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descriptionLe délicat parfum du foyer [PV Rey] EmptyLe délicat parfum du foyer [PV Rey]

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12 Août 1764
Légion de Vat’Aan’Ruda

 
Le silence régnait. Les ombres ondulantes des paravents flottaient sur le sable poudré du carmin de l’aurore. Le vent attisait un sifflement scabreux qui se dérobait sur la courbe des demeures Graärh. Dans la cité, les sentinelles organisaient leur bal de ronde au milieu des allées, des tentes et des huttes installées. Ils ne se pressaient pas à leur tâche. Ils n’avaient pas non plus toute leur attention tournée vers la patrouille. Les derniers mois n’avaient pas laissé traîner beaucoup de grabuges ; quelques anicroches de-ci de-là, des disputes sans importance pour la majorité ; des ashuud un peu trop scrutateurs ; des prédateurs un peu trop proches des environs. Ils avaient bon espoir qu’il en serait ainsi pour les prochaines semaines à venir. En vérité, tous avaient de brefs pétillements d’excitation dans le regard. Ils attendaient la cérémonie des moussons qui marqueraient la fin de l’été suffoquant du désert. Magie et spirites feraient la part belle aux spectacles. A défaut du silence, ils auraient alors droit à de la distraction. 
 
Ainsi, loin de leur attention, Asolraahn se glissa à l’abri dans l’obscurité d’une toile tirée. Il se faufila sous leur inspection et descendit de la colline du conseil avec l’aisance d’un chat sauvage. A l’aide de son spirite du chat, ses bruits de pas se turent. Il n’avait enfilé en tout et pour tout qu’un pagne destiné à masquer son pelage opalin, facilement repérable même dans les recoins les plus sombres. Il portait également une bandelette en cuir noir pour porter son bâton dans son dos. Il escomptait ne pas attirer l’attention avec un tel artifice. La discrétion était à son goût une partenaire indolente ; elle ne se prêtait pas à ses avances et se destinait très peu à ses derniers usages. L’apparence qu’il avait développée pour cette escapade, il ne l’avait utilisé que rarement, à des moments où les autres possibilités se conglutinaient en d’impossibles solutions. D’ordinaire, même des humains étaient capables de le repérer dans le noir le plus profond. C’était encore plus difficile quand les personnes qui pouvaient vous dénicher étaient des êtres aux sens bardés de talents comme ceux de son peuple. 
 
C’était donc peu de dire qu’il fut satisfait de la tournure exceptionnellement bonne de son expédition nocturne. 
 
Il arriva face à un wigwam niché dans un petit vallon de terre, où le spectre limpide des premières lueurs ne parvenait pas encore à gratter la surface de son toit. Le géant opalin ne s’annonça pas, il ne perdit pas de temps en hésitation non plus. S’il avait réussi jusque-là à tromper la vigilance de quelques sentinelles, il ne fallait pas pousser la chance. Il entra sans mot dire. A l’intérieur, un jeune Graärh leva un museau irrité dans sa direction, l’air las et vaguement ennuyé. Mais lorsqu’il le reconnut, il se leva d’un mouvement en miaulant avec maladresse : 
 
-Tribyoon, vous m’honorez…
 
-Silence, petit. 
 
Le félin s’interrompit à son ordre, parut s’alarmer d’avoir commis la plus honteuse des bévues, puis hocha la tête avec obédience. Il n’avait manifestement pas l’habitude de tremper dans de tels complots, et en dépit de son assurance, Asolraahn n’était pas sûr d’être guère plus à l’aise. Il se défit néanmoins avec des gestes minutieux du sac qu’il portait sur le dos. Il l’ouvrit et farfouilla dans son contenu avant de sortir un petit drap en lin. Il le tira d’un geste, si bien que l’objet dissimulé dedans creusa une forme dans le tissu. Il le tendit au jeune Graärh. Ce dernier le récupéra en observant le drap avec intérêt. Le géant opalin feula lorsqu’il se pencha pour examiner l’amulette à l’intérieur :
 
-Ne le défait pas ! murmura-t-il. Transmet-la à celui qui t’a amené à moi. 
 
-Et que devrai-je dire à l’araignée, Tribyoon ? 
 
-Je crois que dans cette affaire, moins tu en diras mieux cela vaudra, répondit Asolraahn avec un ronronnement amusé. Remet-lui simplement le drap et il comprendra. Il comprendra que j’ai trouvé l’Epervier, celui qui porte la Blessure pâle. Il comprendra que j’aurai enfermé ce bien de puissance dans la prison qu’il m’aura fourni.
 
-Ce sera fait, promit le jeune félin. 
 
Asolraahn lui jeta un ultime regard avant de sortir du wigwam en silence. 
 
* * *
 
Le jour se levait. Après avoir accompli sa tâche, la cité des wigwams lui parut soudain étrangement déserte. On n’entendait au loin que le son étouffé des bâtisseurs Garal qui s’affairaient sur le comptoir de commerce destiné à la délégation sélénienne. Depuis qu’il était de retour, Asolraahn avait pu l’observer de loin et discuter avec les maîtres de cet ouvrage. Ils n’avaient pas fait dans la dentelle. Si la plupart des habitations de la légion se constituait de wigwams et de huttes prêtes à supporter les affres de la chaleur, le comptoir était quant à lui construit dans le bois sombre d’un dattier. Comparé à ce qu’il y avait autour du campement, son aspect tenait plus de la forteresse de première jeunesse que d’une ambassade. Asolraahn s’estima heureux de ne pas voir de douves hérissées de piques comme à l’extérieur des palissades. Il ne pensait pas que les humains accepteraient de s’installer dans une résidence aussi menaçante. 
 
Le géant opalin se détourna du bruit. Il se dirigea vers les murs de la cité, recroquevillés comme des pattes de lézard géant, et grimpa sur le rempart. Il observa la plaine de Stymphale et ses environs. Une ligne basse de colline se dressait comme les vagues tumultueuses d’une mer en furie. Dans le lointain, le soleil se faisait le piédestal du monde, ses mâchoires dorées grignotaient assidument la cime décharnée des montagnes du canyon Karaptia. Asolraahn ronronna longuement et son pelage frissonna de plaisir. Ces terres. Cette île. Cette légion. Tel était la place qui était sienne. Ce n’était certes pas comme son île natale. Il y avait maintes tâches et bien des sujets qui requéraient son attention. Leurs ennemis se renforçaient tandis que la légion reconstruisait encore ce qui avait été perdu et forgeait timidement les alliances qui seraient un jour les tributaires de sa pérennité. 
 
Ce n’était pas non plus un pays marbré de gel, avec des igloos luttant contre le blizzard. Mais c’était chez lui désormais. D’un point de vue affectif, son chemin s’était éloigné de celui des Trands des années plus tôt. Le sable de Néthéril avait rapidement recouvert les empreintes derrière lui. Puis ce fut le sang et la haine à Atghalan qui mit définitivement un terme à cette route qu’il aurait souhaité reprendre. 
Depuis, sa vie d’antan avait été perdu aussi sûrement que son existence future avait été assurée. Il passerait le restant de ses jours à évaluer le prix de cette perte. A chacun sa voie.
 
Et Asolraahn comptait bien protéger Vat’Aan’Ruda jusqu’à la fin.
 
Immobile, le Tribyoon guettait le lever du jour de ses yeux de glace. 
 
Il remarqua alors un attroupement à l’Est, au-delà des murs de la cité. Asolraahn crut d’abord qu’il s’agissait d’un groupe de shikaaree revenant d’une chasse nocturne. Ce fut l’absence de leur mouvement qui le prévint que quelque chose n’allait pas. Dans le ciel, un aigle tournoyait. Une charogne, juste au-dessus d’eux. Le géant opalin n’aimait pas les présages. D’habitude il y croyait peu, mais dans les autres cas, cela le mettait mal à l’aise. Ce rapace fit frémir son pelage à lui seul. Il prit son bâton et l’attacha à la lanière de cuir ceinte dans son dos. Il s’élança ensuite au-dessus des murs, passa au travers des douves piégées et rejoignit la troupe. Celle-ci se tenait près d’un vieux baobab tordu par le courroux des tempêtes. Son ombre couvrait la troupe d’un lit obscur, si bien qu’il eut du mal à distinguer le sujet de l’agitation. Car s’il fallait dénoter de quelque chose, c’était que les Graärh rassemblés étaient agités ! En outre, le géant opalin entendait des feulements au sein même de la troupe. 
Et des pleurs. 
 
Il pénétra au coeur du rassemblement sans effort. Sur son passage, les Garal le reconnaissant s’écartèrent sans émettre de protestations. Ce qu’il vit alors embrasa sa colère tout autant que sa peine. Sur le côté de l’arbre, un graahron gisait sur le côté. Une morsure d’un pied au bas mot avait tracé de cruels trous sanguinolents dans son vêtement poisseux. Une Garal près du corps entonnait un chant funèbre accompagné de miaulements déchirants. Sa mère sans l’ombre d’un doute. En le voyant arriver, elle s’écria : 
 
-Où étaient vos sentinelles, Tribyoon ? Où étaient-elles pour protéger mon fils ? Une bête sauvage l’a massacré sous mes yeux tandis qu’une légion entière regardait sans rien faire ! 
 
Puis elle retomba dans ses pleurs, la mine effondrée. Asolraahn se tourna vers les Garal attroupés avec un regard dur : 
 
-Où est cette bête ? (Il haussa la voix)  Est-ce que quelqu’un ici peut me dire où est allée cette créature ?!

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Un clapotis incessant semblait être le seul bruit qui rappelait au cours du temps, en cette nuit chaude sur les terres de Néthéril. Le tissu de la tente mais également demeure de Reynagane oscillait doucement à l'aide de la brise nocturne. Un coin de l'ouverture venait inlassablement frapper une des poutres et le cri d'un rapace au loin annonçait bonne chasse. À l'intérieur de ce monde un peu mis en pause, une Gräarh au ventre à même son lit de fortune n'avait toujours pas réussi à trouver le sommeil. Et pourtant, à l'heure ou la température était la plus basse en cette période, le soleil n'allait pas tarder à se montrer de nouveau.

Les yeux vers la toile qui cognait, Reynagane ne pouvait pas penser au sommeil. Elle ne pouvait même pas sentir une once de douleur face aux poils qu'on lui avait arraché pour les remplacer par l'encre blanche du tatooglyphe offerte par la quatrième Couronnes. Il n'y avait sur elle depuis que l'encre faisait partie de son corps, qu'une grande angoisse personnelle face à la puissance indescriptible du tatouage. Le souffle coupé de temps à autres en pensant à ce qu'elle avait fait. Ce qu'elle avait sur elle sans en connaître encore tout les pouvoirs, elle osait se demander si elle avait prise la meilleure solution. À l'instant même ou l'artisan qui avait accepter  de lui offrir ses services, avait poser ses talents sur ses épaules jusqu'aux bouts de ses griffes, Reynagane avait sentit tout de suite une vague déferlante enivrer l’entièreté de ses membres. Elle avait bien verser une larmes ou deux. Mais pas pour les raisons que l'on peut s'imaginer. Non. Cette défaillance au sain même de son esprit consolider par ses dernières aventures était dû principalement au lien qui l'avait d'un coup rapprocher de ses deux Esprit-Liés. Comme si en une fraction de seconde, la Gräarh avait traverser un océan entier pour se rapprocher de ceux qu'elle vénérer. Arrivait-elle à rester debout ? Arrivait-elle encore à entendre ?

La femelle soupira longuement au cœur de sa petite toile. Baissant les yeux une ultime fois sur ses bras pour y voir danser comme un liquide chargé de millier d'étoiles cette encre sur sa peau, Reynagane n'arriverait dans tout les cas, pas à dormir cette nuit-là c'était certain.

On ne pouvait pas dire en plus de ce nouveau présent qu'elle était passé inaperçu à son retour dans la Légion. Si l'aide majestueuse et improbable du grand Feu de l'Ire n'avait pas eut lieu, peut-être aurait-ce été autrement. Mais ce qui avait été, serait toujours et oui, Reynagane Shäa avait survécu à son voyage. La petite, naïve, trop gentille et faible Reynagane n'avait pas péri en compagnie des Humains mais pas que.

Décidant enfin à se lever, la Gräarh ne pu cacher un sourire satisfait sur ses babines fines en revoyant quelques têtes de Gräarhs surpris. Son sourire se voilà cependant bien vite à l'idée qu'elle n'avait, depuis son arrivée, eut encore aucune nouvelle de Nyana. Elle venait juste d'arriver. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. … Si ?

Reynagane chassa ses pensées en secouant ses oreilles faisant cliqueter ses anneaux au passage. Agrippant un sac plus léger que celui avec lequel elle voyageait, la Gräarh quitta sa tente et toutes ses angoisses avec pour venir humer l'air nocturne de Néthéril. Partout autour d'elle, des Gräarhs dormaient. Quelques mouvements ici et là dansaient au rythme des flammes qui permettait un petit éclairage dans les allées. Son regard fixa deux jeunes femelles Gräarhs qui s'attaquaient déjà à leur atelier de bois alors que les étoiles brillaient encore haut dans le ciel.

Ses pattes la guidèrent finalement à l'extérieur de la Légion ou le silence déjà présent semblait prendre une plus grande ampleur tandis que le désert recouvrait l'horizon. Au loin, par delà les collines noires, le ciel s'éclaircissait en une pale gamme de violet. La question était maintenant : qu'allait-elle donc faire à marcher ici, elle qui avait bien faillit se faire écraser par des sthymphalis quelques jours auparavant.

Expirant l'air de ses poumons, la Gräarh avança une bonne heure en s'éloignant de la Légion en ramassant des plantes médicinales qu'elle trouvait sur son passage. Des petits gestes qui faisaient tant de bien à l'esprit. Des choses qui rappelaient au bon vivant et à une vie qu'elle avait mené il y a longtemps maintenant.

