Connexion
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% sur les sacs à dos pour ordinateur portable Urban Factory ...
19.99 € 39.99 €
Voir le deal

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
Caladon la Revenante, voilà un nom qui n'engageait pas réellement à s'y aventurer et pourtant, derrière la marée de voiles blanches ou encore les hauteurs étourdissantes des murailles, se cachait une véritable merveille de culture et de commerce. Les rues pavées s'étendaient en un réseau complexe qui naissait d'une grande artère pour se ramifier ensuite jusqu'en ruelles étroites et étouffantes. Tel un arbre majestueux, son tronc s'ancrait solidement dans la volonté commune d'un peuple déraciné qui émergeait au vœux collectif d'un nouveau départ, d'une prospérité inégalée. Dominant ce joyaux d'humanité cosmopolite, un ciel d'un bleu limpide paraissait si haut, si pur, tel une coupe de lapis-lazuli où seuls les mouettes et goélands jouaient les éclats furtifs de sa robe intense lorsque leurs plumes captaient les rayons d'un soleil engorgé malgré ses passages de plus en plus déclinants. Et bien plus bas, parcourant les branches pavées de la cité, quelques milliers d'hommes et de femmes fourmillaient en tout sens ; certains travaillaient depuis les quais jusqu'aux places bondées, courbés sous le poids des paniers et des caisses de marchandises tandis que d'autres tenaient les échoppes qui fleurissaient sur les trottoirs, appelant aux badauds d'approcher leurs étales, puis venaient ceux qui se baladaient simplement au rythme de leurs envies, nez en l'air et sourire appréciateur aux lèvres. La cacophonie était constante par ces centaines de conversations, de disputes ou de rires qui rebondissaient ensuite sur les murs de la cité comme autant de billes discordantes. Pour autant, elles formaient un son étrangement envoûtant, presque rassurant tant il finissait en une mélopée qui appelait à la vie, hymne à l’exubérance, l'espoir et l'unité après toutes ces épreuves.

Malheureusement, au regard extérieur d'un peuple stigmatisé par ses anciennes défaites, Caladon paraissait brouillonne, voire angoissante. À plus forte raison lorsque les orbes qui miraient l'artère principale venaient d'une contrée froide, n'ayant ni frontières ni limites en ses plaines de gel et de neige. La symétrie des constructions agressait l'esprit du contemplateur habitué à l'absence de géométrie chez les instables créations de la nature, tandis que la profusion de sons affolait ses sens au même titre que toutes les odeurs qui lui parvenaient par ressacs râpeux. Telle une manticore, Caladon était la création folle de plusieurs peuples opposés, créature recousue maladroitement, elle lui soufflait ses relents d'épices, de sueurs, de graisse de cuisine, de matières fécales et d'urine en un souffle lourd et écœurant. Les hautes façades retenaient l'iode de la mer, mais aussi les poissons cuits par le soleil et rongés par les mouches sur les étales en contrebas tandis qu'en hauteur se trouvait la viande parfois faisandée de quelques boucheries présentées à l'ombre des voiles tendues par delà les têtes, réseau bigarré de recyclages de navires échoués. À cela s'ajoutait une surpopulation effarante : tant de visages et de cœurs qui battaient à l'unisson, tant de dangers à peine effleurés et tant de possibilités à saisir que le graärh sentait son cœur s'emballer. Pupilles dilatées, narines frémissantes et griffes plantées dans les replis de sa cape, sa longue queue avait quasiment doublée de volume tant sa fourrure se hérissait d'appréhension. Plaqué à la porte vermoulue d'une petite maison au porche ré-haussé par quelques marches salvatrices, l'herboriste s'était perché là pour échapper à la vague constante de la foule et s'offrir quelques minutes pour calmer ses angoisses.

Tambour carmin battant sous les côtes, gorge serrée et gueule sèche, il vint ployer ses postérieurs en une posture massée. Mains sur les genoux et extrémité de la queue mordue à pleine gueule, il ferma les yeux et entama un exercice de longues et profondes respirations afin de retrouver un certain contrôle. Lui qui avait confronté Ivanyr afin qu'il reste au port à l'attendre, espérant le préserver de tout l'afflux de nouveautés, le voilà bien avancé ! Il éprouvait une violente nausée de même qu'un fond de migraine alors qu'il avait l'impression d'avoir le souffle de tous ces gens grouillant jusque sous sa peau. Après de longues minutes à méditer, Purnendu redressa subitement les oreilles lorsqu'il entendit un groupe d'étrangers passer non loin de sa cachette. Si quasiment rien ne les différenciait du reste de la populace, l'absence d'odeur corporelle et de battements de cœurs trahissaient leur condition anormale aux sens aiguisés du grand fauve. Ouvrant les yeux, il riva ses orbes d'absinthe sur les vampires qui flânaient de ci et de là sans qu'aucun de ses muscles ne frémissent à la nouvelle tension qui l'habitait. Entrouvrant la mâchoire, il laissa la queue ondoyer jusqu'au sol et changea lentement de posture. A celle défensive de tantôt, il adopta un maintient beaucoup plus prédateur et roula bientôt des épaules, accompagné d'un frémissement excité des moustaches. Voilà exactement ce qu'il lui fallait ! Ces créatures mort-vivant sauraient très probablement le renseigner vue combien elles semblaient prolixes durant leur ballade. Venaient-elles de Nyn-Tiamat ou encore de plus loin sur les îles ? Leurs aventures devaient être riches et obtenir des réponses, aisé. Ses babines se retroussèrent d'un sourire satisfait alors qu'il déployait souplement sa haute silhouette pour bondir au bas des marches et fendre aussitôt le flot épais de circulation pour rejoindre ses proies.

Sa franche approche ne passa pas inaperçue et avant qu'il ne comprenne réellement la chose, une situation qui aurait dû rester en toute courtoisie termina en un pugilat aisément dominé par le graärh. Sa patience inébranlable en temps normal venait d'être mise à bas par quelques moqueries. Était-ce dû au passé commun et conflictuel des deux races ou simplement sur un malentendu, mais l'un des jeunes vampires se retrouva à faire un sublime vol plané au travers de la petite place sur laquelle ils se trouvaient, en bordure de l'artère principale. Il s'écrasa tête la première aux pieds d'un elfe escorté par deux gardes aux couleurs de la Revenante. Sonné par le choc, il resta nez dans la poussière à pousser quelques plaintes inarticulées avant qu'une immense ombre ne se projette sur le groupe infortuné. Purnendu avait déployé l'aura intimidante de son esprit-lié l’hippopotame et depuis ses 2 mètres 10, il paraissait encore plus grand et massif. Sa fourrure grise et beige s'était hérissée alors que sa puissante musculature gonflait son armure et qu'un puissant feulement sourd s'échappait en continu de son large poitrail. Sa queue balayait furieusement l'air derrière lui alors que ses mains aux griffes acérées se tendaient pour attraper le vampire au sol afin de le relever sans douceur et le mettre de force sur ses pieds. Malgré toute cette démonstration d'hostilité, le graärh n'avait ni révélé ses crocs ni équipé les armes qui ceignaient ses hanches. Son regard n'était que deux puits d'encres bordés d'un anneau au vert malsain, brûlant d'une haine profonde et vivace qui, pour autant, s'estompa dès qu'il remarqua la présence de l'elfe et de son escorte sur la défensive. Ses yeux s'adoucirent, puis se lustrèrent de cynisme tandis qu'un vague sourire amusé ourlait les babines du fauve. D'une main, il tenta de défroisser le vampire toujours sonné avec quelques petites tapes désabusées sur ses vêtements crottés alors qu'il prenait la parole d'une voix profonde, rauque et lacée d'un flegme taquin.

- Mes excuses, elfe. J'ai mal jaugé de ma force. Après avoir constaté le nombre de couches que tenait celui-là, je l'aurais cru bien plus lourd à lancer… Tu n'as rien ?

Son aura reflua et il sembla lui-même se masser en une posture moins impressionnante. Une part de sa tension le quitta même s'il resta sur le qui-vive avec l'approche des trois autres vampire qui, eux aussi, paraissaient un peu froissés. Purnendu les surveilla du coin de l’œil, mais son intérêt resta principalement tourné sur les trois nouveaux arrivants embarqués bien malgré eux dans cette histoire. Les vampires récupérèrent leur compagnon d'infortune et si le graärh sembla récalcitrant à lâcher sa proie, il finit par plier de mauvaise grâce en prétextant s'inquiéter pour lui.

