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[Intrigue] L'unique espoir

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.: Jet 1 :.

Sa'Hila tente de s'en prendre à Vehasiel pour empêcher le coup portée en direction Kehlvehan

Compétence utilisée : Lance niveau bon. Taux de réussite 55.

Modificateur =>

Race = Graarh : +5
Soutient des golem = Bonus : +5
Blessure = Malus : -5

Total taux de réussite = 60

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 60 ou moins réussite.
- 61 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

.: Jet 2 :.

Compétence utilisée : Dressage niveau maitre. Taux de réussite 75.

Modificateur =>

Race = Graarh : +5
Esprit-lié = Cheval n°3 : +20

Total taux de réussite : 95
Total taux de réussite critique : 10

Résultat =>

- 10 ou moins réussite critique.
- 95 ou moins réussite.
- 96 ou plus échec critique.




Dernière édition par Le conteur le Ven 25 Jan 2019 - 15:58, édité 1 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 71, 36

Sa'Hila s'avance le plus vite qu'elle peut, brandissant sa lance, avec la ferme intention d'empêcher Vehasiel d'attaquer Kehlvehan. Ce premier commence à lever le bras pour commander à son fouet, Sa'Hila se place sur la trajectoire en ordonnant à sa panthère et à ses golems d'agir. Malheureusement tout ne se passe pas comme prévu. Le fouet s'élance, Sa'Hila tente de parer, mais le tentacule traverse sa garde et lui transperce l'autre flanc. L'ignoble vrille poursuit sa course, les golems en forme de smilodon sautent pour s'interposer et se font transpercer à leur tour. L'attaque est ralentie, mais pas suffisamment pour l'empêcher. Cependant, c'était sans compter sur l'intervention de Bhavika. Cette dernière s'élançait droit en direction du bâton quand elle a vu sa maitresse être blessée et la vrille poursuivre son chemin. Celle-ci fait demi-tour et bondit pour saisir entre ses crocs une partie l'arme. L'extrémité de la vrille s'arrête à quelques mètres du chantelarme, mais commence à se débattre.

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La fatigue le gagnait de plus en plus, il pouvait la sentir ronger les bords de sa vision, étendre une obscurité brûlante, née depuis ses muscles tendus jusqu'à ses nerfs éprouvés. Sa queue s'était mise à battre la rythmique de ses ronronnements, pendule à la fourrure angora. Il pouvait abandonner son sort de ronronthérapie, mais cela sacrifierait le bien être du Gardien, risquait d'endommager sa voix, réduire ses chances. Une inconscience le guettait, elle l'attendait comme une amante longuement repoussée et si le graärh crispait les crocs à s'en faire grincer l'émail, s'il la repoussait farouchement en puisant dans les derniers renforts de sa volonté, il la savait pourtant inévitable. Tout ce qu'il pouvait espérer, c'était de la rejeter suffisamment longtemps pour que le Chantepluie prenne l'ascendant sur la Chimère et que cette dernière ferme une bonne fois pour toute son horrible bec.

Sa vue se troublait, les formes devant lui devenaient floues tandis que les sons s'estompaient en un brouhaha confus. Des larmes d'épuisement embuaient ses yeux dont l'éclat si vibrant d'habitude s'émoussait et ses pupilles, dilatées au possible, tentaient désespérément de capter les événements qui se déroulaient tout autour de lui. Il ne pouvait pas tomber maintenant, pas sous le regard des Esprits ! Pourtant, chaque coup que le fouet de néant infligeait à son bouclier, il le sentait se réverbérer en lui avec force. Ses os tremblaient aux secousses qui faisaient moirer l'ultime défense qui abritait les baptistrels de la rage que le monstre tentait de leur déverser. Sa mâchoire se serra davantage lorsqu'il entendit la barrière se fissurer, puis se briser dans in tintement de cristal. Le souffle lui manqua et il releva le museau pour contempler, impuissant, la vrille plonger dans le corps d'un des chanteurs, fauchant autant sa voix que sa vie.

Encore un peu de temps ! Juste un petit peu… Il pouvait sentir, instinctivement, que le Rituel touchait à sa fin. Quelque chose était en train de s'amasser et il ne fallait presque rien pour qu'il se déploie et ne renverse l'ordre de toute chose. Pourtant, il n'y avait plus de graärh debout pour faire le tampon entre la créature et eux. L'Aaleeshaan était au sol, les baptistrels chantaient et… et une présence se glissa à ses côtés, irradiant de chaleur et de lumière. Purnendu coula un regard trouble, cave, en direction du chanteflamme et plaqua les oreilles lorsqu'il l'entendit s'adresser au monstre. Un instant confus par l'action qui lui sembla totalement inappropriée dans leur situation, il manqua de perdre le rythme profond de ses ronronnements, mais se reprit de justesse et poursuivit le tissage de son sort de soutient dans la trame ondoyante des chants mirifiques qui emplissaient le Bâoli.

Toujours massé dans le dos de Kehlvehan, l'immense graärh ferma progressivement les yeux et frissonna alors que son museau dodelinait très légèrement par dessus l'épaule de l'elfe ancestral. Il tâcha de se concentrer sur ses autres sens, de ne pas perdre les notes qui rebondissaient sur les murs. Soudain, un claquement retentit, sa barrière se brisa en milles éclats et l'instant d'après, l'odeur du sang et le fracas de la roche lui firent rouvrir brutalement les yeux. L'adrénaline l'électrifia et Purnendu contempla la Kamda Sa'Hila empalée à quelques foulées devant lui, tenant fermement entre ses mains le fouet du monstre. Entre eux, les cadavres de golems de pierres avaient à peine ralenti l'avancée de la vrille sombre et seule l'intervention de l'animal de compagnie de l'Aaleeshaan avait empêché l'arme de transpercer le Gardien.

« - Par les Esprits… comme si j'allais te laisser… faire. »

Le poil de Purnendu gonfla sur son dos et il déploya son impressionnante silhouette dans un grondement sourd. Ses babines se retroussèrent au point de révéler ses gencives, mais surtout sa dentition carnassière aux crocs longs et courbés comme des sabres. Il défit son bouclier d'énergie, conscient qu'il n'avait plus l'endurance nécessaire pour le déployer de façon à protéger tout le monde et drapa simplement Kehlvehan d'éclats diffus, sur les zones vitales de son anatomie uniquement. Il arrêta sa ronronthérapie, estimant qu'il l'avait suffisamment administrée à l'elfe pour restaurer ses cordes vocales. Il n'était plus temps de rester passif et s'il n'était plus un combattant depuis de nombreuses années, il n'avait jamais cessé de s'entraîner afin de conserver ses capacités. Lentement, il contourna l'elfe et attrapa de sa dextre le fouet de Néant, il planta ses griffes acérées comme des lames de rasoirs dans la substance. Il espérait pouvoir activer les propriétés passives et uniques que ses gants en peau de dragon possédaient ; celles de renvoyer à l'expéditeur tout sort qui entrait en leur contact. Tout en sachant que la « magie » du Néant annulait les sorts de la trame ainsi que les glyphes, il espérait que l'essence draconique infusée dans le cuir parviendrait à faire malgré tout un effet. Quel qu'il soit.

Par mesure de sécurité, l'herboriste éleva de son autre main son Bâton des Vents et l'abattit violemment sur le tentacule sombre après s'être assuré que la panthère ne lâcherait pas prise avec la secousse qui naîtrait de l'impact sur la longueur du fouet. Cette fois, Purnendu comptait sur les propriétés de son arme magique ; celle de créer une puissante bourrasque dès que le bois ancestral entrait en contact d'un sort, envoyant cette dernière à l'envoyeur avec une puissance égale à l'impacte. Encore une fois, il doutait qu'une telle action ait une quelconque réaction notable, mais il ne servait à rien d'hésiter à présent qu'ils touchaient leur objectif du doigt. Pour le meilleur comme pour le pire ; ils n'avaient plus rien à perdre et à sortir le grand jeu était tout ce qu'il lui restait ! Sa dextre se serra avec toute la force dont il était capable pour tenir le fouet en place ; soit à bonne distance de Kehlvehan.

« - Arrache lui la gorge, Kamda ! »

L'appel fut viscéral et il vint raffermir sa prise sur le fouet, espérant libérer Sa'Hila de toute hésitation dans son attaque. Et, pour s'assurer que l'elfe ne serait définitivement pas interrompu à la prochaine charge de la Chimère, l'immense fauve de cendre activa cette fois volontairement le glyphe contenu dans son pendentif et qui s'appelait la Brume Solide. Il en drapa le Gardien, sachant que cette dernière stopperait n'importe quel coup en se cristallisant à l'impact. Avec ça, il n'avait rien d'autre à offrir que son propre corps et il comptait bien en faire une barrière… mais cette fois, de chair et de sang. Lentement, il se mit à avancé et il enroulait à son bras gauche le fouet qu'il ne lâchait toujours pas de ses griffes monstrueuses. Il faisait peser ses cent quatre vingt kilos, ployant ses puissantes pattes arrières et courbant l'échine pour maintenir une force inverse à la poigne de la Chimère. Sa gueule hérissée de crocs s'ouvrit lentement à chaque pas qui raccourcissait la distance entre lui et sa proie. Il usait de l'Hippopotame pour rendre sa silhouette plus grande, plus massive encore à mesure que la colère grondait dans son poitrail puissant. Ses muscles se tendaient sous la fourrure épaisse, hérissée alors que sa queue balayait le sol en saccades nerveuses, tel un sillage de cendre.

« - Ô Esprits Sacrés des trois royaumes, entendez l'appel de votre création. Du Ciel, de la Terre et des Océans, Gardiens des Dix Directions, voyez votre enfant approcher de la mort sans courber l'échine. Au-delà de l'ignorance, j'apparais. Au delà de ce qui est imaginable, je me tiens debout. Je suis là pour chacun, pour toute vie. Je suis le sacrifice des uns, le convoyeur de l'inévitable mortalité. Que dans cette voie, mon sol soit drapé des étoiles de votre Royaume et que sur les ailes de Chouette je puisse vous retrouver sans me perdre. Esprits Sacrés des trois royaumes, du Ciel, de la Terre et des Océans, soyez mes guides en mon ultime voyage, qu'en votre compagnie je ne succombe ni à la peur, ni aux illusions. Bien au-delà du doute, de la colère et de la haine, je me tiens. Je suis votre enfant et je viens à vous. Suivez mes pas, venez à moi ! »

La prière était entonnée sur le rythme profond et viscérale des mantras de son peuple. Chaque phrase marquait un pas supplémentaire qu'il engageait vers la Chimère. Chaque pause voyait son bras enrouler un peu plus du fouet et ses griffes s'enfoncer dans la texture honnie. Il veillait à toujours rester dans la trajectoire de la chose, l'empêchant -il l'espérait- d'avoir une vue clair sur l'elfe. Et il récitait son mantra, sa prière dans un souffle vibrant, emplit de résolution à l'écho sacré qu'il y insufflait.



Informations HRP

Directives :


Info personnage :


Sort Unique :


Armes :


Équipement :

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L’action de Purnendu fut décisive, le guérisseur s’approcha de la vrille du néant et la saisie de toutes ses forces. La tension sur le tentacule s’affaiblit. Instinctivement Sa'Hila comprit qu’elle devait saisir l’occasion. L’ennemi était devant lui. Cet ennemi qui avait tué tant des siens. Cet ennemi qui menaçait absolument tous les graärh. Elle devait le combattre. Elle devait le vaincre. Vehasiel l’observait avec un profond dédain, son front se plissant. Comment ses vers osaient le défier ?! La chimère tenta de tirer sur son fouet pour le dégager, mais rencontra une vive résistance. L’Aaleeshaan bondit sur l’occasion. En un puissant rugissement de rage et de douleur la félidée s’avança avec détermination. L’arme glissa dans sa plaie, l’aggravant alors que son sang venant couvrir ses pattes, laissant sur son sillage les traces de son passage. Bientôt, elle fut au niveau de Vehasiel et avant qu’il ne puisse réagir elle le saisi avec fermeté. La vision de la graärh se brouillait sous la douleur et la perte de sang. Une première patte vint se porter à la gorge de ce dernier, une deuxième au poignet de la main qui tenait son arme, le désarmant. Finalement ses crocs se plantèrent dans l’une des épaules de la créature alors qu’elle venait abattre son adversaire au sol.

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Le regard pétillant de l'hermine admira le Loup, quand ce dernier parvint à entrainer Ascheriit, son energie se faisant celle de son spirite. Ses babines prirent entre elles la main de l'Enwr, dont le corps entier paraissait être à bout de souffle. Mais en ces lieux, pouvait-on véritablement parler de corps ? C'était un entre-deux particulier. Valmys, lui, avait très bien senti les doigts du Nordique dans sa fourrure, et ce dernier avait paru comme surpris. Tous étaient réels, et tangibles. Pouvaient-ils dès lors être tué, ici ?
Etrangement, la petite hermine n'avait pas tant envie de le découvrir. Sitôt que le loup eut redressé leur protégé, il s'élança à leur suite, aussi prestement que cela lui était possible, du haut de ses vingts centimètres. Les griffes de ses pattes toutes douces cliquetaient sur le sol. Devant lui, le Loup aidait Ascheriit, comme il le pouvait. L'humain peinait à tenir un véritable rythme de course. Il paraissait si faible ! Ses jambes auraient pu se dérober sous lui. Devant les mouvements maladroits de leur protégé, le petit coeur de Valmys se serra. Il ne préférait même pas chercher à deviner ce qu'Ascheriit avait enduré. En revanche, la crainte de ce qui allait advenir d'eux empirait. Ils étaient trop lents, et le danger trop présent, trop étouffant.

