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descriptionPuissiez-vous nous sauver - Ilyanth - EmptyPuissiez-vous nous sauver - Ilyanth -

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22 Décembre de l'an 7 d'obsidienne

Une pure perte de temps. La période que le Loup Solitaire avait passé à la capitale Elfique ne lui avait rien appris, et surtout rien apporté d'autre que de la frustration. Une frustration qui allait directement alimenter Asmo, la personnification de la Colère d'Erdrak. Cette seconde personnalité s'était faîte de plus en plus pressante au fur et à mesure des refus qu'avait essuyés l'humain. Brasier jamais éteint et acharné, Asmo avait réclamé du sang, jour et nuit. Chaque léger énervement du mercenaire se transformait en torrent de rage et de fureur. Il y a peu, le Loup Solitaire pouvait trouver refuge dans le sommeil et tôt le matin, lorsque cette conscience dormait encore. Mais maintenant, elle venait hanter toutes ses nuit, envahissant ses rêves avec ses actes de violences obscènes. Combien de fois il s'était vu tuer Sinestra ou pire? La rencontre avec Seö avait été un mince espoir, vite détruit par les sautes d'humeur imprévisibles de l'esprit du Bipolaire.

Erdrak était épuisé et savait que si ça continuer, il ne pourra jamais espérer se réconcilier de sa fille ou même l'approcher de nouveau. Mais ce qu'il redoutait plus que tout, état de perdre la contrôle, comme c'est déjà arrivé, parfois pour le meilleur mais aussi pour le pire. Le mercenaire craignait de devenir spectateur du monstre qui couvait en son sein. C'était là une des raisons qu'il l'avait poussé à se rendre au Domaine Baptistrel. Apprendre à contrôler la bête en plus de découvrir si Sinestra était bien sa fille. Bien que ça ne changera pas grand-chose à ses projets tout bien réfléchis.

Tu as besoin de moi! Tu ne peux pas te débarrasser de moi comme ça! Je t'ai sauvé plus d'une fois. Si tues en vie c'est uniquement grâce moi. Combien de fois avait-il eu cette discussion avec sa Colère? E à chaque fois, cette pression mentale du subconscient qui essaye de s'emparer du corps par la force. Pour la nième fois, arrête de faire ça, je ne te laisserai pas le contrôle. Et pour la nième fois aussi, je ne vais pas me débarrasser de toi. Tu dois juste être contrôlé. Mais pourquoi faire si ce n'est que la première étape pour me faire disparaitre. Je ne veux pas mourir. Et puis, je suis utile au combat.Intérieurement Erdrak ne put s'empêcher de rire. Ce n'était pas la première fois qu'Asmo utilisait cette argument, pure imitation de sa part, car Erdrak savait bien qu'Asmo n'avait pas peur de mourir. Il n'avait pas peur tout court. Le laisser faire dans un combat revenait à prendre le risque de finir gravement blessé, sachant qu'il est assez rare que le corps d'Erdra s'en sorte indemne et pas au bord de l'épuisement. Le mercenaire avait du coup dû investir. Une bague magique lui permettant de ne pas ressortir la douleur, et un objet le permettant de se soigner seul. Car si Asmo ne ressentait rien pas même la douleur, Erdrak au contraire subissait la morsure de chaque coup reçu. Arrête de mentir, tu n'as pas peur de mourir. Mais c'est vrai que tu es utile sur les champs de bataille, mais seulement là. Et on fait une trop bonne équipe pour que tu t'en ailles. Mais tu es trop impulsif pour que je te prenne le risque de te voir prendre le dessus. Regarde le résultat avec Seö. Alors nous allons demander conseil pour que ça n'arrive plus. Toutefois, tu auras toujours la main mise sur les duels d'envergure. Erdrak savait qu'il allait regretter cette promesse, mais elle sembla au moins avoir calmé sa Colère, qui laissa retomber légèrement la pression.

Chevauchant Akhella, son destrier noir, le Loup Solitaire finit par arriver à l'entrée du Domaine. Il s'était renseigné, et là encore, la conclusion avait été à l'origine d'une grande discussion tourmentée avec Asmo. L'entrée se faisait désarmé et dans la vision violente de la seconde personnalité, ce n'était pas concevable. Mais Erdrak fit fi des protestations et, après être descendu de sa monture, déposa Solstice, Croc ainsi que son arc avec ses flèches sur les établis prévus et protéger magiquement. Puis il repartit, tirant Akhella vers l'intérieur avant de le laisser tranquille. Ici, il ne lui arrivera rien et il était assez bien dresser pour ne pas aller trop loin. Il s'avança alors vers un voyage qui, le Loup l'espérait, simplifiera sa vie.

Marchant tranquillement, cachant le trouble qui l'habitait, il arrêta un elfe pour le demander où il pourrait trouver un maître baptistrel. Dans le regard de l'elfe, Erdrak sentait qu'il se faisait scruter, mais pour une fois sans aucun jugement de la part de cet étrange, ce qui était pour le moins surprenant. Et bien que lui aussi surpris par la requête, il demanda poliment: Un en particulier? Celui lié à quel élément? Celui du feu.Ce passage en force d'Asmo surpris Erdrak, mais il ne put le retenir avant qu'il ne parle, et avec justesse, lui évitant un moment de gêne. Je vous prie. Se contenta-t-il donc d'ajouter par politesse. Alors, tu vois bien que je peux être utile en dehors des combats. Un point pour la folie. Il faut bien que tu es plusieurs bons côtés pour que je te garde. Cette remarqua cloua le bec à Asmo au grand plaisir d'Erdrak, sans vraiment pourquoi sa Colère se mettait à bouder.

L'elfe lui précisa le nom et l'endroit où le mercenaire pouvait trouver ce qu'il cherchait, sans demander de plus amples informations. Sur le chemin vers le Puit Flamboyant, l'humain se demanda s'il était bien judicieux de faire sa demande directement à un maître. Mais trop tard. Il n'avait pas vraiment eu le temps de pleinement assimilé le fonction de cet ordre, pour le moins original aux yeux du bipolaire.

Arrivé au lieu dit, il vit une silhouette lui tournant le dos. Comment devait-il s'introduire et s'adressait maître barde? Bon tant pis, il y réfléchira en parlant. Il toussa pour signaler sa présence. Bonjour maître Neoleen, veuillez m'excuser de vous déranger. Je viens quérir votre aide. Et bien dis donc, tu as mangé un noble à utiliser tel langage aujourd'hui.

Dernière édition par Erdrak Geflorth le Ven 2 Juin 2017 - 10:47, édité 1 fois

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La matinée s’était révélée chargée pour le Cawr, en raison des cours de magie Baptistrale qu’il devait dispenser à ses nombreux élèves. Il s’agissait d’une tâche très exigeante mais ô combien gratifiante et Ilyanth espérait par-dessus-tout s’en montrer digne. Pour l’heure, celui-ci manquait encore un peu de confiance en lui mais chaque jour qui passait le voyait devenir plus assuré et capable d’endosser ses responsabilités avec aisance. Après tout, si la Rhapsodie l’avait choisi pour siéger parmi les douze maîtres Baptistrels, ce n’était guère sans raison valable et il devait s’en remettre à leur capacité de jugement.

Une fois ses cours de la matinée achevés, le chantefeu s’était rendu au sanctuaire du feu afin de jouir de quelques moments de calme et repos bien mérités avant de retourner vaquer à ses activités. Ce dernier appréciait tout particulièrement de se retrouver seul en ce lieu sacré d’où jaillissait le brasier passionné de la terre et où sa connexion avec les vibrations du monde était la plus puissante. En sa qualité de lié du feu, Neolenn possédait une sensibilité exacerbée, presque fusionnelle, pour cet élément qui imprégnait l’entièreté de son être et lui communiquait force, optimisme, impétuosité, le prédisposant aux violents mouvements de l’âme.

Le sanctuaire était désert et le jeune Baptistrel s’installa dans un endroit tranquille, assis en tailleur, dans une posture méditative, afin de mieux de se concentrer sur son atmosphère vivifiante et emplie d’une puissante énergie purificatrice. La chaleur qui régnait en ces lieux contrastait fortement avec la froidure hiémale de ce mois de décembre et faisait ressembler le sanctuaire à une sorte de sauna, mais le chantefeu n’en était nullement incommodé, bien au contraire.

Il ferma les yeux, communiant avec l’infinie beauté des vibrations de l’univers et sentant un immense sentiment de paix intérieure et de sérénité l’envahir.
L’elfe était plongé dans une profonde méditation, oubliant le monde extérieur, tant sa concentration sur son intériorité et la symphonie de la Nature se révélait intense.

Soudain, une voix grave et masculine retentit derrière lui…Ilyanth ne put s’empêcher de sursauter et se releva à la hâte.

Devant lui se tenait un homme, d’allure élancé, à la silhouette athlétique, souple et agile. Ce dernier semblait âgé d’une trentaine d’années et possédait une chevelure brune et des prunelles claires, d’une couleur intermédiaire entre le bleu et le vert et dont l’éclat frappa le Cawr. Une fine balafre marquait la joue de l’inconnu et son corps était revêtu d’une armure. « C’est certainement un guerrier », songea l’elfe, que pouvait-il bien lui vouloir ?

- Bonjour, répondit le chantefeu en arborant un sourire chaleureux. Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur et pour quelle raison vous avez besoin de quérir mon aide ?

Sa curiosité était à son comble et son intuition lui disait qu’il ne s’agissait pas d’un visiteur habituel et que leur discussion comporterait peut-être nombre d’éléments pour le moins surprenants.

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Erdrak ne s'attendait pas à ce que son interlocuteur soit si jeune. L'elfe qu'il avait en face de lui semblait à peine avoir fini sa puberté, mais était-ce révélateur de son âge véritable? Le Loup Solitaire toutefois savait qu'il ne devait pas se fier à son impression humaine. Le maître baptistrel qu'il avait devant lui était un elfe, lié à la rhapsodie, et son évaluation humaine ne pouvait pas être correct. Et manifestement, il était arrivé alors que Iyanth méditait. Ce n'était pas le bon moment, mais son interlocuteur ne parut pas s'outrager de cette interruption. C'est bien le contraire ce qui surprit Erdrak. Un sourire chaleureux, attendu, bienvenu, auquel Erdrak ne répond pas. Peut-être devrait-il le faire, sourire en retour. Mais ce lieu, cette situation sont trop inédites. Le mercenaire ne sait sur quel pied danser devant un tel accueil, c'est bien trop inhabituel pour lui.

Je m'appelle Erdrak Geflorth, je suis un guerrier libre. Et j'ai besoin d'une aide particulière. Comment aborder ce point son problème. Bah alors, tu te présentes pas sous le surnom que tu te donnes? Tu as peur de paraître ridicule? Ce sera le cas quoi qu'il arrive petit. Tu vas voir qu'il va te prendre pour un fou quand tu vas lui expliquer mon existence. Asmo éclata d'un rire mauvais dans l'esprit d'Erdrak. Ce dernier soupira, fatigué par ses constants efforts pour contenir cette personnalité de plus en plus envahissante. Mais la Colère avait raison. Le mercenaire passera pour un fou, s'il révèle qu'il entend une voix dans sa tête. Pourtant il le faudra bien.

