Après l’effort le réconfort
30 juillet an 1764 du troisième âge
Un long soupir s’échappa du roi de la confrérie. Ce dernier était appuyé contre le bastingage de sa cabine à bord du Maelstrom qui mouillait actuellement en aval du fleuve Tampocuilë. Keet-Tiamat était à la confrérie et il fallait la sécuriser. La première étape pour y parvenir était de protéger l’accès menant à l’intérieur des terres et pour se faire il fallait contrôler l’aval. Sur la rive droite, sous les yeux de l’elfe sombre, d’imposants blocs étaient en train d’être déplacés, empilés les uns sur les autres puis scellés. Ces blocs étaient des morceaux d’un même édifice, l’elfe sombre les avait fait germer il y a quelques heures de cela à l’aide d’un sort lié à son esprit-lié du narval. Ces blocs après avoir été empilés correctement à la façon puzzle en trois dimensions, puis scellés les uns aux autres, révèleraient l’édifice final. Il s’agirait d’une tour et une jumelle de celle-ci verrait le jour demain ou dans la soirée sur l’autre rive. L’utilisation de son esprit-lié et plus particulièrement pour construire de tel bâtiment lui était venu il y a plusieurs mois de cela après avoir vu un mage fabriquer une cabane à l’aide d’un sort du flux de construction. Dans la mesure où, comme ce mage, il n’était pas capable de faire apparaitre un édifice d’un seul bloc, pourquoi ne pas le faire apparaitre morceaux par morceaux puis les assembler ? Le gredin avait un avantage dans cette entreprise : le matériau utilisé. Il n’avait pour lui que l’ivoire pouvant être créé à l’aide de son narval. Un ivoire aussi résistant que les écailles d’un dragon. Autant mettre cette résistance à profit pour bâtir de solides édifices. L’elfe sombre n’était pas peu fier de cette idée et comptait bien la mettre à profit pour construire ou reconstruire la future cité qui verrait le jour sur cette ile désormais déserte. La confrérie avait mis du temps pour construire Althaïa, elle mettrait deux fois moins de temps à construire Elros.
Tout bâtisseur, pirate ou elfe qu’il était, le gredin avait besoin de souffler et de se reposer par moments. Mais surtout il devait se ménager. Se détachant du bastingage pour retourner dans sa cabine et fermer la fenêtre au passage, l’elfe sombre s’approcha de son bureau tout en venant retirer le gant qui couvrait sa main droite. Un rictus de dégout et de colère s’empara de son visage. Des plaques commençaient à apparaitre sur sa peau. Fichu cité et fichu immaculé ! Le gredin n’avait de cesse de repasser l’image dans sa tête. Il revoyait ce contaminé usé de magie pour se transporter face à lui et lui saisir la main. Nathaniel était pourtant persuadé d’avoir été le plus rapide, d’être parvenu à user des pouvoirs de son esprit-lié du bourdon pour le ralentir, l’immobiliser … mais il devait se rendre compte à l’évidence que non : il n’avait pas été le plus rapide cette fois. Malheureusement, il s’agissait de la fois de trop.
Un puissant soupir s’échappa de l’elfe sombre alors qu’il vint s’assoir sur la chaise devant son bureau. Personne n’était au courant pour le moment. Même pas Kaiikathal, ni Demens. Il ne voulait pas inquiéter sa dragonne et il ne voulait pas encore demander de l’aide à l’alchimiste. Il le ferait prochainement. Si quelqu’un était en mesure de faire quelque chose, c’était bien lui. Mais sur l’heure, personne ne devait être au courant : ni son équipage ni la confrérie. Il allait devoir prendre des mesures pour s’assurer que, au moment où son état serait révélé, personne ne cherchait à en tirer profit. Le premier informé serait son fils, Teotl. Il ne doutait pas de la loyauté de ce dernier. Il lui confierait la tâche de mâter tous ceux qui oseraient se lever contre lui lors de la grande révélation. Pour le moment, Nathaniel devait se montrer fort et patient … pour autant, il ne pouvait s’empêcher de sentir une pointe d’angoisse grandir en lui.
Il revoyait les elfes de la cité changés en statue de corail. Est-ce ainsi qu’il allait finir ? Est-ce ainsi qu’on allait l’arrêter ? Comme c’est pitoyable. Lui qui se voyait mourir dans un grand coup d’éclat … de façon spectaculaire … c’est une maladie qui aurait raison de lui ?