L'hermine manqua s'emmêler les pattes quand, brusquement, devant lui, Ascheriit mit le genou à terre, dans un hurlement de douleur qui déchira les airs. Ses pattounes battirent dans le vide, chaotiquement, et un "SQUEAK" de terreur et de panique lui échappa. Ascheriit ! Non ! Peu importait ce qui lui arrivait, cela n'aurait pas dû être ! Le petit être au poil immaculé se précipita près de son humain, et commença hâtivement à lécher la plaie, dès qu'il la vit, au travers des doigts qui la maintenaient. Quelque chose avait blessé son confrère Enwr, au niveau de l'épaule. Mais le regard inquiet que l'hermine leva vers son humain trouva une réponse inattendue. Par-delà ses traits usés et fatigués, une énergie nouvelle paraissait le parcourir. Alors les oreilles de la petite bête se dressèrent sur son crâne, et elle laissa à son grand blessé l'espace nécessaire pour qu'il puisse se relever.

Valmys avait à peine eut le temps de commencer à se rejoindre du nouvel entrain d'Ascheriit lorsque le Danger qui grondait à leurs trousses prit une nouvelle forme. Leur prédateur avait des plumes, qui se froissaient contre les parois de leur labyrinthe. Leur prédateur griffait le sol, par de grands coups puissants, qui le propulsaient chaque fois plus proche d'eux. Leur prédateur avait un souffle, rauque, que l'hermine craignait de sentir sur sa nuque, rebrousser sa fourrure. Un très bref regard en arrière acheva pourtant de dresser ses poils sur son petit corps. Vehasiel était là. Son bec crochu, ses serres, et ses plumes beiges, étaient bien trop proches d'eux, alors qu'il luttait pour avancer dans ces couloirs étroites malgré son envergure. Il était étrangement plus beau que dans l'autre monde, comme si lui et Ascheriit avaient échangé leurs énergies et jeunesses. Le museau de Valhermine lui indiqua un point précis de cette brève image : l'épaule sanguinolente qui ralentissait l'oiseau de mauvais augure, et alourdissait sa respiration de douleur.

Valmys était trop prit par ce monde-ci pour aller vérifier dans l'autre, mais il doutait en avoir besoin. Le corps d'Ascheriit avait été blessé. S'ils ne se hâtaient pas, ces stupides spirites allaient le tuer ! Que faisaient les Douze ? Enfin... Les Onze ? Et les Enwrs ? Pourquoi n'empêchaient-ils pas cela ?

L'éclat de voix derrière eux fut assez puissant pour déstabiliser l'hermine.

« Te voilà … vous … vous comptez me l’arracher ? Vous comptez me chasser de ce corps ? Pauvre fou … je ne vous laisserais pas faire … il est miens … il est à moi ! Dussé-je prendre possession d’un de ces autres abrutit là dehors, je le récupèrerais ! Ce n’est pas les maitres bardes qui manquent. »

« Fuyons »

À la proposition murmurée d'Ascheriit, les Esprits-Liés ne prirent même pas la peine d'opiner. Aussitôt, ils galopèrent. Oui, ils comptaient chasser Vehasiel de ce corps. Valmys était une hermine ambitieuse ; il poussait l'espoir jusqu'à considérer l'idée de sauver son frère.
Leurs pas étaient des trilles de galops précipités. Valmys se surprit même à attraper la queue du loup entre sa bouche et ses papattes pour ne pas les ralentir. Il abandonna l'idée lorsqu'un virage manqua de le projeter contre un mur. Si depuis le début de leur expédition la petite créature avait vaguement réussi à se dessiner un plan mental des lieux, il n'en était plus question, après les virages multiples qu'ils venaient de prendre.

Le labyrinthe déboucha sur... Un autre labyrinthe. Mais dont les murs étaient faits d'un matériau bien plus attrayant encore. Le trio effrenné se retrouva bientôt au milieu de moult rangées de livres. Valmys voulut tendre son esprit vers Ascheriit, pour lui demander s'ils devaient encore beaucoup courir. Il n'y parvint pas. Ç'aurait pu être dramatique. La voix d'Ilyanth ne leur parvenait plus, et Valmys ne savait pas depuis combien de temps. Le Loup paraissait toujours aussi certain de l'endroit où aller. Mais lui, avait-il perçu le chant de l'étoile ? Ou suivait-il une tout autre odeur ? Valmys faisait confiance au Chef des Meutes. Pouvait-il seulement faire autrement ?

Ils ralentirent le rythme. La présence derrière eux était redevenue une ombre, distante mais présente. Il parut à Valmys que le Loup les incitait à se faire discret. Alors il essaya de marcher avec les griffes en l'air, mais découvrit assez vite que ses os n'étaient pas faits pour cela. Devant la peine qu'il se donnait, Ascheriit le prit dans ses bras, offrant à Valmys le plaisir de découvrir ce que cela faisait d'être une peluche. Il fallut que l'humain mette une main sur sa bouche pour qu'il réalise qu'il avait tout juste commencé à émettre un très léger gazouilli, une sorte de ronron d'hermine.
Ce fut suffisant pour attirer vers eux l'Attention. Le Loup eut le bon réflexe de heurter une bibliothèque, la poussant à faire tomber une part de son contenu dans une direction opposée à celle qu'ils prirent. Ils s'éloignèrent, avant de se tapir dans les ombres d'autres bibliothèques, pour souffler à nouveau, l'hermine de retour sur le plancher des vaches.

Le bruit de leurs pattes et de leur peur s'estompant, Valmys put à nouveau entendre de la musique. Une musique toute particulière, qu'il ne connaissait pas. Son museau et celui du Loup se tournèrent dans cette direction. Vehasiel, lui, y était déjà. Sa papatte d'humain attrapa le livre d'où provenait cette légère musique, comme un marque-page. Oh ! Comment avait-il fait cela ? Une patte posée sur la jambe d'Ascheriit indiqua à ce dernier la curiosité de l'hermine. Ses petites oreilles dressées la confirmèrent.
Un grognement proche leur rappela que ce n'était pas l'heure du conte.

Un frisson glacé parcourut toute l'échine de Valmys, jusqu'à la pointe noire de sa queue. Vehasiel avait été fûté. Plutôt que les attaquer de front, et les pousser à courir, il s'était fait vicieux, discret, pour n'avoir plus qu'à tendre la patte. La terre trembla. Un aboiement fusa. Le Loup fondit sur l'oiseau, crocs retroussés. Ils avaient désormais les moyens de partir, le reste n'était qu'une question de temps.

Valmys fit encore office de peluche, quand Vehasiel s'éloigna de la scène pour aller les cacher plus loin, le livre avec eux. Là, il le posa à terre, sous le regard médusé de son camarade quadrupède. Entre les pages, résidaient les souvenirs. L'hermine les reçut dans leur entièreté, de plein fouet. La bataille entre Ascheriit et Vehasiel avait été violente. Beaucoup trop violente pour un Enwr, beaucoup trop dure pour un bipède. Jamais il n'aurait dû vivre cela. Le regard noir de l'hermine pétilla d'admiration quand, en plus de combattre, Ascheriit trouva la force d'élaborer un plan. Un plan méticuleux, qui protégeait sa fuite entre les innombrables couloirs d'un labyrinthe, et son énergie au coeur d'un livre. Ascheriit avait su l'intérêt de Vehasiel pour les Baptistrels, il avait deviné que son chemin croiserait fatalement celui de l'Ordre. Il avait fait confiance aux siens pour lui offrir cette petite opportunité, ce petit instant où il pourrait prendre le dessus. Il s'était préparé. Son plan avait abouti. C'était le moment.
Le moment où il débarassait ce monde de Vehasiel, et de son hôte.

Avec effroi, la petite créature pâle se tourna vers son frère. Non ! Il devait y avoir un autre moyen ! Un moyen de garder son âme au chaud, de ne pas le résoudre à... À pire que la Mort. La perspective était terrifiante, pour celui qui avait tant tenu à l'idée de le revoir en vie. Ses pattes se posèrent à nouveau sur Ascheriit, comme pour le supplier de renoncer à son plan, trouver autre chose. Son esprit chercha à nouveau à rencontrer le sien. Il fallait qu'il rentre à la maison, avec lui ! Qu'il s'accroche à son âme ! Il voulait bien lui prêter son corps, un petit peu. Il l'avait fait pour Dawan, ce ne devait pas être différent !
Néanmoins, dans le regard d'Ascheriit, il y avait cette lueur qui disait qu'il avait passé trop de temps avec une chimère pour ne pas savoir ce qu'il était possible de faire. Les oreilles de Valmys se baissèrent sur sa tête, tristes. Une vision leur parvint, de loin. Une Graärh, et le meurtre imminent d'un innocent.

Comme pour le consoler, la main d'Ascheriit vint se poser sur la toute petite tête de l'Hermine. Avait-il deviné à qui il avait à faire ?

« Tu dois les prévenir ou Vehasiel les dupera et vaincra. Si je meurs, il s’emparera un autre corps. Il faut le piéger définitivement à l’intérieur du mien … et il n’existe que ce moyen qui soit assez efficace face à lui. Je ne pourrais le retenir que le temps nécessaire pour accomplir ce qui doit être fait. Tu les aideras à chanter et tu leur diras que je suis désolé. »

Il aurait voulu couiner. Il aurait voulu lui dire qu'il n'avait pas à se sacrifier, pas même pour obtenir la rédemption. Son mutisme fit saigner son coeur. Il pouvait peut-être encore faire quelque chose...
Non. Il n'avait pas le temps. Sa conscience s'éloigna de cette partie-là du monde. Tout juste prit-il le temps d'envoyer son esprit contre celui du Loup pour lui hurler, dans un élan de peur panique :

"- Loup ! Sauve-toi ! Protège-toi ! Pour ta meute !"

Puis ce fut le retour à son corps. Il se sentit grand, et brusque. Il manquait de fluff, de délicatesse, d'oreilles mobiles, et d'appendice caudal. Ses doigts continuaient de jouer sans lui, pour son plus grand soulagement. La scène continuait de se jouer sans lui, pour sa plus grande horreur. Il concentra instinctivement sa magie, cherchant à atteindre par cette dernière le bras de Sa(Hila, et le couper dans son élan.

"- Sa'Hila ! Cessez ! Cessez ! Tuer un hôte ne tuera pas Vehasiel !"

Il avait prononcé le second "cessez" en Graärh. Sa voix... Sa voix portait étrangement. Elle lui semblait différente, à l'oreille. Comme plus nuancée qu'avant.
Comme pour le soutenir, il sentait également, non-loin de lui, une présence toute de douceur.

Sort :

Directives de PapaDragon :

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Au cœur de cet océan de tourmente, une lueur brillait, éclairant les ténèbres, tel un phare dans la nuit. Guidé par un inextinguible espoir, le Chantefeu entonnait l’Ode d’Aria, ce chant envoûtant dédié à l’étoile protectrice. Si une partie, même infime,  de l’âme d’Ascheriit avait survécu à l’intérieur de ce corps difforme alors peut-être parviendrait-elle à le guider jusqu’à ses frères et ses sœurs.

Les notes pures et éthérées de l’Ode d’Aria s’élevaient dans l’atmosphère, l’emplissant d’une symphonie séraphique. Ilyanth ne possédait aucune certitude quant à la survie de l’ancien apprenti mais l’ardent désir de lui venir en aide le poussait à persévérer. Il chanterait jusqu’à s’en casser la voix s’il le fallait.

Soudain, celui-ci sentit une pression contre sa gorge, comme si une main douce et chaleureuse venait de caresser sa chair. Était-ce une nouvelle manifestation de la déesse Feu ?

Instinctivement, le protégé des flammes porta la main à son cou afin de vérifier la présence des marques de lumière, mais aucune arabesque incandescente ne décorait son derme. Pourtant le chanteur sentit un sentiment de quiétude l’envahir, suivi de l’intime conviction que son but était accompli. Il avait réussi à aider Ascheriit même s’il était incapable d’expliquer d’où lui venait cette certitude ineffable. Son cœur lui disait que l’étoile-guide ou quelque chose d’autre veillait sur son frère bien-aimé.

Ilyanth cessa son chant et revint brutalement à la réalité en voyant la scène d’extrême violence qui se déroulait sous ses yeux. Véhasiel avait poursuivi son offensive contre le bouclier à l’aide de sa vrille du néant mais la Kamda Aleeshaan, en dépit de ses sévères blessures, s’était relevée et lancée à l’assaut de la chimère à l’aide de ses golems, déterminée à combattre jusqu’à la mort.

Le Gardien, quant à lui, était sur le point de remporter son duel contre l’abomination et son chant faiblissait de plus en plus.
Tout d’un coup, les mires d’azur et de verdure du Chantefeu s’agrandirent d’horreur en voyant Sa Hila s’élancer vers son ennemi et s’empaler sur sa lance dans un ultime geste de désespoir.

Non ! Il fallait arrêter son geste. Si le corps qui servait de réceptacle à la chimère était détruit alors il subsisterait aucun espoir de sauver le Glacernois. Rien ni personne ne pourrait le ramener ! Le lié du feu ne pouvait se résoudre à accepter une fin aussi tragique et une victoire acquise au prix du sacrifice d’un innocent.