Par réflexe, la main droite de l'humain alla lentement vers sa ceinture, à l'emplacement habituel de Croc pour se poser sur son pommeau, cependant, l'arme n'était pas à son côté droit pour reposer la main. La force de l'habitude. Puis une autre question lui vint à l'esprit, que pourrait bien faire le baptistrel de toute manière pour le soigner, rien. Personne ne pouvait lui venir en aide. Cette pensée fut arrêté nette. Ce n'était l'une des siennes, mais bien une de sa seconde personnalité. Cette dernière devenait de plus insidieuse. Erdrak allait devoir apprendre à la contrôler ou la détruire.

Si vous voulez, je peux revenir plus tard. Mon problème est d'ordre mental. J'ai passé ma vie à me battre, j'ai grandi dans une compagnie de mercenaire et j'ai été forgé dans les flammes des batailles. Mais les derniers évènements et la violence qu'ils ont demandée ont provoqué quelque chose dans mon esprit. D'abord un trouble qui n'a fait que grandir. Vas-y dit lui. Parle lui de moi que je rigole encore. La vague de colère qui suivit cette remarque fit presque vaciller l'esprit et le corps d'Erdrak. Récemment, je me suis mis à entendre une voix dans ma tête, une voix puissante, violente. Puis cette nouvelle conscience a pris le dessus plusieurs fois au cours de certains évènement. Elle a su me sauver de bien des situations mais elle commence à être envahissante et ses réactions m'inquiète. J'ai besoin d'aide pour la contenir, et je ne sais pas à qui m'adresser. Je ne veux pas qu'elle disparaisse, j'ai besoin d'elle. Mais... Ca ne peut plus durer. Elle devient bien trop oppressante. Et si je ne peux pas la calmer, alors je veux qu'elle parte. Et tu sais que je serai prêt à le faire s'il n'y a pas d'autre solution. Alors espère que cet elfe peut nous venir en aide.

Puis le Loup Solitaire avisa sa deuxième requête. Il hésita à l'exposer tout de suite, mais tant qu'à faire. Je voudrais aussi vous demander une autre faveur. Si je veux apprendre à maîtriser cette horrible facette de ma personnalité, c'est pour pouvoir m'approcher d'une jeune fille. Il est possible que ce soit ma fille, mais... je n'ai appris son existence que récemment. Cette question me tourne dans la tête, j'ai besoin de savoir. Pouvez-vous savoir si Sinestra Azura est bien ma fille de sang. Ca ne changera certainement rien pour elle ni pour moi, toutefois, mon esprit sera un peu moins troublé.

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Ilyanth gardait ses prunelles claires, somptueux mélange de bleu et de vert, rivées sur le guerrier, qui semblait un peu embarrassé d’avoir interrompu sa méditation. En outre, le visage halé de l’homme arborait une expression soucieuse et celui-ci semblait en proie à ses pensées…Le jeune elfe se demanda ce qui pouvait l’avoir conduit jusqu’au domaine Baptistral. A en juger par sa carrure et l’armure qu’il portait ainsi que par ses gestes nerveux et assurés, l’humain ne pouvait être qu’un combattant aguerri...

Était-il en quête de paix, de guérison ou d’une ultime rédemption après avoir fait couler le sang sur les champs de batailles ? Après tout, il n’était pas rare que torturés par le remord ou traumatisés par les horreurs de la guerre, certains hommes décident de se rendre auprès des maîtres bardes dans le but de purifier leur âme…
Le Baptistrel se remémorait les nombreuses heures passées à écouter les sombres confessions de soldats en pleurs qui le suppliaient de soulager la douleur de leur cœur…Neolenn savait qu’il existait différentes sortes de blessures, celles du corps et celles de l’âme et que les choses les plus invisibles sont souvent les plus difficiles à soigner. Mais peu importe ce que cet individu allait lui confier, il était prêt à l’entendre et à l’aider dans la mesure de ses possibilités.

L’homme d’arme se présenta et expliqua requérir une aide…Le chantefeu continuait à le fixer sans se départir de son sourire bienveillant, bien qu’il perçut la nervosité de l’humain, qui comme par réflexe, passa la main sur sa ceinture comme pour tâter une arme invisible. Une certaine tension était palpable et le jeune Cawr se demandait ce que ce guerrier était sur le point de lui annoncer…

Embarrassé, Erdrak proposa de revenir plus tard et donna quelques informations sur la raison qui justifiait sa venue au domaine. Le Rhapsodien secoua la tête et dit d’un ton calme :

- Ne vous inquiétez pas, il n’est nul besoin de revenir plus tard, je suis prêt à écouter ce que vous avez à me dire dès à présent et à tenter de vous venir en aide du mieux possible. Vous avez mené d’innombrables batailles et ce qui vous préoccupe et vous fais souffrir serait donc d’ordre mental.

Ainsi son intuition se révélait juste, son interlocuteur avait probablement vécu des traumatismes liés à la guerre et recherchait, non pas une guérison du corps, mais celle du cœur et de l’esprit. Et l’elfe, empli d’empathie était prêt à l’aider à recouvrer un semblant d’équilibre en essayant de cicatriser les vieilles blessures et à surmonter ce trouble qui affectait son esprit.

Le chantefeu demeura silencieux, et le guerrier poursuivit ses explications, en disant entendre une voix dans sa tête, une voix puissante et violente, capable de prendre le dessus sur lui et qui lui était venue en aide à plusieurs reprises.

- Je vois, répondit l’elfe avec douceur, je pense comprendre ce dont il s’agit…Puis son regard se fit soucieux et il ajouta. Durant mon expérience de soigneur, j’ai eu l’occasion de rencontrer maintes personnes, affectées par une série de troubles mentaux, en raison de divers traumatismes. Pour certains, assister aux horreurs de la guerre est un événement d’une telle violence que l’esprit lutte de toutes ses forces pour survivre…

Le chanteur était bien placé pour le savoir car lui-même demeurait affecté par les atrocités commises lors de la terrible bataille de Sandur, qui avait manqué de faire basculer son esprit dans la folie…Depuis lors, il conservait une peur viscérale des armes et condamnait toute force de violence, aussi bien physique que psychologique.
« Pauvre homme », songea-t-il avec compassion, quelle tristesse que d’avoir été si marqué par les carnages que le mental en venait à se dissocier voire à se scinder en deux parties distinctes.

- Selon moi, il se peut que suite à un très gros choc psychologique, votre esprit se soit dissocié afin de survivre à la destruction psychique…Un peu comme un moyen de défense et que depuis ce jour-là, dès qu’un danger apparaît le mécanisme s’enclenche…Depuis quand exactement entendez vous cette voix et lors de quels événements gagnent elle le plus en puissance ?

Trouver un moyen de l’aider à dompter cette deuxième personnalité ne serait certainement pas une tâche aisée, mais Neolenn était prêt à l’aider dans ce but.
Dès après, Geflorth confia au Baptistrel sa deuxième requête d’un ton empli d’hésitation. Ce dernier avoua que l’objet d’une telle demande était de pouvoir s’approcher d’une jeune fille et d’obtenir la confirmation ou l’infirmation de son éventuelle paternité…

En entendant le prénom de celle-ci, Neolenn sentit son cœur s’accélérer dans sa poitrine. Sinestra Azzura ? Était-il possible que l’humain qui lui faisait face soit son père ? L’elfe connaissait très bien l’adolescente et lui vouait une grande amitié, allant presque jusqu’à la considérer comme une petite sœur. Certes, il ne connaissait pas tous les détails de son passé mais savait à quel point son histoire était sombre…
Ainsi par un curieux caprice du Dracos, le chantefeu se retrouvait face à face avec son possible géniteur.

- Je pense pouvoir vous aider à découvrir le secret du lien avec Sinestra grâce à la lecture de votre chant-nom, mais…

Ilyanth hésita et se mordit les lèvres avant de poursuivre :

- Je dois aussi vous avouer une chose….Moi et Sinestra Azzura sommes de très bons amis et je l’ai rencontré l’hiver dernier alors qu’elle était venue au domaine afin de faire soigner une blessure à la jambe…

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Le Loup Solitaire avait fait parler son cœur, en quelques sortes. Il n’était pas du genre à parler ouvertement de ses problèmes ou pas dans les détails. Mais s’il voulait que sa situation s’améliore, il le devait. Ne serait-ce que pour pouvoir parler aux gens et essuyer des refus sans avoir une envie irrépréhensible de tuer dans la souffrance son interlocuteur. Pas forcément dans la souffrance, mais c’est vrai que c’est ce qu’il y a de plus marrant. D’un autre côté, ils serviront d’exemple, après personne ne te refusera rien. Nous ne sommes pas invincibles et je doute que la justice nous laisse faire. Ou même que ta méthode fonctionne réellement. On peut pas savoir puisque tu ne veux pas l’essayer. Intérieurement, Erdrak poussa un soupir. Comment on pouvait héberger une pensée pareille dans son esprit. Et non, il ne voulait pas entendre la réponse d’Asmo.

Toujours un peu mal à l’aise par l’accueil aimable, pour ne pas dire chaleureux de l’elfe. L’ambiance du lieu, le décor et son interlocuteur faisait osciller les sentiments du Loups Solitaire entre repos, douceur et colère mêlée d’une fureur terrible. Tout ici appelé à la sérénité, c’est sûrement l’origine de cet énervement qui battait dans les veines du mercenaire. Alors que le monde semblait si tranquille, lui ne pouvait gouter à un tel repos. Cette frustration alimentait sans cesse Asmo, le rendant plus fort à chaque instant sans qu’Erdrak ne puisse la contrôler. Même les paroles pourtant aimables de l’elfe faisaient bouillir son sang. Bien sûr qu’il avait d’innombrables batailles, il n’y a pas encore si longtemps, le monde était en guerre et Erdrak ne portait pas une armure pour faire joli. Je ne suis pas un trouble mental, je suis réel, je suis ce qui te fais survivre. Ne l’écoute pas. Va voir quelqu’un d’autre que cet imposteur. Il ne peut pas comprendre ce qui nous unit. Tue-le avant qu’il ne le fasse. Ce ne sont pas les guerres qui m’ont fait naître, j’ai toujours été là.
Il laissa le baptistrelle continuait avant de lui raconter l’histoire d’Asmo. Le tumulte intérieur du mercenaire ne cessa pas d’augmenter et gagna même un intensité lorsqu’Ilyanth lui avoua qu’il pouvait découvrir le lien qu’il avait avec Sinestra. On ne lui avait pas menti, les baptistrels peuvent lire dans ce qu’ils appellent le chant-nom des informations sur les individus. De la joie vint repousser un peu de la colère, toutefois, son mais fit apparaitre une mine soucieuse. Qu’est-ce qui pouvait faire hésiter l’elfe ? La raison laissa partir un soupir à l’humain. Le soulagement laissa place à un énervement. En quoi le fait qu’il connaisse lui aussi Sinestra était un problème. Pourquoi faisait-il tout pour le mettre en colère ?

