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descriptionle voyageur - Le voyageur veut bien de l'eau, mais pas non plus un déluge. - Ilyanth EmptyLe voyageur veut bien de l'eau, mais pas non plus un déluge. - Ilyanth

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La nuit du 5 au 6 septembre, 1762.

Lorsqu'ils arrivèrent tout deux vers le domaine, l'elfe se sentait soudainement très las, comme rentrer chez soi après une longue journée de labeur, elle savait qu'ici elle ne risquait rien et ne serait pas seule et ça la rassurait, elle sentait mieux les choses ici. Elle fut rapidement séparée de son sauveur, par trois femmes, qui l'emmenèrent dans une pièce un peu à part.

- Nous te la rendrons quand elle sera un peu plus présentable.
- Mais !.. Ilyanth.. La plainte de l'azurée fut vaine.

À peine était-elle arrivée qu'on l'avait privé de son arme - presque la moitié de son âme -, rien était plus normal dans le domaine, de son armure - sans laquelle elle se sentait nue -, et pratiquement on l'avait jeter dans une pièce puis dans un bain dans le but de la dépoussiérer un peu, la chance était que les personnes ce chargeant de son triste sort étaient des personnes qu'elle avait connu, notamment venant de la famille de son époux, il y a longtemps de vieux amis ainsi on pouvait dire.

L'elfe tentait vainement de se plaindre du sort qu'elle subissait, mais, on ne lui laissait pas l'occasion de placer plus d'une plainte rapidement coupée par l'eau qu'on lui versait sur la tête. Certes, elle était plutôt déshydratée, pas au point d'accepter d'être noyée.

- M'aurais-tu conduit dans un piège ? Suivit d'une sorte de gargouillement étouffé, elle semblait néanmoins plutôt prompte à en rire vu sa réaction, oubliant un instant sa pudeur naturelle, pendant que les trois femmes gloussaient en arrière-plan en lui disant d'arrêter de se plaindre.

Elle ignorait s'il était capable de l'entendre, mais elle n'en doutait pas vraiment, bien qu'une tenture préservât la pudeur d'Ithrinn. Suivit d'une sorte de gargouillement étouffé, elle semblait néanmoins plutôt prompte à en rire vu sa réaction, oubliant un instant sa pudeur naturelle, pendant que les trois femmes gloussaient en arrière-plan en lui disant d'arrêter de se plaindre.

Il fallut un certain moment pour rendre à la vagabonde un peu de son air noble, et une fois qu'elle fut plus présentable et dans des atours moins guerrier, les femmes poussèrent dehors la malheureuse elfe qui n'avait plus grand chose à voir avec celle qui avait été trouvée dans la forêt.. Puisque cette dernière arborait à présent une robe légère blanche, qui montrait sans doute plus de peu qu'elle n'en avait jamais montrer et ses cheveux noirs étaient attachés en une tresse sur son côté gauche. Elle semblait néanmoins parfaitement gênée, jetant un regard si vexé qu'il en paraissait presque enfantin aux femmes qui s'éloignaient avec ses anciens vêtements. Elle confiait néanmoins son ressenti à l'elfe :

- Je me sens ridicule. Rougissant et évitant le moindre regard.

Elle n'était pas à l'aise et plus encore quand elle remarquait certaines de ses cicatrices qu'elle avait oublier ou fil des années, hormis l'immense cicatrice qui barrait son cou, comme un souvenir amer.

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Les deux elfes traversèrent la jungle avant de regagner le domaine au moment où le soleil vespéral embrasait le firmament d’un éclat rougeoyant. Après cette expédition et ces intenses émotions, le Chantefeu n’était guère mécontent de regagner la quiétude du domaine Baptistral et, surtout, que l’Azurée ait acceptée sa proposition d’y séjourner une nuit. Mais à sa grande surprise, dès l’instant où ils pénètrent à l’intérieur d’un des bâtiments à l’architecture rupestre, trois jeunes femmes firent leur apparition et Ilyanth reconnut sans peine plusieurs de ses Enwrs. Sans attendre, ces dernières s’emparèrent de la Geridae et l’emmenèrent avec elles tandis que celle-ci protestait et lançait un regard implorant et une plainte à l’attention de son sauveur :

- Que se passe-t-il et où l’emmenez-vous ? demanda le Cawr interloqué par l’étrange attitude de ses apprenties qui semblaient avoir une idée derrière la tête.

