8 Janvier 1763
Cotes de Néthéril
Cotes de Néthéril
Cela faisait déjà trois jours que Jangali avait commencé son périple seul, accompagné du Sslengar. Il remerciait d’ailleurs toujours les Esprits de l’avoir mit sur son chemin. Mais il devait également avouer que si la perspective d’avoir une monture pour rallier les îles, l’aidait beaucoup dans sa quête de protection de son peuple, se retrouver si près de l’eau le mettait dans tous ses états. S’il avait le mal de mer sur un bateau, au moins il regardait cette immense étendue de flotte de loin. Jugé sur l’animal légendaire, il devait s'accommoder des éclaboussures de cet élément qu’il préférait en petite quantité. Il essayait à grandes peines de ne pas penser à ce qui pouvait se cacher sous la surface, cette peur irrationnelle qui l'empêchait de profiter pleinement des joies de l’archipel. Agrippé fermement à la fourrure du mythique animal, il ferma les yeux en se concentrant sur son objectif, histoire de se recentrer sur le pourquoi il prenait autant de risques. Le retour de Rog et surement des autres Couronnes ne pouvaient présager qu’un avenir sombre, très sombre. Et s’il devait prendre autant de risques en allant chercher des alliés parmi les sans-poils, c’était parce que même si cela lui coûtait, il devait admettre que les Graärhs n’étaient plus que l’ombre de ce qu’ils étaient avant. Leur puissance militaire ne serait jamais suffisante pour affronter les fantômes du passé revenus à la vie. Jangali avait beau être fier de son peuple, il n’était cependant pas idiot au point de penser que cette fois-ci, ils allaient pouvoir s’en sortir seuls.
Il avait eu affaire à la puissance de Rog, et même à peine sorti de son caveau et surement au plus bas de sa forme, le Prune avait pu se débarrasser avec une facilité inquiétante le groupe expéditionnaire. Jamais le chasseur n’avait ressenti pareil angoisse, pas même lorsqu’il avait rencontré la Puissante Nynsith. S’il arrivait à retransmettre l’urgence de la situation à ces fameux Svenn et Leweinra, alors peut-être que tout n’était pas perdu…
-.... naufragé !
Le soudain raffut accompagné de violents remous tira Jangali de ses pensées et le graärh releva la tête juste à temps pour voir l’énorme bateau qui lui fonçait dessus. Réprimant un feulement paniqué, il fut soulagé de constater que celui-ci l’avait aperçu avant et avait juste assez dévié pour lui l'éviter. Se cassant presque le cou tant le navire était énorme, le Gourmet aperçu, au-dessus des marins qui le regardaient au dessus du bastingage, un pavillon qui, s’il ne le reconnaissait absolument pas, n’était pas pirate. Presque aussitôt, une barque fut mise à flot et vogua vers lui. Hésitant un instant, il murmura à l'oreille du sanglier de mer:
-Merci pour tout Envoyé Divin.
S’il avait initialement prévu de faire toute la traversée uniquement à dos de Sslengar, la perspective d’un trajet sur une embarcation solide était quand même plus reluisante. Il descendit donc de sa monture, posant ses coussinets sur la fraîcheur de la mer. Le Sslengar le regarda, cligna des yeux et s'enfonça sous l'eau, totalement dans son élément. Jangali ne savait que trop penser de cette singulière créature. Il se demandait d'ailleurs même s'il parviendrait à en faire son ami plutôt que juste s'en servir comme moyen de locomotion.
Quand la barque arriva à son niveau, il dut batailler quelques instants pour montrer qu'il n'était absolument pas belliqueux. Par ailleurs, le graärh était surpris que les marins l’eurent cru naufragé tandis que les marins étaient surpris de voir un graärh au milieu de la mer, se tenant dessus le plus naturellement du monde.
Finalement, après un débat stérile, il finit par monter et après un long moment pour rejoindre l'énorme navire, il finirent par l'atteindre. Profitant d'être stable, le Gourmet récupéra un élixir contre le mal de mer dans sa sacoche et le bu d'une traite en prévision. Mieux ne valait pas vomir tripes et boyaux s'il tenait à se faire bien voir...
Finissant sa montée par un bond plein de grâce féline, il atterrit souplement sur le pont du navire, levant les mains en signe de non agression. Il n’avait pas encore trouvé comment retirer l’armure des Chasseurs de Cendre, autant dire qu’il devait être impressionnant dans cet exosquelette doré et rutilant. Tous les sens en alerte, il attendait patiemment que le Capitaine se manifeste.
Dernière édition par Jangali Pasu le Ven 4 Jan 2019 - 17:14, édité 1 fois