Connexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
Août 1763

« Cet après-midi Shyven, nous allons rencontrer ta famille ! »

La petite dragonne, ayant tout juste fini son repas de midi, fut toute excitée par cette annonce de son vaillant Papa-tout-chaud. Sa famille ! Ce mot sonnait comme quelque chose de tout doux aux oreilles de la Petite Opale. Elle lui rappelait la présence rassurante de son père, la chaleur de son abri, les moments conviviaux autour de la nourriture …

Évidemment, Shyven ne put s’empêcher de poser mille et une questions à leur sujet : qui étaient-ils ? Pourquoi les rencontrer maintenant ? Est-ce qu’ils sentaient bons ? Est-ce qu’ils étaient tout-chauds comme Papa-tout-chaud ?

La dragonne rose eut pour réponse de son père quelques informations. Ils allaient tout deux à la rencontre de Keetech, sa vénérable grand-mère, ainsi que Ssaadjith et Nephilith, ses oncles.

Grand-mère évoquait à Shyven quelque chose de réconfortant, qui donnait envie de se faire câliner, mais aussi un côté ancestral : face à cette appellation de « Grand-Mère », elle avait envie de  se tenir tranquille et d’écouter. En vérité, c’est presque comme si elle trouvait des similitudes avec cette voix mystérieuse qui venait lui parler « d’Équi » dans son sommeil … Elle sentait qu’une telle personne aurait bien des choses à lui dire. Toutefois, sans qu’elle ne sache l’expliquer « grand-mère » lui laissait également un grand sentiment de … vide ? C’était comme si c’était quelque chose d’inconnu, mais l’inconnu qu’on ne voulait pas forcément connaître quoi qu’il arrive. Shyven n’arrivait pas vraiment à maîtriser ce dernier concept.

Quant à ces oncles … Kaalys assura à la jeune dragonne qu’ils avaient le même âge qu’elle … Alors elle avait hâte de les connaître ! C’était la première fois qu’elle rencontrait des membres de son espèce, elle espérait pouvoir s’en faire de bons compagnons de jeux ! Puis ses oncles … c’était sa famille ! Alors ils ne pouvaient de toute façon pas être méchants avec elle !

Après ces nombreuses questions de la part de Shyven, le Saurien et la petite opale se préparèrent pour le départ. Kaalys précisa à sa fille qu’ils ne pouvaient pas rester chez eux, parce que sa grand-mère portait bien son nom. Si elle trouvait son Papa-tout-chaud déjà très grand, alors la dragonne ne pouvait décemment imaginer comment serait sa grand-mère

Pour sortir, Shyven tâcha de grimper aussi rapidement que possible dans une patte de Kaalys. Ce n’était plus sa première sortie, mais la petite opale avait toujours un peu de mal à escalader le grand saurien : elle posait de manière un peu gauche ses griffes entre les écailles de son Papa, et remuait son derrière afin de trouver la force nécessaire pour grimper.

Ce n’était pas une mince affaire, mais à force de persévérance, elle y arrivait. Étrangement, quand elle faisait ce petit exercice, la petite opale constatait qu’elle se sentait … bien ? Comme si le fait de s’agiter et de se dépenser contribuait à la faire se sentir bien. Ce bien était une sensation très agréable, définitivement.

Toujours est-il qu’une fois Shyven bien accrochée, Kaalys ne tarda pas à prendre son envol, et à descendre en bas de la montagne.

Le vol avec son Papa-tout-chaud apportait toujours ses mêmes sensations à Shyven : une agréable envie de liberté, qui transcendait tout ce qu’elle pouvait connaître jusqu’à présent. Elle ne savait pas encore exactement mettre des mots sur ces sensations-là, mais elle prenait vraiment beaucoup de plaisir à sentir le vent glissé sur ses petites écailles … Seulement ce n’était pas qu’une affaire de plaisir.

C’était plus profond que ça. Elle sentait qu’avec cette sensation, elle pouvait aller au bout du monde, et revenir. Que rien ne pouvait l’arrêter. Alors elle tâcha de se détendre dans le petit espace que lui avait réservé son père, et profita du court voyage.

Elle s’aperçut alors que voler semblait être toute une technique : Son Papa-tout-chaud prenait soin de faire des mouvements bien amples, se déplaçait ça et là au gré des vents … Elle était de fait particulièrement fascinée par cette technique autour du vol, et parce que son père semblait la maitriser à la perfection. Voilà encore quelque chose qu’elle allait bientôt découvrir, et elle avait hâte.

La Petite Opale en était persuadée : ce monde n’attendait qu’à être parcouru, et apprendre à voler serait le début de tout ça. Pour l’heure elle tâcha de garder cette idée sagement dans sa tête, et profita du paysage montagneux qui se dessinait devant elle, qu’elle descendait au fur et à mesure que les courants d’air les portaient.

Une fois qu’ils étaient bien descendus, Shyven entraperçu sur un plateau en bas … Une autre montagne … ?! Avec des yeux … ?!!

La dragonne se frotta ses petits yeux, avant de se concentrer et regarder une deuxième fois … Non, il n’y avait rien à faire, c’était bien une montagne, avec des yeux. Alors, son Papa-tout-chaud, qui avait probablement senti son trouble, vint ponctuer sa pensée :

« C’est Keetech, ta grand-mère. »

La petite opale eut alors un petit écarquillement des yeux. Alors c’était à ça que ressemblait sa grand-mère … Mais mais … C’était tout juste si on pouvait en discerner un bout et l’autre ! Elle était tout bonnement … gigantesque !

Évidemment, cela imposait le respect dans le petit cœur de Shyven. Elle était toute émue de voir cela, parce qu’elle savait que quelque part, bien plus tard, elle aussi elle serait dans cet état-là. Elle aussi, elle serait si grande que quelqu’un de non-averti la confondrait avec une montagne. Une belle montagne rose. Shyven eut un petit sourire : étrangement, elle se faisait plutôt bien à cette idée.

La petite dragonne sentit que son Papa-tout-chaud entrait en contact avec sa grand-mère, puis tout deux ils se posèrent à côté d’elle. Kaalys libéra ensuite sa fille. Celle-ci, en sortant des griffes de son père, aperçut au pied de la montagne vivante, une petite tâche d’or, et une autre tâche noire, bien distincte. Cependant, elle sentait que quelque part, les deux étaient liés, profondément. Était-ce là ses oncles Ssaadjith et Nephilith ? Sûrement que oui, en tout cas ils conformaient à la description que son père lui avait fait.

En tout cas, le saurien intima sa petite opale à se présenter, ce qu’elle fit promptement :

« Bonjour, Grand-mère-montagne-majestueuse-ancestrale Keetech … Et bonjour Oncle-tâche-jaune-brillante-sage Nephilith et Oncle-tâche-noire-piquante Ssaadjith ! Je suis Shyven, ravie de vous rencontrer. »

Ses salutations s’accompagnèrent d’un petit geste qu’on pouvait plus ou moins assimilé à un petit salut physique, puis elle se recula, laissant de l’espèce à ses congénères draconiques.

Sa famille. Au plus profond d’elle, elle ne savait pas pourquoi, mais Shyven espérait qu’elle allait pouvoir se faire une place parmi eux.

Dernière édition par Shyven le Jeu 11 Juil 2019 - 22:28, édité 1 fois

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
    L'antre sous les Crocs-de-Givre de leur famille était intéressant, assez large... Mais il fallait avouer que passer plusieurs mois à l'intérieur était vite devenu désagréable. Malgré son immense taille, on en avait fait vite le tour, surtout quand on avait que cela à faire. Il n'avait pas été malheureux. Il taquinait et jouait beaucoup avec son jumeau : il avait la chance d'avoir quelqu'un de son âge avec qui grandir. Leur famille avait placé dans l'antre de quoi les occuper et les nourrir. Si bien que l'obsidienne ne s'en était guère plaint. Pour autant, il appréciait grandement leurs échappées telles des odyssées dont ils étaient les vaillants aventuriers. Les paysages, les saveurs, les couleurs éclatantes ou enténébrées, tout avait l'attrait de la divertissante nouveauté et son cœur de nouveau-né battait à la chamade devant tant de réalisme à ce qu'il savait.

