« Ennui, faim, bâteau, poisson qui vole. » - Sighild.

Sighild regardait le lointain. Que le temps commençait à devenir long et de toujours voir la mer et le lointain horizon avait perdu depuis longtemps son charme naturel. La Nordique était habituée à des montagnes, pas à des étendues d'eau à perte de vue pour des jours et des jours.... Au début, elle avait été admirative de la mer, jusqu'à ce qu'elle subisse comme tant d'autres le mal de mer. Pour elle, il avait duré une bonne semaine, avant qu'elle ne commence à se sentir mieux. Et désormais, elle était totalement à l'aise, aidant comme elle le pouvait l'équipage du navire sur lequel elle se trouvait depuis le début de la traversée. Mais s'occuper en prétant sa force ne suffisait pas à casser l'ennui.

Elle avait bien réussi à passer un peu de temps en conversant avec une ou deux personnes, ici et là, de temps à autre. Ou encore en tirant à l'arc lors de séances d'entraînement organisées en bout de proue.... Mais cela devenait redondant. Elle était donc là, accoudée sur le bastingage à attendre que la journée passe... Puis soudain, elle remarqua le premier poisson volant qui sortait de la mer. Elle avait appris à reconnaître certains signes de la faune du coin : ces poissons volaient hors des eaux pour fuir un prédateur ! L'idée de pêcher au vol lui vint et elle trouva un petit filet qui servait pour ce genre d'occasion. Manger du poisson frais était si plaisant au palais pour l'équipage.

Elle se préparait à bondir quand la vraie vague des poissons arriva au dessus du pont. Elle avait déjà le filet tendue, prête à en user pour attraper un maximum de poisson. Ele bondit et stoppa son élan, ratant quelques poissons. Une chose longifrme avait jailli non loin d'elle, bondissant pour gober un poisson. Sidérée, Sighild regarda la bestiole. Un serpent ? Elle crut croiser son regard, le voyant aussi stupéfait qu'elle, le poisson à moitié avalé.

''Mais qu'est ce que.....''

Un serpent ici ? Comment avait-il pu se trouver à bord ? Et vu sa taille, il devait avori été caché par quelqu'un ? Et là, elle se rappela les poissons.... qui étaient maintenant sous la mer... La Nordique grommela.

''A qui est ce serpent ? ''

A cause de ce reptile rampant, elle n'avait que deux poissons dans son filet. Guère digne pour un festin !

Tous les gens présents sur le pont regardaient la scène, mais d'aucune ne se manifestait pour se réclamer du serpent. A se demander si c'était par crainte ou par réelle absence du propriétaire du reptile rampant. Il faut dire que Silghild, bien qu'elle n'était qu'à moitié Nordique, était d'une taille impressionnante et sa force physique n'avait laissé aucun doute quand elle aidait de temps à autres les marins à parer le navire pour une manoeuvre ou pour mener des réparations. Mais là, elle se tenait droite, fixant le serpent, tenant son filet à la prise maigre. Les poissons volants ne se débattaient plus depuis un moment maintenant.

Elle avait sourcillé quand elle eut entendu des pensées dans son esprit. Cet animal causait ? La magie devait aider.... Heureusement que son épervier était dans sa cabine, la tête couverte d'un capuchon pour se reposer bien malgré elle... L'oiseau n'aurait pas manqué de pousser la bravade contre le prédateur écailleux. Donc cet animal, s'il causait, devait être bien venu de quelque part. Mais l'avait-elle bien entendu ? N'était-ce pas une farce ? Elle ne tenait pas à s'adresser directement au saurien pour passer pour ridicule. Alors elle entama une petite stratégie, balayant les gens présents autour d'eux

''Ce serpent n'est pas monté tout seul sur le navire, on l'aurait remarqué depuis que nous sommes en mer. Et surtout... Un serpent ne serait pas monté de son plein gré! bord... Pas avec tout le râffut qu'il y a eu dans l'urgence des embarquements. ''

Ses yeux émeraudes se posèrent sur le serpent.

''Les serpents n'aiment pas les vibrations. Alors imaginez ceux provoqué par le remue ménage de notre départ. Alors mon gros écailleux.... A qui appartiens tu donc ? Ce serait dommage de finir en bottes faute de la manifestation de ton maître....''

Elle n'avait pas l'intention de nuire au serpent, mais cherchait à faire jouer l'émotion du dit maître, s'il était bien présent, pour le faire réagir

Sighild regardait toujours le serpent, qui n'avait pas vraiment détourné le regard. Elle restait encore sur le doute que l'animal ait pu lui parler ou non. Pour elle, cela restait juste une mauvaise blague de la part d'un magicien, sans doute le propriétaire du reptile rampant. Car aux dernières nouvelles, les êtres capables de communiquer par la télépathie étaient les dragons. Elle savait que des animaux étaient capable de communiquer avec les bipèdes, mais à leurs manières et pour cela, il fallait apprendre la base de leurs moyens de communications. Avec 'Cha, elle avait établi un moyen de communiquer par la voix, les gestes et l'attitude de chacun. Et cela marchait très bien maintenant qu'elles étaient toutes deux en symbiose.

