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Le jeune immaculé tituba un peu, quand ses pas foulèrent à nouveau la terre ferme. Le temps passé en mer l'avait habitué au rouli permanent du bateau. Jadis, cette sensation l'avait beaucoup amusé. Aujourd'hui, elle froissait son nez en une grimace désapprobatrice. Il n'aimait pas le bateau qu'il venait de quitter. Il n'aimait pas chaque souvenir lié à ce bateau.
Une dizaine de pirates l'accompagnaient. Ils avaient beau présenter toute la diversité que le Maëlstrom pouvait offrir, un point commun les réunissaient : tous étaient porteurs d'une arme, fusse-t-elle visible ou non. Le message donné à Valmys avait été limpide : pas question pour lui de s'échapper avant le moment voulu. L'Orque y avait mis les formes et la subtilité qui étaient ses habitudes. L'Enwr sentait son esprit-lié, inquiet, pulser en lui, prêt à le protéger des menaces d'acier et de chair qui l'encerclaient. Son escorte avait beau plaisanter légèrement, il ne voyait en eux que des crocs, et une faim insatiable dont son âme portait encore les marques.

Ses pas foulèrent le sol, dans un bruit visqueux de boue détrempée. Le ciel au-dessus d'eux était gris, lourd de neige. Dans leur grande bonté, les pirates avaient rendu à Valmys ses vêtements, et avaient accepté de lui fournir un manteau supplémentaire. Nul collier n'ornait son cou, nul contrainte ne l'entravait. L'immaculation le surprenait encore : malgré le léger nuage de vapeur qui partait avec son souffle, il ne souffrait, effectivement, pas de la température, comme il l'aurait fait jadis. Ce n'était que son attitude, renfrognée et résignée, qui enfonçait son museau dans le col de son manteau, et ses mains dans le fond de ses poches. De temps à autre, il jetait un regard abyssal mauvais, et sans doute très mauvais pour son serment, à ses gardes du corps. Le reste du temps, il découvrait le port de Nevrast.

L'héritier des Leweïnra ignorait pourquoi on l'avait débarqué ici. Certainement pas pour lui faire prendre l'air, ou le réconforter. Pour le vendre au marché des Catins, comme l'Orque le lui avait jadis promis ? Ç'aurait été incohérent avec le traitement qui lui était offert. En revanche, il songea bien à l'hypothèse selon laquelle le gredin l'échangeait contre quelque chose. Avait-il finalement eu vent de son identité ? Allait-on demander une rançon au Domaine ? À Aldaron ? Non, dans tous les cas, l'idée était beaucoup trop risquée pour vraiment y croire. Valmys interrogeait les environs, à la recherche d'un quelconque indice quant à leur direction.
Seul le climat différenciait ces lieux de l'image qu'il se faisait d'Athgalan. Les maisons paraissaient bancales, pour certaines, plus proches d'abris que de véritables habitats. Le bois avait été assemblé grossièrement, et même la position des demeures les unes par rapport aux autres ressemblaient à un éloge au chaos. Le tout était empêtré dans une boue de neige fondue et piétinée dont personne ne semblait se soucier, pas même les plus propres sur eux. L'apprenti baptistrel aurait sans doute pu déplorer le manque cruel de soin pour les arts de la construction et de l'esthétique dont faisait preuve le peuple vivant ici, s'il n'avait pas été occupé à s'inquiéter des crocs qu'arboraient ces derniers. Allait-il finir en simple poche de sang sur pattes ? Il n'était même pas sûr que son goût satisferait son goûteur ! Vraiment, ce n'était pas une bonne idée !
Mais au fond, l'Orque pouvait-il vraiment avoir une bonne idée ?

L'angoisse montait lentement mais sûrement dans le torse de Valmys. Une musique lente dont les notes se faisaient de plus en plus lourdes, comme si chacun de ses pas nouait davantage une corde autour de son cou. Il se trouva presque à songer au Maelstrom comme un endroit sûr. Là-bas, si son avenir avait été incertain, son présent, lui, avait fini par lui apporter l'assurance d'être vivant. Ici, il ignorait même si quelque nouveau-né n'allait pas lui sauter à la gorge -auquel cas, escorte ou non, il ne se refuserait pas d'user de sa magie. Ses muscles étaient tendus, comme autant de cordes d'arcs qu'il craignait de voir apparaitre. Sur lui, il sentait parfois trainer des regards inquisiteurs. Qui était ce petit être, aux oreilles rondes et au visage rayé de veinules, que l'on protégeait si bien ? Qu'avait-il pour lui ?

Il commençait à se lasser de se sentir mouton au milieu de la meute. Sa magie lui paraissait logée sous sa peau, prête à jaillir, lui forger une armure. Ses muscles étaient bandés, comme des cordes d'arc. Le regard qu'il portait aux environs se faisait de plus en plus frénétique. Sans doute aurait-il implosé si, face à lui, il n'avait pas soudainement reconnu ce visage, cette peau grise, ces cheveux blancs, et ces yeux d'un vert paternel.
Aldaron. Dähddy. Son protecteur, celui qui l'avait pris sous son aile. Aussi noble de port qu'à son habitude. Aussi digne et sûr de lui qu'à l'accoutumée. Le meilleur symbole pour raviver en Valmys la flamme de l'espoir, faire pétiller son regard. Il n'osa néanmoins ni bouger, ni parler. Il ignorait pourquoi son père était là, ignorait si c'était le trahir que le reconnaître, ou si cela gâcherait un quelconque plan.
Ses yeux d'ambre réclamaient qu'il vienne le secourir, autant qu'il s'inquiétait de savoir comment ils se retrouvaient ainsi, face à face.

Dernière édition par Valmys Neolenn Elusis le Sam 6 Juil 2019 - 13:56, édité 1 fois

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    Les flocons de neige tombaient sans discontinuer depuis quelques jours, obligeant les habitants à déblayer tous les matins les principaux accès. Il était certain que les vampires étaient les moins impactés par ces températures drastiques, surtout en plein hiver, mais l'elfe avait encore du mal à comprendre pourquoi ils s'étaient installés sur une île aussi hostile, avec pour seule proie, des graärhs puissants et habitués à évoluer dans ces conditions... Contrairement à eux. Il n'était, dès lors, guère étonnant de voir combien les distorsions politiques promettaient une guerre civile prochaine. Nyn-Tiamat n'était pas faite pour eux. Ils avaient besoin des humains pour se nourrir et cette distance entre Calastin et l'île gelée n'était qu'autant d'obstacles qui dépendaient du bon vouloir des humains et des embuscades pirates. Si un jour, les humains décidaient de couper les vivres aux vampires, il faudrait trois semaines à ceux-ci pour rejoindre les premières côtes de Calastin. Cela laissait amplement le temps de mourir à une grande partie des cadets. Et les aînés arriveraient particulièrement affamés, s'ils ne s'étaient pas entre-tués en chemin. Les vampires avaient la corde autour du cou et les comptes en dérive. Le Marché Noir s'était installé pour résorber cette aberration, mais même avec l'achat de terres, cela ne suffirait pas à combler un pareil déficit. S'ils voulaient prospérer, il allait falloir installer une véritable fabrique de sang ici, avec des donneurs humains habitants à Nevrast et ainsi ne plus dépendre du marché écarlate.