La femelle avait finit sa boucle pour revenir vers sa demeure de fortune et l'aube approchait enfin offrant un ciel aussi splendide que pouvait offrir Néthéril. Les pattes chargées d'un bon bouquet de carazane, d'épaisse tige à l'odeur amer mais extrêmement utile pour apaiser les douleurs articulaires, Reynagane décida de s'arrêter à moins d'un kilomètre de l'entrée de la Légion pour reposer ses pattes en profitant du lever du soleil. Son apaisement retrouvée ne dura pourtant que quelques minutes à peine alors qu'une odeur forte fut apporter par la brise du matin.
Instinctivement, la femelle rangea ses plantes dans son sac alors qu'un cri de douleur plus bas retentit. Les oreilles droites, les pupilles étrécit, la Gräarh quitta son petit promontoire en dérapant sur les cailloux poussiéreux dans la descente. Alerté par un second bruit bien plus proche d'elle cette fois-ci, Reynagane réussit tout juste à se tapir dans la descente rocailleuse avant d'apercevoir une grande forme bestiale disparaître dans des herbes hautes. Rompant sa respiration pour être sûr de ne pas se faire repérer, son cœur battait si fort qu'elle avait du mal à croire qu'elle passait inaperçut. Qu'était-ce donc que cette chose ? Un smilodon ? Il paraissait pourtant plus sombre, et qu'en bien même, ces animaux ne s'approchaient généralement pas si proche de la Légion.

Après être sur et certaine qu'elle ne craignait plus rien, Reynagane rampa à quatre pattes quelques mètres avant de reprendre sa course rapide, son sac se faisant ballotter en tout sens sur son dos.
Le cri avait ramené une bonne troupe de Gräarhs feulant et inquiet dans le coin. On ne la remarqua même pas arriver de la savane alors qu'elle se fondait dans la masse pour voir ce qu'il s'était passé. La rage et la peur remplissaient ses narines en lui donnant déjà une migraine désagréable. Un mâle à la forte musculature se trouva finalement à lui bloquer le passage et elle n'eut pas d'autre choix que d'observer la scène en baissant la tête. L'inquiétude, l'angoisse, le chagrin et la colère. Toutes ses émotions l'arrachèrent à sa curiosité lorsqu'elle vit le désespoir d'une mère face à son petit sanguinolent en train de cracher sa hargne à... Tribyoon ? Avait-elle des abeilles dans les oreilles ou est-ce qu'Asolraahn était bel et bien présent ?

Sa question fut de courte durée dans sa tête puisque la voix du géant Opalin retentit dans l'assemblée. Une patte forte bouscula l'épaule de Reynagane et de ce mouvement hasardeux et violent, elle pu enfin voir la grande crinière du Gräarh blanc.
La femelle ne su pas trop comment interpréter le soulagement qui allégea ses épaules à la vue du Tribyoon mais peu importait pour le moment, Asolraahn était un esprit grand et affûté capable de se faire entendre et respecté parmi tout ces autres félins.

Tapotant l'épaule du mâle musclé devant elle, la femelle soutînt son regard perçant lorsqu'il tourna sa tête vers elle en montrant les crocs.

- Je dois passer l'avertit-elle sans perdre son sang-froid.

On pouvait bien dire ce que l'on voulait d'elle mais elle n'avait plus peur de ces regards mauvais et de ses langues noires.

Avec un peu d'insistance, la féline s'extirpa du groupe tandis que quelques Gräarhs disaient avoir entendu des choses étranges dans le coin depuis le commencement de l'aube.
La queue battant l'air par l'agacement de certains débiles qui n'avait pas voulut la laisser passer, elle pouvait enfin voir l'entièreté d'Asolraahn. Son regard chercha celui du Tribyoon dans la cohue générale mais en vain alors que beaucoup commençait à parler en même temps.  

Les cris de la mère et du petit parvinrent alors de nouveau jusqu'à elle et sans attendre le pourquoi du comment, la Gräarh se dirigea vers le graarhon au pied de l'arbre.

- Je vais t'aider petit chuchota t'elle de sa voix douce avant d'éviter de justesse un coup de griffes sur son museau venant de la part de la mère.

- Qui es-tu pour venir ici donner de l'espoir à mon petit ! Les Esprits n'oseront pas le toucher si tu poses tes sales pattes sur lui.

La rage et la tristesse de la mère cognait fort dans l'ouïe de Reynagane mais ne se laissa pas démonter pour autant. S’accroupissant au côté du petit, la Gräarh attrapa cette fois-ci la patte à la volée d'une deuxième tentative de la mère en plongeant son regard dans le sien avant de l'avertir :

- Si tu essayes encore une fois de me frapper, ton petit aura perdu trop de sang pour pouvoir être sauver. Je ne crois pas que c'est ce que tu souhaites. Il n'y aura pas de chant funèbre aujourd'hui si ce n'est celui qui a fait sa à ton petit.

La mère d'abord hésitante lâcha prise en s'effondrant à côté du petit qui commençait à tourner de l'oeil, laissant Reynagane en possession de ses deux pattes. Soufflant un coup extirpant la fébrilité et ses angoisses proches qui s'attaquaient à la muraille qu'elle avait façonner dans sa tête, Reynagane observa quelques secondes la plaie béante sur la patte du petit. Posant ses pattes sur les trous causées sans doute par de gros crocs, la Gräarh souffla de nouveau en fermant les yeux afin de se concentrer au maximum. Ouvrant son esprit pour ne plus entendre le brouhaha autour d'elle, il n'y avait qu'une seule chose qui importait, c'était d'utiliser le don qui l'a liait à l'Esprit du raton-laveur. La charge était si puissante qu'elle ne sut d'abord pas comment faire pour utiliser comme d'habitude ses pouvoirs de guérison. De sa voix, Reynagane en fit sortir un chant qu'elle avait appris de cela il y a une éternité.  Quelque chose avait changé et la preuve de la force du tatouage se matérialisa lorsqu'elle rouvrit les yeux sur ses pattes pour y voir le sang cesser de couler, les fibres musculaires se remanier et la peau se refermer enfin. Le regard ébahis de la mère n'était en rien à celui qu'elle portait à ses propres pattes ensanglantées. Comment avait-elle pu refermer cette blessure par ce simple chant ?

Gardant ses réflexions pour soit, le graarhon reprenait déjà connaissance et Reynagane n'avait absolument rien d'autre que de la carazane peu efficace pour soulager de telles douleurs.  Elle n'eut cependant pas trop de temps pour réfléchir à la suite que la mère se jetait sur son fils avec un ronronnement proche du tremblement de terre.

Laissant les larmes de joie recouvrir les larmes de désespoir, Reynagane se releva en époussetant ses pattes maculées de sang dans une poignée de poussière qu'elle venait de récolter. Puis elle cligna des yeux, un peu, puis beaucoup en fronçant son museau devant les regards sur elle. Des Gräarhs continuaient encore submerger Asolraahn de question et de remarque et malgré que la féline avait l'impression que cela faisait des heures qu'elle avait commençait le soin, à peine une ou deux minutes ne s'étaient écoulés entre les deux.

- Tribyoon articulais-je en m'approchant, laissant mon sac à côté du petit et de la mère par la même occasion.

Son cœur battait plus d'embarras cette fois-ci, car si elle n'avait que faire de tout les autres, elle ne se moquait pas de ce que pouvait penser Asolraahn. Et l'embarras, elle en avait beaucoup puisque elle n'avait pas vu le géant blanc depuis bien longtemps. Beaucoup de chose s'était passée depuis.

Une patte poussiéreuse sur le cœur, les oreilles basses, Reynagane espérait que parmi ce fourbie générale il l'entendrait.

- Une créature quadrupède et sombre s'est faufilée par de-là les barrières d'herbes plus à l'ouest d'ici. Je n'ai pas eu le temps d'y avoir d'avantage de chose en revanche. Je peux vous y conduire.

Toujours la patte sur le cœur et la tête baissée, son regard restait rivée sur le sol. Peut-être serait-il bien en colère après tout, cela était légitime. Mais elle n'osait se présenter d'une autre façon alors qu'autant de Gräarhs se tenaient ici.

descriptionLe délicat parfum du foyer [PV Rey] EmptyRe: Le délicat parfum du foyer [PV Rey]

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-Je l’ai vu passé Tribyoon ! Je l’ai vu aussi sûrement que le soleil descend dans le ciel ! Il a surgi d’une colline et s’est jeté sur les nôtres avant de disparaître comme une mauvaise brume du marais.

-Le petit ! Est-il mort ?

-J’ai cru voir un smilodon. Etait-ce un smilodon ?

-Je ne suis pas sûr, mes yeux ne sont plus ce qu’ils sont...

-Oui il est mort. Je connais son père. Sa perte le mènera vers la folie…

-Par les Esprits, mais qu’attendent les shikaaree pour donner la chasse…


Le géant opalin se releva et siffla une stridulation acérée de corbeau à travers toute l’assemblée. Il foudroya le sol d’une salve brutale de son bâton. La foule laissa échapper un dernier murmure. Puis les Garal qui se bousculaient sous le vieux baobab se turent soudainement. D’ordinaire, les esprits n’étaient pas si échauffés près du camp de la légion. Mais la venue des moussons et la cérémonie qui les accompagnaient excitaient les pensées de contestation. Elles livraient un vent tenace d’âpretés des comportements. Dès lors, même le félin le plus calme ne demeurait pas oisif lorsque s’élevaient les premières rumeurs de crise.

Asolraahn ne comptait pas pour autant relâcher l’étau qu’il venait de resserrer sur la troupe mal établie. Son injonction sauvage avait trouvé candidat et lorsqu’une telle morsure avait prise, il fallait appuyer plus fort pour garder le contrôle de la situation. Un vieux truc de vétéran. Ca avait son utilité lorsqu’on avait l’habitude de gérer des guerriers aux instincts grivois. Si les Garals s’apaisèrent grâce à sa présence, cela n’avait pas pour autant régler leur soucis premier. Il gronda sur deux guerriers qu’il aperçut dans le rassemblement et leur intima de le rejoindre. Dans la foulée, d’autres Graärh quittèrent les rangs ou repartirent en direction du camp. Quelques cueilleurs qui portaient toujours leur baluchon sur le dos s’en allèrent dans la plaine pour prévenir les éventuels retardataires que les lieux n’étaient pas sûrs. Les deux shikaaree qu’il avait appelé finirent par approcher. Ils étaient tout deux de sombres et d’argent en poil, le regard d’acier et la mâchoire volontaire. Asolraahn leur ordonna de rallier les légionnaires des Guépards Célestes pour organiser une traque dans les environs.

Le vacarme autour de lui était insoutenable et engourdissait sa réflexion. Quoi que fut cette bête, elle avait pris un risque énorme pour s’approcher autant des habitations.

Cela ne laissait que deux possibilités : soit la créature était suffisamment affamée pour gager sa vie sur une seule chasse, soit elle ne craignait aucunement les Garal. Dans le second cas, cela amenait à une interrogation encore plus intrigante. Quelle créature pouvait se targuer de ne pas redouter la légion ? En cela, les réponses seraient à trouver en second lieu. Car l’important aujourd’hui était d’inculquer la crainte dans le coeur de cette bête.

- Tribyoon.

Le mot avait été prononcé suffisamment proche de lui pour qu’il puisse entendre l’accent et les inflexions fuselées de la Graärh. L’oreille d’Asolraahn tiqua à ce contact, car il reconnut la voix qui en portait les stigmates. Il se retourna subitement et parla avant même d’avoir posé la prunelle gelée de ses yeux sur elle :

-Reynagane Shaa.

Le ton était neutre, pas hostile mais certes pas bienveillant. Il la toisa silencieusement. L’on ne distingua de sa nervosité soudaine que le pianotement intempestif de ses griffes sur la hampe écailleuse de son bâton. Ce fut Reynagane qui alors brisa le silence entre eux :

- Une créature quadrupède et sombre s'est faufilée par de-là les barrières d'herbes plus à l'ouest d'ici. Je n'ai pas eu le temps d'y voir davantage de chose, en revanche. Je peux vous y conduire.

Un miaulement d’effarement parcourut les Graärh à l’instant où un autre, plus fin et plus effrayé, surgissait derrière Rey. Le géant opalin se détourna de la guérisseuse et observa la mère et l’enfant sous le baobab. Le graahron, qui quelques minutes auparavant était aussi immobile qu’une chiffe molle, regardait maintenant dans toutes les directions, à la recherche d’un appui familier où conserver ses émotions. Bien vite, sa mère le prit dans ses bras et poussa une clameur joyeuse à la vue de ce miracle. La troupe réunie ne tarda pas à réagir en dévisageant la responsable. Après un instant d’hésitation, les traits graves d’Asolraahn se reportèrent sur eux :

-Y a-t-il d’autres blessés ?

On lui répondit par la négative, dans un bel ensemble.

-En ce cas, quittez ces lieux ! (Il désigna le graahron et sa mère d’un doigt griffu et furibond) Emmenez-les avec vous et protégez-les. Vous avez la responsabilité de leur vie ! Je ne veux plus voir aucun Garal à l’extérieur des murs. Allez, on s’active !

Sur son commandement, les Graärh reprirent enfin vie. Le sable fut remué en petites volutes poussiéreuses lorsque le rassemblement se dissout sous ses yeux. Mais l’affaire était sur toutes les babines et les truffes sur le qui-vive, à la recherche d’un éventuel retour de la bête. Dès lors que l’attroupement se sépara, personne n’osa demeurer plus que de raison dans les parages.

Le géant opalin porta alors son attention sur la jeune Ashuud. Il la détailla avec lenteur, remarqua le tracé sinueux d’un tatooglyphe immaculé sur son pelage. Il vit aussi ses vêtements propres, à peine teintés du sable doré de Néthéril. La jeune Graärh devait être là depuis quelques jours, sinon son voyage l’aurait vraisemblablement ramené éreintée et couverte de poussière. Depuis quand était-elle revenue dans la cité des wigwams, Asolraahn aurait bien voulu le savoir. Il n’était pas commun qu’une Ashuud réussisse à revenir sur les terres de Vat’Aan’Ruda avec autant d’aisance et sans subir de représailles. Ou en avait-elle eu sans se manifester ?

Qui sait. Elle devait avoir changée depuis tout ce temps.

C’était curieux de la revoir après des mois passés à reformer la légion et d’autres à survivre dans l’environnement étranger de Calastin. A l’époque, elle avait apporté une aide non-négligeable aux négociations avec les sans-poils du Nord. Elle avait toutefois embrassé leur cause avec une énergie bien différente de celle de ses semblables. Galvanisée par les paroles de l’empereur Claudius, elle avait quitté Néthéril et son peuple sans un regard en arrière. Ou peut-être avait-elle refusée ce regard à la légion de crainte de revenir sur ses pas, vers ce qu’elle considérait être des souvenirs trop douloureux et un avenir incertain ? Ce fut ce à quoi songeait Asolraahn comme il contemplait la jeune guérisseuse aujourd’hui revenue de son long voyage.