Est ce que cela pouvait se faire avec un serpent, en dehors de l'usage de la magie ? Elle le saurait bien assez tôt avec de la chance.

Des paroles pensées envahirent à nouveau son esprit. Et le serpent avait toujours le regard rivé vers elle, avant de tourner la tête, comme pour confirmer que ces mots étaient bien les siens. Toujours perplexes, la Nordique porta ses yeux vers la petite humaine, qui était un peu en retrait du reste des témoins, qui commençaient à s'en retourner à leurs affaires. Un grand serpent à bord avait été étonné tout le monde, mais au final, ils commençaient à accepter sa présence. Depuis le début, l'animal écailleux n'avait pas eu de réaction agressive, donc il était parfaitement apprivoisé. Et de toute manière, ce ne serait pas le premier animal étrange qu'on verrait à bord d'un navire, au vue des circonstances actuelles.

Sighild regarda le serpent puis la petite humaine. Elle marmonna juste assez fort pour que le serpent l'entende, comme si elle acceptait finalement qu'il était un être doué de raison.

''Je suis grande comme ceux de mon peuple.... une taille normale en somme... Ton humaine hein....''

Elle se dirigea vers la jeune femme encapuchonnée.

''Salutations à vous.... Je présume que le serpent est à vous ? Je ne m'attendais pas à trouver pareil animal à bord.... Dites moi... C'est vous qui lui ordonner d'agir de la sorte et que la magie entre e, jeu pour faire croire qu'il parle ? ''

Elle disait cela sur le ton de la curiosité.

Le serpent se hâtait de rejoindre celle qu'il considérait comme sa possession, avant d'être endormi par le froid, il ondulait ainsi sans aucun mal sur le bois du pont, avant de venir s'engouffrer entre et dans les plis de la tenue de la jeune fille, finissait par ressortir sa tête au niveau de celle de l'humaine, posant de nouveau ses yeux sur la bien grande dame qui se posait beaucoup trop de questions, et les mettait tous deux dans l'embarras. L'une ignorant la raison de l'existence de l'autre et l'autre ignorant la raison de sa propre existence.

- Bonjour, je n'ai pas la prétention de dire qu'il m'appartient, et il n'y a aucune magie derrière tout ça, j'en ai bien peur. Je n'ai pas ce talent, j'ai juste rencontré cette curieuse créature sur l'ancien continent, et depuis nous nous sommes pas quittés. Le ton avait été tout à fait cordial, elle n'avait rien à cacher et elle disant honnêtement la vérité.

La jeune femme venait grattouiller de l'index la mandibule inférieure du serpent, pendant qu'il inspectait de nouveau la nordique, sortant sa langue fourchue de temps à autre, il semblait néanmoins un peu nerveux, il n'avait pas l'habitude de croiser des inconnus et préférait se faire discret ces derniers temps.

Sinestra adoptait ainsi une position peu menaçante, restant assise dans son coin se contentant de regarder d'en bas la géante qui se trouvait devant eux, elle restait ainsi totalement neutre peut-être un peu trop impassible. Elle n'était une menace pour personne et semblait très bien le savoir, ou en tout cas, c'était ce qu'elle laissait paraître.

Sighild ne répondit pas de suite, étudiant l'étrange duo que formaient la jeune femme et son serpent. Elle avait écouté avec attention ses dires et ne paraissait pas étonnée quand l'autre interlocutrice affirmait que le reptile n'était pas à elle et que la magie n'entrait en aucun cas en jeu dans cet étrange relation. Pourtant, à voir le serpent désormais enroulé autour d'elle et sous sa cape, captant sa chaleur corporelle pour en faire sienne, il y avait de quoi douter. Un serpent était un animal solitaire, qui avait une intelligence suffisante d'ordinaire pour vivre, manger, éviter les prédateurs, se défendre et trouver des partenaires pour pérenniser son espèce.

Depuis que Sighild avait quitté ses montagnes, elle s'était un peu habituée à voir bien des choses étonnantes. Et en même temps, des serpents de la taille de celui là, elle n'en avait jamais croisée dans ses terres natales et rocailleuses, hormis des couleuvres et des vipères dans les vertes vallées.

la Nordique ne put s'empêcher de sourire quand elle fit un geste gratouilleux offert au reptile rampant. Peut être qu'il ne lui appartenait mais, mais le serpent acceptait ce témoignage d'affection propre à une relation homme-animal assez poussée.

