qu’elle nageait très bien et elle arrivait rapidement vers eux.

Jamais Luna et Artane ne durent nager aussi rapidement de leur vie. Elle avait beau essayer de chercher un sort pour le balancer en pleine figure de la femme-poisson, mais elle ne trouvait rien d’utile. Choc pousserait aussi Artane, foudre n’était pas une bonne idée, le feu inutile… Le temps s’écoulait. Puis finalement, elle plaça ses mains en croix devant elle et frappa ses poings ensemble.

Quatre javelots de glace apparurent et se dirigèrent vers la créature marine. Elle fut touchée au flan et elle poussa un hurlement de colère. Elle s’approchait encore!

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Tenter la fuite avait été la seule possibilité qui s'offrait à eux. Artane avait déjà eu l'idée de sortir sa dague, mais déjà qu'il était plus une enclume à nager qu'un bon nageur... Il avait manqué de sentir son coeur bondir hors de sa poitrine quand la créature aquatique avait commencé à nager vivement vers eux. L'eau était son élément et elle s'y déplaçait avec une  grâce mortelle. Si elle n'avait pas été dangereuse, peut être qu'Artane aurait apprécié de contempler son agilité aquatique, mais au vue des circonstances... Après le poulpe, il y avait ce monstre humanoïde...L'humain commençait à regretter d'avoir été sous l'eau. La mer était belle, mais dangereuse voir mortelle. On comprenait aisément dans la scène actuelle pourquoi les terrestres se sentaient laids, faibles et patauds dans le coeur même de ces eaux salées.

Luna stoppa sa nage, pour faire face à la créature qui s'approchait très vite. Elle invoqua un sort et quatre javelots naquirent pour fuser vers le néréide. Ce dernier fut touché, hurla, mais ne perdit pas sa volonté de s'en prendre à ses deux proies toujours faibles à ses yeux.

Artane avait regardé à la surface. La barque était bien trop loin pour tenter de la rejoindre et filer d'ici. Tant pis, quitte à se battre, autant le faire. Il attrapa sa courte lame, qu'il avait bien fait de prendre avec lui et se plaça maladroitement devant la jeune femme, tout en lui faisant signe de remonter à la surface. La connaissant un peu maintenant, elle refusait nettement. L'humanoïde à queue de poisson approcha, laissant un sillon sanglant se mêler à l'eau de mer. Il tendit ses mains griffus sur sa proie la plus proche. La percussion fut violente et Artane se sentit brutalement entraîné vers les récifs, que son dos percuta. Il ne put s'empêcher de lâcher un juron inaudible et douloureux. Mais dans le même temps, il avait planté son poignard dans quelque chose, car la pénétration avait percé de la chair un peu élastique et une brume sanglante se répandait déjà. Mais la créature ne tenait pas à lâché sa proie.

Une ombre fuselée les couvrit soudainement. Un requin ? Cette pensée traversa l'esprit d'Artane. Même chose pour le néréide qui s'était retourné, le regard déjà écarquillé. Non, c'était la coque de la goélette, qui passait au dessus d'eux. Le néréide était figé de voir le navire passé au dessus d'eux. Même s'ils n'étaient qu'à quelques mètres de profondeur, le navire paraissait monstrueux vu sous l'eau. Artane en profita pour poignarder à nouveau la créature et la repousse. Le sang s'éparpilla à nouveau. Des cordes coulèrent, jetées de la surface. Luna aura largement de quoi les voir. Le capitaine lui avait fait signe d'ailleurs d'en attraper une. Et quand il tenta de faire la même chose, le monstre n'était pas encore totalement mort. Une forte prise lui attrapa la cheville et le tira à lui. Artane jura. Il se démena et essaya de poignarder la bestiole.

*Coriace ces trucs. Diantre ! Mais tu vas me lâcher oui ! *

Il sentit quelque chose lui tomber dessus. Un filet ! Le temps d'écarquiller les yeux et il fut emporté, et la poiscaille sanguinolente fut emportée dans le même coup, gigotant et criant d'avoir été pris au piège. Heureusement, elle oublia totalement l'humain, qui la collait pourtant. Sentir son contact glissant et visqueux était ragoûtant. Puis ils furent tirés d'un coup violemment vers la surface. De son côté, Luna aura été tirée elle aussi, mais par la corde qu'elle aura sans aucune doute attrapée pour fuir les profondeurs.