Le guerrier se força au calme, gardant à l’esprit qu’il était là pour justement perdre cette frustration et qu’agresser le baptistrel n’était pas une bonne idée, surtout que dans les faits, l’elfe ne faisait rien pour provoquer une telle haine. Il avait besoin de lui terriblement. En quoi ce serait un problème que vous soyez un très bon ami de Sinestra. Je… Non je ne veux pas avoir la réponse tout de suite. Dans mon état actuel, je ne sais pas comment je réagirai à votre réponse. Je souhaite d’abord vraiment apprendre à contrôler cette personnalité. Je ne sais pas par quoi commencer, ce qui peut vous aidez. Voilà l’histoire. Cela fait bien longtemps que ce n’est plus vraiment un mécanisme. Au début, c’était une rage, une fureur sanglante qui me permettait de me battre avec plus d’acharnement, de tenir plus longtemps et il faut bien l’avouer, de survivre au cœur de la bataille. Régulièrement, il m’est même arrivé de perdre connaissance durant le combat, pour me réveiller debout au milieu du champ de bataille, à la fin, à bout de force. Mais la première fois où Asmo s’est manifesté, c’était il y quelques mois à peine. Après une bataille où j’ai perdu le contrôle, je me suis presque réveillé dans une infirmerie après avoir fait un rêve. Face à moi, se tenait… moi, mais quand j’étais âgé d’une vingtaine d’année. Le sourire qu’il arborait était terrifiant, et il s’est présenté. Il est l’incarnation de toute la colère que j’ai accumulé depuis mes années de vie. Toutes mes rancœurs se sont rassemblées pour créer une personnalité distincte qui a même eu la force de se nommer. C’était déjà plus qu’une voix. C’est une personne, maléfique certes, mais bien plus qu’une simple création de mon esprit. Et il gagne en puisse chaque jour, m’épuisant un peu plus comme pour prendre le contrôle. Cette Colère a définitivement pris forme quand… Erdrak s’arrêta de parler, le regard perdu dans le vide. Il s’apprêtait à raconter l’épisode de la grotte glacé, lorsqu’il avait perdu pied face à cette glace et qu’il avait été réveillé par cette voix, cette personnalité, lui intima de se battre pour survivre et qu’à elle seule, elle ne pourrait pas s’en sortir. C’était la seule fois où Asmo avait réclamé de l’aide. Mais à la place, des images apparurent dans son esprit. Ses souvenirs.

Le village est en flamme. Des ombres se déplacent dans la fumée, des silhouettes monstrueuses écrasant les plus frêles. Les cris stridents, le bruit de fractures, d’effondrement. Le rythme de la mort et la symphonie du carnage. Un gamin se tient agenouiller prêt du corps sans vie d’une femme, Erdrak la reconnait. C’est un visage effacé depuis longtemps de son esprit. Le visage de sa mère. Ses yeux bleus fixent le ciel, immobile. Le Loup reconnait l’enfant, inconsciemment. Il se revoit, enlaçant le corps sans vie de sa génitrice au cœur du brasier, au cœur du pillage et de la destruction de son village. C’est le jour où son enfance, sa vie lui a été volée. Les ombres sont des cavaliers, venus semer la mort. Il devrait s’enfuir, pourquoi l’enfant ne s’en va pas ? Pourquoi ne se cache-t-il pas ? Erdrak a envie de lui crier de partir, mais ne peut regarder.
Un homme apparait à côté de l’enfant, il porte une armure simple, avec un loup est gravé sur son torse, une épée bat à son côté droit, le pommeau arborant une tête de loup sculptée aux yeux grenat. Il se tient droit, le visage impassible, regardant l’enfant froidement. Il attrape l’enfant avec brutalité, le forçant à se lever, le poussant vers la sortie du village le plus proche et regardant l’enfant s’enfuir, en pleure. Les yeux rouges du héros de l’enfant ne laissent aucun doute à l’esprit d’Erdrak, son sauveur n’est personne d’autre d’Asmo. La Colère du mercenaire avait sauvé son hôte le jour où il aurait dû mourir avec le reste de sa famille.
Il voit maintenant l’enfant titubé dans une prairie, épuisé. Il est à bout de force, il a faim, soif, froid. La peur n’est même plus dans son esprit, d’ailleurs plus rien n’anime son petit corps qu’un réflexe, un vieux souvenir d’un ordre donné par son cerveau. L’enfant s’écroule, immobile, incapable de se relever, il va mourir de fatigue, ici, après avoir échappé à la fin de son village. Erdrak s’insurge. Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé, il est arrivé dans un camp. Il n’est pas mort dans cette prairie, il le saurait sinon. Des gens l’avaient recueilli, des mercenaires, la Meute. Ce ne devait pas être ses souvenirs. Mais qu’est-ce que c’était ?
Un homme apparait encore une fois au côté de l’enfant. Asmo, encore. La Colère prend délicatement l’enfant dans ses bras, le soulevant tendrement et le porte à travers la praire jusqu’à un feu. Puis il dépose l’enfant comateux sur ses jambes à l’entrée du camp avant de disparaitre. L’enfant se retourne et ne voit que ses traces, petites et insignifiantes dans la campagne. L’odeur de la nourriture attire son attention, et il se met à marcher au milieu des loups. Au milieu de ceux qui ont massacré les habitants de son village.
Oui c’est ainsi que ça s’est passé. Erdrak n’a aucun doute là-dessus, il sait que ce n’est pas une illusion ou une manipulation d’Asmo.


J’ai toujours été là petit frère. Depuis ce jour, je t’ai toujours protégé. Tu me dois autant ta vie que moi je te dois la mienne. Nous avons survécu ensemble. C’est moi qui t’es caché ces souvenirs, pour te protéger de la folie. L’elfe a raison sur ce point, j’ai été le gardien de la sérénité de ton esprit depuis que tu as rejoint la Meute. Maintenant, tu comprends que tu ne dois pas me faire disparaitre.
Toute la haine, la fureur, la colère qui caractérisaient la voix d’Asmo avait disparu, laissant place à un sérieux, un abattement qu’Erdrak ne lui connaissait pas. La sincérité de cette personnalité toucha le mercenaire. Je n’ai jamais voulu que tu disparaisses, juste que tu arrêtes de nous mettre en danger.

Reprenant conscience de son corps, il remarqua qu’il était assis contre un mur. Il avait dû tomber à la reverse lorsque les souvenirs étaient revenus violement. Il essaya de se redresser, mais vit avec horreur qu’il ne contrôlait pas son corps. Je ne le laisserais pas nous séparer ! Son corps sous le contrôle de sa seconde personnalité, se releva. Son visage n'était que haine et ses yeux brulaient d'une fureur sans nom. Asmo ne se laissera pas faire, il ne disparaitra pas, Erdrak avait besoin de lui, il devait le protéger comme il l'avait toujours fait.

Il est hors de question que vous nous séparions. Je ne suis pas une  voix, je suis vivant. Je ne suis pas un traumatisme. Asmo tendit la main sur le côté. Il allait se débarraser de ce danger, par sa sécurité et celle de son hôte. Solstice boira son sang. Il se concentra pour faire appel à l'arme. Mais rien ne se passa. De l'incrédulité traversa son regard avant de nouveau être remplacé par la colère. Qu'est-ce que? Erdrak éclata de rire à l'intérieur de son corps avant de repousser Asmo en plus profond de sa conscience. Non, je n'ai pas enchanté Solstice pour qu'elle apparaisse sur commande, je savais que tout aller déraper, et je me méfiais de ta réaction face à se traitement.

Face à la fureur de sa Colère et de son cri intérieur, Erdrak se plia en dos de douleur. La seconde personnalité essaya de reprendre par la force le contrôle. Il tomba à genoux en se tenant la tête.

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Erdrak sembla troublé par les paroles d’Ilyanth concernant le fait qu’il connaissait la jeune Sinestra. Et dès après, l’elfe crut discerner le feu de la colère brûler dans ses yeux clairs. De plus, le visage marmoréen de l’humain arborait une expression soucieuse qui l’intriguait…Qu’est-ce qui pouvait bien agiter ses pensées et provoquer un tel désarroi ? Décidément, le guerrier était un homme très énigmatique et le Rhapsodien risquait de découvrir maintes choses surprenantes à propos de son passé. Sans compter que l’entité qui le hantait paraissait bien mystérieuse…Bien entendu, ce n’était guère la première fois que le chanteur devait composer avec de telles situations, mais cette fois-ci la tâche qui lui incombait risquait de se révéler ardue. Toutefois, ce dernier éprouvait le sincère désir de venir en aide à cet homme, en qui il lisait une grande souffrance…

Neolenn se sentait touché par son histoire sombre et désirait l’aider à se rapprocher de Sinestra, si tel était son souhait. Malgré tout, celui-ci se demandait quelle serait sa réaction s’il s’avérait que la jeune fille n’était pas sa fille ? Mais pour l’heure, il n’existait aucune certitude à ce sujet et le Baptistrel ne connaitrait la réponse qu’après la lecture du chant-nom.

Le mercenaire parut se forcer au calme et cadenasser la tempête qui grondait dans les tréfonds de son être. Le volcan de sa colère pouvait jaillir à tout moment et Ilyanth songea que si la situation dégénérait, celui-ci serait amené à user de sa magie Baptistrale pour apaiser cette âme tourmentée.

Alors que l’elfe s’apprêtait à répondre à ses paroles, l’homme lui dit ne pas être prêt à entendre sa réponse et demeura silencieux, ne le quittant pas du regard. Erdrak poursuivit et expliqua que cette deuxième personnalité représentait l’incarnation de toute la colère et la rancœur accumulée au fil des années, qu’elle lui était utile mais que sa puissance augmentait de jour en jour…

- Je vois, répondit le Rhapsodien avec douceur. Est-ce que vous craignez qu’elle devienne si forte qu’elle soit capable de prendre le contrôle de votre corps même sans votre consentement ? Votre but serait donc de trouver un moyen de canaliser votre rage pour l’empêcher apparaître et de posséder votre corps ?

Le maître barde avait compris l’objet de sa demande et, visiblement, l’humain désirait simplement retrouver la maitrise de son esprit et non pas éliminer cette seconde entité. Le jeune Cawr réfléchissait à cet épineux problème, essayant de visualiser les solutions possibles…

Soudain, le guerrier s’arrêta au milieu d’une phrase et son regard se fit lointain, comme perdu dans ses souvenirs. A en juger par son expression et l’éclat adamantin de ses prunelles bleu-vert, les images qui assaillaient son esprit devaient être terriblement douloureuses et terrifiantes…

Après quelques minutes, l’humain tomba à la renverse, et alors que l’elfe se précipitait vers lui, plein de sollicitude, pour l’aider à se révéler ; Erdrak fut saisi de violentes convulsions, comme si un combat intérieur s’était engagé entre lui et la deuxième personnalité qui le possédait. Le mercenaire se tenait la tête, en hurlant de douleur !

- Par Dracos, que se passe-t-il ? Que vous arrive t-il ? s’écria Neolenn, effrayé par cette déferlante d’émotions et la tempête intérieure qui faisait fureur dans le cœur de Geflorth.

Cependant, ce dernier ne pouvait pas rester passif et son cœur lui intimait d’aider son interlocuteur en usant de la puissance de la magie Baptistrale. Le chantefeu se concentra et entonna un chant afin d’aider son interlocuteur à reprendre le contrôle de lui-même. Sa voix pure et mélodieuse, à la beauté incomparable, s'éleva dans le sanctuaire du feu.