Elle n’en menait pas large avec sa fine silhouette et sa petite besace au côté. En dépit de son pelage conforme à la figure graveleuse de Néthéril, la petite Graärh ne semblait pas coller au décor. Elle avait beau être de retour, restait qu’elle ne saurait nommer un seul Graärh dans tout le campement. Elle ne saurait désigner une demeure et y affubler une propriété. Savait-elle seulement quand la cérémonie des moussons avait lieu ? Le géant opalin supposait que non. Elle était partie voilà trop longtemps. Elle jetait des regards en coin à ses congénères, grelottait de leur passible indifférence à son égard, tremblait de leur éventuel intérêt car alors elle aurait dû se montrer sous son vrai jour. Et il y avait souvent de la honte à se prétendre Ashuud.

Comme de juste, et en dépit de tout ce qui la caractérisait, la jeune guérisseuse n’avait pas plus sa place chez eux qu’un poisson dans un désert :

-En définitive tu es égale à toi-même, Reynagane Shaa, déclara gravement Asolraahn. Libre sans l’ombre d’un doute, et bel et bien imprévisible. Une vraie vagabonde. Tu disparais des mois durant au mépris de notre invitation à te faire légionnaire, puis tu reviens de nulle part avec les mots les plus crus du jargon et un ton plus inodore que le sable. Déjà prête à partir à la chasse, qui plus est.

Il omit d’ajouter qu’il lui trouvait une mine bien plus affûtée, pas paisible pour un sou, et un regard déterminé. Il se pencha alors et lui porta une petite pichenette sur l’épaule de la pointe de son bâton. Il rit avec sincérité avant de ronronner franchement. Elle avait beau ne pas être des leurs, ce n’était pas une raison pour ne pas être heureux de la retrouver. Mais il lui fut soudain rappelé le visage désespéré et cruellement affligé d’une guerrière au pelage sombre. Sa joie fut de courte durée et son sourire se figea quelque peu. Il reprit un ton plus dur, sans méchanceté :

-Et maintenant, montre-moi par où s’est faufilée cette maudite bête.

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Si Reynagane s'était imaginée dans sa grande naïveté voir un semblant de brillance chaleureuse dans les pupilles du géant blanc, la réalité était bien plus froide que cela. Instinctivement, ses oreilles ornées de boucles d'oreilles virèrent vers le bas comme si la gravité avait augmenté d'un cran soudainement, laissant les ordres droits d'Asolraahn faire le petit bout de chemin dans l'assemblée de Gräarhs restant.

Lorsque les derniers félins comprirent qu'il était temps pour eux de vaquer à leurs occupations, la Gräarh se permit de lever de nouveau les yeux vers le Tribyoon et ce qu'elle vit et compris dû puiser dans ses nouvelles forces de courage pour ne pas se ratatiner sur place tant le regard du mâle était chargé d'inspection sur l’entièreté de son corps. Et alors que le silence s'éternisait, que Reynagane regrettait de plus en plus d'avoir eu le cran de lever la voix, un léger frémissement lui parcourut l'échine lorsque la voix d'Asolraahn traversa les airs.

Sans mot dire, la femelle baissa les yeux en écoutant les paroles du Tribyoon, ne sachant absolument pas comment interpréter ses paroles. Ainsi donc, c'était ainsi que les Gräarhs l'a voyait ? Peut-être son voyage avait-il durer plus longtemps qu'elle ne le s'était imaginée. Cependant, si le doute l'avait piqué au début de cet échange, un point relevé par le géant blanc lui fit comme l'effet d'une petite décharge électrique dans le cœur. « Au mépris de notre invitation ». Elle l'avait entendu mais jamais elle n'aurait pu imaginé une seconde l'entendre de la gueule du Gräarh en face d'elle. Une seconde elle se demanda comment elle avait pu imaginer une seconde être accueillie de façon plutôt joviale de la part du Tribyoon, elle qui était partie sans un regard en arrière. Oui elle était naïve et cette naïveté la perdra peut-être un jour mais pour l'heure, Reynagane n'osa rien ajouter à toutes ses remarques qui lui faisaient monter le sang à la tête et la tristesse au creux du ventre.

C'est contre toute attente qu'un ronronnement sincère vînt s'étendre entre le grand blanc et la petite tigré, ce qui eut pour effet de laisser une Gräarh complètement perdue dans cette retrouvaille. Se posant alors des questions sur ce que pouvait réellement penser le Asolraahn de l'esprit lorsque celui fut vite rattrapé par une mine plutôt fermé, parlait-il tout compte fait en tant que Tribyoon ? Impossible de se détendre, même avec le pas en avant et le contact sur l'épaule du mâle pour détendre l'atmosphère, Reynagane garda une mine plus fermé qu'elle ne l'aurait cru sans savoir comment interpréter les signaux du Gräarh en face d'elle. Est-ce qu'Asolraahn lui-même ne savait pas trop comment se comportait avec une Ashuddh à ses côtés. Il est vrai quand prenant du recul, le Tribyoon prenait un risque à se faire voir en une si « mauvaise » compagnie.

Serrant les crocs sur ces sombres pensées, Reynagane hocha la tête à sa dernière phrase sans rien ajouter. Avec un peu de chance, personne ne sera amener à les voir ensemble.

- Par ici déclara t'elle une petite voix nerveuse prenant de l'intensité à la dernière syllabe. Elle paraissait bien grosse mais je ne l'ai vu que de loin et sans doute était-ce que l'arrière train de la bête avant qu'elle ne disparaisse entièrement dans les herbes hautes lâcha t'elle en remuant dans sa tête les mots que venaient de dire le Tribyoon il y a quelques instants à peine.

Les premières minutes de marches furent dans un silence presque entier si on ne prenait pas en compte la brise chaude qui se levait doucement à l'aube de ce nouveau jour. Soudainement, Reynagane se retrouvait à penser à plusieurs choses à la fois en tournant et retournant le « mépris de notre invitation » en boucle dans sa tête. Bien sûr, comment Asolraahn aurait pu savoir la douleur qu'elle avait subit pendant ces mois de questionnements. Comme une plaie infectée depuis bien longtemps, des amis, des rencontres et enfin avec un but en tête, la féline avait pu soigner la blessure mais à quel prix ?
Se sentant aller à respirer plus fort, la Gräarh se sentait obliger de percer l’abcès. Elle ne pouvait plus taire ses choses là et si des Gräarhs mal avisé ne pouvait rien comprendre à ce qu'elle allait dire, elle savait que le géant blanc aurait l'esprit aiguisé. Pourrait-il lui pardonner ?

- Lorsque j'étais petite, mes rêves de gräarhonne me portait toujours au-delà de l'horizon. Je me voyais exploratrice, aventurière, chercheuse de trésors ou de vieilles reliques des temps anciens. Mais la réalité a finit un jour par me rattraper et alors mes rêves se sont tout simplement modifiés.

Continuant à marcher, Reynagane porta son regard vers des dunes à contre jours plus loin pour essayer au mieux de contenir les émotions qui souhaitaient toute jaillir en même temps.

- Mais les premiers rêves, jamais on ne les oublie. Alors lorsqu'une porte s'est refermée juste sous mon nez, je n'ai pas attendu pour en ouvrir une nouvelle.  Asolraahn, quand est-ce que j'aurais pu mépriser le fait de devenir légionnaire alors que jamais plus l'on ne m'a regardé comme l'une des vôtres depuis mon retour ? Sais-tu...

Les paroles de la Gräarh devinrent soudainement aussi rêche que si elle avait eut une poignée de sable dans la gueule. Jamais elle ne l'avait dit à un autre Gräarh. Tant de mois... et pourtant.

- Sais-tu ce que cela fait... lorsque l'on est arraché sans comprendre ce qu'il se passe à tout ce que l'on connaît, lorsque l'on prie un jour, un mois puis un année, et encore une, et encore une dans l'espoir un jour de revoir ne serait-ce que la poussière danser dans le vent ou encore les voiles colorés chanter sous le soleil de Néthéril ? Je m'y suis accrochée, aussi follement que le voulait mon esprit et lorsque les Esprits ont bien voulut entendre mes prières et nous ramener chez nous, je n'ai retrouver que le mépris et le déshonneur. Déshonneur de quoi, je me le demande à ce jour en étant rejetée à l'état de pourriture qui doit refaire ses preuves pour prouver sa bonne foi.

S'arrêtant une seconde, le cœur de la Gräarh s'emballait dangereusement et une rage sans pareil vrombissait jusqu'aux creux de ses pattes. Elle perdait les pédales et ce n'était clairement ni le moment ni le lieu pour cela.

- Vous nous regardez, nous autres Ashuddh comme si nous n'étions que des déchets sur ses terres. Je ne parle pas aux noms de tous car certains méritent de tel châtiment mais pourquoi ceux qui ont payé pleinement les frais de l'esclavage doivent-ils souffrir encore d'avantage ? J'ai croisé bon nombre d'ancien esclaves Gräarhs durant mon voyage sur Calastin. Déchiré de leur peau ainsi que de leur esprit, sachant pertinemment qu'ils ne reviendraient pas ici pour ne pas avoir à entamer un nouveau combat. Ai-je été trop naïve de rêver du sable chaud de Néthéril  lorsque j'étais à Caladon pendant ces dures années ? Gronda t'elle en s'adressant principalement à elle-même. Ce qui m'a fait tenir ont été la présence de Nyana bien entendu mais aussi la force et l'espoir que j'avais de retrouver chez moi ! Est-ce ma faute ? Ma faute si ma vie a été totalement rayée lorsque je suis entrée dans cette cale de navire répugnante ? Ma faute encore si après tout ce que nous avions subit pour revenir chez nous, le décalage était bien trop grand entre mes attentes et la réalité ? Oh certainement, Reynagane n'est que poussière dans cette savane là. Tout compte fait, peut-être bien que Reynagane Shäa est morte dans ce navire pirate.

Sans se rendre compte que ses griffes commençaient dangereusement à se planter dans les coussinets de la femelle, Reynagane tenta un soupir dessiné par des vagues d'émotions.

- Je ne supportais plus tout ces regards Asolraahn. Alors comme mon rêve de gräarhonne j'ai pris le courage que je pensais perdue à jamais et je suis partie chercher réponses aux sujets des Couronnes de Cendres. Vous m'avez perdu. Dans un brouillard aussi épais que toxique.

La Gräarh avala sa salive et se força à essuyer une larme au creux d'un de ses yeux. Elle ne pleurerait plus.

- Mais maintenant, la lumière a percé la noirceur de mon âme. Je me relève et me prépare. Que l'on ne me jette plus la pierre pour un crime que je n'ai pas commis ou alors il est grand temps de faire évoluer les choses au sein de la Légion. Mais ça, ajouta t'elle en plaçant un petit sourire soulagée par le fait d'avoir lâcher tant de bile autour d'elle, ça ce n'est pas de mon ressort.

La gueule enfin fermée, Reynagane essayait tant bien que mal de calmer les folies de son cœur. Est-ce qu'Asolraahn allait la chasser d'ici. Elle reconnaissait avoir dépasser les limites de l'insolence. Elle en était la première étonnée, mais pour la première fois depuis des lunes et des lunes, Reynagane se sentait enfin certaine de tourner une page pour en ouvrir une nouvelle.

- Asolraahn, Tribyoon... si un jour la déception est venue à toi me concernant, j'en suis navrée à mon tour. Je sais maintenant ce que je suis et ce que je ne suis pas. Et je ne suis pas une Gräarh comme les autres ajouta t'elle en regardant le géant dans les yeux. Cependant je sais une chose, c'est qu'à l'heure ou je te parle, trois des quatre Couronnes de Cendres se balade tranquillement et s'arment pour une bataille gagnée d'avance si nous ne faisons rien. Les Couronnes sont nos ancêtres. Leur sang coulent dans nos veines ! Asolraahn, si nous ne faisons rien le monde tel que nous le connaissons court à sa perte.

descriptionLe délicat parfum du foyer [PV Rey] EmptyRe: Le délicat parfum du foyer [PV Rey]

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Le géant opalin ne voulait pas laisser les propos qu’il avait tenu noircir le cœur de Reynagane Shaa. Il s’en était fait le dépositaire, les avait déclamés sans arrière-pensée, dans le seul but de lui faire comprendre les conséquences de son retour. Revenir dans la légion était une affaire difficile, pour les traîtres comme pour les esclaves. Cela n’était pas de leur faute. A cause de la menace et du traumatisme que les pirates avaient engendré sur Néthéril, les étrangers avaient eu la vie dure ces derniers temps. Pouvait-on le reprocher à la légion ? Certainement pas. Avec des paroles mielleuses et des promesses chimériques, de nombreux Graärh avaient été perverti par les forbans. Ils s’en étaient allés au côté de leur maître, avaient parfois investi les places fortes des clans pour affaiblir le moral des légionnaires et semer la mort dans leur sillage. Mais Asolraahn ne pensait pas à mal en énonçant cette vérité. Plus que quiconque il savait le cœur de Reynagane Shaa pur. A dire vrai, son ordre suivant invitait la guérisseuse à ne plus ressasser cet état de fait. Il pensait que poursuivre l’animal responsable d’un tel chaos dans la légion réussirait à chasser les souvenirs douloureux et les ruminations.

C’était peine perdue.

Si instamment qu’il lui eut demandé de l’emmener sur la piste de la bête, la jeune guérisseuse s’exécuta brusquement et sans réponse. Elle lui laissa à peine le loisir de remettre son bâton en bandoulière dans son dos. Elle se glissa en dehors de l’abri offert par le baobab, partit sans se donner la peine de l’attendre. L’aurore n’était plus, mais le soleil se faisait encore plus pénible. Sans la couche de sable qui dessinait vaguement des traces jusqu’au taillis devant eux, Asolraahn aurait perdu la guérisseuse. Elle marchait d’un pas abrupt, d’un absolu silence, alors que son propre pas s’enfonçait lourd dans l’herbe à éléphant et lui réclamait plus d’efforts qu’à l’ordinaire. C’était qu’il n’avait guère prévu de se déplacer dans la savane aujourd’hui. De Reynagane Shaa, il n’aperçut bientôt plus qu’une tâche floue, fugitive et feutrée, qui se déplaçait comme un fantôme. De bien mauvaises pensées s’étaient traînées jusque dans ses yeux, tant et si bien que sa tristesse ainsi que sa rage étaient manifestes à travers le pelage même de son visage, jusqu’au tressautement sémillant de ses coussinets révoltés du sort de leur maîtresse. Bien qu’elle sut admirablement contenir son tourment durant leur marche, le géant opalin savait qu’un tel ressentiment ne pouvait rester piégé à l’intérieur du corps. Lorsque le mal pendait à la langue, mieux valait le libérer le plus tôt possible avant qu’il ne grossisse trop longtemps. Asolraahn se montra patient. Il la laissa le guider, la laissa choisir le lieu et l’instant où elle déciderait que c’en était trop.  