- C'est que j'ai peut-être endommagé son oreille interne…

Expliqua-t-il avec une nonchalance accompagnée d'un petit gonflement de babines boudeur. Il croisa ensuite les bras et enroula son interminable queue autour de ses jarrets pour attendre confortablement la suite. Les étrangers malmenés commencèrent alors à se plaindre, réclamant que l'animal soit saisi puis jeté aux fers alors qu'eux méritaient compensation à se faire agresser de la sorte en plein jour, au cœur même de Caladon. Plus d'une fois l'herboriste roula des yeux avec exagération, quelques soupirs échappant à sa truffe en une note à la patience de nouveau éprouvée. Pour autant il ne chercha pas à les interrompre et attendit sagement que son tour de parole débute, persuadé que le droit aussi primaire de s'exprimer ne lui serait pas refusé en cette ville qui se prétendait avant-gardiste et égalitaire sur les droits de tout un chacun.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Sam 28 Avr 2018 - 11:56, édité 1 fois

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
    Le fracas spectaculaire, à ses côtés, surprit Aldaron, dans un premier temps, trop absorbé qu'il était dans sa rigoureuse négociation commerciale pour l'avoir vu venir. Et pour être honnête, ce n'était pas tout les jours qu'un vampire faisait un vol plané dans sa ville, si bien qu'il se demanda un instant s'il n'avait pas rêvé. Le sursaut ferma son visage dans une expression expectative et son regard émeraude parcourait les environs pour analyser les circonstances d'une telle... Intrusion dans son cercle de proximité. Sa garde mit la main à l'épée, prête à dégainer si ce qui approchait devenait une menace pour le bourgmestre. L'elfe fronça les sourcils à l'approche du colosse, mais pour autant il ne se tassa pas. Son menton se redressa dans une posture régalienne, sans être hautaine ou provocante. Il se marquait là en homme solide qui ne reculerait pas devant la menace, tant que ce n'était pas une nécessité de survie. Et encore. Jadis, il avait invité le Tyran Blanc à aller se rhabiller lorsque celui-ci lui avait réclamé son allégeance. Il aurait fallu être fou pour ne pas ployer le genou et sa folie l'avait conduit à Morneflamme. Une folie qui s'appelait Achroma.

    Ses lèvres, scellées étroitement dans un mutisme, se pincèrent presque imperceptiblement tant cela dura un fragment de seconde, pour camoufler une envie de rire à la boutade du graärh. Il ne pouvait décemment toutefois pas prendre partie, ou juger de prime abord. Caladon regorgeait d'ingénieux marchands qui avaient beaucoup de bagou et malheureusement, avoir un fin sens de l'humour ne venait pas influencer le juge improvisé qu'il se trouva être, dans la présente situation. D'un signe de tête affirmatif, ferme et discret, il acquiesça à la demande de l'indigène sur son propre état de santé. Sans aller au delà, ses prunelles émeraude bifurquèrent sur le vampire volant, visiblement mécontent de son baptême de l'air. Le silence pour refuge, il fit montre d'une patience exemplaire pour écouter attentivement la larmoiement outré et véhément du vampire, nonobstant des simagrées du graärh qui aurait pu compromettre son sérieux, s'il y avait prêté attention. Il ne l'interrompit pas un instant, il le laissa déverser tout son acidité néfaste jusqu'à épuisement du venin. L'expression de son visage était défaite de jugement, et son calme s'en trouvait paternel, tant qu'il faisait un parfait opposé avec le vampire.

    Lorsqu'il s'arrêta, enfin, au terme de son exaspération redondante, le silence retomba. Un silence gênant, pour ainsi dire, car ce quartier de la ville semblait, lui-même, s'être arrêté de vivre. Les visages des citoyens s'étaient tournés vers la scène bruyante, les interrompant dans leurs habituelles négociations. « Je crains que vous ne vous donniez en spectacle, Boromir. » trancha-t-il finalement, exposant là ce qu'il pensait de la forme ses réclamations. Cela ne lui ôtait en rien la légitimité du fond de celles-ci, puisqu'il ne les avait pas encore étudiées. Mais il était certain que ces éclats de voix puérils, emprunts de la colère d'un ego froissé, ne jouaient guère en sa faveur sur l'instant. L'elfe observa autour de lui avant d'adresser un geste à la foule pour les convier à reprendre leurs activités. Ces affaires ne les regardaient pas, le vampire s'était suffisamment couvert de ridicule ainsi. « Allons au poste de garde. A l'infirmerie, vous pourrez être soigné de vos éventuelles blessures. » Son regard revint cette fois que le graärh, détaillant ses traits et sa fourrure impressionnante. Aldaron avait été des premiers à s'intéresser au peuple indigène de l'archipel, ouvrant les portes de la cité à toutes les races, y compris celle-ci. Ils étaient rares, les spécimens graärhs à Caladon, mais l'elfe savait qu'il y en avait et celui-ci n'en faisait pas partie. Tout simplement parce qu'il ne l'avait pas reconnu alors qu'Aldaron était le visage emblématique de la Cité Libre. Il n'y avait pas un être ici pour ignorer son nom et l'appeler 'elfe'.

    Il inspira lentement l'air dans ses poumons, avant de reprendre la parole : « J'aimerais vous souhaiter la bienvenue à Caladon... Mais soit votre présence ici peut n'être qu'éphémère... » Il parlait d'expulsion. Dans la cité libre, on se pliait aux lois ou on partait. « Soit notre accueil n'a pas été à la hauteur d'une bienvenue digne de ce nom. » Un accrochage avec des vampires n'était pas une découverte des plus appréciables. « Mon propos serait d'une ironie insultante. Il n'en demeure pas moins vrai que votre visage ne m'est pas encore familier. Peut-être aurez-vous l'amabilité de m'éclairer sur votre identité et la nature de vos desseins à Caladon, sur le chemin du poste de garde... ? » Le sérieux de son visage se brisa dans un sourire, fin et léger mais amusé : « Ou dois-je appeler une quinzaine de mes hommes pour vous traîner jusque là-bas ? » Vu la démonstration de vol plané, il faudrait au moins cela pour que le bestiau arrive à bon port s'il se débattait. Toutefois, s'il avait souri, c'était sans conteste parce que le comportement général du graärh ne semblait pas appeler à la violence et rendait l'idée d'user de la force absurde. Il obtempérerait.

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
Avec les doléances du vampire qui s'éternisaient, Purnendu commença à envisager son départ afin de poursuivre ses recherches. Si ce n'était pour la foule entière concentrée sur eux, il se serait glissé à pas chassés le long d'un mur jusqu'à s'engouffrer dans la première ruelle venue ! Gonflant les babines d'un énième soupir exaspéré, il leva le museau en direction du ciel pour capter l'envol de plusieurs mouettes dont les cris, semblables à des rires sardoniques, excitaient ses instincts de chasseur. Quel goût pouvaient bien avoir ces volatiles ? Filandreux avec un parfum naturellement iodé ou autre chose ? Inconsciemment, le graärh se lécha les babines d'une langue rosée et râpeuse avant qu'il ne revienne brutalement à la conversation lorsque tous les vampires commencèrent à appeler l'elfe « bourre de maître » et augmenter le ratio de plaintes à la minute. Avait-il raté quelque chose d'intéressant ? Oreilles plaquées en arrière par le bruit désagréable qu'ils produisaient à piailler de la sorte, l'immense félin cendré jeta un dernier regard songeur vers les mouettes, puis se baissa à la hauteur des bipèdes pour suivre avec plus de sérieux la conclusion de leur discussion. Visiblement, l'homme aux cheveux blancs ne semblait pas le moins du monde impressionné par les véhémences du mort-vivant et reprenait la parole pour l'envoyer proprement se rhabiller, lui et sa fierté froissée. Ah ! Il lui plaisait ce petit bout d'étranger, il n'avait visiblement pas froid aux yeux. Décroisant les bras, Purnendu observa à son tour la foule qui, d'un simple geste de la part de l'elfe, retournait à vaquer à ses occupations. Ce dernier était-il un quelconque visage d'autorité dans cette ville ? Voilà qui était fort pratique considérant le but initial de sa petite virée dans Caladon. La suite, cependant, lui fit légèrement plisser des yeux sans qu'il ne se départisse de son sourire amusé. Pourquoi faisait-il mention d'un poste de garde ? Humph, ça sentait le roussi tout ça, car même si l'invitation semblait davantage offerte au vampire et à l'infirmerie présente dans de pareils locaux, le graärh était persuadé de gagner une visite gratuite des cellules dans le même temps.

Le « bourre de maître » se tournait enfin pleinement vers lui et leurs yeux se croisèrent avec une franchise déstabilisante. Des orbes d'absinthe confrontaient à ceux d'émeraude. La glace de l'Inlandsis à la tiédeur du printemps de terres lointaines. Le natif pencha la tête sur le côté, interrogatif avant qu'il ne hausse des épaules dans un flegme laxiste et ne secoue une main pour chasser ce qui ressemblait vaguement à des excuses. Si sa visite en cette ville était effectivement de courte durée, il ne pouvait blâmer qui que ce soit d'un tel accueil. Après tout, il avait sa part de responsabilité et il n'était pas assez puéril pour s'en dédouaner à la première occasion. Un vague grondement désabusé échappa à sa gueule alors qu'il peignait l'épaisse fourrure angora de son collier avec un petit froncement du museau. Il n'aimait pas trop la tournure que prenait cette conversation, trouvant étrange que l'autre veuille faire si cordialement sa connaissance et... bingo. Il était bel et bien convié au poste de gardes ! Franchement, les Esprits-liés étaient bien joueurs aujourd'hui pour mettre sur son chemin autant d'épreuve que d'opportunité. Si l'invitation de l'elfe était courtoise, l'avertissement lacé à sa suite fit rire le graärh qui se redressa avec un roulement souple des épaules. Son interminable queue ondoya derrière lui pour former un point d'interrogation nonchalant et l'extrémité soyeuse vint caresser la joue et la gorge de l'elfe dans un petit sursaut innocent. Avec un ronronnement profond, il lâcha dans un rire taquin :

- Allons, allons... tu me fais trop d'honneur ! Je ne suis qu'un humble guérisseur, ce n'est pas la peine de me traiter à la façon d'un chef de Légion ! Évitons ainsi l'escorte royale et contentons-nous de faire connaissance en comité réduit.

