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descriptionéchaudé - Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys] EmptyGraärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys]

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16 Janvier 1763

Le vent soufflait par fortes et brèves rafales, soulevant des brassées de neige fraîche comme autant de vagues cinglantes qui forçaient la silhouette massive à se tasser davantage encore sur elle-même pour en braver les gifles glacées et espérer poursuivre sa route laborieuse. La créature avançait sur quatre pattes, dos bossu hérissé de poils denses croûtés par des plaques de givre. Mesurant plus de deux mètres sur la longueur, il était difficile de discerner sa nature exacte tant son état était lamentable. Sa silhouette efflanquée se paraît de longues cornes à l'arrière d'un crâne enfouit dans les haillons de ce qui fut jadis une cape alors qu'une longue queue traînait dans son sillage, estompant de son épaisse fourrure les traces que ses pattes dessinaient. Ces dernières étaient larges et elles s'enfonçaient profondément dans la neige dure, rompant à chaque fois la surface gelée de leurs immenses griffes sombres.

La gueule du voyageur perdu était entrouverte, exhalant un souffle raréfié par la fatigue et l'altitude, créant autour de ses babines des buées évanescentes qui venaient aussitôt se cristalliser dans la fourrure rase et les moustaches. Les lambeaux de tissus qui dissimulaient le reste de son visage, couvraient ses larges épaules et s'emmêlaient ensuite avec la longue fourrure de son poitrail en un amas de glace, de sang et de crasse. Le reste de son corps portait une amure de cuir abîmé, déchirée à plusieurs endroits et qui témoignait de combats, voire de chutes terribles. Dans le vent cinglant s'élevait parfois une mélopée rauque et inintelligible qui disparaissait aussitôt dans l'immensité vide de toute autre vie. Elle émergeait d'une gorge asséchée pour réciter des mantras graärh, activant l'appel désespéré à un Esprit pour soulager la douleur et soigner les maux d'un corps sur le point de rompre. Son regard aveugle par les larmes et la fatigue, quant à lui, ne voyait pas plus loin que le bout de sa truffe et restait rivé sur le sommet des montagnes, seule ancre dans le paysage désolé qui l'accompagnait depuis des semaines.

Une bourrasque plus violente fit chanceler la haute silhouette et le fauve s'immobilisa quelques secondes, toussant et crachant sur la neige une bave rougie de sang dilué. La respiration se fit sifflante, encore plus laborieuse alors qu'un râle franchissait les babines gercées. Les doigts tremblants se crispèrent avec un spasme et les griffes raclèrent la roche, avertissant le graärh qu'il venait enfin de sortir de l'Inlandsis. La nouvelle lui donna un sursaut de volonté et l'imposante silhouette se remit en marche pour gravir la pente rocailleuse qui s'ouvrait à elle. A cause des plaques de givre il glissa et tomba à de nombreuses reprises, mais il se relevait à chaque fois dans un bas feulement enroué. Il avait cruellement conscience que dans ces conditions le moindre repos lui coûterait la vie. Son état ne lui permettait aucune faiblesse, il se devait de continuer et trouver une grotte, bien à l'abri du vent, où il pourrait enfin s'offrir le luxe d'un feu et de quelques heures de sommeil.

La sacoche qu'il protégeait au péril de sa vie était absolument tout ce qu'il lui restait pour espérer survivre. Dans ses entrailles magiques insondables, il y avait tout le nécessaire pour subvenir à ses besoins, ses blessures et lui assurer un lendemain. Il avait hâte de pouvoir passer des baumes gras sur ses coussinets entaillés de gerçures, il voulait brosser sa fourrure des croûtes de gel et remplir son estomac d'un bouillon de poisson brûlant. Ce dernier, contracté par la faim, se mit à gargouiller et une violente crampe lui vrilla l'abdomen, le faisant geindre d'une voix rauque, tremblante. Le fauve referma violemment la mâchoire et crispa les dents pour ravaler la douleur en même temps que ses divagations. Il devait se concentrer ! Sa marche aveugle venait de le porter jusqu'aux routes escarpées qui longeaient les flancs de la montagne. Le chemin était fouetté par des vents de plus en plus fort, de plus en plus froid. Ce danger en valait la peine, puisqu'il allait trouver sur ces mêmes parois le couvert de gorges étroites ou celui, plus rare, de sous-bois clairsemés.

Les heures s'égrenèrent ainsi, parsemées de nouvelles chutes qui retardèrent son avancée et augmentèrent sa fatigue. Ses pattes glissaient sur la roche gelée, ses griffes se limaient à essayer de tenir son équilibre et ses articulations hurlaient à devoir confronter les gifles cinglantes des bourrasques impitoyables. Sa vue baissait à mesure que le soleil disparaissait sur la ligne d’horizon et que l'épuisement le gagnait sans que même ses chants puissent y changer quoi que ce soit. Avec l'altitude, le fauve préféra économiser son souffle et ce fut en silence qu'il courba davantage l'échine pour grappiller quelques mètres de plus. Et pourtant, il finit par s'effondrer définitivement quand une fine couche de neige glissa sous son poids et le fit tomber au bas d'une pente raide. La douleur le cloua au sol, allongé sur le dos et les bras en croix. Ses antérieures étaient pliées contre lui et sa queue s'enroula pitoyablement autour de ses jarrets. Gueule grande ouverte pour happer ne serait-ce qu'un filet d'oxygène, ses yeux vitreux contemplaient à présent le ciel nimbé d'un crépuscule épuré, privé de nuages et déjà criblé de quelques étoiles.

Son corps refusait de bouger, ses membres tremblaient de spasmes et une horrible douleur cuisait son dos. Chaque bouffée d'air vrillait ses poumons de millier d'aiguilles glacées et il sentait son esprit blanchir comme la neige qui le recouvrait lentement de son linceul. Ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes et alors qu'il papillonnait pour lutter contre le sommeil, il vit une immense silhouette ailée approcher depuis les hauteurs de la montagne. La fatigue était trop grande pour qu'il puisse définir exactement de quoi il s'agissait, mais puisqu'il se sentait partir à chacun de ses souffles, un vague sourire désabusé ourla ses babines. Venait-on le chercher pour son dernier voyage ? La silhouette immaculée se posa près de lui et Purnendu tira sa capuche pour révéler son visage émacié par la famine et la souffrance. Ses yeux d'absinthe se plissèrent dans une ultime tentative pour identifier la créature et finalement, il puisa dans ses dernières ressources pour souffler avec amertume :

« - Koff... Esprit Chouette ? Est-ce... l'heure de retrouver mes ancêtres dans... hn... dans les Étoiles ? Aaah... Koff... D-Dommage... j'avais encore tellement de... de choses à faire. »

Il tendit une main aux doigts courbés par l'engourdissement qui le gagnait de plus en plus. Sa paume toucha le bec de l'oiseau et quelque part dans son esprit rongé par l'inconscience, Purnendu nota que pour un bec, la corne était étrangement chaude et souple. Il n'eut pas le temps de finir sa pensée qu'il s'effondra dans ce qui lui sembla être un gouffre insondable et perdit connaissance.

descriptionéchaudé - Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys] EmptyRe: Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys]

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La journée arrivait à son terme. Depuis sa tanière dans la montagne, Kaalys entendait le vent siffler. Les éléments se déchaînaient, comme souvent sur Nyn-Tiamat, déversant quantité de neige sur l’île de glace. Le saurien, dans un demi sommeil, se disait qu’il était bien mieux ici, dans sa grotte, plutôt que dehors. Bien que le vent n’eût pas d’emprise sur son vol, il n’était jamais très agréable d'en ressentir la force sur ses écailles, ni d’être recouvert de neige.

Allongé de tout son long contre la pierre froide, Kaalys ouvrit un œil. Au même instant, son estomac se tordit. La faim commençait à se faire ressentir, son abdomen se contractant pour réclamer sa pitance. Cet œil doré se déplaça dans son orbite, le regard du saurien se tournant vers une carcasse gelée qui se trouvait plus loin, dans un coin de la grotte. Il ne restait plus rien manger sur ce gros renne, se rendit-t-il compte dans un soupir. L'air chaud s’échappa de ses naseaux avec force tandis qu’il refermait les yeux. Kaalys aurait préférait rester allonger à somnoler, mais l'appelle du ventre était plus fort que celui du sommeil.

La grosse tête du saurien se souleva doucement, portée par un cou aussi large qu’un tronc d’arbre. Le reste de son corps suivit, puis Eclat de Nacre s’étira comme un chat. Le dos courbé, les ailes loin du corps, chaque partie de son corps s’éveilla tandis qu’il bâilla largement. De petites flammes dansaient au fond de sa gueule grande ouverte. Puis, doucement, le dragon se dirigea vers la sortie. Il emprunta le couloir en coude et se retrouva à l'air libre.

Le vent gifla le bout de son museau. Un grognement lui échappa tandis qu’il ouvrait grand ses ailes et se laissait porter par la tempête, loin de la montagne. La toundra de Nyn-Tiamat offrait tout ce dont il avait besoin. De plus, la tempête se calmait à mesure qu'il s'éloignait, dégageant sa vue. Le saurien de nacre trouva vite une proie et, impitoyable chasseur, fonça dessus. Il la tua sur le coup, sans même se poser, et emporta le renne entre ses griffes. L’animal suffirait à calmer sa petite faim, se dit-t-il en se dirigeant vers le nord.

Lorsque la montagne fut proche, la nuit était presque tombée. La visibilité mauvaise força le jeune dragon à se fier à ses autres sens. C'est ainsi que, en survolant l'un des versants de sa montagne, il sentit l’odeur caractéristique d’un Graärh. Une odeur parmi tant d’autre, mais suffisamment haut dans la montagne pour intriguer Kaalys. Sa proie toujours entre ses griffes, il changea de cap et se rapprocha du sol. Le vent soufflait par bourrasque, emportant avec lui des quantités de poudreuses. Même pour un félin, un tel temps pouvait être mortel, songea le Nacré. Surtout si haut, où l'oxygène pouvait manquer et où l'air était encore plus froid qu'au niveau de la mer.

Il failli ne pas le voir tandis que son ombre s’étendait au-dessous de lui. Mais là, sous plusieurs centimètres, se trouvait le corps frigorifier d’un Graärh. Kaalys pouvait en voir un peu de fourrure, là où la neige n'avait pas encore croûtée. Avec une étonnante douceur, Eclat de Nacre se posa près du fauve. Ce dernier sembla le remarquer et, dans un geste qui parut particulièrement difficile, abaissa son capuchon. Les yeux verts du Graärh observaient Kaalys sans le voir, car il était impossible de le manquer malgré la neige et le vent. Les prunelles d’or du dragon dévisagèrent le malheureux, notant la minceur de son corps. Ses vêtements abîmés flottaient sur lui et sa voix, qui n’était qu’un souffle rauque et presque éteint, parvint au dragon. Ce dernier s’approcha et, dans un ultime effort, le Gräärh posa sa patte sur le museau de Kaalys. Ce dernier sentit les nombreuses gerçures sur les coussinets du félin, ainsi que la froideur de sa peau. Alors, ses ailes, tels des paravents, s’étendirent tout autour du Graârh, le coupant instantanément de la tempête.

La patte du Graärh retomba dans la neige au moment où la gueule du dragon s’ouvrait au-dessus de lui, comme pour le dévorer. Mais ce fut un souffle chaud et réconfortant qui s’en échappa et enveloppa le fauve d’une chaleur plus que bienvenue. Des paillettes d’or vinrent danser autour de lui et tourbillonnèrent un instant avant de pénétrer son corps là où ses blessures étaient apparentes.

« Il n’est pas temps... » Murmura Kaalys dans l’esprit inconscient du félin.

Avec une étonnante délicatesse, le Nacré saisit le corps frigorifié dans ses pattes. Puis, d’un battement d’aile, il s’envola dans la tempête, non sans oublier sa proie qu’il saisit dans ses pattes postérieures. Kaalys tenait le corps du Graärh contre son poitrail, limitant ses mouvements pour qu’il ne se blesse pas contre ses écailles. Mais au moins, la chaleur qu’il dégageait aidait la conscience du félin à ne pas totalement s'envoler tandis que ses propres pattes le protégeaient du vent et de la neige.

Quand Kaalys parvint au sommet de la montagne, il prit sa proie entre ses crocs et transféra le corps du Graärh dans sa patte droite. Il n’était qu’une poupée de chiffon entre ses griffes, mais le saurien prit grand soin de ne pas le blesser tandis qu’il rentrait à l’abri dans sa grotte. Il laissa la carcasse et réchauffa la pierre de son feu, juste assez pour envelopper le félin dans un écrin de chaleur lorsqu’il le déposa à terre. Ensuite, doucement, le Nacré s’allongea tout près du corps inconscient, posa sa large tête sur ses pattes croisées et couva le Graärh d’un œil doré.

Spoiler :

descriptionéchaudé - Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys] EmptyRe: Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys]

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Il avait l'impression de flotter dans un cocon de chaleur et de braises virevoltantes, porté sur les vagues d'un souffle régulier, profond comme la respiration du monde. Il avait l'impression d'être allongé dans le ventre d'une étoile, n'entendant que le battement puissant d'un cœur immortel. Il s'agissait d'une mélodie antique aux pulsations irréelles d'une trame pincée à la façon d'un instrument à cordes célestes. C'était terriblement reposant et le graärh profita de cette immersion tout son saoul. Sans même réaliser que le soleil s'élevait et s'abaissait par trois fois dans le ciel, ni que la lune dansait pendant deux nuits complètes, il dormit sans frémir d'une seule moustache.

La chaleur de la cave, alimentée par l'essence magique du dragon nacré, vint à lentement revigorer le corps frigorifié du fauve couleur de cendre. Les plaques de glace, coagulées avec du sang et de la boue, fondirent en quelques heures pour le laisser dans un premier temps trempé et grelottant avant qu'il ne finisse lui aussi par sécher. Sa respiration sifflante s'apaisa au cour de la seconde nuit et sa fièvre tomba au crépuscule du dernier jour. Ce fut quelques heures après qu'il commença à remuer dans son sommeil et que ses oreilles frémirent au rythme de la puissante respiration qui le surplombait. Sa queue se déroula et le pompon frappa le flanc de l'écailleux avant d'épouser ses formes en une caresse soyeuse.

Lentement, Purnendu ouvrit les yeux ou du moins, il essaya. Ses cils collés par les larmes, le sel et d'autres fluides sécrétés par ses orbes tantôt irrités, refusèrent de se séparer seuls. Avec un râle enroué, il se redressa laborieusement sur un coude et passa plusieurs fois la langue sur le dos d'une main pour ensuite frotter et nettoyer ses paupières gonflées par le sommeil. Quand il essaya pour la seconde fois de se rendre la vue, il fut capable d'observer son environnement immédiat. Tout d'abord, il remarqua l'absence de lumière « naturelle » et la présence d'une flore bioluminescente dont les lueurs bleutées, tamisées, aidèrent grandement à épargner sa vue encore trouble.

Ce qui le frappa ensuite fut la carcasse à moitié rongée d'un renne, donnant l'impression qu'une mâchoire colossale avait déchiré le bassin du mammifère comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire mannequin de papier. Pendant un instant, le graärh se cru à nouveau dans les tunnels creusés par les Vers de Glace et son sang ne fit qu'un tour alors qu'une peur viscérale lui arrachait un miaulement bas d'angoisse. Était-il toujours dans les cavernes de l'Inlandsis !? Tout ce qu'il avait fais, n'était-ce en finalité qu'un rêve cruel ? La fourrure sur son dos se hérissa et il tenta de reculer dans un sursaut de panique, pour se heurter immédiatement à un mur... chaud ? Ses oreilles se redressèrent sous la surprise et il en oublia un instant la menace fantôme des terribles lumbricina géants pour venir lentement tourner le museau par dessus son épaule.

