7 Septembre 1763
Un grondement sourd se fit le compagnon intime de l’ascension merveilleuse de la frégate aux voiles pisciennes, tandis qu’elle fendait la surface blanchi d’écume de l’océan, proue en avant, fougueuse. Comme une curieuse mais mirifique bête marine, la Vagabonde se dressa hors de son sépulcre aqueux et vit gracieusement accoler le grand Maelström, comme en prescience de la danse qui se jouerait d’ici peu de temps à bord de ces souverains des mers. D’éparses cascades salines offraient un lustre encore plus perturbant à la superbe silhouette de l’antique navire tandis que ses coraux se rétractaient à la caresse de l’air. Sur le pont, l’équipage maudit effectuait les manoeuvres nécessaires pour que leur bâtiment ne dérive pas aux grès des flots. Lui observait leur ouvrage depuis l’entrée de la capitainerie, son regard au bleu d’oasis orné du voile du songe. Cette rencontr était organisée de longue date, son importance primordiale. Mais comme toutes ses rencontres récentes avec de hauts dignitaires semblaient voués à prendre un tour des plus cavaliers et des moins satisfaisants possibles, le haut mage préférait d’ors et déjà contempler les possibilités qui s’offraient à lui pour se passer de cet homme-là. Ce n’était qu’une mesure de précaution, et à moins qu’il ne soit frappée d’une démence profonde, Nathaniel Eärendil n’était en rien l’essence de ce que l’Aîné avait apprécié avant son trépas. Il y avait donc fort peu de chances que le Seigneur des pirates puisse conter fleurette sur son passé anté-mortem, une satisfaction qui ôtait presque de sa bouche le désagréable présage de ses manières.
Ce fut, à sa discrétion, lui qui monta à bord du navire pirate. C’était lui qui avait proposé cette entrevue et qui désirait négocier avec le forban, il aurait donc été malvenu de le faire mander sur son propre bâtiment. Une cession d’infime mesure, qui pouvait par la suite adoucir l’échange. La fierté mal placée n’avait pas de valeur au devant de ses ambitions. Et il aurait été inepte d’affirmer qu’il n’en avait que peu. Son ambition s’appelait peuple nocturne, enfants de la nuit, vampires. Et il avait beaucoup de pain sur la planche, c’était bien peu dire. Cependant, il était aussi confiant dans ses arguments de négociation, et fort heureusement, sinon, il aurait abandonné ces pourparlers aux bons soins de son saumon d’époux. Le but n’était pas de ruiner Eärendil mais plutôt de trouver un bénéfice mutuel et conséquent. S’il admit la présence du marin qui le conduisit jusqu’à son capitaine, il ignora le reste de l’équipage, confiant dans la veille de ses propres hommes, immortels esclaves du navire sous ses ordres. Contre son coeur, la boussole de Lyssa pulsait doucement de sa magie comme un second coeur, son aiguille de perle pointée dans la direction d’Aldaron. Elle ne cesserait jamais de pointer sur lui, preuve tangible de la tourmente de ses sentiments à son encontre. Cet homme nouveau-né qui redécouvrait un monde qui l’avait tour à tour doté et lésé, parfois d’un oeil neuf, parfois en mémoire de son expérience occultée. Pourtant il chassa Aldaron de son esprit alors qu’il venait faire face à l’Orque. Aldaron avait le don de changer ce qu’il était en un avatar d’une foi inexorable.
“Bonjour à vous, Majesté”
Cette rencontre allait consolider le socle de son pouvoir. Elle se tenait en haute mer, entre deux équipages impossible à infiltrer, sans oreille extérieures, et la cloche délicate au bout de son bâton assurait que même les pouvoirs les plus intrusifs ne pourraient rien faire pour percer les détails de leur accord à jour. Eux seuls en seraient les détenteurs. Lorsqu’il fut installé auprès de l’elfe, il se défit de son arme en la déposant ostensiblement contre la table, hors de portée immédiate mais suffisamment proche pour qu’ils soient occultés au regard du reste du monde. Il décida de ne pas perdre plus de temps en circonvolutions inutiles, qui en tout état de cause, n’étaient sans doute pas parmis les douceurs favorites de son interlocuteur qui n’avait sans doute jamais mit le pied dans la moindre cour de quelque noblesse que ce soit. Et sincèrement ? C’était en partie pour ça qu’il cherchait son soutien, justement. Des politiciens, il en avait à ne plus savoir quoi en faire et il les exécrait un peu plus chaque jour. Il n’avait pas envie de devoir compter avec un ego sans bornes de plus et une propension à la masturbation intellectuelle sans limites ni bornes. Ce qu’il voulait en face de lui, pour une fois, c’était un homme d’action, aux ambitions claires, simples et sommes toutes atteignables et il supputait que l’orque pouvait être de cette trempe. Et s’il se trompait ? Et bien tant pis, il aurait essayé. Mais il doutait avoir commis la moindre erreur cette fois, de ce qu’il avait pu recevoir de ses espions jusque là. Restait à composer diplomatiquement.
