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[INTRIGUE] Le Berceau de l'Hiver

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Le roi est en colère, je peux le sentir dans la tonalité de sa voix, et c’est compréhensible. Il a raison, et ma tête fait u léger mouvement, pour montrer que j’ai compris son ordre et je l’exécute immédiatement. Il me lâche alors, m’offrant la possibilité de me mouvoir. Je repère bien assez rapidement la piste du jeune prince, pendant ce temps, moi roi est parti à la recherche de la princesse.

En même temps de son odeur corporelle, je peux sentir celle du sang, et la peur de perdre un autre petit est bien plus grande en ce moment que jamais. Je m’active donc, les pupilles rétrécis par le choc émotionnelle, et cachant mes miaulements de peur, pour laisser place à la colère et à la haine de celui qui a pu faire autant de mal à mes enfants de cœur.

« Je sais que tu es ici. Inutile de te cacher. Ceux de ton espèce n'ont rien à faire chez moi.»

Alors que je m’approche suffisamment, pour entendre deux voix, l’une d’elle s’exprime dans la langue des humains, mais ce n’est pas un humain… Non… A l’odeur et à la voix, je peux sentir que c’est l’un de mes congénères. Bandant la corde de mon arc, avec une flèche armée dessus, je m’approche en toute douceur, de manière à être la moins perceptible possible. Il peu me repérer par mon odeur corporelle, mais celle du sang prône dans l’air, pouvant me rendre indétectable.

Je parviens à me cacher derrière une ruine assez conséquente, mais de ma petite place, je ne vois pas assez de chose… Je suis simplement en mesure de voir la couleur pourpre du félin, et des… Ai-je bien vu ? Des choses qui semblent bouger dans son dos… Le grand félin est bien plus imposant que moi, au corps-à-corps, je n’ai aucune chance… Mais j’ai l’effet de surprise, ce qui me met en avantage…

Gardant mon calme, et régulant ma respiration, cet être ne semble pas armé, et étant de dos, je ne parviens pas non plus à voir mon fils. Je me décide à sortir de ma cachette, plaçant ma flèche au plus prêt du crâne de ce dernier, prête à la laisser partir pour faire un magnifique trou dans son crâne…

« Laisse l’enfant tranquille et tout se passera bien. »

Le félin souffle par ses naseaux, laissant la langue des humains de côté pour s’exprimer dans notre dialecte.

« Toi non plus, tu n’as rien à faire là. Occupez-vous de ces deux-là. »

A peine a-t-il terminé sa phrase, que je sens mon corps et mon instinct premier se mettre en alerte. Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit, mon pelage prend du volume, et les crocs se montrent dans un grognement de défense. Je peux sentir mes esprits-lié plus que troublé et cela est de mauvais augure…

Trois choses sortent du dos de l’individu, cela ressemble à des Jonkped qui volent dans ma direction, cependant, elles ne ressemblent pas à ce que je connais depuis ma tendre enfance… Ils sont bien plus différents, de par leur taille qui ne cesse de grossir en volant vers moi, mais aussi par leur rapidité extraordinaire, tel des monstres prêts à me dévorer…

Étant déjà armée, et prête à tirer sur le chat, ma griffe lâche la corde, laissant partir la flèche dans le crâne d’un, ils se replient et tombe sur le sol, mais il en reste deux autres dont je dois me débarrasser… Après plusieurs secondes, leur taille cesse de croître, mesurant un peu plus que la moitié de ma taille. Je ne suis pas en mesure de prendre une autre flèche, alors qu’ils me foncent dessus, m’obligeant à esquiver, chose que je parviens de peu… C’est bien une chance pour moi, durant mon esquive, les deux choses percutent un débris, les faisant changer de bord, l’un part à droite, le second à gauche, et le voilà de dos…

L’option de la force n’est pas la bonne, le mieux était de communiquer, pour éviter un autre mort dont mon cœur souffrira pour toujours… Est-ce une malédiction dont je suis victime ? Vais-je voir tous mes enfants mourir sous mon regard ?

Le félin ne semble plus présent, et donc, l’option de parler n’est plus possible. Cependant, je n’ai pas utilisé toutes mes cartes, et demande de nouveau de l’aide à l’esprit lié de la libellule, pour faire de nouveau une bourrasque. La chance me tend de nouveau les bras, alors que les deux chosent volante, se mettent en boule, finissant leur course sur le sol. Passant rapidement entre les deux créatures, je peux voir mon enfant blessé, mais encore en vie, et pas en danger de mort, tout du moins pour l’instant. Il me fait signe de ne pas faire de bruit, et je le prends dans mes bras, brisant le ronronnement qui allait sortir de ma gorge.

« Je vais te ramener à la maison mon petit… »

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Le vaseux n'avait guère de chances de victoire, d'autant qu'une fois de plus, la dragonne qui nous accompagnait se chargea de l'abattre. Il me restait décidément bien des choses à apprendre, tant dans l'art de la magie que du combat, de la stratégie, de la zoologie...mais quoi qu'il en soit, si ce n'était une minuscule estafilade, je m'en sortais bien, et mes compagnons aussi, a mon grand soulagement. Ils étaient deux éléments importants parmi le groupe de Loyaux a ma personne et a ma vision de l'avenir de la légion, et si dangereuse que soit cette mission, je ne comptais pas en perdre un en route.

Suivant l'immaculée dans sa démarche de sauvetage, je me précipitai au chevet de la vampire pour tenter de lui prodiguer les soins que mes capacités me permettaient d'administrer, rapidement rejoint par Djerzeb, ayant fait appel aux rites de notre peuple pour donner à ses gestes des vertus curatives. Je le laissais prendre le relais après qu'il se soit chargé d'effacer ma plaie en un instant, me relevant pour constater les dégâts, qui étonnamment semblaient minimes au sein de notre expédition.

-Ynsh'Em. Des Qu'elle en est capable, interroge la nouvelle. ordonnai-je avant de me tourner vers la dragonne.

J'adressai a celle-ci une révérence polie et silencieuse, remerciement tacite pour son assistance précieuse...si l'on pouvait encore parler d'assistance tant son intervention avait été salvatrice. Cependant, mon instinct m'ordinnair de rester sur mes gardes. Pareille à ces vieillards dont les genoux sont douloureux quand vient la pluie ou la neige, j'étais attentive au moindre signe, tant mon ressenti me criait que nous n'étions pas au bout de nos peines...et les esprits savaient qu'il était dans le juste, alors qu'arrivait vers nous un individu de haute stature, dont les longs cheveux blonds encadraient un visage dur, que j'espérais de tout coeur ne pas croiser depuis l'annonce de la présence d'une dragonne-liee... J'aurais préféré un second vaseux, mais soit. Impossible d'éviter un échange avec le Prince Noir. Et si j'accédai au poste de Kamda Aleeshan, il y en aurait encore sans doute bien d'autres, alors autant s'entraîner immédiatement...je pris l'initiative d'aller à sa rencontre, refermant sur la hampe les courroies de cuir retenant dans mon dos ma pertuisane, en guise de signe de paix, sans pour autant cesser de faire confiance a l'aura que me conférait l'esprit-lié du Coq.

- Je n'aurais pas pensé que nous nous reverrions si vite., affirmai-je, sincere, en guise de salutations, Enfin. Avez-vous fait quelque découverte intéressantes dans ces galeries aussi hospitalières qu'un bordel à lépreux en flammes?

Notre dernière rencontre m'avait servi de leçon, et tout en parlant, je focalisai mes pensées sur le combat avec l'étrange créature et notre chute du glacier, omettant de mes images mentales directes le dispositif assemblé plus tôt. Je n'étais guère ravie de le voir, mais au moins, j'étais sûre d'une chose : si nous pourrions après le même objectif -ce qui était, il y avait fort à parier, le cas-, ceux qui auraient pu faire de même et auraient croisée sa route n'étaient probablement plus de ce monde. De plus, cette fois, la balance des forces s'inversait : il n'avait pas de dragon. Nous, si. Une bonne raison pour que cette entrevue se passe mieux que la précédente, et qui sait? Si tant était que nos objectifs divergent suffisamment tout en nous menant sur le même chemin peut être pourrions-nous apaiser nos précédents désaccords durant un trajet commun?...soit. A la vérité, je n'y croyais guère. Mais comme tout peuple tourné vers l'avenir, notre précédent échange n'avait a mon sens déjà plus lieu d'être source de conflit, mais bien une expérience sociale enrichissante, sur le plan personnel et général. De la même façon, un être d'une longévité aussi importante que la sienne devait voir les choses de façon totalement différente...mais cette fois, je marcherais sur des oeufs. Il ne sera pas dit que Jh'eena Orën est suffisamment peu attachée à la réalité pour offenser volontairement deux fois un être de pareille importance, et par extension, faire échouer une expédition déjà bien assez dangereuse pour ne pas se voir complexifiée par l'ire d'un être millénaire et susceptible...

HRP :

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Ce qui était perdu ne pouvait plus être sauvé, ou du moins Aldaron n’avait, parmi les siens, aucun être capable de ramener Sorel à la vie. Mais Elizabeth, Ivanyr et Celeborn, eux, pouvaient encore être sauvés. Aldaron laissa à Nahui le soin de couvrir leur retraite. Il demanda à sa Liée de lui ramener la dépouille de Sorel, lorsqu’elle en aurait fini avec ce crâne meurtrier. Crâne qui lui rappelait les propos d’Ilhan, mais aussi de Purnendu, sur Rog Parish. Il savait assurément qu’il y avait quelqu’un qui connaissait ces ruines de jadis suffisamment pour y chercher quelque chose et ça ne pouvait pas être les graärh puisque, comme les Erlië, ils exploraient les environs, en quête de leur passé. L’évidence se dessinait dans son esprit.

Nessraya se dirigea vers Ivanyr et Aldaron fit chemin vers Elizabeth pour n’arriver, hélas, que trop tard. Des graärh étaient penchés sur le corps de sa fille, essayant, en vain, de lui prodiguer des soins. Son pas s’était ralenti, jusqu’à s’arrêter à quelques mètres de la vampiresse défunte. Deux enfants. Aldaron venait de perdre deux enfants et la détresse vibrait dans son esprit sans gagner son corps. Son cœur ne battait pas, sa respiration n’avait pas de raison d’être. Les marques de la profonde peine qui le saisissait n’étaiten pas visibles, même s’il ne doutait pas que des êtres doués de télépathie comme Nynsith ou Nahui sentent pleinement combien la situation lui arrachait le cœur.

Comme pour Sorel, il n’approcha pas d’avantage, comme si voir leur corps inerte ou lire la mort dans leur yeux lui seraient insupportable. Il était le prince noir, il était un dirigeant. Viendrait le temps des larmes, et pour l’heure, il comptait bien faire payer au responsable de ces meurtres un prix des plus macabres. Le visage fermé, mâchoire serrée, son regard verdoyant se posa sur Jh’eena qui venait à lui pour… Quoi ? Que disait-elle ? Tout devenait bien vite un bourdonnement. Il pensait être maître de sa colère, pourtant. Un voile tomba devant ses yeux et il se retrouvait à nouveau au milieu de cette forêt irréaliste.

Au loin résonnait un tambour, ou peut-être est-ce un battement de cœur. Un autre bruit se fit entendre, celui du bois qui craquait. Sous ses yeux, Sorel et Elizabeth étaient étendus au sol, la peau pâle. Des racines lentement les recouvraient. Sa gorge se serrait. « En son sein … Licorok les accueille … face à ceux qui peuvent le réclamer … ils feront partie de … ». « Ils feront partie de quoi ? » demanda-t-il, sans se rendre compte qu’il prononçait également ces mots devant Jh’eena, dans une réponse assez improbable à la question de la graärh. Dans le meilleur des cas, elle serait assez intelligente pour remarquer qu’il avait l’air ailleurs. Dans le pire des cas, elle le prendrait pour un fou, avouant alors sa stupidité par cette pensée.

La voix était familière aux oreilles d’Aldaron. Il savait qu’il s’agissait de l’Arbre-Songe. « Qui peut le réclamer ? Et réclamer quoi ? » Pas de réponse, à nouveau. La voix s’évanouissait, ne lui apportant que le silence. En son for intérieur, toutefois, il commençait à pressentir une réponse personnelle. Ou bien était-ce son intuition ? L’Arbre-Songe gardait quelque chose d’extrêmement puissant, jusqu’à ce que quelqu’un capable de le réclamer se présente. Et pour qu’il y ait non seulement une personne, mais plusieurs, comme l’indiquait le pluriel employé par Däddhy, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Les couronnes de cendres étaient légitimes. Et si elles mettaient la main sur un tel pouvoir, il ne donnait pas cher de l’archipel.

Les branches d’un des arbres les plus proches se mirent à bouger, comme si quelque chose se trouvait à l’intérieur. Des chuchotements à peine audibles se firent entendre. « Arrête de bouger comme ça, il va nous voir. » fit l’un. « J’aimerais t’y voir, grimper dans un arbre avec des nageoires quelle idée. » répondit l’autre. « Chuuut. Il va nous entendre. Si on ne veut pas qu’on nous accuse d’interférer on doit rester discret. » faisait le premier. L’Ast avait tourné son regard vers eux. Une part de lui, de sa mémoire ou de celle d’autres, entendait ses propres Esprit-Lié : le Saumon et le Colibri. « Ils vont nous détruire si vous n’interférez pas. Vous le savez, regardez. » Il désignait les racines qui avaient recouvert ses enfants. « Les déesses aussi nous ont regardé subir leurs choix en se cachant derrière une volonté de non-interférence. Vous ne pouvez pas rester sans rien faire : qu’est-ce qu’il se passe ? »

Mais il n’eut pas de réponse et il revint la réalité. Ou du moins, il eut l’impression que c’était la réalité qui revenait à lui, tant cela lui sembla un peu plus brutal que la dernière fois, comme si, cette fois, il était ressorti d’un songe encore plus profond. Il croisa le regard de Jh’eena, réalisant enfin le contenu de ce qu’elle lui avait dit un peu plus tôt. Elle avait sa réponse : il savait des choses, oui. Mais elle ne lui avait pas explicitement demandé de partager et il ne comptait pas faire part de ses hypothèses sans détailler sa pensée au préalable. A plus forte raison qu’il captait de ses pensées, en plus des images de ce qui c’était passé qu’elle lui offrait généreusement en évidence (merci), qu’elle semblait se sentir plus en sécurité face à lui, maintenant que c’était elle qui avait une dragonne à ses côtés. Il manqua de soupirer. Il n’avait pas de griefs contre Nynsith et aux dernières nouvelles, elle n’en avait pas contre lui. Au contraire, Nynsith savait qu’il serait l’une des clés pour modifier le Lien qui décimait sa race, alors Aldaron doutait qu’elle lui fasse du mal, du moins, pas au point de le tuer.

Quoiqu’il en soit, car il pouvait se tromper, avec la magie du Lien, il avait largement de quoi mettre un dragon hors-jeu si cela devait nécessaire, en gravant dans son âme une interdiction à son cœur de battre par exemple… Il n’avait pas envie d’en arriver là. Alors il espérait que Jh’eena ne soit pas assez stupide pour se croire vraiment en position de force. Aldaron ne comptait pas détromper de sa croyance erronée, pour le moment. Qu’elle se croit donc en sécurité, elle tomberait d’autant plus des nues s’il devait la remettre à sa place insignifiante.