« - Par les Esprits... »

Un brasier... non, une étoile d'or était penchée au dessus de lui. L'orbe immense engloutissait le graärh de son attention irréelle et lui faisait questionner son existence même. Sur quel plan de réalité se trouvait-il !? Était-ce là le Royaume des Esprits et confrontait-il l'ultime créateur de toutes choses ? La conscience même du Monde ? Peut-être était-il jugé de ses expériences passée, peut-être venait-on les collecter avant que son âme ne soit lavée et renvoyée dans le grand Cycle des réincarnations ? Choqué, captivé par le disque d'or fondu penché sur lui, Purnendu en oublia un instant de respirer et ce fut en s'étranglant à moitié qu'il retrouva un minimum conscience de son environnement. Le sol était bien trop solide pour qu'il soit dans un rêve et la faim qui tenaillait cruellement son estomac était trop vive pour qu'il soit mort !

Battant plusieurs fois des cils pour chasser les larmes qui brouillaient sa vue, le félin couleur de cendre réussit à se lever et recula de plusieurs pas, titubant alors que ses jambes flageolaient autant de fatigue que du choc qui le saisissait encore à la vue spectaculaire qui s'offrait à lui. Ce fut après plusieurs minutes de contemplation qu'il remarqua enfin l'immense pupille qui fendait l'or prismatique, puis ce fut la tête reptilienne et le long cou sinueux. Les écailles de nacre luisaient d'un bleu moiré à la lumière des mousses et des cristaux, gaine impénétrable pour une puissante musculature qui se dessinait sèchement sur un corps immense. La créature mesurait au bas mot une dizaine de mètres rien qu'au garrot et arborait une silhouette majestueuse, prédatrice, mais aussi (et c'était là le plus déroutant) une aura de bienveillance et de curiosité.

« - Tu es... un dragon. »

C'était un constat, aussi incrédule que fut la voix de Purnendu lorsqu'il l'énonça, basculant sur la langue commune dans le doute où la créature ne connaîtrait pas encore celle de son peuple. Son cœur fit un bon et ses yeux encore voilés d'épuisement brillèrent d'un soudain éclat d'admiration lacé d'une curiosité insatiable. Sa fourrure emmêlée était prise de soubresauts alors que des frissons n'avaient de cesse de lui couler le long du dos. Sa queue tressaillait au même rythme et se balançait amplement derrière lui. Son cœur battait la chamade, sa gorge se révéla sèche et les mots lui manquèrent (chose assez rare pour être soulignée). Un vertige soudain, causé autant par la fatigue que les émotions, le força à s'asseoir et il passa les deux mains sur son museau, puis dans sa fourrure ébouriffée.

« - L'Éclat de Nacre... Kaalys ? »

Il remarqua combien sa voix était brisée, râpeuse comme du sable frictionné. Avec une grimace qui ourla ses babines, le fauve couleur de cendre vint à saisir la sacoche à sa hanche et l'ouvrit pour fouiller son intérieur. Son bras s'enfonça jusqu'au coude, dépassant de loin la capacité de rangement que semblait avoir l'objet, puis sortit une outre en peau de chèvre et bu plusieurs gorgées salvatrices d'eau pure. Il toussa et manqua de s'étrangler à quelques reprises, mais parvint au final à se désaltérer et combler pour un temps les besoins de son estomac.

« - Merci... Je te dois la vie. »

Il n'osait pas le regarder, craignant d'être à nouveau captif de son regard, fasciné et sans souffle à la vue de sa silhouette impériale. Il voulait le toucher, le découvrir jusqu'aux moindre de ses recoins. Quelle était la flexibilité de ses ailes, le réseau de veine pour les irriguer, la structure des muscles et de tendons pour les mouvoir ? Tant de questions qu'il ravalait dans un déglutition laborieuse. Ce n'était peut-être pas le premier dragon qu'il croisait, mais Alkhytis n'était rien en comparaison ! Le jeune dragon n'était qu'une pâle existence, à peine formée dans ce monde face au colosse de nacre. Penser qu'un jour il atteindrait la même taille lui donna un autre vertige et il poussa un long soupir alors qu'il osait enfin glisser un coup d’œil prudent sur le dragon près de lui.

« - Je me nomme Purnendu. Comment puis-je rembourser ma dette ? »

Attendant la réponse, si on lui en offrait une, il sortit un linge qu'il humidifia d'eau ainsi qu'une large brosse et d'un peigne, avant de commencer à retirer son armure abîmée et les lambeaux de ce qui fut jadis une cape.

« - Je me permets... »

Alternant l'un et l'autre de ses outils, il entama le long et fastidieux entretient de son épaisse fourrure. De la brosse, il démêlait les plaques boueuses et passait le linge trempé pour rincer les poils qui retrouvaient alors un certain éclat. Le peigne ne servirait que bien plus tard, pour le sous-poil dense qu'il ne pouvait pas atteindre autrement. Concentré sur sa tâche, il ne pouvait cependant pas s'empêcher de fixer la créature à écailles de temps en temps. Ce fut avec émerveillement et respect qu'il découvrit ses blessures totalement absentes de son corps affamé, même les gerçures à ses coussinets avaient disparues ! Était-ce là la magie que l'on prêtait aux Dragons dans tous les contes et légendes de ce peuple intemporel ? Ah, comme il voulait en apprendre plus !!! Purnendu se mordit cependant la langue pour refréner sa curiosité et souffla à la place :

« - Puis-je abuser de ta générosité et rester ici encore quelques jours, le temps de me remettre ? Quitte à t'être endetté... mais je te promets d'être discret, si cela est ton vœux. »

L'ombre d'un sourire étira ses babines alors qu'il soufflait un rire fatigué et bataillait avec un nœud particulièrement revêche sur son poitrail angora.

descriptionéchaudé - Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys] EmptyRe: Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys]

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Kaalys était un garde-malade attentif. Le pauvre bipède avait eu beaucoup de chance d'être découvert par le saurien de nacre, pour qui chaque vie était importante. À présent, le Graärh reposait dans un écrin de chaleur tandis que la magie draconique accomplissait son office, refermant les plaies et soulageant les maux. Mais le choc avait été violent, le félin avait frôlé la mort. Plusieurs jours furent nécessaires pour que le corps du graärh cendré retrouve un peu de sa vigueur. Plusieurs fois, Kaalys se redressa en attendant l'écho éreinté du coeur du rescapé, craignait que ce dernier ne survive pas, tout compte fait.
Mais Kaalys n'avait pas fait que veiller. Ses sorties avaient été de courte durée, mais le jeune dragon avait chassé d'autre gibier afin de pouvoir se nourrir lui-même, mais aussi le graärh lorsqu'il s'éveillerait.

Soudain, le râle du rescapé fit ouvrir un oeil à Kaalys. Ce dernier somnolait tout en appréciant les caresses involontaire du graärh sur ses écailles. Une orbe dorée se posa sur le félin qui se redressait péniblement. Le dragon préféra ne pas bouger pour ne pas effrayer le survivant. Il l'observa faire, ouvrir les yeux puis étudier les alentours d'un oeil encore endormis. Puis la stupeur semble s'emparer du félin, dont le poil se hérissa à la façon des écailles d'un dragon. Cette surprise laissa, sans doute, place à une peur irraisonné et le graärh recula sur ses fesses jusqu'à se heurter au cou de Kaalys, qui redressa lentement son cou.

Leurs regards se croisèrent enfin. Le félin leva le nez et rencontra l'oeil doré du saurien de nacre, qui lui présentait son profil. La stupeur s'empara du graärh, sentit Kaalys, et ce dernier tourna sa tête vers le rescapé afin de l'observer de ses deux grands yeux dorés. Cela sembla être un signal pour le survivant, qui se mis sur ses pieds et recula de quelques pas. Sa gorge déshydratée laissa échapper une voix rauque, mais le saurien compris parfaitement les paroles du graärh. Sa question et le ton de sa voix avaient quelque chose de tellement innocent…

Kaalys lança doucement son esprit contre celui de l'inconnu poilu. Il était toujours délicat de pénétrer un nouvel esprit. Les bipèdes pouvaient avoir toute sorte de réaction en attendant la voix mentale d'un dragon. « Effectivement. » répondit-t-il simplement - non sans amusement ! -, préférant y aller doucement pour commencer. La voix du saurien de nacre était douce et paisible. Elle était comme une caresse, la plupart du temps, et elle enveloppait le corps et l'âme d'une douce chaleur. « C'est bien moi. » approuva t-il ensuite, presque dans un murmure. Kaalys faisait preuve de beaucoup de douceur avec ce félin. Il ne souhaitait surtout pas écorcher son esprit déjà mis à rude épreuve.

Outre le besoin de manger, le nacré ressentait également l'intense curiosité qui avait piqué le félin. Par chance, il était tombé sur un dragon sympathique pour qui la présence des bipèdes était agréable.

« Je suis ravie de te rencontrer, Purnendu. » Répondit d'abord le saurien. « Je ne t'ai pas secouru dans l'espoir d'obtenir quelque chose de toi. Tu n'as aucune dette à honorer. » poursuivit-t-il en se penchant légèrement vers lui. Kaalys comprenait le principe d'honneur qui poussait ce graärh à souhaiter honorer sa dette, mai le jeune dragon voyait les choses sous un autre angle. « Fait donc. » lâcha-t-il lorsque Purnendu sortit ses affaires de toilette.

« Tu es le bienvenue. Et je ne dis jamais non à un peu de compagnie. Mais n'essaie pas de sortir. Nous sommes au sommet de la plus haute montagne. » lui expliqua-t-il de façon très brève. Mais Purnendu comprendrait aisément ce qu'il en retournait. « Il y a un petit lac, un peu plus loin. » Kaalys l'indiqua d'un regard. « Si tu veux de baigner, je peux chauffer son eau avec mes flammes. Si tu as faim, il y a sans doute de quoi faire un feu aux alentours. Pour la viande, sers toi. »

Le saurien quitta l'esprit de Purnendu et se leva. Une tonne de muscle se mit en action et, avec une grâce insoupçonnée, le dragon s'approcha de la carcasse gelée. D'un coup de griffe, il découpa un large morceau de viande qu'il lança en l'air. Un jet de flamme bleutée la grilla au vol, puis Kaalys l'attrapa entre ses machoires garnies de dents pointues.

Dernière édition par Kaalys le Dim 15 Déc 2019 - 20:36, édité 1 fois

descriptionéchaudé - Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys] EmptyRe: Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys]

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La caresse sur son esprit eut comme premier réflexe de lui hérisser le poil du dos, de plaquer ses oreilles vers l’arrière alors que ses yeux s’écarquillaient légèrement de stupeur. Jamais il n’avait éprouvé pareille approche, mais plutôt que de se braquer il chercha aussitôt à retenir la présence près de la sienne, cédant à l’impulsion d’une curiosité presque enfantine. Jamais il n’avait été confronté à une expérience aussi unique et invraisemblable ! Tous ses sens s’ouvraient et accueillaient la nouveauté comme les pores d’une éponge assoiffée. Si son pelage retrouva un volume décent, ses babines se gonflèrent et ses moustaches frétillèrent alors qu’il se redressait en abandonnant son brossage. Sa queue se courba naturellement en un point d’interrogation indolent, signe de confiance, alors qu’il penchait la tête sur le côté comme pour accentuer l’invitation à lui revenir, à recommencer cette communication singulière, silencieuse et pourtant porteuse de bien plus que tous les mots possibles. Il tenta de l’approcher de la même façon, mais son esprit fourmillait beaucoup trop pour qu’il parvienne à se calmer et communiquer une pensée cohérente.

Les questions se bousculaient et les théories se confrontaient, tout ça dans une belle cacophonie que l’herboriste s’empressa de museler derrière les hautes barrières de sa psyché. Il ne désirait pas embarrasser le saurien et retourna s’installer avec une mine songeuse afin de digérer ce qu’il venait de vivre. A peine avait-il retrouvé un certain calme que le dragon lui revenait en cette discussion mentale, aussi chaude et apaisante qu’une infusion de verveine. Il ferma à moitié les yeux et avant même qu’il ne s’en rende compte, il était en train d’émettre un profond et confortable ronronnement. Il lui fallu un sursaut de volonté pour qu’il empêche la profonde cadence féline de refaire vibrer son poitrail et cette fois, il se résigna à parler par des moyens plus communs :

« - Dans ce cas, je remercie la générosité de ton cœur, Kaalys. »

Un nouveau sourire ourla ses babines sombres et il baissa le museau sur la brosse toujours en place contre son poitrail, bloquée dans le nœud qui l’embêtait depuis plusieurs minutes maintenant. Apprendre qu’il était au sommet du monde le fit légèrement tiquer et, instinctivement, il regarda vers ce qu’il devinait être l’entrée de la grotte. Il n’osait imaginer les températures extrêmes qui sévissaient dehors et fut plus que soulagé d’être ici, protégé et bien au chaud. Il adressa une prière aux Esprits pour l’avoir mis sur la route du dragon et lui permettre de voir une nouvelle aube se lever. Peut-être n’étaient-ils pas tant fâchés contre lui après tout ? Ils lui accordaient une seconde chance, probablement parce qu’il n’avait pas encore délivré l’importante nouvelle à son Aaleeshaan et peut-être eut-il fais son office qu’ils n’auraient pas été aussi généreux à son égard ? Comment le savoir ! Lui, en tout cas, n’osait pas questionner Leur Volonté. Ce n’était pas sa place.

Il savait que la Seconde Couronne lui avait muselé ses deux protecteurs durant des jours entiers, le laissant atrophié d’une part de son identité, de son âme, avant qu’ils ne lui reviennent progressivement. Il n’entendait plus leurs voix, il n’avait plus cette peur lacée au creux des tripes, mais il savait qu’ils étaient à nouveau avec lui. Il le sentait jusqu’au plus profond de son âme et paraissait à nouveau complet. Toutefois, le souvenir de leur absence allait le hanter longtemps, peut-être jusqu’à son dernier souffle. Face à la résilience de la brosse et du nœud, le graärh se résigna à abandonner l’idée de se brosser dans son état et lorgna en direction du lac souterrain après que le saurien l’ait invité à s’y baigner. L’idée de se tremper ne le réjouissait pas, mais puisque son hôte se proposait pour chauffer l’eau et l’invitait à faire un feu ; pourquoi hésiterait-il ?

« - J’accepte ton invitation. Je vais me faire un feu et me baigner pendant que la viande... cuira. »

Le dernier mot fut soufflé après qu’il ait eut la vision des flammes bleues de la créature. Ses yeux s’écarquillèrent et il sentit sa truffe remuer à la délicieuse odeur, mais son poil avait tout de même gonflé de volume à la surprise et l’inquiétude instinctive ressentie à la vue d’un tel spectacle. Il n’y avait aucun doute sur l’identité de l’apex prédateur dans cette grotte et malgré le léger malaise qu’il en éprouvait, Purnendu ne pouvait chasser sa curiosité d’en apprendre plus à son propos. Par chance, le dragon ne semblait pas hostile avec les bipèdes ou était-il simplement incliné à de meilleures pensées uniquement envers les graärh ? Une question qui méritait de se poser, mais pas tout de suite. Dans l’immédiat, il voulait laver son corps de toute la crasse accumulée au cours de ses dernières aventures. Il avait la boue et la pourriture du bayou de Néthéril, le sang et la sueur de ses combats, la neige et le sel de sa traversée de l’Inlandsis… oui, un bain serait le bienvenu.

Avec un grondement à l’effort, il se hissa sur ses jambes et avança jusqu’aux abords du petit lac. Il lui fallu plusieurs minutes pour assembler suffisamment de bois mort, ne voulant pas endommager la flore autrement, puis chercha de la mousse sèche et puisa dans la trame afin d’enflammer ses griffes afin d’allumer ce feu de camps improvisé. Plus tard, songea-t-il, il veillerait à l’entourer de pierres pour éviter tout risque d’incendie et se constituerait une vraie réserve de bûches et de fagots. Laissant le bois se consumer en un crépitement rassurant, Purnendu approcha de la carcasse pour l’observée et se découpa une belle tranche de viande marbrée de gras. Il fouilla aussi l’intérieur et trouva le foie qu’il emporta avec lui, conscient que son organisme avait cruellement besoin de la moindre source d’énergie pour se remettre du traumatisme qu’il venait de traverser. De retour près du feu, il coucha à même les jeunes braises la nourriture et s’assura d’y verser quelques herbes qui aideraient à tonifier ses résistances naturelles et à renforcer la circulation de son sang.