Babines légèrement retroussées en un sourire plus large et sincère, il écarta un bras pour inviter l'elfe à ouvrir la marche et l'accompagna en calquant ses enjambées sur les siennes de sorte à rester à sa hauteur. Il ne comptait pas s'enfuir, car cela desservirait grandement ses objectifs et causerait à Ivanyr au mieux un retard dans sa quête et au pire la même punition que lui puisqu'ils voyageaient ensemble.

- Commençons : Je m'appelle Purnendu Chikistak, je suis un graärh issu de Nyn-Tiamat et j'exerce comme guérisseur autant sur le plan magique que par le biais de la chirurgie et de l'herboristerie. Je suis aussi un pugiliste, bien que cet art soit aujourd'hui réservé à l'entretien de mon corps et de mon esprit... sauf cas exceptionnel comme aujourd'hui.

Badin, le fauve usait d'un langage encore simple, mais compréhensible. Propre à sa race, il usait autant des mots que des gestes et sa queue, sa posture ainsi que ses oreilles bougeaient pour souligner la légèreté de son humeur et de la tournure que prenait la conversation.

- Je ne suis pas venu seul et j'accompagne un patient que je surveille depuis bientôt un an. Son état critique m'a forcé à le garder auprès de moi aussi longtemps que nécessaire, hors avec l'amélioration récente de sa santé, j'ai jugé bon de l'aider à retrouver enfin sa famille... et du peu de souvenirs qu'il en garde, il est persuadé qu'elle se trouve ici, à Caladon.

Purnendu avait retrouvé un ton sérieux et ses yeux d'absinthe survolaient la foule comme pour y chercher un visage familier sans jamais le trouver, malheureusement. Malgré son imposante carrure, le fauve évoluait parmi la foule avec aisance, évitant les paniers et chariots, voire même les enfants qui passaient sous ses pattes en gloussant ou attrapaient parfois sa queue ondoyante avec des rires avant de s'enfuir à grands cris amusés. Il baissa le museau vers l'elfe et ajouta avec un léger froncement de truffe :

- D'ailleurs, je vais abuser de ton accueil et de ton temps, mais il me faut le retrouver avant de vous suivre plus avant dans cette histoire. Vois-tu, Ivanyr est amnésique et malgré son grand âge, il aura développé un aspect de son caractère quelque peu... compliqué à canaliser. Simplement dit, il est atrocement curieux et excessivement capricieux lorsqu'il lui est impossible d'étancher ses envies... hors je l'ai laissé perché sur une caisse en bordure du port. Une absence prolongée de ma part l'inviterait à aller se balader seul et...

Le félin cendré eut un rire sans joie, un brin embarrassé alors qu'il concluait sur un ton mi-sérieux, mi-amusé :

- J'aimerais autant éviter qu'il fasse sauter la moitié de cette ville par ennuis et frustration.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Sam 28 Avr 2018 - 11:59, édité 1 fois

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
    Le contact du poil du graärh lui arracha un frisson. Il avait envie de brosser et caresser ce gros chaton. Est-ce que les graärhs appréciaient les grattouilles derrières les oreilles ? Sous le menton ? Est-ce qu'ils faisaient leurs griffes sur les meubles de leur maison ? Aimaient-ils grimper aux arbres et aux rideaux ? Est-ce qu'ils se comportaient comme des chats, la stupidité absurde en moins ? Son compagnon l'intriguait, il aurait voulu lui poser des centaines de questions à son sujet et au sujet de son peuple indigène, mais ça n'était pas encore le moment. Il gardait cela en mémoire et il trouverait bien un instant pour l'évoquer. Saisir les opportunités d'une discussion était sa spécialité et ceci se renforçait lorsqu'il était curieux. A l'invitation, il se tourna vers le marchand avec qui il parlait un peu plus tôt pour lui indiquer qu'ils termineraient leur entrevue prochainement puis couvrit sa tête de la capuche blanche de sa cape. Il détestait la chaleur. Tout simplement parce qu'il avait passé trois ans enfermé dans une prison, au cœur d'un volcan. Aujourd'hui, le tissu aux emblèmes de la Cité Libre de Caladon serait son refuge, le temps de se mettre à l'abri au poste de garde. Il se mit en marche, sa garde et les vampires suivaient alors qu'il marchait aux côtés du graärh, étouffant l'envie de plaisanter et de l'appeler Majesté. S'il gardait le silence, son expression n'était pas hostile, un fin sourire marquait ses lèvres comme le signe d'une discussion agréable. Il leur faudrait dix bonnes minutes pour se rendre au poste de garde... A moins qu'ils ne fassent un détour comme Purnendu le demanda : « Ce ne serait pas la première fois que Caladon subirait un tel traitement, mais le dû de votre patient risquerait d'être colossal. Évitons de l'endetter. »

    Le bourgmestre se tourna vers les vampires et s'adressa à ceux qui n'avaient pas eu la chance et le privilège d'effectuer un vol plané. « Vous devriez vous rendre au poste de garde, et vous présenter aux soigneurs. Nous vous rejoindrons ensuite. » Ils s'exécutèrent, non sans un regard maussade sur le graärh et une fois disparus dans la foule, les traits de l'elfe se détendirent, quittant leur neutralité obligée. Il n'avait plus besoin d'afficher son impartialité et il allait enfin pouvoir faire connaissance avec le graärh avant de rendre une décision, un peu plus tard, sur son comportement. Aldaron était quelqu'un de très humain et préférait se faire un avis sur la personne avant de pouvoir trancher sur les motivations de ses agissements. Il se remit en marche, changeant de direction pour aller dans celle des embarcadères. « Vous semblez avoir une hygiène de vie remarquable. Un esprit sain, dans un corps sain : c'est ce qui m'a semblé exsuder de la manière de vivre des Graärhs que j'ai pu rencontrer. Nous avons sûrement beaucoup à apprendre de vous. » Il n'était pas un idéaliste, il savait comme se serait aussi impossible que vain, mais certains préceptes étaient bons à entendre. « Je vous avoue être curieux. » fit-il un sourire en coin avant de reporter son attention sur là où mettait les pieds et sur sa direction. « Je suis Aldaron Leweïnra Triade. Je suis le bourgmestre de Caladon, mon travail est de diriger cette ville et de faire en sorte qu'elle se porte bien. » Il appuya son regard sur Purnendu : « Comme veiller à ce que les vampires ne se mettent pas à voler. Vous voyez bien qu'il ne sont pas fait comme les oiseaux, même s'ils piaillent comme tels. » railla-t-il.

    Il eut un sourire espiègle avant de détourner le regard et reprendre un peu de sérieux : « Il faudra que vous m'expliquiez pourquoi vous vous êtes lancé dans une pareille expérience. » Le vol de vampire était visiblement voué à l'échec. « Quant à votre patient, je lui souhaite le meilleur des rétablissements qui soit. Je ne suis pas un soigneur mais les rares cas d'amnésie qu'il me soit donné de rencontrer, sont ceux occasionnés par la vampirisation. Je ne pense pas que vous ayez connu cela avant notre arrivée sur Tiamaranta, et il me semble que les graärhs sont immunisés à leur venin... Mais nous autres, pouvons y être sensibles. Le venin vampirique tue puis ramène à la vie. Le processus est assez long et douloureux. Le passage dans l'au-delà efface la mémoire. Il ne reste que quelques bribes, parfois, qui peuvent revenir ou demeurer à jamais dans l'oubli. Certains d'entre nous utilisent des pierres de souvenirs en prévision d'une éventuelle morsure afin de pouvoir retrouver qui nous étions autrefois. Les maîtres baptistrels peuvent aussi aller chercher le chant-nom des vampires pour leur rendre et leur faire retrouver la mémoire. » Il l'avait perdu avec son histoire de chant-nom et de baptistrel ? Mh... peut-être bien. Les graärhs n'avaient pas l'habitude de ces chanteurs pacifique. Il se mordit la lèvre : « Quoiqu'il en soit, je connais presque tout le monde ici. Si la famille d'Ivanyr est présente à Caladon, je saurais vous indiquer où les trouver. Qui est-ce ? »

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
Si la perspective d'avoir la moitié de la ville mise à saque par son ami pouvait se révéler être une expérience aussi fascinante que satisfaisante pour son esprit rancunier, il valait mieux que cela reste sur le papier, car la mise en pratique serait une tout autre histoire. Outre l'aspect financier de la chose, les conséquences seraient au mieux catastrophiques à éponger, au pire carrément mortelles. Hors n'ayant pas traversé toute l'archipel pour finir en tapis de salon, l'immense fauve n'en était que plus motivé à retrouver son compagnon de route avant qu'un drame ne survienne. Une main plaquée sur le devant de son museau, il frotta pensivement sa truffe à son coussinet rêche avec un long soupir. Allons bon ! Quelles étaient les augures pour qu'Ivanyr ait déjà commis l'irréparable ? Sortant de ses angoisses muettes, il observa l'elfe congédier le troupeau de sangsues et dressa un peu des oreilles avant qu'un rire bref et râpeux ne lui échappe. Le corps soudain tendu, sa longue queue fut prise de quelques soubresauts impatients alors qu'il portait un regard doté de cette fixité malaisante sur la direction qu'avait pris les vampires et ce, bien après qu'ils aient disparu. L'éclat fut presque déçu et n'éclaira ses yeux que d'un lustre prédateur à la rancœur sourde. Des émotions que le graärh tentait de dissimuler derrière une expression sardonique accompagnée d'un vague haussement d'épaules quand il s'arracha enfin à la contemplation de ses proies échappées. Quel dommage, il aurait dû les malmener un petit peu plus histoire de rentabiliser leur visite chez les guérisseurs ! Enfin bon, l'occasion d'écharper du vampire lui sera donnée une autre fois, il n'en doutait malheureusement pas.