    Il y avait beaucoup à faire... Si tant est qu'Irina Faust survive à cela. Car rien n’était moins sûr. Elle s’était mise dans l’embarras et si Nathaniel s’était montré fort disposé à avoir une conversation complaisante à ses côtés, il avait une dent contre la Capitaine des Catins. Et comme il se trouvait en plein travail de remplacement de l’équipe directrice de la Confrérie, il y avait fort à parier que soit elle plierait, soit elle devrait se battre. Dans cette seconde option, elle avait une chance sur deux d’y passer… Restait à savoir si elle était plus intelligente qu’elle en avait l’air. Il avait encore en tête cette tentative singulière de calmer les fenrisulfrs, ou encore la façon peu dégourdie avec laquelle elle s’était adressé à Ivanyr et lui, peu avant qu’ils n’entrent dans la forêt… Ou encore cette manière grotesque de se promener en carrosse au beau milieu d’une forêt pleine de dangers. On aurait dit une princesse convoyée attendant de se faire prendre au piège par des bandits de grands chemins. L’elfe poussa un soupir. Si elle ne survivait pas, il aurait d’autres projets pour Nevrast. Il en ferait un point d’accroche vers ces terres gelés, et qui sait ? Peut-être que d’anciens Glacernois viendraient s’installer ici en mémoire de la neige de jadis qui couronnait le Croc du Dragon.

    Ses mires verdoyantes fixaient ce navire Caladonnien quittant le port en direction du Domaine Baptistral. Les vampires, ici, avaient été partagés sur le but de sa manœuvre, maintenant qu’ils avaient entendu que le trône noir était contesté. S’il était indéniable qu’elle avait besoin des soins d’un guérisseur, il était aussi vrai qu’il cherchait à l’écarter le plus loin possible pour qu’elle ne fasse pas de l’ombre à Achroma Seithvelj, revenu d’entre les morts. Cela commençait à gronder à Nevrast, en écho des nouvelles qui lui provenaient d’Aerthia. Ivanyr n’était pas le seul à revendiquer la couronnes d’épines. Un homme issu du corps armé et Toryné Dalis se dessinaient en chefs de file. Achroma aurait du fil à retordre et son estomac se nouait d’heure à heure à l’appréhension que cela lui inspirait. Son Inséparable saurait se défendre en duel, mais que pourrait-il faire contre une horde armée ? Il devrait s’entourer de personnes loyales et c’était ce qu’il faisait, à la parole convaincante de l’Aîné qui recherchait ce qui serait le mieux pour le peuple vampirique…

    A savoir de ne pas croupir à Aerthia ou encore à Nevrast, payer le Commerce Écarlate comme des damnés qu’on saignait à blanc, et asservis par un pacte engagé avec les Graärhs qui le cloisonnait à un petit lopin de terre. Misérable. Si Saeros était encore là pour voir l’état désastreux dans lequel se trouvait le si prédateur peuple vampirique : des chiens apeurés et acculés à Nevrast. Pourtant, en dépit de cet évident fiasco, certains vampires croyaient en Irina. La Princesse Noire avait des projets d’Académie, de développement commercial et de tant d’autres grandeurs sociales et érudites, et cela pouvaient séduire ceux qui avaient renoncé à se voir comme un peuple prédateur. Ceux qui acceptaient de se voir assimilés aux autres races, pour partager leur monde de paix. Et ces gens là, ils commençaient à le regarder de travers, comme le complice de l’un des concurrents d’Irina… Ce qu’il était. Il ne pouvait pas leur reprocher d’être perspicaces. L’elfe ne serait probablement pas le bienvenue très longtemps, ici, à Nevrast.

    Fort heureusement, il ne comptait pas rester et pour l’heure, il était bien entouré. Le Marché Noir avait tendu ses longs doigts avides d’or dans la ville, acquérant des terres et s’y installant glorieusement pour redonner un peu de lumière à ces maisonnées sinistres. Bien vite, sa défense avait été renforcée et ses hommes avaient eu l’ordre de ne pas traîner dans les bordels grouillants de sbires d’Irina. Les ombres se massaient sur son chemin, laissant croître la crainte d’une embuscade. Il la pressentait, aussi certainement qu’il pressentait jadis être la proie d’un prisonnier affamé à Morneflamme. Il aurait eu mieux fait de se retrancher dans un espace plus cloisonné et sécurité, plutôt que de rester au grand air, mais Nathaniel devait lui rendre son fils. Il prendrait plus de précautions ensuite, à commencer par renvoyer Valmys au domaine baptistral par le prochain bateau. Il ne voulait pas qu’il reste ici, dans cette tension politique. Il voulait le savoir sain et sauf et il y veillerait.

    Comme convenu, Nathaniel lui envoyait ses hommes. Son fils était encapuchonné dans un chaud manteau d’hiver, cerné d’hommes qui avaient bien compris que rendre le fils Leweïnra à son père ne serait pas sans danger. Fort heureusement, ces gredins faisaient assez peur à la population qui n’avaient pas la moindre idée de ce que faisaient ces pirates ici… Et qui n’avaient pas la moindre envie d’avoir des ennuis avec l’Orque. C’était une bonne chose, si en plus de craindre la Triade, ils craignaient le Gredin. Cela les dissuaderait peut-être d’agir. Plus à l’écart de la ville, ils se rejoindraient et ce qu’il vit comme soulagement dans les yeux de Valmys, suffit à lui assurer qu’il irait bien à présent. Du moins l’espérait-il. Car les ombres se mouvaient autour d’eux, comme une embuscade qui refermait des griffes acérées, promesse que le sang finirait par couler dans la neige. Alors qu’il refermait sa poigne sur Foudre-Eclat, il saisissait trois flèches dans son autre main, prêt à les enchaîner les unes après les autres s’il le devait. Le glyphe ascendance, il souffla dans l’esprit de son fils de venir se ranger en sécurité derrière lui, avec cette notion d’urgence… Et si son esprit pliait rapidement à sa volonté, le baptistrel se retrouverait derrière lui…

    Puis tout s’enchaîna promptement après cette mise à l’abri immédiate. Des archers vampiriques touchèrent grièvement deux pirates, tandis qu’Aldaron en tuait deux par deux flèches entre les deux yeux. L’impact était foudroyant, terriblement puissant, craquant comme le tonnerre se forme entre deux nuages. « On se replie. » ordonna-t-il en décochant une troisième flèche pour abattre un archer et couvrir les pirates dans leur retraite, récupérant leurs camarades blessés.