« - Bien… le bain est-il prêt ? »

Amusé, il approcha de l’eau qui fumait et s’accroupit afin d’y plonger la main et en tester la température. Ses yeux brillèrent d’une joie candide alors qu’il roucoulait d’aise à la sensation d’engourdissement des plus prometteuses. Il leva la tête en direction du dragon, non loin.

« - Me feras-tu le plaisir de te joindre à moi ? »

Il se redressa, observa une dernière fois le feu pour s’assurer qu’il soit suffisamment alimenté pour cuir la viande durant son bain, puis descendit dans l’eau chauffée par les flammes d’un dragon. Si on lui avait raconté cela quelques années plus tôt, il n’y aurait jamais cru et aurait diagnostiqué son interlocuteur avec une hallucination temporaire. Probablement causée par des champignons. Ses pensées, toutefois, fondirent au même titre que la tension qui habitait son corps dès qu’il fut immergé jusqu’aux épaules. Un profond ronronnement lui échappa et il bascula la tête en arrière, reposant ses cornes sur le bord en pierres érodées. L’eau autour de lui se troubla alors que son pelage se débarrassait de toute la salissure, puis le faible courant porté par la source fit disparaître l’onde opaque et le félin coula davantage encore. A l’image de l’esprit Hippopotame, il ne laissa dépasser à la surface que le sommet de son crâne et sa truffe pour pouvoir respirer. Blottit sur lui-même, il suivit les moindres faits et gestes de Kaalys en attendant qu’il soit à son tour installé pour sortir son museau de l’eau chaude et reprendre la parole :

« - J’ai tellement de questions à te poser… Tu es le second dragon que je rencontre, mais tu es déjà si différent du premier que je ne trouve pas les mots pour exprimer toute la fascination et l’admiration que j’éprouve… ce qui est, crois-moi, très rare me concernant ! »

Lui, bavard ? Oh non, du tout. L’Esprit de la Pie avait du se pencher sur son berceau avant de changer d’idée, mais en laissant un peu de son influence derrière elle ! L’herboriste se savait excessivement prolixe dans chacune de ses conversations, mais il ne pouvait s’en empêcher. Un sourire étira ses babines et fit pétiller ses yeux d’absinthe.

« - Le premier dragon que j’ai eut le plaisir de croiser s’appelle Alkhytis et possède des écailles semblables à du cuivre. Il est le Lié de l’humaine Luna… peut-être les connais-tu ? Notre rencontre fut brève et peu porteuse d’informations. Ils sont tous deux très jeunes après tout. »

Il pencha légèrement la tête sur le côté.

« - Puis-je te poser d’autres questions ? Tu sembles bien plus âgé et… comment dire ? Pondéré, que le jeune dragon. Je suis certain que j’obtiendrai à tes côtés une connaissance bien plus riche à propos de ta race et de son Histoire, si tu le permets bien sûr. »

Prudent, il se rapprocha de la sinueuse silhouette immergée et observa les reflets de l’eau sur ses écailles, contempla la mécanique puissante des ailes et le jeu parfait de la musculature sous le cuir impénétrable. Il voulait le toucher, mais n’osait pas. Il était le premier à trouver le contact indélicat lorsqu’il croisait des étrangers, surtout que les bipèdes avaient tendances à trouver sa fourrure particulièrement attrayante.

« - J’ai tant de questions à propos de cette histoire de Lien, sur vos origines et votre structure sociale. Bien sûr, j’aimerai aussi étudier ton anatomie… De façon strictement professionnelle. Je suis un guérisseur et un herboriste, vois-tu et j’aime à comprendre ce qui m’entoure. Il n’y a que par la compréhension et la connaissance que nous pouvons chasser les préjugés et la peur innée à l’inconnu. Seulement par la compréhension nous pouvons agir en respect avec ce que nous entours. Ton peuple est à présent un tout avec l’Archipel… je souhaite le connaître afin d’agir dignement en sa présence. Penses-tu pouvoir m’instruire ? Bien sûr, en échange, je répondrai à toutes tes questions concernant mon propre peuple. »

Il s’arrêta lorsqu’il réalisa qu’il n’allait plus avoir pattes. Ne sachant pas nager, il recula de nouveau vers le bord et s’installa contre l’amorce d’un stalagmite, puis pour s’occuper les mains à présent qu’il s’était visiblement dégourdi la langue, Purnendu massa ses cuisses avec force, chassant les douleurs musculaires et aidant le sang à circuler.

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Kaalys se tourna vers l'étendue d'eau. Sa surface était gelée, mais la fine couche de glace ne pouvait résister longtemps aux flammes du jeune saurien. Ce dernier baissa ensuite les yeux vers Purnendu, dont la fourrure toute emmêlée nécessitait un bon rinçage. En d'autres temps, le Graärh devait avoir un poil soyeux et doux, songea Kaalys, et il comprenait l'envie du félin de nettoyer son pelage. Les dragons étaient aussi des êtres très propres. L'apparence des écailles était un indice sur la santé d'un individu. Celles du Nacré, par exemple, étaient parfaitement propre, lustrées même, et reflétaient la lumière de la flore luminescente.

Tandis que Purnendu cherchait de quoi faire un feu, Kaalys se tourna de nouveau vers le lac intérieur, et s'en approcha. À cause de sa masse, chacun de ses pas faisait vibrer le sol rocailleux. Ses déplacements étaient dépourvus de la moindre discrétion et, malheureusement, il n'y avait pas grand chose à faire là.

La surface gelée reflétait, elle aussi, la lumière verte-bleutée des plantes bioluminescentes. C'était joli selon Kaalys, mais le dragon n'hésita guère à briser la glace d'un coup de patte, puis à tendre le coup pour souffler ses flammes les plus chaudes. Aussi bleues et lumineuses que les champignons qui éclairaient les murs de la grotte, les flammes du saurien léchaient la surface du lac, firent fondre la glace et réchauffèrent l'eau. Satisfait, Kaalys arqua le cou pour mieux observer le "bain", comme l'appelait Purnendu. De la vapeur s'élevait de la surface de l'eau. Le dragon n'en avait dégagé qu'une partie suffisamment grande pour que lui-même puisse s'y baigner. Plus loin, la glace s'étendait en une fine couche et ce jusqu'à la paroi du fond de la grotte.

Le jade tourna son regard vers le félin, qui testa la température de l'eau du bout du doigt. Son roucoulement de plaisir faisait beaucoup penser aux sons qu'un dragon pouvait émettre lorsqu'il était heureux. Peut-être que le mode de communication des Graârh et des Dragons n'était pas si différent ?

Toutefois, Kaalys attendit que Purnendu soit à son aise avant d'avancer dans l'eau. Malgré sa taille, le saurien faisait preuve d'une étonnante délicatesse et fit à peine s'élever quelques vagues. L'eau chaude entoura ses membres et, doucement, le saurien se mit à ronronner d'aise, fermant même les yeux pour profiter davantage de la chaleur qui étreignit rapidement tout son être. Il s'aventura presque au centre du lac, là où la profondeur était t-elle que l'eau le recouvrait jusqu'aux épaules.

Son invité était un être bavard, constata Kaalys. Cela ne le dérangeait pas le moins du monde ! Par chance, Purnendu était tombé sur le dragon le plus sociable qui soit. Une belle conversation se profilait à l'horizon, c'était certain.

Ainsi, le premier dragon que le félin avait rencontré n'était autre qu'Alkhytis. Le Nacré conservait un souvenir vivace du Cuivré. Ils étaient tout deux nés au même endroit et à quelques jours d'intervalles. Ils avaient tout de suite étaient amis et partageaient de nombreux points communs. Kaalys était aussi téméraire qu'Alkhy mais le Cuivré avait un tempérament beaucoup plus farceur. Si Purnendu parlait beaucoup, Alkhytis aussi ! Cela avait dû être toute une rencontre.

« Je connais bien Alkhytis. Mais détrompe toi, je ne suis pas plus âgé que lui. Ma taille est un trompe l'oeil, lui et moi sommes nés à quelques jours d'intervalle seulement. Du reste, Alkhy à effectivement plus extravertis que moi, je ne peux le nier. » Les paupières blindées du saurien se soulevèrent et révélèrent ses orbes dorées. Elles se posèrent sur le Graärh qui nageait vers lui. Avant que Purnendu poursuive, Kaalys lui expliqua brièvement la raison de cette taille bien supérieur à un dragon de son âge « Je n'en suis pas certain, mais je pense que ceci est dû à la magie de l'île que les Elfes nomment Keet-Tiamat. En son coeur, il y avait une source. Par un concours de circonstances, je m'y suis baigné entièrement. En quelques jours, j'ai grandi jusqu'à atteindre la taille que je fais aujourd'hui. » Après cette rapide explication, Kaalys reprit. « Je te propose la chose suivante : je réponds à ta première question, puis ce sera à mon tour de t'en poser une et ainsi de suite. Qu'en dis tu ? »

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Ce fut avec fascination qu’il contempla la grâce et la délicatesse du dragon alors qu’il entrait dans l’eau. Le jeu des muscles sous les écailles nacrées, les mouvements à la souplesse prédatrice et les éclats d’eau sur la silhouette immergée. Apprendre que Kaalys avait le même age qu’Alkhytis, mais qu’il devait sa différence de taille à une source trouvée dans les méandres arides de Keet-Tiamat fut à la fois une nouvelle passionnante est excessivement inquiétante. La seule chose qui rasséréna Purnendu sur le moment, fut de savoir qu’une telle découverte était sous la responsabilité des Elfes. Cette race se montrait prudente, trop au goût des autres bipèdes, mais elle ne cédait pas à la mégalomanie de la majorité des vampires et des humains. Ils n’utiliseraient pas la source à des fins belliqueuses, voire ils ne l’utiliseraient plus jamais et se contenteraient de la préserver dans son état originel. Le graärh ajouta toutefois cette destination dans son agenda, extrêmement curieux de l’étudier lui-même si possible.

« - Le marché me semble correcte. Procédons comme ça dans ce cas. »

Ronronna-t-il en répondant, après un temps de silence. Il avait ainsi les honneurs de la première question, autant ne pas les gâcher. Silencieux quelques instants afin d’ordonner ses pensées, il vint à distraitement peigner l’épaisse fourrure de sa nuque à l’aide de ses griffes. Quelques frissons coulèrent le long de son échine et il ferma de moitié les yeux au bien être qu’il ressentait. Il lui manquait le contact d’un être de sa propre race, le partage d’un ronronnement, le brossage d’une langue ou le tricotage de griffes sur le cuir d’un dos courbaturé… Distraitement, il songea à Jangali et se demanda si le chasseur allait bien après les récents évènements survenus dans le bayou. Le laisser seul avec des pirates n’était pas pour calmer les inquiétudes du félin, mais jusqu’à ce qu’il ait enfin des nouvelles de lui, il ne pouvait que lui faire confiance et prier les Esprits.

Purnendu s’ébroua pour chasser de telles pensées parasites et se concentra sur l’instant présent. Il possédait la chance inouïe de pouvoir converser avec un dragon, il ne devait pas le faire attendre ou même contrarier sa générosité. Qui sait quand une telle opportunité se rencontrerait à nouveau !? Une fois qu’ils auraient terminé leur conversation, il aurait tout le temps de s’inquiéter du reste. Sa main quitta la nuque et vint frotter le sommet de son museau avant qu’un coup de langue ne cueille les gouttelettes qui lui chatouillaient la truffe. Leurs regards s’accrochèrent l’un dans l’autre et le fauve su exactement ce qu’il voulait savoir en premier :

« - Connais-tu les origines de ta race ? C’est un vaste sujet, j’en ai bien conscience… mais que ce soit par un Conte ou une Légende, je prendrais tout ce que tu peux me fournir. Avérée ou pas, la moindre information est précieuse. »

Son propre peuple vivait uniquement de ces histoires transmises d’une génération à l’autre, peut-être en était-il de même avec les dragons ?

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L'archipel était teinté de mystères et l'histoire racontée par Kaalys n'en était qu'une parmi tant d'autres. Pire encore, cette source n'avait absolument pas livrée tous ses secrets, de ce que la Nacré savait. Bien des secrets devaient encore se cacher au coeur du temple.

Puis, dans le petit jeu proposé par Kaalys, Purnendu avait l'honneur de la première question. Sans réelle surprise, c'était sur l'histoire des dragons que la question de Purnendu portait. Le Nacré ferma les yeux, un instant, à la recherche des réponses que le félin attendait.

« Au départ, il y avait les Dieux. Océan, Feu, Végétal, Vent, Terre, Vie, Mort et Néant. Tous frères et sœurs, ils ont créé le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. Et ils ont créé les Dragons, ainsi que les Hommes et les Elfes. Les Vampires, également, dans de terrible circonstances. » commença Kaalys. Il se plongeait dans la mémoire ancestrale, cherchant du bout des griffes les informations pouvant étayer son récit. La création du monde, toutefois, était un conte connu de la majorité des bipèdes, excepté les Graärh. « Nous, Dragons, avons toujours vécu sur le continent - une immense île - que nous nommons aujourd'hui Ambarhùna. C'était une terre sauvage et vierge, jusqu'à ce que les Elfes, exilés de leur terre, accostent sur nos côtes, tout comme les Vampires puis, bien plus tard, les Hommes. Comme tu l'imagine, l'histoire de ma race est intimement liée à celle des bipèdes et il m'est presque impossible de te la conter sans conter la leur. Si tu le souhaite, je peux sans doute t'en faire un résumé. »

Doucement, Kaalys sortit de l'eau. Il y avait suffisamment trempé, selon lui, et en ressortit tout propre. Ses écailles étaient encore plus brillantes que précédemment et la bioluminescence de la grotte créait des reflets encore plus saisissant. La saurien s'ébroua vivement afin de chasser l'eau de son cuir, puis s'allongea près du petit feu sur lequel la viande continuait tranquillement de cuire.

« Pour nous, les Déesses ont tous créé. Ce qui signifie qu'elles auraient également créé les Graärh et, peut être, d'autres races qui se cachent par delà les océans. Que dit-on, parmi les tiens, sur la naissance de ton peuple ? Il me semble que vous êtes une race intimement lié aux Esprits. »

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Les Dieux qui auraient tout créé d’après les légendes et contes que chérissaient les sans-poils. A présent, même les Dragons affirmaient que leur création venaient de ces êtres inconnus. Mais où étaient-ils maintenant ? Pouvait-on entrer en contact avec eux comme il était possible de le faire avec les Esprits ? Quelles preuves avaient-ils de leur existence si ce n’est par ces histoires et croyances  ? Tant de questions se bousculaient à présent dans son crâne ! Auraient-il assez de temps pour toutes les passer en revue ? Est-ce que le dragon se lasserait avant lui ? Probablement.

« - Les Créateurs du monde, des humains, des elfes et des vampires… en voilà un sacré travail ! Sont-ils aussi ceux qui vous ont créés ou êtes vous le fruit d’autre chose, comme nous ? »

Il fronça légèrement des sourcils alors qu’il s’enfonçait jusqu’à la truffe dans l’eau encore fumante. Il sentait la respiration du dragon créer un mouvement dans le lac qui, de façon fort agréable, caressait son être en vagues lentes. Sa fourrure ondoyait à ce rythme indolent, lavée de la poussière, du sang et de la boue pour chaque remous qui s’échouait dans ses replis angora. Pouvait-on croire que plusieurs Créateurs existaient ? S’il n’y en avait qu’un, alors qui avait tord et qui avait raison ? Avaient-ils tout deux tords et dans ce cas un tiers était engagé dans cette histoire, mais personne n’en connaissait l’existence !? Les théories se bousculaient, mais Purnendu s’efforça de mener une chose à la fois.