Le filet s'ouvrit tout aussi violemment qu'il était sorti hors de l'eau. Artane n'eut même pas le temps de s'accrocher qu'il tomba et percuta le pont de son navire.

''Et une bonne pêche les gars ! Ca va Capitaine ? ''
''Mouais... on va dire cela. Non mais quelle idée ce filet franchement ! ''
''On a fait au mieux, Capitaine. D'ailleurs, belle pêche hein, la bestiole est morte on dirait, elle remue plus et est prise dans les filets...Et vous Damoiselle, allez vous bien ? ''[/b]

Artane, toujours allongé sur le plancher, regarda le néréide. Il était bien mort et restait pendue lamentablement dans le filet. Le sang coulait encore des blessures qu'il avait reçues des coups de poignards. Non, mais comment cela pouvait exister des bestioles pareilles. Et quand il allait se redresser sur ses fesses, la défunte créature glissa des mailles et tomba. Artane la reçut en plein fouet et comble de malchance.... se retrouva dans une scène tellement inédite et comique que les membres de son équipage ne purent s'empêcher de rire à s'en plier en deux.

''Ahahaha, un vrai tombeur notre capitaine. Même les créatures des mers en pincent pour lui ! ''

En effet, le corps sans vie du néréide était tombé tel qu'il 'embrassait'' l'humain, lèvres à lèvres. Artane repoussa le cadavre, s'essuya vivement le visage et manqua d'avoir un haut le coeur.

''Oh la barbe ! Je voudrais bien vous y voir....Eurk.... ''
''Et cela se mange ce truc à votre avis ? ''

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Le cri de douleur de la néreide, horrible chant aux oreilles de Luna, n’avait rien de joyeux même si cela signifiait que les javelots avaient décoré son corps. C’est qu’elle était tenace et elle continuait à avancer rapidement en leur direction dans le but de transformer le capitaine et la conseillère en son jouet qu’elle croquerait à pleines dents. Était-ce réellement son intention? La jeune femme ne voulait pas vraiment savoir ce qu’elle comptait faire de leurs corps lorsqu’ils seraient transpercés de ses griffes de la couleur de la nuit.

La princesse des lumières était déterminée à se battre et en effet, l’homme avait bien deviné qu’elle ne s’enfuyerait pas. Remonter à la surface signifiait laisser seul Artane contre la bestiole et elle ne payait pas cher de sa peau. Tout comme s’il la laissait seule contre le femme-poisson, ses chances de s’en sortir étaient de mauvais augures. À deux et si leur bonne étoile le voulait, il y avait moyen de ne pas finir en bonbon pour néreides. Mais pour l’instant, ça s’annonçait mal. La créature s’était lancée contre l’homme et après une lutte effrénée, un sillon rouge s’échappa de la blessure causée par la dague. C’était loin d’être fini et Luna n’allait pas simplement être spectatrice de la scène. Elle n’était jamais réellement sans arme, comme l’avait découvert le voleur à leur première rencontre. D’une pensée, une lame fine vint se loger dans sa main gauche. Pas super pratique une épée dans l’eau… mais lorsqu’Éclat se mit à scintiller, cela fut suffisant pour que l’humain sorte de sa prise. Ou en réalité, ce fut l’ombre du navire qui les sauva. Pas seulement l’ombre, mais le filet et la corde qu’elle attrapa.

- Oui, ça va. Dit-elle en reprenant son calme. Merci pour votre intervention, les gars. La corde, c’était un joli cadeau.

Son visage prit des traits dégoutés en voyant le cadavre de la femme-poisson embrasser le poissard. Elle vint immédiatement l’aider à se relever et évalua rapidement les dégâts. Il n’avait pas l’air d’avoir quoique ce soit de cassé ou de blessures apparentes.

- Besoin de soin? Tu as été pas mal courageux, en tout cas! S’exclama-t-elle.