Lorsque cela arriva, ce fut non pas une déflagration mais un torrent de paroles qui se déversa de sa gueule. Le géant opalin s’était attendu à une remarque aigre, peut-être une tirade bien sentie, mais assurément pas à un pamphlet. Il révéla sans méprise toute la souffrance qui se cachait au sein de la petite guérisseuse. Asolraahn en eut beaucoup de soucis. Vat’Aan’Ruda avait été dure avec ses enfants perdus, trop pour ceux qui n’en méritaient pas la moindre once. Cela avait été nécessaire pour protéger la légion d’une guerre civile, mais certes pas à agréable à regarder lorsque le fruit d’une telle décision se retrouvait dans le regard d’une Graärh innocente et pleine de bonnes intentions.

Très vite, Asolraahn se sentit perdu. Ils s’étaient tous deux immobilisés dans le taillis et le géant opalin s’était installé dos contre le tronc d’un acacia, écoutant ses paroles avec la placidité d’une pierre. Pour n’importe quel légionnaire qui aurait provoqué une telle insubordination, le Tribyoon l’aurait sévèrement réprimandé et peut-être même châtié pour un comportement aussi outrecuidant. Mais voilà, Reynagane Shaa avait cet avantage peut-être de ne pas faire partie de la légion. Et d’avoir toute sa sympathie :

-Paix petite, proclama-t-il alors qu’elle enchaînait de son passé à un danger qui paraissait bien plus éloigné de leur conversation. Paix. Tu fais erreur sur le fond de ma pensée. Sache qu’il est inutile de me prêter une animosité que je ne possède pas à ton égard.

Ils ne pouvaient poursuivre cette chasse tant que cette affaire ne serait pas réglée. Alors que la guérisseuse était encore sous le coup de ses émotions, le géant opalin marcha vers elle et lui saisit les pattes. D’autorité, il les ouvrit. Il les inspecta longuement, les renifla, en silence. Il sentit l’amertume des plantes médicinales, perçut la fragrance finement salée des larmes qui avaient coulé. De sa griffe, qu’il avait plus long et noir que celle de Reynagane, il tâtait les nodosités et les cals de ses paumes, il étalait les grains de sable qu’elle avait ramassé durant sa marche, il s’attardait sur les croûtes de sang toutes fraîches qui appartenaient au graahron à qui elle avait redonné vie. Il la relâcha assez brusquement. Puis il recula en hochant sa tête argentée avec colère :

-Pour une Reynagane tombée en poussière et abandonnée dans la cale d’un navire pirate, tu m’as l’air bien vivante, quoique je te trouve un peu changée et… pittoresque. Tu n’es plus la Graärh qui est venue nous rejoindre dans la légion avant de partir auprès des humains. Tu es plus forte, plus assurée et plus vive que jamais. L’île de Calastin t’a façonné de différente manière à ce que je vois. Ce fut un choix judicieux que de t’y rendre.

Il leva une griffe imposante sur la femelle :

-Mais c’est un choix que tu as pris, en toute âme et conscience. Il ne sert à rien de se dérober à ce fait. Ne me parle pas du terrible statut de Ashuddh comme si je n’en connaissais aucun déboire. J’en ai été un des années durant. J’ai laissé mon nom mourir sur les coussinets de mes frères et sœurs du Nord, en Vat’Em’Medonis. Je l’ai laissé être souillé dans la boue glacée de l’inlandsis afin de poursuivre un rêve qui n’a été qu’un cuisant échec. Et il n’est assurément jamais simple de retrouver un semblant d’acceptation auprès des siens, encore plus lorsqu’on est un Trand dans un désert. C’est à force d’épreuve et d’endurance que l’on retrouve ce qui nous a été arraché. Ce n’est pas simple, certes. Entre les coussinets et le ragoût, il y a un chemin qu’il nous faut parcourir. (son ton égal se durcit légèrement) Si tu ne me crois pas, demande-toi donc pourquoi aujourd’hui tu n’es pas dans la légion alors que Nyana s’y trouve, elle qui a espéré ton retour pendant des semaines. Ce ne sont pas nos différences qui font de nous ce que nous sommes. Ce sont nos choix.

Il avait la preuve de ses dires devant lui. Reynagane Shaa avait aujourd’hui plus de confiance en elle que bon nombre de ses guerriers. La guérisseuse qu’il avait connue autrefois n’aurait certes pas osé lui tenir tête à propos de son destin avec une telle hargne. Elle n’était plus une enfant et il n’était plus nécessaire de la traiter comme tel. Asolraahn la dévisagea avec la lassitude du vieux maître face à l’élève insouciant de ce qui se trame. Puis, avec un soupir, il déclara avec plus de délicatesse :

-Je ne peux comprendre toutes les épreuves par lesquelles tes pas t’ont amené jusqu’à la légion de Néthéril. Je peux néanmoins saisir le dégoût véhément qui t’a pris lorsque les nôtres t’ont montré du mépris. Nos lois promulguent une conduite qui n’avait à leur époque jamais anticipé l’arrivée des sans-poils et leur sombre penchant à nous traiter en esclave. Les temps étaient durs. La guerre contre les pirates nous avait cruellement affaiblis et nous venions à peine de reformer un simulacre d’ordre sur l’île lorsque de nombreux esclaves ont rejoint les côtes pour venir en nos murs. (La griffe se referma sur un poing serré, témoin de sa colère) La rancœur qui vous a assailli Nyana et toi s’est ainsi bâtie, sur des exemples rares de Graärh bien peu scrupuleux qui ont offert leur allégeance aux pirates après avoir été fait esclaves. Ils sont venus dans notre légion, ont pris nos wigwams, ont mangé nos ragoûts, tandis que dans la nuit ils tentaient de saper notre moral et de saboter la reconstruction de notre peuple. Ils nous ont causé plus de mal qu’aucun humain, elfe ou vampire ne nous en causera jamais. Ils nous ont trahi jusque dans notre cœur.

Il ébaucha un sourire triste :

-Je n’essaie pas de défendre les Garal qui t’ont rejeté. Mais je te demande en dépit de ton ressentiment d’avoir de la compassion pour eux. Leur décision n’était motivée que par la crainte de perdre tout ce qui leur était cher. Même encore aujourd’hui, le mal qui est venu de l’extérieur a laissé des stigmates bien visibles dans notre approche du nouveau monde. Ce n’est qu’avec le temps que nos mœurs changeront : avec le temps et des Graärh capables de prouver que s’ouvrir aux peuples voisins ne nous condamnera pas à un destin funeste.

Il posa ses pattes sur les épaules de la guérisseuse et la fixa avec douceur :

-Tu n’as commis aucun crime envers nous. Bien qu’ayant toujours été Ashuud, tu as fait ton possible pour nous aider lors des négociations avec l’empereur et tu as apporté ton soutien à certains membres de la légion. Ta perte nous a été douloureuse, et à d’autres plus encore… Mais plus que n’importe qui, je sais à quel point il est dur de quitter son peuple pour l’inconnu, plus encore lorsque l’on se sait ensuite rejeté à tout jamais. Quand tu as pris ta décision de partir, j’ai vu en toi le désir de te nourrir de rencontres, d’humer le parfum de la découverte. J’ai respecté et je respecte toujours ce désir. Je viens uniquement te mettre en garde sur les conséquences de ce que ce choix a entraîné pour toi vis-à-vis du peuple que je tente de relever de ses cendres. Comprends-tu ?

Le géant opalin détacha l’accroche qui retenait son bâton et le prit en patte. Il s’en servit comme d’un appui pour la marche qu’ils allaient accomplir. Finalement, le poids des mots était lourd à porter :

-Tu as manqué à quelques personnes, ces derniers temps, ajouta-t-il avec gravité.  Il serait bon qu’un jour tu les retrouves pour avoir une franche discussion avec eux.

Il laissa Reynagane prendre le temps de digérer cette information. Cette échange les avait forcés à s’arrêter au milieu du taillis. La bête n’y traînait clairement pas ses guêtres, sinon leur éclat de voix l’aurait déjà fait sursauter. Or, il fallait qu’ils prennent une décision en s’enfonçant plus en amont dans la Savane : s’ils voulaient trouver ce qui avait agressé les Garal sur la route, mieux valait le faire vite avant qu’il n’ait le temps de s’enfuir. Ou pire de les attirer dans un traquenard s’il était malin. Asolraahn en doutait, mais l’on ne pouvait être sûr de rien.

En remettant ses pas dans ceux de la guérisseuse, le géant opalin aperçut alors une trace noire et profonde sur un acacia. Il jeta son vêtement sur ses épaules et avança. Il parcourut à grands pas le sentier creux ; dans le silence étouffant du jour brûlant, il froissa bruyamment le tapis des feuilles jaunes et brunes, fit craquer les branches mortes. Ses yeux s’affinèrent de sévérité et ses pupilles s’étrécirent à mesure qu’il se rapprocha du motif à raidillon. Là, il batailla avec l’étreinte griffue de quelques ronces, puis révéla complètement les trois sillons gigantesques qui avaient écharpé le tronc avec une extrême violence. Ils rappelaient une marque de prédateur qui investirait ici le témoignage de son passage. Asolraahn détourna le regard, observa le taillis avec plus de soin. Il découvrit d’autres marques sur d’autres arbres. Il huma la sècheresse pénétrante montée du bois habillé de lichen :

-Je dois admettre que ma première supposition était erronée. Notre bête est passée par ici… quelle envergure ! Ce ne sont pas des sillons de chuchu, ah ! Le responsable doit avoir de sacrées griffes. Tu as une idée de leur propriétaire ? Un smilodon, peut-être, tout compte fait…

Mais le doute le tenaillait.

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Reynagane vit les pupilles d'Asolraahn se transformer en deux fentes alors qu'elle abaissait ses épaules en essayant de calmer la braise qui coulait dans ses veines. « Paix petite ». Si seulement un jour elle réussissait à la trouver cette fameuse paix. En était-elle au moins capable de la frôler pour s'y accrocher ?

La Gräarh ne réussissait pas à cerner le timbre de voix que prenait le géant blanc. Elle y décelait de la colère, ferme et froide par-delà ce que Asolraahn voulait laisser paraître. Gonflant le poitrail avant de l'abaisser au rythme de sa respiration puissante tant ses nerfs s'étaient montrés vifs, Reynagane ferma sa gueule en serrant les poings encore une seconde les faisant trembler avant de les relâcher.
Elle laissa parler le Tribyoon emportant son esprit dans le blizzard de Vat’Em’Medonis. La tension entre les deux pouvaient se faire sentir à des lieux à la ronde et aux allusions de Nyana, Reynagane durcit son regard un peu plus sentant une vague de haine l'engloutir. Quelle sensation était-ce là ? Elle ne devait pas sombrer dans cette colère qu'elle redoutait depuis son départ. Elle l'a sentait, venir à elle et soudain la Gräarh prit peur. Il fallait se taire, résister, elle en était capable.

Asolraahn décida alors de poursuivre sur un autre sujet en lien avec la méfiance des Gräarhs envers les esclaves qui s'étaient alliés aux pirates entamant la chute du peuple Gräarh. Si la femelle sentit une pointe de douceur dans la voix du félin blanc, elle fut bien vite entachée par ses propres souvenirs des débuts de la piraterie. Elle était encore une jeune gräarhonne à cette époque. De brefs souvenirs de ce qu'elle-même avait un jour ressentie.
Le poids de la patte qui vînt se poser sur son épaule balaya ses souvenirs ainsi que la colère qui était venu lui prendre les tripes. Reynagane, qui avait baissé le regard ,eut la force de le relever vers Asolraahn. Il y avait une de ces choses qu'elle ne supportait plus sur ses joues. Quelques larmes chaudes qui s'accrochaient à son poil et à la poussière avant de chuter pour venir s'écraser dans le sable de Néthéril. De ces larmes, s'écoulaient tout ce qu'elle retenait depuis si longtemps. Des mois de culpabilité, de rage et de souffrance. Filant entre les grains de quartz.

Le géant blanc rompit le contact avec la Gräarh. Reynagane cligna des yeux avant de passer ses lourdes pattes sur son museau. Oui, un jour il faudra qu'elle ait le courage d'être de nouveau face à Nyana. Mais tant de chose s'était passé depuis son départ, Asolraahn avait raison, mais comment faire pour y arriver ?

- Les choses auraient pu être différente, je le sais et j'en ai conscience déclara t'elle d'une voix rauque en essuyant les dernières tâches humides. J'entends tes paroles Asolraahn mais comme tu le dis, j'ai fait mon choix.

Hochant la tête pour se convaincre elle même la féline prit enfin le recul nécessaire sur tout ce qu'il venait d'être dit. Et l'avenir qu'elle percevait maintenant n'était plus sur son île natale.

- Nous faisons les choix qui nous paraisse les plus justes, n'est-ce pas ? Pardonne ma colère s'il te plaît, je n'avais pas à te parler comme je les faits et j'en suis désolée. Oui, j'aime penser que même le plus ashuddh des ashuddhs puisse faire entendre son pardon.

Reynagane essaya de placer un petit sourire sur ses babines même le cœur lourd et le regard triste.

Leurs pas continuèrent leur chemin entre les hautes herbes et les terres poussiéreuses. La Gräarh avait beau se le cacher, elle se sentait pour la première fois depuis des lunes bien légère. Asolraahn avait tout d'un grand maître pour cette traque qu'ils étaient en train de mener à deux. Elle, ne montrait que le chemin, lui, avait toute la sagesse et la puissance pour résoudre ce mystère. Elle, n'avait que l'espoir. Lui, avait la force de faire renaître et resplendir le peuple Gräarh.

Accroupis pour observer de plus près leurs premiers véritables indices quant à cette bête qu'il chassaient, Reynagane se sentit cligner de nouveau des yeux en quittant des yeux le géant blanc consciente qu'elle le regardait depuis trop longtemps perdu dans ses pensées.

