19 Septembre 1763, Mont Nocturne, Domaine Baptistral
Ils avaient quitté la couche de leur promesse, chassant aux eaux claires et pures sueur, encre et autres fluides. Cette rencontre revêtait une importance primordiale à ses yeux et en son coeur, il n’aurait souffert de la conduire ainsi échevelé. Néanmoins, il regrettait les tracés de l’élégante plume de son frère. Plus tard, certainement, lui demanderait-il de les reproduire de nouveau afin qu’il puisse les figer grâce à ses pouvoirs, en attendant de savoir s’il posséderait les siens propres. En attendant, il revêtait une tunique d’un blanc doux aux broderies rouges, bleus et jaunes vives dont les pans se multipliaient dans la retombée du drapé sur les jambes, la capuche ornée d’une chouette retombant dans son dos. Le tissu simple en soie était serré à la taille par une ceinture de tissu carmin filée de perles de bois. Il replaça Varda à sa gorge et serra un instant le coeur bouclier entre ses doigts, sentant la différence de texture entre les deux perles de pureté et la perle d’ambre offerte par Naal. Avec un soupire, il cessa de s’imprégner des vibrations de l’objet et tressa sommairement sa lourde chevelure blanche, enfila des sandales de cuir et rejoignit l’humain à l’extérieur. Ils se rendaient au coeur du Domaine, là où la luminosité était faite de cristaux naturels et non de lumière du jour pouvant cuire sa peau délicate.
“Allons y. Il séjourne près du coeur du Domaine, au sein du mont nocturne”
La march prendrait certes un peu de temps, mais aucun d’eux n’était douillet après tout et cela leur donnait le temps de discuter avant qu’ils ne se trouvent face à face avec Ascheriit. Maintenant qu’il y pensait, sa décision de le placer là n’avait rien d’anodin. Entre la créature est l’extérieur, il y avait l’intégralité des sanctuaires et des résidents, une concentration de puissance naturelle qu’il avait espéré suffisante si Véhasiel prenait le dessus sur Eird, pour l’arrêter. Il n’avait aucune certitude que cela suffise. Au sein du Baoli, la chimère n’avait fait qu’emprunter un pouvoir qu’elle ne comprenait pas et il avait été forcé de détruire une arme légendaire et d’user du chant d’Origine pour vaincre sa puissance de Néant. Aujourd’hui, il avait été consacré par une fusion élémentaire, même lui, chantevide en devenir, n’avait pas l’ombre d’une idée sur sa puissance quantifiable. Et avec leurs pouvoirs en pleine restructuration, quelle force lui opposer à présent ? Il avait peur de lui, au-delà de son mal-être et de son amertume, de ses doutes et de sa méfiance, de sa compassion également pour l’humain prisonnier là-dedans. Oui, maintenant que Naal avait abattu le carcan de son agonie, ses affects revenaient. Et il avait peur. Il savait qu’empêcher les graärh de le détruire avait été la bonne solution… mais qu’en faire, à présent ?
“Depuis notre retour et depuis notre découverte des changements opérés dans nos pouvoirs, Eird a été à leur redécouverte. Mon hypothèse, que je pense avoir confirmé avec votre aide, étant que la réapparition de Néant dans notre balance naturelle a forcé les éléments à une autre place et un autre poids. En l’absence de Néant, ceux-ci avait emplit une place vacante dont ils ont été expulsés”
Comme il avait demandé à Naal de l’instruire de la culture almaréenne et de la foi de Néant, lui-même partageait ses connaissances avec lui, prêt à lui ouvrir les portes des secrets baptistraux. Contrairement au reste des exilés, les dévots de Néant étaient impliqués, ou plutôt, seraient très impliqués, dans leur culte. Hors, à présent, le pont se faisait entre la religion du vide premier et son couronnement comme force d’équilibre de la nature au sein de l’Ordre. Et de toute façon, ils étaient des gardes du savoir. Le savoir été fait pour se transmettre et se cultiver par le plus grand nombre possible.