D’autres se seraient poussés au premier signe de danger, mais pas lui.

- Je pense que ça met fin à la belle balade aquatique. C’est plus dangereux qu’autre chose. Poursuivit-elle puis elle se retourna vers l’équipage. Vous voulez vraiment vous essayer à manger ça ? Je doute que ça goûte la dinde !

La petite embarcation n’était pas trop loin du navire heureusement. Luna aurait pu la récupérer avec l’aide de d’autres marins, mais elle avait opté pour le faire seule. Avec un peu de magie de télékinésie, elle récupéra ses bottes dont elle enfila après avoir mis ses chaussettes.

- Prenez soin du capitaine en attendant que j’aille récupérer la barque. Je reviens ! Profites-en pour te reposer, Artane!

C’est ainsi que la blonde sauta par-dessus la rambarde. Elle n’avait pas opté pour une nouvelle baignade, cependant. Activant les glyphes sur ses bottes chevauche vent, elle atterrit en douceur sur l’eau qui se transformait en patinoire sous ses pas. Elle se rendit sans problème jusqu’au traineau naval et la ramena au navire par la suite.

- Atchou ! fit-elle lorsqu’elle fut remontée. J’ai froid comme si on était dans le mois de décembre en hiver. Si ça vous dérange pas, je vais aller me changer avant de me transformer en bonhomme de neige.

Luna se permit d’emprunter une cabine pour se changer. Elle opta pour un pantalon noir et une tunique bleutée. Pendant ce temps, elle savait que les marins préparaient le repas. Ils étaient bel et bien déterminés à manger de la néreide. Elle continuait d’y réfléchir pendant qu’elle les rejoignait. Mais en tout cas, quel bonheur d’être au sec! Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle vit Artane. Les matelots chantaient de bon cœur à table une chanson inconnue pour elle.

- ♫♪ L'enfance c'est de croire qu'avec le beau sapin et trois flocons de neige toute la terre est changée. ♫♪Chantaient-ils gaiement. ♫♪Les bougies brûlent d’un feu chaleureux. Sonnons les cloches… ♫♪ et ils poursuivaient ainsi. L’air ne semblait pas avoir de fin.

Quelle étrange chanson sur les sapins et la neige en plein été. Mais c’est avec joie que Luna les écoutait. Ils semblaient si joyeux et en pleine festivité. Ils finirent par arrêter lorsqu'ils commencèrent à manger.

- Roger, apporte les biscuits ! Clama un homme.

Luna s’installa aux côtés d’Artane. Sur la table, il y avait la queue de la néreine en morceaux. Le haut du corps n’avait pas été conservé. Certains étaient déjà en train d’en manger.

- Ça goûte le renne! S’exclama Roger. Ça goûte quoi du renne?! Demanda un autre.

- Y’a combien de chances qu’on finisse empoisonné? Demanda la jeune femme au capitaine.


Spoiler :

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La question de savoir si cela se mangeait ou pas n'eut pas le temps de trouver de réelles réponses que déjà, un des marins se chargea de prendre le monstre, pour aller l'amener en cuisine. Il demanda même de l'aide, car la grosse bestiole pesait son poids. Artane avait jeté un regard encore dégoûté de ce qui lui était arrivé et préféra tourner la tête ailleurs, avant de se passer encore le revers de la main sur ses lèvres, comme si un goût immonde de l'embrassade accidentelle de toute à l'heure y persistait.

''Non, ca va... C'est juste mon égo qui en a pris un coup. Mais je m'en remettrai... et pour le courage... Bah. Je n'allais pas te laisser toute seule là-dessous face à cette sale créature. ''

Lui aussi savaient que d'autres se seraient défilés, mais ils auraient dû avant tout trouver le courage de plonger sous l'eau, sachant le danger qu'on pouvait y trouver à chaque recoin des récifs. Mais il ne revint pas dessus. Il retira ses gants et essaya de voir comment il pourrait se sécher avant d'aller se changer.

