Légion Vat’Em’Medonis


   
Le village de la légion Vat ‘Em’Medonis est situé au nord de l’île de Nyn-Tiamat, sur l’inlandsis lui-même, avec au dessus d’elle rien d’autre que les côtes brisées d’une banquise malmenée par les blizzards houleux du grand large. Les Graärh de cette tribu sont essentiellement des pêcheurs, aussi disposent-ils d’un port logé entre deux immenses falaises, congères inexpugnables formées au fil des siècles, pour y abriter leurs embarcations en cas de tempête. Ces parois au bleu opaque sont creusées, de sorte à former une série de caves afin d’entreposer chaque jour le fruit des nombreuses pêches. Passée maître en la matière, l’ethnie Thand possède autant d’embarcations rudimentaires pour les récoltes de poissons au filet, que de plus lourds et vastes bateaux pour la chasse à la baleine et aux phoques.

   Le village est construit en demi-lune avec la partie circulaire tournée vers l’intérieur des terres. Si jusqu’à récemment le rassemblement de Graärhs ne nécessitait pas de fortifications, se suffisant du climat particulièrement hostile de l’île pour repousser prédateurs et autres tribus hostiles, la récente arrivée des Sans-poils força le peuple félin à s’adapter afin de survivre à toute possible attaque. Usant des nombreux dons accordés par les Esprits-Liés, la Légion érigea d’épaisses murailles de glace et de cristaux, créant un véritable mur infranchissable au bleu translucide marbré d’iridescences.

   A l’intérieur de ces remparts, les habitations sont d’apparence petites avec une majorité d’igloos. Toutefois, comme les icebergs, il ne s’agit que du sommet, car en réalité ces constructions s’étendent généralement en dessous du niveau de la neige et forment de vastes pièces creusées à même la roche et la glace. Leur intérieur est décoré de nombreux tapis, fourrures et coussins. Quelques exceptions dénotent cependant en la présence d’immenses yourtes, dont les fondations faites de bois durci aux flammes reposent directement sur la neige. Elles sont isolées par une première couche de toile cirée à l’huile de baleine, puis à l’intérieur de ces habitations, un cuir typique à la Légion renforce l’isolation, grâce à deux couches en peau de rhinocéros laineux avec entre elles des écailles cousues les unes aux autres.

   En dépit du climat et de la région, les habitants œuvrent jour et nuit dans les rues sinueuses du village. Le poisson doit être fumé ou salé, les peaux traitées avant de geler. La graisse est utilisée pour les lampes à huile, autant que pour l’entretien des armes ou des armures, voire pour l’isolation des habitations. Et les places débordent jusqu’à tard d’une activité bourdonnante.

   Les Graärh se répartissent en quartiers semi-circulaires, suivant la formation naturelle des murailles, ainsi que des côtes escarpées qui leur font face. Aux pieds du rempart se trouvent les habitations des plus hauts placés de la tribu, puisqu’il s’agit des guerriers les plus féroces et honorables qui soient. Chargés de défendre en cas d’attaques, ils patrouillent inlassablement autant sur le chemin de ronde que dans l’Inlandsis à la recherche d’éclaireurs ou de traîtres. Plus à l’intérieur du village, l’on retrouve les artisans dont les igloos et les yourtes sont autant leur habitation que leur atelier et boutique. Enfin, sur les côtes, les pêcheurs étendent et réparent leurs filets, trient les pêches du jour et organisent la distribution ainsi que le stockage.