En guise de réponse les trois jeune filles se contentèrent de rire et promirent à leur maitre de lui ramener l’elfette dès qu’elle serait plus présentable. Elles conduisirent Ithrinn jusqu’à une petite pièce et le Chantefeu demeura à l’extérieur afin de respecter l’intimité et la pudeur de son amie. Cependant de l’endroit où il se trouvait le chanteur pouvait entendre le bruit du versement de grandes flasques d’eau et les protestations de sa comparse aux cheveux de jais.

La situation paraissait à la fois si déroutante et si loquace que le lié du feu dû lui-même se retenir pour ne pas glousser de rire, à l’instar de ses élèves.

« M'aurais-tu conduit dans un piège ? » entendit-il crier l’infortunée Ithrinn de l’autre côté du mur de la salle d’eau.

- Allons donc y Ithrinn, je proteste et je clame mon innocence. Me crois-tu capable d’élaborer un tel stratagème ? répondit-il d’un ton espiègle.
Elles sont à l'origine de cette initiative et j’ignore ce qui leur est passée par la tête.

En effet, c’était la première fois que ses Enwrs se comportaient de manière si énigmatique et si inattendue. Le maître-barde ne savait qu’en penser et demeurait plein de perplexité face à une telle attitude.

Toutefois, ce dernier n’eut guère le temps d’approfondir ces réflexions qu’Ithrinn sortit de la pièce, revêtue d’une robe d’une blancheur opalescente, au drapé soyeux qui mettait en valeur sa silhouette éthérée. Sa longue chevelure aussi obscure qu’une nuit sans lune était coiffée en une longue tresse. En la voyant, Ilyanth eut presque des difficultés à reconnaître son amie, tant elle semblait différente.

Une légère rougeur colorait son visage délicat et ses prunelles de jade semblaient éviter les regards, par pudeur ou crainte d’un quelconque ridicule.

- Ithrinn est-ce bien toi ? Tu as l’air si…différente, dit le Cawr d’un ton amusé. Je suis si habitué à te voir en armure et…armée, mais j’avoue que cette nouvelle tenue te vas très bien.

En raison de sa nature pacifiste, le Baptistrel avait toujours ressenti un certain malaise à la vue de tout ce qui pouvait évoquer la guerre ou des querelles belliqueuses. Aussi appréciait-il particulièrement de voir l'azurée dans cette tenue qui faisait ressentir la douceur et la féminité de sa personnalité.

Baissant légèrement la tête, il ajouta dans un murmure:

- Je trouve que tu es très belle.

C’est alors que les mires couleur menthe à l’eau de Rhapsodien tombèrent sur la cicatrice qui barrait le cou de l’elfette, stigmate indélébile de son passé meurtri. Sans réfléchir Neolenn effleura du bout des doigts, dans un geste d’une grande douceur, cette marque qui zébrait sa peau.

- D’ordinaire tu la dissimules souvent sous tes vêtements n’est-ce pas ? On dit que les cicatrices du corps peuvent guérir et s’effacer plus facilement que celles du cœur…

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Lorsque l'elfe portait ses yeux sur elle, elle se sentait plutôt fébrile, un peu gênée, elle mettait même un petit moment avant de poser ses yeux sur les siens.

- Je me sens affreusement nue et vulnérable, comme si les gens pouvaient voir ce qu'il se trouve en moi, ça me met un peu mal à l'aise. Une nouvelle fois l'elfe exprimait son ressenti avec une très grande franchise.

Rien qu'entre ces murs, l'elfe semblait particulièrement prompte à parler, il était rare de la voir aligner autant de mot en si peu de temps, comme si un peu de paix du domaine s'infiltrait en elle. Et finalement elle livrait ses sentiments et son ressenti aux oreilles de celui qui maintenant était plus qu'un ami, un véritable sauveur et une personne en qui elle avait profondément confiance.

L'elfe rougissait d'avantage face au compliment de son confrère, elle n'avait pas pour habitude d'être complimentée, mais quelque chose au fond d'elle s'en amusait, elle se sentait flatter quelque part, et encore plus quand le compliment ne venait pas d'un parfait étranger.