Le vent chaud fit chanter les herbes alors que la féline fronçait son museau en portant sa patte vers les sillons dessinés par de lourdes griffes.

- La créature semblait bien avoir la forme d'un smilodon mais pourtant... sa couleur nocturne me persuade que nous avons affaires à une bête plus dangereuse encore. Pourquoi un smilodon serait venu si proche de la Légion pour en plus s'attaquer à un jeune sans défense ? Non il y a autre chose...

Reynagane se redressa pour suivre doucement les sillons de ses pattes sveltes. Avançant dans un silence mortel pour apercevoir le chemin monter légèrement vers une première dune de sable. Grimpant la dune en s'arrêtant à mi chemin pour attendre le géant blanc, Reynagane arriva sur la crête les oreilles dressées vers l'avant et le cœur bondissant un peu plus rapidement au creux de son poitrail. Au loin entre les rubans d'asphaltes s'élevant au dessus de l'horizon, une tache noire pouvait être aperçut. Se mouvant avec lenteur et s'éloignant vers le désert.

- Je pense que la suivre nous permettra de savoir ou elle vie ? Souhaites-tu encore marcher un peu avec une ashuddh tel que moi ? Demanda t'elle avec le plus grand des sérieux. Je crains ne pas t'avoir tout dit sur mon voyage à Khokhattan. Et sur ce qu'il se prépare au-delà de la mer... Et ce voyage serait l'occasion de poser tout sur la table, si tu souhaites encore m'entendre.

La Gräarh observa en silence la réaction d'Asolraahn tout sourire envolé.

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Ils fouillèrent les hautes herbes dans le taillis, et s’éloignèrent du tronc estropié. En ce lieu candide de l’impétuosité débordante du soleil, la courbe du temps semblait s’être étrécie. Les feuilles dégarnies d’un mûrier rompu par la chaleur glissaient dans le vide du regard. Elles saupoudraient les deux Graärh de leur mélancolique caresse. Le passage de leur proie dans ce petit bois avait rendu les fourrés plus apeurés que des campagnols. Même le silence cueillait son dû avec morosité.

Se séparant de Reynagane, Asolraahn observa une marque de griffes plus grande que les autres. Epaulé de sa vision de chasseur, il pouvait aisément deviner des traces aussi évidentes. Pas de doute, la bête se savait traquée. La piste était suffisamment froide pour indiquer une fuite précipitée, mais guère assez pour masquer de telles empreintes. Asolraahn ne savait pas encore s’il s’agissait là d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle. La plupart des prédateurs se sachant suivi se retournait parfois pour affronter la ténacité de leurs poursuivants. Les smilodons, en l’occurrence, étaient friands de cette conduite agressive. Si une telle chose avait lieu, il voulait être sûr que le combat ne tournerait pas en leur défaveur.

La raison d’une telle inquiétude résidait en ce qu’ils ne savaient guère de quoi la bête était faite. On supposait en son attaque la chasse désespérée d’un smilodon solitaire. C’était la possibilité la plus probable. Cela ne signifiait pas que c’était vrai. Aucun smilodon ne se risquerait à passer la frontière de la légion, seul qui plus est. Après avoir autant traversé de lieues pour la rattraper, Asolraahn songeait maintenant que l’énergie et la faim n’étaient pas ce qui lui manquaient car alors, ils auraient eu tôt fait de le rattraper. Avec le temps, le mystère ne cessait de s’épaissir. Reynagane Shaa ne manqua pas de lui rappeler que la couleur de son pelage était un autre argument qui corroborait son hésitation.

La patte d’Asolraahn s’immobilisa sur une empreinte au moment où un terrible doute l’étreignait.

Il y avait à sa connaissance un être qui portait les teintes sombres de la nuit ; un être qui aurait pu accéder à la légion et passer à travers les shikaaree.
À ceci près que cette créature n’était pas un smilodon, n’avait pas de pelage, et qu’elle était l’un des deux fils du Protecteur de la légion. C’était une idée honteusement sournoise et trop grave pour être prononcée à haute voix. De la bouche même de l’Ire de la Colère, il était de notoriété publique que le petit aux écailles obsidiennes n’était pas des plus commodes et ne respectait que les règles qu’il s’inventait.

Dès lors que cette réflexion s’aventura dans ses pensées, le géant opalin voulut l’étouffer. C’était impossible. Le dragon rouge n’aurait su laisser l’un de ses enfants attaquer des Graärh sur son île. En tout cas, pas sous sa surveillance. Asolraahn se releva en époussetant durement ses poils blancs. Il leva vers le ciel des yeux mêlés d’une sévérité de glace. La couleur léchée d’une aurore flamboyante dardait des serpents de flammes entre le mince duvet des nuages. Il n’y avait pas une silhouette à l’horizon. Pourtant, et bien que son esprit demeure concentré sur la recherche d’un smilodon, le géant opalin s’interrogeait : La surveillance du dragonnet servait-elle à le protéger du danger ? Ou à protéger les autres de lui ?

Il chercha alors Reynagane Shaa du regard. La guérisseuse n’avait pas perdu de temps. Elle avait obliqué du taillis en suivant les coups de griffe pour repartir dans les dunes. La rapidité remarquable qu’elle avait employée l’intriguait. Avait-elle trouvé quelque chose ? Il la rejoignit au pas de course puis lorgna la direction que pointait sa truffe :

-Par les esprits ! gronda-t-il en posant la hampe de son bâton sur le sable. Elle est plus rapide que je ne le pensais. Quelques toises plus près et nous aurions pu sentir son odeur. Mais à une telle distance, nous ne risquons pas de l’attraper avant la nuit.

Il porta l’un de ses coussinets au-dessus de ses yeux pour se couvrir de la lumière du soleil matinal :

-Je n’arrive pas à dire ce que c’est. Je ne saurais… même pas dire si cela a vraiment un pelage. Elle avance vite. Et pas dans la bonne direction (il leva une griffe vers les hautes montagnes). Là-bas, nous quittons les terres de la légion et nous approchons du désert ainsi que des environs desséchés du canyon Kaptia. Les mangroves du marécage sont plus accueillantes que cette désolation. Hélas, nous serons également livrés à nous-mêmes. Si l’on pouvait quérir de mes guerriers dans la Savane, cela risque de ne plus être le cas au-delà de cette frontière. (Il baissa lentement le bras) Je me demande bien ce qu’une telle bête fiche dans les environs. A-t-elle un repaire ? Une grotte peut-être….

-Je pense que la suivre nous permettra de savoir où elle vit ? Souhaites-tu encore marcher un peu avec une ashuddh tel que moi ?

Ses oreilles s’affaissèrent avec désinvolture tandis que son pelage frissonnait d’étonnement :

-Je n’ai pas honte de te considérer comme une amie, Reynagane Shaa. Qu’importe que tu sois ashuddh ou non.

Mais en avisant son air renfrogné, il comprit qu’elle le croyait vraiment capable de l’abandonner ici. Ses moustaches frétillèrent et le géant opalin éclata de rire :

-Fais comme bon te semble, petite ! fit-il ensuite. Suis-moi dans la gueule du désert ou reste ici. Pour ma part, je ne suis pas de ceux qui refusent une aide sincère et j’accepte toujours d’être en bonne compagnie.

À la cadence d’un voyageur aguerri habitué à la marche, Asolraahn descendit soudain la dune qui bordait le désert de Néthéril. Il foula de pleine patte son sable chaud. Au loin, les hauts-plateaux du canyon s’étendaient sous ses yeux de fauve. Il portait son bâton à la main et n’avait pour toute piste que la crevasse fine des empreintes de la bête creusant le sable. Le chemin tracé avait des allures de sentier infini, car la destination de ces traces n’était guère prévisible. Faire ce chemin seul serait d’un ennui mortel. Il entendit alors le chuintement feutré d’un bruit de pas derrière lui. Il s’arrêta avec un plaisir non feint, jusqu’à ce que la guérisseuse l’eut rejoint. Finalement, la route lui paraissait moins longue. Lorsque Reynagane fut près de lui, il leva une patte :

-Tant que nous n’avons pas de preuves qu’il s’agisse bien d’un smilodon solitaire et pas d’autres choses, tâchons de rester contre le vent, déclara-t-il sur un ton plus bas. Que nos odeurs ne soient pas un signal d’alerte. Allons-y !

Il fallait faire preuve de prudence, ne pas se jeter dans la gueule du loup, ne pas s’attarder non plus. La région était sauvage. De leur diligence se déciderait peut-être leur sort dans cette affaire.
En chemin, la jeune Graärh se montra bien vite bavarde. Il semblait tout compte fait que voir du pays n’avait pas été son seul dessein en venant sur cette île. Ce qu’il se préparait au-delà de la mer ? Le géant opalin songea qu’il y avait tant à dire à ce sujet qu’ils pourraient faire le tour du canyon trois fois de suite avant d’en avoir terminé :

-Il va falloir être plus précise. Je suis presque que ces derniers temps, beaucoup de monde se bouscule pour des préparatifs ; certains ne sont d’ailleurs pas toujours bien claire pour tous. (il fit un geste de la truffe vers le camp de la légion) Quand on voit ce qui a lieu sur ses propres terres, on se demanderait presque pourquoi les gens souhaitent déterrer d’autres secrets oubliés et dangereux. Mais enfin… Les loups ne font pas des chiens. (il secoua la tête). Qu’importe. Je m’égare. Que nos longues pérégrinations soient utiles ! Je suis prêt à entendre ce que tu as à dire. Quelles nouvelles nous viennent du Nord ?

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Il y a dans les rencontres et les liens que l'ont créé des choses inexplicables et qui pourtant, apparaissent, se change et même parfois disparaît. Là, à côté d'Asolraahn,, il y avait quelque chose chez Reynagane qui l'a perturbait grandement. Non là aucune arrière pensée d'attirance ; c'était plutôt comme une image à la fois douce comme le sable chaud et aussi tempétueuse que les éclairs du plus terrible des orages. La graärh n'aurait su vraiment poser des mots à tout ceci mais ce qu'elle savait c'est qu'elle éprouvait pour le Géant Opalin un véritable sentiment de confiance ponctué cependant par une marque de détachement.

Remuant ses oreilles face au vent, Reynagane cligna des yeux pour se concentrer sur ce que disait le graärh à ses côtés. Malgré la tension qu'il y avait eut dans l'air, la féline dessina un sourire sur ses babines à entendre Asolraahn rire aux éclats en ayant croisé son regard renfrogné.

- De vieux travers qui reviennent en pensant toujours au négatif avant de voir le positif s'amusa t'elle à répondre en haussant les épaules avec un regard quelque peu malicieux.

La graärh regarda une seconde Asolraahn descendre la dune et remontant son sac sur ses épaules, la féline suivait les traces du graärh avec plus de prudence.

- Bien sûr que je t'accompagnes dans cette quête... mon ami.

Hochant la tête quant aux instructions, Reynagane marcha dans les traces du graärh pour se caler dans une foulée correcte. Il y avait quelque chose dans cette marche dans le désert d'apaisant. Elle levait le museau pour observer Asolraahn marcher devant et son esprit divaguait alors sous les rayons du soleil déclinant. Une autre vie, dans un autre temps avec une autre histoire et elle se serait vu ne plus jamais quitter cette terre. Mais oui, il y avait des choses qui ne pouvait être effaçait et il était grand temps de raconter tout à Asolraahn. Elle comptait sur lui pour faire de ses paroles une vérité et y mettre une importance malgré tout le travail et combat qu'il avait à mener à côté.

- Quelles nouvelles... commença t'elle comme pour remettre toute ses idées en place.

S'arrêtant, Reynagane attrapa le poignée du gräarh qui était maintenant à ses côtés pour le regarder dans les yeux.

- Asolraahn, je te demande de me croire et de me faire confiance avant que je ne commence. Ce que je vais te dire... ne dois pas être pris à la légère et j'espère que tu ne me jugeras pas non plus quant à la décision que j'ai prise.

Reprenant la marche après la réponse du félin, Reynagane se replongea alors dans les événements récents. Elle lui dirait tout et donnerai appuie à son entière confiance envers Asolraahn. Mais seulement lui.

- Je reviens d'une expédition dans le gouffre de Cordont, sous Calastin. En quittant Néthéril, j'avais simplement en tête de vouloir en apprendre plus sur la renaissance des Couronnes de Cendre en ce monde mais aussi déceler le vrai du faux dans les légendes et j'avais entendu dire que de très anciens vestiges gräarhs se trouvait sous Khokhattan. Ma route m'a amené là-bas mais l'ombre d'une Couronne de Cendre, Rog était déjà sur place en envoyant ses colosses sur le site lui permettant de prendre de l'avance et s'introduire dans le gouffre. J'y ai retrouvé là-bas Naal du Néant, Belethar Espérancieux mais aussi Ilhan Avente et il y avait aussi ce dragon du nom d'Alkhytis. Nous nous sommes lancé à la poursuite de Rog et, crois-moi, ce que nous avons découvert là-dedans surpasse l'imaginaire. Il y a sous Calastin des salles immenses, piégées dans la poussière ou y est gravé l'histoire de notre civilisation. Nos racines. Là-bas, il y a une technologie si avancée que tu n'en verra jamais nulle part ailleurs. Suivant les traces de Rog, nous avons découvert l'existance d'un maître des lieux. Un gräarh, toujours en vie après tant d'années. Tu te doutes que nous avons eut... quelques péripéthie pour rencontrer ce gräarh et il y a dans ses galeries tant de choses que nos ancêtres ont créé. C'est fascinant. Des sortes de sol mouvant permettant d'avancer sans effort, mais aussi des automates connectés à des cristaux de magie doué de perception et de conscience. D'anciens passages lié aux golems permettant de transmettre des messages d'un lieu à un autre séparé de centaine de kilomètres. Cela paraît complètement fou mais tout ce que je te décris là provient en réalité d'une entreprise se nomment Ychgama.

Regardant les réactions d'Asolraahn, Reynagane espérait du plus profond de son cœur que le graärh serait fasciné d'apprendre tout ceci. Puis reprenant en toussotant tout en regardant s'ils continuaient sur le bon chemin.

