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descriptionUn pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa] EmptyUn pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa]

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Le 25 Novembre 1763 - Un pas de plus

Cela faisait deux jours que l’on avait rencontré Ilhan Avente. Il nous avait donné une information qui nous était très précieuse. Une nouvelle que l’on avait gardée pour sois. Mais depuis ce jour, cette rencontre au marché, je n’avais pas su trouver le sommeil. J’y pensais jour et nuit. C’était tellement présent dans mon esprit que cela commençait même à s’apercevoir dans mon quotidien. Nos maîtres voyaient que quelque chose clochait chez moi et les punitions s’abattaient sur moi. Mais la douleur ne parvenait pas jusqu’à mon esprit, tellement j’étais hypnotisé par cette nouvelle.

Durant les deux jours qui ont suivi, ma petite Rey n’a pas cessé de ma soigner, de changer mes pansements pour que mes plaies ne s’infectent pas trop. Elle comprenait parfaitement ce que je ressentais. Je voyais parfaitement sur son visage que cela la désola de voir que cette annonce me déboussoler autant. Je repensais à ma vie passée, à ce que j’étais et surtout à ma liberté. Savoir que je pouvais toucher à ce morceau de liberté m’avait profondément troublée.

Je ne pouvais plus attendre, je voulais savoir, j’avais besoin de plus de détail et d’être sûr que cela ne serait pas qu’un simple rêve. J’avais tellement de questions, et aucune réponse ne parvenait jusqu’à mon esprit. J’en avais parlé à Rey, et elle aussi commençait à être impatiente.

Alors que nos maîtres dormaient paisiblement, Rey et moi sortions par une petite fenêtre menant sur le toit. C’était par ce même endroit qu’on sortait pour contempler la lune et profiter du calme avant de se coucher. Sauf que cette nuit, allait être différente. Au lieu de nous reposer, nous avions décider de rejoindre le jardin d’Autone Falkire. La conseillère de Caladon. C’était risqué pour nous, comme pour elle, mais avec Rey, on était prête à prendre l’entière responsabilité.

Descendant avec agilité, on atteint enfin le sol. Vivant dans un quartier de bourgeois, on n’allait pas mettre trop de temps à atteindre sa demeure. Restant vigilante à ce qui nous entourait, notre grandeur nous empêchait de nous cacher correctement, mais on parvenait tout de même à se camoufler. C’est au bout d’une vingtaine de minutes qu’on finit par atteindre le jardin de la jeune femme. Caché dans les hauts buissons, on jeta quelques cailloux pour signaler notre présence sans réveiller tout le voisinage. J’étais resté devant ma petite Rey pour la protéger comme toujours. De cette manière, elle pourrait s’enfuir plus facilement si cela devait mal finir. Je m’inquiétais bien plus pour elle que pour mes blessures qui s’était remise à saigner à cause de nos efforts.

Les minutes défilaient, et la peur commença à me prendre aux tripes. Je sentais la respiration de Rey sur ma pelisse bicolore. Elle était chaude, son pouls était légèrement plus accéléré que le mien, mais elle resta impassible durant tout ce temps. Soudain, un bruit retentit. Une lumière se met à briller et une odeur douce et sucrée se fait sentir… Une femme sort. J’attends encore un peu, puis me risquer à sortir de ma cachette en faisant signe à Rey de rester caché. J’avance de quelques pas en marchant sur mes quatre membres. Je faisais en sorte de lui montrer que je ne lui ferais pas de mal, si elle ne nous en faisait pas. Je ne voulais pas prendre la parole tout de suite, je préférais attendre et analyser cette humaine que je ne connaissais pas.

descriptionUn pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa] EmptyRe: Un pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa]

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Dans un espoir d’éloigner les visions de ses rêves, Autone avait prit l’habitude de méditer longuement avant de se mettre au lit, ou au moins d’appliquer les quelques connaissances qu’Ilhan lui avait transmises. Parfois, elle entrait dans une transe épuisante, parfois, elle trouvait un contentement et le sommeil. Cette nuit-là, elle avait à peine vu, que quelques images et bribes de conversations. Elles n’étaient pas moins violentes mais la rage s’estompait, Autone avait vu tant d’horreur dans les derniers mois, une insensibilité l’affligeait tranquillement. Dans un bruit assourdissant, les coups de fouets retentissaient sur la fourrure grise d’une Graärh. Oui, Autone était plus endurante, mais cela ne l’empêchait pas de garder une colère silencieuse, plus calme. Une autre image brève se présenta, le visage souriant d’Ilhan, puis la même féline grise accompagnée d’une autre Graärh, au pelage plus clair. Autone remarqua qu’elles étaient aussi grandes l’une que l’autre. Une seule phrase se fit entendre plus clairement. « Nous ne sommes que des esclaves, seigneur »

La petite dame ouvrit les yeux et se laissa retomber couchée, là, sur le sol où elle s’était assise pour transer. Elle observa le plafond qui l’empêchait de compter les étoiles. Elle songea à la nuit de sa rencontre avec son mari, où ils avaient regardé ainsi au-dessus de leurs têtes comme s’ils avaient pu se pointer des constellations. Autone sourit doucement, et si elle sortait dehors, avec ce médaillon qu’il lui avait offert, pourrait-elle le sentir près d’elle, lui qui avait passé les portes de la mort?

Sur le volet de cristal, une pierre cogna, puis une autre. Autone ignora d’abord le son, croyant qu’un oiseau était venu lui rendre visite. Puis elle fronça les sourcils en réalisant que quelqu’un s’était peut-être introduit dans sa cour. La petite dame appela doucement son chien qui était couché dans le couloir. Elle attrapa ses dagues et jeta un regard furtif à l’extérieur. N’y voyant rien, elle approcha la bougie de la fenêtre, puis la reposa sur le bureau. Non, ce n’était pas utile.