Elle fut tentée de reculer lorsque le baptistrel touchait sa cicatrice, mais ne bougeait pas, elle craignait toujours que l'on s'approche de cet endroit, cela resterait sensible jusqu'à la fin de sa vie certainement. Néanmoins, elle parvenait sans trop de mal à vaincre son appréhension pour ne pas reculer.

- Oui, je la cache sous une écharpe d'habitude, ça ne sert à rien mais cela me rassure. Elle est encore douloureuse parfois.

Certainement qu'elle somatisait ses craintes sur cet endroit de sa peau, peut-être n'était-ce que le fruit de son imagination ? Il n'y avait pas vraiment de valeur sûre avec les choses brisées, les réactions face au malheur étaient toutes très différentes.

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Grâce à sa grande capacité d’empathie Ilyanth devina sans peine la gêne d’Ithrinn tandis qu’il détaillait sa nouvelle apparence, guère habitué à voir son amie ainsi parée en dépit de ses origines nobles.

- Je comprends ta gêne…je ne voulais pas te mettre mal à l’aise, répondit l’elfe sentant lui-même une rougeur colorer ses joues dorées. C’est juste que ce n’est pas habituel pour moi de te voir en robe…Ainsi tu sembles si différente, presque comme si tu étais une inconnue.

Puis cherchant à la dérider et à dissiper le sentiment de gêne qui les envahissait le Baptistrel poursuivit sur un ton un tantinet espiègle.

- Effectivement j’imagine que sans ton armure tu dois te sentir terriblement vulnérable et nue. Et en ce qui concerne le fait de pouvoir voir en toi, n’oublie pas que je suis un maitre Baptistrel et que ton chant-nom peut me révéler tous tes mystères et tes moindres secrets. Mais je n’utilise jamais un tel pouvoir sans l’accord de la personne sinon cela serait bien trop intrusif.

Malgré la nouvelle timidité que lui inspirait l’Azzurée, l’elfe solaire se hasarda à caresser doucement du bout des doigts la cicatrice qui ornée son cou et la trouva étrangement belle, malgré les douloureux souvenirs qu’elle devait rappeler à Ithrinn.

- Elle te fait encore mal parfois ? Pourtant, elle semble ancienne et parfaitement cicatrisée. Mais peut-être n’est-ce pas en lien avec les blessures du corps car cette cicatrice doit certainement te rappeler de terribles moments de ton vécu…

Si Ilyanth ne connaissait pas tous les détails de l’existence mouvementée de son amie, il savait que son lourd passé l’empêchait encore d’avancer, et que les blessures du cœur saignaient encore. L’une d’entre-elles était particulièrement profonde et portait le nom de Thalia, la fille chérie de la Gerridae.

Depuis son jeune âge, celle-ci vivait au sein du domaine Baptistral et le Chantefeu veillait sur elle comme un mentor. Plus que tout au monde, ce dernier déplorait les relations compliquées qui existaient entre la mère et la fille, faite d’amour et de haine, d’attente et d’indifférence.
Thalia refusait de voir Ithrinn, mais à cette heure-ci la jeune elfette devait être profondément assoupie.

- Ithrinn, est-ce que tu veux voir Thalia ? Elle doit dormir mais tu pourras la regarder un moment et peut-être est-ce mieux qu’elle n’apprenne pas que tu es au domaine tout de suite, car elle pourrait mal réagir…

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- C'est aussi l'impression que j'ai, et pourtant, j'ai longtemps été cette personne, ça remonte à si longtemps.. Pourtant, j'ai aimé cette ancienne vie, plus que tout, je me souviens d'avoir joué de la harpe dans le jardin pendant que mon fils s'entraînait avec son maître d'armes, les arbres en fleurs, la légère brise. Mais ma mémoire me joue des tours, je n'arrive plus à me souvenir des visages des gens qui m'entouraient.

Elle avait parfois tendance à oublier - même si on le lui rappelait parfois à grands renforts de dame, madame - qu'elle était issue d'une noble lignée, une lignée d'érudits et de soldats hors normes, même si cette dernière s'effondrait sur elle-même, au fur et à mesure des catastrophes et pesait sur les épaules de sa propre fille.