- Pendant notre chemin, plutôt labyrinthique, nous avons hélas perdu la trace de Rog. Mais nous avons été amené en face de ce maître des lieux encore en vie, Udyog Ychgama. La dernière des Couronnes de Cendre. Celle qui manquait au puzzle. Forgeron, à l'heure ou je te parle, il y a un gräarh réveillé d'entre les morts qui forge de magnifiques métaux sous Khokhattan. Nous avons échangé, longuement, apprenant que nous avions raté Rog de peu étant venu chercher des armes. Et en discutant avec lui, on s'est rendu compte qu'on avait une chance de rallier Udyog à notre cause. Une Couronne de Cendre nous aidant à contrer les autres Couronnes de Cendres, c'est une chance qu'on ne pouvait laissait passer. J'en viens à la fin de mon récit, Udyog Ychgama nous a demander de lui rapporter un objet qui lui appartient ? Un objet qui lui est cher et qui pourrait faire pencher la balance en notre faveur. Un objet détenu actuellement ni plus ni moins par le Roi de la Confrérie.

Une vague houleuse de colère embrasa le sang de la féline. Pourquoi ce pirate de malheur était toujours au cœur de sa vie ? C'est vrai, c'était quand même étrange !

- Nous allons la récupérer Asolraahn. Il va falloir être fin et prudent mais tout est prêt même si rien n'est écrit. Je m'en vais bientôt sur Althaïa pour découvrir la cité et y voir ses failles. Mais je suis loin d'être seule. Je voulais à tout pris t'en parler pour que tu saches ce qu'il se passe au dehors. Des choses puissantes et il en va s'en dire que Udyog est pour le moment neutre, donc ses confrères vont vouloir le récupérer et j'ai bien peur que si les quatre Couronnes de Cendres ne s'unissent de nouveau, ce ne soit la fin de notre ère telle que nous l'a connaissons. Il faut dire à notre peuple la gravité de ces instants. Qu'ils se souviennent ou cela nous a mené par le passé. Crois-moi, quand on a vu ce que les graärhs pouvaient créer, faire et partager par le passé et ce que nous sommes devenus maintenant, nous avons été déraciné de notre chair.

Elle ne reniait rien mais Reynagane réfléchissait depuis si longtemps à cette histoire qu'elle s'obligeait fortement à devenir lucide et honnête avec elle-même et les graärhs en règle générale.
Soupirant, elle se sentait tout d'un coup libéré d'un terrible poids. Le poids de cacher quelque chose aux Graärhs ce qui amenait à penser que Reynagane n'avait pas abandonner directement son peuple. Puis commençant à ricaner nerveusement toujours les pattes foulant le sable :

- Voilà les nouvelles du Nord. J'ai... la réalité et que j'ai peur de ce qui m'attend à Althaïa mais je m'en vais dans l'espoir d'une alliance. Peut-être as-tu des questions ? J'étais bonne conteuse autrefois, mais cela remonte maintenant, à une autre vie presque.

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Leur voyage alla de pair avec la tranquillité ; un bienfait surprenant et rare que le géant opalin, il s’en rendit compte à mesure de leur progression, ne s’était pas autorisé depuis des lustres. Les tentacules dorés du soleil grappillaient le moindre bout de terre, le moindre arbre debout, la moindre pousse d’herbe. Pourtant leur chaleur ne lui parut pas irrémédiablement désagréable. Le vent se levait de l’Est et poussait le sable au travers de son pelage en un nuage foisonnant de miettes fines et cristallines. Il se montrait pourtant aussi doux qu’une Graärh léchant son graahron et savait apaiser les sens les plus tourmentés. Même sous leur patte, le sol meuble portait l’assurance de leur stabilité et leur détermination.
Non vraiment, en dépit de la raison qui les poussait à avancer plus en amont vers le canyon, ce voyage ne pouvait se révéler plus tranquille. Il était le creuset le plus parfait à une discussion riche en récits. En cela, Reynagane tint la dragée haute face au Trybioon. Elle fut débordante de nouvelles et il ne lui répondit qu’après avoir tout écouté et prit un long moment de méditation :

- Certes, il ne sera pas dit que tu es restée en dehors des grandes affaires du monde. Ni que tu aies jugé utile de te mettre en sécurité, ajouta-t-il en la lorgnant d’un drôle de regard.  Il ne m’avait pas semblé t’avoir invité à mettre ta vie en danger pour lutter contre les Couronnes des cendres lors de ton départ avec les Séléniens.

Mais ce qu’il voyait dans ses yeux, c’était de la détermination pure. Alors il n’ajouta rien. Il était évident que Reynagane Shaa avait déjà pris la décision de s’éloigner de son autorité et de celle de son peuple. Qu’elle ait choisi de son propre chef de participer à des équipées auprès des sans-poils n’était qu’un aveu de plus de cette séparation dont elle avait le désir. Dès lors, il ne servait nullement de lui faire d’autres reproches. Il n’en avait plus le pouvoir car elle n’était plus de leur bord.  
Et puis quelque part, n’était-ce pas ce que lui-même avait souhaité pour les Garal ? Que des liens plus forts que la simple diplomatie se resserrent entre les sans-poils et eux, quitte à ce que les siens s’en aillent vivre sur des terres qui autrefois ne pouvaient être à leur portée.
Oui, il n’y avait rien à ajouter.
Alors le géant opalin oublia ses griefs et poursuivit en revenant sur le récit de la guérisseuse :

- Je crois en ton histoire, Reynagane Shaa. J’y ai toujours cru. Je ne peux que me réjouir d’apprendre qu’en dépit du temps et de la perte de notre histoire, des fragments du passé résident toujours par-delà ce que nous avons autrefois bâti. Le Bâoli n’est qu’un de ces nombreux exemples mais il semblerait que même à Khokhattan, d’autres traces demeurent. Je me demande… (Asolraahn réfléchit un instant mais secoua la tête) Mais non, je ne devrais pas. Je suis moi-même curieux de ce que tu as trouvé. Je préfère néanmoins laisser cela derrière nous. Je préfèrerais aussi que tu ne parles pas de tout ce que tu as vu à notre peuple. Quant aux Couronnes, les Garal n’ont pas besoin d’apprendre leurs racines pour leur faire face. Ils le feront sans aucune hésitation, avec le courage qui nous caractérise tant. Mais il est des choses qui ont été enterrés comme ce lieu et cela a dû être pour une raison. Certains secrets doivent rester dans l’ombre, invisibles aux yeux des plus avides. N’eut été la précarité de la légion, pour intrépide qu’elle soit aujourd’hui, j’y serais allé de mon plein gré pour y découvrir ce qui se cachait derrière notre passé. Mais cela devra attendre des jours meilleurs.

Il tâchait lui-même de rester stoïque face à la nouvelle. À tout dire, il bouillonnait également d’un intérêt dévorant. Même si leur passé s’était retrouvé enfoui sous des siècles de pierre, leur structure demeurait dans un carcan de conservation. Et quelle structure ! Si ce que Reynagane Shaa disait était vrai, et il n’en doutait pas, alors il s’agissait d’une preuve de plus que bien des légendes sur le peuple Graärh détenait une part de vérité : la légion d’or était vrai. Leur pouvoir d’antan sur la terre et le monde était vrai.
Ainsi, la légion des cendres l’était également. Et si nombre de mythes se confondaient dans la prospérité dont avaient joui les Graärh de l’ancien temps, leur chute elle ne s’accordait que sur une seule version. C’était pour cette unique raison que le géant opalin se refusait à trop d’enthousiasme. Quoiqu’il y ait dans ces entreprises Ychgama, cela avait apporté le bonheur et la prospérité aux Graärh, ainsi que les clefs de leur effondrement. Leur civilisation avait eu une chance, leur histoire et leur fin. Aujourd’hui, Asolraahn songeait qu’il valait peut-être mieux laisser cela de côté, histoire de ne pas tenter le sort. La curiosité n’était pas un défaut mais dans les circonstances présentes, elle pouvait se montrer un brin trop vorace.
Cela ne signifiait pas pour autant qu’ils devaient s’ôter tout contact avec leur Histoire, perdue à travers les siècles. En cela, Asolraahn avait toute confiance en Reynagane Shaa pour qu’elle en découvre plus sur tout ceci. Enfin si l’heureux propriétaire de ces lieux acceptaient… :

- Ce Udyog Ychgama, vous lui faites confiance ? demanda-t-il. De ce que l’on raconte, les Couronnes des cendres ne sont guère promptes à apporter leur aide par pure bonté d’âme. Sa neutralité à l’heure où ses frères déciment un Archipel de leurs griffes est plutôt éloquente. Il vit avec son propre intérêt pour seule direction. Quelque chose me dit que cet objet qu’il désire tant ne sera pas la seule raison qui le fera se retourner contre ses frères. Il a peut-être d’autres idées en tête, certaines dont il ne vous tient pas au courant. Il serait sage de rester méfiant à son égard, même s’il se trouve à vos côtés. Désormais tu vivras avec les humains. Tu partageras autant leur existence que la menace de Rog ou de ce Udyog qui plane sur leur tête.  

Il se tourna vers la guérisseuse avec une mine inquiète. Il huma l’air autour d’elle et comprit qu’elle-même était effrayée par ce qu’elle avait raconté : que ce soit le danger qui les attendait durant cette chasse, celui de la cité pirate ou des Couronnes des cendres, il était évident que l’embrun de ses pensées s’agitait, était sur le qui-vive. Asolraahn ne voulut pas l’en départir. La peur amenait à la prudence et ce serait sa meilleure arme :

- Dans la cité d’Althaïa, n’oublie pas que le péril peut venir de n’importe où. Les pirates sont retords et traîtres. Ne leur accorde aucune confiance. Je tâcherai d’en discuter avec nos shikaaree. Peut-être certains voulant gagner leur honneur souhaiteront t’accompagner.

Il sourit à cette idée. Il y avait bien une Graärh en particulier qui malgré ses déboires avec Reynagane l’accompagnerait jusqu’au bout du monde.
Alors qu’ils arrivaient au terme de la Savane, le géant opalin perdit son air dégagé. Au loin, les dunes de sables se terminaient par une nouvelle lisière de bois dégarni, les dernières frontières séparant la Savane du canyon. Mais quelque chose disait à Asolraahn qu’ils n’auraient pas à se rendre si loin. Car également au loin, se distinguant du sable par son poil fauve gisait un smilodon couché sur le flanc. Il avait semble-t-il rampé sur plusieurs pieds et une longue trace sanguinolente marbrait les grains de sable. Il essayait de se redresser faiblement, le museau palpitant. Son pelage suintait, rouge là où le fauve abandonnait ses plaies et des blessures béantes lui ouvraient la gorge. On lui avait déchiré la panse et les pattes arrières. Sa gueule grande ouverte avait été mordu à plusieurs endroits, et il avait la babine pleine de sang. Comme il n’arrivait pas à se relever, le smilodon coula un râle horrible.

Quand les Graärh le rejoignirent, il fut évident que c’était la fin pour la bête. L’animal agonisait ; couvert d’écume, il battait des flancs dans le vide. Mais il y avait aussi quelque chose d’étrange : son sang n’était pas ordinaire. Asolraahn comprit qu’il avait une teinte plus sombre, presque noire, comme putréfié par du poison. Le prédateur était venimeux.

Asolraahn s’avancera silencieusement. Il était temps de conclure ce massacre, de gratifier le smilodon d’une mort digne. Comme il tira un petit poignard, il accrocha son grand œil ; dans sa pupille dilatée, il distingua une silhouette redoutable, un Graärh au pelage opalin armé d’un couteau qui se penchait vers lui. Asolraahn frappa à l’épaule de l’animal, d’une patte ferme. Un dernier spasme secoua le smilodon avant qu’il ne retombe au milieu du sable. Le Tribyoon se releva, le regard sévère, se tournant vers la guérisseuse :

- J’imagine que j’aurais pu te le laisser. Mais c’aurait été un affront. Il n’y avait pas d’honneur à abattre une proie déjà abattue…. Attends ! Là, regarde !

Il tendit soudain une griffe dans les bois. Une silhouette au pelage noir, quasi invisible à cause des frondaisons, les observait. Elle avait la silhouette élancée d’une hyène mais avec un gabarit plus lourd. Pas aussi lourd que celui d’un dragonnet tout en écailles d’obsidienne néanmoins. Le géant opalin en fut brièvement soulagé : il n’aurait plus à demander des explications au dragon rouge quant aux occupations de son fils.

Toutefois, le danger désormais était plus proche que jamais car le coupable de l’attaque sur leur légion et de la mort d’un smilodon se trouvait à soixante pieds de leur position. La silhouette noire s’en fut alors dans les fourrées, gagnée par un cri sauvage, pareil à un rire moqueur. Les Graärh la suivent, mais l’enceinte d’un bois, quand il n’était percé par nul sentier, était difficile d’accès, même pour des chasseurs. C’était pire encore pour lui. Les frondaisons giflèrent le géant opalin et l’aveuglèrent. il mâcha à pleins crocs la verdure et ne creva les orées que fustigés de ramures. Une fois franchie la lisière, le sous-bois s’aérait, quoiqu’un peu sombre, et l’on pouvait gambader plus librement sous la haute futaie d’arbres exotiques. Asolraahn espéra que Reynagane Shaa était derrière lui, car il ne prit pas le temps de jeter un regard en arrière. Malheureusement, le confort du sous-bois fut de courte durée. Au bout de cents pas à traquer la bête s’ébouriffait un second mur de branches, toute hirsute de fourrés et de ronces. Mais Asolraahn piquait au fort ; il poussait le danger jusqu’au cœur du bois. Soudain, la paix du voyage se retrouvait emmurée dans un carcan d’excitation contenue et d’initiative enhardie par la chasse. Les arbres qui les encerclaient étaient sauvages et bien que Néthéril ne soit guère fournie en forêt pelucheuse comme Paadshaïl, ceux-ci n’avaient jamais connu la hache ; ils proliféraient sans vergogne dans une végétation aussi riche que dangereuse. Asolraahn feula et pesta. Il se retourna et fut empreint de fierté. La guérisseuse semblait l’avoir suivi. Ereintée ou non par la course, la Graärh n’avait pas hésité à entrer dans le bois avec lui :

- À terre !

Ils se bloquèrent dans d’épaisses frondaisons, tâchant d’éviter de trahir leur présence de leur odeur. Asolraahn se tourna vers Reynagane Shaa, le regard carnassier :

- Je crois maintenant savoir de quoi il s’agit : du venin dans les crocs, une silhouette noire avec du poil et un cri railleur. C’est un nocturnyène. Mais il y a quelque chose qui ne va pas. Nous n’en avons vu qu’un seul, or ces bêtes vivent en meute… Tes yeux en ont-ils aperçu d’autres ? As-tu vu dans quelle direction il allait ?