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Est-ce que Valmys avait entendu l'embuscade s'approcher ? Ah oui oui. Bien sûr. Est-ce qu'il aurait réagi à cette dernière ? Pas du tout. Son attention resta figée sur son père, comme captivé par l'apparence que pouvaient avoir liberté et sécurité. D'Aldaron lui paraissait émaner une aura, qui le distinguait de toutes les vermines qui pouvaient grouiller ici. Une aura plus lumineuse que la neige autour. Une force intérieure qui émanait vers l'extérieur, un charisme sensible dans chaque attitude de ses vis-à-vis.
Bref, Valmys n'opposa aucune résistance quand l'esprit de son père vint ordonner contre le sien. Plus promptement encore que si la volonté était venue de lui, il se glissa en un bond magique derrière cette figure protectrice qu'il avait tant espérée, ses petits poings venant se poser dans son dos, comme ceux d'un enfant, sans entraver ses mouvements, juste pour signifier qu'il était bien là. Un bruit qu'il craignait reconnaitre accueillit son mouvement. L'Enwr eut tout juste le temps de se pencher un peu, sur la pointe des pieds, pour voir ce qu'il se passait de l'autre côté de son bouclier. La chair de poule traversa son échine, comme un souffle de givre. Si l'intégralité de la scène lui échappait, il crut en saisir le principal : ils étaient attaqués par un troisième groupe. Mais était-ce une impression, ou...? Oui, ce devait être une impression. Les pirates ne pouvaient avoir eu des gestes pour les protéger, Aldaron et ses gardes ne pouvaient avoir eu de gestes pour leur permettre de s'enfuir. Ç'aurait été... Non, il ne voulait pas y penser. Pas maintenant. Et puis, il n'avait pas le temps d'y penser. Il vit la flèche se coincer entre deux yeux, et eut un rictus d'une douleur qu'il ne pouvait pourtant ressentir pour l'instant, si ce n'était par empathie. Ce n'était pas ainsi que l'on se débarassait des ennuis. Du moins, pas dans son monde à lui. Peut-être pouvait-il le partager avec son père ?

Ses mains formèrent un cercle, à travers lequel il cibla leurs assaillants, de façon bien restreinte. Il sentit la magie pulser dans ses doigts, puis autour d'eux. Bien, le sort avait fonctionné. Il leur restait désormais à fuir vite, et loin, et bien. Ils finiraient bien par avoir assez de distance pour pouvoir effacer jusqu'à leurs odeurs.
Ils commencèrent à "se replier". Valmys remercia Keet-Tiamat pour cette immaculation qui lui permettait de se montrer bien meilleur fuyard que jadis. Ses muscles et son souffle ne bronchèrent pas, sur la pointe de vitesse qu'il fit. Sitôt qu'ils furent à une distance plus difficile à atteindre pour un arc, et tandis que derrière eux leurs assaillants pestaient, Valmys se tourna vers son père. Il étale pâle, sous l'effet de la panique, et sa voix portait tant l'urgence que la crainte qu'il avait pour leurs vies... Et celles de leurs ennemis.

"- Père, imitez-moi !"

Il étendit les bras, et la magie vint jouer avec les airs jusqu'à ce que sa course ne se fit plus au contact de la neige. Il était bien plus rapide ainsi et, surtout, il ne laissait pas de traces. D'un coup d'oeil devant lui, Valmys réalisa qu'il ne connaissait ni cet endroit, ni leur destination. Il vouait une confiance aveugle à son père.

"- Si nous pouvons tourner, à un moment... Avec une cape d'ombre, ils ne nous verront pas," proposa-t-il, tout en continuant de remercier son immaculation de lui permettre de communiquer aussi aisément.

Pas plus qu'ils ne les entendraient. Restaient les odeurs, mais ces dernières se camouflaient également avec aisance. Valmys aurait volontier proposé de se rendre invisibles pendant leur fuite, mais... comment aurait-il su où aller ? Comment auraient-ils su si chacun était encore présent ?
Inquiet, Valmys jeta un coup d'oeil derrière eux.

Cercle d'Emprise :


Vol Grâcieux :

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    L'elfe était soulagé de sentir les poings de Valmys dans son dos, preuve qu'il était arrivé à bonne destination, presque à l'abri derrière lui. Il n'aurait pas aimé le voir périr sous les coups des sbires d'Irina. Il aurait mis cette ville à feu et à sang par vengeance cruelle. Il aurait éradiqué l'empire d'Irina jusqu'à ce qu'il ne reste ici que des personnes loyales à la Triade ou à l'Aîné. Une zone magique vient sertir le sol d'une imposition à l'abandon d'armes. Cela ne rendrait pas les vampires inoffensifs, mais ils seraient déjà bien plus aisé de les canaliser s'ils n'étaient pas armés. Voilà qui allait couvrir plus facilement leur retraite : « Bien joué, mon fils. » Passant un bras dans le dos de Valmys pour ne pas le perdre de vue, le groupe revenait vers le centre ville. Était-ce naïf de croire que la masse de la populace suffirait à dissuader ces vampires ? Pas tant. Cette race était fourbe et violente mais elle n'était pas stupide. Elle savait qu'elle risquait de rencontrer de la contestation. Ici, à Nevrast, comme ailleurs en ces temps troublés, il y avait aussi bien des vampires qui désiraient suivaient Irina que de ceux qui reconnaissaient Achroma comme Prince Noir.

    Un peu plus loin, la fuite du groupe se faisait moins difficile, maintenant qu'ils n'avaient plus à tirer en arrière. L'elfe porta ses mires d'émeraude sur son fils qui s'était mis à léviter en l'intimant d'en faire autant. « Couvrez vos traces » lança-t-il à l’intention de ceux qui étaient avec eux, tant ses propres sbires que deux pirates qui avaient profité de l'opportunité de la protection pour s'y glisser. A leur attention, Aldaron leur ordonna : « Rejoignez le port. Demandez Gelert. Dites lui être envoyé par la Triade. Il trouvera un moyen de vous faire rejoindre le Maelström. » Il se concentra sur le geste clé opéré par son fils et le reproduisit en écartant les bras et en appelant à lui les flux d'air capables de soulever son corps à quelques centimètres du sol. D'un index pointé, il désigna aux deux pirates la direction du port et les deux s'en furent rapidement. Aldaron ne voulait pas garder avec lui des pirates trop longtemps. D'une part, pour que Valmys ne tremble pas en permanence comme une feuille, et d'autre part, parce que ce n'était pas bon pour son image. Il savait déjà que le peu qu'il avait dit ou fait allait mettre le puce à l'oreille de son fils.

    Ils purent à nouveau toucher la terre ferme lorsqu'il arrivèrent auprès de l'unique bâtisse de pierre de Nevrast. De nouveau, les ordres fusaient de sa bouche dirigeante : « Gardez l'endroit. Normalement, ils n'attaqueront pas ici à moins de vouloir mettre la ville à feu et à sang. » Ce qui serait stupide. « Faites passer le message à la population de ne pas être seul hors de la ville. Ils ne veulent pas engager une guerre civile car leur dirigeante n'est pas là, mais il n'hésiteront pas à se regrouper pour mettre à mort des personnes isolées. » Il entrait à l'intérieur, y poussant délicatement Valmys pour qu'il soit à l'abri, lorsque son soldat lui eut répondu un 'bien, monsieur'. Une fois à l'intérieur, il conduisit son fils dans un salon : « Helena, apportez un repas pour mon fils, je vous prie. Puis aller lui préparer un bain chaud. » Avec la même discipline, la femme obtempéra, suivi par un page en apprentissage qui devait avoir 13 ans tout au plus. D'un geste du bras, il invité l'Enwr à s'asseoir dans un fauteuil près de la cheminée, tandis qu'il se tournait vers son intendant : « Quand est-ce que le Batelier doit repartir pour Caladon ? » « - Dans deux jours, Monsieur. » « - Bien, faites lui savoir qu'il aura un code Héron à bord et qu'il devra le conduire au Domaine Baptistral. Personne d'autre ne doit être au courant. » Le code Héron ? Un mot de passe pour le Marché Noir, employé pour faire passer la frontière à des réfugiés d'importance capitale d'un endroit à un autre et pour qui tous les moyens de protection nécessaires devaient être mis en œuvre.