« - Jamais nous n’avons entendu parlé de vos Dieux et Déesses avant que vous n’arriviez sur l’Archipel. De nos propres croyances, nous sommes plus une évolution qu’une création à proprement parlé. »

Un vague sourire étira ses babines noires alors qu’il se redressait et ajoutait sur le ton de la confidence :

« - La légende de notre création s’est presque perdue dans le temps, toutefois je suis un Conteur en plus d’être un Guérisseur. Depuis toujours j’ai voyagé sur Paadshaïl, puis sur Netheril ainsi que les autres îles pour trouver chaque tribu graärh et chaque clan nomade afin de récolter les miettes d’un savoir perdu dans les âges, les guerres et les épidémies. Si le mythe de notre naissance est très répandu dans mon peuple, ce que je vais te raconter n’est connu que d’une poignée d’anciens et de quelques particuliers. Ceci est un de mes cadeaux pour te remercier. »

Il marcha d’abord jusqu’à la rive et sortit de son bain pour aller récupérer sa brosse qu’il passa scrupuleusement dans sa fourrure trempée, créant une large flaque à ses pattes le temps de procéder. Une fois le poil lustré et propre, il vint s’accroupir avant de poser les poings au sol et de courber l’échine. Une seconde plus tard et Purnendu s’ébrouait énergiquement dans l’intention de s’essorer. Lorsqu’il se redressa, fourrure en vrac, mais déjà un peu plus en volume, il fixa l’immense dragon d’un œil pétillant. D’une voix profonde et parfaitement rythmée, il entama son histoire ;

« - Il y a très longtemps… au-delà de la mémoire des graärh, lorsque le Ciel n’était qu’une étendue infinie dont les bords ne touchaient jamais la ligne d’horizon, il n’y avait dans sa voûte que les étoiles pour compagnons. Parmi les astres vivaient les Esprits, mais aussi ce que nous appelons aujourd’hui les Smilodons. En cette époque lointaine, ils étaient des créatures éthérées, peut-être étaient-ils eux-même des Esprits, comme Loup et Chouette ou encore Hermine et Saumon… ou étaient-ils eux-même des étoiles ? Leur crinière flottait dans leur sillage comme la traînée poudreuse de ces astres immenses et ils chassaient, couraient et vivaient dans l’infini du Ciel nocturne sans aucun frein à leur liberté. »

Le graärh s’installa près du feu et vérifia la cuisson de sa viande. Satisfait, il la retira du feu et prit une bouchée prudente, sachant que malgré sa faim, il ne devait pas précipiter son repas ou il risquait de tout vomir. Son jeûne forcé avait rendu son estomac bien plus petit et fragile qu’en son habitude ; il allait devoir le ré-habituer à une alimentation régulière et conséquente. Une fois sa bouchée avalée, il reprit avec la même richesse dans le timbre :

« - Un jour, l’un de ces féroces chasseurs voulu s’essayer à une plus grosse proie, à trouver plus de gloire et d’adversité. Ce Smilodon eut l’audace, et à mon sens la stupidité, de s’en prendre à un Esprit ! Aucune version de cette légende n’est précise sur l’identité de l’Esprit, toutefois le résultat reste le même ; le combat fut féroce, mais malgré sa bravoure le Smilodon connu un échec si grand qu’il fut chassé des étoiles même ! Il tomba, telle une traînée de feu, sur Tiamaranta. Sa sublime crinière blanche étincelante fut soufflée comme une bougie, ne laissant qu’une fourrure hirsute le long de son dos... »

Se disant, Purnendu passa une main dans la crinière qui ornait sa propre nuque et son dos, offrant à Kaalys un petit clin d’œil complice par la même occasion. Il savait que les graärh de sa composition étaient les plus proches de leurs ancêtres, les Smilodons. Ils gardaient de nombreux traits communs à ces féroces prédateurs et cela leur insufflait un grand sentiment de fierté, mais aussi de responsabilité. Ils devaient honorer leur origines plus que quiconque.

« - Encore une fois, les versions diffèrent ; certaines racontent que le reste de la meute du Smilodon déchu tenta d’attaquer cet Esprit, que cela soit par pulsion de revanche ou bien pour relever le défi que leur pair avait échoué… Mais personnellement je préfère l’autre version ; celle qui raconte que le fauve isolé sur Tiamaranta se mit à rugir aux étoiles, chaque fois que la voûte se paraît de ses atours nocturnes. Esseulé, frappé de solitude dans cette froide et inconnu, il pleura tant et si fort que sa meute l’entendit au travers des Cieux et en eut le cœur brisé. Ne pouvant l’abandonner, elle décida de descendre pour le rejoindre et ainsi seraient nés les Smilodons tel que nous les connaissons aujourd’hui. »

Il prit le temps de manger quelques autres bouchées prudentes et fit chauffer de l’eau dans une petite gamelle de fer blanc. Il y ajouta plusieurs sachets d’herbes afin de vivifier son corps et son système immunitaire. Lorsqu’il reprit son histoire, ce fut avec les coussinets enroulés autour d’une tasse fumante.

« - Bien des cycles plus tard, les Smilodons eurent bien du temps avant que les Esprits ne s’intéressent de nouveaux à eux… mais cette fois, en des humeurs plus favorables ! Combien d’années, de siècles ou de millénaires étaient passé depuis la chute des puissants fauves célestes ? Nul ne le sait… Fusse-t-il quelques lunes ou bien plus, les Esprits ne semblaient pas garder rancœur envers ces créatures stellaires. Un tribu attira plus particulièrement leur attention, car son comportement dénotait d’une intelligence bien supérieure à la moyenne. Il y avait là un potentiel certain et les Esprit se mirent à les guider. Lentement, mais sûrement, cette meute devint un peuple et il ne fallu pas longtemps pour que les anciens Smilodons ne s’élèvent de manière grandiose. Ils obtinrent le don de la Parole et de l’Écriture, puis de là commencèrent à bâtir une civilisation toute entière. Ce peuple fut nommé Graärh. »

Marquant la fin de son récit, il but une gorgée de son infusion et grimaça à son amertume. Sans se départir de son calme toutefois, il fouilla les tréfonds infinis de la sacoche afin d’en extraire une petite boite de fer blanc dans lequel se rangeaient des rayons de miel coupés en petits cubes individuels. Purnendu en attrapa un entre deux griffes et le plongea dans l’infusion.

« - Ma question, comme tu peux t’en douter est de savoir quelles preuves vous avez de ces Divinités ? Les Esprits… vous les connaissez et vous usez de leur dons. Enfin, pas les Dragons à ce que j’ai pu comprendre, mais les sans-poils le peuvent ! Même ceux qui sont « contre-nature » comme les vampires. Je sais que nos créateurs existent, car nous avons la preuve de leurs bienfaits chaque instant de chaque jour. Mais comment savoir si ce monde est bien la création d’être de consciences et pas un cycle naturel qui se serait formé progressivement ? Dis moi en plus, s’il te plaît. »

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« Selon toute vraisemblance, nous sommes également la création des Déesses. » répondit le dragon sans attendre.

Et les Graärh seraient davantage issus de l’évolution plutôt que d’une création divine ? Cette idée était étonnante et c’était bien la première fois que Kaalys y était confronté. Le jeune saurien s’approcha sensiblement du félin, comme pour mieux entendre la suite de son récit. L’atmosphère détendue et le silence qui régnait dans la grotte étaient deux éléments propices à des confidences. Cela va sans dire, Kaalys était honoré d’avoir la chance d’entendre les légendes du peuple natif de l’archipel. Curieux de nature, le Nacré était même ravi.

Et comment ne pas apprécier un tel récit, conté d’une si belle façon ? Purnendu savait raconter une histoire et captivait l’attention du saurien. Doucement, ce dernier vint poser sa tête sur ses pattes liées devant lui. Seules ses prunelles dorées continuaient de bouger pour suivre les mouvements du Graärh.

Dans son esprit, Kaalys s’imaginait les esprits décrit par le félin. Des créatures éthérées, sans réelles formes, aussi brillantes que les étoiles et dansant sur la toile de l’univers. C’était une histoire bien plus mystérieuse que celle contée par le saurien.

Sur la peinture de son esprit, le Nacré vit le smilodon, une étoile filante, traverser le ciel en laissant dernière lui une trainée incandescente, puis s’écraser sur la terre et s’éteindre aussitôt. Kaalys avait déjà vu pareil phénomène. Parfois, les étoiles traversaient le ciel de la façon décrite par Purnendu. S’écrasaient-elles sur terre, quelque part hors de portée du dragon ? Où étaient-elles seulement de passage ?

Les yeux dorés observèrent la crinière hirsute de Purnendu, celle qu’il tenait de son lointain ancêtre. Il était vrai que, à bien y regarder, les Graärh partageaient de nombreux points communs avec la race de félins géants. Était-ce vraiment le fruit de l’évolution ou simplement un rapprochement fait par les Graärh jadis ? Profitant d’une pause dans le récit du conteur, Kaalys commenta brièvement.

« C’est beau. Moi aussi, je préfère cette version de la légende. »

Le récit était terminé. Kaalys se redressa, bien qu’il demeura allongé. C’était à son tour de répondre aux questions du félins.

« Les Déesses ont existé, de cela j’en ai la certitude. Cependant, je ne puis parler d’elle qu’au passé. Vois-tu, les Déesses ne sont plus. Elles se sont donné la mort il y a quelques années, sous le regard impuissant de plusieurs bipèdes et, même, d’un dragon. »

Kaalys n’était pas né, aussi connaissait-il cette histoire de part les récits qui s’en faisaient. Les noms des malheureux - ou heureux, tout dépendait du point de vue - ayant assisté à cet évènement n’était toutefois pas un secret pour le Nacré. Son ancien Lié, Dawan, avait lui-même était présent.

« Elles avaient passé un contrat avec une entité supérieur nommée Origine. Après avoir régné des éons, ce contrat stipulait leur disparition. Pour respecter ce marché, les Déesses se sont donné la mort avec la seule arme capable de les tuer : l’Épée Astrale. Elles ont ainsi confié le monde à leurs créations. »

Et depuis quelque temps, Kaalys songeait de plus en plus à la place des dragons dans l’ordre du monde. Les bipèdes faisaient preuve, encore et toujours, de la même négligence envers leur existence. La paix n’était qu’une illusion et les conflits toujours présents, même dans l’ombre. Le saurien ignorait comment, mais il voulait voir les dragons apporter paix et harmonie sur la création des Déesses, tels les dépositaires du manteau de responsabilité.

« J'aimerais en savoir davantage sur vos moeurs et vos traditions. Comment se passe normalement la vie d'un Graärh ? Que doit-il faire et ne pas faire ? »

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A mesure qu’il contait les légendes de son peuple au dragon attentif, Purnendu savourait l’intensité du regard qu’on lui accordait. L’orbe d’or semblait être un soleil à lui tout seul, il brûlait du plaisir d’entendre son histoire et rayonnait d’une satisfaction profonde au fait d’acquérir un nouveau savoir. Pour sa part, s’il avait décidé de se faire gardien de la mémoire graärh, c’était en majeure partie pour des raisons personnelles, voire carrément égoïstes, mais aussi parce qu’il adorait faire rêver son auditoire. Chaque fois qu’il ouvrait le museau pour peindre des histoires anciennes, reconstruire des temps oubliés dans l’imaginaire des esprits, il aimait voir le lustre des regards s’enfoncer dans le vague jusqu’à se perdre dans les souvenirs et les rêves longtemps dénigrés au profit d’un matérialisme pragmatique si propre à leur race.

Le compliment, sobre et pourtant chargé de sens compte tenu de son créateur, gonfla le cœur du graärh dont la fierté se rengorgea de la même façon. Un vague sourire ourla ses babines et il accepta ce présent d’un hochement de la tête plus qu’appréciateur. Le lustre de ses orbes d’absinthe pétilla alors qu’il s’allongeait souplement sur le flanc et s’étirait avec tout autant de grâce. Redressé sur un coude, il bu une nouvelle gorgée de son infusion qui, cette fois, ne laissa aucune amertume subsister sur sa langue. Seule la rondeur du miel acheva de lui offrir une digestion confortable après un repas copieux. A la chaleur du feu et du dragon, dans l’ambiance irréelle de l’immense grotte, Purnendu se demandait s’il allait vouloir repartir un jour. Il savait que le temps jouait contre lui, mais il n’était absolument pas pressé ! Il y avait trop de choses à découvrir, tant de choses à apprendre et si peu de certitudes quant au fait qu’il puisse un jour y revenir.

Ce fut au tour de Kaalys de répondre à ses questions et le félin à la couleur de cendre l’observa se redresser par dessus le rebord en fer blanc de sa tasse. Il apprécia le jeu de la musculature et réfréna le besoin d’y passer la main pour la sentir sous ses coussinets. Les yeux mi-clos de contentement dû au confort de sa situation après les éprouvantes épreuves vécues dernièrement, il hocha brièvement du chef pour signaler qu’il suivait le récit sans se laisser distraire. Apprendre que les Déesses étaient mortes lui fit dresser les oreilles, mais il garda le silence quand bien même de nombreuses nouvelles questions se bousculaient en bordure de ses babines. Il fut récompensé de son silence par la suite de cette histoire et la découverte d’une entité supérieure nommée Origine. S’il comprenait bien le sens de ce mot, alors cette divinité serait le cœur présumé de toute chose… et pourquoi pas des étoiles ou des Esprits eux-même ?

« - L’épée Astrale, une arme capable de tuer une Déesse… voilà quelque chose de terrifiant et qui, j’espère, n’est pas aux mains des sans-poils ! »

Le commentaire acide fila avant qu’il ne puisse s’en mordre les moustaches et il eut l’ombre d’un sourire ironique alors qu’il haussait des épaules tout en lapant une nouvelle gorgée de son infusion. Il songea, distraitement, qu’il pourrait essayer d’en infuser un chaudron entier pour Kaalys ! Toutefois, la quantité de ressources serait affolante… Il balaya cette pensée parasite pour se concentrer sur les questions que lui posait à présent le dragon. Le sujet abordé était horriblement vague et il lui fallu du temps pour organiser ses propos de façon cohérente, sans risquer de divaguer et de se perdre dans des précisions inutiles.

« - Nos traditions sont assez simples si nous les comparons à celles des sans-poils. Elles sont exclusivement basées sur l’honneur, l’on peut même dire qu’il s’agit de tout le fondement de notre société. Cette dernière est d’ailleurs matriarcale et si les strates qui la composent sont perméables, cette même question d’honorabilité -si elle est dangereuse dans plusieurs de ses aspects- aura permis d’instaurer une rigueur et une discipline exemplaires au sein de mon peuple. Chaque action est ainsi parfaitement réfléchie, car la honte et le mépris de nos semblables sont des choses que l’on redoute par dessus tout et qui entraînent très facilement au rang de banni que nous nommons « Ashuddh ». »

Il termina son infusion avant de rouler sur le dos en veillant à soutenir sa tête d’un bras afin que ses cornes ne le dérangent pas. Mains croisées sur le ventre, il fixa le plafond constellé de champignons dont les lueurs pâles pouvaient faire penser à quelques constellations fantasques.

« - Si notre sens de la famille n’est pas aussi exacerbé que l’on peut le constater chez les autres peuples, nous avons une profonde possessivité pour nos terres et nos tribus. Dès notre sevrage, qui a lieu au troisième mois, nous sommes récupérés par nos géniteurs qui s’occupent alors de notre enseignement durant six années entières. Au terme de cette période, nous prouvons notre valeur et notre utilité envers la tribu ; si nous nous engageons sur un métier qui met notre vie en danger alors notre honorabilité sera grande et nous serons dans l’une des plus hautes sphères que notre peuple peut offrir. Si au contraire nous nous tournons vers un métier stable, comme beaucoup d’artisans, alors nous sommes dans la strate moyenne si l’on peut dire. »

Il lui coula un regard avec un sourire.

« - Notre confort n’est gagné qu’au prix de nos mérites. Les butins de chasses sont distribués en fonction de ces derniers ; il faut donc œuvrer sans cesse à la pérennité de la tribu si l’on souhaite recevoir de la-dite tribu en retour. Le principe semble évident, surtout pour assurer le bon fonctionnement d’une société, mais c’est généralement plus facilement dit qu’appliqué ! J’ai pu le constater chez les sans-poils… mais pour les graärh, surtout ceux de cette île ; chaque journée est une véritable lutte à la survie. Nous ne pouvons pas traîner la patte en tirant derrière nous des bouches inutiles. »

Les paroles semblaient aussi crues qu’impitoyables, mais Paadshaïl était ainsi ! Elle demandait le meilleur de soi à chaque instant et Purnendu savait très bien le prix à payer à la moindre faiblesse ; sans l’intervention miraculée de Kaalys, il serait mort à l’heure actuelle. Renvoyé aux étoiles pour un aller simple ! Un soupir échappa à sa truffe.