Il avait, de son côté, d’autres chats plus importants à fouetter. Littéralement. Cette phrase n’avait jamais été autant fort à propos. Il contourna silencieusement Jh’eena pour s’approcher de sa fille et de la sainur Rumil. « Que s’est-il passé ? » réclama-t-il et Rumil fut prolixe : « Lorsque Nahui a enfoncé le mur, Elizabeth et moi, nous nous sommes retrouvées isolées. Elizabeth s'est bien accrochée à moi. Nous avons fait un peu de repérage, puis j’ai suggéré que nous retrouvions le groupe pour poursuivre nos recherches. Mais Elizabeth me disait qu’il y avait un battement de cœur et lorsqu’elle s’est approchée de l’endroit d’où cela semblait provenir, cette créature, une sorte de vaseux je pense, a surgi. » L’ast ferma les yeux pour accéder aux souvenir de sa défunte fille. Battement de cœur, oui… Mais pas du vaseux. « Les vaseux n’ont pas de cœur. » répondit-il. Il y avait alors autre chose. Probablement la même personne dont Aldaron avait capté les traces, un peu plus tôt.

« La créature nous a attaqué et nous avons essayé de nous défendre mais les sorts ricochaient sur elle. » Comme pour le crâne tueur, songea Aldaron. « Elizabeth a tenté de le frapper, mais elle a manqué de se faire agripper. » Les mires verdoyantes, mouchetées d’or, du vampire se posèrent sur l’une des mains de sa fille à qui il manquait une arme de pugilat. Probablement avait-elle du la détacher pour se libérer de la créature. « Ne pouvant en venir à bout, nous avons décidé de nous replier pour analyser la situation et préparer une riposte, et le vaseux nous a poursuivi. Nous n’avons pas réussi à la semer. » Comment ? Elisabeth avait Nuit, elle aurait pu… Mais elle n’avait pas voulu abandonner Rumil. Elle savait que Rumil était la personne qui en savait le plus, sur cet archipel, au sujet des portails. Alors elle l’avait sauvée. Pour leur peuple, Rumil était plus importante, mais à ses yeux de père, c’était Elizabeth qui comptait bien plus. Sa fille avait préféré penser à leur peuple et en cela, elle se montrait digne des Erlië. « Elizabeth s’est interposée pour que j’ai le temps d’aller chercher du renfort mais la créature l’a submergée et l’a entièrement recouverte avant de prendre son contrôle. La créature s’est servi d’Elizabeth comme hôte pour se battre. Le feu de Nynsith a tué la créature. »

Il n’en restait effectivement pas grand-chose, excepté une masse visqueuse et carbonisée. En l’inspectant, l’ast fit face à de la résistance magique mais… : « Ce n’est pas une créature invoquée magiquement… Et pourtant, elle n’est pas de ce continent, mais de celui auquel était lié le portail qui se trouve ici. » Son regard se posa sur le visage inerte de sa fille et son sang se glaça. « Je vous remercie d’avoir mis fin aux souffrances de ma fille, Nynsith. » fit-il en levant un regard triste sur la dragonne avant qu’il ne chasse cette émotion de ses prunelles. Il ne savait pas pourquoi elle l’avait fait, ni quel but animait l’ancestrale créature, mais ses actes avaient empêché que sa fille serve durablement de pantin et pour cela, il était reconnaissant.

Mentalement, il contacta Celeborn qui semblait être en train de réunir le reste de leur troupe. Il lui indiqua de les rejoindre. Il contacta également Nessraya pour lui demander de lui ramener Ivanyr sain et sauf. « Il y a quelqu’un, ici, de bien plus ancien que nous tous réunis. » fit-il, en réponse à Jh’eena et se tournant vers elle, à présent. « La forêt de Licorok essaie de me mettre en garde contre un danger grandissant qui se produira si nous ne protégeons pas la forêt. » Il ne voulait pas en dire plus, mais il savait que Nynsith pouvait piocher dans son esprit pour comprendre de quoi il en courait exactement. Ce qui se trouvait auprès de l’Arbre-Songe était d’une puissance monstrueuse, probablement autant que le Baoli. Alors, moins il y avait de personnes conscientes de son existence, mieux ce serait… Car la convoitise était un fléau qui pourrait mettre à mal ce qu’Aldaron essayait de protéger des avides en quête de pouvoir.

« Mes Esprits-Liés me regardent avec attention, comme si ce qui se passait était d’une importance capitale… Ils étaient là tous les deux et… » Était-ce alors si hasardeux ? Son hypothèse semblait bien plus réelle que jamais. C’était Rog dont Aldaron avait entendu la colère et qui cherchait ici quelque chose. C’était Rog qui avait envoyé ce crâne, si semblable à ceux dont Ilhan et Purnendu lui avaient parlé, pour tuer son fils Sorel. C’était Rog qui avait envoyé ce vaseux sur sa fille. Il avait trouvé son ennemi et sa colère enflait. Contre lui, mais aussi contre les graärh de Nyn-Tiamat qui avaient voulu posséder toute l’île alors qu’ils ne la connaissaient pas et qu’ils étaient incapables de défendre un territoire aussi vaste et hostile. Ils laissaient une couronne de cendres trouver impunément des armes sur leurs terres.

Son ire gonflait tant et tant, sublimée par la douleur du deuil de ses deux enfants, qu’il aurait pu rivaliser avec le dragon rouge, en la matière, l’espace d’un instant. Sa main se referma sur une flèche, prise dans le carquois à sa hanche, et l’autre sur son arc. « Le docteur Rog Parish est ici… Et il recherche une arme. » Il banda la corde après avoir lancé un sort de retrouvailles pour localiser précisément ce monstre. Il fit le vide en lui, pour tenter de capter le battement son cœur dont il connaissait l’odieuse mélodie, à présent. La flèche se fit fantôme et sa vision lointaine pour que les larmes de Morneflamme affligent sa cible d’une peine amplement méritée. « A s’être frotté aux Elusis, je crains qu’il ne trouve rien d’autre que la mort. » 500m se parcouraient en 6 à 7 minutes de marche : vu la proximité des événements, Rog était forcément dans ce secteur. La flèche partit, à travers les murs et les hommes, avec sa cible en tête. Rog se cachait derrière ses créatures, alors il penserait qu’en mettant une bestiole entre lui et la flèche fantôme, il se protégerait, et il se retrouverait pris au dépourvu lorsqu’il la verrait poursuivre sa course. A la vitesse où allait une flèche, il n’aurait pas le temps d’esquiver une seconde fois avec un bouclier magique. L’ast savait que la couronne de cendres se cachait derrière ses bêtes et il comptait bien utiliser ce que Rog prenait comme une force, en un désavantage.

Les graärh suivraient-ils le sillage de sa flèche… Ou poursuivraient-ils, comme des lâches, leur objectif pour ravir le portail pendant que les vampires se feraient massacrer ?

Directives :


Arc :

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D’un pas assuré, un être bossu avance sur un sol gelé. Prenant garde de ne pas glisser, il pose sa main sur un morceau de débris pour aider son avancée avant de poursuivre en direction de ce qu’il recherche. Son autre main, elle, se lève, semblant venir chatouiller quelque chose se situant sur son épaule. En réponse, un tentacule s’enroule autour d’un de ses doigts.

« Il s’en est fallu de peu tout à l’heure. Et pourtant tu es plus forte que tes sœurs. Non ne t’inquiète pas, je ne t’en veux pas. Je t’ai créé au mieux que je pouvais et en fonction de mes connaissances sur ces êtres venus de l’extérieur. La prochaine génération prendra en compte ce petit incident. »

Glissant une main au niveau de sa taille, les doigts griffus de l’être bossu passèrent sur une série de flacons, émettant de quelques tintements. En réponse, ceux-ci, ou plutôt ce qui se trouvait à l’intérieur se mirent à vibrer.

« Je crains que votre frère ne nous ait quittés. N’ayez pas d’inquiétude, je vous laisserais votre chance de vous repaitre de ses meurtriers. »

Toujours en murmurant, le graarh au pelage couleur prune poursuit sa route. Il touche bientôt au but. Son précédent passage dans les bureaux lui a permis de mettre la main sur la clé d’accès à la chambre des spécimens. Si au sein de son ancien institut tout est en ruine, la couronne a remarqué que le bâtiment accueillant la chambre est encore debout. Fort heureusement, sans quoi il serait venu ici pour rien et aurait dû rebrousser chemin. Une fois là-bas, il serait en mesure de corriger ce que ces créatures inférieures avaient osé faire à la plus belle de ces créations.

Un sifflement se fait toutefois entendre, approchant à grande vitesse en direction du félin. Rog tourna la tête pour voir une flèche franchir un mur en ruine et fondre sur sa personne. Devinant sa nature magique, dans sa hâte il se saisit de la première chose qu'il avait sous la main. C'est ainsi qu'il se retrouva à pointer face à lui la créature mi-caméléon mi-pieuvre. Sous la pression qu'exerçait la main du graärh, celle-ci déploya la collerette qui ceignait sa tête, agitant ses tentacules. La couronne de cendre insuffla la magie de la lucane à l'intérieur et la flèche vint percuter la créature. La foudre accompagnant l’attaque grilla la pauvre bête qui retomba au sol, inerte.

Un air contrit déforma le visage du docteur Parish qui vit là son camouflage disparaitre. Les dragons ne tarderaient à pas sentir son esprit et sa magie, les vampires ne tarderaient pas à entendre ses battements de cœur.

« J’aurais préféré pouvoir terminer mes affaires dans le calme. Mes petites diversions ne suffiront plus désormais. Corsons un peu les choses. »

Portant la main au niveau de son torse, la graärh au pelage couleur prune sortit de son fourreau une dague à la lame étrange. Prenant une petite inspiration il entailla le bout de son doigt. Une impulsion de magie secoua alors l’ensemble du complexe et en réponse à cette dernière, une série de cris bestiaux s’élevèrent.

***

Un jeune vampire se tient droit au milieu d’une pièce en ruine. Ses mains caressent avec hésitation un petit cadre en métal à la base duquel est scellé un cristal. Le cœur du cadre baigne de magie, laissant apparaitre une série de textes qu’il lui est très difficile de traduire. En accompagnement de ces écrits dématérialisés, il y a des images. Celles-ci font frissonner le jeune vampire, semblant lui remémorer de douloureux souvenir. On y voit un graärh dont le corps est partiellement recouvert de plaques semblables à du corail. On y voit un grand édifice duquel émergent d’immenses cheminées laissant échapper une fumée noire. On y voit un fleuve à la couleur plus qu’inquiétante. Chassant les images pour revenir aux écrits, le jeune vampire fronce les sourcils, cherchant à se concentrer pour essayer de traduire.

« Journal … Vishv … monde ? Sans doute. Scandale au cœur … des sociétés Ych … Ychgama. Le fleuve rendu impropre a … rah, je n’arrive pas traduire ce mot. L’institut Parish appelé à … la rescousse. Une mala … »

Le jeune vampire s’arrêta lorsqu’il sentit une impulsion de magie et ses esprits-liés le mettre en garde. Prenant la tablette, il la rangea dans son manteau et sortit du bâtiment à la hâte.

« Vous avez senti ça ? Ce n’était pas loin ! Il faut nous hâter. Mon père nous a demandé de le rejoindre. Vous avez pu vous occuper de sa jambe ? »

Le regard du jeune vampire se porte alors sur un soldat qui est penché sur un autre en train de terminer une attelle de fortune pour une jambe.

« Oui je viens de terminer. Nous allons pouvoir nous mettre en route. »

« Très bien, alors ne perdons pas un seul ... »

« Attention quelqu’un approche ! »

Le jeune vampire tourne la tête pour remarquer qu’au détour d’un bâtiment en ruine vient d’apparaitre un félin à la stature rendue imposante par la bosse déformant son corps. Regardant l’être face à lui, il note le pelage couleur prune du nouvel arrivant et croit reconnaitre de qui il peut s’agir.

« Père … j’ai peur de ne pas pouvoir te rejoindre aussi vite que je le souhaiterais. »

Portant sa main à son arme, il ordonne aux soldats de se mettre en formation et à l’inconnu de décliner son identité. Pour toute réponse il n’y eut que le bruit du verre qui éclate et trois créatures qui surgirent du félin pour fondre sur les premiers soldats à portée.

***

Des cris percèrent le silence de ce lieu, puis des gémissements plaintifs. Les jonkped tombés au sol se relèvent, mutant chaque seconde. Leurs muscles se font plus puissants. Leurs peaux plus résistantes. Leurs crocs plus proéminents. Leurs plaies se referment et des pics apparaissent dans leur dos et sur leur queue. Deux d’entre eux décollent, s’envolant avec vitesse pour se diriger en direction du plus important regroupement d’individus. Le dernier, précédemment blessé, fait de même. Mais sa cible elle ne change pas, il a une revanche à prendre.

***

Le frottement d’os et d’écaille … le craquellement d’une ossature qui cède sous la pression … le sifflement semblable à une fuite d’air … l’affolement d’une magie qui voit son réceptacle se briser …

Un rire sinistre s’élève toujours plus haut et plus fort et à celui-ci vient se mêler le rugissement d’un dragon. Le premier sert son maitre, le second défend celui qu’il aime.

Puis une impulsion les frappe tous deux.

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Nahui

Compétence utilisée : Résistance magique niveau Bon. Marge de la caractéristique : 55.

Modificateur =>

Race : dragon = +10
Echo du rire du seigneur des os : Echec critique -41 et moins.

Total : 65

Résultat =>

65 - 80 = -15

Réussite médiocre.


  • MR de 66 et plus : Réussite exceptionnelle. L'action fait l'effet d'un coup de génie. Un avantage conséquent est octroyé et ses effets bénéfiques font profiter tout le groupe.
  • MR de +41 à +65 : Réussite remarquable. L'action est ovationnée. Un avantage certain est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +21 à +40 : Réussite notable. L'action est particulièrement réussie. Un léger avantage est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de +1 à +20 : Réussite simple. L'action est réussie simplement, sans autre résultat notable.

  • MR de 0 : Réussite in extremis. L'action réussit sur le fil du rasoir, à un cheveu près.

  • MR de -1 à -20 : Réussite médiocre. L'action réussit mais n'a pas les effets escomptés (souvent amoindris).
  • MR de -21 à -40 : Échec simple. L'action échoue. Un léger désavantage au joueur ou un léger avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -41 à -65 : Échec cuisant. L'action échoue pitoyablement. Un désavantage au joueur et/ou un avantage à l'adversité est octroyé dans le domaine d'action.
  • MR de -65 et moins : Échec critique. L'action échoue lamentablement. Un sérieux handicap est attribué au joueur et à ses alliés. L'adversité obtient un sérieux avantage.



Dernière édition par Le conteur le Lun 17 Jan 2022 - 20:33, édité 1 fois

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'MJ' : 80

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Pendant un instant, la situation du côté de Nahui se résuma à des nuages de poussières et de givre, des os, des coups, des morceaux d’habitat et d’outils anciens qui se brisaient et volaient. Ses narines s’étaient faites fentes pour filtrer un minimum les particules qui saturaient ses environs. Elle n’avait que faire de son environnement. Lié ne l’aimait pas, ce lieu, de toutes façons : pourquoi l’aurait-elle respecté ? Ses crocs brisaient les airs, ses pattes venaient lourdement se planter dans le sol, son corps complet se jetait ici et là, cherchant à chaque fois à, enfin, bloquer son adversaire sous elle.
Le rire de son adversaire résonnait dans sa tête et contre les parois glacées, lui faisant enfin comprendre ce qu’étaient les fameuses moqueries que les bipèdes s’infligeaient parfois. Elle n’y résistait aucunement. Sa rage bouillonnait un peu plus à chaque seconde que cet amas d’os passait encore animé de magie.

Tel que cela devait être, vint le moment de son inéluctable victoire. Son torse s’écrasa sur le colosse d’os, et ses pattes achevèrent de créer une prison autour de lui. Comme pour se faire un nid plus confortable, elle arrangea sa position, remuant du popotin. Voilà. Ainsi aucun organe vital n’était à portée de ce qui, bientôt, ne serait que poussière. Profitant d’un bref instant de répit, elle constata prestement où en étaient les autres membres de l’expédition. Les nouvelles n’étaient pas bonnes. Lié tenait le coup pour l’instant. Il était le plus fort. L’esprit de Nahui revint contre le sien, dans un contact qui se voulait comme un transfert de certitudes. Lié avait vu des choses qui l’aidaient à penser au présent. Il était très occupé à sauver le monde. Sans doute aurait-il besoin d’une armure sur pattes à un moment.