Chant d'apaisement
Un chant subtile et discret mais doux, qui apaise l'esprit et le coeur de tous, des êtres bipèdes aux animaux. Différent en fonction de chaque Baptistrel

Mage Correct, Note et élément en fonction du chanteur

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La douleur était effroyable. Jamais Erdrak n’avait connu de bataille aussi violente, de combat aussi dur, ni de blessure aussi cruelle. Lors de la dernière bataille, il avait bien cru se consumer entièrement s’il ne laissait pas Asmo prendre le contrôle. Maintenant, il n’avait plus le choix. La nécessité le forcer à affronter cet autre lui-même. Il ne pouvait pas le laisser blesser Ilyanth, de même qu’il ne pouvait plus laisser sa Colère décider de sa vie. Mais les révélations de cette personnalité, intervenue la première fois pour lui sauver la vie et faire de lui ce qu’il était aujourd’hui, avaient aussi renforcé la certitude qu’Asmo ne devait pas disparaîtrait mais juste gardé sous contrôle. Toutefois, raisonner la bête était impossible. Et la fureur qui l’habitait travaillait à le détruire, pour ensuite s’acharner sur le baptistrel. C’était un combat de volonté.

Soudain l’infernal brasier intérieur sembla se calmer, lentement diminuer. La haine cessa d’affluer dans ses veines et le Loup solitaire ressentit avec soulagement la douleur mental disparaîtrait doucement. La Colère paraissait retourner à la tranquillité qu’elle a en temps de paix. Ce n’était pas son genre, surtout que ça ne ressemblait ni à un abandon, ni à une défaite. Le combat aurait pu durer très longtemps encore. Erdrak repris petit à petit le contrôle de ses sens. La proprioception revient la première. Le guerrier était à genou, la tête dans les mains. Puis vint l’ouïe et avec ce sens, Erdrak comprit pourquoi Asmo s’était retiré et la provenance de cette paix intérieure.

La voix d’Ilyanth était douce, vibrante et emplissait l’air de cette paix que le mercenaire bipolaire cherchait tant. Le guerrier n’avait jamais rien entendu d’aussi beau, et son corps se détendit à mesure que la magie du baptistrel se diffusait dans son corps. Ses bras glissèrent le long de son corps, et sa respiration se fit plus calme. Erdrak garda les yeux fermés, la fatigue arriva avec le calme. Ce combat avait était éprouvant et grâce au Chantefeu, il en était ressorti vainqueur mais pour combien de temps. L’elfe ne sera pas toujours là pour repousser Asmo. Sa Colère n’avait pas disparut, mais s’était juste endormie, comme le matin alors qu’Erdrak se réveille. Des larmes montèrent aux yeux de l’humain, pourtant si peu enclin à trahir les émotions. A travers la buée, il voyait son sauveur, inquiet peut-être, surpris probablement, il n’en savait rien. Sa vue était troublée par l’émotion, la fatigue et peut-être autre chose.

Merci. Merci beaucoup. Je suis navré de ce qui vient de se passer. Ce n’est pas de ma volonté. Asmo est convaincu qu’il va disparaître. Je ne veux pas qu’il disparaisse. Si je suis vivant, c’est uniquement grâce à cette folie comme certains l’appellent. Tout ce que je souhaite, c’est apprendre à me contrôler, pour pouvoir vivre sans risquer de tuer mon interlocuteur, ou pouvoir serrer ma fille dans mes bras sans craindre de l’étouffer. Ne pas craindre de tout détruire dès que quelque chose me contrarie. S’il le faut, je suis prêt à perdre tout émotion à condition qu’Asmo existe toujours avec moi. Pouvez-vous m’aider ? Voulez-vous m’aider ? La voix du mercenaire était essoufflée, sa respiration bruyante et son air résigné. Il ne pouvait pas continuer ainsi, et si l’elfe refusait de l’aider, il le comprendrait très bien, et s’en irait trouvé ailleurs la paix.

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Ilyanth assistait, désespéré, à l’horrible combat intérieur que le guerrier livrait contre sa deuxième personnalité. Son visage halé était déformé par un rictus douloureux et l’homme tordu en deux, se tenait la tête à pleines mains. En assistant à cette scène de détresse, l’elfe se demanda si cette entité maléfique qui l’habitait tentait de reprendre le contrôle ?

Erdrak lui avait expliqué que cette dernière était née de sa colère et puisait sa force dans la fournaise de la guerre. Suivant son intuition et n’écoutant que son désir de le soulager de cette violence inexplicable qui le dévorait ; le chantefeu usa du merveilleux pouvoir de sa voix, lié à la magie baptistrale, et entonna un chant, vibrant d’émotions et d’une indicible beauté. Les notes pures et mélodieuses s’élevèrent dans le sanctuaire du feu, apportant apaisement et purification autour d'eux et purgeant toute pensée de haine et de colère.
Neolenn chantait avec son âme, y mettant toutes ses émotions, comme s’il récitait une prière afin que cet être tourmenté puisse enfin connaitre la quiétude, que le chaos cède la place à la sérénité et que le volcan en furie se transforme en un lac paisible.

Et comme par miracle, son sortilège eut l’effet escompté et l’humain sembla s’apaiser peu à peu, sa respiration se fit moins haletante et la grimace de douleur qui défigurait son faciès s’estompa.
Le combattant gardait les paupières baissées, paraissant absorbé par la paix et l’harmonie que lui procurait cette somptueuse mélodie. Durant tout le temps que dura son chant, le Rhapsodien ressentit plus profondément les vibrations qui émanaient d’Erdrak ainsi qu'une impression de fusion, comme si leurs deux cœurs battant à l’unisson n’en formait plus qu’un.

Soudain, des larmes se mirent à ruisseler sur les joues du combattant, trahissant la grande sensibilité qui l’habitait. L’elfe songea que cet homme aguerri au fracas des batailles avait probablement dû se forger une armure d’acier afin de survivre dans cet univers de fer et de sang.

Celui-ci demeurait assis sur le sol et le Cawr se baissa et s’installa en face en lui, tout en le fixant avec bienveillance. Une grande lassitude se lisait sur le visage du soldat et l’éclat fiévreux de son regard clair laissait deviner l’intensité du combat qu’il venait de livrer contre lui-même.
Une fois qu’il eut repris ses esprits, celui-ci remercia le Baptistrel et expliqua que sa deuxième personnalité avait mal réagi, se croyant vouée à disparaître…

Puis, il dévoila ne devoir la vie qu’à cette entité que d’autres nommaient « folie » et que son seul souhait, désormais, était de pouvoir mener une existence tranquille, sans courir le risque de blesser des êtres chers.
Ses prunelles bleu-vert lancèrent un regard implorant en direction du lié du feu et son corps adopta une attitude de supplique. Est-ce que le maitre barde possédait le pouvoir et consentirait à l’aider ?

D’une voix posée et pleine de douceur, Neolenn répondit :

- Vous êtes venu ici à la recherche de la paix et je pense qu’il est de mon devoir de vous aider à la trouver afin que vous puissiez mener la vie dont vous rêvez, auprès des personnes que vous aimez. Si votre souhait avait été de détruire cette deuxième personnalité, cela aurait été possible en usant du pouvoir de la magie Baptistrale et du chant-nom. Pourtant cela n’est pas votre désir et vous souhaitez uniquement pouvoir la contrôler…votre choix est louable et je le respecte. Concernant votre demande, je crois pouvoir vous aider à dompter la créature colérique qui vous tourmente. Cependant, sachez que si c’est possible, il ne sera guère aisé de parvenir à un tel résultat. Il faut que vous soyez conscient et preniez votre décision en connaissance de cause. Je ne serais pas toujours à vos côtés pour dompter cette entité et il est primordial que vous appreniez à gérer vos ressentis, en particulier ceux liés à la colère. La méditation possède de grands pouvoirs et vous permettra d’apprendre à canaliser et à gérer peu à peu le brasier de vos émotions. Cela nécessite un entrainement régulier et du temps et il faudra certainement que vous séjourniez au domaine pendant une période indéterminée…


Puis le chanteur reprit avec une certaine solennité:

Etes-vous prêt à suivre mes conseils et mon enseignement jusqu’à que soyez en mesure de pouvoir gérer seul cette entité ? Comme je l’ai dit, ce n’est pas un chemin facile et cela vous demandera patience et persévérance, mais si vous réussissez, vos émotions cesseront d’être vos ennemies et se transformeront en alliées. Vous pourrez continuer à ressentir les choses avec intensité mais sans en devenir pour autant l’esclave.


En effet, le fils du soleil estimait que les émotions n'étaient pas mauvaises en soi et qu'elles donnaient une grande saveur à l'existence, mais qu'il fallait qu'Erdrak puisse canaliser celles qui le tourmentaient et faisaient de lui un être profondément torturé.

Lorsqu’il eut achevé sa phrase, Ilyanth plongea ses grands yeux clairs dans ceux du guerrier, attendant patiemment sa réponse. Il ne désirait rien lui imposer et considérait que ce dernier devait prendre cette décision lui-même, en ayant conscience de la route semée d'embûches qui l'attendait.

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Le chant du Chantefeu avait été comme un appel, et résonnait comme une salvation. Cette paix tant recherchée par l’humain paraissait si proche à présent. Erdrak avait maintenant la conviction que le baptistrel pouvait réellement l’aider à surmonter cette épreuve, à ne refaire plus qu’un avec lui-même. Ce soulagement avait brisé l’armure dans laquelle le mercenaire avait enfermé son cœur et son âme. Un guerrier ne peut pas se permettre de s’exposer ainsi, mais Ilyanth avait doucement retiré ces protections, sans pour autant donner à Erdrak un sentiment de vulnérabilité. L’humain n’avait pas l’impression d’être avec un inconnu, mais avec un ami de longue date ou plutôt d’un oncle, de ceux qui protègent leur neveu avec tendresse comme leur propre enfant.

Agenouillé face au maître baptistrel, le Loup semblait faire face à un envoyé divin, venu le réconforter, ou encore un de ces esprits venu recueillir l’âme des combattants morts pour les mener vers une nouvelle vie plus douce. S’il n’avait pas été si épuisé, si traumatisé par le combat qu’il venait de mener, il aurait bien ri de pareilles pensées car il n’avait jamais cru que les Esprits ou le Dracos se préoccupaient plus des guerriers que des autres. Tuer ne mérite pas d’attention particulière, bien au contraire. Toutefois le parallèle était facile à faire. Le mercenaire avait entendu parlé d’Ilyanth, du combat qu’il avait mené contre la mort durant la bataille de Sandur, refusant de tuer pour finalement être retrouvé entouré de corps sans vie qu’il aurait essayé de sauver. Cet elfe avait protégé la vie alors que d’autres répandaient la mort, son propre combat avait été perdu d’avance. Maintenant, le mercenaire était prêt à croire en ces histoires d’Esprits salvateur, car face à la bienveillance du Chantefeu, les ténèbres qui entouraient son esprit semblait s’éloignait.

Ilyanth ne parut pas rebouté par le comportement instable du Loup Solitaire. Au contraire, il accepta de lui venir en aide. Erdrak n’écouta pas le mis en garde sur la difficulté que contrôler Asmo engendrerait. Peu lui importait, car la tête lui tournait. Les mots ne parvenaient pas tous de manière intelligible à son cerveau. Il saisit des bouts de phrases, tel que cela sera difficile, quelque chose à propos de méditation et d’un séjour prolongé au domaine. Tout ceci n’était des détails, l’humain n’avait de toute manière rien de bien extraordinaire à faire ces derniers temps, la paix était en équilibre instable, mais si la guerre revenait, il pourrait toujours aller la rejoindre et faire ce pourquoi il était fait. Toutefois, apprendre à canaliser ses émotions sera un grand défi pour le mercenaire, qui avait toujours fait en sorte, non pas de les canaliser mais de les repousser ou de les enfermer très profondément au fond de lui-même. Hier encore il aurait cru que c’était là l’origine d’Asmo mais aujourd’hui, le Loup Solitaire savait que son origine remontait bien avant, que sa Colère était en réalité son premier vrai souvenir et protecteur.