Mais muée par la rage et la haine viscérale qui consumait ses entrailles, la féline poursuivit son attaque et planta ses crocs acérés dans l’épaule de Véhasiel. Déséquilibré par la violence de l’assaut, ce dernier s’écroula sur le sol et l’écho d’un rugissement de hargne se répercuta sur les parois pierreuses du Baoli. Blessé et désarmé, le Chantevide se trouvait désormais entièrement à la merci de la Kamda Aleeshaan.

Les vibrations de celle-ci exprimaient la colère et la haine et sa patte griffue s’apprêtait à asséner à la chimère le coup de grâce. Quelqu’un devait l’en empêcher !

- Sa Hila ! Arrêtez ! Je vous en conjure ! Ce corps est celui d’Ascheriit !

Alors qu’Ilyanth était sur le point d'intervenir, il s’arrêta net en entendant résonner une voix familière.

"- Sa'Hila ! Cessez ! Cessez ! Tuer un hôte ne tuera pas Vehasiel !"

C’était la voix de Valmys ! Ce dernier avait émergé de son état de transe. Mais comment pouvait-il savoir une telle chose ?
Et alors que le bras de Sa Hila allait s’abattre pour trancher la gorge de Véhasiel, quelque chose stoppa son mouvement et le membre commença à se débattre dans les airs, comme s’il tentait de lutter contre une force invisible.

Cependant, malgré cette intervention providentielle, les chances de survie du Chantevide demeuraient bien maigres, car si la Kamda Aleeshaan ne le tuait pas, les autres félins étaient déterminés à l’achever coûte que coûte.

L’elfe solaire sentait leurs vibrations remplies de rage et le désir de vindicte que ceux-ci éprouvaient pour celui qu’ils considéraient comme une monstruosité. La haine et la colère les consumaient tel un feu noir et dévastateur.  La plupart d’entre eux avait perdu des êtres chers, des frères et des amis lors de ce combat contre les chimères.

Les hommes-félins se tenaient prêts à bondir sur Véhasiel, toutes griffes dehors, semblables à des fauves sur leur proie. Si nul ne les arrêtait, c’en était fini du Chantevide.

Non ! Il les en empêcherait ! Il ne laisserait jamais  quiconque faire du mal à Ascheriit ! Ce lieu sacré avait déjà subi assez de souillures et d’effusions de sang pour que s’y ajoute le sacrifice inutile d’une âme innocente. Une autre solution devait exister !

Ilyanth était le seul à pouvoir sauver Ascheriit et devait réagir avant qu’il ne soit trop tard ! Le Chantefeu ferma les yeux et entonna un nouveau chant vibrant d’espoir dont les notes avaient la pureté des astres et la beauté de la paix. C’était le chant des étoiles dont le pouvoir était capable de repousser le mal, d’interdire toute violence et de faire apparaître les lumières stellaires, même en plein jour.

Intérieurement, le Cawr adressait également une prière aux esprits du Baoli pour qu’ils veillent sur le jeune Baptistrel et pour qu’aucune nouvelle vie ne soit injustement arrachée sur le sol de ce lieu sacré. Autour de lui, les chants de ses frères et sœurs résonnaient, emplissant l’atmosphère de ce sanctuaire mirifique d’une énergie dont la puissance était de plus en plus palpable.

Le chanteur à la voix ardente chantait en osmose avec ses frères et sœurs et son âme lançait un fervent appel au Baoli, tandis que les notes cristallines s’élevaient afin de préserver ce temple sacré d’une nouvelle souillure.

Spoiler :


Spoiler :

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*** Extérieur ***

Un cri de douleur disgracieux s’échappa de Vehasiel alors qu’il tombait à la renverse en se faisait saisir et mordre par Sa’Hila. Intérieurement la chimère enrageait. Il n’avait pu repousser l’assaut, car cette enveloppe corporelle avait cessé de lui obéir. Alors son être chutait, un voile noir s’abattit sur sa vision. Non, pas ça !

***Intérieur***

L’irruption de deux consciences étrangères à l’intérieur de ce corps bien trop étroit avait grandement perturbé le rapport de forces qui s’était installé il y a de cela trois ans maintenant. Vehasiel avait toujours été le seul à dominer, écrasant Ascheriit, si bien qu’il n’avait plus eu à livrer bataille contre cet humain qui s’était montré particulièrement tenace. Mais à présent, la chimère devait de nouveau lutter. Lutter pour endormir les nouvelles consciences ou les chasser de son hôte. Et si le maitre-valet avait foi en ses capacités pour mener à bien cette bataille, l’espoir d’une victoire assurée s’envola rapidement pour faire face au doute. Dans la bibliothèque des songes, alors que l’homme-oiseau était en train de repousser un loup d’une vivacité hors norme, le glacernois terrassé redressa la tête. Un faible halo de lumière vint parcourir l’humain dont l’apparence affaiblie se dissipa comme une illusion.

« Comment ? »

À l’interrogation de la chimère, Ascheriit répondit par un hurlement digne d’un glacernois alors qu’il se jetait au combat. Rejoignant l’esprit-lié du loup, l’ancien enwr se saisit de son ennemi et parvint à le mettre au sol. Lui passant au-dessus, il lui bloqua les bras à l’aide de ses jambes avant de venir saisir le bec du volatile de toutes ses forces.

« Vehasiel ! Aujourd’hui, notre combat va prendre fin. J’ai compris au cours de nos terribles affrontements que je ne serais jamais capable de te chasser et de reprendre possession de mon corps. Tu as souillé mon essence. Tu as défiguré mon être. Tu m’as retiré toute possibilité de reprendre mon ancienne vie. Tu m’as arraché le seul espoir qu’il me restait et qui me faisait tenir, pensant que je cèderais et m’avouerais vaincu. »

L’humain à la chevelure aussi noire que la plus profonde nuit se mit à rire.

« Je n’ai jamais compris mon père. Cette fascination pour les armes, la violence, la guerre. Cette haine des vampires. Cette adoration pour la victoire. Un glacernois ne se laisse jamais abattre. Un glacernois ne connaît pas la défaite. Un glacernois doit vaincre son ennemi. Un ennemi mort ne représente plus une menace pour la meute. Mais aujourd’hui, je le comprends. Cette pensée me déshonore en tant que Baptistrel. Mais au point où tu m’as amené, je crains que cela n’ait plus réellement d’importance. Soit fier de toi Vehasiel ! Tu as réussi là où mon père a échoué. Et j’ai trouvé dans ce désespoir l’arme nécessaire pour te vaincre. »

Ascheriit se pencha en avant, son expression n’avait plus rien de celle qu’elle était autrefois. D’un ton déterminé il adressa ses derniers mots à son adversaire avant de reprendre le contrôle de son corps.

« Aujourd’hui, je vais disparaitre dans le néant et je t’emporte avec moi, Vehasiel. »

***Extérieur***

Pour la première fois après de longues années, Ascheriit rouvrit les yeux. Il avait mal, dans ton son corps, dans ton son être. Il n’avait qu’une seule envie : vomir. Malheureusement, il ne pouvait céder à ce désir égoïste. Il avait fort à faire et si peu de temps pour y parvenir. Au-dessus de lui se trouvait une créature dont il ignorait absolument tout. Elle ressemblait à une sorte d’énorme chat et elle s’apprêtait à le tuer. C’est à ce moment-là que le chant de l’étoile parvint à ses oreilles. S’il avait pu, si son corps n’avait pas été aussi horriblement mutilé par Vehasiel, il aurait lâché une larme. La violence fut interdite chez la Graärh qui soudainement s’évanouit sur lui. L’humain comprit assez rapidement que cette dernière venait de perdre connaissance en raison de la gravité de ses blessures. Cela n’avait pas d’importance, il n’avait pas le temps pour les regrets. L’hermine se chargerait de les transmettre pour lui.

Ascheriit poussa le corps de Sa’Hila sur le côté alors que le chant de Kehlvehan cessait d’inonder la pièce. Le chantevide avait pressenti la terrible lutte qui c’était déroulé dehors au travers de sa conscience, sans pour autant savoir exactement de quoi il en retournait. Maintenant il savait. Le bâton d’ivoire cessa d’émettre le chant du néant et s’éleva un peu plus au-dessus du sol, se mettant à trembler. Un diamant semblable à un diamant de pureté se trouvait au cœur du manche de l’instrument, à l’exception que ce dernier était aussi noir que l’obsidienne et aussi corrompu qu’un être maudit. Les petites veinules qui entouraient le diamant en se prolongeant sur le manche se rétractèrent et la gemme d’impureté fut expulsée de la matière à laquelle elle avait été fusionnée, retombant au sol.

Brandissant sa main en direction de l’instrument, Ascheriit vint récupérer sa voix et se mit aussi tôt à entonner un chant. Ce dernier n’était pas bien différent de tous ceux chantés jusqu’ici : difforme et torturé. C’est la manière psalmodiée qui divergeait totalement des précédentes fois. L’intonation semblait plus claire, plus harmonieuse, plus gracieuse … plus digne d’un baptistrel en somme.

Ascheriit se saisit de la naissance du tentacule à l’extrémité du fouet et le tordit avec force jusqu’à le déchirer. Une substance noire et nauséabonde s’en dégagea. Le glacernois la regarda, approchant doucement le morceau de vrille saignante de sa bouche.

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Il avait sentit un changement dans l’expertise du chant de son adversaire. Dans son état de transe, Kehlvehan ne voyait pas ce qu’il avait bien pu se passer, mais il ne manquerait pas de mettre le changement en question à profit afin de continuer de prendre l’avantage. Son adversaire n’avait pas les moyens de rattraper son retard, il n’avait pas la subtilité pour comprendre le jeu habile des nœuds de sons, des échos naturels dont il usait pour s’aider et se renforcer. Il n’avait pas forcément besoin d’une puissance brute, sa compréhension du monde était suffisamment solide et étendue pour qu’il puisse se reposer sur les spécificités acoustiques et énergétiques naturelles des lieux pour vaincre. Cela faisait des centaines d’années qu’il était Cawr, ce n’était pas aujourd’hui qu’on allait se montrer plus malin que lui. Aveugle à tout ce qui se passait, plongé à corps perdu dans ce duel vocal qui demandait toute son attention, le Gardien ne revint à l’instant présent qu’au moment où son adversaire fut si affaiblit qu’il put enfin le museler entièrement. Le chant distordu s’éteint enfin, et l’elfe vacille avant de ployer vers l’avant, posant un genoux à terre pendant quelques instants. Lentement, il retrouvait ses facultés terrestres et avec elles la fatigue éreintante de ce qu’il venait d’accomplir. Ses tempes tambourinaient, sa gorge était en feu, ses membres tremblaient alors qu’il déglutissait difficilement. Au travers d’une vision troublée par la fatigue, il vit le bâton s’éclairer et s’abattre au sol, la gemme sombre un peu plus loin, pulsante d’une énergie mauvaise. Les vibrations auraient certainement été source de malaise s’il n’avait pas été trop occupé à essayer de rester conscient après l’effort colossale qu’il avait fournit. Auprès de lui, les chanteciels se remettaient également de leurs émotions.

Se relevant finalement, en ayant l’impression qu’il allait plonger dans l’inconscience d’un instant à l’autre, le maître chanteur cligna des yeux pour jauger ce qui était entrain de se passer près de lui. Ce qu’il vit manqua un instant de vaincre sa détermination. Son adversaire se relevait comme si de rien n’était. Mais… non pas tout à fait. Il y avait quelque chose de subtilement différent, là devant lui. Il lui fallut tendre l’oreille, contrairement à son habitude, mais la fatigue ne l’aidait pas à avoir une compréhension claire de ce qui se passait. Pourquoi est-ce que cet immondice essayait de chanter le chant-nom de son hôte exactement ? Avec un détachement dont il ne se serait pas cru capable, l’elfe ferma de nouveau les yeux et n’essaya même pas d’intervenir. Il n’était pas certain de ce que Véhasiel cherchait, avec cette manœuvre mais il était sûre d’une chose : elle le mènerait à la mort sans que personne n’ait besoin de lever le petit doigt. Les deux êtres, les deux essences étaient imbriquées bien trop profondément pour qu’un simple chant-nom puisse lui venir en aide, sans compter que l’interdiction qu’il avait placé sur lui ne tiendrait pas compte du chant-nom puisque celui-ci était marqué d’évènements clefs impossibles à retirer. Qu’il fasse donc… qu’il fasse s’il voulait vraiment en arriver là, ce ne serait qu’une preuve de plus qu’il n’était qu’une bête dépourvue de toute éducation et de toute élection dans leurs secrets et leurs arcanes. Il utilisait l’art Baptistrale comme un bûcheron userait d’une rapière pour couper du bois. Qu’il fasse, il allait se détruire tout seul et lui n’était pas assez bon pour le plaindre. Non pas assez bon du tout. Il fit un pas, puis un autre. Bouger était difficile mais il s’y forçait. Il devait mettre de l’ordre dans tout cela.