Non pas que Nahui eut été impatiente de s’éloigner enfin de sa proie au rire si agaçant, maaaais… Non, si. Elle en avait marre de ce bout d’os qui les distrayait tous de leur devoir. Portant de nouveau son attention sur lui, elle constata avec dépit que l’odieux machin n’était pas encore tout à fait hors d’état d’ennuyer son monde. Pourtant, les os étaient fissurés, sa magie s’écoulait hors de lui comme la pluie au travers de feuillages. Plus que quelques instants, et elle pourrait en toute sécurité rejoindre Lié.

Ce fut une véritable chance que Nahui ait eu l’idée fabuleuse d’attendre ces quelques instants plutôt que laisser une fenêtre d’opportunité à la créature. Enfin, chance, tout était relatif. Au vu des événements, elle eut tôt fait d’imaginer que bien pire eut pu advenir. Une vague de magie traversa tous les environs. Ses crocs se crispèrent. Ce n’était pas bon. Quelqu’un, quelque part, avait dû activer un artefact. Elle allait encore devoir couver son cadavre un moment. Un lourd soupir accompagné d’un grognement agacé s’échappèrent de sa gorge.
Effectivement, sous elle, les mouvements reprirent de plus belle. Elle ne bougea pas, une expression de lassitude clairement dépeinte sur son esprit. La lassitude se changea, lentement, en intérêt, puis en panique. Contre son corps, une pression s’était faite, grandissante, se mouvant tel un serpent le long de ses écailles, l’enserrant lentement. Sa proie se brisa enfin, mais Nahui n’était plus du tout d’humeur à l’écraser, quoi qu’il advienne. Debout, elle se retrouva à bondir, à frotter son corps au sol et au mur, d’en l’espoir de se défaire d’un adversaire qui, déjà, avait pris beaucoup trop d’importance.
Un rugissement de rage résonna aux alentours quand, de nouveau, elle entendit ce maudit rire.

Ses pattes ne lui répondaient plus. Pourtant, elles s’agitaient, guidées par ces lianes magiques qui la couvraient désormais. N’ayant rien de mieux à faire, son cerveau s’agita aussi vite qu’il le put.

“- Lié ? Il va falloir me coincer dans un coin, le temps de… De tuer la source de magie qui fait fonctionner tous les environs.” Les mots tels quels auraient pu paraitre des plus communs, s’ils n’avaient pas été accompagnés de la panique d’une dragonne dont la force et la solidité venaient désormais affronter son propre camp. “Lié, je ne contrôle pas mon corps. Lié, fais attention !”

Sa trajectoire n’était pas aussi dramatique, néanmoins. Elle lui laissait même une chance. Nahui reconnut le nexus de magie qu’était Nynsith, mais n’eut guère le temps d’élaborer un avertissement aussi précis que pour Lié :

“- Arrête-moi !”

Elle se jetait sur sa congénère, ses crocs affamés dirigés vers la précieuse gorge de Dévoreuse.


Spoiler :

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Je ne m’attendais pas à une telle distraction de la part du Prince Noir. Son silence et son regard lointain laissaient entrevoir un doute indéchiffrable, teinté d’une inquiétude notoire. Le Lien étant une source de pouvoir puissante et indéniable, il n’était pas rassurant de le voir dans pareil état. Je me détournai du blond pour retourner auprès des miens. Il n’y avait plus rien à faire pour sauver la victime de cet espèce de vaseux, bien différent de ceux qui se trouvaient sur Néthéril, au désarroi notoire du dernier arrivant de cette étape. Cependant que la survivante lui expliquait la situation, il semble comprendre que nous n’en sommes aucunement responsables, et s’intéresser à un élément bien moins agréable encore que l’idée de la mort d’un des siens.

Mon pelage se hérissa sous l’armure et les couches de fourrure additionnelles avant même qu’il n’ouvre la bouche pour annoncer ce qui se tramait non loin, mon échine parcourue de ce frisson caractéristique d’un pressentiment des plus inquiétants. Je me tournai vers Djerzeb et Ynsh’Em, toujours emmitouflé dans son blindage d’acier et de fourrure. Eux aussi semblaient percevoir cette aura silencieuse, alors qu’Aldaron laissait s’échapper de ses lèvres le lourd couperet de la vérité.

-Le docteur Rog Parish est ici… Et il recherche une arme.

Je grognai à cette idée. Si je n’avais pas encore eu l’occasion de me frotter aux Couronnes, leur réputation les précédait largement...Et Rog était sans aucun doute celui du lot que je craignais le plus.  Lorsque le Prince Noir décocha sa flèche, qui partit vers sa cible sans se soucier des lois de la physique les plus élémentaires, je fis signe à mes shikaaree de rester sur leurs gardes.  Si Parrish était dans les environs pour trouver une arme, il y avait fort à parier que les pirates ne seraient qu’un souci mineur par la suite...Dans le même temps, s’il pouvait les éradiquer grace à celle-ci, je ne saurais que m’en montrer satisfaite. Le seul souci restant était que nous serions les prochains sur sa liste...si nous n’étions pas les précédents. Non, aussi amusante qu’était l’idée première, il était hors de question de se reposer dessus. C’était donc là un dilemme des plus inquiétants. Notre objectif premier était sans aucun doute le Portail, mais pareille découverte ne pouvait rester inexplorée. Si Rog cherchait une arme, et surtout, s’il la trouvait, le portail ne serait plus qu’une babiole...Alors que, selon la nature de ladite arme, si nous pouvions mettre la main dessus avant le docteur fou...hm. Mon choix était  fait. Djerzeb et Ynsh’Em poursuivraient leur route en direction du Portail, et qu’importait si le Prince Noir et moi ne partagions pas la même vision du monde. Ce qui se tramait était bien plus grave qu’un simple désaccord.  

Je vous suis., entamai-je en langue commune, tandis que je me tournais vers mes compagnons pour reprendre dans notre dialecte : Poursuivez notre mission première. Ce portail ne doit PAS tomber entre de mauvaises mains, si les pir…A COUVERT !

La perturbation dans le flux environnant était claire. Inoffensive, mais claire. Et surtout, annonciatrice de quelque chose de drastiquement moins plaisant que son survol de notre position. J’attrappai l’humaine par le col et la tirai à l’abri du batiment le plus proche, tandis qu’Ynsh’Em et Djerzeb plongèrent sans demander leur reste...et grand bien nous en prit, puisque c’est une volée de projectiles pointus et tranchants qui s’abattit sur notre position précédente, bientôt suivi par deux créatures volantes dont nous nous serions bien passés. C’était désormais officiel : Rog Parrish venait d’entrer en scène...Les deux abominations semblaient vouloir en découdre, et furent reçues par des lancers de gravats, que j’initiai, imitée dans la seconde par mes deux acolytes. Djerzeb, le plus éloigné du mur semi-écroulé, enchaîna avec ses javelots, faute d’éboulis utilisables a portée de mains, ce qui parut suffire à attirer l’une des deux bêtes dans notre direction. Ma lance dans la main droite, mon karambit dans la gauche, j’attendais en garde, à côté d’Ynsh’Em et de ses deux haches, tandis que Djerzeb reprenait le lancer de gravats.

- Aldaron! On descend cette saloperie et j’arrive !

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Enlaçant mon petit dans mes bras, laissant un ronronnement naître au fond de ma gorge, un ronronnement que je ne contrôle pas, tant mon cœur se sent rassuré de la voir en vie et en bonne santé, si l’on oublie le fait qu’il soit blessé. Plus jamais, il ne partira à l’aventure, ni les autres, je m’en assurerais, c’est bien trop dangereux…

Cependant, ce temps où les réjouissances mobilisèrent complètement mon esprit, tout retrouva la peur et l’angoisse, lorsque nous fûmes frappés par une vague de magie qui a traversé la zone. La surprise, nous fit légèrement basculer, il est impossible d’avoir un moment tranquille pour se reposer et reprendre son souffle…

Les deux choses volantes qui m’ont attaqué se réveillent finalement, puis s’envolent, mais contrairement à ce que j’aurais crus, ils partent en direction de mon roi… Malheureusement, je n’ai d’autre choix que de les laisser partir, ma mission consiste à protéger mon enfant de cœur, et je compte bien l’accomplir ! Lui qui est bien plus puissant que moi, je suis sûr que tout se passerait bien, je ne dois pas me préoccuper de lui, et me focaliser sur mon petit.

Quelques secondes après, un rugissement raisonna dans mon esprit, me faisant relever mes oreilles à la verticale. C’est beaucoup trop proche… C’est même inquiétant… La chose volante que j’avais tuée juste avant, se relève et se transforme de nouveau… Elle grossit, et déjà qu’a la base, ce n’est pas vraiment glorieux à l’œil, on peut dire que cette fois-ci c’est encore pire… Même un aveugle pourrait être effrayé… ça devient bien trop bizarroïde, que je ne veux même plus savoir à quoi est due cette transformation, probablement à la vague de magie…

Alors que le spectacle était au maximum de son étrangeté, voilà que la créature se met en boule pour rouler dans notre direction, avec ses piques pour nous embrocher vivant. Regardant rapidement un peu partout, car la vitesse de la chose ne cesse de progresser, mais les déviations qu’il fait, montre qu’il ne contrôle pas vraiment encore sa nouvelle forme et ses capacités nouvelles. Nous parvenons à l’esquiver juste à temps, j’utilise mon esprit lié de la libellule pour créer une bourrasque, pour faire déplacer les morceaux de glace, histoire de faire une petite muraille, pour arrêter sa course. N’ayant pas d’épée, je pris une flèche pour la planter dans le corps de la créature, il est le seul obstacle pour retrouver mon roi, et les autres membres de l’expédition. J’allais pour le tuer, mais une chose sortit de sa cachette, j’ai eu à peine le temps de tourner la tête dans sa direction, pour voir qu’il s’agit d’une bête, provenant de Néthéril, le voyant du coin de l’œil, tout se passa trop rapidement, bien trop vite… Ce jour-ci, j’aurais dû mourir… Rejoindre mon enfant, mais il a décidé de me hanter encore en prenant la vie d’un autre de mes protégés… Les larmes n’ont pas eu le temps de couler, ni les sons de sortir… Alors qu’Ivanyr s’interposa pour me sauver la vie, absorbant le poison du mille-pattes. Il tombe sur le sol, alors que j’achève le Jonkped au même mot, en plantant ma flèche dans le corps de cette créature.

Je me retourne, faisant face à la créature qui venait de prendre la vie de mon enfant, la rage prend vie dans mes tripes, et un grognement de colère sort de ma gueule, alors que je pousse un rugissement profond, mélangeant haine et tristesse. Bandant la corde de mon arc pour tirer une première flèche dans l’un de ses yeux. Son cri retentit dans la petite caverne, puis je prends une seconde flèche, alors que la créature charge en même temps pour me tuer à mon tour, je parviens rouler sur le côté, bandant de nouveau la corde et tirant une seconde flèche. Je pivote pour me retrouver au niveau de son dos, puis me projeter sur son corps et planter mes crocs dan sa chair, je voulais l’entendre souffrir, comme mon cœur souffre à cet instant, je voulais le voir saigner, comme mon fils qui perd tout son liquide écarlate, je voulais… Je veux… Je veux que le dernier visage qu’il aperçoit soit celui de mon enfant sans vie…

Je m’accroche, alors qu’il se débat, je tiens, me faisant souffrir les muscles, mais je ne recule pas, même lorsqu’il me frappe contre la paroi pour que je me décroche. Mes griffes se plantent dans sa chair, alors que je grimpe sur le corps de la créature, puis décroche une flèche de son œil, pour la planter dans son crâne, et tombe avec ce dernier, dans un dernier souffle…

Encore haletante, par l’effort provoqué, la douleur que je ressens physiquement, n’est rien, en comparaison à ce que mon cœur éprouve à cet instant. Je m’approche et prends le corps de mon fils, le serrant contre moi, tout en posant mon visage dans le creux de son cou. Je pleure en silence cette disparition… Une minute vient de s’écouler, ou alors deux, j’ignore le temps qui défile, je n’ai plus la force d’avancer… Mais un bruit me fait relever la tête, un bruit provenant simplement de mon esprit, mais qui me semble si réel… C’est ce Graähons, ce corps que je connais par cœur maintenant, il s’approche et pose ses griffes sur le visage de l’enfant sans vie. Je pousse un grognement, mais il se réduit, ma voix se perd pour devenir inexistante. Il plonge son regard dans le mien, me laissant voir un néant auquel je suis destinée…

« Un de moins… Bientôt, je serais le seul et l’unique mère… Nous serons heureux, rejoins-moi, rejoint Mère-Nuit… »

Je ne trouve pas les mots, ne comprenant pas vraiment, mais la douleur et si profonde, que je fonds en larmes… Je suis perdu, mon esprit est complètement perdu… Mes petits… Ils meurent par ma faute… Parce que je ne prie plus pour mon fils disparu…

« Je… Je ne t’ai pas oublié mon fils… »

Le petit félin, pose sa patte sur ma joue, avec une telle douceur, que je ferme les yeux, puis il plante ses griffes dans ma chair, me faisait sortir un rugissement de douleur. Il m’observe avec une telle intensité, que je ne peux plus détourner le regard de cet être que j’ai tant aimé…

« C’est pire, mère… Tu m’as remplacé… Moi la chair de ta chair… Partageant le même sang que toi… Tu m’as remplacé… »

Mes lèvres tremblent, mon cœur, qui était brisé, se déchire complètement, devenant un gouffre sans fond…

« Jamais… Jam… »

Je n’ai pas eu le temps de terminer, qu’il me coupa la parole, parlant d’une voix douce, en se blottissant contre moi, me faisant lâcher le corps sans vie de l’enfant vampire, puis, porta un regard sur le cadavre.

« Il en reste tellement mère… Tue les pour moi… Pour me prouver ton amour, et ramène moi, pour que nous soyons réunis mère… »

Je ne peux pas résister, cette illusion que mon esprit à façonné, cet être qui n’est que du vide, est qui semble réel pour moi, je le serre su fort, poussant un ronronnement, laissant mon esprit complètement à la merci de cette croyance auquel j’ai donné vie, mais cette apparition, qui n’était rien de plus qu’un mirage, disparu aussi rapidement qu’elle fut arrivée. Je ne sais plus ce que je dois faire… Retrouver mon roi ? Venger son enfant ? Dans les deux cas, je trouverais sans doute la mort pour ne pas avoir réussi à protéger cet être qui avait une grande place dans mon cœur.

Fermant les paupières du fils déchu, je me relève, pour suivre les traces du félin au pelage pourpre… La folie m’envahit, un peu plus à chaque seconde, elle prend de l’ampleur, faisant altérer mon jugement…

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Le vaseux, ou ce qui y ressemblait, n’avait pas fait long feu, pas plus que le brasier qui l’avait annihilé. Bientôt arrivèrent ceux les individus que Nynsith avait perçus plus tôt. Évidemment, on sentait une certaine tension dans l’air, puisque les deux groupes avaient le même objectif, fort probablement. Aldaron sembla un moment comme en transe, mais finit par revenir à lui. En constatant la mort d’une des siennes, elle remercia la Dévoreuse.