“Pour le moment, il quitte rarement le coeur du Domaine. Son état physique s’est renforcé lentement, mais il reste faible et, je pense, le sera toujours en raison de ses difformités causées par les exactions des chimères sur son corps. Cependant, la seconde raison est simple : il n’est pas stable. Les trois personnalités s’échangent le contrôle sans schéma spécifique, sans rythme propre. Je préfère qu’il reste au plus profond de nos résidences afin d’augmenter nos chances de le contrôler si Véhasiel venait à s’imposer en maître et à tenter de s’échapper d’ici. Cependant, je n’ai aucune certitude sur notre capacité à le retenir durablement”
Un soupire lui affaissa les épaules pendant quelques instants, et il éleva une main pour venir caresser les feuilles d’un figuier sur leur chemin, laissant la ramure bruisser dans le mouvement pour le plaisir de ses sens. Contrairement à Naal, sa naissance elfique et son statut d’avatar de l’existence le prédisposait à apprécier ce que la création des déesses offrait. En vérité, depuis qu’il avait entonné le chant de Néant, il était d’autant plus sensible à l’existence et sa richesse, car la symphonie du vide premier remettait réellement le reste à sa juste place.
“Je ne pourrais vous dire quelle sera la personnalité dominante lorsque nous nous présenterons devant lui. Je ne suis pas même certain qu’une seule visite suffise à appréhender la question. Je vous laisse seul juge”
Dans un bruissement d’aile, Khepekk, le vautour familier qui l’avait adopté, se posa sur une branche de baobab miniature près d’eux et confirma les dires de son maître d’un claquement sec du bec. L’elfe lui jeta un coup d’oeil circonspect avant de poursuivre sa route, laissant l’oiseau les suivre à distance respectueuse. Ils approchaient désormais du coeur du Domaine, leur objectif. Plus froid et plus sombre car plus en profondeur, ce lieu-là était éclairé d’une lueur bleue douce, diffuse, comme s’ils avaient passé la surface d’un lac pour s’enfoncer en lui, bien qu’ils soient encore fermement sur terre. Son pas s’altéra, mourut un instant tandis qu’il se tournait pleinement vers lui.
“J’ai peur, Naal. De ce que renferme cet être. Tout cela était figé dans la glace de mon agonie avant votre arrivée. Je ne voyais que mon mal-être canalisé par Eird, par sa présence, par les questions qu’il soulève mais c’est vrai… je crains tout cela. Et je vous suis d’autant plus reconnaissant de votre soutien”
Ils repartirent. Eird se trouvait présentement dans un des jardins les plus profonds, baignant dans la même lueur mauve et bleu, douce, qui irradiait de cristaux mais également, à cette profondeur, de la végétation alentours. Les bâtiments étaient constitués de la roche anthracite et noire qui constituait l’environnement naturel, dépourvus de grandeur ou de fioritures. Une source d’eau chantait tout doucement autours d’eux, mais en dehors de cela, le silence était prégnant et d’une extrême profondeur. L’aide qui veillait sur le Chante-vide difforme s’inclina à leur arrivée et disparu rapidement. Eleni hésita un bref instant à prendre la parole mais, ne souhaitant pas orienter Naal même involontairement, lui laissa la place, échangeant seulement avec lui un long regard et le frôlement de ses doigts contre les siens.
“Allons y. Il séjourne près du coeur du Domaine, au sein du mont nocturne”
La march prendrait certes un peu de temps, mais aucun d’eux n’était douillet après tout et cela leur donnait le temps de discuter avant qu’ils ne se trouvent face à face avec Ascheriit. Maintenant qu’il y pensait, sa décision de le placer là n’avait rien d’anodin. Entre la créature est l’extérieur, il y avait l’intégralité des sanctuaires et des résidents, une concentration de puissance naturelle qu’il avait espéré suffisante si Véhasiel prenait le dessus sur Eird, pour l’arrêter. Il n’avait aucune certitude que cela suffise. Au sein du Baoli, la chimère n’avait fait qu’emprunter un pouvoir qu’elle ne comprenait pas et il avait été forcé de détruire une arme légendaire et d’user du chant d’Origine pour vaincre sa puissance de Néant. Aujourd’hui, il avait été consacré par une fusion élémentaire, même lui, chantevide en devenir, n’avait pas l’ombre d’une idée sur sa puissance quantifiable. Et avec leurs pouvoirs en pleine restructuration, quelle force lui opposer à présent ? Il avait peur de lui, au-delà de son mal-être et de son amertume, de ses doutes et de sa méfiance, de sa compassion également pour l’humain prisonnier là-dedans. Oui, maintenant que Naal avait abattu le carcan de son agonie, ses affects revenaient. Et il avait peur. Il savait qu’empêcher les graärh de le détruire avait été la bonne solution… mais qu’en faire, à présent ?