Alors qu’il avançait lentement, quelque chose vint lentement se dérouler dans son esprit submergé de fatigue. Une idée, possible mais que très improbable. Et il se sentait tellement épuisé que rien ne l’aidait. S’arrêtant près de Sa’Hila, il inspira profondément et sortit un diamant de pureté de sa ceinture. La gemme brillante vint s’apposer sur sa gorge, contenant son propre chant-nom, récité avec une absolue maîtrise. Les vibrations se diffusèrent jusqu’à ses cordes vocales et il put de nouveau parler avec plus de facilité. Mettant un genoux à terre, il commença à soigner la matriarche grâce aux sorts classiques de guérison. Il ne voulait pas risquer de la tuer à cause d’un croassement mal placé. Relevant la tête, il put enfin comprendre et regretter la folie d’Ilyanth. Ah certes, il faisait honneur à son élément… mais il aurait tout aussi bien pu appeler un régiment de cavalerie pour s’occuper d’un rat. Secouant légèrement la tête, il interpella le Chantefeu, essayant de lui faire parvenir un message pour leur bien à tous. Qu’il utilise la berceuse pour endormir les Graarhs plutôt que de les contraindre ainsi, il perdrait non seulement moins d’énergie, mais serait bien plus libre s’ils avaient encore besoin de lui. Lui-même ne se faisait pas confiance pour chanter pour l’heure. Les vibrations de son diamant travaillaient encore à restaurer ses cordes vocales endommagées par l’usage du chant d’Origine. Dès qu’il se sentirait mieux cependant, il pourrait de nouveau les aider. Après un court instant, jaugeant qu’endormir les félins ne devrait pas être très compliqué pour son turbulent Chantefeu, il tâcha de lui communiquer,s ans cesser de soigner Sa’Hila, qu’il lui serait bon d’invoquer le pouvoir de Serenne.

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Ascheriit tente d'opérer une fusion élémentaire en vue d'éliminer sa conscience et celle de Vehasiel en l'unissant au néant.

- 5 ou moins réussite critique.
- 6 ou plus échec critique.

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 4

Réussite.

Après avoir bu le sang du tentacule, Ascheriit s'effondre au sol.

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Son corps lui était étrange. Un comble, pour celui qui avait été une hermine quelques instants plus tôt, sans en être choqué. Il remua la tête, par réflexe, pour mieux appréhender ce qui lui arrivait. C'était... C'était donc cela, que d'être maître ? Il y avait tant de nouvelles choses à appréhender. Toutes ces informations qui lui venaient, qu'il peinait encore à comprendre, et à trier. Il songea qu'un sourd qui aurait retrouvé l'audition aurait peut-être, comme lui, la sensation que tous les sons étaient proches, n'associant pas le volume à la distance. Ces vibrations-là, d'où venaient-elles ? Devait-il y faire attention ? Le chant des maîtres lui servit bientôt de repère. Ce chant avait quelque chose en lui qui le soulageait, comme le bâton d'un marcheur, ou un alphabet connu dans un monde de tracés obscurs. Inconsciemment ses doigts en gagnèrent en précision, là où la fatigue et les nerfs auraient dû commencer à les rendre maladroits.

Et au milieu de ces vibrations, au milieu de ces chants, il y avait l'action, comme si le monde ne voulait pas avoir la gentillesse de s'arrêter deux secondes pour laisser le temps aux baptistrels de faire leur affaire, et aux nouveaux Cawr de comprendre ce qui leur arrivait. Du grand n'importe quoi. Valmys avait besoin de souffler un coup, se rappeler comment les bipèdes agissaient, et remettre ses neurones en place. Alors qu'il grimaçait sous l'effet d'une douleur qu'il ne reconnaissait pas, l'apprenti Cawr se fia à ses yeux et aux mots pour constater que son appel à la miséricorde avait eu un retentissement inattendu. De ce que Valmys crut comprendre, Ilyanth avait empêché la violence, et les Grärh râlaient. Qu'ils fassent donc. Le Chantefeu venait de leur éviter un écart diplomatique. Ils en seraient reconnaissants plus tard.

Ascheriit chanta, laissant à Valmys tout le trouble de reconnaitre, pour une fois, un motif dans les vibrations qu'il percevait. Il déduisit que son confrère entonnait là son propre chant-nom, mêlé à ces autres notes un peu spéciales au goût âcre. Le Néant ? Sans doute le Néant. Son plan était en marche, dans cette petite opportunité qu'il avait pour s'en sortir. Valmys admit que les autres Cawrs allaient comprendre la manoeuvre, eux qui avaient accès aux subtilités de la musique. Son inquiétude allait davantage pour les Graärh, dont l'agitation était palpable... Et "audible". La proposition de Kehlvehan attira la sympathie de son envie d'un peu de calme. En revanche... Il craignait la réaction des félins face à un tel exercice de force, qui insultait leur intellect. À tort ou à raison, Valmys n'avait pas le temps de s'en inquiéter. Il prit la parole, d'une voix assez forte, usant de la langue Graärh autant qu'il le pouvait :

"- Graärh ! Laissez cet humain. Si vous l'attaquez, c'est comme si vous attaquiez vos alliés."

Il espérait n'avoir pas un trop mauvais accent, et n'avoir pas ronronné de travers. Son ton n'avait pas été celui de la menace, mais du conseil presque suppliant de l'ami inquiet qu'il était. Sitôt qu'il eut fini de parler, son regard se posa à nouveau sur Ascheriit... Enfin, là où aurait dû se trouver Ascheriit. Il dut baisser les yeux. Le chantevide était à terre, inerte. Valmys sentit son coeur se serrer. Etait-ce une victoire ? Une défaite ? Personne ne s'était lié au Néant jusqu'alors. Les fusions élémentaires laissaient souvent des marques sur l'apparence des Cawrs.Ascheriit ne paraissait pas avoir changé. Et son chant-nom ? Difficile à dire. Valmys voulut tendre l'oreille, à travers le chant des maîtres, à travers les puissantes vibrations du Baôli juste derrière lui, celles du volcan, qui lui étaient étrangement familières, et celles des chants-noms environnants. Il peina à percevoir et comprendre quoi que ce soit de précis. Etait-ce une note de Néant que celle-là ? Ou n'était-ce pas plutôt une note entendue précédemment, lorsqu'Ascheriit avait voulu s'unir à son élément ?
De ce qu'il croyait pouvoir sentir, Valmys eut la vague impression que leur confrère était vivant. Il peinait à y croire, et son petit coeur était trop éloigné d'un caillou pour qu'il osât se donner de faux espoirs. Il pesait encore, lourd, dans sa poitrine, lorsqu'il expliqua, d'une voix un peu pâle:

"- Il voulait s'unir au Néant. Emporter Vehasiel avec lui loin de nous."

Le chant des maîtres approchait de la fin. Il était temps, qu'au moins chacun puisse à nouveau agir. Valmys avait les sorts de soin qui le démangeaient, tant pour les blessés alentours que pour cet affreux mal de crâne qui commençait à se lover entre ses oreilles, et pour la peau de ses doigts qui commençait à le brûler.
De plus, il devinait qu'une fois leur cheffe de file soignée, la discussion avec les Graärh serait facilité. Ils n'auraient plus à convaincre une foule d'individus, mais une personne un peu plus liée au concept de relations diplomatiques. Ceci dit, il y avait peut-être un autre chant qui aurait pu être utile, mais... Il se voyait mal le chanter. Pas alors qu'il peinait déjà à naviguer entre toutes les notes qui lui parvenaient. Rien qu'à s'imaginer user d'une nouvelle magie sans l'avoir appréhendée, sans avoir attendue qu'une main plus experte le guide, Valmys croyait sentir sur lui le regard hautement désapprobateur de Kehlvehan. Non, il n'allait pas faire cela. Par contre, d'autres le pouvaient peut-être.
Il se tourna vers ses confrères chantepluie, et vers son cousin, qui ne s'était pas joint au chant en cours. Ses lèvres tentèrent de leur faire parvenir une proposition : eau, alya.

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Il approchait. Lentement, mais sûrement. Encore quelques pas et il serait sur la Chimère, rejoignant Sa’Hila pour abattre cette véritable abomination et sauver autant le Bâoli de sa présence contre-nature, mais aussi tous les survivants acharnés à protéger ce lieu ainsi que l’équilibre du monde. A mesure qu’il approchait, Purnendu ouvrait sa gueule immense et le grondement lové dans son puissant poitrail s’amplifiait proportionnellement. Langue courbée au fond de son museau, il n’y avait que ses crocs courbés et démesurés pour accueillir la gorge de sa futur proie. Contrairement à l’Aaleeshaan, il possédait suffisamment de force et de matière pour la lui arracher d’un seul coup et comptait bien faire taire à jamais cet oiseau de malheur. Le sacrifice de tant de ses pairs ne serait pas en vain. Cependant il n’eut ni le temps ni la capacité de mettre en œuvre sa sentence, car la voix d’un jeune baptistrel s’éleva brusquement et par la magie que maniaient les bipèdes il contraignit Sa’Hila dans ses actions. Le poil de Purnendu se hérissa une première fois à cet acte  de trahison, mais puisque la cheffe n’était plus en capacité de poursuivre la mise à mort du monstre, ce serait définitivement à lui de s’en charger !

Tous semblaient se focaliser sur la guerrière de Néthéril et ne comptaient visiblement pas le prédateur qui approchait d’un pas plus vif à présent que le fouet n’était plus une menace immédiate. Le graärh lâcha d’ailleurs cette chose et déploya ses griffes avec la ferme intention de saisir l’oiseau malformé pour le réduire en lambeaux sanguinolents. Ce qu’il y avait de bon à connaître la médecine, c’est qu’il savait exactement quoi faire pour transformer ses proies en des tas de viandes inertes et palpitants. Son ombre massive couvrit la Chimère et alors qu’il s’apprêtait à le saisir, un chant s’éleva par dessus le rituel. En quelques notes, Purnendu sentit sa colère et sa haine être drainées pour chaque seconde passée sous l’influence du sort et s’il essayait de se couvrir les oreilles ou de secouer la tête pour chasser l’étrange torpeur qui le saisissait ; rien ne fonctionna. Ce fut avec désarrois et incompréhension que l’herboriste contempla Ilhyanth, puis Valmys avant que ses babines ne se retroussent en une grimace d’ironie amère. Ainsi la trahison se poursuivait ! Le véritable visage des bipèdes, même ceux présumés être les garants de la vérité et de la paix, se révélait dans les pires moments.

« - Vous nous devez des explications et j’espère pour vous qu’elles seront solides. Vous ne pourrez pas chanter éternellement... »

Son poil persistait à garder de son volume, car même sans la colère et la rage son sang bouillonnait à présent d’une intense frustration et déception. Depuis toujours il avait voulu y croire ; à cette paix possible entre tous les peuples. Depuis le début il avait tenté de mettre de côté ses préjugés afin de garder sans cesse une vision neutre et bienveillante sur tout un chacun. Offrir le bénéfice du doute. Ne pas se mettre des œillères… tout cela pour quoi au final !? Être poignardé dans le dos ! Ses yeux d’absinthe se plissèrent de désapprobation et de rancœur, puis il détourna la truffe des Baptistrels afin d’observer le reste des graärh amassés autour de leur Aaleeshaan. Il remarqua un mouvement et la Chimère attrapa la base de son fouet. Aussitôt Purnendu fit un geste pour l’empêcher d’agir, mais l’étrange et bref rituel qui se passa sous ses yeux horrifiés l’empêcha de poursuivre son approche. Il ne savait pas de quoi il s’agissait, mais il ne fallait pas être un génie pour savoir que boire une chose née du Néant n’était pas sain pour l’organisme ! Dubitatif, il pencha la tête de côté alors que l’aberration retombait, totalement inerte, sur le sol gelé pour cette fois ne pas être déterminé à remuer de si tôt. Par tous les Esprits, que venait-il de se passer !? Une nouvelle ruse peut-être...

La gorge nouée, toujours contraint par le chant d’Ilhyanth, le graärh de cendre crispa les mâchoires et grinça des crocs sans pouvoir agir comme son cœur le réclamait. L’approche de Kehlvehan et les soins qu’il entama sur la guerrière ne calmèrent en rien la tension devenue palpable dans le Bâoli et tous les félins n’attendaient qu’une seule chose : que le baptistrel cesse de chanter. Ce n’était qu’une question de minutes avant que la situation ne dégénère totalement. Toutefois, Purnendu n’en avait que faire : il était au même rang que les autres, il se sentait trahi, confus et fatigué. Un nombre incalculable de ses frères et sœurs étaient morts pour protéger les Baptistrels, leur accordant une confiance aveugle dans la libération de l’Archipel de ces monstruosités, mais ces derniers ne se souciaient au final que de leurs propres nombrils et intérêts, crachant à la face des sacrifiés comme s’ils n’étaient qu’une donnée négligeable. Ils ne valaient pas mieux que tous les autres bipèdes, seulement eux jouaient l’hypocrisie à un tout autre niveau. Une main offerte pour mieux poignarder de l’autre ! Voilà tout ce qu’il y avait à retenir de ces vipères abjectes. Aurait-il été moins amer et épuisé qu’il aurait cédé au cynisme grinçant qui lui brûlait la gorge. Seulement, il n’eut la force que de pousser un long soupir dépité alors qu’il laissait son regard terne glisser sur le décors alentours.

Son cœur se serra au triste spectacle qu’offrait le Bâoli. Le fouet de la chose avait saccagé l’endroit et plusieurs sillons brisaient la glace ainsi que la roche en d’horribles cicatrices béantes et souillées. La végétation captive de sa gaine cristalline était brisée, piétinée. S’écartant de la foule, ses pattes crissèrent sur le givre alors qu’il contournait d’un pas lent le puits afin d’approcher d’une des immenses colonnes adossées aux murs. Son attention avait capté un détail que son esprit se refusait d’accepter. Pupilles dilatées, il s’arrêta face à la colonne de glace et leva une main pour effleurer les contours d’une fissures. Son souffle se bloqua quand il comprit enfin ce qu’il avait sous les yeux et un long frisson coula le long de son échine. Une patte !!! Un graärh était allongé sous l’épaisse couche de glace. S’agissait-il d’une tombe… ou bien d’une prison ? Aussitôt Purnendu se rappela de ses découvertes après avoir passé au crible le Bâoli et ses alentours. Il se rappela de ses hypothèses et théories concernant les Couronnes et les anciens Gardiens de ce lieu sacré. Un second frisson le gagna, mais cette fois-ci il vint se lover au creux de ses tripes et le fauve à la couleur de cendre retira sa main avant que ses doigts ne touchent la fourrure gelée.