D'un autre côté, le départ des gêneurs vint à décoincer l'elfe qui afficha non seulement une posture plus relaxée, mais aussi une expression davantage avenante. Oreilles dressées à l'agréable surprise que ce soudain changement lui apportait, Purnendu laissa un vague sourire amusé ourler ses babines. Sa queue s'apaisa et vint ondoyer paresseusement dans son sillage tandis qu'il observait plus posément les étales et boutiques qu'ils dépassaient. Sans la menace potentielle des vampires, le graärh pouvait flâner sur le chemin  des embarcadères. Visiblement son escorte ne lui était pas ouvertement hostile et comme il avait donné sa parole de les accompagner au poste de garde une fois ses affaires finies, autant qu'ils prennent leur temps, délivrés de toute angoisse. Se courbant parfois pour éviter les parasols déployés ou les toiles blanches tendues d'un côté à l'autre de la rue  afin d'offrir un peu d'ombre sous ce soleil de plombs, le fauve cendré tourna la tête pour fixer l'elfe avec un vague rire consterné.

- Apprendre de nous ? Je crois que le reste de ton peuple n'a pas reçu la note de service… Mais tu as de la chance, je suis moi-même très curieux de ton espèce et si je ne finis pas en pelisse ou en tapis de bain d'ici la fin de cette journée, alors je suis sûr que nous aurons beaucoup à apprendre l'un de l'autre.

Il lui fit un clin d’œil, arborant une fois de plus ce sourire indéfinissable. Il se savait coupable d'avoir perdu son sang froid et n'avait aucune raison de s'en sortir sans être condamné de cette faute. Il n'avait plus qu'à espérer s'en sortir avec une peine minime comme des travaux dans les carrières ou les chantiers de Caladon, voire en nature avec ses compétences de guérisseur. Ce n'était pas la peine de compter sur de l'argent puisqu'il n'avait qu'une bourse extrêmement réduite et qu'il espérait user autrement de ses maigres ressources.  Le troque faisait cruellement défaut sur les terres aménagées par les bipèdes. La suite cependant le fit légèrement tiquer et il fronça un instant le museau face aux titres prestigieux de son escorte. Pourquoi les Esprits jouaient-ils ainsi avec ses nerfs !? Avait-il oublié de les prier récemment pour qu'ils soient aussi taquins sur les lignes de son Destin ? Une main passée dans sa crinière, il enfonça les griffes dans son cuir pour s'empêcher d'afficher la moindre expression qui trahirait sa soudaine nervosité. Voyant l'elfe sous un nouvel angle, il hésita à poursuivre leur badinage, mais ne pu refouler sa curiosité ainsi que cracher sur l'opportunité en or qui se présentait à lui malgré les dangers qui s'y associaient. L'humour grinça du bourgmestre aida grandement le fauve à prendre sa décision et son propre sourire se fit badin alors qu'il haussait des épaules pour marquer tout le je-m'en-foutiste que révélait à présent ses actes.

- Ah… Enchanté, Monsieur Bourre de maître Léwinrah. Vois-tu, je pensais qu'avec une tête aussi creuse et une telle propension à brasser du vent, cette race était à deux pas d'atteindre un nouveau stade d'évolution. Humble comme je le suis, j'ai pensé que je pourrais apporter ma pierre à l'édifice et leur rendre ce petit service...

Large sourire aux babines, il manqua de s'esclaffer quand bien même la véritable raison à cette séance de vol improvisée ne prêtait pas aux rires. La suite coupa court à son hilarité et il coucha un peu des oreilles en arrière face à la complexité des propos qu'on lui tenait. Bien des mots lui échappèrent, mais il n'osa pas interrompre l'elfe pour avoir une meilleure explication et resta longuement pensif avec un léger froncement de sourcils. Babines gonflées en avant dans une mimique désappointée, il pencha la tête d'un côté alors que sa queue balayait l'air verticalement en gestes sporadiques. Voilà qui était fort contrariant ; Ivanyr ne lui avait jamais réellement parlé de sa condition vampirique, ni des raisons à sa transformation ou de sa famille et de leurs mœurs. Hors comme ses souvenirs étaient au mieux confus et au pire carrément dans le brouillard de  l'amnésie, le graärh n'avait pas osé creuser la question. N'ayant pas réalisé qu'il s'était arrêté en plein milieu de l'avenue bondée, l'immense fauve resta encore quelques instants songeur et sourd au pauvre charretier qui râlait sur cet embouteillage impromptu.  Il finit néanmoins par reprendre sa marche en s'excusant auprès des gens qu'il avait encombrés, puis baissa le museau sur Aldaron qu'il fixa avec un air grave et vaguement contrarié.

- Mhm… Je crois comprendre les grandes lignes dans tes explications bien que des mots m'aient échappés. Pourtant tu as vu juste : mon patient est effectivement un vampire, cependant il ne me donne pas l'impression d'être un « jeune né », surtout d'après tes termes. Il sait beaucoup de choses et semble davantage se redécouvrir que se découvrir ? Je ne saurais dire comment, c'est une impression que j'ai après avoir vécu une année entière avec lui. Oh ! Je peux bien sûr me tromper, car après tout il est le premier être de vos races que j'ai jamais côtoyées, du coup mon expérience est assez limitée. Il soupira lourdement avant de poursuivre avec un regard circulaire sur les embarcadères qui s'ouvraient vers eux en bas de l'avenue. Ensuite, comme le sujet est extrêmement sensible, je n'ai jamais cherché à le confronter avec ses souvenirs… d'autant qu'il semble hanté par nombre de visions qui ajoutent à son trouble, créant une confusion entre réalité et fiction. Retrouver sa famille est donc mon dernier espoir pour l'aider à se stabiliser.

Cette fois, le graärh eut la délicatesse de trouver une porte cochère pour s'arrêter et quitta le flot puissant de la foule portuaire avec un soulagement non dissimulé. L'abondance de sons, d'odeurs et de couleurs lui donnaient la migraine au même titre qu'une nausée récurrente. Il avait hâte de sortir des murailles pour planter sa yourte dans un champs ou un sous-bois à proximité. Il avait aussi terriblement envie de se reposer, de se laver et surtout de se rafraîchir quelque part ! Son épaisse fourrure angora parfaitement adaptée au froid intense de l'Inlandsis supportait très mal la température tempérée de Caladon en ce début d'automne. Avec un soupir dans les babines, le fauve cendré fouilla dans les poches de sa cape pour retrouver un petit bout de papier proprement plié en quatre.

- Si vos noms ne sont pas trop compliqués à retenir… par contre votre écriture est absolument indigeste. J'ai pensé que la phonétique seule ne vous servirait pas beaucoup dans la recherche de cette famille vampirique, alors j'ai demandé à Ivanyr de m'écrire la liste. Tiens !

Il déplia le papier pour le tendre aussitôt à l'elfe, révélant les noms suivants : Cymoril Vaenya, Cybele Paulus et Elric Dorne. Un moment silencieux, il observa avec insistance les mâts qui se balançaient au loin, par delà les toits des entrepôts qui bordaient le port. Une soudaine angoisse le saisit et il se crispa à nouveau avec une fourrure légèrement hérissée le long du dos puissant.

- En parlant de nom… ton titre « bourre de maître »… hum… A-t-il un quelconque rapport avec l'esclavage?

C'est qu'un collier, ça se mettait rapidement autour du cou ! Maintenant qu'il avait révélé être un guérisseur et un guerrier, capable de parler la langue commune des étrangers en plus de manipuler de la magie… sa prime ne venait-elle pas d'augmenter de façon exponentielle ? Si proche des docks, le graärh se sentait mal à l'aise et regrettait d'en avoir autant révélé sur lui-même sans avoir pris le soin de vérifier d'abord les intentions de son interlocuteur. Quel naïf ! Si devoir se battre ne lui faisait pas peur, cela signifierait perdre toute liberté de mouvement pour la suite de leur recherche, du moins dans les territoires humains… soit 80%  de l'Archipel.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Sam 28 Avr 2018 - 12:01, édité 1 fois

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
    Il y avait encore des différences entre l'ancienne Caladon et la Revenante. Le port pour commencer. Jadis, la Cité se positionnait sur un fleuve, les deux bras de la Wylorel. Il y avait un port, certes, mais les navires n'avaient pas autant de mats et de voiles. Ils étaient plus petits et les embruns iodés n'emplissaient pas le nez d'une odeur de marée. On s'y faisait mais cela ressemblait d'avantage à un mélange entre Lyssa la Vagabonde et Caladon l'Harmonieuse qu'à Caladon uniquement. Seuls les nombreux étalages et les devantures des boutiques lui donnaient cette impression de déjà vu, une ancre pour apaiser son esprit. Sous sa cape aux couleurs écarlates, emblème de la Cité Libre brodé au fil d'or, il passait difficilement inaperçu. Le Bourgmestre était depuis bien longtemps une figure publique, il avait fait partie de ces marchands pendant 450 ans, à Gloria. Il connaissait ces humains comme il avait connus leurs aïeux. Pour beaucoup, il était cette arbre qui traversait les âges, l'anomalie elfique au sein d'un peuple d'Hommes. On le saluait de signe de mains, de tête, ou de sourires. Parfois un simple regard respectueux qu'il leur rendait, autant qu'il le pouvait : c'est qu'il ne pouvait pas s'arrêter pour saluer tout un chacun.