Je suis prêt à faire ce qu’il faut pour ne plus être la proie de toute cette colère. Asmo est une part de moi, mais je reste maître de ma destinée. Je suis un guerrier, il n’y a aucune épreuve qui ne me soit trop insurmontable. Je ferai tout ce qu’il faudra, tout ce qu’on me commandera de faire pour parvenir à maîtriser mes émotions. J’ai réussi à vivre en les repoussant, je peux vivre en les acceptant. Dîtes-moi simplement ce que je dois faire. Apprenez-moi. Mais si ce doit être aussi long et compliqué que vous le dîtes, alors je voudrais savoir une chose avant car je ne ferais pas d’effort pour rien. Pourrez-vous répondre à la question de ma parenté avec Sinestra ? C’est pour essayer de la comprendre que je fais cela, pas pour moi.

Erdrak n’avait jamais rien appris. On lui avait bien sûr rapidement enseigner à lire, à écrire, Iriac lui avait donné des bases en bonnes manières. Toutefois, il avait dû développer toutes ses connaissances seuls. Il n’avait jamais eu de professeur et aujourd’hui sera peut-être la première fois où il aura un maître. Il fixait Ilyanth avec toute la détermination dont son regard fiévreux et vacillant pouvait faire preuve. Des larmes continuaient à couler, incontrôlables, le long de ses joues. Il apprendrait ce qu’il faut, si c’est pour pouvoir de nouveau parler à Sinestra sans que son caractère ne le remette hors de lui, pour comprendre cette fille qu’il n’a pas vu grandir, qu’il avait abandonné avant la naissance.

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Toujours en proie à la violence de ses émotions, Erdrake laissait couler ses larmes et Ilyanth accueillait ce déferlement de sentiments avec douceur et bienveillance. Cet acte devait presque ressembler à une délivrance pour le guerrier, habitué à contenir ses ressentis, et à dissimuler ce qui pouvait lui apparaître comme une marque de faiblesse. Une profonde compassion emplit le cœur du chantefeu à la vue de cet homme brisé, hanté par les horreurs du passé et qui avait tout abandonné pour partir en quête d’une ultime rédemption…

Telle une lueur dans la nuit, l’image d’une jeune fille pure le guidait vers un nouveau chemin et l’avait conduit jusqu’au maître barde afin d’y quérir l’ultime vérité concernant sa paternité.

Nombreux étaient ceux qui disaient que l’Amour pouvait transcender les êtres, les pousser à braver tous les obstacles et même à se métamorphoser. Grâce à la puissance de ce sentiment, Erdrake parviendrait-il à réaliser ce qui lui semblait encore impossible quelques années auparavant ?
Neolenn l’espérait de toute son âme et désirait aider cette âme en peine à atteindre son but.

L’humain prit ensuite la parole, expliquant que pour lui nulle épreuve n’était impossible et qu’il désirait apprendre à accepter ses émotions. Et il demanda une nouvelle fois à l’elfe si ce dernier pouvait répondre à cette lancinante question qui n’en finissait pas de le tourmenter : était-il le père de Sinestra ?

Le cawr sourit avec aménité et répondit :

- J’admire votre détermination et je crois qu’il en faudra pour triompher de l’épreuve qui vous attend. Certains sages prétendent que la plus grande des guerres n’est pas celle qu’on livre aux autres mais à soi-même et que la plus importante des victoires est celle de l’esprit plutôt que celle qu’on obtient par les armes. Je pense également qu’en laissant couler vos armes vous avez osé vous dévoiler, exprimer votre ressenti profond et authentique. A mes yeux, c’est une marque de force et non une faiblesse. De même, je crois qu’il faut parfois avoir erré longtemps dans l’obscurité pour pouvoir trouver la lumière. Comme je vous l’ai dit, je suis prêt à vous assister dans ce combat intérieur et à vous guider vers une plus grande paix et un mieux-être. Quant à votre question, je peux y répondre en lisant votre chant-nom qui exprime la mélodie de votre âme, la symphonie de votre être. Celui-ci me dira tout de vous, de votre passé, de vos souvenirs bons ou mauvais, de l’ombre ainsi que de la lumière qui sommeillent dans votre cœur. Connaitre les moindres recoins de votre âme m’aidera à mieux vous connaitre et à vous comprendre pour vous assister et vous aider à maîtriser cette part de vous-même.

Tout en gardant ses prunelles scintillantes rivées sur le guerrier et sans se départir de son ton chaleureux et bienveillant, Ilyanth poursuivit :

- Comme je vous l’ai dit précédemment Sinestra et moi sommes de très bons amis et j’espère que vous ne ressentirez aucune gêne à ce sujet et à ce que ce soit moi qui sonde votre être plutôt qu’un Baptistrel, disons moins « impliqué » dans une relation avec elle. Néanmoins, je vous dirais ce qu’il en est et la vérité quelque qu’elle soit car il y va de mon serment, même dans le cas où la réponse serait différente de celle que vous désirez…

Puis le chanteur posa doucement sa main sur l’épaule d’Erdrake et lui demanda avec une certaine solennité :

- Etes-vous prêt ? A présent, je vais lire votre chant-nom en déchiffrant les vibrations qui émanent de vous et qui expriment les notes de musique de votre être et elles me dévoileront tout à propos de vous, y compris vos secrets les plus profonds.

Le Rhapsodien se concentra et ferma les yeux, aussitôt son esprit fut envahi par une myriade de sons, de lumières et d’émotions. A cet instant, il avait l’impression que le temps et l’espace étaient abolis et que la vie d’Erdrak défilait à toute vitesse dans sa tête…

Tel un spectateur, l’elfe pouvait voir, sentir, entendre et même ressentir les émotions du guerrier, comme s’il vivait son passé à travers lui et à une vitesse accélérée.
Neolenn revoyait l’enfant qu’avait été Erdrak et son existence paisible dans un village, entouré d’une famille…Puis, le feu avait tout embrasé et des flammes immenses s’élevèrent, consumant tout sur leur passage. Ilyanth entendit des cris, des pleurs et vit le visage ensanglantée d’une femme, occupée à verser des larmes…

Son cœur sensible se remplit d’effroi et de douleur à cette vue, puis il aperçut le gamin, seul et affamé, errant le regard au milieu d’un village réduit en cendres. Sa mémoire avait été effacée par la violence du traumatisme et la seule chose qui le guida à travers ces nouvelles ténèbres fut la lumière du feu, qui le mena jusqu’à un camp de pillards.

Devenu le fils adoptif d’Iliar Geflorth, l’humain voua ensuite son existence à la guerre, se forgeant une nouvelle identité grâce à son arme de combattant, lui qui avait oublié son passé. Le Baptistrel vit également la fureur de combats, l’horreur du sang versé et la naissance d’Asmo, créature issue du feu de la colère, à la fois salvatrice et destructrice. Désormais, il comprenait mieux l’étrange lien qui les unissait, à la vie et à la mort.

Puis l’elfe assista à sa rencontre avec Lorelei et comprit l’intensité de l’amour que l’homme lui vouait. Une autre vision se forma : celle d’une fillette à la chevelure de nuit et au regard de glace et celui-ci reconnut la jeune Sinestra.

Ainsi, la danseuse était l’enfant d’Erdrake par la chair et par le sang…
A présent, le chantefeu connaissait cette réponse que le guerrier attendait avec tant d’impatience. Puis, quand la musique du chant-nom cessa de résonner dans l’esprit du Baptistrel, celui-ci ouvrit les paupières et dit d’une voix aussi douce qu’un chant d’espérance.

- Erdrake, j’ai la réponse que vous attendez tant…Sinestra est votre fille, votre chair et votre sang et le fruit de votre amour avec Lorelei.

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Comment l’elfe faisait pour avoir tant de bonté ? Il semblait tellement ouvert, calme et imperméable aux perturbations extérieures ou même intérieures comme celles que connaissaient Erdrak. Utilisait-il son chant sur lui-même pour paraitre si serein. Même avec l’aide de la magie, Erdrak se sentait tendu. Ce sont peut-être là les symptômes d’une vie entièrement dédiée à la guerre et au danger, mais du fond de sa mémoire, le Loup Solitaire se rappelait avoir entendu parlé d’Ilyanth. Le Chantefeu avait réussi à oublier le traumatisme de la guerre semble-t-il. S’il pouvait faire pareil à Erdrak ce serait parfait, bien que l’humain en doutât en n’en voyait pas l’utilité. Quoi que le mercenaire ne soit pas sûr de vouloir ressentir une paix intérieure trop profonde. C’était assez étrange pour lui dans le fond. Il était venu chercher ici de la sérénité, mais pas trop. Calmer les tumultes et les tempêtes de son âme, mais pas les voir disparaitre, comme s’il refusait la paix que le monde avait adoptée ou voulait adopter. La dernière bataille contre les chimères justifiait un peu cette méfiance envers la paix, mais en lui-même, même quand il n’était qu’Erdrak Geflorth, une part d’Asmo continuait de s’exprimer.

La magie semblait se dissiper doucement au fur et à mesure de la discussion. La colère sourde qui lui était devenu si familière recommença à pulser faiblement dans ses veines et la présence d’Asmo se faisait peu à peu ressentir comme une silhouette au loin qu’on voit s’approcher. Le Loup n’avait que faire de l’admiration du baptistrel, ni de celle de personne d’autre. Sa détermination ne regardait que lui, et elle était nécessaire. On croirait que le Chantefeu se prenait pour un commandant parlant à une recrue qui se serait portée volontaire pour une mission périlleuse. Erdrak n’était pas volontaire, il était là parce qu’il le fallait. Il devenait incontrôlable, et sans contrôle, le monde n’est que chaos. Si tout le monde faisait ce qu’il voulait, quand il voulait, s’il n’y avait personne pour donner des directives et maintenir un semblant d’ordre, alors il n’y aurait plus que des bêtes. Si Erdrak ne prenait pas clairement le dessus sur sa Colère, alors il ne sera pas mieux qu’une bête. Alors le mercenaire n’avait que faire de ce que pouvait penser de vieux sages décrépis.

Quant à pleurer, c’est une marque de faiblesse que de le faire involontairement. Libérer ses larmes, c’est comme libérer sa rage au cœur des combats sans le vouloir. La colère devenait de plus en plus grande devant cette béatitude ridicule d’Ilyanth, et Asmo n’y était pour rien. Erdrak sentait sa présence à ses côtés, avec son cortège de fureur, mais la seconde personnalité ne semblait plus vouloir se débarrasser de l’elfe. Comme si l’apaisement avant encore une emprise sur lui. Non, ce n’est pas ça. Je ne suis pas bête. S’il avait voulu me détruire, il l’aurait fait tellement facilement. Tu abandonnes la lutte devant une créature qui semble voler plus haut que les nuages ? C’est ta propre colère qui parle là. Et non, j’attends juste mon heure. Je ne lui laisserai pas de chance la prochaine fois, pas d’apaisement possible. Il mourra, ne t’en fait pas. La détermination d’Asmo à tuer Ilyanth était aussi grande que celle d’Erdrak à contrôler sa seconde personnalité. Mais ensemble, ils vibraient en harmonie contre l’elfe, Erdrak à cause de son air béat, de sa paix intérieure que le mercenaire jalousait presque, et Asmo parce qu’il ne voulait que la destruction.