La petite dame se pencha pour faire signe à Leto d’être silencieux en posant son index devant ses lèvres. Silencieusement, elle descendit et ordonna à son compagnon d’aller se poster devant la chambre des enfants. La petite dame s’arrêta avant d’ouvrir la porte de son jardin. Qui s’était donc introduit ainsi chez elle? Se jetait-elle dans la gueule du loup? Elle ouvrit la porte en restant collée contre le mur et tourna la tête pour balayer la cour du regard. Lorsqu’elle vit la Graärh, elle fronça les sourcils et rangea ses armes. « Ilhan Avente, espèce de fourbe… » murmura-t-elle pour elle même avant d’avancer dans le jardin. Dans sa robe de nuit, qui avait quelques détails et broderies, elle n’avait que sa ceinture et ses armes à la taille pour accessoires. Autone regarda l’inconnue dans les yeux et avança jusqu’à pouvoir lui parler tout bas et être entendu. Mais pour l’instant, Autone ne parlait pas. Son regard maternel offrait son empathie à l’inconnue. Après quelques secondes de silences, elle murmura doucement « Laisses moi essayer de guérir cela. la magie est instable, mais je peux faire de mon mieux. »  

Le rossignol avait évité d’utiliser inutilement la magie dans les derniers mois. Elle s’était entraînée, avait expérimenté à l’extérieur et avait causé quelques débordements et accidents. La jeune veuve contourna la grande grise pour faire face à son dos. Elle sentait toujours la trame si intense, mais floue. Approchant ses mains du dos de Nyana sans y toucher, Autone approcha l’énergie de la trame en espérant pouvoir la changer en un soin bienveillant. Mais il lui semblait que la trame résistait, qu’elle lui demandait de donner plus. Alors Autone persista et donna trop d’énergie pour le sort de soin qui pourtant était si simple. La petite dame sentit la fatigue l’envahir, la faim, aussi. Elle ressentait un besoin soudain de se servir dans la cuisine. Elle sentit une légère perte d’équilibre avant de se remettre sur ses pattes. Non, pas maintenant.

L’imbrisée jeta un regard vers le buisson dans lequel était caché l’autre Graärh. Elle l’avait entendu, mais il fallait reconnaître que cela lui avait pris un certain temps. « Vous pouvez sortir. Je ne vais pas vous faire mal. J’espère que personne ne vous a vu sortir, ou entrer ici. »  

Et que personne ne les verrait sortir d’ici, d’ailleurs. Autone, doucement se retourna pour faire quelques pas vers la porte de la maison. « Venez, nous n’avons pas beaucoup de temps. Soyez sans crainte, il n’y a pas d’esclavagistes dans ma maison. Ou qui que leur soit favorables. » Puis, elle payait trop bien ses employés que même si l’un d’entre eux s’éveillait au milieu de la nuit pour les voir, ils ne la dénonceraient pas au prix de leur travail.

Comme une mère pressée de régler une situation critique, Autone guida les Graärh à l’intérieur, elles franchirent la porte qui menait à la cuisine. Là, Autone rassembla du pain, de la viande, à laquelle elle osait à peine toucher, et des fruits sur une table au centre de la cuisine. Il ne s’agissait pas de la salle à manger, mais bien de l’endroit où les employés cuisinaient. L’endroit était alors plus modeste que les pièces communes et il n’y avait pas de chaises autour de la table large et haute qui servait à cuisiner et non à manger. « Vous devez avoir faim. Mangez, je vous en prie. » Dit-elle, en posant d’avantage de nourriture sur la table. À voir comment elle croquait dans une pomme, c’était en réalité elle qui avait faim. Autone songea qu’il devait être étrange pour les deux inconnues de la voir agir ainsi, comme si elle savait déjà pourquoi elles étaient ici. En vérité, elle ne savait pas, mais elle s’imaginait qu’Ilhan les lui avait envoyés.« Pardon, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Autone. Dites-moi, que me vaut cette visite? Je me doute que vous ne venez pas que pour des soins. » La petite dame termina la pomme presque en une bouchée en entama une poire.


Sort de soin :

descriptionUn pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa] EmptyRe: Un pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa]

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Je respirais la liberté. J'osais imaginer un nouveau monde dans mes rêves, lorsque la maison était plongé dans un sommeil profond. Deux nuits. Voilà deux nuits qu'un visage humain venait à apparaître derrière mes paupières. J'entendais encore sa voix. Je voyais encore son regard envoûtant. Ilhan Avente. Qui aurait cru qu'un humain pouvait changer ma vision des choses ? Il avait rallumer, en l'espace de quelques mots, une flamme que je pensais à jamais éteinte. Il nous avez redonner de l'espoir, à moi et à ma belle Nyana. Il avait redonné de l'espoir à deux esclaves Gräarhs, complètement perdu, dans un monde dur et incontrôlable. Tout en dépoussiérant des livres dans la bibliothèque, je me revoyais tomber sur cet humain. La peur, l'effroi même que j'avais ressenti il n'y a seulement que deux jours me paraissais bien futile maintenant. Tout ce qui me connaissait ne voyait de moi qu'une pauvre petite femelle fétiche et faiblarde. Et je savais bien que je ne faisais pas bien peur mais peu importait, heureusement, il y avait Nyana pour me pousser vers le haut. Et si je n'avais pas oser lui parler ? L'homme n'aurait jamais put nous donner ces informations. Informations surprenante. Moi qui pensais que tout les humains utilisaient les Gräarhs à des fins de services, je me trompais sur toute la ligne. Bien entendu ce n'était pas pour cela que j'allais baisser ma garde, certains humains devaient changer leurs attitudes. Mais en apprenant que des villes du continent avait stoppé, où était actuellement en train de changer les choses au sujet de l'esclavage, cela avait attiser un espoir immense. Le chemin que j'avais entraperçu dans les yeux d'Ilhan Avente s'était révélée bien réel.