En lorgnant les bois, il vit alors un monceau de roche qui masquait à demi l’entrée profonde et noire d’une caverne :

- Se pourrait-il qu’il se soit réfugié là-dedans ?

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Pourquoi était-ce du soulagement qui se propageait en elle ? Comme lorsque l'on attend un mot, un simple mot mais pourtant si bien important à nos yeux, Reynagane Shäa se voyait être surprise de ce sentiment qui l'envahissait. Le poids qu'elle avait depuis un moment sur les épaules semblait s'être allégé et un regard vers le Géant Opalin lui suffit pour comprendre les pensées de celui-ci.

La graärh écouta alors Asolraahn tout en continuant à foulée le sable de ses pattes et si sentiments de légèreté et d'apaisement l'avaient envahis une seconde, voilà que la suite des paroles du graärh faisait disparaître toute émotion positive. En une seconde, Reynagane sentit son poil se hérisser en entendant Asolraahn s'exprimer sur le sujet de leur passé. Il l'a croyait, délivrance cela était. Mais pourquoi refouler ainsi tout lien avec l'histoire de leur peuple ? Est-ce qu'à ce jour, même les plus grand ne voulaient pas creuser de peur d'avoir honte, si honte des erreurs des anciens ? Non, Reynagane sentait quelques nerfs à vifs vouloir sortir de leur gongs et la féline savait que ce n'était pas ce que voulait dire le géant blanc. Bien sûr, il y avait une crainte dans tout ces secrets, ces cachoteries et ces mystères et encore trop peu de graärhs souhaitaient découvrir réellement ce qui avait bien pu conduire à la décadence de leur civilisation. Ceci étant dit, cela n'était pas le cas de Reynagane. La féline était prête à ne pas en parler comme lui demandait Asolraahn. Il était temps pour elle de comprendre qu'elle n'était pas comme les autres graärhs. Définitivement.
Faisait-elle une grave erreur en voulant déterrer ce qui avait était mis sous terre il y a longtemps ? Une question qui n'aurait réponse qu'en temps voulu.

- Merci Asolraahn. Je savais que je pouvais compter sur ton jugement et ta clairvoyance. Ainsi, je ne ferai aucune allusion à tout ceci aux autres de notre peuple.

Hochant la tête comme entendu, Reynagane dressa les oreilles lorsqu'il posa des questions sur Udyog Ychgama. Prenant le temps de poser les mots dans sa tête, la graärh ne cacha pas un soupir en marchant.

- Je vais être honnête. Je n'en sais rien. Mes camarades et moi lui avons donné notre confiance car son discours nous paraissait véritable. C'est vrai... tout ce que tu dis est vrai, mais pendant que les autres Couronnes de Cendres cherchent un moyen de tout détruire, lui, est resté toutes ses années sous terre et de ce qu'il en est ressortit, je ne pense pas qu'il en sortira de ci-tôt.  J'ai foi en nos Esprits et je crois en cette rencontre et l'aide qu'il pourra un jour nous apporter.

Reynagane écouta ensuite le Géant Opalin lui donner des conseils une fois qu'elle serait au sein de la cité pirate ? L'écoutant attentivement, la féline hocha une nouvelle fois la tête en esquissant un sourire qui n'était pas apparut depuis un moment.

- Mes pas me porte vers nos ennemis. Et je sais que beaucoup pense que je fais tout ça en faveur des humains et de leur civilisation mais sache que je le fais principalement pour nous, notre peuple, quoiqu'en dise les mots. Même si je ne les vois pas, si des shikaaree sont dans les parages lorsque je serai là-bas, je sentirai leur présence et cela me rassurera.

Relevant le museau pour croiser le regard du félin à ses côtés, l'attention d'Asolraahn s'était soudainement porté vers l'avant. Les dunes s'abaissaient laissant apparaître de grand plateau herbeux avec quelques arbres dégarnis. Là, au loin, une forme nette et pourtant inimaginable à regarder agoniser sous les rayons du soleil couchant. Un smilodon à qui on avait massacrer le poil et la peau.

Les deux graärhs se dépêchèrent d'arriver proche de lui et une grimace naquit sur les babines de Reynagane. Du sang, des massacres, mort et douleur, elle avait déjà vécu tout ceci depuis longtemps, mais voir un smilodon s'éteindre de cette façon sans grâce ni pitié, voilà que la colère montait. Mais Asolraahn prit les devants et mis fin aux supplices du smilodon par un coup soigné de dague vers le cœur.

Serrant les poings en s'agenouillant contre le pauvre divin, Reynagane entonna un doux chant afin qu'âme rejoigne les Esprits-Liés tout en faisant appel à ses pouvoirs de guérison pour refermer les plaies de la créature afin que son corps repose en paix.

Nulle tristesse ne fut perceptible dans les yeux de la graärh. Pitié, colère et douceur se mêlant en une composition particulière lorsque soudain, le géant blanc ne pointe une griffe entre les arbres.
Guettant un mouvement, Reynagane aperçut une silhouette noire les observants d'un regard perçant. Avant de s'enfuir derrière les herbes et les ombres. Comme une seule et même personne, Asolraahn et Reynagane  ne se firent pas prier pour suivre la créature. Celle qu'il chassait depuis le début de la journée ou presque. Le Géant Opalin devant, Reynagane suivit pas à pas avec agilité et souplesse les foulées de son ami entre les troncs et écorces. Voilà longtemps qu'elle ne s'était retrouvé dans une pareille situation mais au-delà de ce qu'ils étaient véritablement en train de faire, Reynagane se revoyait petite en plein cours de chasse avec la vayante Jh'eena Orën qui lui avait tout appris sur la survit d'un graärh.
Tout en courant, le paysage proche d'elle défilait à une vitesse folle. Malgré cela, son regard se tourna sur n mouvement de course au loin vers la droite et pendant une seconde, elle crut que son cœur allait sortir de sa poitrine. Il y avait une autre créature, là, dans les fourrées. Une piqûre d'adrénaline l'attaqua tandis quelle dérapait à côté d'Asolraahn qui lui ordonnait de se cachait. Les flancs montants et descendants avec vivacité, Reynagane écouta le Tribyoon avant de remarquer à son tour une sorte de caverne.

- Nous ne sommes pas seuls, c'est sûr, j'ai bien cru en voir un qui nous devançait sur la droite déclara t'elle en montrant d'une patte la zone où il lui avait semblait apercevoir une silhouette. Où était-ce autre chose ? Que ferai un nocturnyène à s'attaquer ainsi aux abors de la Légion réfléchit la graärh tout haut en chuchotant.

Reynagane avait les yeux rivés sur l'entrée de la caverne. La créature qu'ils poursuivaient depuis le début était dangereuse et si elle et Asolraahn se retrouvait encerclé par un groupe de nocturnyène, ils se retrouveraient bientôt tout deux dans une bien mauvaise posture.

- Ou est-ce qu'elle veut que l'on aille là-dedans pour mieux nous chasser ensuite ? Je commence à croire que c'est nous qui sommes en train de nous faire piéger.

Asolraahn avait raison, il y avait bien quelque chose qui clochait dans toute cette histoire. Étaient-ils sûrs de suivre la même créature depuis le début au moins ?

- Avant d'y entrer, peut-être devrions nous regarder ce qu'il y a autour de cette caverne, voir si une autre issue s'y trouve ailleurs et peut-être pourrions nous par la suite en bloquer les accès ou même avoir une échappatoire avant d'y plonger corps et âme. Je pourrai aller d'un côté et toi de l'autre mais s'ils sont plusieurs, mieux vaut trouver un moyen de les coincés à l'intérieur pour ne plus qu'il y ait d'autre accident. Il y a quelque chose qui ne va pas ici. Je sens une odeur étrange dans les alentours. Cela sent la maladie et la mort.

Reynagane attendit de voir le plan qu'avait Asolraahn, pour tout dire elle était loin d'être chasseuse. Pour sûr, elle était guérisseuse.

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Le sang d’Asolraahn ne fit qu’un tour. Si ce que lui disait Reynagane s’avérait, le nombre des prédateurs dans cette futaie s’accroissait de façon alarmante. Lorsque deux nocturnyènes se montraient, bien d’autres se jouaient habilement de leur sens. Leur pelage sombre épousait à merveille le clair-obscur d’une forêt étouffante de la Savane et ils en profitaient pour se faire de discrets prédateurs. Mais il ne fallait pas les réduire à ce seul avantage par l’apparence. De tels créatures étaient des maîtres du silence, et les entendre était aussi rare que mortel. Une meute de ces créatures, au bas mot, atteignait l’effectif honorable de cinq membres, parfois plus. C’était sans compter la femelle du groupe et les petits qu’ils cachaient loin de la lueur du jour.
Et c’était peut-être bien là tout le danger dans lequel ils avaient plongé les pattes. Voir deux nocturnyènes au même endroit et en pleine journée, cela signifiait aussi autre chose : ils approchaient dangereusement de leur repaire. Asolraahn espérait que la guérisseuse avait des talents autres que curatifs. Dans le cas contraire, il lui commanderait de fuir si le danger surgissait. Lors de cette chasse, la victoire ne se ferait pas grâce au nombre, mais à la justesse de leur bras.

-Gardons-nous des conclusions hâtives, suggéra-t-il en considérant l’inquiétude de Reynagane. Ce sont des créatures malignes, mais pas au point de nous attirer jusqu’ici. Cette caverne doit être leur gîte. Ça ne nous met pas en meilleure position cela dit ! Des prédateurs acculés se battent avec encore plus de hargne. Et ils savent déjà que nous sommes là.

Mais la guérisseuse ne semblait pas convaincue. Elle lui fit part d’une odeur nauséabonde qu’elle sentait, une odeur de maladie et de mort. Le félin tendit sa truffe avec plus de vigilance mais ne perçut rien de plus que l’humidité de la mousse sur les arbres et une vague effluve de bête. Il n’en crut pas moins ses dires, car la jeune Graärh était experte dans son domaine. Son flair avait plus de talents que le sien pour identifier ce qui tenait de l’affection. Il décida que la prudence, plus encore que naguère, était de mise :

-Alors tu devras être attentive pour nous deux. Lorsque nous approcherons de la caverne, si ce que tu sens te paraît trop dangereux pour nous, préviens-moi et on déguerpit immédiatement. (Ses prunelles se suspendirent tels deux larmes gelées sur elle) Je te fais confiance.

Le géant opalin se releva lentement. Son bâton à la main, il avança sur le tapis de feuilles, le pas allégé par son spirite du chat. Il conservait sa vision alerte, observait les ombres à travers les arbres et autour des pierres. Ses oreilles de chat comme des girouettes giraient aux sons de la faune et du bruissement du vent. Face à lui, la bouche béante de la caverne tel une lavure noirâtre se dressait, couronnée d’une courtine de pierre. Des bruits de gigotement s’en échappaient et un parfum de fauve envahissait cette fois très clairement sa truffe. Pas de doute possible. Il y avait quelque chose à l’intérieur de ce gouffre d’obscurité. La guérisseuse à ses côtés, Asolraahn l’enjoignit à rester auprès de lui. Se séparer alors qu’une meute de nocturnyènes pouvait tomber sur eux à tout instant avait tout l’air d’un suicide. Ils contournèrent ensembles le champ de pierre surélevé et agitèrent quelques fourrés dans le sous-bois, à la recherche d’un passage dérobé. La silhouette des arbres et la stature haute des frondaisons dessinaient au couteau la lisière de taillis bruissants, tandis que les feuilles dans les branches miroitaient de rais lumineux. Bien que la chaleur rendit la journée torride, elle n’enfouit pas le lointain dans des horizons nébuleux. Comme il importait davantage de repérer la meute que de se faufiler, le géant opalin avança à découvert, en attaquant les fougères de son bâton. Il posait sa patte en visière dès lors qu’un fantôme de bête lui paraissait surgir de la forêt. Son museau s’ébrouait et sa truffe tâchait de surveiller l’intensité de l’effluve fauve qu’il sentait désormais.

Détaché de la noirceur étouffante de la grotte, Asolraahn sentait ses idées s’éclaircir et son esprit s’apaiser. Ce n’était peut-être que lui mais quelque chose dans la caverne l’avait confondu à un malaise flagrant, si bien que s’en éloigner semblait lui offrir un regain d’énergie bienvenu. Puisque le voici plus tranquille, il s’écarta de quelques griffes des frondaisons abruptes. Il admira les rais de lumière qui scintillaient par les trouées du feuillage ténébreux.

Il était en train de revenir sur ses pas quand il s’arrêta net. Des buissons craquaient non loin, et ce froissement de broussailles n’était pas dû à sa compagne. Tendant l’oreille, le félin ne trouva rien de suspect, mais un parterre de mousses et de roc attira alors son attention. Voilées de terres meubles, les feuilles qui y reposaient se soulevaient au rythme d’une brise anormale ; elles se soulevaient à la verticale, comme si le vent qui les animait provenait d’en-dessous, d’un trou dans le sol. Asolraahn s’approcha lentement, le bâton tendu dans sa direction. Le clapotis d’une chute de pierre effleura le creux de son oreille. Sa poigne se crispa. Il poussa l’humus bryacé, tourmenta quelques cailloux de l’embout de son arme. Ceux-ci, au lieu de valdinguer sur la terre ferme, disparurent subitement sous la mousse humide. Alors le géant opalin posa un genou en terre, empoigna la mousse de sa patte griffue et l’arracha. L’entrée d’une cavité de trois pieds de diamètre se révéla à ses yeux :

-J’ai trouvé quelque chose ! s’exclama-t-il.

Il attendit que la guérisseuse l’ait rejoint et montra le tunnel :

-Tu as eu du flair en nous suggérant une expédition aux alentours. Et en parlant d’odeur, sens-moi ça !

Il lui tendit une branche de l’humus et la laissa deviner ce qu’il avait déjà trouvé :

-Ca sent plus le fauve que la flore, fit-il remarquer avec un sourire carnassier. Nous avons sans doute trouvé un autre passage dans la caverne.