~ Sa fille? Ainsi l’avait-il mordu... ~

Elle n’appréciait pas les mort-vivants, leurs corps était pour elle contre-nature, mais elle répondit néanmoins aux remerciements du Vampire. Elle n’avait aucune raison d’être hostile à son égard et bien qu’elle accompagnât les Graärh, elle n’avait rien à voir avec de potentiels conflits entre bipèdes. Aucune confrontation n’eut lieu cependant, car un ennemi commun était à présent dévoilé : l’une des Couronnes de Cendre était ici, le dénomme Rog Parish. Celui-là, l’Affamée ne l’avait pas rencontré, mais elle en savait suffisamment pour savoir qu’il demeurait redoutable malgré son apparence. Une flèche magique fut décochée et bientôt, une nouvelle présence se fit sentir, une présence qui n’était pas sans rappeler celle de Lolupata.

C’est à cet instant que retontit Nahui, mais quelque chose clochait. N’importe quel être sensible à la trame pouvait deviner que la Dragonne n’était pas seule dans son corps. Ou sur son corps? Quoi qu’il en soit, Nynsith se transforma spontanément en eau pour éviter un égorgement et dû se résoudre à garder cette forme vu la férocité que déployait son adversaire. Un rapide échange lui confirma que la jeune saurienne se faisait contrôler par quelque chose d’externe.

~ Penses-tu pouvoir t’en occuper? ~

~ La chose n’a pas vraiment d’ombre… Il faudrait immobiliser Nahui un moment. ~

« Nahui, pardonne-moi si je te blesse. »

La masse aqueuse que formait l’Océanne s’abattit d’un coup sur l’Immaculée et la plaqua contre la paroi la plus proche, usant du don de l’Orque pour compresser l’eau et immobiliser un instant son corps. Entroxucec pu alors s’étendre elle aussi sur les écailles blanches, venant aussitôt interférer avec le mince filet de magie qui les couvrait, et Aldaron profita de ce moment pour agir, faisant tout bonnement disparaître Nahui. Derrière ne restaient à présent que des fragments osseux éparses, mais toujours actifs, possédés par une volonté. En phase avec la pensée de Nynsith, l’Ombre rendu la chose sensible au flammes et, reprenant sa forme physique, la saurienne acheva la créature pour de bon.

Bien évidemment, le plaisir ne faisait que commencer! Tandis qu’elle-même combattait et que Jh’eena envoyait les autres Graärh trouver le portail, suivant pour sa part les nouveaux arrivants pour aller affronter Rog, des jonkpeds dénaturés surgirent et passèrent à l’attaque à leur tour. L’un s’éloigna en direction du groupe de Graärh, un second vise la femelle accompagnant Aldaron et le troisième vint s’en prendre au petit groupe de survivants. À nouveaux, la Chasseresse et l’Ombre combinèrent leurs forces : rendue hypersensible à l’eau, la créature se fit noyer dans le corps liquéfié de la Dévoreuse, ce qui permis aux autres d’aller de l’avant. En bonne Nynsith qu’elle était, elle mangea la bête, puis se mit en route à son tour, ses sens aux aguets.

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La réponse de Jh’eena le soulagea, dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle demande à certains des siens d’aller vers le portail. Croyait-elle qu’il ne comprenait pas sa langue ? Et croyait-elle aussi que combattre Rog pouvait se faire avec une demi-troupe ? Qu’importait. Avec ou sans elle, il irait se battre. Il ne comptait pas laisser à cette couronne de cendres l’opportunité de s’en sortir après avoir fait de ses enfants des cadavres. Enfin des cadavres encore plus. *Rumil, poursuis ta route vers le portail. Tu sais bien mieux qu’eux de quoi il s’agit et comment il fonctionne. Rends-toi indispensable à leurs yeux, car tu l’es : tu sais le faire marcher et eux non.* Elle était indispensable, oui, car avoir ce portail était une chose, réussir à le faire fonctionner en était une autre et il avait fallu plusieurs mois à cela pour une érudite comme l’ancienne elfe, là où les pirates, malgré le brillant esprit de Demens, n’étaient pas arrivés au bout d’un fonctionnement contrôlé. Alors des indigènes graärh, avec leurs lances et leurs cailloux, leur piètre connaissance et maîtrise de la magie et leur histoire volontairement tronquée… Dans quatre ou cinq ans, peut-être qu’ils arriveraient enfin à quelque chose. Peut-être. Rumil saurait aisément faire miroiter ses capacités, et le temps précieux qu’elle pourrait leur faire gagner.

Toutefois, il n’eut pas le loisir de s'appesantir sur ce portail. C’était une quête qu’il déléguait à Rumil à présent. Nahui était en difficultés, contrôlée comme un pantin et l’intervention adroite de Nynsith permit à la blanche de rejoindre, dématérialisée, l’épaulette du prince noir. Ça n’était pas encore le bout de ses surprises mais les graärh semblaient s’occuper des créatures qui venait d’apparaître, avant que la Dévoreuse ne leur permette de prendre la fuite en direction de Rog. Dans sa prompte course, une sensation glaciale lui perça à nouveau le cœur, pour la troisième fois. Ivanyr venait de mourir, lui arrachant une profonde douleur dans toute son âme alors que son esprit s’évadait à nouveau dans cette forêt où il courrait également. Hors du temps. Cette fois-ci, plus aucun doute : le tambour battant qu’il entendait depuis le début était le battement d’un cœur. Pas le sien, il le savait, il le reconnaissait : il devait se rapprocher de l’Arbre-Songe, gardien de Licorok. Gardien d’un cœur puissant. Le battement était assourdissant et semblait comme soulever sa propre poitrine de mort-vivant. Un croassement résonnait, celui d’un corbeau, venant couvrir tout autre son. Sur une branche se tenait l’oiseau dont le plumage arborait des reflets dorés. Entre ses serres, il détenait un saumon qui s'agitait en pestant.

"Lâche-moi!"

"Tu joues bien trop proche de la frontière, mon frère. Ne donne pas aux autres un prétexte pour intervenir."

"Et c'est toi qui me dis ça ?"

"Une nouvelle querelle serait le pire des scénarios."

Un nouveau volatile, plus petit, vraisemblablement un colibri, aux reflets dorés, fit soudainement irruption et commença à picorer le corbeau à l'aide de son petit bec.

"Libères-le!"

Aldaron eut envie de répliquer, mais il fut projeté à nouveau dans l’abîme glacial de la réalité, trébuchant sur le sol rugueux. Par magie, il avait avancé plus rapidement que Jh’eena et il entendit ses pas se rapprocher en courant alors qu’il se relevait. « Les esprits-liés se disputent… » souffla-t-il à son attention, reprenant péniblement pied dans la réalité. Il n’aimait pas trop cette dispute, pour être honnête, bien que cela lui semblait inéluctable.  Certains esprits-liés servaient les couronnes de cendres, de gré ou de force, au-delà de ce que l’équité permettait. Ils créaient un déséquilibre et observer simplement cette guerre perdue d’avance était révoltant.

Il marcha brièvement en zigzag quelques secondes, il avait probablement même bousculé ou essayé de s’accrocher à Jh’eena un bref instant. Il ne s’en souvenait plus. La réalité était si floue. Il lui fallut un temps d’adaptation et le signal de la boussole de ses enfants pour lui remettre les idées en place : Celeborn était en danger… Mais pas mort. Il était le seul enfant qui lui soit de sang, de lorsqu’il était encore un elfe. Il était la chair de sa chair et s’il avait refusé de le perdre par la Peste de Corail, ce n’était pas pour que Rog lui enlève maintenant. Au bout de quelques mètres supplémentaires, Nahui, Jh'eena et lui arrivèrent en bordure d'une scène de bataille. Des vampires étaient en train de faire face à quatre créatures humanoïdes dont la surface était couverte d'yeux et de gueules. Il lui ne fallut guère longtemps pour deviner qu'il s'agissait là de la même créature ayant pris possession d'Elizabeth et qu'en dessous de chacune d'entre elles, il y avait un vampire.

Au milieu de la scène de combat se dressaient Celeborn et Rog. Son fils était saisi au cou par le félin qui le serrait avec force. Le vampire dégaina flèches et arc. Le graärh au pelage couleur prune portait plusieurs blessures. Une épée lui transperça le torse, Celeborn en tenait le manche. Plusieurs flèches criblèrent également la couronne, dont une nouvelle qui vint se planter dans son bras. Nessraya encocha une nouvelle flèche avant de se figer. Le corps de Celeborn tomba au sol, son cou est brisé. L’horreur marqua le visage du vampire alors que l’information peinait à être acceptée par son cerveau. Un bruit blanc, bourdonnant, vibrait dans ses oreilles incapables d’entendre ses hommes au combat. Il s’était figé, comme si la vie venait de le quitter lui aussi. L'épée et les flèches plantées dans le corps de Rog tombèrent de lui et chacune de ses blessures se referma. Ses esprits-liés le rendaient immortel. Vampire, Aldaron n’avait pas besoin de respirer, alors pourquoi, soudain, il avait l’impression de manquer cruellement d’air ? Cela le saisissait à la gorge, avant de faire vriller son âme toute entière d’une douleur comme il n’en avait jamais ressentie, pas même dans la prison de Morneflamme.

Le Prince Noir venait de perdre un quatrième enfant et celui-ci en particulier représentait beaucoup pour lui. Il était son premier, celui qu’il avait abandonné, celui qu’il avait observé de loin sans jamais réussir à dompter sa culpabilité. Il n’avait jamais pu demander pardon à l’elfe qu’il fut. Il n’avait jamais pu savoir si Celeborn lui en avait voulu ou si, désespérément, il avait attendu que son père revienne à lui. Il n’avait jamais pu car dans l’urgence de la peste de corail, il avait vampirisé son fils, pour le sauver en sachant que l’amnésie ne lui permettait jamais d’avoir des réponses. Et maintenant qu’il vivait avec lui, il le perdait ? Tous ces siècles où il n’avait pas osé renouer contact pour une fin si prématurée ?

Et Elizabeth et Ivanyr ? Les seuls enfants qui lui restaient d’Achroma ? Et Sorel qui lui avait appris à se comporter comme un père qu’il n’avait pas réussi à être jusqu’alors ? De son visage marqué par la douleur, sa bouche s'ouvrit pour laisser échapper un cri de souffrance, un cri de folie qui déferla même à travers la trame à laquelle le mage d’exception était lié. Sa voix, amplifiée par les vibrations de la magie, se répercutait sur les murs, perçant jusqu’aux âmes par la magie qu’il était en train de soulever. Magie impie pour les dragons libres, magie du Lien, magie de l’âme et tout être en possédant une, pouvait sentir la vague d’un tsunami magique qui se formait.

Il en appelait à l’âme et toutes les âmes entendaient son appel. Une seule l’intéressait et c’était celle de Rog. Si l’étoile de mer lui conférait une régénération hors du commun, il était inutile de le blesser. Si le corbeau lui conférait l’immortalité, il était inutile de le tuer. Il pouvait écrire la mort sur l’âme de Rog que cela serait vain. Il se souvenait de ce proverbe, dans la famille des Havremont. C'était assez amusant : il était en train de crever et tout  ce qu'il arrivait à faire, c'était penser à Claudius. « Memento mori. » souffla-t-il, alors qu’il saisissait magiquement l’âme de Rog, des larmes de sang noir coulant sur ses joues pâles. Cela signifiait qu’il fallait se souvenir qu’on allait mourir. Il savait que ce qu’il allait faire risquait de lui coûter la vie, que c’était une folie… Mais quatre de ses petits venaient de mourir, il n’avait plus les idées assez claires pour être pragmatique. Il allait le rendre mortel : « Tu renonces aux Esprits-Liés. » grava-t-il, prononçant avec une hargne dans les mots qui sortaient de sa bouche. Il était en colère et il souffrait : son esprit brûlait sous la haine qui le dévorait. « A tous les pouvoirs et toutes les compétences qu’ils te confèrent, dès maintenant. »

Lâchant son arc au sol, il dégaina ses deux épées pour achever en crachant ses mots : « Et à jamais. » Il serait mortel. Alors il pourrait le tuer. Il se rua vers lui. Quatre filins de magie dorée s'échappèrent du corps de Rog. Un premier se brisa, puis un second et un troisième.  Mais au moment où vient le tour du quatrième, une lumière aveuglante s'échappa de Rog. A l'esprit du Prince noir résonnèrent plusieurs voix. Deux choquées et inquiètes qu'il put identifier comme appartenant au Colibri et au Saumon. Trois choquées dont une qu'il identifia comme appartenant au Corbeau. Et enfin une dernière mêlant outrance et jubilation.

Au moment où la lumière disparut et qu’il s’apprêta à abattre ses épées, Aldaron eut à peine le temps de voir le quatrième filin de magie dorée réintégrer le corps de Rog avant que son corps ne se soulève du sol, une corne lui traversant le buste. Il suffoqua, sous le joug de la blessure et de la douleur lancinante qui lui labourait les entrailles. "Comment ..."La voix du colibri s'éleva, audible de tous, mais vint très vite être couverte par un fracas de magie. L'esprit du Saumon apparaissait, semblant percer le voile de la réalité, pour fondre en direction de Rog. Une nouvelle corne, semblable à celle ayant transpercé le corps d'Aldaron avant de le laisser choir comme une masse au sol, surgit et envoya valdinguer le poisson.

En réaction, une multitude de voix se firent entendre, venant faire trembler la trame et l'atmosphère environnante : "Cessez cette folie ! " Un silence s'abattit sur la zone ainsi qu'une profonde obscurité. Lorsque la luminosité revint, ce fut pour révéler une immense assemblée, flottante au milieu des étoiles. Tout autour de la zone de combat, d'innombrables êtres étaient apparus. Tous représentent un animal. Tous étaient assis sur un siège leur correspondant et ces mêmes sièges étaient placés en un cercle composé de plusieurs étages. Les esprit-liés et leurs sièges devenaient de plus en plus imposants et de moins en moins nombreux à mesure que l'on montait au sommet de cette assemblée. D'innombrables chuchotements résonnèrent, les Esprits-liés conversant entre eux.

Ils ne devinrent qu’un bourdonnement lointain dans l’esprit du Prince Noir qui se mourrait. Ses mires verdoyantes observèrent son abdomen d’où un sang noir s’écoulait en abondance. Ou du moins… Il s'écoulait, il y a quelques secondes. La douleur était là, mais comme un vague écho lointain. C’était comme s’ils étaient dans une bulle, hors du temps, maintenu dans une pseudo vie, le ventre transpercé. Même avec toute la magie du monde, il n’arriverait pas à refermer une plaie qu’un Esprit-Lié lui avait fait et pour être honnête, de toutes les morts qu’il avait pu s’imaginer, il n’avait pas pensé à finir embroché par un Esprit-Lié. Carrément. Il fallait dire qu’en rompant tout lien possible entre l’âme de Rog et les Esprits-Liés, il l’avait bien cherché mais… Les Esprits-Liés, comme les déesses, ne devaient pas intervenir dans le monde réel. L’action de la Lucane était inédite et même impensable.

Et pourtant douloureusement réelle. Son esprit vrilla, à nouveau, mais cette fois, ce n’était pas le décor de la forêt qu’il vit mais le Royaume de Mort. « Mes enfants… » fit-il en voyant leurs visages et il les serra  tous contre lui. Ils avaient l’air effrayés : qui ne le serait devant la roue de la réincarnation, là, juste sous leurs yeux ? Il embrassa ses petits, serra leurs mains, caressa leurs visages : « Cela va aller, vous ne craignez rien. » leur souffla-t-il et il réalisa que Vex’Hylia pourrait l’entendre, lui qui était sur le chemin de la mort. « Tenez-vous tous la main, voilà, restez ensemble. » Il les embrassa encore, les serra contre lui, caressait leurs cheveux, leurs joues, frottait leur dos, leurs épaules pour les apaiser. « Je suis si fier de vous quatre. Vous avez servi le Royaume avec honneur. Je vous aime tellement. » Il les serrait encore contre lui, tenait leurs mains et s'assura qu’ils étaient tous les quatre noués. Une part de lui espérait que s’ils passaient la roue de la réincarnation ensemble, solidement tenus, ils reviendraient en ce monde ensemble. Ne serait-ce pas parfait ?