- Je te fais confiance, et puis tu n'y apprendrais pas grand chose de plus que ce que tu sais déjà, tu as toujours eu le don de deviner facilement ce que les choses brisées on a l'esprit.

Les choses brisées, une chose qui représentait bien, et même à la perfection la manière dont elle se voyait elle-même. Elle cessait d'appréhender qu'il touche cette cicatrice, elle trouvait le côté chaud et délicat du toucher de l'elfe particulièrement agréable.

- Oui, parfois, elle est douloureuse, je crains que ça soit plus une blessure de l'âme que du corps. Mais elle m'aide à ne pas oublier ce qui me maintient en vie et ce pourquoi je continue à me battre encore maintenant. C'est juste que le regard des gens qui la voient est souvent lourd de pitié, comme si j'étais une victime de quelque chose d'horrible, ou pire une criminelle.

L'elfe souriait délicatement à la remarque de l'elfe. L'idée semblait plaire à l'azurée, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu sa fille, et même quelques choses d'aussi bref lui suffirait.

- J'aimerais, s'il te plaît, j'aimerais aussi savoir si elle suit bien tes enseignements.

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En écoutant les paroles de l’Azzurée, Ilyanth tentait d’imaginer celle qu’elle avait été autrefois ; une jeune femme-elfe, belle et sereine, vêtue de blanc et jouant paisiblement de la harpe dans un jardin. Hélas depuis lors l’existence l’avait tant ravagée qu’elle n’était plus que l’ombre d’elle-même et semblait à jamais hantée par les fantômes du passé.

- Nous avons tous nos douleurs, nos pertes et nos regrets, dit-il dans un souffle. J’ai aussi perdu celle que j’aimais, mon épouse et la mère de mon fils Elros. Mon ancienne vie me parait à la fois si proche et si lointaine, semblable aux bribes d’un songe. Parfois, il m’arrive de rêver et durant ce temps-là les figures du passé réapparaissent, plus vivantes que jamais et je revois ma chère femme…Puis je me réveille et je me rappelle qu’elle est morte, partie pour toujours…

La voix d’ilyanth s’était empreinte de tristesse ainsi que ses prunelles d’eau et d’émeraude, mais il tenta de lutter contre ce sentiment et reporta son attention sur l’elfette.

Les paroles suivantes d’Ithrinn arrachèrent un léger sourire au Chantefeu ; en effet, son empathie et son pouvoir d’écouter le chant-nom lui permettait de lire à l’intérieur des cœurs et de comprendre le secret des âmes. Est-ce que les choses brisées pouvaient se réparer ? Son optimisme le poussait à croire que oui, mais les plus profondes blessures laissaient des cicatrices indélébiles sur les corps comme sur les âmes. La cicatrice de la Geridae témoignerait à jamais de son vécu douloureux.

- Viens suis moi, dit-il simplement en la prenant par la main pour l’entrainer à sa suite à travers les couloirs du domaine jusqu’au bâtiment où dormaient les jeunes apprentis.
Marchant à pas feutrés pour ne pas les réveiller, le lié du feu mena son amie jusqu'à une petite pièce et en ouvrit doucement la porte. L'intérieur était éclairée par la lueur blafarde de l'astre lunaire et au milieu du lit se tenait une jeune elfe à la chevelure d'argent, paisiblement endormie. Ilyanth se tourna vers l'azzurée et lui chuchota à l'oreille:

- Voilà Thalia, ta fille. Tu ne trouve pas qu'elle a grandi depuis votre dernière rencontre ? Elle suit très bien nos enseignements et a un sacré caractère !

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L'elfe jetait un coup d'œil dans la pièce, après avoir suivi silencieusement son congénère, elle observait de longues secondes sa fille, qui dormait du sommeil du juste. Elle ne pouvait qu'approuver les mots de l'elfe.

- Elle grandit si vite. Si elle suit les enseignements, je n'ai rien à dire, quant à son caractère elle le tient de son père, qui a toujours eut un tempérament enflammé, j'ai cru entendre quelques murmures au sujet de son potentiel.

Elle s'écartait ensuite de la porte, pour ne pas troubler le sommeil des recrues, cependant, elle continuant à murmurer même une fois à une certaine distance du dortoir.