    « 47, 48, 49... »

    Cette fois, le voyage fut un peu plus long. Nynsith les avait conduit dans les tréfonds de l'océan où elle était à l'aise, leur dévoilant ce monde complexe et fascinant qui tanguait dans un rythme régulier et apaisant. Les poissons furent légion pour leur repas, leur octroyant la découverte de bien des goûts iodés dans lesquels Ssaadjith ne trouvait pas son bonheur. Il appréciait, cela n'était guère mauvais. Mais il n'avait connu d'exaltation jusqu'alors. Peut-être que sur la surface de la terre, les délices feraient honneur à l’inoubliable qu'il était. Survolant la surface de l'eau, le dragonnet appréciait la musique du vent et des vagues qui s'entremêlaient, joints aux battements d'ailes de Keetech comme un tambour qui claquait sourdement le tempo. Le début du voyage avait été une grande découverte, mais le reste était long...

    « 129, 130, 131... »

    Alors l’obsidienne avait entreprit de compter les écailles de sa Gemme-Écaille. Pourquoi donc ? Pour que son frère le sache ! Lui qui avait un si grand cerveau, il lui fallait cette information cruciale et c'était lui, Ssaadjith, qui lui apporterait. Elles étaient épaisses et longues par endroit, et minuscules et lisses à d'autres, comme la peau d'un serpent. Les dénombrer n'était pas une tâche aisée, mais l’obsidienne avait la motivation la plus solide qui soit : l'orgueil. Celui d'avoir accompli cette tâche titanesque, celui de ne pas avoir abandonné, celui d'être l'être prodigieux qui lui apporterait cette information. Qui sait comment Nephilith l'utiliserait ? Au fond, ce n'était pas lui le cerveau de la bande, le doré se débrouillerait très bien avec.

    « 374, 375 – Maman, quand est-ce qu'on arrive ? – 376, 377... »

    Ok, peut-être que c'était quelque chose qui ne servait à rien. Mais il avait foi en son frère : Nephilith trouverait. De temps en temps, il s'arrêtait pour guetter le paysage, mais les heures étaient trop longues pour un impatient comme lui. Après une bonne partie du vol, son estomac cria famine alors qu'il en était rendu à scruter les écailles de son frère, situées au niveau de sa patte arrière gauche.A plat ventre, il avait l'air bien concentré :

    « 540, 541 – Maman, j'ai faim ! – 542, 543,... »

    Mais sa mère lui indiqua qu'ils étaient proches d'arriver et que les montagnes se dessinaient au loin. Ssaadjith leur adressa un bref coup d’œil, mais de là où il était, elle étaient encore ridiculement minuscules. Aucun intérêt. Comme les bipèdes. Il poussa un soupir et retourna compter les écailles avant de s'écrier, prenant entre ses pattes avant la tête de son cadet gémellaire : « 724 ! Tu en as SEPT-CENT-VINGT-QUATRE, ok ? » Il était fier : « Me remercie pas surtout. » grogna fit-il face au museau mi-figue mi-raisin de la Gemme-Écaille. Rah la la, aucune reconnaissance pour sa dévotion et pour l'immense travail qu'il avait accompli jusque là ! « Et tu sais quoi ? Ça en fait une de moins que moi. J'en ai 725. » Et bim ! Il leva le museau par fierté. Oui, c'était donc bien l'orgueil qui l'avait fait tenir bon : celui de pouvoir se vanter d'en avoir plus. Et le résultat le prouvait de lui-même ! Il était né avant Nephi, il avait plus d'écailles. Il était donc magnifique, et ce n'était pas sa couleur dorée qui viendrait le surpasser.

    Les montagnes se firent de plus en plus immenses et captèrent enfin l'intérêt du dragonnet à proximité. Keetech se posa et fit descendre les petits sur la terre ferme, recouverte de neige même en cette période de l'année. Quelques touffes d'herbe venaient la percer ici et là. Il y avait un dragon sombre, aussi noir que lui et plus grand. Ce devait être Kaalys. Il avait cru comprendre que son histoire avec sa sœur Nynsith n'avait pas été toute rose... Excepté pour ce qui en sorti. Un œuf couleur pastel. La petite dragonne d'opale lui apparaissait et de sa nouvelle taille de dragonnet, il se dressa pour faire bonne figure. Il avait envie d'être inoubliable pour elle aussi... Mais quelle ne fut pas sa surprise de se prendre dans la face, sans préambule, qu'il était une tâche noire. Sa mine se renfrogna alors qu'il répondit, vexé : « Bonjour Nièce-tâche-couleur-bipède-insolente Shyven. Je suis Ssaadjith. » Il jeta un regard en biais sur Kaalys avant d'ajouter, toujours aussi orgueilleux : « Mon père est plus grand. » Et il avait donc plus d'écailles. Par conséquent, il était mieux. « Mais enchanté quand même. » Faux. il était toujours vexé. Pas enchanté.

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
Découvrir le monde. Voilà tout ce dont il rêvait. Apprendre, comprendre, expérimenter, découvrir… un infini s’ouvrait devant lui, et Nephilith s’en gorgeait avec délectation. Il tentait de tout mémoriser, chaque ligne de l’horizon, chaque couleur, chaque roc, chaque lame de vagues qu’il entrevoyait depuis la hauteur où ils voguaient, convoyés par leur mère. C’était futile et inutile, il le savait. Chaque vague était différente, et quand il reviendrait, parce qu’il était bien déterminé à revenir lui-même un jour, les vagues qu’il avait vues en ce jour ne seraient plus là, et seraient remplacées par d’autres, à la fois semblables et différentes, pour suivre le même chemin… et aller se fracasser comme ses sœurs contre ses falaises abruptes qu’il apercevait soudain. Nephilith était fasciné par ce spectacle à la fois grandiose et magnifique. Tragique de répétition, mais splendide allitération.

Les pensées du jeune dragonnet dérivaient ainsi, de vague en vague, de nuage en nuage, tandis qu’il entendait son frère compter. Compter quoi ? Il ne le savait, Ssaadjith avait refusé de lui répondre. Trop concentré à compter. Il l’observait alors d’un œil circonspect, surveillant que l’autre tenait bien le compte sans faillir, tout en observant les nuages. Comment se formaient-ils ? De quoi étaient-ils faits ?

"Tu peux monter plus haut maman ? Est-ce qu’on peut toucher les nuages, dis ? Est-ce que tu sais de quoi ils sont faits ? Comment ils volent eux ?"

Et des questions à l’infini, elles aussi. Mais sa mère ne lui répondit pas ou que par des réponses qui n'en avaient que le nom. "Tu le sauras un jour, fils. Pas maintenant pour les toucher, vous êtes jeunes encore. Plus tard. Tu le sauras plus tard." Sauf que lui, ce n’était pas plus tard, mais maintenant, qu’il voulait savoir ! "Pas grave, je trouverai la réponse un jour", se promit-il intérieurement. "Ou les voix me le diront." Et les voix lui en soufflèrent bel et bien quelques-unes. Même si leurs réponses lui apportèrent d’autres questions encore, au lieu de les apaiser.

Des questions, que, cette fois, il garda pour lui. Et il se contenta de les triturer une à une dans son esprit, tout en observant les formes variées et magnifiques des nuages. Oh un animal ici… une lune là… Et à s’imaginer des scènes s'animant tout doucement, tout un paysage brumeux, voguant dans les cieux. Quand soudain…

« 724 ! Tu en as SEPT-CENT-VINGT-QUATRE, ok ? »

Nephilith sursauta au rugissement empli de fierté de son frère qui l’attrapait par le museau. Mais de quoi parlait-il ? Ça y est, son frère était devenu fou, à force de se comparer le nombril.

« Me remercie pas surtout. »

Bah… s’il savait de quoi il devait le remercier, peut-être le ferait-il, songea-t-il en haussant une écaille sourcilleuse.