La fureur monta d’un cran, alors que l’elfe continuait à parler. Il avait déjà qu’il était ami avec Sinestra. Qu’est-ce que ça pouvait changer ? Sa fille avait grandi sans lui, s’était fait des amis sans lui, s’était trouvé une nouvelle sans lui. Le Loup Solitaire aurait pu devenir son père, et l’éduquer, lui partager son bonheur, mais ce n’est pas le cas. Ilyanth allait-il continuer à lui rappeler longtemps ? Erdrak voulait la vérité. Allez-y, ça n’a pas d’importance du qui. Je veux juste savoir ce qu’il en est. Sa voix était incroyable calme et posée, en contraste avec la rage qui sourdait en lui. L’impatience le disputait à la colère. S’il continuait à prendre son temps, l’humain allait finit par le secouer violement. Qu’il y aille, Erdrak n’avait pas de secret.

Le baptistrel se figea un instant comme pris en transe. Le mercenaire commença à se relever, prêt à le réveiller avec force. D’où lui venait cette envie ? Cette colère ? Elle ne provenant pas que d’Asmo, mais de tout son être. L’impatience venait se joindre à la tourmente, avec les regrets latents, les souvenirs. Presque tout son être s’agitait. Pourquoi était-ce si long ? Une part raisonnable de son esprit essaya de calmer ses ardeurs. L’homme avait attendu pendant des mois, il pouvait attendre quelques secondes, mais rien n’y fit. Puis le verdict tomba comme un couperet.

Erdrake, j’ai la réponse que vous attendez tant…Sinestra est votre fille, votre chair et votre sang et le fruit de votre amour avec Lorelei.

Tout retomba. La tension, le stress, la colère. Tout disparut brutalement ne laissant qu’un calme étrange dans l’âme d’Erdrak. La paix, est-ce à ça que la paix ressemblait ? Une absence complète de tout ? Erdrak avait une fille. Sinestra était sa fille. Celle de son amour avec Lorelei, la seule femme qu’il ait jamais aimée. Sa chair, son sang. Et lui l’avait abandonnée. Il avait abandonné les deux femmes. Un sentiment de culpabilité naquit et grandi rapidement. Des souvenirs falsifiés firent leur apparition. Au lieu de brandir Solstice contre les vampires, il se tenait auprès d’une Sinestra loin des champs de bataille. Au lieu de trainer le corps mourant d’Iriac, il dinait auprès des deux femmes et d’amis, dans la demeure de Lorelei. Au lieu de se battre dans les rues de Gloria, il se dresse entre Lorelei et le Fléau Noir, permettant à sa fille et sa femme de s’enfuir et de vivre. Tout lui parait tellement plus simple et complexe s’il avait écouté son cœur plutôt que son devoir. Ca ne se serait pas passé comme ça. Asmo montra d’autres souvenirs, des disputes, les moqueries des amis nobles de Lorelei à l’égard du roturier qu’il était, sa fuite de Gloria, lâche, devant l’avancée des Alayiens. On ne le saura jamais. Je l’ai perdue, pour toujours. Une profonde tristesse enserra son cœur, étouffant la colère d’Asmo pour un temps avant que sa Colère ne prenne le dessus et déchire ses sentiments dans une explosion de rage. Arrête de te lamenter ! Tu n’es qu’un faible ! Et sans moi, tu n’es rien !

Le corps d’Erdrak se redressa complètement. Debout à nouveau, il fit un pas vers l’elfe, la main gauche tendue vers Ilyanth. Erdrak sentait la volonté d’Asmo d’étrangler l’elfe, de lui faire du mal. Si Erdrak se continuait à se complaire dans sa tristesse, Asmo allait tuer le Chantefeu et cette fois-ci, la magie ne se sauvera pas. Un sursaut de fierté chassa ces sentiments négatifs et poussa le Loup à chasser sa Colère de son esprit, de reprendre le contrôle. Asmo ne put résister longtemps devant la volonté démultiplier d’Erdrak. Tu vois que tu as encore besoin de moi. Je suis toujours là pour te sortir des mauvais pas. Sans moi tu n’es rien. Ne l’oublie pas. Ainsi Asmo avait délibérément attaqué l’elfe pour forcer Erdrak à réagir. Baissant sa main, le regard de nouveau inexpressif, il fixa le Chantefeu

Merci. Merci beaucoup. Cette nouvelle renforce ma volonté de me contrôler. Sinestra et moi ne sommes pas en bons termes. Je ne peux pas l’en blâmer. Je l’ai abandonnée et n’ai pas un caractère facile. Mais elle est maintenant tout ce que j’ai et je souhaiterai vraiment pouvoir me rapprocher d’elle, la protéger ou… je ne sais pas. Juste avoir quelque chose à quoi m’attacher. Je suis prêt à commencer quand vous voulez et aussi longtemps qu’il faudra. Je n’ai plus rien à battre mais tout à gagner.

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Le lié du feu attendait de savoir quelle serait la réaction du guerrier face à la vérité qu’il venait de lui révéler. L’homme avait parcouru une si longue route en quête d’une ultime réponse. Désormais, plus aucun doute ne subsistait, Sinestra était bel et bien sa fille.

L’elfe espérait de tout cœur que cette annonce aiderait l’humain à trouver la sérénité et à pacifier son âme, en dépit des obstacles qui se dresseraient sur son chemin. Erdrak semblait agité, de nouveau en proie à ses émotions, comme si la mer calme s’était soudain muée en des flots déchainés. Neolenn demeurait impassible, figé dans une posture hiératique, semblable à ces créatures célestes, évoluant hors du temps et qui paraissaient imperméables aux tourments des simples mortels.
Mais pour parvenir à un tel état de grâce, le chantefeu avait dû triompher de ses propres démons intérieurs et surmonter le traumatisme de la Bataille de Sansur qui affectait son mental. Le guerrier sortirait-il vainqueur de sa propre bataille intérieure ? L’elfe ne connaissait pas la réponse à cette énigme, mais il l’espérait de toute son âme afin que l'homme au coeur de feu pourrait un jour renouer avec la jeune fille aux prunelles de givre.

Cependant, le Cawr sentait le volcan qui habitait le mercenaire jaillir de nouveau ; son chant l’avait juste endormi, mais ses flammes flambaient, peut-être encore plus puissantes qu’auparavant.
Les yeux de l’homme luisaient d’une lueur fiévreuse, comme s’il était possédé par une entité maléfique et Ilyanth devinait sans peine de qui il s’agissait : Asmo.

Durant sa lecture du chant-nom du combattant, il avait assisté à l’apparition de ce double flamboyant qui faisait partie d’Erdrak, comme une sorte d’alter Ego. De même que la lune possédait une face cachée, chaque chose possédait une nature double. Le feu pouvait représenter une source de vie ou incarner les forces de la destruction.

Aussi le chantefeu comprenait la dualité qui déchirait cet homme, tiraillé entre deux aspects de sa personnalité. La fureur semblait gronder dans le cœur d’Erdrak et ce dernier s’avança vers son interlocuteur, prêt à l’étrangler.

Le Cawr demeurait immobile, ne sachant s’il devait reculer ou tenter de se protéger face à cet assaut. Fort heureusement, le guerrier parvint à retrouver la maîtrise de lui-même et après avoir baissé sa main, il riva son regard bleu-vert sur celui du Baptistrel, avant de le remercier :

Neolenn l’écouta attentivement avant de dire d’une voix douce :

- Dans ce cas, je tenterai de vous aider de mon mieux à vous contrôler ainsi qu’à renouer le lien avec votre fille. Un proverbe dit lorsque le disciple est prêt, le maître parait. Je ne crois pas au hasard et je pense qu’il y a une raison pour laquelle nos routes se sont croisées aujourd’hui. Si vous le désirez, vous pouvez me suivre :

Ensuite, l’elfe du soleil se dirigea lentement vers la sortie du sanctuaire du feu et s’achemina à travers les allées du domaine jusqu’à un autre bâtiment, empreint d’une atmosphère et de recueillement. Le doux clapotis de l’eau résonnait et émanait d’une magnifique fontaine, entourée de roches où étaient incrustées des gemmes lumineuses.
Un autel était également disposé afin que ceux qui le désiraient puissent s’abreuver du précieux liquide, source de guérison, de bien-être et de purification.

Le maître barde s’approcha de la fontaine où s’écoulait une eau pure et transparente.

- Il s’agit de la fontaine de vif argent et nous sommes dans le sanctuaire de l’eau, sous la garde des chantepluies. L’eau qui s’écoule ici est d’une grande pureté et peut apporter aussi bien la guérison, que le bien-être et la purification.
Puis le Rhapsodien l’invita à approcher des flots et dit d’une voix calme :

- Lorsque vous mirez votre reflet dans le miroir des eaux, qu’y voyez-vous ?

descriptionPuissiez-vous nous sauver - Ilyanth - EmptyRe: Puissiez-vous nous sauver - Ilyanth -

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Face un sentiment pendant longtemps oublié, Asmo, malgré sa force, sa haine et la colère qui dormait toujours au sein d’Erdrak, ne pouvait pas pousser au-dessus de la personnalité primaire et principale. Ce sentiment de joie, de bonheur, que le mercenaire n’avait pas ressenti depuis dix-sept ans. L’homme avait de nouveau l’impression que sa vie pouvait changer, qu’il ne serait plus un éternel guerrier, sur la route de la guerre et de la mort. Il y a dix-sept années, Erdrak, jeune mercenaire, avait eu pour la première fois son destin en main, mais il n’avait pas le courage, la force d’esprit, l’envie ? La peur de l’inconnu avait décidé à sa place et il avait abandonné une vie bien rangée et heureuse avec une personne qu’il aimait et qui l’aimait en retour. Il n’y avait aucun doute dans l’amour adolescent que Lorelei et Erdrak partageait. Si intense qu’il donnât naissance à Sinestra.

Aujourd’hui, Ilyanth lui offrait la rédemption. La possibilité de recommencer à zéro. Ou presque. Le mercenaire s’était demandé récemment à quoi ressemblerait sa vie hors des arts martiaux, il n’avait toujours pas de réponse mais maintenant il avait une raison de changer. Dois-je te rappeler comment elle t’a accueilli ta très chère fille ? Ah, non, c’est vrai, elle ne t’a pas accueilli. Elle t’a rejeté immédiatement rien qu’à l’idée d’être ta fille. Tu es un monstre sanguinaire. Et à cette époque, je ne m’étais pas encore entièrement éveillé. C’est donc toi qu’elle déteste. Alors tu crois qu’aller la voir en lui disant que tu es vraiment son père va changer quelque chose, je ne pense pas. Tu es un guerrier. Rien d’autre. Et Sinestra l’a tout de suite vu et te l’a dit. Tu es un mauvais père, et tu ne seras jamais bon. Tu es un tueur, et tu ne seras rien d’autre.