Il ne percevait rien de suspect à l’entrée et ainsi seulement, décida-t-il de s’installer à côté de la cavité. Tandis qu’il laissait Reynagane observer sa trouvaille, Asolraahn réfléchit à toute allure. Si d’avance, son instinct de chasseur lui avait dicté de bloquer la sortie pour coincer les nocturnyènes dans les profondeurs, voici que le géant opalin concevait un autre plan, moins judicieux pour leur sécurité, et pourtant bien plus avantageux qu’il n’y paraissait. Si l’entrée de la caverne s’avérait dangereuse, s’introduire sur le territoire des nocturnyènes à partir de cette issue leur offrirait l’effet de surprise. Certes, il s’agissait d’une route sans lendemain, mais à l’avis d’Asolraahn, le chemin de cette chasse était tout tracé. Aucune voie n’était plus aisée qu’une autre. S’ils entraient dans la grotte par la grande porte, ils ne se garderaient qu’une échappatoire de pacotille : en cas de fuite, les nocturnyènes se rendant compte de leur présence ne sauraient être assez stupides pour les perdre à la sortie de la grotte. Elles connaissaient bien mieux cette forêt qu’eux. En vérité, depuis qu’ils avaient poursuivi cette créature près du corps du smilodon, Asolraahn sentait que leur chasse avait pris une tournure mortelle : désormais la meute, car ils étaient certainement nombreux, était au fait de leur présence. Fuir n’était plus une issue. Ils étaient dans l’antre des bêtes, sur leur territoire, et ils ne feraient pas de vieux os en se dérobant à la chasse. Il fallait attaquer la meute avant qu’eux-mêmes ne se retrouvent acculer dans la pire des situations :

-Nous passerons par ici, déclara Asolraahn.

Il laissa la Graärh digérer cette information et accuser la surprise avant de se justifier :

-Il ne s’agit pas de jouer les héros. Je n’ai pas l’intention de nous faire tuer. Mais nous avons atteint un point de non-retour. Que nous allions plus loin ou que nous repartions ne fait aucune différence. Je dois l’admettre, la hâte de notre battue nous a fait aussi chasseurs que proies. Les bêtes que nous laisserons aujourd’hui nous rattraperont demain. Nous sommes liées à elles désormais. Il nous faut les vaincre tant que nous avons toutes nos chances, sinon c’est elles qui nous tueront.

Il posa une patte réconfortante sur l’épaule de Reynagane en poussant un ronronnement affectueux :

-Je suis navré que notre chemin nous ai conduit si loin au milieu du danger. Nul grief ne m’a poussé à te conduire aux mâchoires de cette meute. Mais tu te devras d’être forte et te battre au prix de ta vie. Quant à moi, c’est au prix de la mienne que je te garderai en sureté. Je t’en fais le serment. (Il débroussailla de ses griffes les frondaisons masquant le renfoncement) Je passe en premier.

Asolraahn dévala plusieurs pieds de distance et se retrouva dans une salle noire, teintée du fouettement doux de l’eau qui s’agite. Il devina une petite rivière souterraine, inattendue dans cette partie de Nétheril. Quoique ! Pour qu’une forêt aussi dense trouve le chemin de la prospérité dans la Savane de Stymphale, il fallait de l’eau. Asolraahn et Reynagane Shaa en avait peut-être trouvé la source.

Il s’apprêtait à la rejoindre pour la ramener à la rivière lorsque le grattement d’un rocher se fit entendre ; un trottinement s’approcha. Asolraahn leva son bâton et émit un feulement de menace. Dans l’obscurité, il devina enfin la forme élancée d’un animal qui s’arrêtait à quelques pas de lui. Deux yeux jaunes luisirent soudain. Un souffle rapide, brièvement interrompu par un bruit de déglutition, haleta dans le noir. Pour le peu qu’il vit du rôdeur, il lui arrivait presque à la hanche ; il avait l’échine longue et le museau hyénidé. Cela lui avait tout l’air d’un chien errant mais il devinait dans l’ombre la silhouette fine d’un nocturnyène :

-Hé, sagement, ma belle, dit-il doucement en trouvant les mots apaisants du chasseur.

Il lui sembla deviner le fouet d’une queue qui s’agitait ; après un instant, la bête s’avança vers lui en un dandinement joyeux. Elle appuya sa truffe contre sa cuisse, et brutalement, le géant opalin sentit le danger grandir : Le souffle chaud de sa gueule révélait combien cette caresse était aussi douce que mortelle. Sans trop y croire, il lança à la guérisseuse :

-Tue-la ! N’as-tu pas une dague ? Non attends, je peux le faire. Ce sera rapide. Elle est toute proche.

Sous sa paume, le bâton avait des allures de tête ronde. Il brandit le bois avec un entrain carnassier et ne comprit pas assez vite que la nocturnyène s’était déjà enfuie dans les tréfonds de l’abime. Son bâton ripa sur la roche. Asolraahn s’engagea dans le corridor noir. Il ressortit dans une salle lugubre où la bête sur laquelle il se focalisait grogne lascivement. C’était un rugissement malheureux et mélancolique qui fit à Asolraahn l’effet d’une détresse instinctive. L’odeur de maladie et de mort, si autrefois le félin avait du mal à la sentir, était désormais pleine et forte :

-Tu la vois ? Ça doit être la femelle, la matriarche. Tuons-la vite par les esprits ! Nous nous occuperons ensuite de ses petits.

Il vit alors d’autres formes se manifester derrière. De petites créatures, frêles et affaiblies, gémissaient pitoyablement. Ereintées. Brûlantes. Moribondes. Le félin ramena son bâton contre lui en un geste de défense. Au bout de quelques secondes, son expression sévère changea soudainement. Les créatures errantes n’étaient rien d’autres que de petites nocturnyènes au pelage blanc, des petits que la matriarche gardait auprès d’elle. Quelque chose dans leur attitude agitée jeta le trouble dans son jugement. C’est après avoir approché d’un pas qu’il comprit l’origine de son malaise : l’odeur de maladie s’était intensifiée au point de lui tirer une mine dégoûtée. Asolraahn jeta un regard à Reynagane Shaa, incertain des conséquences que cette odeur révélait en ce lieu. Pouvaient-ils se battre contre ces créatures ? Etaient-elles contagieuses ?

Des grondements sourds résonnèrent dangereusement à l’extrémité d’un vaste corridor. Des ombres girent dans l’éclat percé des lueurs sur les parois rocheuses de la caverne. Cette fois le géant opalin feula. Une tête, de longues pattes et un corps velu émergèrent d’un trou. Il devinait que le danger de leur intrusion venait de prendre un nouveau tournant. Les autres nocturnyènes de la meute étaient en train de les rejoindre en poussant des cris aigus d’hyène. Les longs poils noirs et huileux qui couvraient leur corps svelte luisaient sous les rais lumineux. Ils avaient les yeux ronds et perçants de prédateurs et la bave dégouttait de leur museau frémissant. Ils s’extirpèrent finalement des ombres et s’avancèrent vers les Graärh à quatre pattes, haletant comme des chiens sauvages.

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« Je te fais confiance ». Des paroles lourdes de sens pour la féline qui sentait les battements de son cœur s’accélérer. Le sang à ses tempes s’alourdir alors que le poids de l’air semblait tout compresser autour d’elle.
Une minute de silence s’écoula alors que le Tribyoon réfléchissait de sa ruse et stratégie. Pendant se laps de temps si court, Reynagane sentit un craquement dans les branchages. En redressant la tête, elle vit une feuille tomber en tournoyant jusqu’à ce qu’elle vienne se poser juste sur la pierre ou elle s’accrochait accroupis. La feuille était noire, brûlée par la chaleur de la saison chaude. Signe de discordance et de malheur. Voilà ce que voyait Reynagane sous ses yeux. N’en faisant pas part à Asolraahn, comme le graärh l’avait si bien dit, mieux valait ne pas faire de conclusion hâtive.

Le géant blanc se releva avec une aisance déconcertante et s’approcha à pas feutré de la caverne. Le suivant avec discrétion, Reynagane ne pouvait contenir une grimace sur son museau tant l’odeur qu’il y avait à l’intérieur était nauséabonde. D’un signe de patte, Reynagane conserva un emplacement proche de celui d’Asolraahn, se sentant bien plus en sécurité à ses côtés.

Restant à l’affût de tout son suspect, ils contournèrent ensemble les pierres et frondaisons. En s’éloignant ainsi de l’entrée mortuaure, Reynagane pouvait sentir un soulagement se former aux creux de ses poumons. Une impression de libération qui, elle aurait pu le jurer, avait été ressentit également chez son compagnon. Les yeux aux aguets, Reynagane recherchait toute issue ou ouverture, infime sois-t-elle pour pouvoir essayer de comprendre ce qu’il pouvait bien se cacher dans cette caverne. Son visage se tourna vivement vers Asolraahn et ses pas se rapprochèrent d’une traite quand le graärh déblaya une cavité camouflée par mousses et racines.
Les yeux pétillants, voilà qui était rassurant. Elle ne se serait vraiment pas vu pénétrer à l’intérieur de la caverne par l’entrée principale. Non pas, il y avait dans la trouvaille d’Asolraahn un chemin de lumière et de survie.

- Bravo Asolraahn, tes yeux de smilodon ne t’on pas fait défaut.

Humant l’air humide provenant de l’intérieur, en effet, l’odeur de fauve était bien plus importante encore ici. Tout comme cet odeur maladive. Deux choses qui faisaient bien hérisser le poil de la graärh.
La déclaration du Tribyoon qui suivit alourdi un peu plus la gravité chez la féline. Aux dires du géant blanc, il y avait une sorte de point de non retour. Ne rétorquant rien, sachant qu’elle n’avait soudainement plus de salive dans la gueule, Reynagane écouta Asolraahn s’expliquait sur son choix et ne trouva rien à en redire. Après tout, tout ce qu’il disait était d’une vérité palpable. Cependant, en regardant dans la cavité noire, il y avait un appel vers la mort que Reynagane avait déjà bien trop de fois ressentie.

Plaçant une patte sur le bras d’Asolraahn, Reynagane appuya le regard bleu du mâle.

- Nulle excuse tu dois me faire. Je t’ai suivi je te rappel, je ferai tout pour être à la hauteur. Bien sûr que j’ai peur, mais je peux la contenir désormais. Je te fais confiance, tu es mon Tribyoon après tout, assura t’elle de préciser avec un petit clin d’œil en allusion à tout ce qui avait été dit durant leur voyage jusqu’à cette forêt.

Brisant le contact de sa patte sur le corps d’Asolraahn, Reynagane s’écarta pour le laisser pénétrer à l’intérieur. Le suivant à son tour, elle fut surprise de glisser rapidement mais sur une courte distance jusqu’à ce retrouver dans l’obscurité teinté des ombres et lumières provenant des trous au plafond. Une petite rivière s’écoulait non loin d’eux et l’âme de Reynagane y vit à cet instant une merveille naturelle. Bien vite gâché par le résonnement de pas s’approchant d’eux. Asolraahn feula et Reynagane se prépara à toute éventualité de combat bien que honnêtement, elle se voyait déjà cuite. La silhouette obscure d’un nocturnyène s’avança alors devant le géant blanc. Le calme de son compagnon impressionnait Reynagane, il n’y avait pas à dire elle avait bel et bien un maître à ses côtés.
Une seconde et la bête s’évapora dans l’ombre. Asolraahn lui emboîta le pas et Reynagane suivit juste derrière en posant une patte sur sa gueule tandis que l’odeur de la maladie lui attaqua le sens. La mort et le désespoir. Voilà ce qu’ils y trouvèrent dans une toute nouvelle cavité. Le nocturnyène qu’ils venaient de croiser était comme le disait Asolraahn la matriarche. Ses petits étaient d’une maigreur alarmante et Reynagane ressentit alors un profond sentiment de tristesse face au fléau qu’elle avait devant elle. La mort s’adressait à tout les êtres et le malheur pouvait toucher tout le monde à chaque instant.

Putride, l’odeur n’engageait rien de rassurant et au regard de son compagnon, Reynagane sut qu’ils pensaient la même chose. Venaient-ils de plonger dans un lieu ou une maladie mortelle pourrait être contagieuse ? Venaient-ils de se jeter tête baissé dans un piège qui pourrait changer le cours des choses ?
Pas le temps de se poser plus de question morbide que des grondements jaillirent dans plusieurs arrivées menant au coeur de la cavité. Ils n’étaient clairement pas seuls.

Plaquant ses oreilles contre son crâne et découvrant ses crocs, Reynagane réfléchissait à une solution rapide. Les tuer comme le disait Asolraahn. Pourtant, en voyant l’agonie de cette colonie, Reynagane n’avait de cesse de s’imaginer à leur place. Les graärhs n’avaient jamais eut d’accidents tels qu’un nocturnyène s’approche autant de la Légion. Peut-être que cette maladie affectait les sens et l’esprit ce qui avait conduit une bête complètement désorienté et perdu à se jeter sur l’un des leurs. Mais la féline avait beau se creuser la tête, elle ne voyait pas d’autre solution de devoir éliminer cette maladie en son coeur. De là, peut-être que les nocturnyènes non touché par la maladie auraient alors une chance de survie.

Jetant un coup d’oeil à Asolraahn bandant ses muscles prêt à en découdre, Reynagane tourna son regard sur ses propres pattes. Elle pouvait le faire. Oui, peut-être était-ce une solution. Fermant les yeux pour se concentrer, la féline essaya d’atteindre les fils de la Trame tout autour d’eux pour y condenser la chaleur du lieu. Des flammes jaillirent alors des deux pattes de Reynagane jetant des ombres dans toute la cavité.

- Je vais te séparer des nocturnyènes avec le feu et de ton bâton tu pourras alors les atteindres. En revanche, je manque encore cruellement d’expérience en matière de maniement de la Trame, je sais qu’avec plus d’entraînement j’aurais pu nous former un dôme entre nous et eux mais je pense que j’en suis encore incapable.


Tendant la patte en avant, elle ne pouvait pas encore attaquer avec le flux élémentaire mais au moins utiliser le feu effrayerait sans doute les fauves. Se concentrant à en avoir mal au crâne, Reynagane essaya de bloquer les issues avec des espèces de murs de flammes. Elle aurait pu faire bien mieux avec plus d’entraînement mais dans l’attente et avec l’instinct de survie elle essayait de faire au mieux.

La caverne était désormais rougeoyante. Les flammes pouvaient à toute instant disparaître, Reynagane le savait. Mais elle ne devait pas lâcher prise, Asolraahn comptait sur elle. Elle le protégerait autant qu’elle le pourrait.

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