Le regard du gredin se fit plus dur, plus froid. Il alluma une bougie et mit sa main au-dessus des flammes. Non … il ne finirait pas comme ça. Il finirait comme lui l’aurait décidé. Demens, oui l’alchimiste trouverait un moyen de le sauver. Et s’il n’y parvenait pas, alors il emporterait tout le monde avec lui. Son répit servirait à trouver un remède et à défaut la préparation de son grand départ. Il devait périr à cause de la maladie ? Très bien. Alors il emporterait tout l’archipel avec lui ! Hors de question de partir seul ! Il ne pouvait conquérir cet archipel ? Alors personne ne l’aurait.
Voilà plusieurs minutes maintenant que les flammes léchaient la peau gangrenée du gredin, mais rien ne se produisait. Une chaleur venait la recouvrir, mais rien de plus. Pas de brûlure, pas de sensation de brûlure. Sa peau ne noircissait pas. L’esprit du pirate fut arraché à ses funestes pensées. Qu’est-ce que c’était que cela ? Le pirate plongea vers cette option de détourner sa psyché de sa fin. Pourquoi sa main ne brûlait-elle pas ? Était-ce là un effet de la maladie ? Il devait en savoir plus, peut-être tenait-il là une piste ?
Jouant avec la bougie, il s’amusa à faire couler de la cire brulante sur sa main, mais bien ne se produisit. Toujours pas de sensation de brûlure, tout juste un léger picotement, une sensation de chaleur grandissante, mais rien de plus. Nathaniel finit par retirer sa main droite du feu et regarde celle de gauche. Lentement, celle de gauche commença à se transformer. Coupée par un adversaire il y a un moment de cela, la prothèse magique en métal commença à changer pour prendre la forme d’un crochet. L’elfe sombre vint poser celui-ci au-dessus de la bougie venant faire chauffer le métal. Lentement, le crochet vint se teindre d’une lueur rougeoyante. Puis, comme poussé par un certain penchant masochiste, Nathaniel vint poser cette lame chauffée à blanc sur sa main droite. Au début, il ne se produisit rien, puis, plus le temps passait, plus la sensation de chaleur commençait à devenir dérangeante puis douloureuse. Serrant les dents, le gredin patienta encore un peu avant de finalement retirer le crochet. Une brûlure légère apparut sur sa peau. Bien moins grave que ce qu’il aurait normalement dû subir. Pourquoi ? Qu’est-ce qui pouvait bien expliquer cela ?
Nathaniel fut violemment arraché de ses pensées quand on vint toquer la porte. Semblant sortir d’une torpeur, le pirate secoua la tête avec violence pour s’obliger à revenir à lui. Rapidement, il vint remettre le gant sur sa main droite, pas tant pour cacher sa brûlure que pour masquer les stigmates de sa maladie.
« Qui est-ce donc ! Je croyais avoir demandé à ne pas être dérangé. »
De l’autre côté, on sembla lui répondre qu’on lui apportait son repas. Fichu Tish, ce dernier suivait son alimentation avec scrupule. Mais ce n’était pas sa voix de l’autre côté. Sans doute avait-il envoyé quelqu’un pour le servir.
« Rentre. »
Tout bâtisseur, pirate ou elfe qu’il était, le gredin avait besoin de souffler et de se reposer par moments. Mais surtout il devait se ménager. Se détachant du bastingage pour retourner dans sa cabine et fermer la fenêtre au passage, l’elfe sombre s’approcha de son bureau tout en venant retirer le gant qui couvrait sa main droite. Un rictus de dégout et de colère s’empara de son visage. Des plaques commençaient à apparaitre sur sa peau. Fichu cité et fichu immaculé ! Le gredin n’avait de cesse de repasser l’image dans sa tête. Il revoyait ce contaminé usé de magie pour se transporter face à lui et lui saisir la main. Nathaniel était pourtant persuadé d’avoir été le plus rapide, d’être parvenu à user des pouvoirs de son esprit-lié du bourdon pour le ralentir, l’immobiliser … mais il devait se rendre compte à l’évidence que non : il n’avait pas été le plus rapide cette fois. Malheureusement, il s’agissait de la fois de trop.