Erdrak essaya d’ignorer Asmo. Pourtant ses arguments censés firent mouche. Le doute s’insinua. Et si c’était un cadeau empoisonné. Si cette révélation ne le menait pas vers une nouvelle vie, si elle ne le menait qu’à sa conclusion. Comme si la personnalité d’Erdrak, suivant un code de l’honneur, se battant selon des règles, errant sans but et sans ami, ou très peu, comme si cette personnalité devait juste disparaitre, et laissait sa place à Asmo dans la réalité. Peut-être que sa Colère avait plus sa place dans ce monde qu’Erdrak. Ne dis pas n’importe quoi. Tu me vois dans un monde en paix. Quelle serait mon espérance de vie ? Non, ce monde est le tien comme ce corps. Je veux juste que tu évites des déconvenues qui risqueraient de t’énerver. Imagine, je n’aurai plus ma place avec toi si c’est toi qui t’énerve. Erdrak ne comprenait plus ce qu’il se passait dans sa propre tête. Il y a encore quelque temps, Asmo essayait de devenir la personnalité dominante et maintenant, il refusait de laisser partir Erdrak.

Perdu dans ses réflexes, il suivit Ilyanth sans vraiment s’en rendre compte. Ils arrivèrent dans un autre sanctuaire, au centre duquel trônait une fontaine d’où coulait une eau claire. Le doux clapotis de l’eau calma un peu les appréhensions du mercenaire. Détend-toi. Tout ici est si paisible. Et il n’a jamais été question de te dominer, juste de ne pas cesser exister. C’était étrange de se faire raisonner par sa Colère. Erdrak avait toujours pensé être le plus intelligent des deux. Mais le Loup était si fatigué qu’il finit par céder. Non, c’était trop étrange. Il devait rester sur ses gardes pour la protection du baptistrel.

Le Loup Solitaire suivit les instructions du Chantefeu et regarda son reflet dans l’eau. Il ne s’était pas regardé depuis quelque temps et ne le faisait pas régulièrement. L’eau lui renvoya son visage. Le mercenaire ne s’était jamais vraiment aimé physiquement. La barbe qui s’était développé depuis la bataille rendait son regard encore plus dur et froid qu’il ne l’était d’habitude. La question du baptistrel était étrange. Lorsqu’il se regarde, il ne voit qu’un homme, marqué par la guerre avec un lourd passé. La cicatrice sous sa joue était presque invisible. Cette marque de la fois où le guerrier avait failli perdre son œil et sa vie. Peut-être aurait-ce été mieux ainsi. Il se doutait que Ilyanth voulait une réponse plus introspective ou quelque chose de plus personnel. Il est complètement débile, on a pas besoin de lui. Partons d’ici. Relevant la tête, il fixa l’elfe de son regard.
Je ne vois rien d’autre que mon reflet. Le visage d’un homme, mal rasé. Un homme n’est rien qu’un homme, son reflet n’a rien à révéler, ou ne devrait rien révéler. Maître Neolenn, je dois vous avouer quelque chose. Tout ceci ne servira probablement à rien. Je ne suis pas en bon terme avec Sinestra, et je ne pense pas un jour pouvoir changer cela. Je l’ai abandonnée avant sa naissance, elle et sa mère. Elle m’en veut pour ça, et je ne peux pas lui reprocher. Mais je me suis bercé d’illusion. Ce n’est pas Asmo qui effraie Sinestra, c’est ma simple présence. Je suis venu ici pour apprendre à contrôler ma colère, afin de pouvoir approcher de ma fille, pour devenir un père pour elle et réparer mes erreurs. C’était une illusion, un mensonge à moi-même. Je vous ai dérangé pour un mensonge.

descriptionPuissiez-vous nous sauver - Ilyanth - EmptyRe: Puissiez-vous nous sauver - Ilyanth -

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En amenant Erdrak dans le sanctuaire de l’eau, Ilyanth se remémora sa propre jeunesse et l’époque où celui-ci n’était qu’un apprenti Baptistrel. Sa première Cawr, une chantepluie, l’avait conduit en ce lieu afin de lui prodiguer son enseignement. A l’époque, il était très jeune et fougueux, habité par une âme de feu et se laissait submerger par ses émotions considérant les débordements de la passion comme inévitables.

La chantepluie était une femme douce et sereine, habitée par une force tranquille et ses grands yeux bleus ressemblaient à des lacs immortels dont nulle vaguelette ne troublait la surface. Leurs deux tempéraments semblaient radicalement opposés ; Ilyanth possédait la lumière et la chaleur du soleil, tandis qu’elle évoquait la fluidité et le calme de l’eau dormante. Pourtant, ces deux éléments complémentaires, symbolisaient tous deux, à la fois, la destruction et la renaissance et étaient gages de guérison et de purification.

C’est elle qui avait guidé le jeune Enw, avide d’apprendre et de faire ses preuves. Cependant, son plus grand enseignement avait été celui qui amène à la connaissance de soi-même et la réconciliation avec sa sensibilité à fleur de peau. Grâce à elle et à la méditation, Neolenn avait appris qu’il était parfois inutile de faire appel à la raison pour contrôler ses émotions et que chercher à réprimer ou à contrôler un désir ou un sentiment ne faisait souvent que l’attiser davantage.  

Lorsque le maitre barde invita le guerrier a observer son image dans le miroir de la fontaine, celui-ci parut troublé et évita de prolonger trop longtemps cet examen, comme s’il cherchait à éviter toute confrontation avec lui-même.
L’humain sembla hésiter avant de dire que son reflet ne lui révélait rien et qu’il ne pourrait jamais changer la relation que celui-ci entretenait avec Sinestra. L’homme évoqua l’abandon de sa fille avant sa naissance et la mauvaise entente qui en découlait inévitablement. Puis, ce dernier expliqua l’avoir dérangé pour un mensonge.

Neolenn sourit, sans se départir de sa bienveillance et répondit :

- Parfois il existe des choses qu’on tient pour vraies et qui sont fausses et des choses qu’on tient pour des mensonges mais qui sont des vérités. Vous dites vouloir contrôler votre colère, mais à bien y réfléchir est-ce vraiment la voie à suivre ?  Est-ce que chercher à dominer ou à réprimer sa colère ou certaines émotions ne les rendent pas finalement encore plus puissantes ? La solution ne résiderait-elle pas plutôt dans le fait de les écouter et surtout de les accepter ? De la même façon qu’apprendre à vous accepter mais aussi à vous aimer, avec votre part de lumière mais aussi d’ombre, avec vos erreurs et votre passé, vos victoires et vos défaites pourrait vous ouvrir de nouvelles perspectives de vie.

Le Rhapsodien contempla la cascade qui s’écoulait dans la fontaine d’un air rêveur avant de poursuivre :

- Je vous ai amené ici dans ce lieu de calme et de sérénité et conduit jusqu’à cette fontaine pour que vous puissiez contempler votre reflet dans ces eaux si pures et me décrire l'image cela vous renvoyez afin de comprendre la vision que vous avez de vous-même. Je pense que nous confronter à notre propre reflet peut nous aider à plonger au plus profond de nous être et à découvrir celui que nous sommes vraiment à l’intérieur. Si l’image que nous avons de nous est négative et que notre cœur est hanté par culpabilité ou les blessures du passé, inconsciemment, il peut nous arriver de penser que les autres partagent cette même vision alors que ce n’est que le reflet de nos propres pensées que nous croyions lire dans leur regard.

descriptionPuissiez-vous nous sauver - Ilyanth - EmptyRe: Puissiez-vous nous sauver - Ilyanth -

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Je ne peux pas me laisser aller à la colère. Je ne peux pas l’accepter. A chaque fois que ce fut le cas, il y a eu des morts, et mon corps a beaucoup souffert de ces actions. J’ai dit que cette colère m’a sauvé la vie plusieurs fois, mais jamais à quel prix. Si je l’avais laissé s’exprimer, Vous ne seriez plus de ce monde, même avec toute la magie des esprits. Mais peut-être que vous avez raison, qu’à force de la garder prisonnière, de la contenir, ma Colère est devenue plus forte, trop forte. Mais elle a atteint un niveau de haine qui ne pourrait diminuer que dans la violence. Comment raisonner une émotion ? Comment la raisonner en sachant pertinemment qu’elle n’écoute que l’appel du sang.

Erdrak ne comprenait pas ce où voulait en venir l’elfe. Qu’entendait-il par apprendre à s’accepter. Le mercenaire était vivant, n’était-ce pas la preuve qu’il s’était accepté ? Sinon, il aurait trouvé le moyen de se libérer de ce fardeau qu’était de se supporter. Durant une bataille, une ouverture mal à droite et un coup précis, et il y aurait joindre les esprits et pourrait tout recommencer à zéro. Non, à la place, Erdrak avait décidé de continuer à vivre, après avoir tout perdu. L’esprit martial d’Erdrak ne parvenait pas à saisir ce que le Baptistrel voulait lui montrer. Il n’était pas opaque à la psychologie, il avait appris à jouer sur le moral des gens, à savoir comment ils allaient réagir dans différentes situations, sans jamais s’interroger sur lui-même. Et même maintenant que l’elfe le poussait à le faire, le guerrier ne le voyait. Il était incapable de faire une introspective, le concept lui paraissait inconnu. Et pourtant, s’il était au Domaine aujourd’hui c’était bien pour une raison.

Je ne comprends ce que vous voulez dire, ni où vous voulez en venir. En quoi l’image que j’ai de moi-même et celle des gens peuvent être liées ? C’est absurde. Quelque chose au fond du mercenaire soupira. Si Asmo était bien une part entière de l’esprit d’Erdrak, il avait un mode de pensée pourtant différent. Pour la Colère, ce que demander l’elfe était simple et évident. L’énigme tenait à la réponse que le bipolaire devrait donner : la vérité ou bien un mensonge entendu pour faire plaisir. Mais un détail empêcha Asmo de mentir, mais il ne savait pas quoi. Pourquoi ne mentirait-il pas à l’elfe ? Le Chantefeu ne sera pas la première ni la dernière personne à se faire berner par le guerrier. Pourtant quand Asmo prit la parole, d’un ton agressif et exaspéré, ce fut pour dire la vérité, comment il voyait Erdrak et comment il se voyait, esprit de la Colère. Le visage de l’homme se déforma, l’inexpressivité de ses traits laissant place à un rictus mauvais et fourbe.

Je vais vous dire ce que je vois. C’est un homme qui n’a jamais eu le choix dans sa vie, à qui on a volé sa famille et son enfance. Un homme laissait à lui-même au point de haïr tout ce qui existe en ce monde. Un homme qui, les rare fois où il a eu le choix, n’a pas eu le courage de prendre des décisions et s’est contenté de se laisser porter par les évènements en se cachant derrière la guerre, la violent et sa haine. C’est un homme qui n’a jamais rien eu à part lui-même. C’est là ce que vous voulez entendre, la triste histoire de notre vie. L’histoire d’un lâche qui fuit sa lâcheté dans la guerre et la violence, pour oublier qu’il ne sait rien faire d’autre. Et maintenant qui se cache derrière lui-même, parce qu’il n’est pas assez fort pour se supporter. Ces paroles étaient comme crachées à la figure du Ewr. Asmo disait la vérité et il se souvenait pourquoi : on ne peut pas mentir dans ces lieux surtout avec les gens comme son interlocuteur. Comme il détestait ces pacifistes mous.