Le retour à la réalité était encore plus glacial que jamais. Il avait la sensation que le froid s’insinuait dans sa chair et ses os et lui faisait vriller le système nerveux de douleur. Au milieu de l’assemblée bruyante, il se relevait péniblement. Dans ce monde-là, il le pouvait encore. Dans la vraie vie, il devait agoniser au sol. Les discussions agitées cessèrent lorsqu'au plus haut de cette assemblée une immense silhouette de hibou se dressa.

"Lucane, Saumon. Vous venez de violer nos lois."

Ah. Elle était bonne celle-là. Sans blague ! Il était en train de se vider de son sang et son esprit partait à volo parce que la corne de la Lucane lui avait transpercé le ventre ! Qu’il mette en revanche le Saumon sur un pied d’égalité dans les accusations, il trouvait cela un peu fort ! « Je prends la responsabilité des actes du Saumon. Il n’a fait que réagir à l’attaque de la lucane et à ma demande d’intervention dans ce contexte d’inégalité perfide à laquelle vous nous avez contraints par deux fois. La première était en accordant, de gré ou de force, aux couronnes de cendres, des capacités qu’ils n’ont pas hésité à utiliser pour massacrer massivement la Création. La seconde était en nous conseillant vivement… » Son regard se posa sur l’araignée. Ilhan lui avait évidemment raconté. « De cesser de rechercher comment avoir une puissance égale, pour leur survivre. Nous avons oublié, et probablement est-ce un très sage conseil. Comment pouvez-vous refuser de résoudre la différence fracassante de puissance qu’il y a entre eux et nous autres ? En cessant de les favoriser si vous le faites de votre gré ou en unissant vos forces pour libérer ceux qui y sont contraints ? »

Il était hors de lui, fiévreux de douleur, incrédule devant cette assemblée. « Peut-être que ça ne ‘viole pas vos lois’... Mais si ça ne viole pas vos lois, pourquoi nous dissuader d’en user pour simplement nous défendre ? » Ses mires verdoyantes se posèrent sur le corbeau : « Vous ne voulez pas d’une guerre, mais je vous en prie, ouvrez les yeux : elle a déjà commencé. Vous l’avez déjà commencé en donnant à ces monstres qui nous massacrent vos pouvoirs. Vous avez déjà violé vos lois, déjà entériné des choix et fermé les yeux dessus comme vous essayez de faire oublier à tous cette voie que vous permettez et refusez à la fois. » Dépendait d’à qui. Était-ce juste ? Légal ? Ou seulement normal ? « Les déesses aussi avaient créé leur monstre et avaient tenté de le cacher, le faire oublier, l’enterrer. Et lorsqu’il est revenu, doté de leur puissance, massacrant tout ceux qui ne pensaient pas comme lui dans une théocratie furieusement macabre, elles nous ont protégé. Elles ont luté avec nous. Et vous ? » Il s’adressait à toute l’assemblée, avec tout le charisme que son esprit-lié pouvait lui conférer. « Est-ce que vous allez attendre que vos monstres sortis de sous le tapis où ils avaient été cachés nous massacrent par milliers pour enfin agir ? Ou vous allez vous réveiller avant que la situation devienne intenable, en particulier avec ce que vous savez très certainement être sur l’archipel ? » Il parlait du puissant cœur que gardait l’Arbre-Songe, dans la forêt de Licorok. « Ce qu’a fait le Saumon est encore le geste le plus sensé qu’il m’ait été donné de voir aujourd’hui. » S’ils se vexaient ? Bwarf, qu’avait-il à perdre ? Il était mort de toutes façons.

« Et accessoirement, j’ai un trou dans le ventre. » souligna-t-il, avec un semblant d’autodérision. « Causé par une infraction de vos fameuses ‘lois’. Est-ce que vous allez y remédier ou faut-il que je prenne mes dispositions pour que ma Liée ne meure pas avec moi ? » Sa voix se fit tremblante de douleur. Il fit apparaitre le Lien qui l’unissait à Nahui, des filaments blancs et dorés qu’il tenait au creux de sa main malgré la protestation vindicative de la blanche écailleuse. Son âme alla se blottir contre la sienne. Il l’aimait énormément, mais s’il était condamné, il ne voulait pas l’entrainer dans sa chute alors qu’il avait les moyens de briser leur lien et la libérer.

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Le monde entourant les mortels fut plongé dans la plus profonde des obscurités. Dans une noirceur absolue, d’innombrables êtres étaient en train de s’activer à percer le voile de la réalité, celui qui séparait les mondes pour temporairement arracher du plan physique des êtres le peuplant. La lumière revint progressivement une multitude d’étoiles commençant à scintiller au loin. Très bientôt, les créations des divins firent leur apparition, étendues sur un sol parcouru de filin de magie couleur octarine grouillant tels des serpents. Seul leur esprit avait été appelé du monde physique, leur corps demeurait là-bas. Le Bourdon avait figé l’abime de glace dans une bulle temporelle et la Corneille effaçait cet instant de l’histoire. Un cercle d’obscurité délimitait la scène sur laquelle se trouvaient les Tiamarantiens et par-delà cette délimitation, des faisceaux de lumière firent leur apparition. Semblant tomber du ciel, une assemblée sur plusieurs niveaux se révéla aux yeux des mortels. Çà et là, en cercle fermé, apparurent des sièges. Certains étaient faits de feuille, d’autres de bois, d’autres de roche, d’autres d’eau, d’autres d’air et plus encore. Et sur chacun d’entre eux se matérialisèrent des êtres aux traits d’animaux dont la peau, la fourrure, le plumage, les nageoires, la chitine arboraient des reflets dorés. Plus d’une centaine d’êtres composaient le premier niveau. Moins d’une centaine d’êtres composait le deuxième niveau. Moins d’une cinquantaine composait le troisième niveau, puis moins d’une trentaine, d’une vingtaine et finalement au sommet seul huit créatures dominaient l’assemblée. Enfin, au plafond pendait une araignée agrippée à sa toile. Ses pattes s’agitaient frénétiquement tissant l’instant qui était en train de se produire pour les archives de l’assemblée spirituelle.

La tension était palpable, le visage des Esprits-Liés était grave. Alors que la voix du Hibou, dont la silhouette haut perchée s’éloignait pour se rapprocher de son siège en forme de branche, s’éteignait dans les confins, une voix éclata, reprenant à sa suite. C’était celle d’Aldaron. Celui qui avait très certainement perdu la vie, empalé par une corne de la Lucane, fit sauter toutes ses digues. Il n’y avait aucune retenue à avoir, après tout que pouvait-il bien lui arriver de pire ? Au troisième niveau de l’assemblée, le Colibri agitait ses ailes, tentant de faire des signes à celui à qui il avait accordé sa bénédiction. Plaçant son plumage devant son bec, il voulait lui intimer de se taire ou tout du moins de ne pas aller trop loin et s’exprimer avec plus de déférence. Mais c’était peine perdue. Le volatile baissa les ailes et le bec tandis que le Singe à côté de lui vint lui donner de petite tape réconfortante sur l’épaule.

Lorsque le vampire eut fini de parler, une forte agitation gagna l’assemblée. Certains Esprit-Liés invectivaient le mortel, outré par les propos. D’autres riaient à gorge déployée soit de l’arrogance ou de la folie de ce dernier. D’autres encore reprenaient les propos comme pour les encourager. D’autres enfin demeuraient silencieux, soit par dépit, soit par volonté de ne pas se mêler à tout cela.

Au plafond de la manifestation, l’Araignée fit un signe en direction du Coq. Ce dernier se dressa fièrement et un puissant coquerico fit trembler l’atmosphère, recouvrant le vacarme et appelant au silence. Les Esprits-Liés se calmèrent, certains venant même se frotter les oreilles ou ce qui en faisait office tant cela fut désagréable. Heureusement pour les Tiamarantiens, seul leur esprit était là, sans quoi ils auraient perdu l’ouïe à tout jamais.

Le silence revenu, déployant l'une de ses ailes, dont l'une des plumes se détacha, le Corbeau prit la parole en premier.

« N’aggravez pas votre cas, lié du Saumon et du Colibri. Vous n’êtes pas en position de faire le moindre reproche à cette assemblée. Vous venez de commettre un sacrilège à l’aide de cette magie que les Divins eux-mêmes ont prohibée. Faites-vous tout petit et peut-être que j’accepterais, même après ce que vous venez de faire à l’un de mes liens, de conduire votre âme vers le Royaume des Morts sans l’abandonner dans les limbes séparant votre monde de celui-ci. »

Soudainement, c’est Rog qui prit la parole, prenant de vitesse un autre Esprit-Lié.

« Vous êtes venu vous greffer à une affaire qui ne vous concerne en rien et qui de loin vous dépasse, être de par delà les eaux. Toujours à fouiner là où il ne faut pas. Constamment à vous mettre sur notre route. Posant vos mains de sans-poils sur ce qui ne vous appartient pas. Tout ceci ne concerne que les descendants … »

« Pas un mot de plus ! »

C’est presque en chœur et d’un ton alarmant que les Esprits-liés parlèrent à l’adresse de la couronne de cendre qui semblait être sur le point de franchir un interdit. À l’avant-dernier étage de l’assemblée, la Baleine prit la parole.

« Tout ceci n’a que trop duré. Réglons ces violations au plus vite et laissons les mortels poursuivre le cours de leur existence. Nous ne pouvons tolérer qu’un nouveau conflit éclate. Souhaitez-vous que nos disputes menacent l’archipel une deuxième fois ? Si vous ne vous souvenez pas de ce qui s’est produit ce jour-là, je peux très bien le rappeler à vos mémoires. »

Un silence pesant s’installa, les Esprits-Liés se regardèrent les uns les autres. C’est alors qu’au sommet de l’assemblée, parmi les huit, une silhouette se pencha en avant, il s’agissait de la Lucane.

« Soit. Et de quelle infraction me concernant souhaitez-vous parler ? Je ne vois ici que celle du Saumon. »

La réplique du Saumon ne se fit pas attendre.

« Le porteur de mon lien souhaite prendre la responsabilité de ma transgression, mais je me demande bien aussi de laquelle vous entendez parler. Contrairement à notre frère, je ne vois ici que celle de la Lucane. Nous en prendre directement à la vie d’un mortel et une violation de nos lois. Je n’ai peut-être pas la mémoire de ma sœur Baleine, mais je me souviens très bien que ces dernières nous autorisent à agir pour prendre la défense des mortels dans ce cas de figure. »

Un sifflement résonna en guise de réponse. À l’opposé du Saumon, l’esprit-lié du Serpent fit dépasser sa tête de la jatte en osier qui lui servait de siège, la dissimulant lorsque trop de regard se tournait vers lui, témoignant d’une certaine timidité.

« Je crains que ton attachement envers celui à qui tu as accordé ta bénédiction ne t’aveugle, mon frère. N’as-tu point vu comme nous l’acte auquel celui-ci s’est livré ? Il a commis un sacrilège. Pendant de longues années, les Divins ont banni cette magie, interdite de par son caractère. Si jusqu’alors son action était limitée aux seuls êtres dont les âmes sont liées, aujourd’hui elle fut détournée pour porter atteinte à notre volonté. La Lucane s’est défendue de l’agression dont elle fut victime. Comme aurait pu le faire le Corbeau, l’Étoile de mer ou encore le Cafard. »

À la strate inférieure, l’esprit-lié du chat qui était en train de se lécher la patte avant de se la passer derrière les oreilles, surenchéri.

« Un sacrilège a certes été commis par ce vampire, mais aucune de nos lois ne justifie l’action entreprise contre lui. Ces dernières sont pourtant strictes concernant nos rapports avec les mortels. Ce qui n’est pas autorisé est interdit. Le Corbeau, l’Étoile de mer et le Cafard le savent très bien, sinon le corps de ce mortel aurait été réduit en charpie à l'heure qu’il est. »

Les Esprits-liés tournèrent un à un leur tête vers le plafond, en direction de l’Araignée qui y était suspendue. Celle-ci était en train d’agiter les pattes, scrutant différentes toiles.

« Le Chat a raison. Aucune loi n’autorise la Lucane à s’en prendre au mortel qui a commis ce sacrilège. »

Un nouveau brouhaha s’empara de s’assembler, plusieurs Esprits-liés semblant rouspéter face à cette nouvelle. L’action d’Aldaron ne faisait très clairement pas l’unanimité en ce jour et nul doute qu’à l’avenir ce vide juridique serait corrigé. Sans attendre, le Hibou appela au calme et s’apprêta à reprendre la parole quand la Baleine le devança.

« Je me répète, mais tout ceci n’a que trop duré. Lucane. Toi et ce Graärh, cessez vos manigances. Si l’araignée ne trouve pas la loi autorisant ton geste, c’est parce que vous avez dissimulé la toile la contenant. Mais moi, je n’ai pas besoin de tel support pour me souvenir que celle-ci existe. »

« Tu as toujours eu le don de gâcher les surprises, ma sœur. »

Sans attendre la moindre indication de l’esprit auquel il était lié, Rog s’avança au centre de la scène. Levant une main face à lui, un étrange phénomène se produisit. L’espace se déchira l’espace d’un instant et une dague irradiant de lumière en jaillit. Le graärh au pelage prune vint la brandir aussi haut qu’il le pouvait en dépit de son corps bossu. C’est alors qu’une toile d’araignée jaillit de la pointe de l’arme et vint s’étendre en lévitation au milieu de l’assemblée. Bientôt, la soie composant la création commença à se mouvoir et en son centre un souvenir prit vie.

Dans celui-ci, on y voyait Rog et la Lucane se tenant au centre de cette même assemblée spirituelle. Tous les Esprits-Liés étaient présents et tous approuvaient le pacte que venaient de conclure le coléoptère et le félin. La Lucane ne reconnaissait qu’un seul lié et s’engageait à ne donner sa bénédiction qu’à un seul mortel. En échange, elle se voyait octroyer le droit d’agir directement contre quiconque viendrait menacer l’existence de cet unique lien d’une quelconque manière.

Le souvenir s’éteignit et la toile vint réintégrer la lame. Un silence frappa l’assemblée, mais celui-ci devint de plus en plus pesant. Une tension électrique s’installait, tel le calme après la tempête. Puis, à l’image d’un orage violent, un brouhaha éclata.

« Comment avez-vous osé voler l’une de mes toiles ! » (Araignée)

« Ce pacte existe encore !? » (Hibou)

« Scarabée ! Je reconnais là l’œuvre de ton disciple ! Es-tu complice de tout cela ? » (Saumon)

« J’ai bien déconseillé à Udyog de fabriquer une création capable de contenir une de nos lois. Mais vous savez comment il est. » (Scarabée)

« Voilà qui conclut l’affaire, peut-on enfin en finir ? » (Baleine)

« Larcineur ! » (Araignée)

« Calmez-vous mes frères ! » (Corbeau)

« Je suppose qu’avec ceci, nous pouvons déterminer que la Lucane n’a pas commis d’infraction, mais que le Saumon si. » (Chat)

« Nous n’en avons pas fini ! » (Hibou)

« Oh que si mon frère. Maintenant, avec ou sans votre permission, le mortel qui a osé s’en prendre à mon unique lien respire encore. » (Lucane)

« Non ! » (Colibri)

« Respectez nos lois où c’est l’archipel qui en pâtira une nouvelle fois ! » (Baleine)

Le ton montait entre les Esprits-Liés. Une partie de l’assemblée spirituelle était particulièrement remontée face à cette nouvelle et ne dissimulait pas sa colère. Une autre, au contraire, semblait particulièrement contente et ne masquait pas ce fait. Une dernière, enfin, observait la scène, cherchant soit dans quel camp se positionner, soit à calmer les deux camps opposés.