« Et tu sais quoi ? Ça en fait une de moins que moi. J'en ai 725. »

L’écaille au-dessus de l’autre œil se souleva elle aussi. Hum… vraiment ? Comme de par hasard, une de plus… Pas étonnant, connaissant son Frère-Coquille. Nephilith était quasi sûr que Ssaadjith n’avait pas fait le décompte pour eux deux. Et qu’il inventait juste le fait d’en avoir une de plus. Mais une de quoi ? Dans un soupir, Nephilith regarda autour de lui ce que son jumeau avait bien pu compter sur lui. Une… une... une écaille ? Ssaadjith avait compté ses écailles ? Non parce qu'il n'avait pas sept cent vingt-quatre griffes ni même cornes. Ce ne pouvait qu'être les écailles.

À cette soudaine pensée, Nephilith laissa un grand gloussement amusé lui échapper.

" Tu as compté mes écailles ? Tu t’ennuyais tant que ça ? "

Lui n'avait pas vu le temps passer. Il y avait tant à penser.

Un autre ronronnement de rire, s’accrochant à sa mère pour ne pas tomber, tant il bougeait soudain.

" Tu sais qu’il y a de grandes chances que le nombre d’écailles augmente quand on grandit ? "

Et un autre ronronnement amusé. Mais déjà ils atterrissaient sur une île rocailleuse et enneigée. La neige ! La neige ! Tout à sa nouvelle découverte, à la sensation de froid et d’enfoncement à la fois doux et crépitant qu’il ressentait à chaque pas, Nephilith n’eut d’abord aucune considération pour les dragons qui les attendaient.

« Bonjour, Grand-mère-montagne-majestueuse-ancestrale Keetech … Et bonjour Oncle-tâche-jaune-brillante-sage Nephilith et Oncle-tâche-noire-piquante Ssaadjith ! Je suis Shyven, ravie de vous rencontrer. »

Il ne releva pas et enfouit son museau dans la neige, pour tester. Ce ne fut que lorsque son Frère-Coquille réagit, avec son éternelle susceptibilité, que Nephilith releva son museau, alors recouvert de neige qu’il avala d’un coup de langue rapide.

Froid. Sans grande saveur. Pas terrible au final.

« Mon père est plus grand. »

Nephilith roula les yeux au ciel. Ça, ce n’était guère difficile. Pourquoi fallait-il toujours plus, encore plus, avec son jumeau ?

" Boude pas, mon Frère-Coquille, on sait tous que tu es le plus beau. Mais pas le plus intelligent ", fit-il avec une lueur taquine dans ses saphirs. " Ça, c’est moi. "

Ou comment mettre les quatre pattes dans le volcan.

" Tu viens d’apprendre Shyven, Plume-Rose, que si tu veux t’entendre avec mon adorable et narcissique frère Ssaadjith, il va te falloir reconnaître sa grandeur. Même s’il ne l’est pas. "

Et allez, un plongeon dans la lave.

" Kaalys, Nacré terni", salua-t-il également. "Je suis Nephilith. Certains disent le sage, mais d’autres prétendent que la sagesse vient avec l’âge. Alors nous dirons juste la Gemme-Ecaille. Je suis heureux de vous rencontrer. "

Il se tourna vers son frère, qui devait bouder après toutes ses taquineries, et chercha un moyen de désécailler son humeur. Il n’avait aucune envie de commencer cette rencontre, qui s’annonçait pleine de promesses et de nouveaux jeux, par une discorde de dragonnets en mal de compliments.

" Tu savais qu’il a sept cent vingt-cinq écailles ? "reprit-il à l’attention de Shyven. "Je n’en ai que sept cent vingt-quatre. Certainement tout comme toi, il y a fort à parier. Ssaadjith les a comptées pendant le trajet. Et je peux t’assurer que c’est un exploit, tant cette tâche est longue et fastidieuse."

Là, ça allait peut-être apaiser son petit grand frère préféré. Bon pas difficile qu’il soit le préféré, c’était le seul, l’unique, mais bon, détails que cela.

" Il paraît qu’il y a une magnifique montagne sur cette île. Je n’ai jamais visité de montagne. Tu nous la montres ? Est-ce qu’on peut monter jusqu’en haut ? " demanda-t-il en pointant une griffe vers le sommet. " Allez, chiche ! Le dernier arrivé est un mollusque sans coquilles ! " fit-il en s’élançant sans attendre.

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
« Bonjour Nièce-tâche-couleur-bipède-insolente Shyven. Je suis Ssaadjith. »

… Non mais pour qui il se prenait celui-là ?! Shyven plissa les yeux quand Ssadjith prononça ses mots en sa direction : « insolente » elle ne connaissait pas ce mot, mais elle ne l’aimait déjà pas. Oh ça non ! Il activait des zones dans son esprit qui ne lui plaisait vraiment pas, encore plus quand il était dit avec un ton aussi … désinvolte et prétentieux. Tout ceci provoquait chez elle un fort mécontentement, ça oui !

Pourtant Papa-tout-chaud lui avait dit de chérir sa famille, mais là elle n’avait qu’une seule envie c’est de faire tomber toute la neige de la chaine de montagnes sur lui. Ça lui ferait les pattes à ce prétentieux ! On n’insultait pas la Petite Opale comme ça ! Et d’ailleurs, en parlant de Papa-tout-chaud …

« Mon père est plus grand. Mais enchanté quand même. »

Shyven plissa encore plus les yeux : qu’on l’insulte elle, même si cela ne lui plaisait pas du tout, cela lui donnait juste des envies de lui laver la gueule avec toutes les choses les plus terribles que la petite opale avait trouvé dans la grotte de son Papa, comme ce reste de cadavre de lapin derrière cette pierre au fond de la caverne, qui était en décomposition et qui ne sentait pas bon du tout.

Mais là, qu’il insulte son père, son modèle, celui qui le chérissait et le protégeait en toutes occasions, celui qui lui avait fait goûter à un super-repas-délicieux pour la première fois … Shyven bomba le torse. Si c’était la bagarre qu’il voulait, il allait l’avoir ! La jeune dragonne n’était pas bien grande, mais elle savait qu’elle pouvait aisément mater les nuisibles.

… Fort heureusement, un valeureux dragon vint à son secours. Cette fois ce n’était pas son Papa-tout-chaud, mais bien son deuxième oncle, Nephilith, qui se rapprocha du duo :

« Boude pas, mon Frère-Coquille, on sait tous que tu es le plus beau. Mais pas le plus intelligent. Ça, c’est moi. »

Shyven rouvrit grands ses yeux, avant d’étouffer un rire fort. Bien fait pour sa gueule ! Elle ne connaissait pas encore vraiment Nephilith, mais la petite opale sentait que leur relation partait déjà sur des bases beaucoup plus saines. Vraiment, ça devait lui rabattre le caquet à ce vilain Ssaadjith.

« Tu viens d’apprendre Shyven, Plume-Rose, que si tu veux t’entendre avec mon adorable et narcissique frère Ssaadjith, il va te falloir reconnaître sa grandeur. Même s’il ne l’est pas. »

Cette fois-ci, la dragonne ne put se retenir. Elle laissa échapper un grand rire franc et sincère, qui la fit oublier la présence de ses oncles un instant. Décidemment, elle aimait beaucoup son deuxième oncle.  Premièrement, parce que ce surnom de « Plume-Rose » lui convenait déjà beaucoup plus que les basses insultes qu’elle avait entendu, et puis … Il avait l’art de la … répartie. En voilà un nouveau mot, qui sonnait doucement à ses oreilles. Un sentiment de puissance envahit la dragonne quand elle réfléchissait à ce concept … Sans doute fallait-il le cultiver. Elle sentait que ça lui faisait du bien. Elle rangea cette idée dans un coin de sa tête, et reprit le fil de la conversation que Nephilith avait lancé.