    L'intendant quittait la pièce quand le servante revenait avec un plat qu'elle déposa sur la table basse. Le page servait de la boisson et tout deux quittaient la pièce, laissant Aldaron seul avec son fils. Dans le silence soudain, agrémenté des crépitements du bois dans la cheminée, le Bourgmestre laissa retomber son regard vers son fils avant de s'approcher de lui : « Je suis désolé de ce qu'il s'est passé. C'est la guerre, ici, à Nevrast. Le peuple est perdu, il ne sait plus qui suivre. Est-ce que tu vas bien ? Tu as été blessé ? Earendil ou son équipage t'ont fait du mal ? » Ses mires verdoyantes glissèrent rapidement sur le plat : « Mange, si tu as faim. » Il ne savait pas s'il avait eu en suffisance sur le Maelström. Nathaniel lui avait assuré s'être montré attentionné. « C'est fini, je suis là pour te protéger maintenant, d'accord ? Je ne laisserai personne te faire du mal. Je sais que tu n'aimes pas trop cela, mais si tu veux que je te serre dans mes bras pour te consoler,je peux aussi. » Il mourrait d'envie de l'étreindre et de lui faire sentir combien il tenait à lui, combien il était heureux de le retrouver. Mais il savait aussi que le côté tactile de Valmys avait été perverti et sali. « Ou juste parler, vider ton sac... »

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Le vent sifflait le long de leurs oreilles, mais leurs pas étaient silencieux. Les yeux plissés pour affronter l'air glacial de Nyn-Tiamat, Valmys avait eu tôt fait de cesser de regarder derrière lui sitôt qu'il vit ceux qui l'accompagnaient agir ainsi, et l'encourager à ne pas s'inquiéter davantage. Dans la ville, jouer des différents carrefours et de l'imbroglio de perceptions pour perdre leurs assaillants. Voilà qui réconfortait la petite proie apeurée qu'était Valmys en ce moment.
Aveuglément, il suivit son père, poussé par cet instinct d'enfant qui lui affirmait que son Père savait, et qu'auprès de lui tout finirait par bien se passer. Lui ignorait tout de ce port. Aldaron s'y dirigeait avec assurance. De premiers ordres fusèrent, aussi impérieux que protecteurs... Envers des pirates. Le coeur de Valmys eut un battement de travers à cette constatation. Devait-il déduire ce que son esprit, soudainement très affûté, venait de déduire ? Non, il refusait ceci. Une explication abracadabrante et imprédictible derrière cela. La gorge serrée, l'estomac noué, et après un petit regard de détresse à Aldaron, Valmys continua sa fuite. Il réalisait tout juste la sueur froide qui collait sa tunique à son dos.

Pied à terre, le grand enfant contempla avec un brin de surprise la bâtisse de pierre qui semblait être leur destination. Un lieu de pouvoir, sans doute. Pourquoi l'avoir faite plus solide sinon ? À moins que ce ne fut la demeure d'un quelconque haut dignitaire. À nouveau, son père dirigea ceux qui le suivaient, et Valmys ne put s'empêcher de ressent un élan d'admiration mêlée d'envie devant l'aura qui émanait du bourgmestre de Caladon. Il aurait aimé pouvoir ressentir, déjà, les vibrations du monde, pouvoir analyser chacune des vibrations de ces ordres pour définir quelle magie donnait à son père cette évidence qui faisait de lui un dirigeant. Lui aussi aurait aimé avoir, au fond de lui, les solutions aux situations les plus complexes, et la confiance d'autrui pour le suivre. Etait-ce cela, être père ? Ou n'y avait-il que le sien pour être aussi exceptionnel ? Et... Qui étaient ces "ils", dont il parlait sans les nommer ?

Toujours à ses pensées, ses multiples interrogations, et ces craintes qu'il n'avait pu exprimer, Valmys se laissa entraîner vers l'intérieur. La mine hagarde, il paraissait clairement être dans plusieurs mondes à la fois. Il manqua à toutes les politesses élémentaires, occupé à ingérer les mille informations qui lui venaient en même temps, et calmer toutes ses émotions pour se faire à l'idée qu'ils étaient, enfin, en sécurité. Son regard traina, dans un réflexe stupide, le long de la pièce, étudiant sa structure et ses détails, avant de chercher parmi les êtres qui vivaient là des réponses. Rien ne lui vint. Le mot "bain" chaud se glissa délicieusement en lui, avant-goût de la promesse qui était faite. Par les huit, il n'avait pas réalisé combien ce bain lui faisait envie, combien il lui permettrait de se débarrasser de la présence encore trop vivace du Maelstrom sur sa peau. Le petit Enwr était bien incapable de s'exprimer, mais il n'en ressentait pas moins sa reconnaissance.

"- Peut-être après le bain." répondit-il dans un premier temps, à la proposition d'une étreinte. Pas question de souiller l'être magnifique qu'était son père avec de l'air venu d'un navire maudit. Sitôt qu'il eut dit cela, Valmys regretta ses mots. Désormais, il voulait se blottir contre Aldaron. Pour écarter cette émotion de sa tête, il continua bien vite : "Je ne comprends pas... Qui nous a attaqués ? Pourquoi ? Pourquoi les pirates t'obéissent ? Est-ce de la magie ? Je n'ai rien senti..." Les mots sortaient de sa bouche de façon précipitée, désormais, comme s'ils n'avaient que peu de temps pour eux. Ce qui était un peu le cas. L'Enwr craignait que trop de temps passé à parler ne finisse par dévoiler les émotions qui alourdissaient son coeur. La vérité ? Elles se lisaient déjà dans les frémissements de sa voix. Les réponses qu'il ne voulait pas entendre, mêlées au soulagement, à la fatigue, à beaucoup trop pour un si petit bonhomme. "Quelle est cette histoire de guerre ?" Oh, il n'était pas né de la dernière pluie, mais tant de tensions opposaient les différents peuples qu'il préférait des précisions. "Pourquoi nous avoir attaqués, nous ? Et quelle est cette histoire de batelier, de code Héron..."