''Je confirme. Plus de balade sous-marin avant un bon moment. Et... hé mais où vas tu ? ''

Luna avait déjà entrepris d'aller récupérer la barque et donna une petite suggestion aux autres marins restés présents sur le pont qui les firent bien rire. Artane manqua de se vexer. Il n'était pas en sucre que diantre. Mais autant laisser l'atmosphère se détendre dans ce genre de plaisanterie. Et il assista au bond que fit Luna par dessus la rambarde avant de marcher sur les eaux, rien qu'en faisant usage de sa magie. Il n'y avait pas à dire, elle était puissante en tant que mage. Artane était ravi d'avoir pris la chance qu'elle lui avait offert, quand il était plus voyou que maintenant. Il profita alors de son action du moment pour aller se sécher et se changer, le plus rapidement possible.

Quand la barque fut ramenée, Luan éternua. Oui, elle aussi devait se changer. Artane lui permit d'emprunter sa cabine. Luna avait déjà pris l'initiative d'y aller et quand elle revint, les marins avaient déjà dressé la table sur le pont. La journée était idéale pour manger dehors. Une odeur succulente montait déjà de la table et on avait déjà servi la bestiole morte de toute à l'heure. Artane était toujours sceptique quand au plat du moment. Les marins étaient heureux et enthousiastes en tout cas, rien qu'à leurs manières de chanter... même si les paroles paraissaient plus hivernales qu'estivales.

Luna s'installa à côté d'Artane, qui regardait le contenu de son assiette avec scepticisme toujours et encore.

''Je ne sais pas. Les hommes paraissent déjà se régaler. Je vais goûter. ''

Il prit un morceau et quand il commença à le mâcher, il gargouilla quelque chose d'incompréhensible et se prit la gorge à deux mains. Il parut au plus mal, avant de se figer et de jeter un regard amusé à Luna.

''Ca te va comme réponse ? Je sais, désolé. Et cela a vraiment le goût du renne, tu devrais essayer. ''

Restait à voir si Luna avait toujours aussi faim après sa petite farce.

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Les hommes étaient déjà à table et ils n’avaient pas perdu de temps à les voir mordre dans la nourriture offerte. Ce n’était pas tout le monde qui avait touché à la queue de la néreïde, mais tout semblait bien se passer pour le moment. Artane eut droit à un regard perplexe de la part de la princesse des lumières. Il était le plus courageux des deux en tout cas. Voilà qu’il mâchait la viande de la femme-poisson. Les yeux de Luna devinrent bien grands alors que le capitaine faisait semblant de mourir par sa bouchée. Heureusement, la scène ne dura pas longtemps et ce ne fut qu’une vilaine blague. Mais naïve, la jeune femme l’avait cru momentanément.

- Qu’est-ce que t’es vilain! S’exclama-t-elle.

Elle avait porté ses poings à ses hanches et avait pris un air vexé.

- J’te dis, toi. T’as pas d’allure! Poursuivit-elle en chassant sa fausse expression offusquée.  T’es bien mieux d’être désolé!

Par la suite son rire cristallin résonna sur le navire en unisson avec ceux des matelots. Cela faisait du bien que d’être en compagnie de gens qui semblaient être tant de bonne humeur. Elle posa un morceau de ce fameux poisson dans son assiette et le regarda encore de façon perplexe. Avant d’attaquer la bête, elle se versa un peu de vin et remplie également la coupe.

- Bon. Faut que je me lance, je crois. Du renne, tu sais? J’ai aucune idée ça goûte quoi, mais ça devrait aller… Prononça-t-elle.

Elle déglutit péniblement et par précaution, fit le plus discrètement possible le geste-clé qui permettait de s’immuniser aux poisons. Pourquoi pas ? En tout cas, si ça pouvait avoir une petite utilité… Orfraie la tuerait si elle mourait empoisonnée après avoir goûté à de la néreïde. Elle la ramenait à la vie pour se faire si nécessaire!

L’ancienne régente porta un morceau à sa bouche qu’elle mastiqua pendant plusieurs minutes. C’était pas mauvais. Ça avait l’aspect de poisson.

- On pourrait dire que ça goûte le poulet en tout cas. C’est pas mauvais.

Elle leva ensuite son verre.

- Santé ! s’exclama-t-elle.

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