- J'espère juste que ce tempérament guerrier ne lui causera pas de soucis dans cette voie, qui est déjà bien assez difficile. En elle, coule le sang de l'antique Hérincë, réputée pour cette combativité qu'ont les esprits indomptables. J'aimerais qu'elle reste au domaine, c'est là où elle est le plus en sécurité, les familles nobles de la capitale commencent à s'intéresser à sa génétique si ancienne, vu que nous n'avons plus d'héritier mâle dans notre famille.

C'était une manière finalement bien compliquée pour exprimer le fait qu'une famille si ancienne puisse susciter autant de convoitise, d'ordinaire les Awarlith et leurs ancêtres se contentaient d'union entre eux pour préserver leur sang, maintenant, il n'y avait plus grand monde pour préserver ce sang, hormis des vieillards et des femmes. Les rumeurs allaient bien vite vu le peu d'elfes qu'il restait.

- Et vu son tempérament, elle serait bien capable de rudoyer n'importe lequel de ses prétendants. Elle avait lâcher un éclat de rire en disant cela.

Elle-même en avait quelques-uns, en finalement elle ne se demandait pas si fuir dans la savane ne serait pas aussi un moyen de fuir leurs ardeurs qui ne l'intéressaient pas le moins du monde.

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Le Chantefeu avait conduit Ithrinn dans la pièce où sommeillait l’enfant, son enfant, cette fille si précieuse arrachée à sa mère par une cruelle destinée. Ilyanth espérait tant qu’à sa vue la joie renaîtrait dans le cœur de son amie car il devinait à quel point celle-ci était désireux de revoir la chair de sa chair. Derrière lui, la Gerridae avançait silencieuse, nimbée d’une grâce éthérée grâce à son esprit-lié et sa beauté se trouvait rehaussée par sa tenue de jeune noble et sa tresse de cheveux aussi noirs que les ailes de la nuit.  

Doucement il s’approcha du petit lit et se tourna vers l’Azzurée dont les mires smaragdines parcoururent le dortoir avant de se poser sur le visage juvénile de sa fille. Eprouvait-elle de la nervosité à l’idée de revoir si être si cher, qui en dépit de son amour, se détournait sans cesse d’elle, la rejetant de manière incessante ? Existait-il de plus grande douleur qu’un amour non réciproque ? Pourtant le chanteur était convaincu que Thalia aimait sa mère, au moins autant qu’elle la haïssait en raison de son abandon, et ces deux sentiments extrêmes s’affrontaient, chacun tentant de prendre le dessus l’un sur l’autre.

En entendant les paroles de la femme-elfe le maitre-barde ne put s’empêcher de sourire, tout en couvant du regard Thalia :

- Le temps passe si vite. J’ai l’impression que c’était hier qu’elle est arrivée au domaine et depuis lors je n’ai cessé de veiller sur elle, la prenant sous mon aile et l’aimant comme si elle était ma propre enfant.

Le lié du feu possédait un enfant biologique nommé Elros, ce qui signifiait écume d’étoiles et qu’il avait eu avec sa défunte épouse ; pourtant ce dernier ne faisait aucune différence entre lui et Thalia car à ses yeux les liens du cœur surpassaient ceux du sang.

A mi-voix et osant à peine regarder son amie, celui-ci poursuivit :

- Je crois que cette fillette nous lie encore plus que si nous étions des amants, tant qu’elle sera en vie nous aurons quelque chose en commun, un même être à aimer et à protéger. Elle est passionnée et pleine de fougue comme le feu d’un volcan et peut-être qu’un jour Thalia se liera à cet élément, il est puissant et indiscipliné, mais seul l’avenir le dira. Elle a de nombreux talents et j’espère qu’elle pourra accéder au rang de maître Baptistrel, du moins si tel est son désir, car s’il y a beaucoup d’appelés il y a peu d’élus. Après tout, peut-être que son caractère têtu sera un avantage car cette voie demande énormément d’opiniâtreté. Dans tous je la soutiendrais de mon mieux afin qu’elle puisse s’épanouir et utiliser ses dons au mieux de ses possibilités.