S’il avait raison alors le graärh endormi là dessous devait absolument le rester ! Tournant la truffe par dessus son épaule, il observa le reste de la salle et cru constater qu’elle se régénérait toute seule. Le rituel touchait à sa fin et la puissance qui pulsait du Puits était presque étouffante maintenant. Avec une profonde inspiration, Purnendu tourna le dos à la brèche pour s’assurer qu’aucun autre regard ne se pose dessus et appela à lui les deux sœurs de la Kamda. Puisque cette dernière était inconsciente, les jumelles étaient devenues les figures les plus respectées de la Légion Vat’Aan’Ruda. S’il voulait se faire entendre du reste des graärh, il devait forcément passer par elles. Lorsqu’elles furent à portée d’oreilles sans qu’il ait à hurler et donc risquer de gêner le chant rituel des Baptistrels, Purnendu s’expliqua :

« - Le geste des Baptistrels nécessite autant des explications qu’il constitue un acte des plus offensants, nous sommes tous d’accord là-dessus… Toutefois, il n’est pas l’heure de se sauter mutuellement à la gorge. Dehors, il y a encore de ces choses qui grattent aux murs de pierre. Même sans leur chef, elles constituent de redoutables adversaires et nos forces, en comparaison, sont amoindries et gravement blessées. »

Il observa les guerriers attroupés autour de l’Aaleeshaan et qui piétinaient en retroussant les babines, incapables d’agir pour laver leur honneur dans le sang des bipèdes présents ainsi que de la Chimère inconsciente. Purnendu soupira encore une fois et frotta son museau alors qu’il ajoutait d’une voix plus douce :

« - Les Baptistrels sont sur Néthéril, tout comme votre Légion… et l’Archipel n’est pas immense, ils n’auront pas beaucoup d’endroit où se cacher, n’est-ce pas ? Vous aurez tout le temps de réclamer vengeance une fois que nous en aurons fini ici. Alors pouvons-nous concentrer nos forces sur le plus important… comme par exemple soigner nos blessés ? »

D’un geste, il désigna l’infirmerie qu’il avait monté avec l’aide de Kehlvehan avant que l’attaque ne se produise dans le sanctuaire des Esprits Sacrés. Il avait eut le temps de se préparer et sa sacoche, autant que sa malle, contenaient de nombreux remèdes aux propriétés augmentées par son Esprit du Raton-laveur. Un mois de préparatifs qui allaient probablement fondre comme neige au soleil ! Et en parlant de neige, Purnendu balaya de nouveau le Bâoli d’un regard attentif et constata que ce dernier se régénérait effectivement. Avec nonchalance, il regarda derrière lui et constata que la patte n’était plus visible sous la glace qui la recouvrait de nouveau. Un étrange soulagement le gagna, à peine gâché par le tiraillement de la déception ; il aurait aimé étudier davantage le captif. Toutefois sa curiosité n’était pas assez consistante en la matière pour qu’il ose braver les Esprits directement en leur foyer ! Une vague grimace étira ses babines alors qu’il rejoignait son matériel et se préparait à recevoir les blessés. Pas une fois il accepta l’aide des Baptistrels si jamais certains se proposaient à la tâche. Pour l’heure, il valait sans doute mieux que chacun reste de son côté ou le huit-clos forcé risquait réellement de dégénérer.



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Sort Unique :


Armes :


Équipement :

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Il avait soigné autant de blessés qu'il le pouvait, occultant tout le reste pour se concentrer uniquement sur sa tâche. Oh, il sentait la tension, bien entendu, il la voyait, ce n'était pas parce qu'il était déterminé à l'ignorer qu'il n'en prenait pas conscience. Mais il avait plus important à régler pour le moment et n'avait encore aucune idée de comment démêler ce foutoir complet. Qu'allait-il dire aux Graarh après ça ? Sincèrement ? Peut-être aurait-il laissé l'architecte premier de ce désastre se débrouiller avec les conséquences ? De toute façon, cela devrait attendre. Des vies avaient besoin de lui pour le moment, il n'avait pas le temps pour la politique. Ni le temps ni l'énergie d'ailleurs. Chaque soin était plus coûteux, plus difficile, plus douloureux pour lui mais il s'acharnait, le front perlé de sueur, les mèches couleur d'os plaquées sur ses tempes et son cou alors qu'il se faisait violence pour ne pas sombrer dans l'inconscience. Les bords de sa vision étaient rongés d'obscurité, ses mains tremblaient mais il poursuivait coûte que coûte, la respiration sifflante. La soudaine présence de l'apprenti eut bien du mal à passer la brume de sa fatigue, mais quand enfin il comprit la forme près de lui, il lui abandonna son patient, se rangeant en fin de compte à la sagesse de cette présence plus fraîche et plus vivace. Relevant la tête, il observa un moment les autres chanteurs plongés dans le rituel entourant le Baôli, sentant les vibrations se réverbérer en lui, en écho, lentement, alors que son diamant de pureté continuait de travailler seul. Espérer leur apporter plus d'aide serait pure folie, il n'avait plus rien à leur offrir sur le moment, mieux valait leur laisser le champ libre plutôt que de s'entêter et risquer de réduire leurs efforts à Néant. Et parlant de Néant, il semblait bien que le moment délicieux de l'abandon au sommeil n'était pas encore venu pour lui. Dans un coin du temple, les notes mélancoliques d'un chant-nom s'égrenaient, lentes et pleines de la langueur d'une lente agonie. Ce n'était pas l'apprenti, ce n'était pas la Chimère. Cette chose provenant d'une élection qui n'aurait jamais dû être et qui contrevenait à toute harmonie, elle n'était pas morte, mais elle n'était plus l'amalgame hideux et désacralisé qui s'était dressé contre eux.

Quelque chose grattait, dans le cœur diamantin du Gardien des Préceptes, appelant sa présence et réclamant un effort de sa volonté. Tout juste née, semblait-il, la créature n'était pas le nordique, ni l'infant renié d'Origine, tous deux disparus, envolés, balayés. Le souhait du jeune garçon semblait s'être réalisé. Sa souffrance avait prit fin, son existence traumatique également. D'une pensée fourbue, l'antique chanteur salua sa compréhension, son éclaire de lucidité final qui le rapprochait, ironiquement, d'un véritable Cawr. Cette essence tout juste éveillée n'émanait pas la vie, mais pas non plus la mort. Pourtant, elle semblait appeler à l'aide, venant quémander une part de lui qu'il avait bien du mal à offrir depuis des années. Ce fut avec lenteur et méfiance qu'il s'approcha de la créature vulnérable, pas après pas sans jamais la lâcher du regard, l'observant essayer de se redresser, de rouler pour chercher une meilleur position. Pouvait-il seulement lui donner ce dont elle avait besoin ? Lui, au maintient de pierre, qui rejetait les tortueuses turpitudes de l'esprit mortel pour la balance intransigeante de son Ordre ? Il n'était plus ni père ni guérisseur de l'âme depuis si longtemps qu'il n'était pas certaine de pouvoir réellement quoi que ce soit pour cette chose, et le voulait-il seulement ? Il se tenait là, devant elle, s'affirmant vouloir en savoir plus pour déterminer s'il fallait l'abattre ou non, s'il s'agissait d'un danger ou non, mais à chaque tortillement, à chaque tentative avortée, il sentait cet étrange sentiment qui grattait en lui. Un lent soupire échappe à ses lèvres, et il mit un genou à terre près de la chose. Combattant sa révulsion devant l'apparence de ce qui se trouvait devant lui, il vint soutenir le corps de ses mains, fermement et sans violence aucune. Lentement, il tâcha de ramener la créature à l'éveil et à la conscience, chantant tout bas de sa voix profonde qui ressemblait aux soupires des flots immortels. Il attira la créature à lui, lentement, sans gestes brusques, continuant de chanter tout bas, sur un rythme simple, celui d'une comptine pour enfant, simplement pour que l'être se raccroche à quelque chose.

Puis, il tâcha de le faire réagir, de l'aider à reprendre pied tout en l'observant attentivement, malgré l'épuisement, attendant de savoir ce que cette chose pourrait faire, et montrer.

« Eiðr, Eiðr, Eiðr... »

En attendant de pouvoir le nommer plus justement par son chant-nom, il lui fallait bien un patronyme et il lui semblait cruel de la nommer par la haine et la colère. Cette créature était née de beaucoup de souffrances, il ne désirait nullement lui en dédier davantage.

« Est-ce que tu me comprends Eiðr* ? Est-ce que tu entends ma voix ? »

Il déposa une main tremblante de fatigue sur le visage déformé, et soupira de nouveau. Il se sentait si épuisé de tout cela, de toute la folie qui éclatait sans queue ni tête. Il ne savait pas s'il avait quoi que ce soit à donner. Mais il pouvait essayer.

*Voeu

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Après que Valmys ait arrêté le bras de la Kamda Aleeshaan qui s’apprêtait à occire le Chantevide ; Ilyanth vit d’autres Graarh prêts à bondir sur la créature pour mettre fin à son existence de turpitudes.  Le Chantefeu conscient que lui et lui seul pouvait les arrêter entonna le chant des étoiles, transformant le volcan sacré en un sanctuaire de paix où toute violence était interdite.

Cependant, le chanteur à la voix ardente comprit rapidement que son geste ne demeurerait pas sans conséquence. Dès après les premières notes, des râles de colère et de stupeur s’élevèrent faisant écho aux chants dédiés au rituel.

A travers leurs vibrations, Ilyanth ressentait l’ampleur de la fureur qui les submergeait mais aussi leur amertume et leur incompréhension. Et son cœur s’en attrista.

« Les malheureux, ils ignorent quel geste irréparable je leur ai évité », songea-t-il en sentant leurs regards hostiles peser sur lui.
Néanmoins, le lié du feu avait conscience que vu de l’extérieur son geste devait apparaître comme fou et inconsidéré, tout en arborant  l’apparence abjecte de la trahison. Aussi ce dernier comprenait leur ressentiment à son égard.

Le chant sacré se poursuivait et les notes cristallines s’égrenaient, semblables à des fragments d’étoiles. Le Cawr ne s’arrêterait pas avant d’être certain que les hommes-félins acceptaient d’épargner son frère Baptistrel, qui à leurs yeux restait l' ennemi à abattre.  

Tout d’un coup, à la stupéfaction générale, l’être hybride au faciès déformé, se releva et se mit à chanter. Ilyanth remarqua que malgré leur aspect difforme, les notes semblaient différentes, plus proches de celles d’un maître barde que précédemment.

La créature s’empara de la vrille du Néant et la sectionna, laissant s’en échapper un liquide nauséabonde qu’elle approcha ensuite de ses lèvres.
L’elfe solaire le regarda faire, le cœur battant. Il ne pouvait rien tenter pour infléchir son geste malgré toute la crainte qui l’habitait. Était-ce Véhasiel ou Ascheriit qui l’agissait ? Si c’était le jeune apprenti alors celui avait choisi en destin et allait tenter de fusionner avec son élément, le Néant.

Nul n’avait jamais tenté une telle prouesse et le Chantevide risquait d’en mourir. Ilyanth sentit la douleur s’insinuer dans son cœur à cette pensée et un voile de tristesse obscurcit l’éclat de ses iris aigue-marine.

Ascheriit avait-il décidé de se sacrifier et d’emporter Véhasiel dans sa mort ?

Après avoir ingurgité le liquide, la créature s’effondra sur le sol et nul ne savait si elle était morte ou vivante. Aucun trace du jeune apprenti ni de la chimère n’émanait de ce corps inerte.

Autour du Chantefeu, l’agitation des hommes-félins était palpable et le maître barde, encore sous le coup des émotions, entendit s’élever la voix de son cousin, imitant les sonorités ronronnantes de leur langue. A ses inflexions, il devina que Valmys tentait de parlementer avec les félidés. Puis, ce fut au tour de Puurnendu de prendre la parole et de s’adresser à ses frères et sœurs afin d’apaiser les tensions, du moins pour le moment, car le combat contre les chimères n’était pas encore terminé.

L’heure n’était pas aux dissensions mais à l’unité, même si après l’acte du Chanteur à la voix ardente, celle-ci se révélait plus fragile que jamais et susceptible d’éclater à tout instant.

Les Graarhs réclamaient des explications et leurs prunelles aux reflets moirés étaient braqués sur le Chantefeu, fusillant du regard celui qui à leurs yeux incarnait le visage de la traîtrise.

Ilyanth comptait leur expliquer la raison de son geste, il devait à tout prix les détromper sur ses intentions.

Mais avant cela, ce dernier devait s’assurer d’une chose. L’elfe s’approcha de son cousin, occupé à jouer de son instrument et lui chuchota à l’oreille de manière à n’être entendu que de lui.

- Tout à l’heure tu semblais en état de transe et tu nous as mis en garde. Est-ce que tu as vu ou entendu quelque chose…à propos d’Ascheriit ?

Valmys lui répondit à voix basse :

-  "je crois avoir été en lui, avoir vu ses souvenirs. " Puis, il ajouta dans un murmure « protège le rituel, ilyanth »

Le lié du feu acquiesça d’un signe de tête et dit dans un souffle  « je le ferai » avant de se tourner en direction des Graarh. Il s’apprêtait à prendre la parole pour leur fournir des explications, lorsque soudain la créature qui gisait sur le sol se mit à remuer.