« - Ce qu’il faut faire quand on est un graärh, c’est exactement ce que je viens de t’expliquer : vivre pour sa tribu, exister par son honorabilité. Quant à ce qu’il ne faut pas faire ? Je présume qu’il ne faut pas faiblir à cause d’une blessure à moins qu’elle ne soit causée lors d’un acte de bravoure particulièrement remarquable. Il ne faut pas être malade ou vieillir après une existence moyenne, sans éclats dont les autres pourront se souvenirs et leur permettre de pardonner cette décadence purement naturelle. Il ne faut pas faire preuve de lâcheté, trahir sa parole ou échouer lorsque l’on passe une épreuve pour devenir Naayak. »

Il fit tourner sa main dans un mouvement du poignet qui voulait dire « et cetera ». Il y avait énormément de façons d’être en faute dans leur société et cette liste variait d’une Légion à l’autre pour tout simplifier ! Il n’était pas aisé de faire comprendre combien chaque loi, chaque coutume était née par l’exemple. Une situation avait jadis poussé un peuple tout entier à retenir une bien amère leçon et cet avertissement s’était ensuite légué d’une génération à l’autre.

« - Nous sommes un peuple à la transmission purement orale. Si nous savons lire le graärh, peu savent l’écrire ou en éprouvent le désir. Jadis nous avons commis une faute excessivement grave et avons tourné le dos à une civilisation qui, si j’en crois les rares textes que j’ai pu trouver… ou de ce que j’ai pu en voir récemment, possédait une maîtrise technologique et magique bien au-delà de ce que les sans-poils possèdent aujourd’hui ! »

Il se redressa sur les deux coudes pour le contempler, une ferveur presque fiévreuse logée au fond de ses orbes d’absinthe.

« - Si j’arrive en apprendre plus, je compte bien rendre à mon peuple les armes et le savoir qui lui permettront de se tenir égal à égal avec les autres races. Je doute que l’éducation pacifique soit possible ou alors elle prendra tant de temps et causera tant de sacrifice que je crains qu’elle ne devienne vaine et obsolète avant d’apporter une quelconque équité. »

L’amertume suinta de chacun de ses mots alors qu’il se plongeait dans le silence et méditait sur ce qu’il venait d’aborder. Il ne pouvait savoir dans quel camps se tenait le dragon, mais il lui semblait que mis à part les Liés, aucun des autres grands sauriens n’avaient réellement d’intérêts à prendre parti pour les peuples et leur gestion. N’étaient-ils pas plutôt du genre à rester neutre ?

« - Je pense avoir fais le grand tour… »

Il le regarda de nouveau et ourla les babines en un léger sourire.

« - Ta race possède-t-elle aussi une forme de société, même primitive ? Tu disais venir d’un ancien continent, bien avant l’arrivée des autres peuples ; sais-tu comment vous viviez à ce moment là ? Tribus ou cités à votre taille ? Et… quel est votre rapport vis à vis de la mort ? »

Son expression se fit plus grave.

« - J’ai pu voir à deux reprises des objets rares créés à partir de vos restes et j’ai lu dans un livre qu’il en existait bien d’autres encore ! Imaginer que la même chose soit faite avec des ossements graärh ou humains… me met particulièrement mal à l’aise. Les morts doivent être rendus aux étoiles dans mon peuple, nous brûlons ainsi les corps et leur possession. Qu’en est-il chez les dragons ? »

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L’épée Astrale… elle avait perdu ses pouvoirs, disait on, et n’était plus que le reliquat d’un temps révolu. De l’avis du jeune dragon, c’était pour le mieux : un tel pouvoir, même entre les griffes d’un dragon, n’était certainement pas une bonne chose.

Chassant cette pensée, Kaalys tourna son attention vers Purnendu.

Ainsi, les Graärh basaient leur existence sur l’honneur. Ils n’étaient pas les seuls, songea Kaalys, tandis que l’image d’un Glacernois se dessinait dans son esprit. Mais plutôt que d’interrompre Purnendu pour lui apporter cette information, le jeune dragon garda le silence et le laissa poursuivre. Sa voix aux accents si exotique était fort agréable et berçait doucement la conscience du saurien.

La vie des Graärh semblait être un combat permanent. Pour sa tribu, contre les éléments, les bêtes… Kaalys se mit à admirer la capacité des félins à résister coûte que coûte, plus encore dans un milieu comme Nyn-Tiamat. Vivre ici était déjà une preuve de bravoure, pensa le dragon.

« Vraiment ? Où as-tu vue cet ancien savoir ? » s’enquit Kaalys, véritablement curieux.

Connaître le passer des Graärh était, selon toute vraisemblance, connaître l’histoire de cet archipel. Ou, du moins, une partie de celui-ci. De plus, si cet antique savoir dépassait même celui des sans-poil, Kaalys était plus que curieux de le voir de ses propres yeux. Et de le sécuriser, pourquoi pas… Beaucoup de sans-poils étaient connu pour leur manque de… Discernement.

« Qui veut la paix prépare la guerre. »

La voix était doucereuse. La guerre était parfois inévitable, mais Kaalys ne l’aimait pas. S’il pouvait l’éviter, il le faisait. Entre les Graärh et les bipèdes sans-poil, les tensions étaient plus que palpables, l’esclavage une réalité. La guerre était-elle déjà là, au final ?

« Je suis un partisan de la paix. Mais mes écailles furent, depuis ma naissance, si souvent teintées d’écarlate… » Les orbes dorés caressaient le pelage de Purnendu. « Je crois en l’équilibre. Et l’équilibre n’est guère respecté depuis notre arrivée en ces terres. Peut être pourrais-je aider à rétablir la balance ? »

Comment, quand ? Kaalys l’ignorait. Il se proposait, sans arrière-pensée, sans faire attention. Sa témérité et, surtout, son jeune âge devenait claire avec cette demi-promesse. Aider… Ou, peut être, devenir le dominant afin de s’assurer que tous ces enfants cessent un jour de se quereller?

« Les dragons vivent en nuée. Ce sont des groupes, plus ou moins grand. Des familles, avec leur hiérarchie. Les plus vieux, et donc les plus sages d’entre nous, guident les plus jeunes… Nous n’avons pas de cité, nous n’en avons guère besoin. »

Une pointe de tristesse paraissait dans son intonation. Tout cela, Kaalys l’imaginait. Il ne l’avait jamais vécu et ne le vivrait sans doute jamais… Son coeur se serra douloureusement à cette pensée et il préféra couper court.

« Ceux qui meurent retournent à la terre. C’est ainsi que des bipèdes sont en mesure d’utiliser les ossements pour leur magie… »

Pour certain, c’était une façon de vivre après la mort. D’être utile. Pour d’autres, c’était un affront. Kaalys, pour sa part, était partagé. Si ses ossements pouvaient, un jour, protéger quelqu’un cher à son coeur… alors pourquoi pas ?


La discussion s’étira encore et encore. Kaalys passait d’un sujet à un autre avec aisance. tandis sa curiosité paraissait insatiable. Mais, tandis que la les flammes diminuaient, le jeune dragon ainsi que son invité succombèrent au sommeil réparateur. Purnendu, plus que Kaalys, en avait besoin. C’est pourquoi, sans surprise, que le jeune dragon s’éveilla avant lui. Enroulé sur lui-même tel un chat, sa tête reposant contre ses pattes, le Nacré ouvrit d’abord un œil, puis un autre, et devina la silhouette endormit du félin. Un léger ronflement s’échappait de ses babines entrouvertes.

Aussi délicatement que sa corpulence le lui permettait, Kaalys s’étira comme un chat. Un léger courant d’air, venu des entrailles de la montagne, caressait ses écailles. Les Graärh savaient-ils se qui se trouvaient là-bas, au coeur de la roche ? C’était une question que le dragon se devait de poser à son invité, si tôt que ce dernier serait éveillé. En attendant ce moment, Kaalys raviva le feu d’une gerbe de flammes bleutées.

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La curiosité du dragon le fit légèrement rire, estompant la gravité de ses traits et réveillant dans l’absinthe de son regard un petit pétillement. Toutefois le sujet abordé n’avait rien de plaisant, mais il ne devait pas imposer à son hôte le poids de ses propres échecs et tourments. Ce serait lui rendre une bien triste justice. Il lui devait la vie après tout ! Une dette qu’il n’était pas prêt d’oublier. Il lui devait aussi la vérité aussi Purnendu se plia à leur accord et répondit sans détours.

« - Récemment… et pas plus « loin » que sur Néthéril ! J’ai pu constater combien nous avions régressé et n’étions plus que l’ombre de nous-même. Le plus humiliant fut de le voir au travers des yeux d’un être foncièrement mauvais ; se confronter à l’impuissance et l’incompréhension face à des notions trop vastes et suprêmes. Nous avons volontairement choisi d’oublier ! Nous avons gratté cette honte comme une matière fécale sous le sable pour que personne d’autre ne s’en préoccupe… et tout cela nous revient aujourd’hui droit dans le museau avec les intérêts. »

L’amertume de ses propos lui fit légèrement retrousser les babines, mais il s’ébroua autant physiquement que mentalement pour chasser ces noires pensées. Hors de question de sombrer encore dans la catatonie de ses doutes et regrets. La proposition d’aide du dragon fut d’ailleurs comme un baume sur le cœur tourmenté du félin et il hocha la tête avec une tendresse retrouvée au fond de ses prunelles.

« - Ton aide sera la bienvenue, Dragon Kaalys. Si tu es Seigneur en ces montagnes, peut-être pourrais-tu retenir l’avancée vampirique plus haut sur nos terres ? Nous avions pour habitude de descendre jusque dans les steppes et les abords de la forêt pour les cueillettes estivales, mais avec la présence du peuple de la nuit, je crains que ma race ne confronte une prochaine famine. »

Vivre uniquement de la pêche n’était pas une solution viable sur le long terme. Bien des carences se développeraient et résulteraient fatalement à une faiblesse grandissante des générations futur. La Légion s’était installée sur les côtes du nord, déchirées par les tempêtes et les blizzard à longueur d’année ou presque. Le sol était infertile, bien que les eaux soient riches et généreuses… Beaucoup de troc venait des tribus éparses situées plus au sud, mais depuis deux ans ? Les choses étaient compliquées. Comme si le climat seul de Paadshail ne suffisait pas, il fallait à présent confronter l’esclavage et le racisme.

Heureusement, la conversation dériva sur d’autres sujets. Si le thème était tout aussi sinistre dans sa définition brute, il apportait un autre espoir et une autre perspective. A son tour, Purnendu parla plus en détail de leurs propres rites funéraires et avant qu’il ne le réalise son feu de camps s’était depuis longtemps transformé en un simple tas de braises et de cendres. Ils couvrirent bien des questions, échangèrent bien des idées. Au bout d’un moment, même le bavard guérisseur s’endormit avec la tête bourdonnante et la mâchoire engourdie. Roulé en boule à proximité du dragon, il profitait de la chaleur que les écailles irisées diffusaient et plongea dans un repos sans rêves, bien que réparateur.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se sentait déjà beaucoup mieux. Le trouble de ses Esprits persistait, mais il ne pouvait rien y faire pour l’instant et préféra se concentrer sur ce qu’il pouvait améliorer ; sa santé. S’étirant avec souplesse, il calma les flammes de l’âtre afin de mettre un peu d’eau à chauffer avec quelques boulettes d’herbes séchées pour une infusion revigorante. Pendant qu’elle chauffait, il fit plusieurs exercices d’étirements avant de ramasser une belle part de viande sur un des élans et de se faire une tranche grillée et juteuse. Sentant sur lui le regard du dragon et ce depuis son réveil, le félin attendit d’être installé devant son petit-déjeuné pour lui accorder toute son attention. La question lui vint et il dressa des oreilles avec une surprise non feinte.

« - Mmmh… L’intérieur du Nyn-Daaruth ? Bonne question. »

Songeur, il mâchonna sa viande tout en fixant le fond de la grotte dont la bioluminescence ne parvenait pas à en éclairer les plus petits recoins tant elle était vaste. Il ne se souvenait pas d’un conte ou d’une légende parlant des entrailles de la chaîne de montagne, ni même d’une épopée graärh récente. Un brin dubitatif, il demanda à son tour pourquoi l’écailleux désirait avoir cette connaissance et pondéra un long moment sa réponse. Silencieux jusqu’à la fin de son repas, il s’assura de couvrir les braises avec les cendres, de rincer sa gamelle et sa tasse, puis brossa sa fourrure avant de récupérer dans les tréfonds de la sacoche de quoi s’habiller chaudement. Il se sentait encore un peu patraque, mais une marche dans un environnement tel que celui-là ne devrait pas être un trop gros danger pour sa convalescence.

« - Allons forger notre propre histoire. Qu’en penses-tu ? »

Sourire aux babines, il passa la sangle de la sacoche en travers de son torse et désigna les fonds obscures de la grotte.

« - Fouillons cette zone. Peut-être trouverons nous un accès dans le cœur de la montagne. Je ne doute pas que ce lac soit alimenté par un autre en surface et que la faune se nourris et se renouvelle d’un air extérieur. Avec de la chance, ce ne seront pas des conduits ou des cheminées, mais bien des couloirs et des grottes similaires à celle-ci. »

Prenant les devants de la marche, il observa le dragon dont chaque pas couvrait plusieurs des siens. Il craignait que leur avancée ne soit bloquée à un moment à cause de leur taille respective ; un trop grand gouffre l’empêcherait de poursuivre alors qu’une issue trop étroite mettrait le saurien sur le banc de leur exploration. Une autre idée lui vint et il décida de la partager :

« - Récemment les Sans-Poils se sont rendus compte que l’île de Calastin était creuse ; son sol est une succession de grottes immenses et de tunnels profonds. Ils n’ont pas encore, aux dernières nouvelles, commencés les explorations. Lorsque je suis venu de Netheril par le portail de mes ancêtres, je suis tombé d’abord dans un couloir creusé par les Verres des Neiges, mais j’ai rapidement trouvé mon chemin jusqu’à des cavernes en successions, laissant présager qu’ici aussi le sol de Paadshail est creux ! Peut-être que l’île est tout aussi… aérée. »

Suggéra-t-il avec humour. Si la montagne était aussi troué qu’un rayon de miel, il espérait que la pseudo-ruche ne soit pas pleine de karapt des neiges… ou d’autres Verres en hibernation !

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Le feu crépitait de nouveau et projetait des ombres menaçantes alentours tandis que la lumière bioluminescente semblait se tamiser, comme si les plantes et autres champignons n’aimaient pas cette lumière incandescente.

Une fois éveillé, le félin calma les flammes de l’âtre et étala les braises afin de mettre un peu d’eau à chauffer. Sans un mot, Kaalys l’observait faire et l’analysait : les mouvements de Purnendu étaient plus précis, moins longs. Son corps n’était plus engourdi par les précédents évènements. Il retrouvait la santé et cela avait de quoi ravir le coeur du saurien, dont la tête - immense par rapport au Graärh - reposait sur ses pattes croisées.

« Dis-mois, Purnendu, sais tu ce qui se trouve dans la montagne ? Elle me semble être un gruyère. »

Incertain quant au fait que le guérisseur sache ce qu’était un gruyère, Kaalys lui transmis l’image d’un fromage à la pâte ferme et aux multiples trous. C’était un met que le dragon appréciait, au même titre que plusieurs autres préparations bipèdes qu’il avait eu l’occasion de goûter par le passé.

« Il y a un courant d’air, là-bas, au fond. Et je sais que les Vampires utilisent quelques tunnels, au pied de la montagne. »

Sans un mot de plus, Kaalys laissa Purnendu terminer son repas et brosser sa fourrure. Lui-même avait lavé ses écailles en s’immergeant dans le lac.

« - Fouillons cette zone. Peut-être trouverons-nous un accès dans le cœur de la montagne. »

La montagne d’écailles s’éleva et se dirigea vers le fond de la caverne. Le museau tendu, Kaalys humait l’air et se laissait guider par le courant d’air qu’il sentait caresser ses écailles. Pour l’instant, même les dix mètres de hauteur du saurien se mouvaient sans encombre, mais cela ne saurait durer.