Il fut forcé de reprendre son souffle. Les mots ne passaient plus. Rien n'avait eu de sens, d'ordre logique. Un chaos semblable à celui entre ses deux oreilles. Il ne pourrait continuer seul, ses ressources ne suffisaient plus, et la nourriture n'était pas une ressource qui alimentait cette part des êtres. Le regard humide, Valmys commença, d'une voix étranglée : "dähddy..." Avant de ne parvenir à continuer, et simplement formuler sa demande autrement, en allant se blottir contre le torse de son père, ses faibles bras autour de lui. Ses sanglots furent silencieux, comme inavoués. Mais ils secouaient son petit corps, et humidifiaient le torse du bourgmestre. Ses doigts de musicien serraient faiblement les habits de son père. Le feu eut le temps de crépiter timidement, respectant l'intimité de la scène. Dehors, la neige eut le temps de tomber. Les habitants des lieux eurent le temps de s'activer à leurs tâches respectives. Et eux, ils étaient seuls, dans leur cocon de sécurité, dans ce silence que ponctuaient les respirations chaotiques, puis de plus en plus calmes de Valmys. Le cœur de son père était un son qui, petit à petit, aspirait tout ce trop-plein d'émotions qui l'avait poussé à ses limites. Auprès de lui, pleurer était mieux que pleurer ailleurs. Il avait un vrai pouvoir. Lentement, Valmys se détacha de lui, tête basse, essuyant ses yeux et ses joues d'un revers de la manche encore fraîche et humide de son manteau. Très bas, il avoua :

"- Earendil... M'a coupé les cheveux." Illustrant son propos, il attrapa ladite mèche, plus courte que les autres, qui pendait piteusement le long de son crâne. "Il s'est saisi d'une poupée, a lié les deux éléments, et... M'a dit que tout ce qu'il infligerait à la poupée, je le subirais aussi." Une grande inspiration ponctua sa phrase. "Mais ils ne m'ont demandé que de divertir le capitaine, la majeure partie du temps. Beaucoup de musique... J'ai aussi dû lui raconter mon expédition. Il paraissait fasciné par le graärh immense qui menaçait même les chimères..." D'une main, il se massa la tempe, comme si le seul souvenir de ces instants était complexe. Puis, à nouveau, il se laissa tomber dans son fauteuil, vaincu par l'énergie que lui avaient demandées ces dernières heures. Enfin, il trouva la question qui aurait dû permettre à son père de tout expliquer avec un semblant de chronologie : "où sommes-nous ?"

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    Valmys ne lui donnait pas l'impression d'être en bon état. Il avait l'air déboussolé, la mine hagarde à suivre ses faits et gestes, les entrées et les sorties de son personnel comme s'il ne les comprenait pas. Viendrait le temps du réconfort et de l'apaisement. Aldaron portait sur lui un regard tendre, plein d'une empathie attristée par l'état de son garçon. Il aurait voulu qu'il se calme, mais il comprenait que tout le monde ne parvenait pas à garder son sang froid en pareille situation. Ce qu'il avait vécu à bord du Maelström devait largement le perturber, bien qu'il ne s'agisse pas des mêmes déboires que la première fois... Mais se retrouver sur le pont de ce navire honni, en compagnie d'un équipage qui lui avait déjà fait du mal ? Oui, il pouvait comprendre sa déroute. C'était fini maintenant, il était là. Et Aramis allait sérieusement entendre parler de lui.

    Peut-être après le bain donc. Aldaron acquiesça d'un signe de tête entendu mais les questions s'enchaînèrent d'un seul coup sans qu'il n'ait le temps de répondre à aucune d'elles... Et il ne voulait pas le faire avec précipitation. La même qui animait son fils d'une ferveur terrifiée. « Valmys... » tenta-t-il pour lui faire réaliser combien toutes ces questions accumulées de la sorte ne lui permettrait pas d'avoir des réponses et d'avancer. Puis il saisit bien vite que son enfant avait besoin de vider le sac de ses interrogations jusqu'au bout, de faire sortir sa déroute de lui, l'extérioriser pour ne plus les garder que pour lui. A deux, ils pourraient les résoudre, mais seul, Valmys manquait d'informations. Alors il le laissa faire, jusqu'au point de rupture. Entendre sa voix étranglée lui brisa le cœur et en réponse il ouvrir des bras des lesquels l'Enwr ne tarda pas à s'enfouir.

    Il les referma sur lui, comme un cocon protecteur, caressant son dos et ses cheveux pour tâcher de lui offrir, du mieux qu'il le pouvait, ce réconfort dont il avait besoin. Ses sanglots lui déchiraient l'âme et il dut juguler ses propres émotions pour ne pas pleurer avec lui. Ses larmes étaient montées à ses yeux, sous l'assaut de ses sentiments paternels, mais refusaient de couler sur ses joues. Il embrassa sa tempe en le berçant tout doucement, laissant le temps et sa présence faire les choses au son du feu qui crépitait, dans la cheminée. Aldaron n'avait pas beaucoup connu sa mère, mais il se souvenait encore des fois où elle l'avait ainsi consolé, juste en le prenant dans ses bras. Il se souvenait aussi de la chanson, qui passait ses lèvres par mimétisme, de sa voix grave et ferme :

    « Mon enfant, ne pleures pas
    Je suis là, à veiller sur toi
    Ne crains rien, sèche tes pleurs
    Viens sur mon cœur
    Mon tout petit »


    Aurait-il pu oublier ? La chaleur de sa poitrine et son cœur qui battait d'amour pour celui à qui elle avait donné naissance, aussi différent soit-il ? Aussi peu adéquat pour la société elfique eut-il pu se montrer ? Il avait toujours senti qu'elle l'aimait au plus profond d'elle même, avec cette tendresse pleine et entière, indestructible. Il lui semblait en sentir une identique pour Valmys. Il n'aimait pas le voir triste, autant qu'il savait qu'il ne pourrait jamais l'empêcher de l'être, à l'heure des tracas que tout un chacun était amené à travers, dans la vie. Néanmoins, il lui offrait une chose certaine à laquelle il pourrait s'accrocher : son amour de père.

    « Mon enfant, durant ta vie,
    Tu connaîtras des soucis,
    Ne t'arrête pas à ce qu'ils disent
    Ce sont des sottises
    Mon tout petit »


    La chanson de sa mère s'arrêtait là, mais il n'était pas sa mère, il avait connu d'autres tourments, d'autres épreuves. Ce qui le forgeait, faisait partie de sa qualité parentale et c'était ses propres mots, issu de son vécu, qu'il pourrait transmettre. Il continua alors, serrant Valmys contre lui :

    « Mon enfant, tu es si tendre
    Tu sais si peu des cendres
    Mais sous elles, la flamme renaît
    Pour exister
    Mon tout petit »


    Il resta à l'étreindre un long moment, dans un silence que la respiration chaotique de son fils venait perturber. Il restait là, indéfectiblement, sans bouger un instant, jusqu'à ce que Valmys s'apaise. Il ne chercha pas à accélérer le processus, il le laissait aller à son rythme. Cela serait ainsi ni trop rapide, ni trop lent. Il relâcha son étreinte lorsqu'il le sentit enfin reculer, la tête basse, à sécher ce qu'il lui restait de larmes. Il l'écouta à nouveau et le couva du regard lorsqu'il reprit place dans le fauteuil, en peu plus en paix. Puis une question, encore, qui le fit sourire d'affection : « A Nyn-Tiamat, dans le port de Nevrast. » Il vint prendre place dans un fauteuil également, gardant cette posture régalienne qui le caractérisait tant et il l'invita à entamer son repas : « Mange. Je vais répondre à tes questions. Le thé chaud te fera du bien. » Ce disant, il se pencha en avant pour récupérer l'une des deux tasses servies et en but une gorgée.