    « Le reste de mon peuple a la note de service... Il leur faut seulement du temps pour la comprendre. Tout comme ils ont mis du temps pour s'apprivoiser entre humains, vampires et elfes. Je leur ai montré la voie autrefois par ma propre fratrie. » La Triade. Un elfe, une humaine, un vampire.... Et cela bien avant que les trois peuples aient à s'unir pour affronter des ennemis communs. La célébrité du trio avait laissé une emprunte solide, auprès du peuple marchand, qui avait l'esprit plus ouvert que d'autres. « J'ai encore 5 ans de mandat devant moi pour les faire avancer sur le chemin de la tolérance. En attendant... Et bien, tant que vous restez avec moi, il ne vous arrivera rien. Ils savent que je n'aime pas cela. » Non, ils feraient ça dans son dos, comme des enfants avec leur bêtise. Parfois, il se trouvait vraiment vieux pour ce peuple majoritairement humain, et par conséquent très paternaliste. « Voilà qui devrait vous sauvez pour aujourd'hui. Pour la suite... Adopter la citoyenneté Caladoniene pourrait vous aider à vous faire une place. Ici, les citoyens sont des hommes libres. Ceux qui attentent à cela en répondent devant la justice de Caladon. Cela n'ôte pas le danger, tout comme les lois n'empêchent pas les disparitions, les meurtres, les vols... Mais cela en dissuade quelques uns. »

    Restait le problème de l’acquisition de cette citoyenneté. Pour s'installer, il fallait avoir de l'or, ce dont manquaient les Graärhs qui venaient à eux, puisque l'or n'étaient pas tant dans leur culture. Son rang de bourgmestre lui permettait d'octroyer clémence, pour faciliter leur intégration, mais il ne savait pas encore ce qu'il allait faire de ce gros chat qu'il avait sur les bras, pour l'heure. Il serait toujours temps de l'évoquer par la suite. Il eut un sourire en coin lorsque Purnendu évoqua les motivations factices de son acte envers le vampire. Il l'amusait. Ce graärh avait une bonne répartie qui promettait des discussions divertissantes avec ceux qui l'entoureraient. Il secoua la tête de gauche à droite comme pour chasser la bêtise absurde de ce que Purnendu présentait, par plaisanterie. « Je crains ne pas pouvoir vous gracier sur motif de faire avancer la science, Monsieur Chikitsak. Il va falloir me confier d'autres arguments. » Il posa sur lui un regard émeraude au tranchant plus sérieux alors qu'ils arrêtaient. Il prit la liste mais n'eut pas le temps de poser les yeux dessus qu'on le bousculait.

    Il jeta un coup d’œil à la fille qui filait à toute hâte, avant d'orienter son regard réprobateur et paternel sur sa garde : « Une chance qu'elle n'ait pas eu de poignard. » Sans quoi il se le serait pris dans le flanc. Penauds, ils baissaient la tête et l'elfe roula des yeux, avant de réaliser qu'il en avait perdu le parchemin des mains. Avec le va et vient de la foule, la probabilité de le retrouver avoisinait le néant... Mais ils finiraient bien par trouver cet Ivanyr, non ? « Je suis désolé, j'ai perdu votre liste... » Il s'arrêta là, percutant enfin sur la façon étrange dont l'autre le nommait depuis tout à l'heure, et qu'il avait mis sur le compte de l'accent exotique de la race indigène : « Je... Non, voyons. Je n'ai jamais eu un esclave de ma vie. Des débiteurs qui doivent s'acquitter de dettes, oui. Mais personne dont je n'ai acheté la vie. Je suis bourgmestre. » Il articula cette fois, plus lentement : « Le maître du bourg. Le dirigeant de cette cité. » Il eut finalement un sourire en coin devant le quiproquo avant de se mettre à rire en secouant la tête : « Rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de vous mettre aux fers. Vous êtes nouveau ici, tout au plus je vous rappellerai à l'ordre si vous êtes de bonne foi ou vous serez mis hors d'ici dans le cas contraire. Je ne veux pas de fauteurs de trouble. »

    Ils s'entendaient à peine parler avec la cacophonie de la foule : « Nous devrions trouver votre patient et se mettre à l'abri au poste de garde. Pouvez-vous me dire à quoi il ressemble, ce vampire ? » Il lui fit un signe de tête pour qu'il se remettent en marche, plus tôt ils auraient trouvé ce vampire et mieux ce serait. Il trouvait même amusant qu'un graärh se soit occupé d'un vampire et trouvait cela même touchant, comme geste spontané. « Pour vous répondre, concernant l'âge de votre patient, vous pouvez l'estimer à sa capacité à résister à l'appel du sang. Un jeune vampire aura besoin de se nourrir souvent, même plusieurs fois par jour. Ils sont assez sauvages, le son des battements de cœur excite leur soif. En vieillissant, il apprennent à la contrôler et peuvent espacer très largement leur... Dîners. » Le terme lui arracha une petite grimace. Il n'y avait pas de haine, seulement une gêne de ne pas avoir pu trouver de meilleur mot sur l'instant. « Si vous suivez votre patient depuis près d'un an, vous devriez pouvoir jauger de cela. »

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
Son regard d'absinthe suivit le papier alors qu'il tombait des doigts graciles de l'elfe pour virevolter un instant de droite et de gauche, porté par les mouvements de la foule, puis disparaître sous des centaines de semelles hâtives. Immobile, l'immense fauve resta à contempler le vide plusieurs minutes et arbora progressivement une expression neutre, quoique désabusée dans l'étincelle qui vrilla ses prunelles. Finalement, un lourd et grand soupir vint à secouer ses épaules massives avant qu'il ne secoue doucement la tête en signe de dépit. Et bien au temps pour son initiative ! Il allait devoir recourir au plan B, c'est à dire laisser le soin à Ivanyr de s'occuper lui-même de son affaire. Au moins, maintenant qu'il avait le Maître du Bourg sous la patte, les recherches avaient de grandes chances d'être fructueuses. Il ne lui restait qu'à présenter l'elfe au vampire amnésique et le tour serait joué. Mais quand même, quel gâchis... Son regard s'attarda encore un peu sur le sol avant qu'il ne reporte son attention sur le dirigeant et ses deux gardes visiblement aussi penauds que des chatons pris la patte dans le filet à poissons. Il eut un léger rire taquin, puis attrapa l'épaule frêle d'Aldaron pour le tirer davantage vers lui et vint ainsi l'engloutir de son ombre alors que sa longue queue venait former un cordon de sécurité autour de la taille svelte. Ainsi garant de sa sécurité, pratiquement rien ne pourrait passer sa vigilance, ou du moins aimait-il à le penser. Hé, c'est qu'il avait besoin de son hôte vivant ! Et puis, à tous les coups, s'il lui arrivait quoi que ce soit en sa présence, ces fichus bipèdes seraient capable de tout lui mettre sur le dos par principe.

Nullement conscient de la portée de ses gestes ou bien s'en foutant complètement, le graärh retourna à la contemplation de la foule et profita de la sécurité relative de leur retraite pour souffler un peu. Les odeurs fortes continuaient d'agresser ses sens alors que sa migraine devenait sourde, lancinante, à l'arrière de son crâne. Il avait hâte de quitter les rues bondées pour retrouver le confort de cette campagne qu'il devinait au dehors des immenses murailles. Toutefois placide malgré son mal être, il se mit à réfléchir à ce que le Bourgmestre lui avait révélé tantôt. La proposition de devenir un citoyen libre à Caladon n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd et s'il ne s'agissait pas d'une mauvaise idée, surtout en prenant compte de sa situation plus que précaire à Nyn-Tiamat, il y avait de nombreux paramètres à prendre en compte. Déjà, cette décision ne serait pas à prendre seul puisqu'il avait encore à ses côtés Ivanyr... Enfin, puisque ce dernier était à deux doigts de retrouver sa famille ; resteraient-ils ensemble ? Dans le cas contraire, serait-il capable d'apprécier à nouveau la solitude ? Un soupir échappa involontairement à ses babines et il vint s'ébrouer mentalement pour chasser de telles préoccupations. Une chose à la fois ! Pour l'heure, il devait retrouver son vampire, plaider ensuite sa défense contre les accusations (légitimes) qu'on lui portait et seulement après il aurait de quoi se plomber le moral avec un avenir construit sur le long terme. Savoir qu'il risquait tout au plus une tape sur les doigts l'apaisait grandement, mais il ne pouvait pas ignorer la menace latente que représentait les vampires d'ici. Une vengeance inassouvie pouvait parfois prendre des proportions absurdes. Mais bon ; une fois de plus il n'y était pas encore et il lui restait encore pleins de choses à gérer avant de se préoccuper d'une quelconque vendetta. Comme répondre à la question du Bourgmestre !