En effet, accéder au rang de Cawr demeurait un privilège rare et la route pour y parvenir demeurait longue et semée d’embûches. Ilyanth lui-même, bien qu’étant né et ayant grandi au sein du domaine Baptistral, n’était devenu maître barde que quelques années auparavant après maintes années d’apprentissage auprès d’un mentor.

Ensuite, le lié du feu se tourna vers l’Azzurée et lui dis avec douceur :

- Ne t’en fais pas, je pense qu’ici au domaine elle sera en sécurité durant encore quelques années et je ferais tout pour qu’elle soit bien armée pour affronter les dangers du monde une fois adulte, quand le moment sera venu pour elle de déployer ses ailes et de prendre son envol. Je veux faire en sorte qu’elle devienne assez forte et indépendante pour pouvoir choisir l’existence qu’elle désire sans que d’autres tentent de lui imposer leur loi ou de la manipuler afin de servir leurs propres desseins, car un jour ou l’autre elle devra se frotter à la dureté de la vie.

L’elfe à la voix ardente avait conscience que même si le domaine ressemblait à un havre de paix, ce lieu sacré ne devait pas se transformer en prison ou en cage dorée. Un jour Thalia grandirait et se transformerait en une très belle jeune fille, aussi ravissante que ne l’était sa mère et Ilyanth attendait ce moment autant qu’il ne le craignait.

Lorsque la Gerridae s’esclaffa en évoquant le comportement futur de sa fille avec ses futurs soupirants, le Chantefeu ne put s’empêcher de l’imiter. A croire que le rire était communicatif et ce dernier lui chuchota à l’oreille :

- Je n’en doute pas un seul instant. Avec un tel caractère, elle saura se défendre contre ceux qui tenteront d’abuser de sa jeunesse ou de sa crédulité, jusqu’au moment où l’un de ses prétendants parviendra à gagner son cœur. Mais dis-moi Ithrinn est-ce que toi aussi tu rudoyais tes prétendants quand tu n’étais encore qu’une Elfette ?

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Le regard du baptistrel à l’égard de l’enfant n'échappe pas au regard du garde royal, elle en fut particulièrement touchée, et même émue.

- Tu seras toujours un meilleur parent que moi, Ilyanth. Quand je la regarde aujourd’hui, j’ai encore l’impression que c’est ce bébé que j’ai tenu contre moi. Je crois que j’ai beaucoup de retard. Son frère avait un caractère doux, elle est un vrai volcan.

Elle posait délicatement sa main sur l’épaule de cet être qui lui était si cher, un geste qui semblait presque intime connaissant le caractère de la noble. Elle ne pouvait que le souvenir dans la délicate épreuve qu’était d’élever des enfants.

- Tu es ce père qu’elle n’a pas connu, et je crois au pouvoir des sentiments. Elle t’écoutera et apprendra auprès de toi. Tu n’as pas à en rougir.

L’elfe avait apaisé son esprit, et elle pouvait ainsi se délivrer plus facilement ses sentiments au chantefeu.

- Des amants ? Elle jetait un regard curieux à l’homme avant de sourire, d’une façon bien mystérieuse. C’est peut-être ça. Les enfants ont l'incroyable capacité de lier des âmes qui n’ont rien en commun.

Son cœur ratait un battement à cette pensée, il était vrai que sa fille les avait fortement rapproché, et puis même avant cela, le cawr avait été un soutien particulièrement bénéfique à l’elfe.

- J'espère qu’elle ne tombera pas dans les griffes d’un de ces maudits nobles, elle mérite bien mieux qu’un intrigant qui abusera de son jeune âge. Et je sais que tu seras capable de lui fournir les armes pour endurer ce monde. Je te fais confiance.

Elle craignait grandement ce cas, voir sa fille sombrer dans une relation toxique ou elle ne sera plus elle-même, juste parce qu’elle possède le sang d’une glorieuse ancêtre dans ses veines.

- J'ai été mariée bien avant ma naissance, mais j'avoue en avoir rudoyé quelques-uns durant mon adolescence. Et je sens que je serais certainement amenée à en rudoyer d’autres, voilà une des raisons pour laquelle j’ai quitté la capitale. Et dire que lorsque je n'étais bannie pas l’un de ses nobles daignait me regarder, maintenant que ma fille est presque à mariée, ils se souviennent de l’importance de notre famille.