Je souriais et un grognement à côté de moi me faisais soudain relever la tête.

- Pourquoi souries-tu Reynagane ?

Une femelle Gräarh qui travaillait très souvent avec moi se faisait appelé Chyo. Elle était réticente et grondeuse comme Nyana. Comme presque tout les Gräarhs esclaves. Je secouais ma tête, remettant en place une babiole.

- Dé...désolé. Je pensais à un rêve que j'ai fait cette nuit.

Chyo renifla bruyamment avant de montrer les dents.

- Arrête de rêver petite tête.

La Gräarh me flanqua un coup de queue amicale dans le dos et quitta la pièce. Je l'a suivais le regard bas, voilà que le travail était terminé pour la bibliothèque. Peut-être que Chyo avait raison. Mais je ne pouvais pas laisser l'espoir s'évanouir. Des grondements se firent entendre et quelques cris de colère. Je relevais la tête comme piqué au vif pour me précipiter vers le bruit. Mon cœur cessa un instant de battre alors que Nyana se faisait réprimander violemment. La scène était répétitive ces temps-ci, encore plus que d'habitude et je savais très bien pourquoi. Je serrais la mâchoire, descendant les marches vers les cuisines sans rien pouvoir faire. Si j'avais été plus forte, je me serais interposé comme ma sœur de cœur l'aurait fait pour moi. Mon amie avait toujours haït les humains, mais je devais avouer que depuis la rencontre avec Ilhan Avente, quelque chose avait changé dans le regard de Nyana. Toujours aussi dure, j'arrivais pourtant à lire cette lueur d'espoir. On devait encore réfléchir, on devait encore se renseigner. Mais maintenant, on avait de quoi avancer vers le chemin de la liberté. Adieu la famille Luytred. Adieu le service. Nous voulions toutes deux rentrer chez nous. Je devais juste parler de quelques choses de plus délicat à Nyana, mais l'heure n'était pas encore pour ce genre de problème.

Les griffes entrecroisées, j'attendais assise sur une chaise dans la cuisine. Maya la cuisinière grondait comme à son habitude tout en se battant avec un pâte à pain. Mes oreilles se dressèrent et mes poils se hérissèrent dans ma nuque lorsque Nyana arriva en bas des escaliers le regard mauvais. J'accourais vers elle pour poser mon front contre le sien. Je regardais les blessures dans son dos. Les lignes sans poils étaient rouges et irrités. Mon amie grondait alors que je posais un torchon tiède pour nettoyer les plaies. Maya cria de faire ça ailleurs, je l'emmenais donc vers notre petite chambre. Je parlais de ce que j'avais fait dans la journée pour ne pas faire allusion à ce qui venait de se passer. Il fallait que cela cesse. Si mon amie continuait, elle pouvait se faire virer et cette initiative n'était pas envisageable. Il était temps d'agir. Ilhan Avente nous avait parler d'une humaine se nommant Autone Falkire. Conseillère de Caladon, qui nous serait utiles si on voulait récolter plus d'informations sur le moyen de quitter cette vie de malheur. J'avais d'abord était légèrement suspicieuse qu'une humaine conseillère d'une ville où l'esclavage était omniprésent puisse aider deux esclaves. Mais l'homme nous avait bien assuré que cette Autone ne nous ferait jamais aucun mal et j'étais souvent facile à convaincre.
C'est Nyana qui lança le sujet sur le tapis tandis que je m'occupais de son dos. J’acquiesçais avec ferveur, une boule au ventre en m'imaginant encore franchir les murs de cette maison sans autorisation.


Le temps s'écoula et la nuit s'installa dans la ville de Caladon. On sortait dans un silence de mort, par le petit chemin sur le toit. Je pouvais au moins me trouver agile avec se corps fin et délicat. Je descendais avec grâce au pied de la rue. J'avais le cœur qui battait à mille à l'heure, effrayé à l'idée de se faire repérer. Des rires plus loin me firent bondir et je soupirais en me trouvant ridicule. Nyana prenait les choses avec calme et rapidité. On se cachait, on avançait. On se cachait, on avançait, tout en suivant les indications d'Ilhan pour arriver devant la demeure de la noble. Je stressais un peu plus une fois la demeure trouvé. Et si ce n'était pas elle ? Toutes les maisons étaient si imposante par ici, comment faire pour savoir qu'elle est la bonne ? Je jetais un rapide coup d’œil dans le jardin fournis en buissons, taillés malgré l'hiver venant. Cachées, j'agrippais le bras de mon amie, épouvantée lorsqu'elle jeta un premier caillou sur une des fenêtres. Je lâchais vite prise et prenais timidement un caillou à nos pattes pour le lancer à mon tour. Nous allions avoir des ennuis, c'était sûr. Je priais un instant les Esprits-Liés pour nous donner chance et courage. Le bruit d'une porte s'ouvrant me fit rouvrir les yeux d'un coup. Il n'y avait aucune silhouette jusqu'à apercevoir un visage balayer le jardin. Je serrais les griffes dans la terre quand Nyana sortit de notre cachette. Je ne quittais pas des yeux la femelle qui sembla d'un coup se détendre légèrement. Elle avait sortit une arme qu'elle rangea doucement une fois Nyana devant elle.
Un grondement imperceptible s'échappa de ma gorge lorsque l'humaine proposa de l'aide à mon amie. J'avais comme l'impression que l'humaine attendait notre visite tant la chose était étrange. Il s'agissait donc d'Autone Falkire ? Un frisson parcourut mon corps lorsqu'une vague de magie se fit sentir autour de nous. Les Gräarhs n'utilisaient que très rarement la magie pour ceux qui savait s'en servir. Dans une autre vie, je me serais intéressée au sortilège et j'aurais étudié les ruines de notre pays, la curiosité me piqua alors que je découvrais que les humains employaient la magie avec tant de facilité.
La femme persista un instant avant que le voile de magie ne disparaisse du jardin. Sa tête dodelina un instant avant de se pencher vers le buisson où je me fit toute petite. Démasquée, je sortais avec délicatesse en époussetant ma tunique. Je baissais ma tête légèrement sans ajouter un mot, angoissée. Lorsqu'elle nous invita à rentrer rapidement, je l'a suivit derrière Nyana. Je ne savais pas trop pourquoi, mais je me sentais plus en sécurité à l'intérieur que dehors, là où tout le monde pouvait fouiner. La demeure n'était au finale pas aussi brûlante de dorure et de babioles tout aussi imposante les unes que les autres. L'humaine nous emmena dans les cuisines. Autone Falkire nous invita à nous restaurer. Proposant pain et morceaux de viandes, je préférais l'observer tandis qu'elle s'occupait de nous servir quelques choses. Servir. Nous étions en train de nous faire servir par une noble. Qui nous avait inviter dans sa demeure, sans poser de questions. Qui nous offrait le pain en signe de bonne relation. J'étais surprise. Jamais je n'avais eu l'occasion de me faire traiter de la sorte. Nyana devait elle aussi être prise au dépourvu.
J’attrapais timidement un petit bout de pain. Je percevais un passé douloureux chez cet individu. Elle semblait jeune et je crois que c'était la première fois que la beauté d'une humaine m'intriguais. Lorsqu'elle se présenta enfin, le vrai soulagement s'installa. Autone Falkire. Je regardais Nyana puis je reposais le morceau de pain. J'étais plus douée pour le dialogue, enfin, je le pensais.