« C’est une bonne théorie. » approuva Kaalys.

Le mur du fond se profilait devant eux, rugueux, couvert de crevasses et de bosses irrégulières. Et il y avait toujours se courant d’air, désormais plus fort, que le saurien suivait comme un chien de chasse sur la trace d’un gibier.

« Il semblerait que… »

Levant le museau, Kaalys ouvrit la gueule et déversa une gerbe de flammes bleutée à même la roche. Cela fragilisa la pierre et permit au dragon, d’un puissant coup d’épaule, de se frayer un passage plus avant. Toutefois, il fut vite contraint de s’arrêter, car la hauteur sous plafond s’amoindrissait.

« Mmh. J’ai une idée. Reste ici. »

Rebroussant chemin jusqu’à ne plus se sentir à l’étroit, Kaalys s’allongea de toute sa longueur et laissa ses paupières se clore tandis qu’il puisait dans sa magie. Juste devant son museau posé à même le sol, la roche commença à se mouvoir, comme liquide, et se façonner en une statue bipède. Plus les secondes passaient, plus la roche prenait la forme d’un Graärh.

L’étrange création s’anima soudainement, tandis que Kaalys semblait définitivement s’endormir, et parcouru à grandes enjambées la distance qui le séparait de Purnendu. Son apparence avait l’air en tout point réelle : le brillant du poil, la fourrure épaisse, les moustaches, les yeux brillants et remplit de vie… En écho à la couleur de ses écailles, le saurien était devenu un félin blanc aux yeux dorés.

« N’aie crainte, ce n’est que moi. »

Articuler n’était pas quelque chose de commun pour un dragon. Le son qui sortit de la bouche du Graärh draconique avait quelque chose de caverneux, de rocailleux et semblait plutôt émaner de tout son être. Face aux questions que Purnendu devait se poser, le saurien reprit :

« Ma magie me permet de modeler la matière pour créer un avatar. Ensuite, j’y transfert ma conscience. »

Et sans aucun doute, le Graärh aurait d’autres questions sur ce sortilège. Des interrogations auxquelles Kaalys répondrait. Cependant, s’il y avait une chose à laquelle le dragon n’avait pas pensé, c’étaient les vêtements. Les bipèdes se couvraient tous de bout de tissu, de cuir ou de métal inutiles… ce dont le saurien n’avait bien évidemment pas l’habitude. Son avatar était donc nu, bien qu’aussi poilu que Purnendu.

« Peut-être aurais-je dû garder mes ailes. »

Dit-il en passant sous le nez du guérisseur qui faisait désormais la même taille que lui.

Kaalys s’avança de nouveau dans le trou qui l’avait bloqué toute à l’heure. Le plafond était bien haut au-dessus de sa tête, à plusieurs mètres, aussi ne risquait-il pas de s’y cogner. Avec prudence, et en silence grâce à ses coussinets, le saurien devenu félin s’approcha d’une grosse stalagmite et y posa sa patte griffue, avant de se pencher.

« Ce courant d’air… Il vient de là. »

Face à lui s’ouvrait une faille dans la roche, assez grande pour les laisser passer. Kaalys darda son regard sur Purnendu, qui se trouvait juste derrière lui.

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Marchant à bonne allure, Purnendu était parfois forcé d’engager un pas de course léger, ne faisant pas de bruit sur le sol de roche alors que ses coussinets amortissaient son poids et lui permettaient de bondir sur les rochers et aspérités qu’il confrontait. Il se savait ne pas être le plus agile, ni le plus rapide de leur race, mais il avait confiance en son endurance et continua son jeu d’obstacle jusqu’à voir le saurien s’immobiliser. Tout deux avaient suivis le courant d’air à leur façon ; l’un avec l’odorat tandis que l’autre usait de la caresse sur sa fourrure et ses vibrisse pour capter jusqu’au plus petites brises étouffées par toute ces tonnes de pierre et de neige. Malheureusement, leur petite expédition sembla connaître une fin plus précoce qu’il ne l’avait tout d’abord craint.

Après avoir assisté à un spectacle aussi sublime que terrifiant par une gerbe de flammes bleutées et le forçage d’une entrée trop étroite, Kaalys fut contraint d’admettre sa défaite face à la résilience dont faisait preuve la montagne. Quelque peu déçu, Purnendu lui posa une main sur les écailles de la patte avant et observa le couloir qui continuait dans une obscurité partielle, éclairé de ci et de là par quelques champignons que les flammes n’avaient pas englouti. Il en était à se demander s’il ne serait pas judicieux qu’il avance seul pour l’occasion, même si l’idée ne lui plaisait pas plus que cela il fallait l’admettre. Le grand saurien avait semblé tout aussi enthousiaste à découvrir l’intérieur du Nyn-Daaruth ; exécuter la découverte seul semblait à présent égoïste.

Tout à son dilemme, il sentit la puissante musculature sous sa paume se mettre en mouvement et s’écarta de plusieurs pas afin de laisser au dragon la place de manœuvrer sa marche arrière. Connaîtrait-il mieux la créature qu’il se serait permis une remarque amusée, mais le félin préféra garder sa taquinerie au couvert de ses babines et d’un silence respectueux. Il ne voulait pas finir comme l’élan de la veille ou pire : jeté dans le froid extérieur à cette altitude ! Attendant donc dans la pénombre, Purnendu s’étira et fit quelques exercices d’échauffements dans le cas où ils seraient confrontés à de l’escalade. Il en était à faire rouler ses épaules massives lorsque la voix de Kaalys lui parvint.

La voix !?

Le félin couleur de cendre fit un volte face rapide et se confronta à une création qu’il n’aurait jamais cru possible. Comme frappé par la foudre, il resta parfaitement immobile avec les pupilles rondes comme des soucoupes qui mangeaient tout l’absinthe de ses iris. Babines gonflées et queue hérissée qui avait facilement doublé son volume… Son cerveau peinait à déchiffrer ce que ses sens percevaient : devant lui se tenait un graärh athlétique à la fourrure blanche poudrée de nacre sur les épaules, l’échine et quelques éclats se retrouvaient sur son faciès racé, typique des tribus de Netheril. Le souffle coupé, les oreilles de Purnendu tiquaient et bougeaient en tout sens afin de capter les plus subtiles nuances dans les notes de cette voix profonde qui lui donnerait presque des frissons s’il ne possédait pas un tel sang froid.

« - Je vois… les dragons sont définitivement plein de… hum… de surprises. »

Sa langue manqua de fourcher et il s’ébroua vivement pour chasser les restes de sa stupeur. Son regard ne pu s’empêcher toutefois de couler sur la silhouette du félin depuis le bout de ses pattes jusqu’à la pointe de ses oreilles rondes et un profond soupir échappa aux babines du cendré qui ouvrit sa sacoche pour fouiller son intérieur insondable. Sortant une veste et des braies taillées à la morphologie graärh, il les tendit à l’avatar de Kaalys avec une lueur amusée dans les prunelles.

« - Pas que nous en raffolions nous-même et je ne sais si tu ressens la douleur ou même le froid avec cette enveloppe, mais ces vêtements te protégeront au moins des bords escarpés. »

Et ainsi il serait surtout moins distrait par la plastique de son nouveau compagnon d’exploration. La remarque sur les ailes lui arracha un rire profond, lacé d’un ronronnement incrédule alors qu’il secouait de la tête de droite et de gauche.

« - Et me laisser derrière ? Certainement pas. »

Il le rejoignit, veillant à ne pas attarder sa vue sur la croupe que l’autre lui offrait sans pudeur… une notion surtout reliée aux sans-poils, mais qui avait aussi une certaine valeur dans des conditions bien précises pour eux autre… comme présentement. Avec un soupir, Purnendu se passa une main sur le visage et laissa sa paume rêche glisser le long de son museau jusqu’à couvrir sa truffe et ses babines pour y cacher un sourire un brin blasé. Par tous les Esprits… Il devait se rappeler que ce n’était qu’une illusion et que le véritable corps de l’être près de lui était un saurien ailé de dix mètres de haut. Restant quelques secondes immobile, il finit par se pencher à son tour et observa la brèche.

« - En effet. Allons-y. »

Il proposa de prendre les devants afin que Kaalys puisse s’habituer à son corps d’emprunt sans avoir en plus à gérer leur avancée. Marcher sur deux pattes devait probablement le changer aussi le cendré comptait jouer les éclaireurs, en tout cas pour la première partie de leur exploration. Passant la faille, il garda une main pressée sur le mur à sa droite et avança avec prudence. De la patte, il déblayait parfois le sol de quelques débris ou prévenait simplement le dragon derrière lui d’un quelconque obstacle. Il avancèrent ainsi plusieurs minutes avec la nette impression d’entamer une pente de plus en plus raide. Progressivement, l’étroit conduit vint à s’élargir et ils purent marcher tout deux de front. Humant régulièrement le sol et les parois, Purnendu s’assurait de ne pas capter le parfum caractéristique d’un vers des glaces, ce qui serait alors réellement fâcheux. Heureusement, il semblait qu’ils soient encore trop haut pour que les prédateurs y trouvent résidence.

« - Un embranchement. Les choses se compliquent déjà... »

Il pencha la tête de côté et observa les trois couloirs qui s’offraient à eux. Celui de gauche semblait aussitôt prendre un virage serré et ne comportait pas de courant d’air. Celui du milieu continuait de descendre et soufflait à leur museau une brise diffuse et froide. Le dernier couloir, tout à droite, semblait s’enfoncer en ligne droite et à une altitude égale.

« - Je partirai sur celui du milieu. Et toi ? »

Le félin ouvrit une fois de plus sa sacoche et fouilla l’intérieur jusqu’à sortir un petit pot contenant un baume blanc simplement fait de graisse animale, de calcaire réduit en poudre et des champignons bioluminescents trouvés dans la Gorge du Monde. Il en amassa une généreuse noisette sur le bout de ses coussinets et marqua une roche à hauteur de museau dans le couloir duquel ils venaient. De cette façon, ils retrouveraient leur chemin dans ce qui semblait devenir une véritable labyrinthe ou, comme le lui avait appris un peu plus tôt Kaalys ; un véritable gruyère. La marque n’était toutefois pas mise en pleine évidence, elle était habilement glissé dans un creux de roche et n’était visible que sous un certain angle. Purnendu ne voulait pas faire une piste toute tracée si jamais des vampires rôdaient effectivement dans les entrailles du Nyn-Daaruth.

« - Voilà, il me suffira de marquer les autres embranchements. Nous pourrons aussi marquer les couloirs qui se finissent en cul de sac ou ceux dangereux... »

Il s’essuya les coussinets avec un bout de chiffon, ferma le pot et rangea son matériel avec beaucoup de soin.

« - Alors, lequel tentons-nous ? »

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Kaalys n’avait pas conscience du trouble que sa nouvelle apparence provoquait chez Purnendu. Comment aurait-il pu ? Il restait un dragon, avec des goûts de dragon. Dans sa tête, il était donc impossible que son vis-à-vis ressent du désir pour lui, à présent qu’il marchait sur deux pattes.

Avec nonchalance, Kaalys s’approcha donc et, une patte sur les hanches, observa Purnendu fouiller dans ses affaires. Qu’avait-il donc oublié ? Se demandait-il. Mais, tout compte fait, ce n’était pas pour lui-même sur le guérisseur cherchait quelque chose, mais bien pour Kaalys. Ce dernier saisit les effets tendu par son vis-à-vis et les observa sans comprendre. Que devait-il faire de ces bouts de tissus ? L’explication lui vint rapidement et le saurien redressa le museau.

« Ce corps est de pierre. » Lui dit-il. « Lorsque je créais un avatar, il a la solidité de la matière utilisée. Je ne crains donc pas les bords escarpés. »

Et il n’avait donc nullement besoin de vêtements, puisqu’il s’agissait de cela. Toutefois, après un dernier regard sur la personne de Purnendu, Kaalys songea qu’il était peut-être préférable de les porter malgré tout, ne serait-ce parce que les bipèdes avaient une notion différente de la pudeur... Sans un mot, donc, le saurien passa les vêtements. Les braies lui causèrent aussitôt quelques problèmes, car il les mit d’abord à l’envers et c’était inconfortable. En ronchonnant, Kaalys fut donc obligé de se déshabiller une nouvelle fois et de recommencer. Il lassait la ficelle qui retenait le tout sur ses hanches lorsqu’il desserra les mâchoires.

« Vous, bipèdes, vous infligez des tortures inutiles. »

La veste était un habit bien plus simple et pratique, jugea Kaalys, tandis qu’il la passait sur ses épaules musclées et l’ajustait avec une cordelette. S’habiller avait pris un bon dix minutes, mais ils pouvaient enfin avancer dans le tunnel !

Purnendu se proposa de passer devant, ce que le saurien accepta, et ils se mirent en marche. Leurs facultés visuelles leur permettaient d’avancer sans avoir besoin de lumières supplémentaires, une vraie chance, car cela leur permettait également de profiter de la beauté bioluminescente des grottes. Le courant d’air se faisait, quant à lui, toujours sentir tandis que la pente devenait plus raide. Kaalys du également poser une patte sur la paroi pour ne pas glisser.

« Je me demande de combien de mètres sommes-nous descendu. »

Sa voix n’était qu’un murmure dont l’écho rebondissait sur les parois et se propageait au loin. Quelqu’un ou quelque chose pouvait-il l’entendre ? Kaalys vint marcher à la droite de Purnendu tandis que le chemin s’élargissait, rendant l’atmosphère moins lourde. Le dragon était une créature du ciel, pas de la terre, et se retrouver enfermer sous des tonnes et des tonnes de roches lui procurait des sensations nouvelles et pas forcément très agréable... Ce qui était idiot, finalement, car son corps était bien à l’abri là-haut et la destruction de son avatar n’était pas très grave car il n’en mourrait pas.

« Suivons le courant d’air, il nous assure une sortie. » Approuva Kaalys. Tandis que Purnendu marquait leur route, le jeune dragon s’avança de quelques pas.

Le vent qui faisait légèrement bouger ses moustaches était froid. Il lui parvenait également quelques senteurs de l’extérieur, telle celle de la neige ou encore du sapin. Ces odeurs rassuraient Kaalys, qui prit définitivement les devants tandis que la piste s’inclinait sous ses pattes. La pente était toutefois moins raide qu’auparavant.

Ils marchèrent dans un silence relatif pendant une dizaine de minutes. Seul l’écho de la roche, lorsqu’ils faisaient bouger de petits cailloux, troublait la paix des lieux. Puis, soudainement, la piste s’arrêta. Kaalys se retint contre la paroi in extremis et s’évita une chute potentiellement douloureuse. Il s’ébroua pour chasser les frissons qui le parcouraient et se pencha avec précaution. La bioluminescence était moindre, ici, aussi ne voyait-il pas le fond de ce qui pouvait être un vrai gouffre.

Souhaitant en avoir le cœur net, le jeune dragon se pencha et saisit une petite pierre. Il la soupesa, puis tendit le bras au-dessus du précipice et laissa tomber la roche. L’oreille tendue, il attendit que la pierre rencontre le sol en un ‘poc’ sonore.

« C’était rapide. Je ne pense pas que ce soit très profond. Toutefois, je ne m’y risquerais pas à sauter sans savoir comment est le sol en bas. As-tu une corde dans ta besace ? Ou quelque chose pour nous éclairer si nous devons descendre sans ? »

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Un corps... de pierre ? Purnendu se révéla un instant sceptique et, ne pouvant plus contenir sa curiosité dévorante, il posa une main sur l’épaule du golem afin de constater de lui-même que sous la fourrure rase se trouvait effectivement une musculature semblable à du marbre vivant. Sous l’effet de la surprise, ses quatre oreilles se dressèrent et il pencha un peu la tête de côté tandis qu’il laissait ses doigts couler le long d’une clavicule, puis s’arrêter au dessus d’un cœur qui ne battait pas. La stupeur laissa place à la fascination et il approcha sa truffe pour humer le parfum corporel de la création, mais n’y retrouva que l’humus du sol et l’âpreté d’une roche récemment retournée.