    « La Princesse Noire Irina Faust a quitté Aerthia pour s'installer à Nevrast suite à un accord conclu avec les graärh. Mais tous les vampires ne sont pas de cet avis et refusent de se plier aux règles du peuple natif de l'archipel, ne voyant en eux qu'esclaves ou animaux. Ils sont restés dans la forteresse. Les convois de sang disparaissaient dans la forêt de Licorok, ne parvenant jamais à la forteresse affamée. C'est pour cela que j'étais là... Pour comprendre ce qui arrivait au Commerce Écarlate. Cela ne s'est pas passé comme prévu. Il y a dans les bois des créatures qui frappent l'esprit pour attiser la haine, la colère et tout ce qu'il y a de plus noir et meurtrier dans le cœurs des êtres. Ivanyr et moi avons bien failli ne pas en revenir. Nous avons fui... Mais la Princesse Faust est gravement blessée. Je l'ai faite partir par bateau vers le Domaine pour qu'elle puisse y recevoir des soins de qualité, mais certains vampires voient en cet acte une tentative de ma part d'éloigner la princesse pour qu'Ivanyr monte sur le trône à sa place. En effet, je l'ai révélé comme l'Aîné qu'il fut avant son amnésie et beaucoup lui font confiance et sont prêts à le suivre. »

    Il but une nouvelle gorgée de son thé chaud, posant sur Valmys ses mires verdoyantes avant de poursuivre : « C'est pour cela que les vampires nous ont attaqué. C'est pour cela que c'est la guerre. C'est pour cela que je vais te faire quitter Nevrast par bateau dans deux jours. Le Batelier est un Capitaine qui travaille pour moi et qui saura te protéger au cours du voyage qui te mènera au Domaine. Là-bas,, tu pourras narrer à Kehlvehan ce que tu as vécu. Le code Héron est un mot de passe pour désigner une procédure de protection et de transit qui t'es destinée aujourd'hui. » Et il comptait bien faire en sorte de le sortir indemne de cette histoire. « Je te rejoindrai dans une semaine ou deux, le temps de mettre les choses en ordre ici, avec Ivanyr. Celëborn, mon fils biologique a eu un enfant avec le défunte fille de Kehlvehan, Claira. J'aimerais rencontrer cet enfant et te le présenter, puisqu'il se trouve au Domaine... Et que tu es son oncle à présent. » fit-il avec un sourire en coin...

    Et lui, il était grand-père à présent. Il devait avouer que cela lui filait un sacré coup de vieux... Mais cela aurait bien du arriver un jour ou l'autre. Sur une note moins joyeuse, il continua avec la même sincérité : « Quant aux pirates, j'ai conclu un accord avec eux. Je connais Nathaniel depuis très longtemps, au royaume elfique. Il a travaillé pour moi et le Marché Noir au temps de la Théocratie. Crois-le ou non, mais il faisait passer ma contrebande, mes détournements de fonds et de vivres, et mêmes des demandeurs d'asile vers le Protectorat. Et cela, alors qu'honnêtement, cela aurait mieux payé pour lui de travailler pour le Tyran Blanc sur le court terme. Il a préféré parier sur le long terme. Enfin... » Il roula des yeux : « Je pense surtout qu'il a toujours voulu être le plus grand salopard de ce monde et qu'il n'appréciait pas d'être doublé par le Blanc. Alors il a travaillé avec ceux qui cherchaient à le faire tomber. » Cela devenait tout de suite beaucoup moins altruiste. Il n'en demeurait pas moins vrai que par son aide, des vies avaient été épargnées.

    « Je ne lui pardonne pas ce qu'il t'a fait Valmys, je veux que tu le saches et que tu en sois assuré. Et il sait lui-même qu'il s'en est pris à la mauvaise personne. Il ne m'a pas demandé de rançon. Il t'a remis à moi sans demander paiement, avec le simple espoir d'essayer de se racheter auprès de moi et de montrer patte blanche. » Mais il ne le trompait pas : ses mains étaient tâchées. « Le mal aura toujours un visage, un meneur, mon fils. Il existera toujours. Beaucoup s'échinent à le combattre, à vouloir l'éradiquer... Moi, je suis persuadé que le seul combat contre le mal que nous ayons à faire c'est contre celui qui loge en nous. Chacun à son échelle. Trancher la tête de Nathaniel aurait été un cri de vengeance, mais une autre tête aurait poussé... Une tête qui n'agirait pas à ton égard et à toutes les choses auxquelles je tiens de la façon dont il t'a traité à présent. Et je ne veux pas que tu revives ce que tu as vécu, avec un autre malfrat. Je tiens celui-ci en respect. Et lui, il tiendra des chiens pires encore que lui en place pour garder la sienne. Je sais qu'il est horrible, mais j'ai vu des monstres pires que lui. A mes yeux, il est un moindre mal. Un moindre mal auprès duquel j'ai un poids pour protéger ce en qui je crois, est-ce que tu comprends ? Et cette histoire de poupée... Rassure-toi, c'était un mensonge pour t'obliger à te tenir à carreaux.»

    Il l'espérait. Il aurait tout aussi bien pu comprendre que Valmys lui en veuille pour ce choix. Il était à la fois loyal et déloyal. Litigieux. Et ceux qui se bornaient à ne pas comprendre, à ne pas ouvrir leur esprit comme celui d'Aldaron avait été ouvert à Morneflamme... Ils n'accepterait pas le choix qu'il évoquait silencieusement, sans entre d'avantage dans le détail. Valmys n'avait pas besoin de savoir. Il devait néanmoins comprendre qu'Aldaron tâchait de tenir les pirates en respect. « Est-ce que tu veux me parler du graärh ? De ce qu'il y avait à Keet-Tiamat ? »

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Valmys peinait à croire qu'Aldaron ait pu un jour abandonner un enfant, quand désormais il le berçait si bien, et chantait pour lui. Au creux de ses bras, au creux de sa voix, il y avait ces notes que la petite hermine traumatisée en l'Enwr reconnaissait sans même les avoir connues, tant elles parlaient à l'instinct. Un amour infaillible et pur, une protection indéfectible. L'être tout entier qu'était le bourgmestre de Caladon était façonné de cette essence paternelle. À moins que ce ne fut que pour lui ? Comment les autres, ses collègues, ses ennemis, ses connaissances, pouvaient ne pas le percevoir, quand le jeune Sainnûr ne voyait que cela ?
Il avait éloigné les pirates, avaient soufflé sur les souvenirs comme sur une bougie, les éteignant sans heurt. Leur réunion était complète, puisqu'il l'avait étreint, et c'était ainsi que le cœur de Valmys pouvait véritablement réaliser être sorti de ses tourments. Est-ce que tous les pères avaient ces pouvoirs-là ? Comment les développaient-ils ? Est-ce que lui aussi, un jour, serait l'Aldaron de quelqu'un ? Est-ce qu'il serait fait de cette magie inhérente à leur existence, qui permettait tant de miracles ?

Le petit être tout de fragilité avait essuyé ses larmes avec son poignet, et avec ces questions, son petit cœur se réchauffant peu à peu dans l'admiration et l'amour qu'il vouait à cette chaleur qui s'était déposée sur ses épaules. Il avait avoué à son père les méfaits dont il accusait l'Orque, une confidence qu'un autre n'aurait su lui ôter. Peu de choses, en somme... Pourquoi, alors, sa gorge se serrait autant ? Le contre-coup, peut-être, l'émotion, les souvenirs. Valmys n'aurait su définir avec exactitude l'origine de son ventre noué. Les indices de son angoisse étaient là, c'était tout ce qu'il pouvait savoir.