- Excusez-nous Madame Falkire pour vous dérangez à une heure si tardive. Nous ne savions pas bien comment procéder. Je me nomme Reynagane...Reynagane Shäa. Et voici Nyana Valthana. Déclarais-je en montrant mon amie. Nous...

Je m'arrêtais un instant, hésitant soudainement avant de me reprendre.

- Nous sommes esclaves comme vous l'avait sûrement deviné. Nous savons que nous vous mettons dans une posture délicate en venant ainsi chez vous en pleine nuit mais nous avons entendus dire que vous pouviez donner conseil afin de quitter la ville.

Je ne savais pas si mon dialecte était correct mais c'était trop tard.

- Ilhan Avente nous à conseillé de venir jusqu'à vous. Je vous ai entendu murmurer son nom tout à l'heure.

Je regardais Nyana afin qu'elle ajoute quelque chose si elle le souhaitait.

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Comme on pouvait s’y attendre, nous n’étions pas les bienvenues. J’appréhendais vraiment notre visite imprévue. Alors que je pensais que ce serait notre fête, la jeune femme rangea ses armes et murmura quelque chose. Sa manière de se déplacer était vraiment élégante. Par sa peau douce, sa douce voix, on pouvait tout de suite savoir qui elle était. On ressentait toute sa richesse, son bonheur, mais surtout… Je pouvais ressentir sa liberté. Au début, je n’y avais pas cru lorsque cet humain nous avait parlé d’elle.

-       Laisses moi essayer de guérir cela. La magie est instable, mais je peux faire de mon mieux.

Je ne voulais pas la laisser s’approcher trop près de moi. Je voulais reculer, rester loin d’elle. Après tout, je ne savais rien d’elle, et l’inverse était tout aussi vrai. Mais devant sa douceur, j’étais comme hypnotisé, aveuglé par la possibilité d’un avenir meilleur… Alors, je la laissais faire. Fermant les yeux devant sa douceur et sa grande bonté. Cela ne dura pas très longtemps, je sentais une poussée d’adrénaline parcourir mon corps. Lorsqu’elle termina, je la vis légèrement s’assoupir, la fatigue du sors l'avait beaucoup épuisé.

-        Vous pouvez sortir. Je ne vais pas vous faire mal. J’espère que personne ne vous a vu sortir, ou entrer ici.

Elle fit signe à Rey, elle l’avait donc vu. La jeune femme, se dirigea vers la porte qu’elle avait utilisée en nous invitant à la rejoindre chez elle. Pour nous mettre un peu plus en confiance, la femme au nom d’Autone, nous annonça qu’il n’y avait pas d’esclave chez elle. J’étais assez rassurée de cette nouvelle. Comme si un terrible poids venait de s’enlever de mes épaules.

Une fois à l’intérieur, elle nous offrit de la nourriture. Tout comme Rey, j’étais plus que surprise. Mon amie, se risqua à prendre un morceau de pain. Puis, lorsque la dame de maison nous demanda notre venue, c’est Rey qui prit en premier la parole. Quant à moi, je restais silencieuse, à observer l’humaine, ainsi qu’à écouter ma tendre Graärh rousse.

-       Excusez-nous Madame Falkire pour vous déranger à une heure si tardive. Nous ne savions pas bien comment procéder. Je me nomme Reynagane...Reynagane Shäa. Et voici Nyana Valthana.  Nous... Nous sommes esclaves comme vous l'avait sûrement deviné. Nous savons que nous vous mettons dans une posture délicate en venant ainsi chez vous en pleine nuit mais nous avons entendus dire que vous pouviez donner conseil afin de quitter la ville. Ilhan Avente nous à conseillé de venir jusqu'à vous. Je vous ai entendu murmurer son nom tout à l'heure.

Elle me regarda quelques instants pour voir si j’avais quelque chose à dire, un truc à ajouter. Je pris le temps de réfléchir, pour le moment, il n’y avait rien qui me vienne à l’esprit. Cependant, j’étais assez curieuse des réponses que donnerait la femme au visage pâle. J’étais excitée, mais aussi assez effrayée par ce qu’elle annoncera dans les minutes qui vont suivre. J’avais la sensation que tout allait bien trop vite. Il y a quelques jours, elle et moi rêvions encore de liberté, aujourd’hui, tout semblait à portée de patte.