Ithrinn ne supportait plus la fausseté de la noblesse, en réalité elle ne l’avait jamais vraiment supporter ça.

- Peut-être que la personne que nous est destinée se trouve juste à côté de nous, alors que l'on passe une vie à la chercher à l’autre bout du monde. Certains finissent même par abandonner cette idée.

Une drôle d’histoire, mais qui avait cependant sa part de vérité, elle qui était veuve depuis plus de dix ans maintenant, elle avait subi un mariage arrangé, mais qui par chance avait été bien plus heureux que ce qu’on aurait pu penser. Elle tendait ensuite son bras au chantefeu, l’invitant à marcher un peu avec elle.

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Sentant les prunelles smaragdines d’Ithrinn couver doucement du regard sa fille bien-aimée, le lié du feu tourna son regard vers elle et remarqua le trouble qui se lisait sur son beau visage.

- Ne sois pas trop sévère avec toi Ithrinn, tu as fait de ton mieux pour que ta fille soit heureuse. Et t’en séparé afin de la confier aux soins des Baptistrels n’a certainement pas été la décision la plus facile qui soit mais en agissant ainsi je suis persuadée que tu n’avais pas d’autre désir que son bonheur, même si celle devait t’arracher le cœur. Peut-être est-ce en cela qu’on reconnait une bonne mère, ce n’est pas celle qui désire garder son enfant à tout prix mais celle prête à s’en séparer pour son bien, dit-il en affichant une expression pensive.

Bien qu’il ait fortement contribué à l’éducation de Thalia dont il était le mentor et enseignait de multiples choses à ses nombreux élèves ; le Baptistrel qui était devenu père à son tour et devait l’élever depuis le décès tragique de son époux faisait face à ses propres doutes. Serait-il un bon père pour le jeune Elros et qui se passerait le jour où celui-ci devenu assez grand lui poserait la question dont il redoutait plus que tout au monde de devoir donner la réponse. « Où est ma mère ? ».  Pour l’instant, ce n’était encore qu’un bébé mais le chanteur savait pertinemment qu’un jour ou l’autre il lui faudrait affronter cette situation. Par ailleurs, la mort de Feanturi, sa bien-aimée laissait encore certaines plaies dans son cœur et malgré l’apparente gaieté qu’il tentait d’afficher, Ilyanth demeurait profondément endeuillé par cette disparition prématurée.

L’azurée posa avec délicatesse sa main sur son épaule et l’elfe solaire apprécia cette marque de tendresse, et songea qu’il était agréable d’avoir une personne chère prête à vous soutenir dans les épreuves de l’existence. Et tous deux traversaient la même cruelle épreuve, celle d’un veuvage et de devoir élever seul leurs enfants.

Les lippes d’Ilyanth affichèrent un sourire à ses paroles suivantes :

- J’ai toujours fait de mon mieux pour lui apporter l’amour et le soutien inconditionnel qu’elle méritait de recevoir. J’espère tant n’avoir pas failli à ma tâche et qu’elle continuera à grandir en étant une jeune Elfe heureuse et épanouie. L’amour que nous portons à un même être nous lie l’un à l’autre au-delà de notre amitié. Quoiqu’il arrive, je pense que tous deux nous soucieront de Thalia et nous tenteront d’accompagner ses premiers pas dans le monde.

Puis le visage du maître-barde prit une expression grave lorsqu’Ithrinn parle des nobles qui pourraient un jour la convoiter en raison de la pureté de son lignage :

- Pour l’instant, je pense qu’elle ne risque rien car elle vit au domaine, entourée et protégée par la communauté Baptistrel mais un jour elle devra affronter le monde et faire ses propres choix. Mais j’ai confiance en elle, mon intuition me dit que Thalia avec sa forte personnalité ne sera pas si simple à berner. De plus, si un jour elle devient un maître Baptistrel à part entière elle aura le pouvoir de déceler la ruse et le mensonge grâce au chant-nom et aux vibrations du monde, ce qui constitue une énorme protection.