“Depuis notre retour et depuis notre découverte des changements opérés dans nos pouvoirs, Eird a été à leur redécouverte. Mon hypothèse, que je pense avoir confirmé avec votre aide, étant que la réapparition de Néant dans notre balance naturelle a forcé les éléments à une autre place et un autre poids. En l’absence de Néant, ceux-ci avait emplit une place vacante dont ils ont été expulsés”
Comme il avait demandé à Naal de l’instruire de la culture almaréenne et de la foi de Néant, lui-même partageait ses connaissances avec lui, prêt à lui ouvrir les portes des secrets baptistraux. Contrairement au reste des exilés, les dévots de Néant étaient impliqués, ou plutôt, seraient très impliqués, dans leur culte. Hors, à présent, le pont se faisait entre la religion du vide premier et son couronnement comme force d’équilibre de la nature au sein de l’Ordre. Et de toute façon, ils étaient des gardes du savoir. Le savoir été fait pour se transmettre et se cultiver par le plus grand nombre possible.
“Pour le moment, il quitte rarement le coeur du Domaine. Son état physique s’est renforcé lentement, mais il reste faible et, je pense, le sera toujours en raison de ses difformités causées par les exactions des chimères sur son corps. Cependant, la seconde raison est simple : il n’est pas stable. Les trois personnalités s’échangent le contrôle sans schéma spécifique, sans rythme propre. Je préfère qu’il reste au plus profond de nos résidences afin d’augmenter nos chances de le contrôler si Véhasiel venait à s’imposer en maître et à tenter de s’échapper d’ici. Cependant, je n’ai aucune certitude sur notre capacité à le retenir durablement”
Un soupire lui affaissa les épaules pendant quelques instants, et il éleva une main pour venir caresser les feuilles d’un figuier sur leur chemin, laissant la ramure bruisser dans le mouvement pour le plaisir de ses sens. Contrairement à Naal, sa naissance elfique et son statut d’avatar de l’existence le prédisposait à apprécier ce que la création des déesses offrait. En vérité, depuis qu’il avait entonné le chant de Néant, il était d’autant plus sensible à l’existence et sa richesse, car la symphonie du vide premier remettait réellement le reste à sa juste place.
“Je ne pourrais vous dire quelle sera la personnalité dominante lorsque nous nous présenterons devant lui. Je ne suis pas même certain qu’une seule visite suffise à appréhender la question. Je vous laisse seul juge”
Dans un bruissement d’aile, Khepekk, le vautour familier qui l’avait adopté, se posa sur une branche de baobab miniature près d’eux et confirma les dires de son maître d’un claquement sec du bec. L’elfe lui jeta un coup d’oeil circonspect avant de poursuivre sa route, laissant l’oiseau les suivre à distance respectueuse. Ils approchaient désormais du coeur du Domaine, leur objectif. Plus froid et plus sombre car plus en profondeur, ce lieu-là était éclairé d’une lueur bleue douce, diffuse, comme s’ils avaient passé la surface d’un lac pour s’enfoncer en lui, bien qu’ils soient encore fermement sur terre. Son pas s’altéra, mourut un instant tandis qu’il se tournait pleinement vers lui.
“J’ai peur, Naal. De ce que renferme cet être. Tout cela était figé dans la glace de mon agonie avant votre arrivée. Je ne voyais que mon mal-être canalisé par Eird, par sa présence, par les questions qu’il soulève mais c’est vrai… je crains tout cela. Et je vous suis d’autant plus reconnaissant de votre soutien”
Ils repartirent. Eird se trouvait présentement dans un des jardins les plus profonds, baignant dans la même lueur mauve et bleu, douce, qui irradiait de cristaux mais également, à cette profondeur, de la végétation alentours. Les bâtiments étaient constitués de la roche anthracite et noire qui constituait l’environnement naturel, dépourvus de grandeur ou de fioritures. Une source d’eau chantait tout doucement autours d’eux, mais en dehors de cela, le silence était prégnant et d’une extrême profondeur. L’aide qui veillait sur le Chante-vide difforme s’inclina à leur arrivée et disparu rapidement. Eleni hésita un bref instant à prendre la parole mais, ne souhaitant pas orienter Naal même involontairement, lui laissa la place, échangeant seulement avec lui un long regard et le frôlement de ses doigts contre les siens.