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Malgré un regard fatigué Autone esquissa un sourire sincère alors que la Graärh se présentait. Elle-même n’aurait pas pu trouver un plan pour s’éclipser de la sorte au milieu de la nuit. Avaient-ils l’intention de fuir la nuit même? Il serait peu prudent et peut-être trop facile de retracer leurs alliés ainsi. Autone se sentait déjà imposteur de prévoir leur conseiller d’endurer encore quelques jours. Une fugue devait toujours être planifiée à la perfection et à l’avance, elle en savait quelque chose.

« J’espère que vous serez plus récalcitrante à mentionner mon nom si l’on venait à vous interroger. »  
fit-elle un peu taquine, petit sourire toujours au coin des lèvres. « L’esprit de la corneille m’a laissé un bref indice de votre visite. Elle m’a montré Ilhan ainsi que vous deux. Cela dit, ce fourbe d’althaïen ne m’as ni prévenu de votre visite, ni demandé l’autorisation de vous envoyer chez moi. »  

Elle roula les yeux en prenant une bouchée. « Et bien sûr je ne saurais vous refuser mon aide. Si je le pouvais, je briserais chaque collier et je mettrais feu à tous ces bateaux de pirates. Je chasserais jusqu’au dernier tous ceux qui marchandent des êtres. Et je ne m’arrêterais probablement pas. C’est pour cette raison que je dois mener ce combat sans céder à la rage. Je dois faire voter l’abolition avant de m’en prendre aux pirates, au moins. »  

Elle avait prononcé ces mots très calmement, mais avec un certain cynisme, relevant un sourcil d’un regard blasé dans le vide. Peut-être était-ce l’épuisement magique, ou la grande lassitude de se battre tous les jours contre des conseillers avares. Parfois, elle avait envie d’user d’Opixiatre pour leur faire voir leurs anciennes vies, leur faire comprendre leur égalité dans la mort. Mais rendre fous tous ses opposants politiques allait surement faire lever plus d’une interrogation. C’était peu prudent et peu subtil. La petite dame se ressaisit et posa son regard sur chacune des deux félines, à tour de rôle. « Les esprits ne font rien au hasard, n’est-ce pas? Si la corneille m’a montré vos visages, ce n’est certainement pas pour que je vous abandonne à votre sort. »  

Autone posa un regard bienveillant sur Reynagane avant de s’adresser à elle« Vous maîtrisez bien la langue des humains. Vous avez dû accorder beaucoup de temps à l’apprendre, jeevant aatma.

**Il est difficile pour moi de prononcer les mots et ma mémoire se fait courte.**

J’espère que vous me pardonnerez de vous parler dans cette langue.  »


Autone regrettât qu’ils n’aient plus de temps pour discuter. Elle aurait aimé se sentir plus proche de cette ancienne vie, demander des histoires, des chansons. Il y en avait tant qu’il lui manquait d’entendre. Des souvenirs brefs de mélodies qu’elle ne parvenait pas réellement à compléter.

« Inutile de spécifier qu’une fois sortis d’ici, vous ne me connaissez pas, et vous n’avez tous deux jamais entendu parler de moi. Je serais tenté de vous demander si vous désirez rejoindre votre tribu ou une autre ville, mais à bien y penser il est préférable que je ne sache pas. Cela dit avez-vous l’intention de partir cette nuit? Avant de répondre je vous en prie, ne me révélez pas si vous avez prévu un jour en particulier. À quel point êtes-vous préparées et de quoi avez-vous besoin? Je peux vous fournir de l’équipement, un peu de nourriture, de l’or... Que vous manque-t-il? »  


Oh si elle se faisait prendre, qu’elle serait dans une situation plus que délicate. Autant dire qu’elle risquait absolument tout en les aidant. Mais quand Autone avait-elle été obéissante envers les règles? Serait-elle seulement conseillère si ce n’était du marché noir?





* jeevant aatma : Esprit vibrant/Esprit vif
**Prononcé en langue Graärh

descriptionUn pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa] EmptyRe: Un pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa]

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Nyana n'ajouta rien sûrement impatiente d'en apprendre d'avantage sur les dires d'Ilhan Avente. J'avais l'impression que mon coeur tremblait en même temps que le bout de mes griffes même si je ne montrais rien. J'entendis avec une pointe de honte et de culpabilité la remarque pourtant douce de l'humaine. Je ne connaissais pas tellement le tact où c'est autres choses que pouvait faire les nobles au sujet de mettre un nom sur un individu. En effet, j'avais hésité à réellement dire Ilhan Avente dans mes propos mais j'osais croire que je pouvais faire confiance à cette femelle comme à l'homme qui nous avait redonné de l'espoir. Elle parla ensuite d'une corneille, où d'un esprit qui me fit encore froncer les yeux une seconde. Plus je découvrais les humains, plus leur liens avec la magie piquait et refroidissait ma curiosité à la fois.Ce pouvait-il que... Les Esprits-Liés entraient également en contact avec cette espèce ? Je commençais à me poser plusieurs questions à ce sujet. À moins que je ne sois trop stupide pour comprendre ces mystères...
Le ton de la rousse changea au sujet de la piraterie et sans doute comme Nyana, des flammes dansaient dans mon regard aux paroles de Dame Falkire. Elle nous offrait hospitalité et aide. En l'espace de peu de temps, j'avais découvert des choses chez quelques humains que jamais je n'aurais pu imaginer. "Abolition". Un mot très humain. Très révélateur. Et très encourageant.

Le silence qui s'ensuivit laissa chacun un peu dans ses propres pensées peut-être. Moi, j'observais cette femme au regard fatigué. Se battait-elle ainsi sans relâche pour nous ? Avec autant d'ardeur jusqu'à en être épuiser ? J'avais mal juger les Hommes.
Autone Falkire reprit avant de poser son beau regard dans le mien.