Ainsi, ils étaient en territoire vampirique. Rien de surprenant pour l'Orque et ses crocs, rien de surprenant pour le marchand et l'amant d'Achroma. Valmys baissa les yeux sur le repas. Deux parts de son corps, et deux parts de son esprits, se battaient pour savoir s'il fallait manger ou non. "L'ordre" avait été intimé par Aldaron. Alors, timidement, maladroitement, ses petites mains tremblant encore trop pour qu'il soit bien précis, l'Enwr commença à découper sa nourriture. Petit à petit. Lentement. Pour s'encourager, il porta effectivement le thé à ses lèvres, puis contre son torse. Voilà une boisson qui en valait le coup. Raffinée et réconfortante. Les pirates n'avaient rien de tel sur leurs foutus rafiots. Le thé avait le goût de la terre et des plantes, du l'eau, et de l'eau douce. Il réchauffait depuis l'intérieur, là où le gel savait si bien rester.

L'Enwr n'était toujours pas habitué à mêler actualité politique et intérêt personnel. Ainsi, les nouvelles qu'Aldaron lui apportèrent lui parurent lointaines et peu intéressantes, jusqu'à ce que ce dernier soit concerné. Ses faibles doigts avait raffermi leur prise sur ses couverts, comme s'il réalisait tout juste le danger qui rôdait autour de son bien-aimé père. Cette angoisse lui resta, jusqu'à ce que vienne l'affirmation selon laquelle Aldaron allait le rejoindre au Domaine. Voilà une décision qu'il approuvait. Le Domaine était un sanctuaire de paix et de sécurité, et Valmys regrettait autant que ses êtres aimés n'y résident à plein temps qu'il comprenait leur besoin de bouger. L'évocation de Celëborn parvint à le faire sourire, délicatement. Cela commençait à faire du monde. Il songea qu'un jour, où l'ennui les guetterait, il demanderait à son père de faire avec lui son arbre généalogique. Quels liens pouvait-il encore se trouver ?

Sa mine se referma lorsque le nom de l'Orque fut prononcé de la bouche de son père. Malgré toute la confiance qu'il pouvait avoir en Aldaron, Valmys ne pouvait s'empêcher de voir les "bonnes" actions que le pirate avait pu faire comme des excuses. Sauver des vies, pour mieux en briser. Si au fond de lui, l'Enwr approuvait que rien ne pouvait être noir et blanc, s'il reconnaissait la notion d'équilibre, sa raison s'effaçait devant les douleurs fantômes qui lui revenaient en pensant à ce faciès sombre et ces crocs d'ivoire. Il ne pouvait avoir de bons côtés. Il était impardonnable.
En revanche, cette même éducation qui le poussait à admettre que le bon n'existait sans le mauvais, le poussait à être sensible au fatalisme de son père. Tenir en laisse le mal tant qu'on le pouvait... Il comprenait. Il approuvait. De vagues signes de tête approuvèrent les déclarations d'Aldaron tandis que, tête basse, Valmys avouait auprès de lui-même qu'il se laissait dépasser par sa douleur sur certains sujets. Il avait fantasmé l'idée d'un monde sans Nathaniel. Désormais... Que pouvait-il rêver ? Un monde où tous les Nathaniel étaient tenus en laisse par son père, peut-être. Ou un monde où chaque victime de Nathaniel avait un père dans les bras duquel se blottir. Ou les deux. Un jour, peut-être, il bâtirait quelque chose en ce sens. Mais pas aujourd'hui. Plutôt un jour où ils ne seraient pas entourés de vampires qui voulaient leur peau, cela sonnait mieux.

L'aveu du mensonge par lequel l'Orque l'avait plié à ses volontés parvint à le mettre en colère. De rage, Valmys frappa la table, ce qu'il ne faisait jamais par respect pour le mobilier, et laissa échapper un grognement sur le ton de l'insulte. Mentir à un Enwr ! Se jouer de lui ! Fi de la miséricorde, cet homme méritait des gifles, méritait qu'on le laissa dans un temple avec une chanteciel, ou qu'on le jetât en pâture à quelque lié du vautour ! Il avait pourtant essayé de faire comprendre à cet esprit de lombric qu'ils pouvaient également s'entendre en toute intelligence. Mais l'intelligence n'était pas le fort de ce crâne de poisson. Ou alors, à mi-temps. Et de toute évidence, pas face à Valmys.

Afin de ne pas laisser échapper tout ce qu'il pensait d'un aussi mauvais stratagème, l'Enwr enfourna une grande cuillerée de son repas dans sa bouche. Moult insultes de bon aloi fusaient dans son esprit, aussi colorées que pouvaient l'être des insultes baptistrales. Il fit néanmoins de son mieux pour se calmer lorsqu'Aldaron le questionna sur le Graärh...

"- ...Il ne t'a pas vendu l'information ?"

…Eh, il avait fait de son mieux ! Qu'y pouvait-il si Nathaniel était mauvais ?
Valmys refit à Aldaron le récit qu'il avait fait au pirate. Tout commença avec le ver des sables qu'ils avaient retrouvé étrangement mort, puis avec les portails chimériques qui avaient téléporté l'expédition auprès de leurs ennemis. Il conta un Firindal maitrisé, une Hartea qui n'était plus elle-même. Puis vint l'arrivée de ce Graärh imposant, et cette tempête qu'il avait déclenchée. De nouveaux portails, pour sauver chacun... Et l'amerrissage. L'Enwr fut généreux en détails : la couleur de poils du Graärh, une approximation du nombre de chimères.

"- As-tu déjà entendu parler de quelque chose de semblable ?"

Il eut le temps de s'inquiéter, se poser des questions et, pris par l'épuisement et la lassitude, sa tête appuyée sur sa main, il demanda, désabusé :

"- Je trouve sincèrement cet archipel magnifique, mais... Au fond, sommes-nous vraiment les bienvenus ? Ne ferions-nous mieux pas de préparer un nouveau départ, vers une terre moins dangereuse ? Je ne suis pas sûr que les Graärh nous en voudraient de les laisser en paix."

Il vida son thé et, sachant combien ses dires n'étaient qu'utopies solitaires, il demanda, plus pragmatique :

"- Est-ce qu'Ivanyr va devenir Prince Noir ?"

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    Si Nathaniel lui avait vendu l'information ? Aldaron eut un sourire en coin alors qu'il secouait la tête de gauche à droite en signe de négation : « Et s'il avait essayé, j'aurais refusé. » Parce que Valmys allait lui être rendu, pourquoi payer pour une information qu'Aldaron aurait eu ensuite et de la bouche même de l'un des protagonistes plutôt qu'un discours rapporté. Non vraiment, un très mauvais investissement et le spirite du Saumon n'était pas de cette sottise-là. Il écouta alors le récit, avec soin autant qu'avec inquiétude. Une seconde couronne de cendres donc. Il n'aimait pas cette idée, pas plus qu'il n'aimait ce qui se profilait à l'horizon si jamais ils arrivaient à s'en sortir avec les chimères. « Oui, il y a eu une créature semblable à Nethéril. Un graärh prune du nom de Rog. » Il lui conta ce que Jangali lui avait rapporté, à Tryghild et à lui ainsi que son inquiétude au sujet de Purnendu qui avait disparu. Aldaron comptait bien retrouver le graärh.