Erdrak, pour sa part, ne dit rien, et ne résista pas à Asmo. Il était perdu dans ses réflexions, perplexe. Sa Colère avait peut-être raison. Et il était toujours vivant par lâcheté aussi, incapable de se laisser mourir pour mettre fin à sa vie de meurtrier.

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Ilyanth écouta les paroles du guerrier, sans sourciller, demeurant drapé dans sa sérénité bienveillante et distillant la chaleur apaisante de son esprit-lié, l’oiseau du paradis. Puis, il répondit à Erdrak d’un ton empreint d’aménité :

- Jusqu’à présent, tu te battais car c’était la seule voie que tu connaissais. Tu te laissais dominer par ta Colère, croyant qu’il s’agissait du seul moyen de demeurer en vie et que tu n’avais pas d’autre choix. Pourtant, je demeure intimement persuadé que nous avons le choix de nos existences, que lorsque des sentiments nous submergent nous pouvons choisir l’orientation que nous leur donnons. Je ne suis pas partisan du fait de contenir ses émotions, mais je crois que si vous le désiriez vraiment vous pourriez orienter votre Colère ou vos ressentis négatifs vers un aboutissement plus constructif. Vous n’êtes pas condamné à être l’esclave de vos passions, ni à ce que celles-ci soient vos ennemies, vous pourriez les transformer en précieuses alliées.

L’humain le regardait avec perplexité, incrédule quant à ses paroles concernant l’acceptation de soi et le lien avec le regard des autres. Celles-ci devaient lui apparaître bien sibyllines et vides de sens.

- Le regard d’autrui peut agir comme un miroir dans lequel nous nous voyons nous réfléchir. Si nous peinons à nous accepter nous risquons de projeter sur l’autre ce que nous refusons de voir au fond de notre être. De même bénéficier d’un regard bienveillant peut nous aider à révéler notre propre lumière intérieure. Je t’ai mené jusqu’ici pour que tu puisses te confronter à toi-même, être ton propre miroir et décider de l’image que tu voulais voir se refléter à la surface des ondes. Tu es venu à moi parce que tu voulais renouer avec ta fille Sinestra, mais as-tu songé à l’image que tu désirais lui renvoyer ? Au genre d’homme et de père que tu veux être ?  Je ne suis pas là pour décider de ta destinée car celle-ci t’appartiens. Tu ne peux changer ton passé car celui-ci est immuable mais le futur reste à construire. Je pense que tu devrais cesser de fuir cette confrontation avec toi-même. Je crois que jusqu’à présent, te battre t’empêchait de réfléchir et de plonger dans les méandres de ton âme, pourtant c’est là que se trouve toutes les réponses que tu cherches.

Neolenn caressa doucement du bout de ses doigts l’eau si pure et cristalline de la fontaine :

- Dans cette simple eau, en apparence si insignifiante et pourtant si pleine de vérité…Je pense que tu gagnerais énormément à y méditer. C’est un chemin que tu dois accomplir en grande partie seul, bien que je puisse en partie te guider, mais chacun porte en soi les graines de sa propre délivrance.

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Erdrak ne comprenait pas tout ce qu’Ilyanth racontait, il n’écoutait que d’une oreille après tout, trop concentré sur son combat intérieur. Mais le Chantefeu avait raison. Se battre est la seule voie que le Loup Solitaire connaissait. Non, c’est faux. Iriac lui avait appris la diplomatie, la rhétorique. Mais ces deux armes ne servaient à rien contre Asmo, car sa Colère n’était pas raisonnable. Sa seconde personnalité était le concentré de tout le ressenti d’Erdrak, une boule de haine, de violence et de colère. Elle était si forte, qu’elle pouvait déteindre sur sa personnalité principale, au point de le rendre lui aussi colérique. Sauf si…

Il savait se battre physiquement, et Asmo aimait ça. Mais son esprit était apte à de plus grande gymnastique. Le choix, nous n’avons jamais le choix, car il y a toujours une troisième solution, bien meilleur entre toute. Fuir et vivre ou rester et mourir, ou alors surprendre et vaincre. La troisième voie qui s’offrait au Loup Solitaire lui semblait évidente maintenant. Il n’écoutait pas vraiment Ilyanth mais il se rendait compte qu’à mesure que l’elfe parlait, Erdrak avait compris la même chose et avait eu la même idée.

Asmo ne savait rien des réflexions d’Erdrak, car celui-ci avait cloisonné ses pensées. Mais En faisant ainsi, il laissait toute latitude à Asmo. Sa colère avait un contrôle total du corps de l’humain. Et Erdrak ne savait que vaguement ce qui se passait à l’extérieur. Il devait trouver une solution rapidement. Extérieurement, l’humain semblait bouillir de haine et de rage, comme s’il retenait un flot trop grand. Alors que le Chantefeu parlait, Asmo ne cessait d’accumuler sa rage. Lorsque je le libérerai, on ne retrouvera rien de cet être frêle, tu entends Erdrak. Cet elfe essaye de te tromper mais je vois clair dans son jeu. Il n’y a que moi qui t’es jamais aidé. Lui essayera de te manipuler. Mais je suis là, je veille sur toi, comme je l’ai toujours fait.

Même sans armes, Asmo était dangereux. L’armure lui offrait même une force de frappe supplémentaire. [color=#FF0000]Délivrance, c’est le mot. Je suis sa délivrance, et en te faisant disparaitre, je rendrais Erdrak plus fort. [color]L’humain se redressa de toute sa taille, silhouette menaçante et irradia d’une force terrible. Il fit un pas vers l’elfe, serrant les poings prêts à lui bondir dessus. STOP !

Le cri d’Erdrak résonna autour de la fontaine. Le combat intérieur devait cesser immédiatement. L’humain devint immobile, toujours terrible est menaçant. [color=#0066FF]Asmo, il faut que cela cesse. C’est ce que j’allais faire. Faitre cesser cette mascarade. Non ! Il n’a pas tort. Nous devons arrêter d’être des antagonistes. Nous ne sommes pas antagonistes, je te protège Oui c’est vrai mais à quel prix. Tu es ma force, ma rage et ma colère, mais tu es surtout moi. Tu n’as pas à agir comme ça. Je ne comprends pas. J’ai toujours agi comme ça et ça a toujours marché. Oui, mais à quel prix. Des gens nous haïssent et nous avons frôlé la mort plusieurs fois. Qu’importe les autres, nous sommes toujours vivants. |/color]Mais pour combien de temps. Souviens-toi du combat contre la Chimère. Souviens-toi comme nous étions puissants, efficaces, indestructibles. Nous l’étions car nous étions ensembles, complémentaires. Tu l’as dit toi-même, tu es une partie de moi, la partie forte et protectrice. Mais je suis donc ce qu’il reste. Je suis la stratégie, l’intelligence, la ruse. Ensemble, nous sommes un. Alors tuons cet elfe qui essaye de nous séparer. Non. Tu n’as pas compris. Ne me prend pas pour un imbécile Erdrak laissa couler se sérénité dans tout son corps. Elle affronta sa colère, sa tension, mais lentement, elle s’immisça dans la conscience d’Asmo, le calmer un peu. Asmo avait construit un pont de colère entre lui et Erdrak, et Erdrak en avait fait un de douceur. Et cela sembla fonctionner. Ilyanth peut nous aider. Pas à dominer l’autre, mais à nous comprendre. Nous sommes meilleurs que tous les autres, car nous sommes deux. Mais nous ne nous connaissons pas. Quel est ton but, à part survivre ? Quel est le mien ? Si nous nous acceptons, et nous nous comprenons, je pourrais plus facilement retirer tes frustrations, tu serais plus libre. Et moi, je serais plus fort. Si nous travaillons ensemble comme un seul esprit dans un seul corps, mais en restant distinct, j’aurais ta force et ta rage, tu auras ma ruse et mon agilité. Et à quoi cela servirait ? A reformer la Meute. Nous serons craints et respectés. Nous aurions de nouveau un but ? Je serai… libre. Oui, en quelques sortes. Il y aura des combats, mais auquel tu prendras part, libre de frapper de toutes tes forces. Il y aura… probablement d’autres conquêtes. Nous irons de l’avant.

Asmo se retira sans un bruit. Le corps du guerrier se détendit. La colère disparut des traits de l’humain. Maître. Apprenez-moi à mieux me connaitre, à mieux me dominer. A être deux être unis. Le Loup Solitaire, mis un genou à terre. J’ai compris ce que je devais faire, et je dois vous faire confiance, ainsi qu’à moi-même.

descriptionPuissiez-vous nous sauver - Ilyanth - EmptyRe: Puissiez-vous nous sauver - Ilyanth -

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Ilyanth attendait, immobile et figé dans une posture hiératique, que s’achève le combat intérieur qu’Erdrak livrait à son alter-ego né de sa fureur. Quelle en serait l’issue ? Le Baptistrel l’ignorait et était prêt à accepter la décision du mercenaire, quelle qu’elle soit. En effet, il n’avait guère pour habitude de tenter d’influer sur le cours des choses et estimait que le libre-arbitre des individus devait primer sur ses considérations personnelles.
A en juger par les traits déformés du guerrier, la lutte que se menait les deux entités devait être très importante. Le choix que ferait Geflorth pourrait modifier son existence du tout au tout et le conduire vers un avenir radieux ou vers les pires calamités. Le maître barde songea à ses nombreux choix passé et se demanda de quelle manière ceux-ci avaient impacté sur sa destinée. Parfois, ce dernier se demandait si une force invisible ne guidait pas ses pas dans l’une ou l’autre direction, bien qu’en définitif il demeure le seul maître de ses choix.

Soudain, l’homme parut retrouver un semblant de calme et l’elfe du soleil remarqua que ses prunelles bleu-vert luisaient de détermination. Quelques secondes plus tard, il s’agenouilla devant Neolenn et lui demanda d’accepter de devenir son maître.

Le chanteur resta un bref instant silencieux avant de poser sa main sur son épaule et l’invita à se relever.

- Très bien, puisque tu sembles avoir pris ta décision, j’accepte de t’aider dans ton cheminement intérieur afin que tu puisses trouver la voie qui sera la tienne dans le futur.

Un sourire plein de gaieté s’afficha sur son visage doré et celui-ci poursuivit :

- Toutefois, je préfère me considérer comme un guide plutôt qu’un maître car je pense que c’est toi-même qui trouveras tes propres réponses. Je peux t’accompagner sur le chemin du savoir et de la paix  de l’âme, ainsi que t’apprendre à apprendre mais point résoudre tes difficultés à ta place. Le mieux serait que tu résides au domaine jusqu’au jour où tu te sentiras prêt à reprendre la route.

Ilyanth ajouta d’un ton calme :

- Cette quête intérieure peut durer des mois…voire plusieurs années pour certaines personnes. Quant à savoir à quel moment ce cheminement prendra fin, selon moi l’essentiel est de faire confiance à son ressenti, de se sentir véritablement en paix avec soi-même et d’être réconcilier avec son passé pour aborder le futur avec sérénité.

Ensuite le chanteur le conduisit dans un endroit calme du sanctuaire et lui demanda de s’asseoir à ses côtés pour débuter une séance de méditation, la première d’une longue série, bercés par le doux clapotis de la fontaine vif-argent.
HRP: voilà j'ai conclu, si tu n'as rien à ajouter je peux aller réclamer l'xp Very Happy merci pour le RP.

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