Le Cawr crût que son cœur allait cesser de battre. Ainsi celle-ci avait survécu à la fusion élémentaire ? Pourtant rien n’émanait d’elle hormis le vide, le Néant. Ascheriit avait choisi anéantir sa conscience et celle de la chimère. Une fin douce et tragique pour ce frère bien aimé qui avait enduré les pires atrocités.  

Kehlvehan s’approcha de ce qui restait de l’apprenti corrompu d’une démarche lente et empreinte de méfiance, avant de mettre un genou à terre à côté de lui. Ensuite, la voix du Gardien s’éleva, grave et sonore, semblable au mugissement de l’Océan. Ce dernier cherchait à ramener un semblant de conscience à l’intérieur de cet amas de chair qui ne semblait plus qu’être un chant de souffrance.

En voyant que la créature vivait encore, les hommes-félins se remirent en position défensive et braquèrent leurs armes dans sa direction.
Soudain, un son s’éleva de ce corps difforme en réponse aux paroles du Chantelarmes. Un son aux sonorités étranges et irréelles qui résonnaient comme un écho. Une beauté ineffable et imprégnée de souffrance émanait de ce qui ressemblait à deux voix entremêlées :

« Je vous entends … fière-rivière. Je vous vois … âtre-trêve. »

Ainsi une conscience subsistait à l’intérieur de ce corps qui ne paraissait abriter que du vide. Soudain, cette créature dont Ilyanth ignorait s’il s’agissait des vestiges de son frère Ascheriit ou de quelque chose de différent, se tourna dans sa direction et acheva sa phrase :

« Vous devez finir ce pour quoi vous êtes venu … ou celui qui défia l’origine vaincra. »

Il parlait du rituel et de la nécessité de le poursuivre coûte que coûte.

Bougeant à grande peine, le nouvel être tendit l’une de ses mains griffue vers les Hommes-chats.

« Le loup qui refusait de chasser à emporter avec lui son ennemi. Mais ce dernier a semé derrière lui les graines d’un nouveau mal. Ne les laissez pas prendre racine où tous vos efforts et sacrifices seront vains. Je suis ... si fatigué. »

Epuisé, ce dernier déposa sa tête contre le torse du Gardien et s’endormit. Que signifiaient ces paroles sibyllines ? Ilyanth demeura perplexe après les avoir entendues, mais ce n’était guère le moment de s’y appesantir. Il devait parler aux Graarh et tenter d’apaiser les tensions.

L’elfe solaire se concentra sur son esprit-lié oiseau du paradis et usa de son pouvoir d’apaiser la colère, en priant intérieurement pour celui-ci ne lui fasse pas défaut. Mais au cœur du Baoli, les vibrations semblaient décupler la puissance des esprits-liés. Puis, il prit la parole d’une voix pleine de gravité :

- Je ne voulais pas vous offenser et je vous dois une explication pour mon geste de tout à l’heure. Si j’ai agi de la sorte ce n’est pas pour défendre la Chimère Véhasiel mais pour protéger mon frère Baptistrel, Ascheriit Svenn. Ascheriit est l’un des nôtres et un jour les chimères ont assiégé notre domaine sur Ambarhùna et l’ont enlevé dans le but de posséder son corps et de s’approprier les pouvoirs de la magie Baptistrale. Puis à l’aide de leurs pouvoirs impurs, elles ont souillé et déformé son chant-nom pour transformer son corps en cette créature qui gît sur le sol…

Les prunelles d’Ilyanth se posèrent sur la créature endormie et la mirèrent avec tristesse avant qu’il ne poursuive :

- Une chimère du nom de Véhasiel a possédé son corps et c’est elle qui a commis toutes ces atrocités. Ascheriit est pur et innocent de tous ces crimes. Lors du combat contre Véhasiel, j’ai usé de mon chant dans l’espoir de ramener sa conscience afin qu’il nous aide à combattre Véhasiel, notre véritable ennemi. Comme l’a dis mon cousin, tuer l’hôte n’aurait pas tué la chimère et les conséquences d’un tel geste auraient pu être bien funestes.

Le Chantefeu frissonna en imaginant ce qui se serait produit si Véhasiel s’était échappé du corps d’Ascheriit et avait possédé un autre maître Baptistrel. Le rituel aurait certainement été irrémédiablement compromis…

- Je ne vous ai pas trahi. J’ai agi de la sorte car j’étais le seul à pouvoir le faire, et ce n’est pas uniquement pour protéger mon frère Baptistrel mais nous tous ainsi que le rituel. Moi et mes frères continueront à veiller sur le rituel afin que le sang versé par les vôtres ne l’ai pas été en vain.

La tension était encore vive et Puurnendu avait refusé l'aide des Baptistrels qui s'étaient proposés, y compris le Chantefeu, aussi était-il plus sage de laisser les choses s'apaiser plutôt que de les contraindre à accepter des soins. Ensuite, Ilyanth s’approcha lentement du corps difforme du Chantevide et s’agenouilla à son tour à côté de lui.

- Je voudrais rester auprès de lui avant de reprendre mon tour dans le rituel, dit-il dans un murmure.

Puis, l’elfe prit délicatement ce nouvel être et le serra contre lui, ressentant un étrange mélange de bonheur et de tristesse. Ilyanth ignorait si cet enfant torturé survivrait à l’activation de la magie du Baoli, alors il voulait profiter de cet instant  à ses côtés tant qu’il le pouvait peut-être encore.

Spoiler :


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Dans le volcan de Tiamat, au sein du Bâoli, la tension retombe lentement sans pour autant totalement disparaitre. Ici, la bataille semble terminée. Vehasiel a été vaincu et Ascheriit a disparu en l’emportant avec lui. Il ne demeure plus d’eux que le réceptacle déformé, habité par l’union de ces deux êtres et du néant : Eiðr. Le porte-vide sombra lentement dans un profond sommeil. Les baptistrels encore capables de chanter poursuivirent le rituel. Les apprentis encore capables de manier un instrument continuèrent d’en jouer. Le Bâoli se transforme lentement en infirmerie. Seuls quelques soldats restèrent vigilants, observant l’endroit où se tenait l’ancien passage par crainte qu’un nouvel ennemi ne surgisse. Mais il n’en fut rien. La cérémonie fut menée jusqu’à son terme. Le lieu où se rencontre le monde des mortels et le Très-Haut était saturé de magie, une colossale énergie qui fut bientôt libérée sur l’ordre de Kehlvehan. L’intégralité du volcan se mit à vibrer … l’air … l’espace … la création. Soudainement des rides se formèrent à la surface de l’eau du puits de magie. Lentement un tourbillon se forma et le cœur du vortex se mit à l’élargir. Une bourrasque d’énergie s’en échappa, partant dans toutes les directions, traversant la roche comme si elle n’était pas présente. Au sein du Bâoli, tous ceux présents eurent la sensation que l’entièreté de leur monde était en train de vibrer sous cette incommensurable énergie qui venait d’être libérée. Ils étaient désormais impuissants, ils ne pouvaient plus rien faire d’autre, hormis contempler et prier pour que tout se passe comme prévu. Les vibrations ralentirent lentement, jusqu’à cesser, avant de reprendre. Telles les vagues de l’océan, la bourrasque d’énergie se mit à se retirer après s’être étendue sur la terre. Cette fois-ci, elle fut accompagnée de sifflement de colère alors que des sortes d’ombre difficilement distinguable étaient emportées dans le puits. Les chimères avaient été happées par la vague. Encore une fois, les vibrations ralentirent lentement jusqu’à totalement disparaitre. La lumière s’amenuisa dans le Bâoli et le calme s’imposa.

Tout … tout était fini. L’ennemi … venait d’être vaincu. Tous en avaient le pressentiment … ou plutôt, qu’ils n’y avaient plus de chimères dans leur monde. Ambarhùniens et Tiamarantiens avaient-ils remporté la guerre ? … ou bien une bataille ?

Soudainement, des craquements se firent entendre. La roche qui se tenait en lieu et place du boyau conduisant à l’extérieur sembla disparaitre. Des grognements typiques des graärh se firent entendre. Les yeux clos, adoptant une posture fière, maculée dans un sang qui n’était pas le sien et flanqué de quelques soldats, une féline au trait sévère fit son apparition. Celle-ci se mit à parler dans la langue graärh et l’un de ses hommes fit la traduction pour les peaux nues.

« Je suis Illidim Barphrosh, Aaleeshaan de la légion de Vat’Em’Medonis, la flamme qui se tient fièrement au milieu du blizzard et jamais ne vacille. Cette terre sacrée appartient au graärh et nul étranger n’a le droit de se tenir ici. Je place ce lieu sous la protection de ma légion. »

L’aveugle s’avança en direction des baptistrel.

« Peaux nues. J’ai ouï de votre plan en association avec la légion de Vat’Aan’Ruda. J’ai pu être témoin votre succès. Pour la réussite de votre plan et être parvenu à vaincre ce nouvel ennemi qui menaçait notre archipel, j’épargne votre vie pour avoir foulé cette terre sacrée. A présent, quittez là sans plus attendre ou nous vous en chasserons par la force. »

Le museau de l’Aaleeshaan se tourna en direction de Purnendu alors que ses soldats pénétraient le lieu. Il n’y avait nul besoin de paroles pour exprimer son souhait, Illidim voulait un rapport détaillé de ce qui s’était passé ici.

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Ainsi, il entendait. La constatation lui fit longuement exhaler, bien qu'il fut la retenue même, observant l'être contre lui sans violence ni haine, lui qui connaissait cette dernière comme une amante. Mais il ne le regardait pas non plus avec bienveillance. Cet être, quoi qu'il soit, qui qu'il soit, était un danger. Peut-être pas dans l'immédiat, peut-être n'allait-il pas attaquer, mais on pouvait être dangereux sans être volontaire à l'acte, ou simplement nourrir ce qui couvait instinctivement. L'instant ne faisait pas tout. Pour l'instant, tout ce qu'il pouvait faire c'était ne pas nourrir le germe, donner sa chance à cette chose de montrer qu'elle n'avait pas que le danger en elle, et en profiter pour s'assurer de ce danger sur le long terme. Pour le moment, la fatigue et le mystère prévenaient son regard et le voilait mais il n'en serait pas ainsi indéfiniment. Taisant tout cela, il se contenta de hocher la tête et de continuer à faire vibrer, lentement, la musique dans sa gorge. L'exercice, bien moins compliqué que celui de chanter l'Origine, lui assouplissait les cordes vocales et lui rendait un peu ses facultés, même s'il restait excessivement fatigué. Silencieux, il le laissa se reposer contre lui, portant son regard sur les Graarh. Cela allait s'avérer compliquer à présent. Ce n'était déjà pas simple à l'origine, mais l'incapacité d'Ilyanth à penser plus loin que le bout de son nez venait de les mettre dans une situation plus délicate encore. Il n'avait strictement aucune idée de comment il allait arranger ça, ni fondamentalement s'il avait envie d'arranger cela ou de laisser le Chantefeu se débrouiller avec ce qu'il avait créé. Circonspect, il resta donc parfaitement muet en le voyant approcher des félins et essayer de leur parler, se contentant de frôler la tête Eiðr en une caresse délicate. Lentement, ses sourcils se soulevèrent néanmoins. Oui bon, peut-être qu'il valait mieux que ce soit lui qui s'en charge, à ce rythme ça n'allait pas réellement fonctionner. Il suffisait de voir les faciès des Graarh pour le comprendre. Mais au moins avait-il essayé. Ça ne pouvait pas réellement être pire que sans sa tentative, non ?

Il l'observa attentivement, pendant un long moment, puis, lorsqu'il prit la parole, ce fut avec son calme habituel, mais en conscience de tout ce qui s'était passé.

« Autrefois il y avait une autre flamme, une flamme qui comme toi avait la possibilité d'être le feu rassembleur. Et comme toi, elle consumait, elle consumait même aveuglément. Elle a consumé jusqu'à la cendre. Ne prend pas ce chemin Ilyanth. Ne gâche pas ton don »

Son regard dur ne vacilla pas un instant. Il fallait qu'il le comprenne avant qu'il ne soit trop tard. Et en plus du reste, il n'avait aucune envie d'endurer la vision d'un autre enfant devenant un monstre.

Le rituel se poursuivait, mais il ne cessa pas d'observer le Chantefeu. Et lorsqu'on sollicita son autorisation pour achever le rituel, il la donna d'un simple signe de tête. Il ne ferma les yeux qu'aux pulsations gigantesques, à la vibration titanesque qui se répandit depuis le puits et au travers de la terre. Il la laissa passer au travers de lui, ses perceptions transformées en cacophonie d'une symphonie étrange, et la laissa ensuite refluer sans jamais se crisper, sans jamais chercher à lui échapper. Son regard intérieur suivit l'empreinte des Chimères, avant qu'elle ne disparaisse finalement dans les profondeur s du Baôli. Le monde était plus pur désormais, un tout petit peu plus pur. Cela se sentait lorsqu'il prit sa première inspiration après le reflux de la vague d'énergie. Se relevant lentement, il observa le reste de l'Ordre, silencieux.Il était encore silencieux lorsque la légion du nord fit son apparition. Du coin de l’œil, il vit Sa'Hila reprendre connaissance, et les derniers soldats du sud se rassembler près d'elle. Lorsqu'il parla, en réponse aux paroles de celle qui semblait être la Matriarche, il le fit sans agressivité aucune, mais avec l'intention qu'elle comprenne bien leur position face à elle. Il n'était pas question qu'elle se pense en position de domination, ni capable de leur donner des ordres. Il avait toutes les intentions de respecter les codes des natifs, mais certainement pas de mettre les siens en danger inutilement, en montrant une quelconque faiblesse. Ils étaient égaux ou ils n'étaient pas, et il serait certainement bon de faire savoir son intention à l'égard de celle qui était, en ces lieux, une étrangère à leur alliance. En fin de compte, elle n'était pas différente de ceux qu'elle menaçait.