Oreilles dressées et truffe levée vers le ciel au bleu limpide, il surveilla le vol de quelques mouettes avant de se gratter la gorge d'un air expectatif. Comment pouvait-on définir l'apparence d'un être appartenant à une race aussi différente de la sienne et ça, sans devenir blessant dans le choix de ses adjectifs ? Ses critères ne correspondaient pas à ceux des humains, vampires et elfes ! Personnellement, il les trouvait tous très moches, voire ridicules avec leurs mains sans griffes et leur peau sans poils. Il y avait leur manque de queue et leur agilité pittoresque ! Non, décidément il ne pouvait pas décrire Ivanyr comme un mâle raide comme un pingouin, blanc comme la face cachée de la lune et laid comme le cul d'un verre de glace ! Non seulement son ami viendrait lui roussir la fourrure s'il en avait l'écho, mais ça n'aiderait pas Aldaron pour ses recherches. Babines gonflées et moustaches en avant dans une moue dubitative, il se gratta ensuite le sommet du museau avec un vague grondement d'impuissance frustrée. Pensif, il pencha la tête d'un côté, puis de l'autre avant qu'enfin il ne se décide à parler avec une prudence très marquée dans la voix :

- C'est un mâle qui est de la même taille que moi. Il me semble dans sa pleine vigueur. Il possède une peau très blanche, dépourvue de poils à l'exception du pubis. Pas de cicatrices ni de tâches visibles sur le corps. Des… cheveux ? Oui, des cheveux très longs avec la couleur de la lune et des yeux bleus. Oreilles rondes, donc supposément humain avant sa transformation. De ce que je vois des autres bipèdes ici, il possède une ossature supérieure à la moyenne et les traits de son faciès sont harmonieux, fins et bien marqués. Hum quoi d'autres ? Il a dix doigts et deux pieds... heu... plats ? Une cape tissée de brume aussi, des vêtements de votre peuple même si nous avons dû les rafistoler une fois ou deux avec de l'artisanat de mon peuple.

Non décidément, il ne savait pas quoi ajouter de plus. Ivanyr n'avait pas d'odeur, pas de battement de cœur particulier, pas de « traces » à suivre autrement que par sa haute silhouette pouvant fendre aisément la foule des badauds. Ou s'impatienter sur une caisse poisseuse d'iode et d'algues. Mouais, il ferait mieux de ne plus trop tarder. Le graärh haussa des épaules, puis se remit en marche en voyant un répit se faire dans le flot de la foule : plus haut dans la rue, deux charrettes s'étaient croisées de trop près et leurs essieux s'étaient chevauchés, bloquant le trafic et donc une bonne partie de la population. Le spectacle en valait la peine vu les jurons fleuris que s'envoyaient les deux marchands. La queue du grand fauve se serra à la taille d'Aldaron et l'entraîna dans son sillage tel un boa de fourrure soyeux et fourni ; corde de sécurité pour qu'ils ne soient pas séparés. La question suivante étant bien plus simple à circonvenir, l'herboriste pu répondre avec davantage d'aisance et de rapidité :

- Et bien, Ivanyr peut se passer de sang pendant une semaine sans que cela ne lui procure réellement d'inconfort. Passé ce délai, la faim commence à le tenailler bien qu'il soit encore capable de contenir ses pulsions. Heureusement, nous n'avons jamais eut besoin d'expérimenter davantage de jeûne.. donc je ne peux pas te dire quand il perd le contrôle.

Relevant un bras hors des plis de sa cape, il révéla un poignet serré d'un bandage propre. Sur la bordure extérieure des bandes, la fourrure était visiblement rasée de près ce qui laissait supposer que le graärh donnait de son propre sang afin de nourrir son patient. Il eut un sourire en coin et ne fit aucun commentaire lorsqu'il rabaissa son bras lorsqu'ils passèrent les dernières maisons et commerces pour arriver au niveau des entrepôts, hangars et sites de réparation pour les navire tirés en cale sèche. Purnendu sembla se raidir à nouveau tandis qu'il observait les quais où quelques échanges s'effectuaient à l'ombres des immenses voiliers. Il sentait le parfum de quelques autres graärh, trempés de peurs, d'urine et de colère sous l'humiliation qu'ils vivaient. Son poil se hérissa et un vague feulement, proche du sifflement râpeux des grands prédateurs, roula dans sa gorge sans qu'il ne sembla s'en rendre compte. Il ne voulait pas se mêler au commerce d'esclaves, sachant très bien que tout cela finirait en bain de sang toutefois il ne pouvait pas s'empêcher une perte partielle de son calme habituel tant le sujet le touchait de près.

- Il ne devrait pas être loin.

Plus vite il remettrait la patte sur Ivanyr et plus vite ils pourraient sortir de là ! Les belles paroles du Bourgmestre ne le rassuraient plus tant que ça avec la proximité des bateaux et les regards torves que lui lançaient certains équipages amassés sur des ballots de marchandises à fumer et boire leur salaire, quelques femelles languides aux bras. Le grondement du fauve cendré se fit plus fort, plus profond et menaçant quand il se figea devant une large caisse rectangulaire. Les poils de sa queue doublèrent de volume sous la soudaine montée de colère et de peur qui l'envahit. Plaquant une main sur le bois humide avec tant de force que la fibre gondolée grinça et ploya, il se pencha ensuite pour humer le parfum rance et écœurant. Il parvint à grande peine à déceler l'infime trace d'Ivanyr avant qu'il ne relève la tête et ne fixe les alentours avec une vive inquiétude dans ses yeux d'absinthe.

- Ke gendon se ...! Tsch. Il a dû perdre patience et partir vagabonder seul. Je n'ai pas un assez bon odorat ici pour le retrouver par mon seul flair... et ce fichu mort vivant n'en a quasiment pas de toute façon. Ça aurait été trop simplement autrement!

La frustration lui fit froncer les babines, révélant une seconde paire de canines derrières celles longues et courbées de sa mâchoire supérieure. Sa crinière restait hérissée alors que sa queue, déroulée de la taille de l'elfe, battait l'air derrière lui avec un agacement certain. Par les Esprits-liés ! Ne pouvait-il donc pas rester en place plus d'une heure ? Maintenant il avait un vampire de plus à retrouver.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Sam 28 Avr 2018 - 12:03, édité 1 fois

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
    L'elfe resta à cligner de ses yeux verts, quelques secondes, devant le soudain rapprochement que lui offrait Purnendu. Il lui semblait certes qu'il serait d'avantage à l'abri – et c'était d'ailleurs avec cette pensée qui parvint à passer outre – mais il n'avait jamais songé qu'il puisse en arriver là, avec un Graärh, aussi vite. C'est que... Enfin tout de même : ils n'étaient pas tout à fait construit pareils. L'un avait hérité du félin et l'autre du singe, immanquablement, ils avaient des membres et des langages disproportionnés et mal adaptés l'un à l'autre. « J'ai toujours rêvé d'avoir un pagne de poils... » railla-t-il finalement en lissant soigneusement cette queue touffue qui l'encerclait autour de la taille. Un sourire ponctua sa plaisanterie, traduisant qu'il n'avait en fait jamais eu cette idée jusqu'alors, mais il s'en satisfaisait et s'en accommodait. Sa vie était bien trop menacée par Selenia pour qu'il rechigne contre la protection qu'on tendait à lui offrir généreusement. Ou presque. Le graärh était peut-être bien intéressé... Et dans ce cas, tout le monde y trouvait son compte. Lorsque son protecteur entama la description du vampire, après une longue hésitation, Aldaron arqua un sourcil, amusé de le voir employer des termes... Médicaux ? Oui ce devait être cela. L'elfe aurait pu trouver des adjectifs similaires pour décrire un petit animal et le distinguer de ses autres congénères. Toutefois, si l'amusement l'avait étreint, au début, son sourire connivent quitta bien vite ses lèvres, son sang ne faisant qu'un tour.

    Quelle horrible coïncidence. Mentalement, le bourgmestre venait de se figurer Achroma Seithvelj. Une telle carrure, vampire aux longs cheveux blonds platine, des yeux d'un bleu céladon qui venaient encore le faire pleurer au beau milieu de la nuit... Même après toutes ces années. Sa peau blanche immaculée, il lui semblait encore pouvoir en sentir le contact glacé. Il serra les dents, détournant le regard, avant de se reprendre rapidement : « Il devrait aisément dépasser de la foule, nous ne sommes heureusement pas à Delimar, ici. » L'Océanique accueillait bien des armoires à glaces, issus de Glacern l'Oubliée, et la recherche d'un tel personnage aurait été moins aisée. Toutefois la cape de brumes compliquait un tant soit peu la donne. Alors qu'il reprenait la marche, ses prunelles d'émeraude parcouraient la foule de son acuité visuelle surhumaine en quête qu'une carrure qui se dégageait du lot. Ses recherches distillaient ses pensées et l'empêchaient de se focaliser sur le souvenir d'Achroma... Mais malheureusement, le graärh venait le lui rappeler à nouveau en évoquant la périodicité à laquelle son patient se nourrissait : « Un très vieux vampire... » Laissa-t-il échapper malgré lui. Pourquoi le destin venait jouer avec ses sentiments aujourd'hui ? Ça n'avait rien de drôle et pour autant... c'était intriguant. Aldaron connaissait la majorité des Anciens vampires. Pour ne pas dire tous. Ceux qui avaient été le cercle d'Achroma lui étaient restés fidèles, tant en mémoire du défunt dragonnier que pour leurs propres affects... Alors pourquoi aucun ne correspondait à la description que lui faisait Purnendu... Excepté Achroma ?