Le Léopard des neiges descendit soudainement au centre de la scène, s’approchant des mortels alors que l’assemblée commençait à trembler sous l’agitation des esprits.

« Nous n’avons que trop longtemps interféré sur les actions des mortels. Il est temps de vous renvoyer d’où vous venez et pour nous de délibérer sur ce qui vient de se produire. »

Le regard de glace du félin se tourna vers le graärh au pelage prune.

« Rog, cette machination pourrait avoir de graves conséquences. »

La couronne de cendre s’apprêta à répliquer, mais l’Esprit-Lié l’en empêcha.

« Cette fois-ci Kishna ne sera pas là pour réparer les pots cassés. »

Rog se figea sur place, son souffle se coupa et ses yeux s’écarquillèrent comme si la simple évocation de ce nom d’un autre temps venait de lui infliger une blessure des plus profondes.

À nouveau l’obscurité vint recouvrir ce lieu. Les invectives entre les Esprits-Liés ne furent bientôt plus qu’un lointain souvenir lorsqu’un silence vint s’abattre. Les mortels réintégrèrent leur corps tandis que la corneille et le bourdon relâchaient leur influence sur l’abîme de glace.

La corne dorée de la lucarne qui transperçait le torse d’Aldaron disparut et le corps du vampire retomba lourdement au sol. La voix de la Lucane résonna alors.

« Puisque les autres m’empêchent de porter le coup de grâce à ce vampire, c’est toi qui vas t’en charger Rog. »

Autour du bossu, la bénédiction le liant à la Lucane, comme toute bénédiction liant les mortels à un Esprit-Lié, se matérialisa. Aux yeux de tous, celui-ci fut traversé par la même lueur octarine qui couvrait la scène dans laquelle tous avaient été projetés. Le Corbeau et sa possibilité de ramener les morts à la vie lui avaient été ôtés. L’Étoile de mer et sa possibilité de se régénérer de toutes blessures lui avaient été ôtées. Le Cafard et l’immortalité lui avaient été ôtés. Mais la Lucane, elle, et son contrôle sur la vie étaient toujours là, plus puissants que jamais.

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Si j’avais du parier sur ce qui allait se produire dans les instants qui suivirent notre arrivée sur les lieux ou Rog Parish affrontait déjà de jeunes vampires, j’aurais perdu. Et ce, quelque soit ma réponse...L’exception étant si j’avais opté pour « on se caillera autant les miches qu’avant », puisque, sans réelle surprise, il faisait toujours un froid de canard dans ces galeries gelées. Croyez-moi, sauf urgence, je ne suis pas prête d’y refoutre les pattes...Mais, en l’occurrence, deux situations étaient urgentes : Rog Parish, qui en avait déjà assez fait baver aux habitants de l’archipel, venait chercher une arme ET un portail qui pourrait permettre aux pirates de relancer un assaut dont nous n’avions absolument pas besoin se trouvait en ces lieux. Si ce n’est pas suffisant pour attester de la nécessité de ma présence, permettez-moi de rester dubitative sur ce qui pouvait la justifier.

Enfin, a l’initiative d’une dragonne, je pus m’engouffrer à la suite du Prince Noir dans les entrailles glacées de l’île enneigée, la saurienne se chargeant de la créature qui nous barrait la route. Mais lorsque nous arrivâmes sur place, le spectacle qui s’offrit à nous n’était guère réjouissant.  Mes entrailles me rappelaient amèrement le sentiment répugnant des prémices de la bataille du Bàoli. Cette sensation d’être minuscule face à l’ampleur de ce qui se passe, de n’être qu’un insecte se noyant dans le courant puissant de l’histoire en marche. De jeunes vampires affrontaient, avec plus ou moins de succès, les créations du Gräarh pluricentenaire, et, au centre de ces combats acharnés, tailladé, empalé, perforé, mais toujours debout, se trouvait le maître et créateur des abominations proches. Malgré toutes ses blessures, il ne survivait pas : il vivait. Il se battait, se déplaçait, avec autant de facilité que s’il ne s’agissait que de petites échardes à peine plantée dans sa peau. Nous ne jouons définitivement pas dans la même cour, et cette seule vision suffisait à me le faire savoir, et l’exécution de son adversaire aux longues canines, aussi facile pour lui que de briser une badine, ajouta une confirmation dont je me serais bien passée.

Un flux de magie s’amorça à mes côtés. Un flux puissant, ancien, d’une magie qui m’était jusqu’à lors inconnue émanait d’Aldaron. Si j’appréciais le personnage autant qu’un coup de genou au plexus, il fallait reconnaître malgré tout qu’il disposait de capacités des plus impressionnantes. Archer d’exception, équipement de même, et aptitudes magiques hors-norme...il m’était difficile de ne pas éprouver une pointe d’envie et d’admiration pour cet être hors du commun. Mais dans l’instant où sa magie se déploya, tout s’accéléra, bien plus que je n’aurais pu le concevoir. Le Spirite ressuscité semblait...vidé. Quelque chose s’était brisé. Quelque chose d’important. Définissant. Fondamental. Vital, même...Sa connexion à ses esprits-liés s’était rompue. Quel genre de magie pouvait provoquer pareille scission ? Quel être abject avait créé pareil sort ? Aussi impressionnante qu’elle soit, cette magie était abjecte, à mes yeux de shamane et spirite...Imaginez ma surprise lorsque mon âme sembla quitter mon corps, dans cet instant figé où le corps d’Aldaron se souleva sous l’impact d’une corne dorée qui le transperça de part en part. Estomaquée, sidérée, je demeurais dans l’incapacité de concevoir que l’escalade des évènements inattendus et inexpliqués puisse se poursuivre, et pourtant !

L’instant suivant, une curieuse assemblée avait pris place autour de nous...ou peut-être avions nous pris place en son centre. Des dizaines, que dis-je ? Des centaines d’animaux nous entouraient. Des animaux...Anciens. Doués de parole. Et étrangement familiers.  Ma mâchoire inférieure décidé de se diriger de deux bons centimètres vers le sol, écartant mes babines malgré moi face à ce tribunal d’ailes, poils et écailles. Sans réellement comprendre le pourquoi (ni d’ailleurs le comment), je venais d’être embarquée dans un tribunal composé des entités envers lesquelles ma foi se dirigeait. Je reconnus instantanément le Coq, soutien de longue date, qui, sans présider cette assemblée, n’en était pas pour autant un membre lambda, s’imposant dans l’échange qui s’en suivit alors que je glanais, silencieuse, immobile (et de tout façon bien trop ébahie pour faire plus de bruit que celui de ma respiration), quelques informations précieuses. Comment Rog pouvait-il avoir conclu si puissant contrat avec la Lucane ? En quoi était-ce une ingérence aux lois des Esprits-Liés que d’affaiblir Parish pour sauver nôtre archipel et nôtre existence ? Quelles autres violations des lois de nos protecteurs avait-il perpétrées par le passé ? Et pourquoi le défendaient-ils, s’accrochant à leurs lois au détriment de la logique et de leurs autres protégés ? Mais la tirade de Rog faisait mouche, dans mon esprit...J’en éprouvai du ressentiment pour les esprits-liés, lorsque leur assemblée interrompit sa tirade, comme pour l’empêcher de dévoiler une vérité qui m’aurait, nous aurait, permis de comprendre pourquoi les Couronnes de Cendre agissaient. Les descendants de qui ? De quoi ? Pourquoi ? Enfin. La suite n’en était pas moins intéressante, et le sous-entendu de la Baleine non plus….Que je regrettais de ne pouvoir prendre part à cette assemblée, de ne pas pouvoir leur poser les millions de questions qui assaillaient mon esprit ? J’étais assoiffée de connaissances, et voilà qu’on me les cachait avec plus encore d'acharnement. Ce qui se passait dans cette assemblée différé drastiquement de ce que j'avais pu connaître au sein du conseil. Si par moment le jacassement incessant de certains oiseaux de malheur me rappeler tu avec une certaine émotion les commérage inutile de mes homologues au sein de la légion, je n'étais pas ici en position de force, bien au contraire: Au sein de ce labyrinthe de glace, mon pelage ras aux reflets d'ordinaire chryséléphantins à l'image des dunes de sable sous un soleil d'été, était une bien piètre armure face à la rigueur du climat local. Et c'était là sans même parler de cet univers onirique où je restais coite face à ces êtres doués de parole, de raison, de pouvoir, pour qui je ne paresseuse être qu'une vulgaire poussière embarquée par la déferlante procédurière qui nous emmenait en ce tribunal bigarré. Que bouffer donc bien faire une jeune lionne des savanes face de monstres de puissance, quand bien même l'un d'entre eux restait muet, qu'étaient Parish et le Prince noir ? Ha! Si encore il avaient été mon principal souci, peut-être que le Coq m'aurait permis de tirer mon épingle du jeu... Mais il était là, trônant fier, rayonnant, au sein de cette assemblée animale, qui m'ebahissait bien plus qu'une simple couronne de cendres et un prince suspendu dans les airs par la corne de Lucane, comme un papillon épingle sous une vitrine de biologiste...

Ne vous méprenez pas pour autant je sais où est ma place, et en cet instant, j'en avais déjà pleinement conscience : Dans un coin, silencieuse, observant te écoutant la valse verbale que dansaient les protecteur de mon peuple autour de la dague qu'exhibait fièrement la plus grande menace qui se trouvait sur Nin-Tiamat. Cette dague n'était pas qu'une dague cette toile n'était pas qu'une toile. la magie qui composait l'un et l'autre de ces deux objets dépassait, à l'image de celle employées par le Prince Noir, largement mon entendement. Tous deux, comme la projection qui s'en dégageait, était chargé d'histoire. De mémoire de Gräarh, jamais je n'avais entendu parler d'un contrat aussi exclusif et puissant que celui qui liait le docteur et Lucane; autorisé par cette même assemblée qui les fustigeait tout deux, ainsi que  Saumon, qui n'avait agi que pour protéger celui à qui avait accordé sa bénédiction. Le moindre mot prononcé, le moindre geste, le moindre souffle, je le gravais dans un coin de ma tête. Observant, au fil de leurs élucubrations qui me paraissaient aussi obscures dans leurs enjeux que claires de par leur nature, la danse gracieuse et discrète d'une plume noir de jais suivant la respiration des nombres zoomorphes de cette assemblée extraordinaire. Si Rog, sans même s'en rendre compte, la foulée du pied, Léopard des Neiges la renvoya d'un souffle vers mes griffes. Elle se posa dans ma main, plus douce et chaude que toutes celles que j'avais pu jusqu'alors tenir, et sans quitter du regard ces orateurs hors du commun, je refermai doucement mes doigts sur son empennage. Aux mots de coq alors que je regagnais à regret mon enveloppe charnelle, retrouvant au creux de ma paume le don sans pareil de Corbeau, tout me parut tu immédiatement d'une clarté infinie.

La dépouille inanimée du vampire fut projetée vers moi, et  je rattrapai son bras au vol. Plaçant mon autre patte autour de sa taille sans lâcher la plume vibrante d'une énergie magique au delà de toute conception mortelle, je m'emparai de son corps pour faire bouclier face à la créature qui fondait sur sa dépouille. Une griffure aussi rapide que violente vint ceindre mon dos alors que je plongeais à couvert. Malgré l'armure et les vêtements épais, la créature était parvenu à infliger une désagréable plaie. Dans le même geste, car je ne vampire s'interposait entre l'aberration volante et notre macabre duo, je laissais Aldaron à couvert d'un pan de mur de glace et de ce métal étrange en enfonçant dans son épaule le calamus d'argent de l'attribut aviaire, tout en m'emparant comme il me l'avait indiqué du cristal que ses reste crispés continuaient de serrer au creux de sa main.

Dès l'instant où je laissais son contenu envahir mon esprit, différentes informations se révélèrent à moi. sur Rog. Sur sa dague. Sur le passé autant que sur le présent. La dragonne non loin, si quelques instants plus tôt dépérissait de la mort de son maître, reprenait des forces. Coq avait raison : Il pouvait encore être sauvé. mais trêve de réflexions et de bavardages : quand bien même l'idée d'abandonner à son sort cet être que je n'apprécie guère, et toutes les implications politiques induites par l'élimination de pareille force de la nature (soyons sérieux une seconde, qui oserait défier celle qui se vanterait d'avoir abattu Le Prince Noir? Certainement pas les pirates et encore moins nos frères du Nord...) m'avait traversé l'esprit, reprendre notre relation sur une résurrection me paraissait une bien meilleure façon de prendre l'ascension sur notre ennemi du moment autant table rase notre entrevue précédente, pour peut-être entrevoir un avenir moins sombre que si nous restions en conflit. J'avais de toute façon fait mon choix, et il était désormais temps d'aller de l'avant. j'inspirai, puis expirai profondément, laissons mon enveloppe charnelle devenir spirituelle et me glissai,  pertuisane en main, à travers notre couvert,  au secours du jeune vampire qui luttait contre la créature m'ayant blessée. Frappant par deux fois l'aberration génétique, une d'estoc juste sous l'articulation de la gauche, l'autre de tierce à la gorge alors qu'elle s'effondrait sur le permafrost, je l'achevai sans faire de manière avant de m'en retourner a mon objectif suivant : Rog Parish. Maintenant ma garde, je m'avançai vers le bossu. Je ne le menaçais pas directement, mais m'apprêtais à toute éventualité offensive de la part de l'ancien Gräarh ou de ses monstrueux sbires. Sans doute la logique aurait-elle voulu que je tente immédiatement de l'abattre. Mais peut-être que le discours d'une de ses congénères, quand bien même il était désormais devenu mortel, lui délivrait la langue avant que nous croisions le fer.

- impressionnant! Mais ton discours m'a laissé sur ma faim, Parish! De quels descendants parlais-tu? Les nôtres ont tout oublié de leur passé, mais je ne vois pas d'avenir sans le redécouvrir...Kishna n'étant plus là pour me répondre, je devrais me contenter de ta version...



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Il était des découvertes que nul ne souhaitait faire.
Ainsi Nahui découvrit qu’elle n’avait nullement besoin d’être matérielle pour ressentir la peur. Son esprit vint prestement se blottir contre celui d’Aldaron, trouvant en sa présence tout ce dont elle avait besoin. Elle n’avait pas même essayé de lui cacher ses dernières émotions, si peu agréables soient-elles. Elle avait constaté sa faiblesse, encore, elle qui se croyait si forte. Elle devinait la faiblesse de son Lié, qu’elle laissait seul. Les précieux enfants de Lié disparaissaient. Nul besoin de contact avec le monde pour le savoir. Lié tenait bon, Lié tenait toujours bon, il avait des écailles plus solides qu’elles n’y paraissaient. Néanmoins, tous ces coups portés sur un point faible, en si peu de temps, n’auguraient rien de bon
Et elle, mauvaise Liée qu’elle était, ne pouvait rien faire. Si ce n’était rester là, transie par la crainte de devenir une ennemie pour les siens.

Alors elle avait essayé au moins de se remettre au plus vite de ses émotions, pour pouvoir au mieux offrir son soutien à son bipède. Sans grand succès. Tout juste paraissait-elle un peu plus solide, tout juste avait-elle commencé à intimer à Lié de se concentrer, sur le présent et sur ce qui demeurait, qu’une nouvelle perte vint ébranler le prince noir et avec lui sa dracène. Il n’y avait plus rien à dire. Plus aucun mot, plus aucune émotion qui ne puisse faire de sens. Elle aurait aimé rugir, faire ployer les êtres et les âmes sous sa rage, hurler à Aldaron de fuir là où nul ne pouvait l’atteindre. Ç’aurait été vain.