    Lorsqu'il eut fini de lui raconter, il fit face à un Valmys dépité. L'elfe se mordit la lèvre inférieure : il n'avait pas espéré mettre son enfant dans un état de désarroi. Il tendit la main vers lui pour prendre la sienne et la serrer : « Oui, on peut toujours partir, courir, fuir. Mais je ne suis pas certain que cela ne nous rattrape un jour. Les chimères nous ont suivi jusqu'ici et je suis prêt à parier qu'elles nous suivront encore, renforçant leurs rangs de graärh qu'on aurait abandonnés ici. » Son pouce caressait le creux de sa paume : « On sait ce qu'on quitte, mais on ne sait pas ce qu'on trouvera ailleurs, si nous trouvons seulement quelque chose. » La première traversée aurait pu mal finir. Il y avait eu tellement de morts en chemin, à commencer par sa sœur Corinne. Aldaron n'était pas prêt à l'idée de perdre encore des êtres chers dans une fuite désespérée qui n'était destinée qu'à retarder l'échéance.

    « Les cauchemars et les horreurs ne sont pas de belles choses à affronter, mais il faut le faire tout de même, et tous ensemble. » Leur union était la seule chose qu'ils auraient pour constituer leurs forces. « Quant à Ivanyr... Oui, il va peut-être devenir le Prince Noir et je suis assez certain que ce sera la meilleure chose qui puisse arriver au peuple vampirique... Mais aussi à toutes les autres nations. » Il avait foi en lui et ses compétences. Depuis Saeros, aucun Prince n'avait tenu bien longtemps et n'avait véritablement tiré les vampires vers le haut. Achroma était d'une autre trempe. La domestique arriva pour annoncer que le bain chaud était prêt. Il adressa un sourire à l'immaculé : « Tu devrais y aller, cela te fera du bien. Je vais rester avec toi, ensuite, jusqu'à ton départ demain. Je vais peut-être être sollicité de temps à autre mais pour le reste... On pourrait faire quelques jeux, à nous vider la tête, qu'est ce que tu en dis ? »

    Il donna un coup de menton en direction de la porte : « File. » Puis rapidement, il ajouta : « Valmys, tu sais... Je t'aime mon fils. » Et il serait toujours là pour lui, même s'il devait traverser la nuit.

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Nathaniel avait donc eu un éclair d'intelligence en ne cherchant pas à vendre des informations à Aldaron. C'est que bientôt il aurait presque des qualités, ce petit ! Les crocs de Sainnûr de Valmys se refermèrent sur sa cuiller, de frustration. Faute de pouvoir passer sur l'Orque sa colère, il aurait souhaité avoir au moins une occasion de l'insulter, feuler, cracher quelque venin venu du fond de sa gorge. Le pirate ne lui accordait pas même cela. Une nouvelle meute d'insultes mentales fusèrent à son encontre.

Le reste des nouvelles n'améliora pas l'humeur du petit Enwr. D'abord les chimères, maintenant les couronnes de cendres. Le monde entier ne voulait pas d'eux. Ils étaient les mal-aimés, les enfants sans-sagesse des Huit. Peut-être auraient-ils dû simplement accepter leur destin, comme Mort l'avait fait avant eux. Se tourner vers le cycle de réincarnation pour laisser à Tiamaranta l'opportunité de n'être occupée que par ceux que le Contrat Originel n'avait visé. Maussade, Valmys écouta son père lui confirmer ce qu'au fond de lui il savait. Pas de fuite pour eux. Les peuples du continent maudit se devaient de faire face à leur destin, et en assumer les conséquences. Et s'ils parvenaient à défaire le fléau créé par Origine ? Cela paraissait si improbable. Si héroïque. Si... Bipède. Ils n'étaient peut-être pas sages, mais ils étaient imprévisibles d'audace et de témérité. Puisqu'ils étaient mortels et condamnés... Si un héros devait se lever, c'était là son moment. Qu'il prouvât à Valmys que la destinée n'était qu'une invention d'entités qui les sous-estimaient.

La tête baissée vers son repas, Valmys paraissait néanmoins regarder loin derrière, par-delà même le plancher, tant ses pensées partaient loin, entre l'idéalisme qui était dans sa nature, et la lassitude de son humeur d'ex-captif malmené. Il opina vaguement quand il fut question d'un Ivanyr Prince Noir. Cela allait lui faire de sacrés parents. Mais cela n'allait pas aider Ivanyr à passer plus de temps avec lui. S'il avait voulu dire quelque mot honnêté, Valmys aurait confié préférer qu'Ivanyr se libérât du temps pour jouer avec lui, lui apprendre ce que lui savait. Cependant, il était bien trop occupé à se convaincre que c'était là le mieux à plus grande échelle pour avouer regretter la distance entre son PapaPiouIncendiaire et lui.

Mollement, l'Enwr tourna la tête vers la domestique qui s'était occupée de son bain, et un faible sourire plein de fatigue et de reconnaissance lui fut adressé. Ses muscles endoloris de tensions avaient bien besoin que la chaleur les choie. Son esprit avait bien besoin qu'un peu de confort lui apporte de quoi oublier Nathaniel, ainsi que quelques forces pour à nouveau se tourner vers l'avenir, tant que ce dernier existait.
Le reste du repas de Valmys fut donc avalé fort prestement, pour obéir au mieux au coup de menton de papa piou. Tandis qu'il se levait, les mots de son père l'arrêtèrent. Ses pensées ronchonnantes se virent écartées par un nuage de papillons multicolores. Un petit sourire aussi niais qu'innocent étira les lèvres du grand enfant. Contournant la table, il vint passer à nouveau ses bras autour de son père, plus délicatement. Un câlin tout gentil, tout doux. Un câlin qu'il aurait fait exactement de la même façon s'il avait eu quatre ans.

"- Je t'aime papa."

Il profita pleinement du câlin, et de la sécurité chaleureuse que ce dernier apportait. Certains ne pariaient que sur les liens du sang. Le sang, le sang, la lignée, l'hérédité, cette relation censée se créer par les corps. Ils étaient tous stupides. Aucun lien de sang jusqu'alors n'avait atteint la cheville du lien que lui et son père avaient ensemble tissé, tressé. Aucune confiance n'égalait celle de Valmys envers cet elfe plus adulte que lui. Au fond de son cœur, il le savait, Aldaron était devenu ce pilier inébranlable qui lui avait tant manqué jadis.
Dans l'étreinte de ses petits bras, il y avait tout cela.

Et quand, un temps indéfinissable plus tard, il s'apprêtait à les séparer en passant l'encadrement de la porte, Valmys ajouta, plus adulte :

"- Merci."

Au fond, quel goujat aurait-il été s'il n'avait pas, au minimum, remercié son père. Pour l'avoir sauvé, pour avoir été dans son cœur au bon moment, pour l'instant qu'ils venaient de passer, et ceux qu'ils passeraient ensemble.
La porte passée, Valmys songea, rêveur, que si avoir un père impliquait des devoirs pour le fils, il était désormais prêt à les embrasser.

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