Un puissant soupir s’échappa de l’elfe sombre alors qu’il vint s’assoir sur la chaise devant son bureau. Personne n’était au courant pour le moment. Même pas Kaiikathal, ni Demens. Il ne voulait pas inquiéter sa dragonne et il ne voulait pas encore demander de l’aide à l’alchimiste. Il le ferait prochainement. Si quelqu’un était en mesure de faire quelque chose, c’était bien lui. Mais sur l’heure, personne ne devait être au courant : ni son équipage ni la confrérie. Il allait devoir prendre des mesures pour s’assurer que, au moment où son état serait révélé, personne ne cherchait à en tirer profit. Le premier informé serait son fils, Teotl. Il ne doutait pas de la loyauté de ce dernier. Il lui confierait la tâche de mâter tous ceux qui oseraient se lever contre lui lors de la grande révélation. Pour le moment, Nathaniel devait se montrer fort et patient … pour autant, il ne pouvait s’empêcher de sentir une pointe d’angoisse grandir en lui.
Il revoyait les elfes de la cité changés en statue de corail. Est-ce ainsi qu’il allait finir ? Est-ce ainsi qu’on allait l’arrêter ? Comme c’est pitoyable. Lui qui se voyait mourir dans un grand coup d’éclat … de façon spectaculaire … c’est une maladie qui aurait raison de lui ?
Le regard du gredin se fit plus dur, plus froid. Il alluma une bougie et mit sa main au-dessus des flammes. Non … il ne finirait pas comme ça. Il finirait comme lui l’aurait décidé. Demens, oui l’alchimiste trouverait un moyen de le sauver. Et s’il n’y parvenait pas, alors il emporterait tout le monde avec lui. Son répit servirait à trouver un remède et à défaut la préparation de son grand départ. Il devait périr à cause de la maladie ? Très bien. Alors il emporterait tout l’archipel avec lui ! Hors de question de partir seul ! Il ne pouvait conquérir cet archipel ? Alors personne ne l’aurait.
Voilà plusieurs minutes maintenant que les flammes léchaient la peau gangrenée du gredin, mais rien ne se produisait. Une chaleur venait la recouvrir, mais rien de plus. Pas de brûlure, pas de sensation de brûlure. Sa peau ne noircissait pas. L’esprit du pirate fut arraché à ses funestes pensées. Qu’est-ce que c’était que cela ? Le pirate plongea vers cette option de détourner sa psyché de sa fin. Pourquoi sa main ne brûlait-elle pas ? Était-ce là un effet de la maladie ? Il devait en savoir plus, peut-être tenait-il là une piste ?
Jouant avec la bougie, il s’amusa à faire couler de la cire brulante sur sa main, mais bien ne se produisit. Toujours pas de sensation de brûlure, tout juste un léger picotement, une sensation de chaleur grandissante, mais rien de plus. Nathaniel finit par retirer sa main droite du feu et regarde celle de gauche. Lentement, celle de gauche commença à se transformer. Coupée par un adversaire il y a un moment de cela, la prothèse magique en métal commença à changer pour prendre la forme d’un crochet. L’elfe sombre vint poser celui-ci au-dessus de la bougie venant faire chauffer le métal. Lentement, le crochet vint se teindre d’une lueur rougeoyante. Puis, comme poussé par un certain penchant masochiste, Nathaniel vint poser cette lame chauffée à blanc sur sa main droite. Au début, il ne se produisit rien, puis, plus le temps passait, plus la sensation de chaleur commençait à devenir dérangeante puis douloureuse. Serrant les dents, le gredin patienta encore un peu avant de finalement retirer le crochet. Une brûlure légère apparut sur sa peau. Bien moins grave que ce qu’il aurait normalement dû subir. Pourquoi ? Qu’est-ce qui pouvait bien expliquer cela ?
Nathaniel fut violemment arraché de ses pensées quand on vint toquer la porte. Semblant sortir d’une torpeur, le pirate secoua la tête avec violence pour s’obliger à revenir à lui. Rapidement, il vint remettre le gant sur sa main droite, pas tant pour cacher sa brûlure que pour masquer les stigmates de sa maladie.
« Qui est-ce donc ! Je croyais avoir demandé à ne pas être dérangé. »
De l’autre côté, on sembla lui répondre qu’on lui apportait son repas. Fichu Tish, ce dernier suivait son alimentation avec scrupule. Mais ce n’était pas sa voix de l’autre côté. Sans doute avait-il envoyé quelqu’un pour le servir.
« Rentre. »