''Si la magie n'est en aucun responsable, alors vous avez malgré tout une sorte de magie qui a du attirer cet animal à vous. J'ai toujours ouïe dire que les serpents étaient des animaux farouches et qui ne cherchaient pas forcément la compagnies des hommes. Mais on dirait qu'il est plus intelligent que la normale. Il est venue avec vous, ne semble pas redouter les êtres humains, chasse de son propre chef avant de revenir quérir votre contact et votre chaleur.... Pourtant, vu sa taille, il ne doit pas redouter bon nombre de prédateurs. ''

Sur un bateau, les hommes restaient son seul et redoutable prédateur, qui tuait par simple plaisir de tuer. Ou par crainte. Puis, elle se permit de se rapprocher un peu et de s'asseoir à même le pont pour faire face à la jeune femme, pour confirmer qu'elle n'était pas hostile à son égard ; elle aussi. Et ainsi, elle pourrait lui parler de ce qu'elle avait pu entendre. Si ce n'était pas la magie, alors qu'est ce que cela pouvait être ? Au moins, la conversation resterait entre elles.

''Mais dites-moi, vous parle-t-il dans votre esprit ? Je demande cela, car j'ai cru entendre ses pensées, comme s'il me parlait réellement. C'est le cas, n'est ce pas ? ''

Tant pis si la question passait pour une question stupide. Au moins, quitte à paraître ridicule, elle aurait une réponse franche et pourrait alors se demander si elle ne devait pas folle.

''Au passage, je me nomme Sighild Arnbjorn''

Sighild manqua d'être stupéfaite. Un serpent pouvait-il être doté des mêmes capacités qu'un dragon, à savoir de parler télépathiquement et de se lier comme eux ? C'était presque incroyable. Si une telle chose pouvait se faire chez des animaux basiques.... Elle lutta rapidement contre son emportement mentale. Elle verrait mal 'Cha dotée de ces capacités là. Cela lui retirerait un charme et un côté indépendant qui lui était propre... Ou alors la Nordique ne savait pas comment appréhender cela.... En même temps, c'était la première fois qu'elle croisait un animal comme ce long serpent. La jeune passagère lui expliqua bien quelques détails, mais au final, cela n''apporta pas toutes les réponses. La Glacernoise se demanda au final si l'animal rampant ne préférait pas taire ses origines, car issue d'une expérience magique unique. Peut être était-ce mieux ainsi, qu'il gardait le secret de la sorte. Qu'il soit méfiant envers les dragons paraissait logique, mais les Baptistrels ? Allez savoir pourquoi ? Ces gens là pouvaient savoir des vérités rien que par l'usage de leur magie bien spécifique.

Elle allait répondre d'ailleurs quelque chose à cela quand elle entendit les paroles du serpent dans son esprit. Elle sourcilla devant le ton qu'il employait à son égard. Voilà que maintenant, se sentant plus à l'aise, il jouait plus de sa vraie nature, de sa vraie personnalité. Elle croisa le regard ambré du saurien dépourvu de pattes, ses eaux émeraudes dévoilant quelque chose qui démontrait qu'elle ne se rétracterait pas aisément.

''Si je connaissais le secret de l'immortalité, la question serait déjà est ce que j'en profiterai à moi-même déjà. Qu'est ce que l'immortalité si c'est pour voir tous ceux qu'on aime disparaître, pour un jour les oublier à jamais ? Vivre à l'infini dans une éternelle souffrance et de tristesse, serait-ce plaisant selon toi ? Ton ''humaine'' affirme que tu n'apprécies pas les dragons, mais à t'entendre, tu parles comme eux. ''

Elle n'avait croisé que Verith, l'un des plus puissants dragons encore en vie. Elle lui vouait un certain respect et l'avait déjà entendu parler. Les paroles du reptile était proche des siennes, ce qui en disait long sur sa tolérance vis à vis des bipèdes d'ordre générale. En tout cas, elle ne serait pas étonnée si elle vexait le grand serpent. Comme si pour elle, simple bipède, il était normal de croiser un animal doué de paroles mentales à chaque recoin de ponton de navire....

''La rose Ardente ? J'en avais entendu parler. Je pensais qu'aucun membre n'avait réussi à embarquer, vu que... pardonnez moi de dire cela comme cela, que vous étiez peu nombreux. Il est heureux que votre ordre réussisse à survivre. Je pense que le jour où nous trouverons une terre, nous aurons besoin de gens tels que vous pour apporter une lumière aux âmes plongées dans l'incertitude''

Les mots de la femme étaient vrais autant ceux qui lui étaient destinés que ceux à l'égard du reptile, qui au lieu de s'indigner préférait se taire.