« Tu savais qu’il a sept cent vingt-cinq écailles ? Je n’en ai que sept cent vingt-quatre. Certainement tout comme toi, il y a fort à parier. Ssaadjith les a comptées pendant le trajet. Et je peux t’assurer que c’est un exploit, tant cette tâche est longue et fastidieuse. »

Shyven reprit sa petite moue. Mouais. Elle n’avait pas compter ses écailles, mais les siennes étaient d’un rose bien plus attirant que ce noir-tout-moche de Ssaadjith-Prétentieux. Elle nota cependant l’information que Nephilith venait de lui donner dans un coin de sa tête. Même s’il était vexé, son deuxième oncle savait faire preuve d’une certaine … résilience. Elle tâcha de ne pas oublier ce détail.

« Il paraît qu’il y a une magnifique montagne sur cette île. Je n’ai jamais visité de montagne. Tu nous la montres ? Est-ce qu’on peut monter jusqu’en haut ? Allez, chiche ! Le dernier arrivé est un mollusque sans coquilles ! »

Ah, voilà une activité qui plaisait à la petite opale ! Elle eut une mine enjouée, les questions de son oncle Gemme-Écaille occupaient la majeure partie de sa pensée et lui avait fait presque oublier les insultes de Ssaadjith-Prétentieux.

Elle rattrapa son oncle-doré qui commençait à partir sans elle, tout en répondant à ses questions :

« Ici c’est la chaîne de montagnes de Nin-Daaruth ! C’est une suuuper grosse montagne, plein de neiges et de cailloux … Enfin surtout de neige. Pas grand monde y vit, sauf Papa-tout-chaud et moi, touuuuuuuuuuuuut là-haut ! »

La dragonne sautilla en montrant le plus haut sommet de la montagne, à peine visible car les nuages semblaient le couvrir un peu. Elle ajouta même, en direction de Ssaadjith-Prétentieux :

« De là-haut on a une suuuper belle vue ! Même que parfois on dépasse les nuages, et on s’y sent tout grand et tout puissant ! »

Si Shyven s’était sentie vexée par les remarques de son deuxième oncle, elle n’était pas non plus rancunière au point de lui en vouloir toute sa vie, et puis elle se sentait un peu coupable après coup, de l’avoir potentiellement blessé alors que là n’était pas sa première intention. Elle tâchait de recoller les morceaux comme elle le pouvait, en se rappelant des enseignements de son Papa. Toujours chérir sa famille, parce que même si les moments passés avec eux n’étaient pas toujours égaux, c’était là son bien le plus précieux.

Ses paroles étaient le début des pensées morales de Shyven, des embryons de valeurs qui commençaient à naître tout doucement dans son esprit, alors elle tenait à les garder aussi longtemps que possible. Et puis qui sait, s’ils trouvaient un terrain d’entente, peut-être que les deux dragons pourraient s’entendre un peu plus.

La petite opale, qu’on ne pouvait décidemment plus arrêter, reprit la parole pour continuer à raconter comment c’était, sa vie à la montagne :

« Là, – disait-elle en pointant de la griffe ce qui semblait-être le Vaadon Kee Yaad – Il y a un petit plateau où vit Pa… Po … Pur ? C’est ce que Papa-tout-chaud appelle un Graärh ! … C’est un bipède tout poilu ! Il paraît que je vais bientôt aller le voir. Il est gentil. Enfin je crois. »

La petite-opale hocha plusieurs fois la tête, avant de reprendre son petit discours :

« Par contre, je pourrais pas vraiment vous emmener touuut en haut … Papa-tout-chaud y pourrait, mais … Paraît qu’ils font des choses de grands-dragons-responsables, avec Keetech-Ancestrale-Gigantesque. »

Shyven, joignant gestes et paroles, agita ses toutes petites ailes rapidement : on pouvait y aller en volant, ça c’était certain, mais la Plume-Rose était devant le fait accompli : elle ne savait pas encore voler. Certainement que Ssaadjith-Prétentieux n’allait pas manquer cette occasion pour se moquer d’elle, mais c’était ainsi. Papa-tout-chaud lui avait promis qu’il lui apprendrait aussi rapidement que possible, alors elle lui faisait confiance.

« En revanche, je connais un endroit très joli et sympathique, à côté de la montagne ! Venez avec moi, je vais vous montrer ! »

Shyven n’en était effectivement pas à sa première sortie depuis le temps, et même si elle était encore accompagné de son Papa-tout-chaud la plupart du temps, elle commençait à se repérer et connaître les endroits sûrs auxquels elle pouvait aller sans rien craindre de dangereux. Alors elle fit un signe de la griffe à ses deux oncles, avant de continuer sa petite marche, vers quelques sapins qui semblait constituer une petite forêt à côté de la grande montagne …

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
    Ses mires d'absinthe s'étaient posées sur son frère, grondant de colère à la trahison, détournant à peine le regard sur l'insolente qui pouffait de rire. Il s'était fait insulté d'emblée, sans n'avoir rien demandé, et c'était lui qu'on venait enfoncer ? Était-ce cela sa fraternité ? Outre son orgueil démesuré, c'était son affection pour lui qui s'en trouvait blessée. Il se retint de lui rétorquer qu'il n'y avait rien d'intelligent socialement, dans son propos, et qu'il aurait mieux valu que la Couleur-Bipède présente des excuses pour la méprise fortuite afin que Ssaadjith lave l'ardoise et passe à autre chose. En lieu et place de cela ? Nephilith avait cultivé la gangrène et par son rire sans répartie aucune, elle avait arrosé la plante vorace de son mépris.

    Plus la colère gondait dans son gosier rouge et plus ses yeux se teintaient de tristesse étouffée et camouflée. Une tâche noire ? C'était cela qu'il était ? Une forme floue et sombre ? La goutte d'encre qui s'échappe de la plume par erreur pour venir salir la feuille d'une présence indésirable ? Lui qui voulait tant être une étoile, la lumière dans l'obscurité, n'était-il que son exact opposé ? Les ténèbres dans la clarté... Tâche noire. Comme les maladies qui rongeaient les plantes et les bipèdes. Personne n'aimait les tâches noires. C'était disgracieux, signe du mal et des pathologies. L'inquiétude suivait son apparition et l'on cherchait toujours à se débarrasser de la tâche noire, l'effacer, la rejeter, ou faire comme si elle n'était pas là. Était-ce faire preuve d'un défaut d'intelligence ou d'un excès de narcissisme que de se sentir blessé par une telle formulation, lâchée ainsi d'emblée en guise de présentation ? Il n'était encore qu'un enfant : quel enfant aurait aimé être nommé 'tâche noire' ?

    Les caresses dans le sens des écailles ne surent l'extraire de son sentiment amère. Nephilith apprendrait que si l'orgueil était son moteur, cela n'était pas le seul. Le lent mouvement négatif de sa tête, dépité et écœuré, avait toute sa superbe dans le charisme paisible du dragonnet. Tout était dans ses yeux. Ses griffes ne raclaient pas le sol de colère, sa respiration était plate et profonde, mais son regard transmettait combien il était atterré de leur comportement à tous les deux. Si c'était cela sa famille, cela n'avait aucun intérêt. Il avait été insulté par l'Opale et rabroué par son frère pour avoir montré les crocs en retour : non, merci.

    Les mires verdoyantes se portèrent sur la montage dont l'Opale parlait, observant ces hauteurs avec mépris. Tiamat, sa future maison, était un sommet bien plus haut, bien plus imposant. Elle ferait moins la maligne lorsque Ssaadjith habiterait là-bas. Son regard se fit narquois lorsque Shyven souligna qu'on se sentait grand et puissant depuis sa grotte. Il devait bien au moins lui falloir une pareille hauteur pour se sentir importante. Ça et insulter les autres évidement. Il arqua un sourcil écailleux au sujet des bipèdes poilus... Il faudrait qu'il pose des questions à ce sujet à son père. Ou à sa mère. La Couleur-Bipède les enjoignait à la suivre, le dragonnet d'obsidienne portant son regard sur sa mère occupée à discuter avec Kaalys et poussa un fin soupire en décollant son derrière de la neige et en suivant les deux autres d'un pas sans entrain.