- J’espère que vous me pardonnerez de vous parler dans cette langue.

Un léger et lent signe de tête en fermant les yeux ne pouvait que dire "Je vous pardonne amplement Dame Falkire". Je regardais de biais mon amie quand Autone continua avec une voix plus assuré. Bien entendu, le danger d'être venu jusque chez elle ne devait concernait que nous et seulement nous. Je ne voulais surtout pas causer du tort à nos sauveurs en quelques sortes, j'écoutais attentivement les paroles plus pressées de la femme. Les questions s'enchaînèrent accélérant mon coeur si facilement. Toute ces questions à propos d'un même sujet, notre fuite de Caladon. Cette cité de malheur. Partir cette nuit ? Préparer un plan où autres ?
La panique se répandit dans mon corps, non non, nous rêvions de partir depuis deux années, mais avions nous réellement réfléchit à ce départ ? Nyana sans doute, moi... j'en rêvais juste. Dame Falkire leur proposa ensuite de l'équipement et autres objets bien utiles pour pouvoir survivre en-dehors. Dehors, mais nous ne connaissions rien de ces terres ! Nous avions entendu seulement le nom de la cité où demeuré Ilhan Avente. Delimar cité de liberté sans esclaves. C'était la seule chose que nous savions, notre seul repère. Comment ne pas exaspérer la femme en lui disant que rien n'avait été proprement préparé... Mais j'osais toujours croire et... même si cela me paraissais impossible, insupportable et dangereux, l'idée de quitté Caladon le soir-même me donnait le tournit.
Je plaquais une patte sur mon front pour calmer les vertiges, sans l'avoir remarqué auparavant, ma respiration c'était accéléré comme le début d'une crise de panique. Je tournais alors mon regard vers ma soeur de coeur comme si je pouvais lui parler sans avoir à prononcer une seule parole. Cela avait déjà fonctionnait par l'expression de nos regards, comprendrait-elle mes pensées ?

La nuit était clair, nous étions déjà sortit de chez nos maîtres et personne ne nous avez vu... Rien ne nous attendait là-bas, rien. Autone Falkire nous offrez la possibilité d'avoir un peu de vivre pour notre voyage, c'était une occasion en or ! Où je rêvais encore un peu trop ? Avais-je le droit d'espérer autant en une soirée ? Oui... il faut toujours y croire.
Légèrement calmé, je faisais un petit signe à tout le monde pour dire que ça allait avant de me lever en tenant au cas où ma chaise fermement.

- La vérité... est que nous ne possédons pas grand chose dame Falkire. Rien en réalité. Ce qui nous est chère ce trouve dans cette pièce.

Je faisais allusion à la dague que cachait Nyana et à mes boucles d'oreilles cachées derrière ma capuche. Il n'y avait rien d'autre. Plus maintenant.

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La femme portait des propos très juste, et je voyais qu’a chaque phrase qu’elle prononçait, Rey semblait perdre connaissance un peu plus. Je ne pouvais pas la laisser dans cet état. Je comprenais ce que voulais dire la jeune femme, nous l’avions mise dans une mauvaise posture si on nous surprenait. Il était logique que rien ne sortirait de notre gueule, et elle devait le savoir. Dans son regard, je percevais cette lueur, celle de notre peuple. Je comprenais qu’elle avait un lien avec notre espèce et l’honneur est une chose primordiale dans notre culture.

- La vérité... est que nous ne possédons pas grand-chose dame Falkire. Rien en réalité. Ce qui nous est chère ce trouve dans cette pièce.

Je rejoignis Reynagane, passant ma patte sur son épaule et en me plaçant légèrement devant elle pour la couper dans son élan. J’avais des idées en tête, et elle n’était pas au courant. Depuis notre rencontre avec cet homme, j’avais passé le peu de nuit que nous avions à réfléchir à notre fuite. Jamais elle n’avait été aussi proche de nous, je ne pouvais pas me permettre de partir sans un plan.

- Dame Falkire, nous aurions simplement besoin d’une carte pour rejoindre le lieu de notre désir. Si possible, si vous aviez des vêtements pour mon amie Reynagane, pour qu’elle passe inaperçus et quelques pièces, si ce n’est pas trop vous demander=z.

Je marquais une légère pause avant de reprendre.

- En ce qui concerne le lieu que nous souhaitons rejoindre, ainsi que la date, je ne les mentionnerais pas. Comme vous l’avez dit, moins vous en savait, mieux vous vous porterez.

J’inclinais légèrement la tête à la fin de ma demande, par respect, elle qui accepter de nous aider sans rien demander en retour. Ma vision des humains était entrain de changer légèrement, mais je ne pourrais jamais oublier, qu'il existait des barbares parmi ces visages pâle. Caressant la tête de mon amie. Je voulais tout mettre en œuvre pour qu’elle puisse rejoindre notre terre natale. Si un malheur devait nous arriver, si on devait finir par se séparer, je voulais qu’elle ait tout en patte pour réaliser notre rêve. C’était mon seul désir, la voir réussir et la savoir en vie et en sécurité.

descriptionUn pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa] EmptyRe: Un pas de plus [PV - Autone Falkire & Reynagane Shäa]

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Quel horrible spectacle, accidentellement, Autone avait fait paniquer la Graärh au pelage clair, qui semblait prise de vertige tant de son corps que de son esprit. Autone cessa de manger, posant un regard triste sur Reynagane. N’étaient-elles pas encore déterminées à quitter au plus vite? Pourtant, Autone ne se sentait pas suffisamment connue de la féline pour lui offrir son soutient moral, et Nyana semblait bien plus en mesure de l’appuyer. Autone sourit, finalement, maternellement, songeant que le lien que ces deux Graärhs partageaient serait salvateur.
« Une carte. Je dois avoir cela dans mon bureau. Et quelques vestiges d’anciennes aventures qui pourraient vous être utiles. Laissez-moi quelques minutes, je vais monter à l’étage et je vous rejoins ensuite. Je sais que…C’est peut-être inhabituel, mais vous devriez vraiment prendre des forces. N’hésitez pas à manger. »