L’instant qu’elle regrettait vint. Rien ne put égaler le cri inaudible de son âme se déchirant. Elle se cramponna à lui, de toutes ses forces, de toutes les griffes dont son immatérialité disposait. Ce monde était composé de lois tacites et si Nahui était certaine de l’une de ces lois, c’était bien de celle qui interdisait à Lié de rejoindre Mort. L’abîme de sa peine se para d’horreur quand Lié proposa de rompre le lien. Une sorte d’aboiement draconique lui répondit, sans appel. Non. Ce Lien était ce qu’elle avait de plus précieux, ce qui l’avait faite naitre. S’il voulait vraiment la maintenir en vie, il n’avait qu’à rester.
Sa colère était une tempête éplorée, sa peine était une mer enragée. Pourtant, ses propres forces diminuaient, s’éteignaient. Comment était-ce possible ? Elle n’était pas matérielle, qui pouvait…? Elle ne pouvait pas partir. Elle se devait de rester. Pour Lié, elle devait…

Elle échoua. Sa conscience s’éteignit avant qu’elle ne puisse la retenir. Pourtant, ce ne fut pas le royaume de Mort et ses êtres champignonnés qui l’accueillirent.
Allongée de tout son long sur un humus froid, Nahui rouvrit les yeux. Elle les referma aussitôt, avec une patte posée sur ses globes oculaires. Elle savait ce qu’était la vue par les personnes, dragons et Liés, qui avaient déjà eu le malheur de vouloir lui transmettre des images. Elle n’aimait pas cela. Déjà, parce qu’elle n’y comprenait rien, malgré toute l’aide que ses ancêtres pouvaient lui apporter. Ensuite parce qu’elle trouvait la sensation très désagréable. La lumière agressait ses pauvres yeux inhabitués, et elle craignait toujours que les images ne touchent ses yeux. Par l’Esprit-Dragon, qu’on lui rende sa cécité !
Ses sens cherchèrent autour d’elle les informations. Elle était dans une forêt, à l’odeur. Une forêt où la magie coulait comme une deuxième sève. Lié était loin, toujours en danger, et cette seule idée suffisait à affoler son esprit. Un battement de coeur résonnait… Pas le sien. Et elle était seule. Seule, avec cette présence qui vint contre son esprit, à la manière d’un autre dragon.

"Il y a … longtemps que je n'ai pas … eu l'occasion de m'entretenir … avec l'un de ce que je fus autrefois."

Ah. Un ancien dragon, donc. La présence de l’être en question s’accentua. Bientôt, Nahui se sentit obligée de se mettre prestement debout, pour ne pas se retrouver démunie face à une aura aussi immense. La présence la dépassait. La présence dépassait même la taille du plus grand dragon qu’elle ait connu. Elle ne paraissait pas mauvaise d’intentions, mais le coeur de Nahui s’habitait encore des ombres de son récent combat. Elle craignait l’adversité, partout.
Néanmoins, plus l’être étrange se penchait au-dessus d’elle, plus l’instinct de la dragonne lui murmurait une nouvelle intuition. Qui que fut cet ancien-dragon, il y avait quelque chose en lui de familier. Une impression de déjà-vu.

"Je peux … le sauver, mais tu dois … me l'amener … sans attendre."

La trame autour d’elle s’agita, jusqu’à créer ce qu’elle reconnut comme un portail. Il en avait “l’odeur” magique, ressemblait à celui qu’elle avait commencé à pister dans les galeries de glace. Soit, elle voyait bien l’idée, mais elle était trop loin d’Aldaron pour faire quoi que ce soit. Par chance (était-ce vraiment de la chance ?), elle eut à peine le temps de cette réflexion avant que les odeurs ne se fassent plus distantes, plus vagues, que le sol sous elle soit de moins en moins solide…




De l’épaulière d’Aldaron, une dragonne surgit, offrant à ceux qui voyaient une image pour le moins unique. La tête haute, le souffle rauque, Nahui n’accorda aucune attention aux êtres encore présents en ces lieux et à leur déboires. Son corps lui-même n’eut pas son attention, malgré la douleur qu’il s’essaya à lui transmettre. Lié…Son esprit ne semblait plus s’éloigner comme il l’avait fait avant l’étrange transe de sa dragonne. Un argument pour le moins convaincant. Nahui eut quelques brèves secondes d’hésitation, cherchant comment transporter un Lié inconscient. Le mettre dans sa bouche paraissait pour le moins dangereux, au vu de l’idée qu’elle avait quant à sa prochaine action. Demander à Jina de l’aider à le transporter ? Non, c’était un coup à perdre deux personnes bien trop facilement. La partie Bipédisée de Nahui prit finalement le parti de récupérer Aldaron dans une patte, aussi délicatement que possible, avant de tourner le dos à tout ce beau peuple et se projeter dans la direction qui lui avait été indiquée, laissant ses cornes considérer les murs les plus faibles à sa place. Elle n’avait ni le temps de tâter son environnement, ni le temps de prendre soin d’elle.

Nahui n’était pas la première au niveau de ce portail. Il y avait le dénommé Rumil, ainsi qu’un autre Graärh, ainsi que la métallique odeur du sang. Tant pis pour eux, c’était bien leur vie et leurs affaires. Fronçant le nez, mécontente, la dragonne constata non pas une mais maintes autres présences. Des petits êtres, certains n’ayant pas même vu le jour. Des vers des glaces dans leurs formes les plus juvéniles. Pas question de faire passer ces charmantes créatures au travers d’un portail magique au-delà duquel quelqu’un allait s’occuper d’Aldaron. Sans plus de considérations, Nahui rabattit ses ailes sur elle-même pour mieux se rouler à terre, sur ces oeufs, sur ces bébés vers, écrasant leurs vies encore nouvelles pour mieux chôyer son bipède préféré.
Lorsque ce fut terminé, que nul danger-en-devenir ne demeurait, elle se redressa, toute gluante des restes de leurs corps, tourna sa tête vers le portail. Il n’était pas totalement brisé. La magie s’agitait encore en lui, de façon dormante. Grognant d’impatience, Nahui projeta un peu de sa magie vers ledit portail, avec toute la prudence et la délicatesse dont elle pouvait faire preuve. La réponse fut toute aussi timide, mais bien présente. Soit. Nahui projeta alors bien plus de magie, jusqu’à ce qu’enfin ce qui lui faisait face prenne l’aura de quelque élément prompt à plier l’espace. Un portail semblable en tout point à celui qu’elle avait pu voir plus tôt.
Sa prudence mourut alors, quand, son Lié toujours au creux de sa patte, elle bondit au travers du portail.

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Je pourchasse le félin, l’arc armé entre les pattes. Mais durant cet instant, j’ignore ce que je ferais. Mes hallucinations sont de plus en plus présentes, et je ne distinctes plus le réel de l’imaginaire… Pauvre de moi, perdu entre deux univers, entre deux factions différente… Je me noie dans ce torrent de tristesse qui m’anime, et pourtant, je trouve encore la force de résister à ce courant, où alors, est-ce un énième mirage, un mensonge de plus que je me créais pour me sentir mieux ?

J’avance, encore, puis je le vois, cet être qui agresse un autre de mes enfants. Mon sang ne fait qu’un tour dans mon corps, et l’instinct maternel reprend ses droits. Flèches après flèches, je vise et tire sur celui qui menace la vie de ceux dont j’ai la charge. En même temps de m’avancer, tout en restant à une distance de sécurité. Mais chaque impact ne semble pas le blesser… L’enfant du roi, parvient à se défendre, en transperçant le graäh de son épée, mais la encore, c’est comme si le temps c’était arrêté sur cette chose, empêchant son sang de circuler pour lui donner la mort. Une malédiction, ou une bénédiction de l’immortalité…

Il ne faut que peu de temps, avant que je n’entende un craquement, qui la encore, provoque en moi un déchirement des plus meurtrier… La vie de mon enfant, d’un autre de mes fils s’efface doucement, laissant la vie, s’envoler de son regard qui m’apaisait par le passé.

« Bientôt mère… Bientôt… »

Cette voix si lointaine me fait tomber, intérieurement, j’ignore comment mon corps tient le choc, mais je peux sentir toute l’énergie qui m’animait se dissiper sous mon poids devenant de plus en plus important. Plus aucune flèche ne s’échappe de l’arc, plus rien ne semble avoir d’importance, alors qu’une autre larme coule le long de ma fourrure. Est-ce à cause de moi ? Est-ce qu’intérieurement, je les tue les uns après les autres, avec l’espoir de retrouver mon propre enfant ?

Je vois à peine mon roi se jeter sur le félin, toute sa haine gravite autour de lui, laissant exploser sa magie de toute part. Parvenant à toucher la couronne de cendre. Mais cela ne semble avoir aucune importance à mes yeux… Tous mes enfants sont morts… Ils se sont éteints, les uns après les autres, tel des lucioles écrasées contre le sol, sans aucune importance… Mon incapacité à faire face à cette situation, mais mon roi en danger à son tour. Cette révélation, à l’effet d’une onde de choc dans mon corps, me permettant de ne pas sombrer complétement dans cette folie qui me guète. Un jour ou l’autre, j’en serais victime, mais pas à cet instant précis…

Doucement, ma vision, semble retrouver une certaine cohérence, et je peux sentir mes esprits liés veiller sur moi, m’aidant à surmonter cette épreuve, en me maintenant sur le droit chemin. Je ne dois pas céder à la tentation, ne pas oublier et me venger de cette mort qui me brise. La tristesse doit se transformer en haine, et je dois puiser dans mes ressources pour protéger le peu qu’il me reste…

Alors qu’une dispute entre EL se propage dans la pièce, je remarque une chose étonnante et qui ne manque pas de se graver dans mon esprit. Au sommet de cette assemblée, où les voix se lèvent pour juger le félin au pelage de prune, chaque siège est occupés, sauf un… Etrange, n’est pas ? Il est différent des autres, et juste en dessous, l’attitude de l’esprit-lié est bien différente des autres… Je l’observe, celui qui ressemble à un Axolotl, avec attention, il semble se concentrer sur une chose, c’est relativement troublant de le voir réagir différemment des autres… En accentuant mon analyse, je parviens à déceler une sorte de lien d’énergie entre l’esprit-lié et le siège vide…

Mais cela ne dura qu’un court instant, quelques secondes, et pourtant, j’avais l’impression que cela faisait plusieurs minutes que je l’observais avec toute mon attention… Oubliant, même ce qui m’entourait. Battant des paupières, je remarque une patte-molle mettre à l’abri mon roi. Chose que je n’oublierais pas de si tôt, et que j’apprécie. Mon attention se reporte sur Rog, qui doit goûter à ma vengeance de mère.

Il est entouré de créatures, mais cela ne m’arrêtera pas… Je parviens à voir du coin de l’œil Nynsith, la dragonne, et je comprends, qu’elle souhaite atteindre un objectif, mais que Rog risque de la repérer rapidement. Usant dans mes dernières ressources, j’utilise mon esprit-lié de la libellule, pour provoquer une bourrasque assez puissante, pour faire décrocher des stalactites, se trouvant au-dessus de Rog. Malheureusement, une main naquit du dos d’une créature pour pousser son protégé de ce danger que j’ai provoqué. Et alors que je pensais avoir toute son attention, Rog, remarque Nynsith qui c’est planté en beauté…

Il parvient à la rejoindre, mais le peu de distance qui reste, me permet d’agir, en tirant une flèche sur le félin qui atterrit dans son épaule pour le déconcentrer, et offrir une nouvelle fenêtre à la dragonne. Pendant ce temps, la créature qui a protégé le félin au pelage prune, me charge de toutes ses forces, me donnant un coup violent, que je n’ai pas pu esquiver au niveau du bras, me faisant lâcher mon arc et me laissant ainsi sans aucune défense…

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Son adversaire promptement noyé et dévoré, Nynsith avait presque rattrapé le groupe quand une vague de magie bien particulière se manifestait durant un court instant. Sans savoir exactement ce qui venait de se produire, elle sentait que cette manipulation de la trame était celle octroyée par les Esprit-Liés. Sensiblement en même temps, elle senti vaciller l’énergie vitale d’Aldaron et de Nahui. Rog avait-il contre-attaqué?

En rejoignant les autres, l’Océane vit le Vampire lié, un trou béant à travers son thorax, être transporté à l’écart par Jh’eena. Presqu’aussitôt, Nahui ressurgit et, prenant le corps du Mort-Vivant, quitta tout bonnement les lieux en direction de là où se trouvait le portail. Libérée du corps, l’Aaleeshaan passa à l’offensive en provoquant verbalement la Couronne de Centre qui répondu d’un rugissement de colère. Autour, ses monstres s’acharnaient de plus belle sur les quelques Vampires restants, les déchiquetant sans peine.

Or, Nynsith pu remarquer un transfert d’énergie magique entre Rog et ses créations. Aiguisant son ressenti, la Chasseresse repéra d’autres fils d’énergie s’échappant du Prune : deux s’en allaient là d’où elle arrivait tandis qu’un troisième se dirigeant à l’intérieur d’un bâtiment à proximité, bâtiment qui semblait être l’objectif du Gräarh. Les sens surnaturelles de Nynsith perçurent également que les larves de glace qu’elle avait devinées plus tôt n’étaient plus… Et que les adultes présents autour d’eux s’approchaient désormais à toute vitesse.

« Plusieurs vers de glace matures se dirigent vers nous. Nahui a dû tuer les larves qui étaient à côté du portail. Et Rog semble avoir un lien magique avec le bâtiment que vous voyez. Retenez-le, je vais tenter de le devancer. » dit-elle à l’intention des individus restants.

L’autre Graärh femelle passait déjà à l’action, faisait tomber quelques stalactites sur la Couronne, donnant ainsi une opportunité à la Dévoreuse d’aller de l’avant. Elle s’élança, se transformant momentanément en jet d’eau, mais dans sa précipitation elle manqua l’ouverture et forma une éclaboussure sur la façade où se trouvait le passage. Reprenant sa forme physique, elle vit que Rog était parvenu à passer malgré les attaques. Sans attendre, Nynsith vint le frapper de sa patte alors qu’on lui décochait une flèche et le Prune traversa la pièce en sens inverse, allant s’encastrer un instant dans la paroi glacée.

Malgré son flanc à présent ouvert, en plus de la flèches et de ses nombreuses coupures, le Graärh se releva sans peine, poussant un nouveau rugissement de colère et de douleur. L’Affamée remarqua alors que la pattes qu’elle avait utilisée pour l’attaquer était entièrement recouverte d’une sorte d’éponge de mer liée au félin. Un créature créée pour amortir le choc? Elle n’eut cependant pas le temps d’investiguer davantage, car la glace toute autour d’eux se mit à trembler de plus belle tandis qu’un bruit rappelant le hurlement d’un blizzard vint couvrir celui de Rog : le ver de glace géant croisé plus tôt était de retour.

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L'enfer se déchaînait autour de notre position. Rog et ses sbires redoublaient de violence, et le hurlement qui servit de reponse a mon invective manquait drastiquement de sympathie et de politesse...mais dans la situation actuelle, c'était parfaitement comprehensible. Nahui reprenait de... l'écaille de la bete? Elle se redressait allrs que je continuais a éloigner les betes qui nous assaillaient tant bien que mal. En la voyant se precipiter pour embarquer son dragonnier, j'eus à peine le temps de lui beugler de me garder la plume (avec la quasi certitude de ne malheureusement pas la revoir) qu'elle se saisissait du corps toujours inanimé pour l'emmener vers des horizons lointains. J'en connais un paquet à qui ça aurait été pratique d'avoir un dragon sous la main avant de se faire refroidir... Mais ce n'était pas une opportunité donnée à tout le monde, et d'aussi loin que ça me concernait, le lien n'avait guère apporté d'amélioration à notre situation sur l'archipel. Peut-être que si le lien venait de me choisir, je me mettrais à considérer sa nature et ses conséquences autrement... Ou peut-être pas. En cet instant mes pensées se tournaient vers la légion. D'une part parce que, suite à la réflexion que j'exposai ci—avant, finir dragonnière augmenter le nombre de catastrophes qui fera pleurer mon peuple, je m'y refusai catégoriquement, parce que la réussite de ma mission actuelle primait largement sur ces pensées absurdes. Si nous laissions notre peau dans ces galeries gelées, Néthéril ne serait plus en sécurité, ni dans les semaines à venir ni dans les siècles qui les suivraient.