    Les sapins, ici, semblaient se rapprocher. Ils étaient hauts et gelés, comme centenaires. L'endroit était apaisant par son calme et ses neiges cristallisées qui pendaient des arbres comme des sculptures artistiques. L’œuvre de la nature à n'en pas douter. Il se prit à penser que ces jolis médaillons translucides feraient le bonheur de son collectionneur de frère si on trouvait comment les conserver à des températures moins importante... Mais son sourire attendri par cette idée se fana à la mémoire du contenu de leur dernière discussion, où l'autre l'avait tout bonnement enfoncé. Aucun intérêt donc. Ces choses brillantes et scintillantes resteraient ici. Il levait le museau sur le lustre cristallin dans lequel dansaient les rares rayons du soleil pour un spectacle unique et poétique. Il suivait l'enchevêtrement de la neige sur les branches brunes des arbres, telle des arabesques toutes en ombres et en lumières. Cette forêt était un bel endroit.

    Et il y avait une chèvre. Le caprin un peu plus haut que lui, avait un corps trapu et des pattes solides. Son pelage était bouclé et gris comme la cendre. Sa tête était doté de trois longues cornes recourbées vers l'arrière, en forme de cimeterre et parées de nodosités d'un brun clair. Intéressant cela. Le dragonnet approcha doucement, mais à compter d'un certaine proximité, l'animal prit peur et la fuite. Ssaadjith le suivit en l'intimant de s'arrêter, il lui signalait qu'il voulait juste faire connaissance ! Ils pouvaient peut-être être amis ? Tant que l'autre ne l'insultait pas de tâche noire. Il galopa dans la neige, s'enfonçant parfois dans les zones où la poudreuse était plus épaisse, s'éloignant de plus en plus des deux autres... Jusqu'à ce que l'animal s'arrête.

    Le dragonnet, essoufflé par la course, fut ravi qu'elle cesse enfin de s'enfuir, il fut moins ravi lorsque la bête tourna vers lui un regard soudain cruel, montrant ses crocs d'herbivores comme s'il allait s'en servir contre lui. Le caprin fonça en ligne droite dans sa direction, dans un comportement tout à fait anormal pour un animal aussi craintif. Qu'à cela ne tienne : Ssaadjith avait aussi des cornes et ils allaient jouer au combat d'arène ! Il chargea à son tour, cornes en avant jusqu'au choc où ils entamèrent un bras de fer alors que la brume alentour, qui s'était levée, camouflait d'autres créatures à la violence attisée par les licornes qui rôdaient, en colère, à Licorok.

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
Nephilith s’était presque élancé, quand il s’arrêta au récit que leur conta soudain Shyven sur la montagne, sa demeure, et son " papa-tout-chaud ". Le doré s’arrêta net et s’assit, pour observer attentivement leur nièce et écouter ses réponses d’une oreille attentive. Il était partagé entre être attendri par les surnoms que la petite plume rose semblait donner à toute chose et atterré par cette façon de s’exprimer si… si… puérile ? Enfantine ? Presque infantile sur certains aspects. Mais après tout n’était-ce pas ce qu’ils étaient censés être, des dragonnets, justement ? Étaient-ils tous censés s’exprimer ainsi de façon si… si… élémentaire ? De façon si rudimentaire, un vocable si basique, qui sonnait aux oreilles du doré telles une dysharmonie maladroite. Peut-être était-ce son frère et lui qui étaient au final trop mâture pour leur âge ? Toutefois, même cette pensée ne suffit pas à calmer les questionnements et la certaine consternation de Nephilith.

Et son frère qui boudait à côté de lui, et le fusillait du regard, ne l’aidait en rien à apaiser ce sentiment de décalage. Oh certes, il avait su dès qu’il avait prononcé ses pensées que Ssaadjith n’allait pas apprécier. Voire qu’il allait lui en vouloir. Son orgueil déjà écorné ne l’était que plus encore et Nephilith avait sauté dessus à pattes jointes, disant ses quatre vérités même quand cela faisait mal. Et encore, pour son frère, il y mettait quelques formes et tentait toujours d’accompagner ses frappes cassantes d'une petite taquinerie pour les adoucir. Qu’il boude donc. S’il n’était pas capable d’entendre que sa susceptibilité mal placée lui porterait tord un jour, surtout s’il voulait conquérir l’autre pour arriver à ses fins, et qu’il valait mieux y travailler maintenant, alors tant pis pour lui.

Ou peut-être pas tant pis, songea-t-il, quand il aperçut l’éclat blessé dans les absinthes de son Frère-Coquille. Blessé ? Vraiment ? Ssaadjith serait-il plus blessé que Nephilith l’avait pensé de ses propos ? Cette fois l’attention de l’écailleux d’or se porta toute entière sur son frère. Oui, il semblait réellement outragé. Et si Nephilith entrevoyait la nécessité de faire ouvrir les yeux à son narcisse de frère, il n’aimait pas non plus le peiner à ce point-là. Si Nephilith n’avait que faire de ce que les autres pouvaient penser de lui, il en était tout autrement de son Frère-Coquille. Bien. S’il en était ainsi… Il saurait trouver comment consoler Ssaadjith. Si ce n’était aujourd’hui, ce sera demain. Intérieurement toutefois, Nephilith poussa un soupir à fendre l’âme. Il pressentait que ces deux-là allaient avoir bien du mal à s’entendre.

« En revanche, je connais un endroit très joli et sympathique, à côté de la montagne ! Venez avec moi, je vais vous montrer ! »

"Oui, montre-nous", répondit-il d’une pensée sourde. "Et nous te montrerons aussi comment t’exprimer de façon plus intelligible et plus appropriée."

Puis il suivit les deux autres. Gardant un œil sur son frère toujours boudeur. Plus que boudeur. Il pressentait que Ssaadjith cherchait l’action à faire pour accaparer l’attention et la gloire. Cela sentait comme le poisson dans l’océan, à des lieux à la ronde. Il était tant absorbé par ses pensées et par l’attitude maussade de son frère qu’il regardait à peine leur environnement. Il aperçut d’un œil distrait le miroitement chatoyant de cristaux de neige sur les branches, songea un rapide instant qu’il adorerait en ramener un, mais qu’il ne savait comment le conserver en cet état sans qu’il ne fonde avant qu’ils n’arrivent, mais ne releva pas outre mesure et ne s’entêta pas à chercher une solution. Il avait trop urgent à l’esprit. Comme…

Surveiller son Frère-Coquille. Qui déjà s’avançait vers une chèvre. Une chèvre, vraiment ? Entre toutes les choses qu’il y avait dans cette forêt, son frère voulait cette petite créature poilue ? Certes mignonne, mais… un peu commune non ?

Mais déjà son frère s’élançait après la bête, et Nephilith n’attendit pas pour suivre, se lançant à sa suite. Il ne regarda même pas si Shyven suivait. N’importait en cet instant que son Frère-Coquille. Son bougon narcissique égocentrique égotiste orgueilleux de frère. Qui fonçait tête baissée après une chèvre en lui criant vouloir faire ami ami. Ils étaient des dragons ! Ce n’était pas en courant après ce qui pourrait être une proie qu’ils allaient l’apprivoiser ! Il fallait y aller plus doucement, se tapir au sol, se faire tout petit… et patient ! Moins entreprenant, moins... prédateur quoi !

Bougonnant en son for intérieur et courant après Ssaadjith, tant bien que mal, il tomba dans un trou profond, ce qui le ralentit et lui fit perdre un instant son frère de vue, le temps qu’il s’extirpe de ce tas de poudre neigeuse. Quand il parvint à regagner la surface, il s’ébroua, et trouva une plume rose à ses côtés.

"Rattrapons-le. Vite", souffla-t-il, reprenant sa course.