« Et ce faisant, vous auriez souillé ce sanctuaire à votre tour, devenant par là, indigne de vous tenir en ces lieux. Soyez néanmoins assurée que nous n'avions pas l'intention de rester ici, à présent que notre tâche est accomplie. Nous allons rassembler les nôtres et partir. Cela demandera un moment. Le rituel que nous venons d'accomplir afin de préserver ce lieu et tous nos peuples nous a demandé énormément d'énergie. Dès que les miens auront prit un minimum de repos afin de pouvoir voyager sans crainte, nous nous assurerons de quitter votre terre sacrée »

Et il se détourna, coupant court à toute opposition. Si cela ne lui plaisait pas, elle n'aurait qu'à le défier en duel, un point c'est tout. Il ne connaissait pas le langage corporel Graarh, ou pas encore très bien, mais il était capable d'établir le sien. S'approchant de Sa'Hila, il vint à l'observer avec gravité, mais ne s’embarrassa pas de florilèges pour lui parler, ni d'attente. Elle aimait être directe non ? Lui n'avait pas le luxe de ne pas l'être ici.

« Je comprend les reproches de votre peuple, Aaleeshaan. Je comprend le besoin de vengeance de votre peuple. Je le connais bien, car j'ai ressenti émotion semblable voilà des années. J'aurais compris votre geste. Les choses sont ce qu'elles sont néanmoins. Vous avez à faire ici, d'après ce que je vois. Lorsque tout se sera calmé, si vous m'y autorisez, je reviendrais vous voir pour vous présenter les arguments qui ont menés jusqu'à cette situation. Et si vous le souhaitez, nous pourrons discuter de quoi faire »

Elle savait comment le contacter après tout. La laissant, il réunit les douze ainsi que les Enwr présents et leur demanda de se préparer au départ.

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Pour la seconde fois dura cette maudite journée, elle avait perdu connaissance et pour la seconde fois, elle émergeait des ténèbres. Fort heureusement, nulles visions cauchemardesques ne la troubla. Seulement peur, colère, frustration, inquiétude. Tant d'émotions qui la traversaient en cet instant. Cependant, un léger souffle gelé et un contact humide lui indiqua que ces émotions ne lui appartenaient pas finalement. La vision en gros plan d'une énorme truffe quand elle ouvrit les yeux lui confirma que c'est émotions venaient bel et bien de Bahvika. Sans surprise, la panthère avait veillé sur sa maîtresse. Se relevant laborieusement, elle finit par se redresser, gratifiant Bahvika d'une caresse rassurante. La douleur émanant de son corps entier qui s'ensuivit acheva de la réveiller. Elle porta alors son attention sur le cercle des graärh survivants.

Où est notre ennemi ? Est-il mort ?

Le regard perplexe de ses guerriers tira une mou à l'Aaleeshaan. Au même moment, Par'Vati brisa le cercle et lui expliqua la situation brièvement. Les subtilités de la langue graärh avaient quand mème l'avantage de pouvoir dire beaucoups de choses en peu de temps, surtout si les deux interlocuteurs se connaissent bien. Aussi lui narra-t-elle l'étrange rituel de la Chimère, la seconde trahision des Baptistrels et l'apparente réussite du rituel du Baôli.

Sa'Hila observa Kehlvehan et la pitoyable créature, et finit par soupire. Pourquoi les choses devaient toujours être compliqués avec les Sans-Poils ?
Gratifiant ses soeurs d'avoir su canalyser les ardeurs de leurs frères et soeurs, elle reprit la parole.

-Je...

...et fut très vite interrompue par l'entrée impromptue de nouveaux venus. Et à la vue de la nouvelle arrivante, Sa'Hila jura. De toutes les graärh qui foulaient cet Archipel, la Kamda Aaleeshaan de Paadshail était certainement celle que Sa'Hila voulait voir le moins. Et en particulier maintenant. Surtout quand celle-ci osait proclamer de telles paroles alors qu'elle arrivait après la bataille ! Son sang ne fit qu'un tour. Cette femelle stérile venant d'une autre époque n'avait même pas prit la peine d'apprendre les bases de la langue des ambarhuniens. Cela en dit long à la Danse-Fauve. Son homologue ne s'adapterait jamais aux changements capricieux du temps.

Mais avant qu'elle ne put exprimer le fond de sa pensée, Kehlvehan s'approchait déjà, affrontant sans sourciller l'aura incendiaire de l'antique graärh. Son aplomb arqua les sourcils de Sa'Hila de surprise. Elle connaissait le pouvoir du Gardien pour avoir combattu avec lui, mais comme lui-même le disait si bien, elle ne miserait pas un stymphalis sur lui en ce moment. Et au vu des récents évènements, elle n'allait certainement pas l'aider à se sortir d'une possible altercation avec la Taupe.

Et visiblement, le combat du feu contre l'eau ne serrait pas pour aujourd'hui. C'était pour le mieux sans doute. Le Baôli avait assez vu de sang versé depuis des générations et pour les suivantes. Elle soutint le regard inquisiteur de son voisin, accuillant ses propos avec une froideur qu'il ne lui connaissait pas.

-En effet, cela ne m'enchante pas non plus, mais nous devrons parler. Pour tout les efforts que nous avons investi, nous devrons trouver une solution. Pour l'heure, le devoir nous appelle.

Elle le salua d'un léger mouvement de tête et se détourna de lui. Un problème plus urgent necessitait son attention. Se tenant aussi droit que son armure en lambeau lui permettait, elle se dirigea vers l'aveugle.
Profitant de la distance qui les séparait, elle rouvrit son esprit aux Geais, activa son tatouage et s'adressa à tout ses guerriers marqués, exceptées Par'Vati et Par'Marni, déjà à ses côtés.

#Le rituel est achevé. Rassemblez nos frères et soeurs survivants. Ensemble, rassemblez les corps de ceux tombés au combat. Nous leur donnerons les derniers rites sur Vaalaamuk même. Faites de même avec les Sans-Poils, non sans récupérer tout les objets que vous jugerez utiles. C'est un maigre tribut pour le sang versé mais nous nous en contenterons pour le moment.Que la grâce des Esprits nous guide.#

Inspirant profondément suite à la dépense d'énergie, elle se planta droit devant son homologue et la fixa droit dans ses yeux vitreux.

-Je te salut Kamda Illidim. Je suis Kamda Sa'Hila. En l'absence des Gardiens, j'ai déjà placé Vaalaamuk sous la protection de la Légion d'Or. L'heure est à l'unité pour la protection du Baôli et je suis heureuse de voir que Vat'Em'Medonis vienne prêter patte-forte, bien que tardivement. Je suis encline à discuter avec toi sur les mesures à prendre pour la protection du Baôli, pendant que mes guerriers s'occupent de ceux tombés vaillament face à la menace. Et peut-être pourrons-nous également en profiter pour discuter de la menace des Couronnes de Cendres. J'aimerai m'assurer de la position de ta Légion à ce propos.

La provocation était claire : les graärh de Paadshail allaient-ils lutter contre ce fléau avec leur cousins de Néthéril, ou bien continuer leur petite guerre avec les peaux-nues ?

Ceci dit, elle observa l'Ashuddh Purnendu s'avancer vers la Salamandre. De son récit dépendrait sûrement la décision d'Illidim. Elle jeta donc sur le cendré vagabond un regard presque aussi froid que celui de son Aaleeshaan. Elle l'espérait assez intelligent pour ne pas mettre le feu au poudre entre Medonis et Baptistrel. Du moins pas maintenant. Pas aujourd'hui.

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Illidim ne rétorqua pas à l’elfe qui s’était adressé à lui et le graärh qui traduisait ses paroles ne les répéta pas. Grâce aux informations qu’elle avait pu glaner et celles qui lui avait été rapportées par Prunendu, l’Aaleeshaan de l’île de gelée avait appris à comprendre la langue des envahisseurs. En revanche, elle n’avait pas encore appris à le parler. Et quand bien même, elle ne s’abaissera pas à parler la langue de ceux qui ont envahi leur terre. Ce n’était pas à eux de s’adapter, c’étaient aux envahisseurs. Sa semblable de l’île d’été se tourna vers elle pour venir lui parler. Cette dernière, malgré qu’elle ait reçu des soins, était en piteux état. Illidim pouvait aisément deviner les blessures qui impactaient la cheffe de Néthéril. Illidim s'exprima dans sa langue natale pour n'être compris que du peuple félin.

« Ma légion place le Bâoli sous sa protection, car ta légion n’est plus capable de le défendre. »

Le ton d’Illidim était sec et cassant. Les Graärh derrière elle semblèrent s’agiter, faisant remonter quelque chose. Au final une tête d’innommable fut remis à l’aveugle qui vint la jeter contre le torse de Sa’Hila.

« Beaucoup de vos guerriers ont péri à l’extérieur. Sans notre intervention, plus de vos guerriers seraient tombés et vos blessés auraient été achevés par l’ennemi. »

Le museau de l’aveugle se porta sur le reste de la salle et elle poursuivit avec un ton dédaigneux.

« Je vois beaucoup de cadavres et de blessés des vôtres, très peu des peaux-nues … et aucun de ceux que vous combattiez. »

Illidim donna un petit coup de museau pour désigner l’abomination contre lequel un baptistrel se blottissait.

« Vous n’êtes même pas parvenu  à vaincre le seul adversaire qui vous faisait face. Comment comptez sur vous pour défendre cette terre sacrée. »

Le ton de l’Aaleeshaan monta, devenant plus agressif.

« Gardes-toi donc de toute provocation à laquelle tu serais bien incapable de répondre. Comme tu dis, l’heure est à l’unité. Peut-être devrais-je te défier et prendre la tête de ta légion. »

Illidim fit un pas supplémentaire en direction de Sa’Hila et lui murmura pour elle seule, d’un ton sérieux et menaça.

« Ne m’oblige donc pas à en arriver là. Cela me déplairait de devoir affronter une Aaleeshaan diminuée par ses récentes blessures. »

L’aveugle fit un pas en arrière. Sa posture était à la fois fière et prête à combattre. Elle avait confiance en ses capacités et se savait capable de vaincre celle qui lui faisait face. L’inverse en revanche n’était pas certain.

« C’est la position de ta légion dont il faudrait plutôt s’assurer en ce qui concerne la légion des cendres. »

Le museau de l’aveugle se tourna en direction de Purnendu.

« Je sais que la première d’entre elles s’est éveillée sur Néthéril, sur ton territoire, dont vous avez la garde. Territoire envahi par des peaux nues pratiquant une magie étrange basée sur le chant. Mais pire que tout par des peaux-nues pillant et réduisant les Graärh en esclavage. À Vat’Aan’Ruda ne dit-on pas : Gardien, nous veillons la menace afin que jamais elle ne se réveille ? Peux-tu me dire exactement comment vous vous y prenez pour veiller sur la menace quand ceux qui se considèrent comme des gardiens ne sont pas maitres de leur territoire ?! »

Coupant court à toutes autres réponses, Illidim avança en direction du Bâoli.

« Occupez-vous de vos blessés et de vos morts. Vat’Aan’Medonis va veiller sur cet endroit et s’occuper de la légion des cendres en attendant que vous vous soyez remis et que toutes les ambigüités entourant ta légion aient été dissipées. »

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La magie bouscula une part du Chanteterre comme la bourrasque d'une tempête. Il se sentit balotté, modelé, par d'impérieuses vagues de magies qui se jetaient hors du Bâoli. Les vibrations furent puissantes, au point où le tout jeune maître craignit qu'elles fendissent l'intérieur de son crâne, que son brave support physique en ce bas-monde ne tienne pas une telle surdose d'énergie. Il sortait tout juste de la pseudo-transe dans laquelle il s'était plongé pour ne pas faillir à sa mission si proche du but, déconcentré, par les diverses histoires qui se créaient déjà autour d'Ascheriit. Porté loin de considérations physiques, loin de la brûlure qui parcourait es doigts, au coeur des vibrations de son instrument, il se trouvait désormais emporté dans un tourbillon de sensations aussi fortes qu'inconnues. Déstabilisé, sa vision se troubla, tant par ses yeux que par son âme. Tout juste eut-il le bon réflexe de se replier sur lui-même.

Quand il reprit pied dans le monde qui l'accueillait, il n'expliqua pas la conviction qui lui vint. Le silence avait un goût léger, l'air était comme purifié. Les chimères n'étaient plus. Ils avaient réussi. Temporairement ou non, complètement ou non, avec conséquences ou non. Là n'était plus le souci de Valmys. L'arrivée d'Illidim ne passa pas inaperçu, autant que les tensions qu'elle engendrait, mais... Tout était si loin ! Comme si une bulle le séparait du monde. Mais cette bulle s'appelait peut-être simplement "fatigue". Le Bâoli, lui, était toujours aussi proche, et puissant. Attrayant. Valmys laissa son regard trainer à la surface de l'eau, avec un maigre sourire, et moult douces et adoratrices pensées pour son esprit-lié.