Lorsqu’il se recula ce fut avec un sourire aux babines et il secoua la tête avec incrédulité, mais aussi un émerveillement presque candide. La magie était une pratique peu appliquée dans son peuple aussi chaque fois qu’il s’y confrontait dans ses arcanes les plus subtiles et puissantes, elle le mettait dans un état de fascination terrifié. Ce qu’elle pouvait faire le rendait prudent, voire lui insufflait une réluctance viscérale lorsque l’on savait ce que les mauvaises personnes pourraient en faire et en avaient déjà fais si l’on écoutait l’histoire des nouveaux peuples.

« - Je reconnais que les sans-poils s’habillent surtout par coquetterie. Nous autres, graärh, préférons simplement nous protéger... surtout considérant notre environnement ici à Paadshail. »

Nullement vexé, voire même carrément amusé, Purnendu pouffa alors que l’autre semblait avoir des difficultés à mettre quelques vêtements. Il ne vint toutefois pas l’aider et se contenta d’attendre que le dragon fasse 2+2 de lui-même. Froisser l’orgueil d’une créature de dix mètres et crachant du feu était bien la dernière chose qu’il désirait. Une fois qu’ils furent à nouveau apte à poursuivre leur petite aventure, le félin à la couleur de cendre s’avança en premier. Lorsqu’il arrivèrent donc à cet embranchement et qu’il eut terminé de marquer leur chemin de symboles cryptés, il posa les mains sur ses hanches et contempla les nombreux choix qui s’offraient à eux. La proposition lui allait parfaitement et il hocha du museau pour marquer son approbation.

« - Espérons simplement que ce ne soit pas une cheminée d’air. »

Il expliqua, tout en reprenant la route, ce qu’était l’effet de la circulation d’air par effet de cheminée, le tout causé par l’évolution d’un régime thermique lors d’éboulis à la surface avec la circulation d’un courant lors de l’été puis de l’automne, et enfin du maintient du-dit courant d’air l’hiver à cause de la neige formant une sorte de capuchon à la surface. Le graärh semblait adorer exposer cette thèse, véritablement passionné par tous les mystères que ce monde avait à offrir, malheureusement le fond général de son cour n’était pas réjouissant car cela impliquait qu’il y avait des chances pour qu’ils ne trouvent aucune sortie, seulement le leurre d’un circuit d’air pris dans ses propres pressions atmosphériques et formant un grand cercle clos d’aller et retour…

Sa voix profonde et douce se répercutait sur les parois rocheuses avec quelques échos fugaces, mais il s’arrêta de parler lorsqu’il capta l’odeur subtile des sapins et d’une neige fraîche ce qui n’arriverait pas si l’air captif depuis des mois tournait en boucle dans ce labyrinthe de tunnels à la mousse et aux autres champignons humides. Sa fourrure se gonfla d’excitation et il pressa instinctivement le pas pour ne pas se laisser distancer par l’avatar de Kaalys, mais aussi atteindre au plus vite cette sortie miraculée. L’air de rien, marcher sous des tonnes de roches ne le rassurait pas et l’ouverture infinie du ciel lui manquait déjà cruellement. Ils marchèrent ainsi de nombreuses minutes, le silence relatif seulement brisé par le bruit fugace de leurs coussinets sur des gravas qui roulèrent et rebondirent sur cette pente interminable.

« - Un soucis ? »

L’arrêt soudain de son compagnon d’exploration lui fit dresser les oreilles et il s’approcha avec prudence avant de s’accroupir au bord de ce qui ressemblait à un gouffre. Sa vision nocturne ne lui permettait pas de voir le fond alors Purnendu leva le museau vers le plafond, mais ne distingua rien de plus pour l’éclairer sur le lieu où ils se trouvaient. Il voyait la silhouette d’un stalagmite, il y avait aussi de larges colonnes de roches et les parois proches se couvraient d’une bioluminescence éparse. Il fronça les sourcils et s’arracha à sa contemplation pour observer le dragon sous forme féline et observa à son tour le gouffre alors qu’il tirait sa besace devant lui de sorte à pouvoir l’ouvrir sans avoir à se contorsionner.

« - Je dois avoir une lanterne et une corde. Nous pouvons l’allumer et la descendre pour sonder le fond. Je ne voudrais pas réveiller autrement un possible nid de verres des neiges... »

Cette seule idée lui donnait des frissons ! Il préféra d’ailleurs poursuivre dans un murmure :

« - Je ne pense pas que nous venons d’emprunter l’un de leur tunnel. Les parois ne sont pas assez lisses et le sol ne se marquait pas de leurs empruntes, mais… mais restons prudents. »

Il grimaça à la seule idée de devoir fuir ou combattre un de ces terribles prédateurs. Si Kaalys ne craignait « rien » avec cet avatar, lui n’avait qu’une seule vie et il y tenait ! Ivanyr ne lui pardonnerait pas de mourir aussi bêtement et lui-même n’avait pas envie de voir un mage vampirique transformer chaque trou et tunnel de l’île en un brasier de flammes… S’ébrouant, Purnendu tira donc de sa sacoche une lanterne-tempête qu’il alluma en embrasant l’extrémité de ses griffes de petites flammèches, puis il attacha la corde de dix mètres à l’anneau qui ornait son extrémité supérieure.

« - Bien… croisons les pattes ! »

S’allongeant sur le ventre, il tendit les bras au-delà du gouffre et fit lentement descendre la source de lumière. La flamme, nichée au cœur de sa graisse de phoque, ondoyait paresseusement diffusait une lueur chaude qui à son tour se reflétait contre les panneaux d’étain polis. La descente parue durer une éternité car Purnendu l’interrompait dès qu’il entendait un écho, aussi infime et lointain soit-il. La fourrure sur son dos était hérissée, tout comme sa queue qui semblait avoir doublée de volume. Enfin, lorsque la lampe toucha le fond, ce ne fut qu’à huit mètres de profondeurs et créa un petit éboulis de graviers qui s’écoulèrent dans un surface d’eau jusque là invisible. Les remous causés scintillèrent dans le cône de lumière qu’apportait la lanterne et doucement, tout doucement, les scintillements semblèrent se propager en une multitudes d’éclats semblable à une traînée d’étoiles filantes.

« - Sitaara... »

Murmura Purnendu avec une expression conquise d’émerveillement et de ravissement. Il se redressa sur les coudes et afficha un large sourire béat tandis qu’il contemplait la danse mirifique de ces minuscules poissons. La lueur du feu venait de les éveiller et ils tournoyaient en un banc compacte tout autour du faisceau sur la rive avant de disparaître quelques temps dans les profondeurs glacées de ce qui se révéla être un petit lac souterrain. Le graärh se redressa totalement, épousseta ses vêtements et sécurisa la corde pour pouvoir s’en servir lors de sa descente. Avant de jouer d’escalade, il fit face à Kaalys sans se départir de sa bonne humeur.

« - Pour qu’ils aient cet éclat, il doit y avoir un courant souterrain qui mène directement à la surface, quelque part. Ces poissons sont… Ils sont très rares, farouches et certaines tribus pensent même qu’il ne s’agit que d’un mythe. Certains pensent qu’ils sont les restes de la crinière du tout premier Smilodon tombé des étoiles, qu’ils sont le vestige de cette traînée d’étoile qui caractérisait nos ancêtres jadis. D’autres croient que les Sitaara sont les cendres de nos proches, restés sur Paadshaïl après s’être décrochés des étoiles afin de continuer à veiller sur nous. »

Son sourire se fit plus large, révélant ses huit canines courbes et féroces. Toutefois l’émerveillement dans ses yeux d’absinthe rendaient l’éclat de sa dentition inoffensive tant il respirait la candeur. Les Contes de son peuple, leurs sources et secrets ; Purnendu était incapable d’être objectif lorsque l’on touchait à un aspect aussi merveilleux de sa culture.

« - Viens, je veux te les montrer de plus près ! »

Et il entama sa descente sans plus attendre. Grâce à la lanterne, ils avaient pu constater que le fond de ce gouffre était fermé de toute part et qu’il faudrait en escalader l’autre versant s’ils désiraient poursuivre leur étude des tunnels. Plus tard, peut-être viendrait-il y construire un pont de corde afin de ne plus déranger le repos des Sitaare, mais pour cette fois uniquement ? Il voulait montrer à Kaalys l’une des plus belles choses que son île possédait. Approchant avec lenteur de la rive, il fit signe au félin de pierre de s’approcher. Il lui demanda le silence par signe et sortit une serpe de sa sacoche. Penché au dessus de l’eau, Purnendu S’entailla un doigt pour faire couler aussitôt un filet rubis de sang et plongea l’appendice blessé dans l’eau glacée. Un frisson secoua sa fourrure et il eut une petite grimace à la morsure du froid, mais il se refusa à bouger et se mit à patienter… et patienter. Une à deux minutes s’écoulèrent de la sorte sans que rien ne se passe, puis avec des éclats furtifs et encore farouches, le banc de Sitaara s’approcha de la rive en ce chatoiement hypnotique.

Les poissons brillaient comme autant de minuscules poussières d’étoiles ou d’éclats fugaces d’un soleil pâle. Les plus gros ne dépassaient pas la taille d’une phalange de petit doigts et tous arboraient de longues et fines nageoires d’un bleu sombre tandis que leur tête se paraient d’un bleu pâle presque nacré. Ils étaient vifs, craintifs, mais ils étaient certainement attirés par le sang du graärh et s’agglutinèrent bien vite autour de la blessure. Le foisonnement fit clapoter l’eau, renvoyant sur les deux silhouettes penchées un miroitement liquide fantasque et superbe. Le félin observait cet attroupement avec de grands yeux aux pupilles dilatées par l’excitation et la joie. Il fallu quelques minutes pour qu’il retire son doigt et ne cause la dispersion du banc de Sitaara, replongeant la rive dans la seule chaleur projetée par la lanterne à quelques pas.

« - Regarde. »

Il montra son doigt où ne subsistait aucune trace de la coupure. Sourire aux babines, Purnendu pouffa de rire avant de s’essuyer la fourrure contre le revers de son haut.

« - Ils ont de nombreuses propriétés dans mon peuple ; leur carcasse permet de créer une pigmentation blanche qui possède les même propriété de luminescence. Mais je les connais principalement pour ce que je viens de te montrer : ils peuvent désinfecter des plaies et même les soigner… malheureusement, il est presque impossible de les garder en vie en dehors de leur point d’eau de naissance. »

Purnendu se releva et s’étira alors qu’il approchait de la lanterne pour la décrocher de la corde et la tenir en mains.

« - Je sens le courant d’air venir de l’autre rive. Tu te sens de poursuivre ? »

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L'exploration s'arrêtait face à un précipice et pour l'heure, impossible de continuer sans le matériel adéquat. Toujours accroupi face au vide, Kaalys stabilisa sa position en posant sa patte droite devant lui, puis imita Purnendu en levant le museau. Dans la pénombre, il distingua la silhouette de plusieurs stalactites ainsi que de colonnes rocheuses qui, peut être, soutenaient la voûte au-dessus de leur tête. La bioluminescence n'était pas, malheureusement,  assez concentré pour apporter suffisamment de lumière et lever le voile du mystère. Kaalys se redressa afin de laisser la place à son acolyte. Le Graärh avait, semblait-il, tout ce qu'il fallait dans cette besace d'apparence si simple. Le Dragon n'était guère matériel, mais il avouait bien volontiers que cela était fort utile.

- Tu as raison.

Kaalys ne ressentait pas le danger de la même façon, mais il pouvait aisément se mettre à la place de Purnendu et comprenait que ce dernier se montre particulièrement prudent. De plus, même si la destruction de ce corps ne pouvait tuer le dragon, ce dernier n'avait guère envie de voir les vers de glaces de prêt : avec sa petite taille, il sentait une pointe d’appréhension naître dans sa poitrine et se répandre, traîtresse, jusqu'au bout de ses membres. Ou était-ce la peur de l'inconnu ?

Kaalys ne comprit pas ce que Purnendu voulait dire par "croiser les pattes", mais il espérait sincèrement que son petit stratagème serait suffisant. Puis, en le voyant s'allonger pour tendre les bras au-dessus du vide, le saurien s'agenouilla et posa ses pattes sur les chevilles du Graärh afin de prévenir une éventuelle chute, même si cela était peu probable. À plusieurs reprises durant la descente de la lanterne, le Dragons prit la queue touffue de son ami dans le visage. Sous l'effet de l'appréhension, celle-ci avait doublé de volume et le saurien en était fort impressionné bien que les poils sur sa langue n'étaient pas très agréables.

- Sitaara ? Répéta le Dragon sans comprendre. Depuis sa position, Kaalys ne pouvait voir le fond du ravin. Dans le cas contraire, sans doute aurait-il fait le rapprochement entre ce mot et les scintillements dans l'eau.

À son tour, le Nacré se redressa. Contrairement à Purnendu, il ne prit pas la peine d'épousseter ses vêtements et s'approcha dangereusement du bord, où il se pencha. À ce moment précis, il comprit la raison de l'émerveillement de son compagnon et se tourna vers ce dernier, ses prunelles d'or brillante d'excitation. Découvrir de nouvelles choses étaient toujours un plaisir, surtout lorsque cette chose nouvelle était si belle !

Kaalys saisis la corde après son ami et entreprit de descendre doucement le long de la presque pente verticale. Lorsqu'il arriva en bas, ses pattes rencontrèrent la pierre, dure, lisse et humide. Fort heureusement, elle ne semblait pas glisser et le Dragon s'approcha doucement de la rive à la suite de son compagnon, dont il observa le manège sans comprendre. Puis les secondes s'agrainèrent sans que rien ne se passe et Kaalys observait Purnendu d'un air circonspect.

Du moins, jusqu'à ce que l'eau commence à briller. Les lumières attirèrent aussitôt le regard du Dragon, dont les prunelles s'agrandirent sous la surprise. À quatre pattes, la queue en l'air, le Graärh de pierre se pencha jusqu'à ce que sa truffe se trouve à quelques centimètres de l'eau et du doigt blessé de Purnendu. Là, il observa patiemment le manège des petits poissons qui semblait apprécier le goût du sang. Cela avait quelque chose s’épeurant, songea Kaalys, mais ce sentiment s'éclipsa dès que le guérisseur lui présenta sa patte. Plus aucun signe de blessure, pas même une fine cicatrice ! Les Sitaara avaient, semblait-il, guérit la plaie par leur simple contact.

Toujours à quatre pattes sur la rive, Kaalys se redressa et s'agenouilla.

- Ce sont des créatures magnifiques, commenta le jeune dragon. J'imagine que leurs capacités de guérisons sont bien utiles pour ton peuple qui vit dans des conditions si rudes. Sans parler de la mythologie qui les entoure.

Un bain avec ces poissons pouvait sans doute être salvateur pour les guerriers, les chasseurs ou même n'importe quel Graärh blessé par la vie sur l'île.

- N'y a t-il pas quelque chose à faire en prélevant de l'eau issue de leur lieu de naissance ? Un élément à isoler dans celle-ci ?

À son tour, Kaalys se redressa. Ses questions lui paraissaient soudainement bien naïves. Si Purnendu lui disait tout cela, c'est que son peuple avait déjà essayé...

- Allons-y.

Du regard, Kaalys inspecta les environs. Avec la lanterne, il discernait mieux son environnent. Purnendu et lui-même se tenaient au fond d'une cuvette dont les bords étaient presque verticaux. Le point d'eau ne représentait qu'un quart du fond de la dite cuvette, le reste étant composé de cette pierre lisse et légèrement humide. La profondeur de l'eau semblait s’accroître vers le pourtour de la grotte et laissait donc présager la présence de galeries immergées. Toutefois, l'eau était glacée et si Kaalys n'en redoutait pas la température, ce n'était pas le cas de Purnendu. Ce dernier avait d’ailleurs senti un courant d'air, il devait donc y avoir une issue un peu plus haut dans la paroi. En prenant garde à là où il m'était les pattes, le saurien s'approcha du bord opposé à leur descente et leva le museau lorsqu'il se retrouva truffe à truffe avec un mur. Grâce à la lanterne, dont la lueur était pourtant vacillante, Kaalys fini par repérer un trou dans la paroi, à environs quatre ou cinq mètres au-dessus de sa tête.