    Peut-être était-ce simplement un plus jeune vampire qui avait acquis une grande capacité à contrôler ses pulsions sanguinaires. Ou bien y avait-il des vampires sur cette île avant leur arrivée ? Il avait hâte de rencontrer ce patient, d'un seul coup... Aussi fut-il triste de voir le Graärh disputer une pauvre caisse en bois à défaut de retrouver le vampire. C'était amusant, cette façon animale qu'avaient les indigènes de faire passer leurs émotions, si bien que l'elfe n'eut aucun mal à percevoir l'agacement qui émanait de lui. Posant un pied sur la caisse, il se hissa dessus dans un geste leste et fluide, inné à sa race et posa une main derrière les oreilles du guérisseur pour aller le grattouiller comme il l'aurait fait avec un chat. D'une voix apaisante, il affirma : « Nous allons le retrouver, rassurez-vous. » Son calme régalien, même dans la tempête, avait toujours eu le don de tranquilliser les esprits agités. Il profita du point de vue pour balayer l'horizon de la marée humaine, cherchant une silhouette qui se détacherait plus qu'une autre. Après de longues secondes peu fructueuses, il abaissa son regard et constata qu'une quinzaine d'humains s'étaient amassés autour d'eux. Quoi donc ? Ils n'étaient tout de mettre pas en train d'attendre que, sur son estrade improvisée, le bourgmestre fasse un discours ? Ah si si... Des fois, il regrettait le charisme que lui conférait son esprit lié du saumon. Sa discrétion était lamentable.

    Il eut un sourire en coin, se retenant de pouffer de rire, et finit par jouer de la situation, quitte à tirer parti de cet imprévu : « Je recherche un vampire, carrure de type Glacernoise, longs cheveux blonds, yeux céladons. L'avez-vous-vous ? » Céladons ? Ça lui avait échappé. Purnendu lui avait dit bleu. Aldaron était resté sur cette teinte bien particulière qu'affichait autrefois le dragonnier. Il fit néanmoins mine de ne pas avoir biaisé son propos et fort heureusement, un marchand lui répondait : « La garde l'a emmené, Sir. Il a libéré des esclaves. Des graärhs. Il y a à peine dix minutes. » L'elfe coula son regard sur Purnendu, avant de décider arbitrairement que ça collait parfaitement, eu égard de la qualité de son émdecin. C'était du moins ce que la logique lui imposait. « Où a-t-il été conduit ? » L'humain haussa les épaules : « Au poste, Sir. Enfin, je suppose. » Il le remercia d'un signe de tête et invita les Caladoniens à se disperser. Il descendit de sa caisse, avant de rameuter une nouvelle audience sans le vouloir. Le marchand n'avait de toutes évidences pas suivi là où sa garde avait emporté le vampire... Il poussa un soupir : « On ne peut pas dire que vous venez à Caladon sans faire de vagues tous les deux. » Il n'y avait toutefois pas de jugement péjoratif dans son propos. Comme s'il n'avait pas statué sur leur responsabilité avant d'en savoir d'avantage. « Allons au poste central et avisons ensuite. Ma garde me dira bien où est votre patient. S'il s'agit bien de lui. » Ça faisait deux embrouilles en moins de dix minutes... La troisième allait bien finir par le tuer, simple prémonition. Il se tendait et préférait mille fois être entre les murs du poste central, en sécurité. Il reprit la marche et veilla à se changer les idées, afin d'arrêter de voir des assassins à chaque coin de rue. « Vous ne m'avez d'ailleurs toujours pas dit pour quelle réelle raison vous vous en êtes pris au vampire. Boromir. Que c'était-il passé ? »

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
Le geste de l'elfe manqua lui faire sortir les griffes pour venir taillader cette main impudente, fort heureusement pour ce dernier, son rang ainsi que les conséquences associées suffirent à faire ravaler au grand fauve sa pulsion bouchère. Il ne ferait pas un carpaccio du Bourgmestre, par contre il écarta sèchement la tête avec un vague feulement sourd. Ses babines se retroussèrent davantage alors qu'il crispait les doigts dans le vide, une longue inspiration venant gonfler son poitrail dans l'espoir de contenir le soudain dégoût que l'autre lui inspirait. Le prenait-on pour un animal de compagnie !? Si l'on se mettait à confondre son affabilité avec une quelconque faiblesse d'esprit et de caractère, ça n'allait décidément pas le faire. Pupilles dilatées pour ne laisser qu'un vague anneau d'absinthe sur la bordure, Purnendu vint passer un coup de langue nerveux sur le devant de sa truffe, mais ne fit aucun commentaire aux encouragements qu'on lui prodiguait. Maussade après ce qu'il venait de se passer, il posa une attention dissipée sur l'attroupement qui s'engluait tout autour d'eux et vint rabattre sa queue entre ses postérieurs histoire que personne n'ait l'idée de la lui piétiner au passage. Bras croisés sur le torse et gueule revêche, le graärh écouta le maître de cette ville prendre la parole afin d'assister sa recherche d'Ivanyr. Si l'intention était tout à son honneur, elle ne suffit pas à calmer son humeur et ce fut bien pire lorsqu'il entendit un mâle d'âge moyen assurer à l'elfe qu'on avait emporté un vampire correspondant à leur description... au poste de garde !? Un grand « smack » pu se faire entendre lorsqu'il vint plaquer avec force la paume de sa main contre son front, ne cachant pas combien la nouvelle le dépitait. Lentement, il fit glisser sa main le long de son museau et crispa finalement les doigts autour de sa gueule dans un vague grognement désespéré. Par les Esprits-liés, qu'avait-il fais pour mériter tout cela ? Soudain, les étendues vierges de Nyn-Tiamat lui manquaient cruellement.

Ses paires d'oreilles tressaillirent au commentaire du Bourgmestre et il lui lança un regard mi-penaud, mi-désabusé alors qu'il affichait un vague sourire sans joie. Il n'avait rien à répondre à cela, puisqu'il avait parfaitement raison. Pour une première visite et une première impression, ils n'y allaient pas par quatre chemins. Cependant, cela lui faisait reconsidérer un détail ; de quel droit se permettait-il de blâmer Ivanyr quand lui-même faisait des siennes ? Et puis bon : libérer des graärh ? Son cœur se serra à la pensée de ses compatriotes sauvés pour quelques lunes supplémentaires. Un sauvetage qu'il ne pouvait sincèrement pas reprocher à son ami et ce, malgré toutes les implications engendrées. Que ferait-il quand il le retrouverait ? Probablement le serrer dans ses bras avant de le gronder, puis de lui donner quelques conseils ajustés pour que la prochaine fois ne soit pas sa dernière. Oh, car il y aurait une prochaine fois ! Connaissant le bougre, il ne retiendrait aucune leçon si jamais il venait à recroiser une injustice pareille. Cependant, un autre point chagrinait Purnendu : malgré ses propos, le Bourgmestre laissait des trafiquants d'esclaves accoster sur ses ponts et entamer des ventes parmi les déchargements, voire quelques établissements spécialisés. Un soupçon de méfiance et de colère s'ancrèrent dans son esprit et il posa un regard plus circonspect vers la frêle créature à la peau sombre qui redescendait de son perchoir improvisé. Si se rendre au poste de garde centrale lui faisait ni chaud, ni froid, l'ampleur que prenait sa situation ne lui plaisait réellement pas et ce fut avec un dernier regard pour la caisse abandonnée, qu'il suivit son hôte à grandes enjambées.

- Oh crois moi, après ce que je viens d'entendre ? Je suis persuadé qu'il s'agit d'Ivanyr. Espérons simplement qu'il n'ait pas tenté, lui aussi, d'apprendre à tes gardes l'art du vol et la complexité de son atterrissage...

Cynique dans ses propos, il se passa une main dans la crinière pour tenter de discipliner l'épaisse fourrure et masser sa nuque afin d'apaiser son agacement grandissant. Il ne pouvait pas se permettre de piquer une crise d'angoisse en plein milieu de Caladon et risquer d'aggraver son cas. Malgré son comportement déplacé, Aldaron restait de bonne compagnie et semblait réellement mettre du sien pour minimiser ce qu'il s'était passé tantôt entre lui et le groupe de vampires. Un sujet d'ailleurs qui ne tarda pas à revenir sur le tapis, au plus grand déplaisir du principal intéressé. Avec les oreilles plaquées en arrière et le léger froncement sur le sommet de son museau, il était évident que le sujet ne lui convenait pas, mais puisqu'il lui était impossible de dévier une fois de plus la conversation sans faire perdre patience à son interlocuteur ou paraître réellement de mauvaise foi, il finit par lâcher un lourd soupir et s'arrêta devant une étale d'épices. Il entendit vaguement les gardes s'impatienter de ses nombreuses haltes, mais les ignora alors qu'il semblait évident que les mots lui échappaient pour décrire les raisons d'un acte aussi virulent. La langue commune des coloniaux était complexe et il ne désirait réellement pas créer un quiproquos vu l'importance du sujet. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut d'une voix grondante à la diction pensive :

- Si tu ne l'avais pas deviné à ma fourrure, je viens de Nyn-Tiamat...