Et pila net au spectacle qui s’offrit soudain à lui. La chèvre faisait soudain face à son jumeau, et rivait sur SON Frère-Coquille un regard rouge des plus haineux, qui arracha un frisson de peur au doré. Par tous les prédateurs de l'océan, c’est que la chèvre osait charger son frère en plus ! Son précieux frère ! Et aussitôt, sans réfléchir plus avant, Nephilith chargea à son tour. Son but : prendre le caprin à revers par l’arrière. Seulement c’était compter sans une autre chèvre qui lui fonça dessus, le percuta en plein flan alors qu’il arrivait tout juste au niveau de Ssaadjith en plein combat de cornes avec sa chèvre. Tant et si bien qu’il roula, battant de la queue pour retrouver son équilibre, frappa une chèvre, du moins il l’espérait, de son long appendice caudal, et fit un vol plané pour finalement atterrir… entre des cornes. De chèvres et de dragon. Ohohoh, songea-t-il. Mauvais pour lui ça. Très mauvais. Il prêtait le flanc pour se faire battre là, sans mauvais jeu de mots. Sans compter…

Sans compter que la chèvre qui l’avait percuté chargeait de nouveau pour se joindre au combat… tandis que six autres yeux rouge carmin brillèrent dans la brume qui les enveloppait. Une seconde… depuis quand la brume était-elle là ? Et depuis quand les chèvres avaient les yeux rouges ?

Mais ce n’était pas le moment de se poser mille questions, se morigéna-t-il, alors que la deuxième chèvre le percuta et les fit tous rouler un peu plus loin encore. Et les fit tomber dans un trou de poudreuse assez profond.

Par-fait. Ils ne pouvaient pas tomber plus mal ! Ni plus bas. Nephilith grogna alors. Et de douleur, même si légère, et d’agacement. La prochaine fois, note à lui-même : ne pas taquiner la fierté de son frère en terrain inconnu. Et visiblement dangereux, réalisa-t-il en tentant de se redresser. Il était sur le dos, les quatre pattes en l'air, deux chèvres sur lui au regard toujours aussi mauvais même si un brin sonnées, et un Ssaadjith au-dessus. Et la plume rose dans tout ça, où était-elle ? Et les six autres yeux, ce devait être des chèvres prédatrices, assurément ! Et Shyven qui allait se retrouver seule contre elles… à moins qu’elle les ait rejoints dans leur trou d’infortune ? Nephilith se contorsionna alors pour observer autant que faire ce pouvait là où ils étaient tombés, et tenta de se dépêtrer des cornes, pattes, griffes, et autres trucs piquants qui tentaient de taquiner ses écailles. Ou ses ailes.


HJ : Je précise que les pensées et paroles de Nephi ne relèvent que de la seule responsabilité du personnage XD ^^

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
« Et nous te montrerons aussi comment t’exprimer de façon plus intelligible et plus appropriée. »

Mais … Flûte ?

Shyven pila net au milieu de ses explications quand elle entendit cette remarque. La petite opale commençait à douter sur l’entière amitié de sa famille.

Elle qui s’était montrée cordiale, exhaustive dans ses explications, avait essayée de créer une relation avec Ssaadjith-arrogant, elle se voyait critiquée de « couleur-bipède », si tant est que ce n’était pas une insulte dont elle ignorait l’existence. En quoi était-ce un mal d’être de la couleur d’un bipède ? Kaalys lui avait pourtant certifié qu’ils n’étaient pas tous méchants.

Définitivement, si ses deux cousins passaient son temps à critiquer la dragonne rose, elle pensait plutôt que c’était eux qui n’avaient rien dans leur petite cervelle de dragonnet. Tirer des conclusions hâtives, critiquer sans réfléchir à ses propos, se prendre pour le roi du monde … Même si elle était peut-être, il est vrai, légèrement insouciante et très choyé par son père, jamais de la vie elle n’aurait osé se comporter comme cela avec des inconnus, et surtout pas avec sa famille, le sang de son sang, la précieuse nuée qu’elle ne devait jamais quittée, et protéger jusqu’au péril de sa vie.

Définitivement, à présent c’était sûr qu’il existait une profonde incompréhension entre les trois dragons. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela déplaisait vraiment à la petite opale. Au-delà de son orgueil personnel, qui était ce qu’il était mais qui était à des années lumières de celui de son oncle Ssaadjith, elle se sentait profondément mal, à cause de cette situation.

Comme si elle avait échoué quelque part, comme si on venait de la blesser au plus profond de son âme. Le conflit était quelque chose qui ne lui plaisait pas du tout, et qui donnait envie à Shyven de tout arrêter, d’insulter ses oncles comme ils le faisaient si bien depuis le début de leur rencontre, d’arrêter de se montrer amicale, d’être sauvage et de tout casser.

Un petit vent frais vint la sortir de ses réflexions. Au moins, la nature ne pouvait jamais décevoir. Tantôt énervée quand il le fallait, tantôt agréable, il y avait dans l’Ordre Naturel des choses quelque chose qui plaisait en Shyven. Cette idée que tous étaient soumis aux mêmes règles, que la Nature faisait en sorte que toutes situations soient parfaitement égales …

On ne pouvait pas être déçu par la Nature, et au contraire, sous bien des aspects c’était un modèle à suivre et chérir.

Est-ce que ses deux oncles avaient compris toutes ces choses-là, eux ? A vrai dire, pas vraiment.

Shyven s’approcha d’eux, constatant l’ampleur des dégâts.

Elle n’avait pas tout saisi de suite, mais elle aperçut Sssaadjith entrain de courser une chèvre une chèvre faisant au bas mot trois fois son poids et sa taille pour on ne savait quelles raisons, et Nephilith entrain de lui courir après.

Ah, elle avait fière allure cette nuée. Les Dragons les plus intelligents et les plus forts de tout l’archipel de Tiamaranta, mis en déroute par une chèvre. Pour sûr, Shyven n’était pas encore très intelligible quand elle parlait et laissait part belle à ses sens, et elle était encore moins si belle, si forte, si puissante et tout le reste qu’elle pouvait toucher les étoiles si elle le voulait bien, mais au moins elle, elle ne fonçait pas la tête baissée dans une chèvre.

Elle admit en son for intérieur que c’était aussi sa faute. Elle les avait emmenés l’un et l’autre dans la forêt en ne les prévenant pas quant à la potentielle dangerosité des lieux … Mais d’un autre côté, puisqu’ils étaient si malins, ne pouvaient-ils pas s’en rendre compte par eux-mêmes ?

Dure leçon qu’était celle de la vie, mais au moins Shyven apprenait qu’il fallait aussi faire des concessions. A la base, toute cette situation ne serait certainement pas arrivée si elle n’avait pas provoqué tout ça.

"Rattrapons-le. Vite" Lui fit Nephilith, manifestement affolé par la situation.

Ce qui est sûr, c’est que quand on touchait à son frère, manifestement ce dragon très intelligent perdait de ses capacités. Quoi de plus normal cependant, Shyven aurait certainement réagi de la même façon si on touchait à son frère de coquille.

Au milieu de ses réflexions et du tumulte extérieur, la dragonne ferma les yeux, surchargé par les émotions. Entre frustration de ne pas être comprise, culpabilité personnelle, et ses facultés encore très peu avancées à gérer une situation d’urgence, elle avait besoin de faire le point.

Quand soudainement, cette présence dans sa tête qui parlait d’Équi refit surface.

« Tu dois protéger l’Équilibre, Shyven. Sauve ta famille, sauve les peuples, accomplis ta destinée. »

… Et soudain, tout pris presque sens. Elle ne savait pas si c’était l’âge qui faisait ça, ou tout simplement l’urgence et la réaction épidermique chez elle que tout ces événements avaient provoqué, mais ces paroles lui semblaient plus claires.

Cette Nature qu’elle trouvait si attrayante, cette famille qu’elle tenait absolument à choyer et préserver, son profond sentiment de désespoir personnel au milieu des conflits … Tout ceci avait un sens, et presque un concept qui venait de transcender sa vie.

L’Équilibre.

C’était bien sûr.

Sous ces nouveaux auspices, le dragonnet rose chercha à comment se dépêtrer de la situation épineuse.

D’abord, il fallait analyser la situation. Elle bondit à la poursuite de ses deux oncles, veillant cependant à garder une distance d’écart, pour ne pas affoler les chèvres alentours.

Le moins que l’on puisse dire, c’était que ce n’était pas beau à voir : ses deux oncles venaient de se faire rosser par les chèvres, qui s’étaient manifestement rassemblés en troupeau afin de ne pas se faire déborder par les deux dragons. Ils étaient dans un trou, et leur situation était au plus mauvais.