Une mine soucieuse dans les yeux, qui étaient plus marrons que jaunes à la pénombre, elle s’était ensuite retournée et avait quitté la pièce, refermant la porte de la cuisine sans faire de bruit. Les leçons de furtivité de Saemon étaient toujours ancrées en elle. L’on n’oublie pas d’appliquer son entraînement quand on a été chassé dans les bois avec une arbalète. C’était radical, mais ça avait le mérite d’être efficace. Silencieusement, Autone remonta les escaliers jusqu’à son bureau. Elle chercha un moment jusqu’à trouver une carte coincée dans l’un de ses cahiers. La dernière fois qu’elle l’avait utilisé, c’était lors de son voyage à Délimar. Autone n’était pas dupe, elle se doutait qu’Ilhan avait probablement parlé de Délimar aux deux félines. Elle préférait faire sourde oreille à cette intuition. La petite dame roula le papier et rangea son cahier dans la bibliothèque, puis elle se pencha pour ouvrir un grand coffre. Beaucoup de choses y étaient rangées, notamment tout ce qu’elle utilisait en combat. La petite dame en profita pour retirer sa ceinture et déposer ses armes dans le coffre. Elle mit la main sur une sarbacane, qu’elle aurait voulu étudier pour possiblement avoir une idée d’arme pour la forge. Mais cela semblait mal de s’approprier quelque chose qui appartenait aux Graärhs, d’en faire profit et de le vendre aux humains. Même si elle avait été une guerrière pour ce peuple dans sa dernière vie, elle ne voulait pas participer au pillage. Un baume Almaréen, qui servait à se camoufler, un grappin, qui finalement ne lui servait pas tellement, sinon à calmer sa paranoïa. Et son outre d’abondance, elle en achèterait une autre. Il était bien plus important que Nyana et Reynegane aient toujours une source d’eau. Elles allaient forcément devoir courir et avancer rapidement.

Autone ouvrit la porte qui menait directement à sa chambre, dans une malle à vêtements, quelques manteaux et chemises de Matis reposaient. Elle eût un moment d’immobilité, elle n’avait pas envie de se débarrasser d’un de ses quelques souvenirs. Mais ce n’était que Matériel, et Matis aurait certainement aidé les deux Graärhs. Au passage, elle prit une petite bourse, puis redescendit, toujours subtilement. Quand elle revint dans la cuisine, Autone referma la porte avant de poser l’équipement sur la table. Elle garda dans ses mains le manteau sombre de Matis. Ce n’était pas le seul qu’elle avait gardé, mais Autone arrivait encore difficilement à se détacher de quelque partie de son mari. La petite dame observa un peu le vêtement, puis releva un regard mélancolique sur Reynagane. Elle serra l’étoffe une dernière fois avant de la tendre vers la tigrée, prenant son courage à deux mains. [color=#C44C34]« Il appartenait à mon mari. Il le portait quand il devait faire profil bas. Le tissu est mince, vous devriez être confortable. » Autone laissa aller le souvenir dans les pattes de Rey. Puis elle prit un à un les différents objets pour les offrir aux deux Graärhs. « Un grappin, au cas où vous devriez grimper un mur trop haut, ou trop lisse. Si l’une de vous deux sait tirer la sarbacane. Un baume, qui vous rendra difficilement détectable. Une outre d’abondance, pour que vous n’ayez jamais soif. Elle se remplit magiquement d’eau claire chaque fois qu’elle est vide. Et bien sûr, une carte. »

Autone tendit enfin la bourse. « De quoi manger pour longtemps. » cinquante pièces d’or, spécifiquement. Pour une femme comme Autone, qui comptait tous les jours le trésor de Caladon, ce n’était pas grand-chose. Mais elle connaissait la valeur de cette bourse pour quelqu’un qui n’avait rien. Ses parents auraient pu manger pendant des mois avec cinquante pièces d’or. Un Kohan l’aurait dépensé en moins d’une heure.

« Ne tardez pas, mais soyez patientes. Attendez le moment idéal et évitez d’être impulsive. Je ne vous apprends rien…Mais les gens qui se proclament maîtres sont cruels. Ils tenteront de vous retrouver, ne serait-ce que par principe. Si vous paraissez soumise, vous aurez plus de facilité à disparaître au moment donné. »


Une flamme, quelque chose comme de la force, de la détermination, la combativité, brûlait dans le regard d’Autone alors qu’elle prononça un dernier conseil. « Mais bien que je vous dise de paraître soumises, ne soyez pas soumises. Vous n’êtes pas QUE des esclaves. » Elle regarda Reynagane en appuyant sur ce mot avant de poursuivre. « Vous êtes des Graärhs, j’espère que vous saurez trouver fierté et guérison lorsque vous serez loin de l’homme qui vous a acheté. »

Une rancœur restait sur ses lèvres. « Être fortes, être libres, c’est la pire punition que l’on puisse infliger à ces hommes qui asservissent. »

Autone savait déjà les cauchemars qu’elle en ferait cette nuit. Des souvenirs embrumés revenaient à la surface de son esprit, d’avoir supplié celui qui l’avait vendue de la laisser partir, d’avoir voulu rentrer à la maison, de s’être fait répondre que c’était impossible maintenant. Il l’avait manipulée à croire qu’il la laisserait partir si elle le voulait vraiment, mais que son père ne la reprendrait jamais ainsi déshonorée. Qu’elle devrait être reconnaissante de dormir sous son toit. Et pendant qu’il continuait de lui servir du vin qui l’assommait, elle n’avait jamais vu la couleur dorée des pièces qu’il empochait quand des hommes venaient dans sa chambre. Perdue dans ses pensées, Autone avait fixé le vide pendant quelques secondes avant de se ressaisir.