- Puis-je avoir la corde ?

Prenant son courage à deux pattes, Kaalys se retroussa littéralement les manches et entreprit d'escalader la paroi, le cordage barrant son torse. Celle-ci n'était pas toute lisse contrairement au fond de la cuvette et présentait donc de nombreuses prises qui facilitèrent la tache du Graärh de pierre. Puis, au bout de quelques minutes, sa patte rencontra le vide et Kaalys manqua de tomber en arrière. Seuls ses réflexes lui permirent d'éviter la chute, mais pas une grosse frayeur. Une fois hissé sur la corniche, le jeune saurien découvrit l'entrée d'un nouveau boyau, la suite de leur chemin.

- Nous avons de la chance, ce tunnel est assez grand, dit-il tandis qu'il fixait la corde à une stalagmite. Tu peux grimper, la corde est bien attachée.

Tandis que Purnendu le rejoignait, Kaalys se tourna vers l'entrée du tunnel et en inspecta l'ouverture. Celle-ci lui semblait très carrée pour une cavité naturelle et, sans un mot, il fit glisser sa patte contre la pierre. Celle-ci rencontra plusieurs aspérités.

- Je me demande si... Si ces tunnels n'ont pas été agrandis par les tiens. Depuis que nous avons quitté mon nid, nous ne sommes pas tombés sur un seul boyau trop petit pour nous. Je pensais que nous avions de la chance, mais... On dirait qu'il y a des symboles gravées dans la roche, juste ici. Peux-être que ton peuple passait par ces tunnels, autrefois, pour gagner du temps et se protéger du froid, des intempéries ou des prédateurs.

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Il fut heureux de voir Kaalys s’émerveiller du spectacle et une part de lui fut tentée de le pousser juste ce qu’il fallait pour le faire tomber à l’eau… mais le dragon ne méritait pas une telle farce et à la place Purnendu se contenta de le couver d’un regard attendri, mais aussi doté d’une once de fierté. Ce n’était pas tous les jours que l’on apprenait quelque chose de nouveau à un dragon. S’accroupissant avec lui sur la rive, il prit le temps de pondérer sa question et finit par secouer négativement de la tête avec une expression désolée. Si son peuple avait un jour cherché à isoler quoi que ce soit dans l’eau des poissons pour déterminer quel élément rendait leur survie possible, alors ce savoir s’était certainement perdu dans les âges avec beaucoup d’autres connaissances ! Une véritable calamité pour le graärh à la fourrure de cendre. Il se désolait chaque jour davantage par la capacité que son peuple avait à se renier lui-même suite à une erreur commise presque un millénaire plus tôt. Un soupir secoua ses larges épaules alors qu’il murmurait plus pour lui-même que pour l’avatar de pierre :

« - Certaines légendes veulent que nous ne soyons que des éclats d’étoiles. Les vestiges du grand Smilodon déchu depuis le ciel nocturne. Si l’on suit cette logique alors nous ne somme finalement que composés d’une sorte de poussière stellaire et c’est la trame qui nous donne une forme tangible afin que nous puissions résonner en harmonie avec le reste du monde. Ce qui expliquerait pourquoi les Sitaara nous soignent en échange de notre sang. Nous serions compatibles ; eux éclats d’étoiles captifs dans l’eau, nous poussière modelée par la magie. Mais contrairement à nous, les sitaara ne peuvent pas trop s’éloigner de la voûte céleste sans quoi ils dépérissent. Peut-être est-ce une question d’altitude ? Peut-être qu’en les rapportant avec nous au niveau de l’océan, ils n’obtiennent alors plus assez de lumière en provenance des étoiles ? »

Il haussa des épaules, totalement incapable de relier le moindre fait véridique aux contes qu’il avait entendu lors de ses nombreuses expéditions dans Paadshail. Il n’avait encore jamais rencontré de créatures similaires dans les ouvrages zoologiques des autres races, l’empêchant de trouver une correspondance ailleurs sur ce monde qui pourrait étoffer les nombreuses hypothèses et mystères qui entouraient les petits sitaara. Délaissant pour l’heure un sujet qui arrivait au point mort, il préféra s’orienter vers une solution plus urgente : sortir de là. Il n’avait pas envie de rebrousser chemin et puisqu’il sentait dans sa fourrure un infime courant d’air, il espérait qu’il leur soit encore possible d’avancer et, avec de la chance, de découvrir de nouvelles singularités. Les boyaux du Nyn-Daaruth n’avaient pas été fouillé ou cartographié d’aussi loin que remonte la mémoire graärh actuelle et Purnendu était bien décidé à changer cela. Sa mémoire parfaite retenait déjà depuis le début de leur exploration chaque courbe, coin et recoin qu’ils avaient dépassé. Une carte se déployait lentement en son esprit, l’assurant qu’il ne raterait aucun détail quand il sera temps de tout consigner sur ses parchemins une fois rentré à la grotte du dragon de jade.

« - Bien sûr. Soit prudent. »

Il lui tendit la corde et le suivit jusqu’à la paroi rocheuse qui leur faisait face. Contrairement au sol qui était lisse, cette dernière contenait de nombreuses aspérités qui aidèrent Kaalys à gagner laborieusement le sommet. Bien qu’il sache l’autre n’être qu’une coquille de pierre pour l’esprit du dragon assoupi en son repère, en voyant son mouvement alarmé, l’herboriste déploya aussitôt ses dons de l’Hippopotame pour l’envelopper d’une fine pellicule d’un bouclier malléable qui lui éviterait probablement quelques dégâts s’il venait à chuter. Heureusement pour eux deux, ce ne fut pas le cas et Purnendu relâcha un souffle qu’il ne s’était pas rendu compte de retenir. Un rire nerveux lui vint aux babines et il secoua du chef avec dépit alors qu’il faisait les cents pas dans la cuvette, seul dans la pénombre. Il avait baissé la luminosité de la lampe et observa distraitement les éclats fugaces des poissons dans l’eau parfaitement lisse… comme la roche qui l’entourait.

Quelque chose grattait derrière l’esprit de Purnendu, un détail qui lui échappait. Il y avait un malaise qui s’installait tout ça parce qu’il n’avait pas une vue d’ensemble sur ce qui le gênait et il n’arrivait pas à mettre la griffe dessus. La voix de Kaalys le tira de sa consternation grandissante et il se tourna vers la corde pour en tester l’attache malgré les paroles du saurien sous déguisement graärh. Pas qu’il ne lui faisait pas confiance, mais il n’était pas faux de croire qu’un dragon habituellement de dix mètres de haut ne sache pas forcément nouer de la bonne façon une corde à un stalagmite. Ce n’était pas le genre d’exercice auquel ils s’employaient de façon quotidienne. Une fois rassuré, Purnendu grimpa donc le long de la corde et atteignit le petit escarpement sans trop de difficultés. Lorsque ses cornes, puis le bout de sa truffe pointèrent au même niveau que le graärh de jade, il observa à son tour l’entrée singulière tout en roulant la corde pour la ranger dans sa sacoche.

« - En effet... »

Commenta-t-il d’une voix pensive. Il approcha des aspérités dont parlait Kaalys et laissa les coussinets de sa main droite en dessiner les contours. Son museau se plissa et ses oreilles se courbèrent en arrière alors qu’il se concentrait.

« - Ce ne sont pas des symboles… c’est… je crois bien que c’est du graärh ancien. »

Abasourdit, Purnendu regarda son ami puis observa la cuvette et son sol lisse. Il revint sur l’entrée qui semblait vaguement rectangulaire, ses parois bien trop droites pour être naturelles, puis il vint s’accroupir sur le sol et fouilla la poussière ainsi que les gravillons. Ses mains rencontrèrent des ornières si anciennes qu’elles étaient presque effacées par l’érosion naturelle. Un frisson lui coula le long du dos et fit tressaillir son épaisse fourrure alors qu’il se relevait d’un bond souple et fouillait les replis insondables de sa sacoche. Il sortit une grande feuille ainsi qu’un fusain et appliqua la première par dessus les inscriptions avant de frotter avec le bâtonnet pour en sortir un calque grossier.

« - Je crois savoir… enfin, je pense que tu as raison ! Mais c’est bien plus que cela. »

L’excitation perçait dans sa voix grave et il émit un léger ronronnement alors qu’il approchait le morceau de papier de la lanterne. Sous sa lueur dorée et tremblotante, il lui fallu quelques minutes à déterminer les contours exactes des cunéiformes et resta totalement stupéfait du résultat.

« - Bhandaaran... C’est une indication. »

Il leva la tête vers Kaalys et lui sauta dans les bras pour un énorme câlin. Il vint l’enfouir dans sa fourrure soyeuse, le fit disparaître dans ses bras et lui mit le museau dans son poitrail alors qu’il frottait sa joue contre le sommet de son crâne et poussait des ronrons aussi vibrants et forts que le serait une avalanche de rochers.Sa longue queue battait l’air de droite et de gauche avant de venir s’enrouler à celle du graärh blanc comme une vigne sur son tuteur.

« - Mon peuple habitait ici ! Te rends-tu compte de la valeur de cette découverte !? »

Il l’écarta à bout de bras, tenant fermement ses épaules alors qu’un magnifique sourire étirait ses lèvres sur une dentition étincelante et très, très pointue. Ses yeux pétillaient d’une joie profonde, candide même dans les reflets émerveillés qui donnaient une nouvelle profondeur au vert d’absinthe. Ses oreilles étaient droites, ses moustaches courbées sur l’avant alors qu’il ronronnait toujours entre deux phrases.

« - Ce tunnel mène à ce qui semblerait être un lieu de stockage ! Je pense qu’un pont enjambait carrément la cuvette dans laquelle nous nous trouvions… ou alors il s’agissait d’une halte pour les blessés et dans ce cas… Oui, dans ce cas il y avait carrément une tribu jadis… ici ? »

Purnendu le lâcha enfin et regarda vers le petit étang souterrain avec admiration. Un peuple troglodyte ! Il n’y aurait jamais pensé et se demandait maintenant ce qui avait bien pu interrompre cette tradition. Pourquoi quitter les tunnels et les cavernes du Nyn-Daaruth ? L’on était effectivement protégé du froid et des intempéries, il suffisait de rétrécir les accès extérieurs pour que les vers des glaces ne puissent pas s’infiltrer… Que s’était-il passé ? Pourquoi aucune légende, aucune histoire n’en faisait mention !? La curiosité vrilla dans le graärh et il trépignait déjà d’impatience à poursuivre leur exploration.

« - Vraiment ! Quelque chose me gênait et c’était le sol. Regarde ! Il est beaucoup trop lisse pour être honnête… ou pour que ce soit une formation naturelle. » Corrigea Purnendu avec un rire amusé. « Mes ancêtres l’ont peut-être travaillé pour en faire une infirmerie ou quelque chose de similaire ? Peut-être y avait-il un escalier de bois qui donnait là où nous nous trouvons. Le temps aura fais disparaître ces vestiges ou bien autre chose... »

Il se tourna vers Kaalys et le dépassa pour venir effleurer de la main les inscriptions dans la roche, puis commença à en chercher d’autres. Si cette indication dirigeait plus loin dans le tunnel, peut-être y en avait-il une qui indiquait d’où ils venaient ! En y repensant, la grotte de Kaalys avait sa propre flore. Comment ces plantes s’étaient-elles retrouvé là vu le climat extérieur ? Se pourrait-il que ce fut jadis un jardin médicale pour les graärh qui vivaient entre ces murs ? Fort de cette nouvelle hypothèse, le félin n’hésita pas à la partager avec son compagnon d’exploration pour recueillir son avis.

descriptionéchaudé - Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys] EmptyRe: Graärh échaudé craint l'eau froide [PV Kaalys]

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Fort de sa supposition, Kaalys céda sa place à Purnendu et le laissa à sa concentration. Se servir uniquement de ses coussinets de la sorte n'était pas une tâche facile ! Mais après quelques instants, les oreilles du Graärh se dressèrent sur sa tête et, sans comprendre ce qu'il fabriquait exactement, le saurien l'observa presser une feuille à même le sol et la badigeonner de… de fusain, lui révélèrent les voix.

Au moins, Kaalys avait raison et cela lui fit bomber la poitrine. Il était fier de sa découverte, même s'il en ignorait toute la portée ! Et voir Purnendu aussi extatique avait de quoi le ravir. Pour le conteur, tomber sur des vestiges de son peuple devait être toute une histoire et une chance inouïe.

Le saurien se pencha finalement par-dessus l'épaule de Purnendu, curieux lui aussi, mais ne tenta pas de déchiffrer les symboles, préférant laisser ce plaisir à L'Âpre-Cendre. Et quel plaisir ! Kaalys fut tout d'abord surpris par l'étreinte, avant de refermer maladroitement ses bras autour de la taille de Purnendu. Mais avait-il le choix ? Le dragon avait souvent observé les bipèdes se serrer ainsi les uns contre les autres, que ce soit dans la joie ou la tristesse et avait finalement comprit que les câlins pouvaient aussi bien réconforter que transmettre une joie immense ou encore de l'amour.

- Pur… Enfoui dans les poils du Graärh, Kaalys ne voyait plus rien et ne pouvait plus bouger non plus, puisque le félin le maintenait fermement contre lui. Pur-Purnen-du. Sa voix tremblotait au rythme des ronronnements de l'Âpre-Cendre, qu'il sentait jusqu'au bout de sa queue. J'ai tes poils sur la langue, c'est très désagréable.

Finalement relâché, Kaalys ôta difficilement les poils qu'il avait presque avalés et posa son regard sur l'autre Graärh, un air amusé au fond du regard. Purnendu ressemblait à un Graahron découvrant ses griffes pour la première fois.

- Allons le découvrir ! S'écria Kaalys, tout autant enthousiaste que le conteur. Le dragon aimait autant les mystères et les histoires que son ami à deux pattes, après tout.

Cette fois, il le laissa passer devant et lui emboîta le pas.

- Je sais que le temps peut effacer beaucoup de choses, mais n'aurions-nous pas trouvé des restes de constructions, même en bois ? Il serait également sage d'inspecter les parois des autres tunnels que nous avons traversés, nous avons peut-être manqué d'autres inscriptions.

Toujours plus de mystères dans les tunnels de Nyn-Daaruth. Kaalys imita Purnendu et se mit à avancer en laissant ses coussinets glisser le long des murs, de part et d'autre de son corps, tentant de découvrir de nouvelles gravures à l'aide de ses coussinets.

- Mon nid n'était pas aussi grand lorsque j'y suis arrivé, expliqua Kaalys suite à la question du Graärh. Mais il y avait bien une entrée au sommet de la montagne et je l'ai agrandi. Le tunnel était là aussi, bien courbé pour que le vent n'entre pas. Ton hypothèse tient la route ! Malgré le climat extérieur, il ne fait pas s'y froid là-haut, il y a même de l'eau, cela parait donc probable que des Graärh aient pu y vivre autrefois.


Rapidement, les deux compagnons d'aventure débouchèrent sur une nouvelle cavité. Elle était beaucoup plus grande que la salle précédente et ses murs étaient beaucoup plus irréguliers. Par contre, le plafond n'était pas très haut même si cela n'empêchait pas Purnendu et Kaalys de se tenir debout. Le sol était recouvert d'une légère couche de gravats, comme s'il y avait eu un éboulement et que la roche s'était fracassée en petits morceaux avant de rouler jusque-là. Sans attendre davantage, Kaalys s'approcha du mur qui lui faisait face et passa les mains dessus, uniquement éclairé par la lanterne de Purnendu qui se trouvait un peu plus loin.

- Je sens quelque chose. Peux-tu t'approcher avec la lanterne ? Kaalys la récupéra par l'anneau et la souleva doucement au niveau de son visage. La lueur dorée se répercuta sur la roche, qui se mit alors à scintiller très légèrement. Vois-tu cela ? J'ai déjà croisé ce genre de scintillement près d'une mine d'argent, sur le continent dont je suis originaire. Cela ressemble à un filon épuisé, mais je peux me tromper. Je n'y connais pas grand-chose, après tout. Reconnut le saurien.

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