Cela ne dura qu'un bref instant. Parce qu'ils avaient des blessés à soigner, il se hâta de plier bagage et offrir les forces qui lui restaient au siens, faisant son oeuvre autant qu'il le pouvait, n'osant utiliser que le chant de soin qui lui était si familier. Ses doigts apprécièrent de ne plus avoir à officier. Le reste de son corps réclamait au moins quatre jours de repos complet. Non, quatre semaines. Oh, puis zut ! Il était Sainnûr maintenant. Il pouvait se permettre quatre décennies à dormir, non ? Oui, le plan semblait bon. Terrassé par ses efforts et émotions, l'instinct qui aurait dû pousser Valmys à bondir de joie et vouloir tout essayer de ses nouvelles capacités ne s'était pas encore manifesté. Ce qui n'était pas forcément une bonne chose pour les onze autres maîtres, qui auraient donc à gérer l'enthousiasme de l'ancien Enwr quand ce dernier aurait davantage d'énergie.

Valmys ne se fit pas prier pour suivre les instructions au pied de la lettre, et efficacement, économisant sa voix pour les blessés. Il avait hâte de reprendre la mer, faire une brève sieste, et prévenir son père : tout allait bien. Et tout allait bien se passer, désormais. Cet archipel avait été leur salvation.

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La voix du Traître s’éleva et si tous les graärh tournèrent la tête en sa direction pour l’écouter, dédaignant l’espace de quelques minutes la forme grotesque et prostrée entre les bras du Gardien, très peu comprirent le moindre mot de ce qui leur fut énoncé. La langue commune était encore grandement méconnue chez ce peuple, que ce soit par volonté ou par simple ignorance et seul un silence lourd et pesant fut l’unique réponse qu’obtint le Baptistrel alors que les félins s’échangeaient des regards. De la poignée qui avait compris, dont Purnendu, encore moins encore prirent le temps et la peine de faire la traduction alors que tous retournaient à leurs occupations. La chambre du Baôli se transforma en infirmerie où de nombreux blessés furent allongés sur des nattes tressées et où les morts furent déposés dans un coin, autant pour conserver la pudeur des corps mutilés que pour alléger de leur absence immédiate l’esprit de ceux encore en vie.

Malgré sa fatigue, Purnendu naviguait entre les rangées de corps gémissants et essoufflés. De ses mains, il effleurait les corps mutilés, apaisait les souffrances d’un chant bas et grondant de sa propre peine et terreur face à ce massacre. Plus loin, aux abords du Puits, les bipèdes poursuivaient un rituel de plus en plus complexe, de plus en plus intense. L’air devenait irrespirable de magie, la terre et les murs semblèrent vibrer avant que les tremblements ne deviennent plus francs et virulents. Quelques plaques de givre tombèrent en un fracas de vitres brisées, des draps de poussières et de gravillons se déroulèrent jusqu’au sol depuis les fissures du plafond. Un feulement de surprise et de panique alerta les graärh qui tournèrent leur museau en direction de la source et tous constatèrent que sa surface se plissait de rides profondes, agitées, avant qu’un vortex n’en fende le cœur et ne se mette à tourbillonner en un siphon étourdissant.

Le monde entier semblait résonner, vibrer jusque dans sa trame. Purnendu retint son souffle alors qu’une vague de puissance invraisemblable le traversait pour se déployait sur l’Archipel entière, voire l’ensemble de la création et ce, bien au-delà des océans infinis. L’énergie était un condensé, une essence telle que même sa raison ne pouvait l’interpréter, que même lui ne pouvait imaginer. Un sourd frisson le prit et sa fourrure se hérissa le long de son dos alors qu’il regardait autour de lui avec des yeux arrondis de stupeur. Sa queue balaya le sol de nervosité, ses oreilles bougeaient et tiquaient de part et d’autre de son crâne massif alors qu’il cherchait le son de la magie, qu’il essayait de comprendre le sifflement indistinct qui leur revenait après un silence assourdissant. Des ombres qui apparurent au soudain reflux de la vague magique, le graärh à la couleur de cendre feula et fit le dos rond. Il savait instinctivement ce dont il s’agissait et tout son être s’en révulsait.

Puis ce fut à nouveau le silence, la lumière s’amenuisa dans les reflets agités du Puits et enfin… enfin le calme s’imposa comme un couvercle jeté sur une casserole bouillante. Abasourdi, Purnendu regarda autour de lui et lentement déplia son imposante silhouette pour dominer le reste de la salle. Il cligna des yeux à deux reprises alors qu’un vague sourire incrédule ourlait ses babines sombres. L’éclat fut fugace alors que des craquements retentissaient soudainement à l’entrée du Puits et tous se tournèrent vers ce couloir comblé par les soins des spirites de la taupe. La tension grimpa d’un coup, puis s’apaisa lorsque les bruits furent aisément identifiés : des graärh. Le museau de l’herboriste remua, ses oreilles se levèrent et ses pupilles s’arrondirent alors qu’il reconnaissait le musc des félins en approche. Il reconnaissait le blason de la Légion frappé sur les poitrails, les boucliers ou encore les épaulières. Il reconnaissait la noble guerrière à la fourrure noire et au masque blanc qui approchait de leur groupe, eux confinés au fond du ziggourat givré.

« - Kamda Aaleeshaan Illidim... »

Ronronna-t-il en baissant la tête et en fixant le sol en signe de reconnaissance et de respect. Un témoignage qu’il n’avait jamais accordé à la Kamda Sa’Hila. Silencieux, il l’écouta se présenter mais fut incapable de retenir le tressaillement de ses oreilles lorsqu’elle réclama le Baôli et même tout Tiamat sous la protection et l’autorité de sa Légion. Voilà une déclaration audacieuse qui risquait de créer bien des tensions politiques avec les autres races… imaginez donc ! Un tel lieu de pouvoir ; forcément les opportunistes sans-poils allaient forcément chercher à obtenir une part du « butin ». Le fauve s’en sentait déjà dépité par avance. Lorsqu’il sentit l’attention de sa dirigeante peser sur lui, il se leva et l’approcha. Toutefois, il n’eut pas le loisir d’engager son rapport sur les derniers évènements que le Gardien du Domaine Baptistral approchait à son tour. Les yeux d’absinthe de Purnendu s’écarquillèrent légèrement à l’audace que ce dernier démontrait et un vague sourire appréciateur ourla ses babines. Il en fallait, des attributs masculins, pour oser confronter de face la Kamda de Medonis et heureusement pour l’elfe, ce fut fais avec suffisamment de doigté et de fierté pour que cette dernière ne lui arrache pas la gorge d’un coup de crocs…

Observant le dos raide de Kehlvehan qui s’éloignait rejoindre les autres Baptistrels, l’herboriste guérisseur comptait enfin prendre la parole quand il fut à nouveau intercepté dans son élan. Cette fois, ce fut par la Kamda Sa’Hila qui se remettait tout juste de ses blessures et si ses actes avaient été braves et honorables lors du conflit contre la Chimère, Purnendu voulait absolument croire que seule la fatigue physique et nerveuse étaient responsables des propos qu’elle tint à Illidim. Jamais il n’avait entendu paroles aussi insultantes à l’égard de Medonis et craignit, une fois de plus que sa Kamda n’en vienne à régler l’affront dans le sang et la mort comme il en était coutume sur leur île. Incapable de cacher sa stupeur, le cendré plaqua une main sur son museau et leva les yeux vers le plafond. Il y avait un temps et un lieu pour chaque chose et aborder un sujet aussi épineux que celui des Couronnes ici n’était tout simplement pas indiqué ! Reprocher l’absence de la Légion de Paadshail sans savoir qu’elle part était réellement la sienne dans ce conflit était une autre erreur qu’il aurait mieux valu passer sous silence.

Lorsqu’il cessa de fixer avec grand intérêt les fissures qui courraient au plafond, essayant de ne pas se faire remarquer par les deux femelles en pleine confrontation, il sentit un regard peser à nouveau sur lui et alors qu’il abaissait le museau en pensant avoir de nouveau la pleine attention de sa Kamda, ce furent les yeux bleus de Sa’Hila qu’il confronta. Et bien !? Il su à l’angle de ses oreilles et au gonflement de ses babines qu’elle lui lançait un avertissement silencieux et le mâle se contenta d’arborer un air purement cynique alors qu’il penchait la tête sur le côté et haussait un sourcil. C’était à lui de faire attention à ne pas faire de fausse patte !? De qui se moquait-elle, au juste ? Silencieux, il attendit qu’elle s’éloigne, car il n’avait rien à ajouter que sa Kamda n’avait pas déjà assené avec une violence et une vérité toute aussi crues que parfaitement fondées. La Légion de Néthéril avait oublié sa mission véritable et s’était prélassée dans le confort et l’abondance de ses terres fertiles. Elle avait négligé ses responsabilités et laissait les sans-poils ronger son territoire comme des thermites sur du bois sec.

Un soupir échappa à ses babines alors qu’il passait une main sur sa nuque. Un geste, à la périphérie de sa vision, attira son attention et il remarqua que le Gardien lui faisait un petit signe. Ce dernier l’appelait à venir les rejoindre sur son navire, éprouvant très certainement de la pitié à le voir coincé entre deux femelles prêtes à se jeter à la gorge l’une de l’autre. Un rire silencieux secoua les épaules massives du graärh qui secoua du chef en un refus aussi poli que touché. Il n’avait plutôt pas intérêt à repartir avec des bipèdes où alors sa condition d’Ashuddh resterait définitive ! Voire pire ; ils seraient probablement pourchassés au-delà des océans par le courroux d’Illidim ; une rage qui ne s’éteignait jamais, comme une mine de charbon prise aux flammes. En parlant de la Kamda justement, Purnendu se retrouva truffe à truffe avec elle et profita enfin de ce moment d’intimité relatif pour lui faire part de son rapport.

Il savait combien la situation était encore urgente malgré leur victoire décisive aussi se contenta-t-il d’expliquer comment les Baptistrels avaient accepté les rituels de purification avant d’entrer dans le Baôli, comment la Kamda Sa’Hila avait géré la défense du Puits jusqu’à l’arrivée des Chimères. Il conta le pouvoir écrasant du Maître-Valet et de son avancée fulgurante et comment lui, en battant en retraite, avait pu avertir les lignes arrières… comment il avait fallu convaincre l’Aaleeshaan de dresser un mur épais afin de les isoler pour gagner un peu de temps. Il s’attarda sur l’étrange duel qui avait pris place entre le Gardien Vairë et la monstruosité qui dirigeait la horde de chimères… combien le sacrifice d’une arme excessivement puissante avait pu repousser les troupes ennemies et isoler le monstre. Purnendu expliqua ensuite son intervention pour soutenir le-dit maître baptistrel et comment la Kamda Sa’Hila avait agi avec autant de courage que de stupidité face au terrible fouet de néant. Il n’oublia pas de signaler le comportement irresponsable du Baptistrel, surnommé « Svaarthee » par ses soins, qui avait agis à l’encontre de tous les graärh afin sauver la chose hybride, imposant sa volonté sans autre choix que de s’y plier. Il souligna le comportement étrange que la-dite chose avait adopté peu de temps après, suite à la victoire du Gardien dans ce combat unique et troublant, bien au-delà de sa compréhension.

Lorsqu’il termina en expliquant combien les Baptistrels avaient usé de leur force et de leur volonté pour libérer l’Archipel et probablement toute la création de ces choses sans formes et cruelles, il se plongea dans un silence méditatif, une main serrée contre son poitrail alors qu’il pondérait la suite. Avait-il oublié quelque chose ? Ses yeux au vert irréel scrutèrent les alentours et il s’arrêta un long moment sur la statue dans laquelle il savait qu’un être ancestral sommeillait, captif. Il en parlerait plus tard à sa Kamda, décida-t-il alors qu’il reprenait l’étude minutieuse du Puits. Après tout, il ne fallait pas mélanger les Couronnes et les chiffons… quoique, l’occasion était trop belle. S’abaissant avec respect, il murmura :

« - J’aimerai revenir dans la Légion, Kamda Illidim. Je souhaite redevenir légitime à votre regard afin de poursuivre ici ma mission. Indépendamment de cette guerre, j’ai fais de nombreuses découvertes dont nous devrions parler ultérieurement, loin des oreilles indiscrètes. »

Il coula un regard vers Sa’Hila, ses sœurs jumelles et ses soldats encore sur pattes.

« - J’ai un projet, pour cette île, qui saura nous être fortement bénéfique… si vous me le permettez. »

Ronronna-t-il avec un léger sourire cynique alors qu’il courbait l’échine avant de se redresser et de s’écarter, retournant à ses blessés et ses obligations de guérisseur. Plusieurs fois, son regard traîna du côté des Baptistrels et il les escorta jusqu’aux plages de Tiamat, humant l’air iodé avec les relents de mort qu’était le sable gorgé du sang de cette sinistre hécatombe. Lorsqu’il retourna dans le Baôli, ce fut pour voir avec fierté l’étendard de Medonis claquer à l’entrée du vaste couloir.

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Intrigue finie!!! Félicitation à tous =D
Il est maintenant l'heure de recevoir votre récompense ... votre éternelle récompense!

Kehlvehan Vairë => 100 PO
Sa'Hila => 100 PP
Ilyanth Neolenn => Rune
Purnendu Chikitsak => Artefact de dragon (Tu redeviens légitime au regard de la légion Vat'Em'Medonis)
Valmys Neolenn Leweïnra => Gemme de sang

Récompenses distribuées

Dernière édition par Le conteur le Mer 20 Mar 2019 - 19:03, édité 1 fois

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