Elles étaient trop nombreuses. Se croyant comme dans ces légendes que son Papa-tout-chaud lui avait raconté, Shyven s’imagina comme un dragon débordé par d’incessantes attaques de monstres divers et variés. Elle devait trouver un moyen de détourner leur attention, et trouver des renforts.

Par chance, elle avait une Grand-Mère-Magistrale-Ancestrale-Gigantesque et un Papa-tout-chaud non loin, et beaucoup de débrouillardise à sa disposition.

La petite opale tenta de mettre en œuvre sa stratégie très avancée. D’abord, elle poussa un petit cri, suffisamment fort pour que les chèvres soient attirées par elle. Deuxième étape, COURRIR. Vite, et loin. Shyven fit le meilleur sprint qu’elle avait jamais fait de sa petite vie, lâchant des petits cris répétés pour écarter le danger de ses deux oncles.

Mais nom d’une licorne sans corne, dans quelles situations s’étaient-ils mis ? Et pourquoi est-ce qu’elle avait provoquée tout ça déjà ?!

De (longues) minutes passèrent, et elle se retrouva enfin face à Kaalys et Keetech, qui fort heureusement, n’avaient tous deux pas bougés.

La dragonne s’exprima, toute essouflée :

« Papa … Grand-mère … Forêt là bas … Ssaadjith, Nephilith … Oncles tout coincés … Chèvres méchantes … »

Puis elle tomba de fatigue.

Définitivement l’endurance n’était pas son fort. Elle devrait travailler ça dans les prochains jours, ainsi que tout le reste. Elle allait très probablement se faire beaucoup voler dans les plumes par son père, mais c’était un petit sacrifice pour une grande cause. Ainsi, elle allait pouvoir extirper ses oncles du danger.

Bien sûr, ils allaient sans doute se montrer pédants et présomptueux et à peine la remercier, mais la petite opale s’en fichait, elle avait accompli son travail. Elle avait rétabli son petit Equilibre, et cela, cela lui donnait beaucoup plus de satisfaction que toutes les satisfactions qu’elle avait connu jusqu’à là.

Même si elle avait encore beaucoup à apprendre, qu’elle n’était pas parfaite, et qu’elle allait probablement avoir beaucoup de problèmes dans les prochaines heures … Pour quelques minutes, Shyven dormait dans la neige, sur ses deux oreilles.

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
    Avec sa croissance de ces derniers mois et sa force draconique, Ssaadjith rivalisait assez bien face à cette chèvre coriace. Il la faisait reculer, en faisant vibrer ses écailles pour perturber le système nerveux de la bestiole à cornes. Loin d'imaginer le traquenard qui se refermait sur lui, il perçut la présence de Nephilith et sa maladresse qui venait frapper comme le glas d'une catastrophe. Il les mettait dans une situation qui allait de mal en pis et qui fit grogner le dragon d’obsidienne, protestant contre cette intervention grossière qui le mettait dans une situation moins confortable. Qu'à cela ne tienne, ce n'étaient que des chèvres. Il était un dragon, un puissant et inoubliable dragon ! Il vaincrait même s'il devait y avoir plusieurs chèvres folles contre lui. Il devait avouer que le fait que Nephilith soit en danger accentuait grandement con caractère vindicatif ! Au fond, son père lui avait bien dit que dans leur sang coulaient l'ire et l'orage... Ou le cirage pour les intimes. On ne toucherait pas à son petit frère ! Il gronda de rage en faisant férocement vibrer ses écailles.

    C'est à cet instant qu'il entendit la couleur bipède gronder et... Partir... Oui c'était bien cela, elle détalait. Et les sabots fendus dans la neige, par dizaines, à sa poursuite, n'auguraient rien de bon pour elle. Le saurien gronda de plus bel. Elle avait beau être insolente, la couleur-bipède restait sa nièce et il refusait qu'il lui arrive du mal. D'un violent coup de tête, il dégagea ses cornes, méprisant ce qui pourrait advenir du tricorne montagnard qui l'avait agressé. Il lui brisa la nuque, dans le mouvement sec et la bestiole s'écroula sur le flanc. Il la dégagea sur le côté d'un coup de griffe emprunt d'ire paternelle et ouvrit sa gueule au museau court mais doté de plusieurs rangées de dents, sur la gorge de l'animal. Le goût du sang avait quelque chose de rustique chez cet animal qui de battait. Il se prit un rude coup de sabot, mais il ne lâcha pas sa proie, s'acharnant sur elle jusqu'à ce qu'elle cesse de bouger, vidée de son sang. Son frère se montra ingénieux pour défaire l'enlacement de ses cornes de celle du caprin dans le sans avait coulé sur ses superbe écailles dorées.

    Le dragonnet se figea à cette vue marquante. Ce n'était pas du sang draconique, mais si ça avait été le cas ? Si Nephilith lui revenait un jour en pareil état, plaies béantes et douloureuse ? Le dragonnet ouvrit l'une de ses ailes pour en couvrir son cadet gémellaire dans un semblant d'étreinte, alors que son museau venait se frotter affectueusement dans le cou du doré. Ssaadjith gronda sa surprise quand une immense torche de feu les surplomba, noyant cet endroit de la forêt dans les flammes. Les tricornes montagnards prenaient la fuite... Pour les survivants. L'endroit était libéré de ces êtres malsains... Keetech ! En voyant sa mère, Ssaadjith grimpa sur le tas des deux chèvres mortes et s'y assis comme un roi sur sa victoire, le museau relevé par fierté. Quand l’œil de quartz arriva à leur niveau, le dragonnet se grandit d'orgueil : « C'est moi qui les ai tués, mère. Nephilith était terrorisé dans son coin, hélas il était tellement effrayé.... » Il était plutôt prisonnier de ses cornes, mais pour Ssaadjith, déformer un peu l'histoire pour se mettre en valeur était normal. Et même nécessaire pour devenir inoubliable.

    « Mais je n'ai pas manqué de courage et je suis vaillamment lancé dans la mêlée pour sauver mon frère. Je n'ai écouté que mon amour pour les miens et je suis venu à bout de ces bêtes. J'ai protégé notre famille, hein Nephiiiii ? » Oui, il demandait que son jumeau valide cette version quelque peu déformée des faits et atteste de sa grandeur. Ce qu'il aurait à y gagner ? L’obsidienne cesserait de bouder, évidement. Bien que leur mère se soit inquiétée pour eux, les jumeaux n'échappèrent pas au sermon maternel qui lui sembla interminable mais auquel il se plia de bon grâce, bien trop fier de son propre exploit. Il profita que la couleur-bipède soit en train de dormir pour lui murmurer un très faible 'merci' au cas où elle pourrait ne pas l'entendre. Au moins, en son for intérieur, il avait fait tout ce qu'il avait à faire, sans avoir à reconnaître trop publiquement la chose. Cela lui allait bien.

    A présent dans une clairière encore enneigée, mais à l'abri de la forêt, le sang qui avait teinté son jumeau lui avait donné d'artistique envies. Se servant d'une fine branche carbonisée comme d'un fusain, Ssaadjith laissa libre court à son imagination sur les écailles de sa nièce... Ainsi Shyven se retrouva avec une paire de lunettes et une magnifique moustache peintes sur son faciès. Ainsi qu'un cœur en guise de cutimark sur l'arrière train.... Pendant que Nephilith se lavait les écailles dans la neige. Bien évidement, une fois qu'il eut terminé son ânerie, il alla se rouler en boule un peu plus loin, faisant mine de dormir.

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
Oui bon d’accord, il aurait dû réfléchir avant d’agir, réalisa-t-il alors qu’ils se retrouvaient lui et son frère au fond du trou, dans tous les sens du terme, et lui en fâcheuse posture ainsi sur le dos les quatre pattes en l’air. Comme quoi on avait beau être doté d’une certaine intelligence, cela ne vous empêchait pas d’agir parfois comme le pire des idiots. Surtout quand il s’agissait de son frère, pour tout avouer. Il faudrait qu’il réfléchisse à un moyen de mieux contrôler ses émotions quand il s’agissait de son Frère-Coquille, et qu’il parvienne à se maitriser pour réfléchir au lieu de foncer tête baissée pour lui sauver les écailles.