La densité et la longueur de son poil lui paraissait évident pour déterminer ses origines. Aucun graârh doué de deux neurones n'irait préserver un tel héritage génétique si ses racines se trouvaient dans les savanes arides de Néthéril. Il n'oubliait cependant pas que les bipèdes étaient encore très ignorant des particularités de leur peuple, puisqu'ils semblaient plus enclin à les traiter comme des animaux que des êtres doués de conscience et d'intelligence... S'ébrouant mentalement pour chasser de telles idées noires, l'herboriste poursuivit avec autant de prudence :

- Pour je ne sais quelle raison, vous avez « donné » cette région à la race vampirique qui s'est alors empressée d'attaquer les miens pour... le sport, je présume. Je ne vois pas d'autres raisons vu que nous n'avons pas entamé les hostilités. Il arrive que nos villages frontaliers se fassent régulièrement attaqués, ne laissant que des morts ou des disparus. Ces derniers finissent probablement dans leurs villes et villages, comme bétails de sang ou bien esclaves ? Je ne connais pas les détails, je ne peux qu'imaginer le pire.

Il tendit une main pour attraper une racine odorante qu'il huma quelques secondes, curieux, avant de la reposer et de venir tremper une griffe dans une pyramide d'épice orange qu'il vint ensuite renifler, puis lécher pour en découvrir la saveur, mais surtout de possibles propriétés. Son calme apparent était trompeur, car la tension dans sa voix trahissait combien le sujet lui était difficile.

- ... Je suis issu d'un village frontalier, Bourgmestre. Les miens avaient pour habitude de longer les flancs nord de la chaîne de montagne Nin Daaruth. Il y a quelques mois maintenant, le village tout entier fut rasé lors d'une descente vampirique. Ils massacrèrent la majorité des graärh avant de se lasser et de capturer les rares survivants. Il pencha la tête de côté, intrigué par de petits légumes à la peau rouge brillante, courbés comme des lunes et suspendus à un petit fil de chanvre. Mon père fut le seul survivant, probablement laissé pour mort au départ des vampires, il dû s'occuper seul des dépouilles puis de retourner à la Légion pour annoncer la nouvelle... et se faire bannir pour avoir vécu là où tous étaient morts.

Il se redressa avec un léger soupir et baissa un regard profondément meurtri sur l'elfe qui l'accompagnait. Il semblait soudain accuser son âge et se gratta une joue avec lassitude, ses griffes faisant voler quelques poils tandis qu'il poussait un gros soupir.

- Je ne porte pas de préjugé à la race vampirique. Je sais que les actes de certains, voire d'une majorité dans le pire des cas, ne définit pas l'ensemble d'un peuple : Ivanyr en est la preuve vivant... enfin, façon de parler. Il eut un sourire dérisoire avant de poursuivre. C'est pour cela que je suis allé chercher sa famille dans tes rues surpeuplées, je désire réellement l'aider à retrouver les siens surtout que maintenant je sais ce que cela représente d'être orphelin. Malheureusement, ce Boromir n'a pas été enclin à m'aider et rapidement la situation à tourné au vinaigre. Si j'ai su maintenir mon calme malgré ses propos racistes et dégradants, j'ai perdu ma patience quand ton ami à commencé à insulter les miens d'une façon un peu trop personnelle. Et... avant que je ne m'en rende compte, je l'avais saisi et envoyé voler plus loin ce qui nous ramène à notre rencontre. La suite, tu connais.

Il écarta les bras, paumes levées vers le ciel en signe d'abandon et secoua du chef avec un vague rire sans joie. Mal à l'aise sur le sujet maintenant qu'il avait vidé l’abcès et qu'il trouvait tout cela saugrenu avec le recule, il reprit lentement la marche vers le centre de Caladon.

- Ainsi dis à haute voix, c'est ridicule et j'en ai bien conscience. Les mots d'un inconnu ne devraient pas me toucher autant et pourtant nous voilà dans cette situation ! Je ne cherche pas le pardon, j'assumerai mes actes, mais puisque tu voulais savoir : voilà. Je suppose que mon deuil était plus profond que je ne voulais l'admettre.

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
    La confirmation qu'il s'agissait bien de son patient ne le rassura pas beaucoup, surtout avec autant de fermeté. Il y avait donc à parier que ce personnage serait fort prompt à se mesurer aux lois de Caladon et à les enfreindre au profit de ses propres valeurs. Si le bourgmestre pouvait gracier une fois... Il ne pourrait pas passer son temps à cela au risque de perdre en légitimité et en crédibilité lorsqu'il devrait en condamner d'autres pour un pareil délit. Néanmoins, expliquer les règles de l'esclavage à un Graärh et à un vampire, qui avait passé près d'un an soigné par un graärh, risquait d'être une sacrée paire de manches mais il devrait bien s'y plier... Ou les renvoyer hors de la ville. Il y avait des atrocités et des injustices partout en ce monde. Aussi horribles soient-elles, Aldaron n'était pas le héros qui viendrait les résoudre toutes et pourtant, elles avaient, chacune, leur qualification triste.

    Ils se mirent en marche, s'arrêtant parfois devant quelques étales. L'elfe adressait des regards amusés à Purnendu dont la curiosité exploratrice faisait écho en lui. Le guérisseur n'était pas au bout de ses découvertes s'il vivait à Caladon. La ville marchande portait en son sein tant d'épices, de viandes et de légumes, d'objets et de merveilles toutes plus exotiques les unes que les autres, aux yeux de la race indigène qui en découvrait tout. Toutefois l'histoire qu'on lui conta lui fit perdre progressivement son sourire, rendant à son escorté une gravité de circonstance. Ce que cela lui évoquait ? Beaucoup de choses encore trop lointaines pour son pouvoir de Bourgmestre. Il n'avait, malheureusement, pas la main mise sur l'empire vampirique. Toutefois, son empathie le rendait réceptif à la tragédie. Purnendu aurait pu tout simplement lui expliquer que Boromir l'avait insulté trop copieusement pour qu'il parvienne à garder son calme... Mais en vérité, il aurait eu l'air d'un enfant qui protestait ne pas avoir commencé le premier.

    Avec l’entièreté du décor, Aldaron pouvait appréhender le fond de sa pensée et en comprendre que l'indigène n'était pas venu là avec sa colère. Il était venu avec ses blessures et il ne savait que trop bien, lui-même, combien les blessures pouvaient engendrer des réactions disproportionnées. « Je suis navré de l'apprendre. » Puis, il se réserva dans un mutisme et hocha de la tête d'un signe entendu, poursuivant sa marche jusqu'au poste de garde central. Il rongeait ce qu'on lui avait donné, le mettant en parallèle avec les vociférations de Boromir pour trouver le juste milieu. L'affaire était délicate et les deux parties avaient ses tords, sans nul doute. S'arrêtant à l'entrée du poste de garde, il se tourna vers Purnendu pour lui faire face. La trajet avait était fait de silence et de réflexions, il ouvrait finalement les lèvres pour s'exprimer.

    « Purnendu, regardez... Regarde autour de toi. » Sa voix était grave, défaite de l'humour ou de la complicité, sans pour autant être froide ou tranchante. Elle restait douce mais sombre. « Regarde ces hommes, ces femmes. Peut-être n'es-tu pas habitué aux expressions de leur faciès... Alors je vais te dire ce que je vois dans le fond de leur yeux : le déracinement. Nous venons d'une île dont nous avons été chassés. Nous avons été contraint de fuir, d'abandonner nos terres, nos maisons. Nous avons vu tout ce que nous avions construit partir en cendres dans les guerres et l'estomac de monstres. Nous avons perdus amis, frère et sœurs, parents et enfants. Tout le monde ici est en deuil. Tout le monde ici est en colère. Tout le monde ici a mal. » comme lui. Il marqua une pause avant d'ajouter : « Même les vampires. Et je tiendrai ce même discours à Boromir, il n'est pas dirigé contre toi. Il n'a pas vocation à te dire que tes motivations sont mauvaises, mais à t'ouvrir vers une autre façon de voir. Les vampires ne l'avoueront jamais, ils sont bien trop fiers, mais ils ont peur. Comme nous tous, leur territoire a été morcelé par un danger qu'ils n'avaient pas vu venir. L'empire vampirique voient les tiens comme une menace et plutôt que de tenter une alliance, qui n'est pas dans leur mœurs, ils détruisent. J'ai foi cependant que la nouvelle princesse Irina Faust, à la tête du peuple vampirique, vienne à gérer ces conflits de façon moins belliciste et monstrueuse. »

    Peut-être y avait-il un espoir. Il posa une de ses mains, aux doigts émaciés qui trahissaient une sombre histoire, sur le bras du graärh. « Tu sais... J'ai beau donner la note de service à mon peuple... Donner des ordres, faire des lois... Il n'y a qu'en les vivant qu'on les comprend. Les graärhs sont encore trop peu nombreux pour que les préjugés, même les miens, n'impactent nos jugements et notre façon d'agir. Donne à mon peuple et mon peuple te donnera : Caladon paie toujours ses dettes. Je rappellerai à Boromir que ce n'est pas de cette façon qu'on accueille un étranger. Je ferai en sorte que ton ami et patient ne finisse pas dans de trop mauvais draps. » Il n'avait pas la moindre idée, au moment où il prononçait ces mots, à quel point cela serait prémonitoire. « Promets-moi, en dépit de ta douleur, de faire preuve d'indulgence, la prochaine fois. Et de trouver l'intelligence de mettre un terme à une conversation si elle ne s'engage pas dans la bonne voie. » Avant qu'elle ne dérape. « Il me tarde de faire plus amplement ta connaissance, Purnendu. Pour l'heure, toutefois... » Ils avaient à faire et l'elfe se détourna vers la porte qu'on ouvrait pour eux.

descriptionDonner sa langue au Graärh - PV Aldaron EmptyRe: Donner sa langue au Graärh - PV Aldaron

more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
<<