“Notre échange de missives n’évoquait que de façon superficielle mon désire à votr égard. Je vais l’affirmer à présent sans me dissimuler ni me perdre en formules inutiles : je suis ici pour sceller une alliance avec les pirates. Une alliance qui viendra satisfaire les volontés des deux partis”
Ce fut, à sa discrétion, lui qui monta à bord du navire pirate. C’était lui qui avait proposé cette entrevue et qui désirait négocier avec le forban, il aurait donc été malvenu de le faire mander sur son propre bâtiment. Une cession d’infime mesure, qui pouvait par la suite adoucir l’échange. La fierté mal placée n’avait pas de valeur au devant de ses ambitions. Et il aurait été inepte d’affirmer qu’il n’en avait que peu. Son ambition s’appelait peuple nocturne, enfants de la nuit, vampires. Et il avait beaucoup de pain sur la planche, c’était bien peu dire. Cependant, il était aussi confiant dans ses arguments de négociation, et fort heureusement, sinon, il aurait abandonné ces pourparlers aux bons soins de son saumon d’époux. Le but n’était pas de ruiner Eärendil mais plutôt de trouver un bénéfice mutuel et conséquent. S’il admit la présence du marin qui le conduisit jusqu’à son capitaine, il ignora le reste de l’équipage, confiant dans la veille de ses propres hommes, immortels esclaves du navire sous ses ordres. Contre son coeur, la boussole de Lyssa pulsait doucement de sa magie comme un second coeur, son aiguille de perle pointée dans la direction d’Aldaron. Elle ne cesserait jamais de pointer sur lui, preuve tangible de la tourmente de ses sentiments à son encontre. Cet homme nouveau-né qui redécouvrait un monde qui l’avait tour à tour doté et lésé, parfois d’un oeil neuf, parfois en mémoire de son expérience occultée. Pourtant il chassa Aldaron de son esprit alors qu’il venait faire face à l’Orque. Aldaron avait le don de changer ce qu’il était en un avatar d’une foi inexorable.
“Bonjour à vous, Majesté”
Cette rencontre allait consolider le socle de son pouvoir. Elle se tenait en haute mer, entre deux équipages impossible à infiltrer, sans oreille extérieures, et la cloche délicate au bout de son bâton assurait que même les pouvoirs les plus intrusifs ne pourraient rien faire pour percer les détails de leur accord à jour. Eux seuls en seraient les détenteurs. Lorsqu’il fut installé auprès de l’elfe, il se défit de son arme en la déposant ostensiblement contre la table, hors de portée immédiate mais suffisamment proche pour qu’ils soient occultés au regard du reste du monde. Il décida de ne pas perdre plus de temps en circonvolutions inutiles, qui en tout état de cause, n’étaient sans doute pas parmis les douceurs favorites de son interlocuteur qui n’avait sans doute jamais mit le pied dans la moindre cour de quelque noblesse que ce soit. Et sincèrement ? C’était en partie pour ça qu’il cherchait son soutien, justement. Des politiciens, il en avait à ne plus savoir quoi en faire et il les exécrait un peu plus chaque jour. Il n’avait pas envie de devoir compter avec un ego sans bornes de plus et une propension à la masturbation intellectuelle sans limites ni bornes. Ce qu’il voulait en face de lui, pour une fois, c’était un homme d’action, aux ambitions claires, simples et sommes toutes atteignables et il supputait que l’orque pouvait être de cette trempe. Et s’il se trompait ? Et bien tant pis, il aurait essayé. Mais il doutait avoir commis la moindre erreur cette fois, de ce qu’il avait pu recevoir de ses espions jusque là. Restait à composer diplomatiquement.
“Notre échange de missives n’évoquait que de façon superficielle mon désire à votr égard. Je vais l’affirmer à présent sans me dissimuler ni me perdre en formules inutiles : je suis ici pour sceller une alliance avec les pirates. Une alliance qui viendra satisfaire les volontés des deux partis”
Dernière édition par Achroma Elusis le Mar 12 Nov 2019 - 22:51, édité 2 fois