Mais ce n’était vraiment pas le moment de tergiverser sur tout cela, bougonna-t-il en son for intérieur. Décidément, il réfléchissait trop, mais toujours au pire moment, et jamais quand il le fallait vraiment ! Ça aussi, il allait falloir y travailler. Et vite.

Il entendit alors la Plume rose partir en courant… Les chèvres restées en haut à sa suite. Et sentit un frisson lui courir le long du dos, lui hérissant les écailles. Il espérait qu’elle s’en sortirait. Et qu’elle aurait la ruse d’aller chercher de l’aide et d’attirer ces maudites chèvres vers leurs parents. Puis son frère passa à l’action, tout en violence draconique et en puissance colérique, usant de ses cornes et de ses crocs pour se dégager. Les dégager. Nephilith avait toujours senti que, même s’il était le plus grand actuellement, son frère serait sans doute le plus féroce au combat, tout en musculature nerveuse qui décuplait ses forces. Des deux frères, Ssaadjith était aussi celui le plus amené à tuer. Non pas que Nephilith n’en soit pas capable, mais disons qu’il rechignait à le faire sans y être vraiment obligé. Il aimait trop la création pour s’y résoudre. Et finalement, son frère et lui se complétaient parfaitement dans pareille situation. Mais il ne pouvait non plus laisser son frère se battre seul et prendre des coups ainsi, pensa-t-il alors qu’il vit la chèvre agonisante donner un coup de sabot à son jumeau.

La détermination le prit alors aux tripes, et ainsi dégagé par son frère, Nephilith put se libérer de la chèvre qui l’entravait lui-même, en usant de sa queue pour enlacer la chèvre et la tirer hors de ses cornes, tout en se contorsionnant. Cette simple action suffit à achever la bête déjà mal en point. Dès qu’il fut dégagé, il sentit, sans comprendre comment, une aile l’enlacer. Il ronronna alors en réponse et s’y lova, sans même demander pourquoi. Peu lui importait en cet instant. Tout ce qui comptait c’est que son frère allait bien, n’avait pas été blessé, et que tous deux étaient sains et saufs. Ils devraient ensuite en tirer les leçons, mais au moins ils s’en tiraient sans dommages. Il serait bien resté ainsi éternellement, enlacé contre son jumeau, se rappelant leur œuf et tous ces beaux moments partagés, mais cet instant de grâce fut rompu quand des flammes apparurent et chassèrent les derniers intrus.

Aussitôt Ssaadjith fit son éternel numéro de "moi le premier, moi le meilleur ". Si parfois, souvent, cette attitude lui semblait agaçante, en cet instant, Nephilith ne put que s’en amuser intérieurement. Chassez le naturel et il revenait au galop.

« C'est moi qui les ai tués, mère. Nephilith était terrorisé dans son coin, hélas il était tellement effrayé.... »

Nephilith manqua rouler les yeux au ciel, mais se retint. Ssaadjith s’était lancé dans la mêlée oui… contre une chèvre, mais pas pour le sauver lui ! Le doré manqua alors grogner de rire, mais se contenta de fixer sa mère droit dans les yeux, ses saphirs brillant d’un éclat amusé.

"C'est vrai. Ssaadjith n’a écouté que son courage pour me venir en aide", répondit-il enfin. "Vous l’auriez vu, mère, il a sauté sur les chèvres sans hésiter. D’un coup de cornes, vlan, d’un coup de crocs, et paf, il n’y avait plus de chèvres."

Il en rajoutait un peu lui-même, mais bon, c’était après tout ce que son frère voulait le plus : qu’on le mette en avant, qu’on le glorifie, qu’on honore son courage et sa force. Et pour tout avouer, il ne l’avait pas totalement démérité. Même si, s’il n’avait pas boudé puis couru après cette chèvre, rien de tout cela ne se serait passé. Mais bon… Détails que tout cela. Et pour une fois, il tairait le fait que les détails avaient leur importance.

"Grâce à mon Frère-Coquille, nous sommes indemnes. Il s'est montré fort et redoutable au combat.", ajouta-t-il, enlaçant à son tour son jumeau d’une de ses grandes ailes.

Puis, prenant soin que son frère ne le voit pas, il regarda sa mère et lui accorda un rapide clin d’oeil. Il était sûr qu’elle comprendrait. Avec elle, il n’avait nul besoin de pensées. Il fit face de bonne grâce au sermon sur la sécurité, et tout et tout, mais n’en lâcha pas son frère pour autant.

Une fois revenu près de leur nièce, Nephilith s’empressa de se nettoyer les écailles. Il détestait qu’elles soient ainsi avilies. Cette couleur carmine ne lui seyait pas du tout. Une fois propre, il revint vers les siens. Ssaadjith semblait déjà dormir non loin. Nephilith s’approcha de Shyven endormie aussi. Il aperçut alors les dessins que Ssaadjith avait apposés sur la Plume rose. Il ricana intérieurement, mais se garda bien de les effacer. C’était tout son frère.

Il allait partir se reposer quand soudain il aperçut une belle pierre qui titilla son avidité. Là, juste sous la neige, délogée alors par les dragons qui avaient marché là, une belle pierre de couleur rose et d’aspect translucide par endroit. Une voix lui souffla un nom en lui. Du quartz. Aussitôt une idée germa en lui. Mais il ne pouvait la réaliser lui-même. Avec ses seules petites griffes, cela demanderait un temps fou à la remodeler. Alors il alla voir sa mère et lui confia son idée : qu’elle taille, avec ses griffes bien plus puissantes et bien plus aiguisées, la pierre en forme de coeur et qu’elle la polisse par le feu. Elle accepta, gonflant de joie le petit coeur de son fils. Pendant qu’elle oeuvrait, il s’empressa de chercher une autre pierre, mais cette fois pour son frère. Il ne voulait pas faire de jaloux. Au lieu d’une, il en trouva deux. Une noire lisse, magnifique. Une obsidienne lui confièrent les voix. Et une d’un jaune presque doré, une citrine. Il les prit toutes deux, et rejoignit sa mère. Cette fois il lui demanda de faire un demi-coeur sur chacune. Il lui fallait ensuite réfléchir à comment coller ces deux moitiés…

Cela était bien plus difficile, bien plus compliqué, mais soudain une idée germa, que les voix lui soufflèrent une fois encore. Il regarda alors les arbres autour de lui, puis avisa un pin non loin d’eux. Il s’y rendit et s’échina à gratter l’écorce, encore et encore, jusqu’à ce qu’enfin en sorte un liquide collant et poisseux. De la sève. Cela devrait pouvoir marcher ? Il trouva une petite pierre creuse, et s’échina à mettre la sève dans son petit bol improvisé, puis apporta son butin à sa mère. Il appliqua la sève sur les moitiés, s’en mettant partout sur les griffes dans le même temps, puis colla les deux morceaux. Bien entendu ils ne tinrent pas longtemps ainsi. Alors les voix lui soufflèrent de chauffer la sève une fois les moitiés assemblées. Il redemanda de l’aide à sa mère qui souffla sur son coeur composé. Et enfin, les deux morceaux tinrent et ne formèrent plus qu’un ! Tout content, Nephilith grava sur ses trésors deux petits dragons ressemblant vaguement à Ssaadjith et lui. Il déposa ensuite ses œuvres, la rose devant la petite Shyven, et la noire et dorée devant son Frère-Coquille préféré.

Cela lui avait pris du temps, beaucoup de temps, et déjà les deux dragonnets commençaient à s’éveiller. Lui n’avait pas dormi, mais l’excitation l’emportait sur la fatigue. Toutefois, il prit grand soin de s’installer et de faire mine de dormir avant que les deux autres ne se réveillent.

descriptionLe Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith] EmptyRe: Le Sage, L'Historique et l'Équilibrée [PV : Ssaadjith & Nephilith]

more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
<<