- Nous avions choisi dans un temps de rester sur le vieux continent, pour veiller sur la flamme originelle qui brûlait depuis des siècles dans notre temple principal, mais qui aurait continuer à faire perdurer la flamme de la rose ardente ? Nous avons choisi de sacrifier cette dernière pour continuer d'aider les gens dans le besoin. Elle ignorait les mots du reptile et sa voix était d'une douceur remarquable, soutenant l'attitude de la femme. Nous tâchons de réchauffer les corps et les âmes du mieux que nous pouvons, les temps n'ont pas finis d'être durs, mais gardons l'espoir de jours plus sûrs et meilleurs.

Elle-même savait à quel point il était douloureux de suivre ses convictions à la lettre, slalomant entre les moments de doutes, les orages de la vie et les maigres réussites qui s'offraient à elle, elle aidait sans rien attendre en retour, parfois quelques victoires, parfois certaines défaites, elle tâchait de ne pas se montrer défaitiste. Douloureux de garder la flamme allumée, qui parfois lui brûlait les mains, mais surtout l'âme. Une quête difficile que cependant elle se devait d'accomplir seule.

Surpassant la fatigue jusqu'à l'épuisement, adressant des mots de réconfort, une simple main sur une épaule, travailler des heures durant dans le froid, l'hiver les mains dans l'eau glacée pour aider les pauvres hères, aider les ménages surchargés qui n'arrivent plus à gérer tous leurs enfants. La rose ardente était une maîtresse exigeante, le silence, la foi et la pudeur étaient de mise, de même que le devoir bien fait, une vie en définitive que bien peu de gens étaient capable de tolérer ne serait-ce qu'une semaine, sans parler des moqueries des objets parfois jeter dans leur direction et des dangers des routes.

- Ce serpent, c'est un peu comme la poussière, ignorez-le et vous n'y ferez plus attention. Un simple mots d'esprit pour tâcher de détendre l'atmosphère. Vous avez l'air d'être une combattante ma sœur, peut-être, auriez vous besoin de mes services.

Vexé qu'on ne lui accorde que peut d'importance le serpent retournait se terrer dans le monde des ombres qui était son domaine, disparaissant.

La nordique comprenait ce que perdre la Flamme du vieux continent pouvait signifier. Elle même était devenue une apatride le jour où le Tyran blanc détruisit les montagnes de sa patrie, quand ses chères montagnes devinrent des monts de feux et de mort. Maintenant, elle vivait avec une perspective d'être toujours une apatride, acceptant le sort qui était le sien et continuant donc d'avancer. La vie continuait malheureusement. Mais pouvait-on retrouver une vie normale quand on perdait quelque chose qui avait toujours fait partie de soi, au plus profond de son être ? Elle, elle avait perdu une nation, des proches. Sinestra avait perdu quelque chose de semblable si on regardait bien. Elle perdait son pays, sa foi, ses convictions et ses espoirs. Tout cela lié, cela créait une blessure qui pourrait demeurer ouverte à jamais. Et qui pourrait pousser à décider de cesser la vie avec une dernière fatalité.

''Je comprends que vous ne vouliez pas perdre ce que vous chérissiez le plus. Mais vous avez raison... Qui aurait été encore là pour la Flamme ? Les Chimères tuant tout le monde, même les plus déterminés. La Flamme du continent n'est plus, mais vous l'avez emporté en vous pour le moment. Vous le dites vous même : vous cherchez à réchauffer les corps et les âmes. C'est là une partie de la Flamme qui persiste en vous. Certes, elle ne brûle pas ardemment, dans le vrai, dans la réalité, mais vous la préservez d'une certaine manière. J'espère pour vous et les vôtres, une fois que nous aurons trouvé une nouvelle terre, que vous saurez ravivez la Flamme, pour qu'elle brille à nouveau''

Quand au serpent, à peine Sinestra évoqua de l'ignorer que le saurien sans pattes alla se dissimuler dans l'obscurité de sa cape. Peut être était-ce mieux ainsi... La Nordique avait suivi du regard la disparition du rampant écailleux sans doute vexé et rattrapa la conversation au vol sur les services qui lui proposaient déjà Sinestra.

''Je suis en effet une combattante. Mon peuple a toujours eu ses femmes et ses hommes formés à se battre, prêts à défendre ce qui leur étaient cher... ou presque. Je saurai dorénavant qui voir si je suis blessée de corps. Ou d'esprit. Voir même les deux. Et moi si je puis vous aider, même là maintenant, n'hésitez surtout pas. Je suis une combattante, mais je reste aussi avant tout une femme. ''

Et à cela, elle fit un large sourire amicale. Elle avait remarqué chez les femmes non glacernoises qu'elle était d'abord perçue comme une guerrière et une femme. Depuis peu, elle tenait à le faire rappeler gentiment. Pour Sinestra, l'aborder ainsi n'était pas dans cet optique de rappel. Mais des fois, il y avait des gens que seules des femmes pouvaient comprendre et se soutenir mutuellement. Alors qui sait.....