« Je prierai les esprits que le courage vous accompagne. »


Objets donnés :

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Le rapprochement de Nyana me rassura légèrement alors que plein de questions tambourinaient dans ma tête. La savoir là, proche de moi me rappelait encore une fois que je n'étais pas seule pour surmonter la suite des événements. Mon amie redressa le museau et s'exprima d'une voix claire où je retrouvais sa détermination et son œil vif et intelligent. Oui... bien sûr qu'elle y avait réfléchis bien plus que moi. Oh Nyana, heureusement que tu es là. Je regardais cette femelle au corps puissant malgré cette vie difficile. Son regard comme structuré par un plan afin fuir cet endroit était extraordinaire. Cette Graärh qui m'avait sauvé en quelque sorte, avait gardé sa fougue et cette ambition qui ferait sans doute, toute la différence.
Je tournais à nouveau ma tête vers Dame Falkire lorsqu'elle entama sa réponse. Les aliments posaient sur la table attendaient de se faire dévorer mais aucun son, aucun mouvement ne put être perçut dans la pièce tandis que l'humaine partait chercher cette fameuse carte. Ce silence n'était pas le fruit du hasard. Je réalisais fermement tout ce que nous étions en train de faire. Tout ce qui allait découler de simples phrases et de deux rencontres. Nyana devait également sentir le poids de tout ceci. Étions-nous vraiment en train de faire cela ? De préparer notre fuite ?
Je n'osais pas plonger mon regard dans celui de mon amie. Je ne voulais pas montrer toute l'anxiété qui montais en moi, même si cela devait sûrement se voir déjà. Un picotement dans le bout de mes griffes me gênait. Je sentais qu'une chose allait mal finir dans cette affaire, mais j'étais bien incapable de le dire à haute voix pour l'instant. « Prendre des forces ». Les paroles de la femme revînt vers moi alors que mon petit bout de pain attendait tristement. Je le pris doucement en le mâchouillant pour détendre mes joues crispées. Ce goût était tellement différent de la viande, mais il n'était pas non plus détestable.

Des bruits de pas se firent et Dame Falkire apparut de nouveau en travers de la porte, les bras fournis de plus qu'une simple carte. Je sentis le regard nostalgique de l'humaine sur le manteau qu'elle me tendait et une vague chaleureuse m'anima. Je savais au combien se que l'on pouvait ressentir lorsque l'on perdait un objet auquel nous sommes chères, mais la femme aux cheveux enflammés semblait bien décidé à me le donner. Je n'avais plus qu'à en prendre soin et à garder l'histoire de ce vêtement quel qu'elle soit. Mes moustaches vibrèrent un instant, touchées par ce présent.
Puis elle étala tout ce qu'elle avait prévu pour nous. Un grappin, une sarbacane, une crème étrange mais très intrigante aux paroles de Dame Falkire, une gourde encore plus étrange étant ensorcelé et la fameuse carte. Il y avait là, bien plus que se que nous aurions put espérer. Enfin alors que je pensais que c'était terminé, l'humaine leur tendit une bourse au bruit spécifique de pièces lourdes. Je regardais bien étonnée la femme comme pour m'assurer qu'elle était bien sérieuse.

J'écoutais enfin les conseils de cette femme extraordinaire et si généreuse. Cela était réellement en train de se passer. "Vous n’êtes pas QUE des esclaves."
L'espoir qui ne m'avait jamais quitté sembla s'embraser d'une nouvelle ardeur. Oui, nous étions des Graärhs, nous n'étions pas de simples être soumis. Je ne suis pas une femelle soumise. Le poids des paroles de l'humaine raviva mon ambition de rejoindre Néthéril. Nous y étions. Loin du but, loin de la liberté, mais nous y étions. À partir de maintenant, tout allait changer. Je vis l'esprit de la femme plongé dans des souvenirs lointain et je compris qu'il était temps.

«  Je prierai les esprits que le courage vous accompagne. »

Je fit un sourire timide à Nyana et je pris la gourde, le flacon contenant la crème et la bourse que nous partagerions équitablement plus tard. Tout en faisant un signe de tête vers Dame Falkire, je sentis une profonde gratitude me submerger.

- Je ne sais pas si nous pouvons un jour vous offrir autant que ce que vous venez de faire pour nous Dame Falkire. Merci. Merci pour tout.

Je ne pouvais que remercier cette humaine pour tout ceci. Même si les formules de politesses comme cela n'étaient utilisés chez les Graärhs, j'avais appris à me conduire, du moins, à apprendre le fonctionnement des Hommes. Mon regard en disait plus encore alors que nous quittions la pièce chaleureuse. Je me souviendrai toujours de cette cuisine.

Arrivées à l'entrée, nos regards balayèrent le jardin et la ruelle qui se dessinait derrière les buissons et les grilles. La fraîcheur de l'hiver venant faisait redresser le poil. Le manteau que je tenais fermement dans une patte me serait bien utile. Un dernier regard vers Autone Falkire à sa porte, et mon cœur s'alarma une seconde. Prenant une grande inspiration je cherchais le soutien dont j'avais besoin vers mon amie. Elle le savait bien. S'éloignant d'un pas silencieux pour rejoindre la rue, mon regard se posa sur une araignée qui avançait lentement sur l'épaule de Nyana. Un frisson agréable me parcourut lorsque je la prit délicatement pour la poser doucement sur un buisson. Cette apparition de la forme de l'un Esprits-Liés me calma. Cela ne pouvait être qu'un signe. Elle était là elle aussi, me soutenant, me faisant croire que le bout de cette vie allait apparaître vite. Nous allions réussir.

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