L’esprit des gens pouvait se révéler bien inconstant et Ithrinn en avait fait l’amère expérience auprès des membres de son peuple. Promise avant même sa naissance à un époux qu’elle ne connaissait pas, courtisée et convoitée durant toute sa jeunesse, son bannissement l’avait fait tomber en disgrâce et depuis lors elle ne cessait d’errer telle une âme en peine en quête d’une raison de vivre. Le domaine Baptistrel, auquel elle avait confié l’unique enfant qu’il lui restait, son joyau, ressemblait à une sorte d’havre de paix où elle pouvait se ressourcer loin du tumulte du monde et tenter de trouver un semblant de paix intérieure.

Les paroles de la Gerridae firent réfléchir le chanteur à la voix ardente qui dit dans un souffle :

- Peut-être, au fond je pense que l’amour est mystérieux et peut prendre d’innombrables formes différentes. Certains s’imaginent que le vrai amour doit ressembler à un coup de foudre et être un brasier qui nous consume et d’autre que ce sentiment pour être sincère et authentique doit se construire peu à peu. Peut-être n’y a-t-il pas de bonne réponses et qu’à chaque fois une nouvelle histoire se construit et avec les êtres les plus inattendus…

Ilyanth était bien placé pour le savoir car il avait aimé à deux reprises et à chaque fois d’une manière complètement différente : la première fois, il était tombé d’Aegnor l’empereur des hommes et avait éprouvé un sentiment passionnel, violent et brûlant comme le brasier d'un volcan. La seconde fois, il avait aimé une femme, aussi sombre que la nouvelle lune. Elle se nommait Feanturi et c'était une ancienne théocrate, une femme brisée, hantée par son passé et se sentant indigne de cet être de lumière qu’était le Baptistrel. Pourtant, il l’avait aimé de toute son âme, et son âme demeurait endeuillée…Ces deux amours s’étaient soldés par un échec et son cœur saignait encore. Aimerait-il un jour à nouveau ? Le feu rejaillirait-il sous la cendre ?

Ensuite l’elfe solaire prit le bras d’Ithrinn afin que tous deux se mettent à marcher un peu, tout en poursuivant leur conversation.

descriptionle voyageur - Le voyageur veut bien de l'eau, mais pas non plus un déluge. - Ilyanth EmptyRe: Le voyageur veut bien de l'eau, mais pas non plus un déluge. - Ilyanth

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À force de vivre dans les ténèbres, elle s'était rendu compte que ces dernières étaient devenues rassurantes et peut-être même familières. Elle réfléchissait un moment à la question, l'ombre était son domaine, une chape obscure qui la protégeait, à forcer de vivre dans l'ombre, la moindre étincelle de lumière devenait effrayante, c'était ce qu'elle ressentait en la présence du maître-chanteur. Mais à la fois elle se sentait rassurée par les ondes qui se dégageaient de lui.

Elle s'emparait une nouvelle fois du bras de son ami pour le conduire ailleurs, elle était une dame d'action, elle avait besoin de bouger pour réfléchir, elle n'était pas faite pour l'inaction bien que ce fut le cas autrefois, avant le drame. Elle était presque devenue un fauve sauvage, difficile à apprivoiser et encore plus a attraper, elle fuyait au maximum les présences Humaines, plus une ombre qu'une vie.

Je ne peux que te remercier pour ta bienveillance et ton dévouement, Ilyanth. Elle refusait d'imaginer comment aurait pu être la vie de sa fille sans la présence de l'elfe chanteur, une vie de misère et non pas de splendeur comme elle rêvait pour sa fille. J'aimerais qu'elle continue dans la voie qu'est la vôtre et qu'elle se préserve le plus longtemps possible des vices de ce monde. Mais si elle ne le désire pas, nous avons bien assez de fortune pour qu'elle puisse vivre confortablement durant plusieurs siècles.

En voyant l'azurée l'on avait souvent du mal à s'imaginer qu'elle puisse venir de la haute noblesse et que par conséquent sa fortune était des plus considérables, et malheureusement encore plus depuis que sa famille avait été décimée, elle avait fait de très nombreux et bons placement avant de disparaître.

Ils purent ensuite continuer de converser des heures durant dans les jardins du domaine, avant qu'elle ne s'éclipse.

descriptionle voyageur - Le voyageur veut bien de l'eau, mais pas non plus un déluge. - Ilyanth EmptyRe: Le voyageur veut bien de l'eau, mais pas non plus un déluge. - Ilyanth

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