À l'approche du gigantesque vers des glaces, Nynsith lança l'assaut, envoyant valdinguer Parish. Je me précipitai pour attaquer le Gräarh, mets les mots de la dragon résonnèrent dans la tête : Il y avait d'autres choses dans ce bâtiment qui requéraient une attention toute aussi immédiate. Moins leste que la saurienne, je m'élançai a sa poursuite, esquivant autant que faire se peut les eclats de glace et de metal qui semblaient bien décidés a me transformer en puree velue quand une creature s'interposa.

Mais qu'est—ce que c'est que cette merde!?

Ce Vaseux etait énorme. il avait muté, grandi dans des proportions démesurées. au souvenir de la difficulté que nous avions eu a abattre son prédécesseur, je frissonai un instant en aggrippant plus fermement la hampe de mon arme. l'affrontement etait desormais inévitable. je grognai a cette idee en me campant sur mes appuis. Il changeait de forme si souvent que son moindre geste en devenait imprevisible ... ou allait—il frapper? ou etaient ses points faibles? je n'avais a disposition ni eau ni flamme...il ne me restait plus qu'à compter sur l'assistance du second esprit—lié a m'avoir accordé sa benediction. je visai deux yeux de la bête en me tenant prete a esquiver une offensive a venir et engageai deux estocs vifs. l'acier de ma pertuisane fendit l'air aussi vite que mes muscles lui permettaient...et advienne que pourra.

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L’agitation gagna l’assemblée et les observer, tous, permit à Aldaron de délimiter l’ampleur du désastre qui frappait les Esprits-Liés. Voilà donc leurs protecteurs, pour certains incapables de se remettre en cause et préférant l’invectiver pour ses propos – il était bon de se souvenir que seule la vérité faisait mal – d’autres riaient de son audace et quelques-uns approuvaient ses dires. Il touchait là à quelque chose de très clivant au sein des Esprits-Liés, une corde sensible qui pouvait les déchirer et qui les déchirait déjà depuis des milliers d’années. Le corbeau n’avait-il pas parlé d’une nouvelle guerre ? Cela s’était alors déjà produit et tout semblait rester en fond de trame de leur histoire. Comme de la matière explosive prête à prendre feu à la moindre étincelle. Nessraya et Jh’eena étaient à ses côtés, ainsi que Rog. Sa télépathie perçut ce que le regard de Nessraya remarqua, ou du moins ce qui l’intrigua. Sur les huit sièges principaux, seuls Sept étaient occupés. Le huitième manquait à l’appel.

Le puissant cri du coq vint mettre un terme aux tergiversations et le calme revint. Le silence se fit une place régalienne jusqu’à ce que le corbeau étende l’une de ses ailes, y perdant une plume qui lui sauverait la vie, et reprenne la parole. La menace coula sur lui comme de l’eau de pluie. Il en avait essuyé tant et tant et personne ne semblait entendre véritablement qu’il ne craignait aucunement qu’on mette sa vie ou son avenir en péril. Ses ennemis les plus redoutables savaient que son point faible étaient ses enfants. Tant que leur avenir était légitimement pérenne, l’esprit solide du Prince Noir ne pliait devant aucune menace. Aussi, loin de se taire, le vampire se fit factuel : « Que j'ai commis ou non des fautes ne vous dégage pas de la responsabilité des vôtres, à plus forte raison lorsqu’elles n’ont aucun lien de cause à effet. J'ai parfaitement le droit de pointer du doigt vos erreurs tout comme je serai réceptif à celles que vous voudriez me notifier. » Et qu’il ne manquait pas de faire, au demeurant et si Aldaron lui avait appliqué le même principe, le Corbeau n’aurait rien à lui reprocher, puisqu’il n’était lui-même pas blanc. Personne ne l’était. Alors personne ne pourrait remettre en cause les actions néfastes d’autrui ?

Du reste, il restait assez perplexe quant à cette interdiction des déesses que la magie de l’âme était prohibée. Les déesses avaient bien des pouvoirs, et elles savaient s’en servir pour condamner une profanation. En témoignait la malédiction qui toucha l’elfe qui devint le premier vampire, lorsque celui-ci fit manger à l’Oracle des déesses ses propres enfants, prouvant là qu’en terme de sacré, les divins ne plaisantaient guère. Mais quand vint l’affront du Lien, le châtiment ne fut pas adéquat. Comme le Lien venait d’un Dragon, par nature, qu’il le souhaite ou non, sans qu’il n’en soit coupable pour autant, c’était donc les dragons qu’il aurait fallu éradiquer, quitte a créer un autre portail entre le plan astral et celui de la création pour permettre à la magie de s’étendre encore. Ou maudire les Liés pour que leur nombre décroisse jusqu’à s’éteindre, et qu’il ne reste que les dragons libres. En lieu et place de cela, elles n’avaient rien fait d’adapté. Tout comme les Esprits-Liés ne faisaient rien alors qu’à la démonstration de la dague de Rog qui viendrait ensuite, il semblait clair que la magie de la Loi incarnée était plus puissante que la magie de l’âme : le lien entre la Lucane et Rog y ayant résisté.

Alors cela amusait beaucoup le Prince Noir qu’on vienne grincer des dents à la Verith en fustigeant la magie du Lien, tout en ne faisant rigoureusement rien pour empêcher qu’on franchisse ce soi-disant interdit, quand bien même ils en avaient les moyens. Si Aldaron avait - ou aurait - les moyens, de changer ce Lien et cette magie, alors des déesses et des Esprits-Liés en étaient parfaitement capables, d’une manière ou d’une autre. Mais ils ne faisaient rien et ce contentaient de parler de blasphème : ça n’avait aucun sens. Quand on voulait que ses enfants ne jouent pas avec une scie, il était purement débile, sinon irresponsable, de la leur laisser entre les mains, en sachant qu’ils l’ont et en ayant les moyens de la leur reprendre ou de l’en priver. Aux yeux de l’Ast ce n’était que pure de la pure hypocrisie de grincheux. Qu’ils agissent ou qu’ils se taisent, mais qu’ils ne viennent pas lui faire croire que cela soit ‘prohibé’ avec un ton réprobateur. C’était d’une duplicité scandaleuse, des simagrées mensongers qui dissimulaient une complaisance mal assumée.

Alors que le corbeau lui adressait un regard sévère, Rog reprenait la parole. ‘Descendants du Huitième.’ Rog n’avait pas eu besoin de prononcer les mots pour que le télépathe les entende. Qui était alors ce huitième ? Qui était ses descendants ? Cela fit écho à ce que Nessraya avait perçu. Le huitième était-il l’esprit-lié qui manquait ? Où était-il ? Comment pouvait-il avoir eu des descendants ? Parfois il n’y avait rien de mieux que de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière et de regarder ces petites bestioles s’agiter. Leurs comportements et leurs propos étaient évocateurs. A plus forte raison que l’assemblée sembla s’unir de chœur pour lui couper le sifflet. La baleine confirmait alors qu’il y eu un premier conflit, puisqu’elle craignait qu’un second n’éclate. Était-ce alors ce qui avait bouleversé l’archipel, jadis ? Calastin avait été recouverte de lave de telle sorte à former un plateau surnaturel. Nyn-Tiamat avait été, visiblement eu égard de la cité où il se trouvait, engloutie par la neige. Combien de changements drastiques cela avait déclenché ? S’il avait encore besoin d’argument en cela, Aldaron était à peu près certain de se ranger à l’avis du corbeau et de la baleine sur ce point : une seconde guerre des Esprits-Liés serait bien pire que les Couronnes de cendres… Et pour autant, l’ast ne pouvait pas laisser ces derniers massacrer des vies, et en particulier celles de ses enfants, impunément. Du reste, la conversation fut à la fois déprimante et intéressante. Rog expliquait la raison pour laquelle la Lucane était restée liée malgré l’acte d’Aldaron mais les tergiversation en termes de responsabilité étaient bancales.

La réplique du chat eut le don de l’agacer profondément : « Évidement, il est responsable d’avoir enfreint une loi dont presque personne ne se souvenait et son action a, de toutes évidences, des conséquences absolument tragiques, à savoir rien, pour que vous vous escrimiez à ce point à en faire un criminel. » Cette fois, il était sarcastique et roulait des yeux. Cette discussion n’avait vraiment pas de sens. Ça ne tournait vraiment pas rond dans les têtes de cette assemblée. Il n’avait jamais connu plus piètre tribunal. « En revanche, avoir pour loi de ne pas intervenir dans le monde des mortels ne vous a pas effleuré l’esprit quand la Lucane vous a dit qu’il ne prenait qu’un seul spirite pour avoir le droit d’intervenir à sa guise pour le défendre, et que vous avez tous levé le pouce en l’air pour approuver sa demande. Comment ça a seulement pu se produire ? Vous semblez en faire toute une affaire d’état quand il y a une infraction, mais dans l’ombre vous jouez votre propre mafia. » Il tombait des nues. Ça n’avait définitivement aucun foutu sens. Comment cela avait pu être seulement imaginé ? La Loi, la magie de la Loi, qui imprégnait les toiles de l’araignée, semblait sacrée et pourtant, cette fois, il y avait deux Lois contradictoires, qui s’opposaient et créaient ces incohérentes aussi ridicules que perfides. Comment avaient-ils pu sérieusement légitimer la demande de la Lucane ? C’était effrayant au possible. Son côté pragmatique espérait qu’il y aurait une très bonne raison car dans le cas contraire, c’était de l’hypocrisie en bonne et due forme. Mais hélas, vu ce qu’il entendait depuis le début, cela ne l’étonnait guère. La toile avait-elle été volée et son contenu écrit illégalement ou cela s’était vraiment produit ainsi ?

Quant à Kishna, il sentait qu’il y avait une histoire particulièrement douloureuse derrière cela et il ne manquerait pas de creuser cette piste, à l’occasion. Il cristallisa ces informations non dites mais que le télépathe comprenait pour confier à Jh’eena l’existence de celui-ci. Au moins, ce ne serait pas perdu, et il espérait que la graärh se montre à la hauteur de ce qu’il lui confiait. Il étreignit mentalement sa Liée, comme pour lui dire qu’il était désolé. Et puis, il ne sentit pas même le froid ni la présence de Jh’enna : il n’avait plus aucune information en provenance de son corps. Il ne craignait pas la mort, pour l’avoir trop souvent regardée en face. Nahui refusait qu’il rompe leur lien pour la sauver et il comprenait son point de vue. A sa place, il aurait refusé également, mais il n’était pas à sa place et à la sienne, il était rempli de culpabilité à son égard. Bien vite, il sentit son esprit et son âme s’élever, pour partir ailleurs.

La plage de sable fin où il se trouvait lui rappelait celle où les deux Inséparables s’étaient échoués, après après avoir accepté de devenir les spirites des oiseaux amoureux. Avec les coquillages blancs, il avait assemblé, pour la première fois la lame blanche des Elusis. Pourtant, à y bien regarder, il ne voyait de ce souvenir que l’invectivité d’Achroma et ses reproches entourés de miel avec lesquels il s’était bercé d’illusions. Il avait accepté sa colère et sa frustration, il avait accueilli ses attaques en son sein sans broncher et une fois qu’il avait accepté le lien spirituel de l’Inséparable, il n’avait plus jamais été lucide. Regarder les scènes de son passé lui faisait, à présent, mal. Il lui avait tout donné, à Achroma. Il avait quitté son poste à Caladon car l’homme qui fut son époux l’avait assommé de son propre ressenti. Achroma n’aimait pas Caladon, mais Aldaron y attachait une importance de cœur. Ce n’était pas seulement une ville de marchands. C’était, à ses yeux l’incarnation de la résistance, tant contre le Tyran Blanc que comme la couronne impériale. Même aujourd’hui, ils étaient les seuls à se dresser pour la liberté. Mais il avait renoncé à Caladon et l’avait rejoint dans la Nuit. Il avait mis le Marché Noir au service de ses dessins à l’encontre du Royaume Humain, l’accablant d’une famine sévère qui lui serrait la corde au cou. Aldaron n’avait jamais voulu que cela arrive à ce point de non retour.

Mais cela était arrivé, et avec sa complicité. Il avait accepté bien des concessions et des dons, également, lorsqu’Achroma lui refusa de gouverner les terres de Nevrast alors que le Marché Noir les avait rachetées pour sortir le royaume vampirique d’Irina de ses horribles dettes dont aucun parangon, y compris Achroma, ne voulait assumer la charge. Mais une fois que le Marché Noir eut remis les comptes à flot, fait rebâtir la ville par son fils Valmys et Belethar et que l’Ast et dragonnier aurait pu se présenter en successeur légitime, Achroma avait réclamé cette place. Aveuglé par l’Inséparable, il avait accepté. Une alliance avec les pirates avait été scellée et la guerre contre Sélénia eut lieu. Il en fut l’instigateur et jusqu’ici, il n’avait pas remis en cause ses actions. Il les voyait aujourd’hui avec bien plus de clarté. Achroma n’avait jamais servi rien d’autre que ses propres intérêts. Il n’avait fait que le couvrir de fleurs et de baisers mais il lui avait tout pris, bribe par bribe. Puis il l’avait abandonné avec la plus grande des lâchetés, retrouvant la mort où il l’avait abandonné une première fois. Il l’avait laissé au lendemain de sa défaite, avec des ennemis et de la haine. Avec sa culpabilité et sa solitude. Un part de lui même reconnaissait que Claudius l’avait libéré d’un fardeau qu’il ignorait encore porter.

Aujourd’hui, cette plage lui rappelait ce chemin maudit sur lequel il avait marché. Elle lui rappelait ce premier jour où il avait accepté de lien de l’Inséparable et où il s’était condamné. Non loin, il put remarquer un navire fait de verre, échoué et marqué par les stigmates d'un voyage agité. L'espace où il se trouvait était suspendu dans le vide. Comme lors d’un crépuscule proche de la nuit, la pénombre régnait en ce lieu tandis que des étoiles brillaient dans les cieux. De la plage, partait un fleuve semblant s'étendre à l'infini, zigzaguant dans un néant absolu. L’Ast n’était pas seul. D’autres individus étaient à ses côtés, l’air absent. Tous marchaient lentement en direction de la rive avant de s’immerger dans le fleuve et d’être emporté par le courant. Sur cette plage, des êtres ressemblant à s'y méprendre à Sorel, Elizabeth, Ivanyr et Celeborn marchaient également, tout comme lui, bien qu’il réalisa ne pas avoir de réel contrôle sur ses jambes. Sa propre avancée lui semblait plus lente, comme s’il tirait sur quelque chose. En se retournant, le vampire put constater que le lien qui l'unissait à Nahui était tendu. Son extrémité, invisible, lui indiquait que sa Liée était encore parmi les vivants. Son cœur se déchirait d’une culpabilité profonde car il savait qu’elle ne le resterait. Tôt où tard, il la verrait apparaître ici, tragiquement. Chaque mouvement créait des ondulations dans le tissu de la réalité. Il pouvait le sentir, il était en train d'effectuer une traction puissante, mais indésirée et il avait hélas  l'avantage.

Mais soudainement, son avancée inexorable vers le fleuve s'arrêta bien qu’il lui était en revanche impossible de reculer. Un croassement retentit. Une plume apparut au niveau de son épaule, elle était comme plantée dedans. Quelque chose vint se planter sur sa tête, lui faissant rentrer la tête dans les épaules de surprise. « Bienvenue dans les limbes, profanateur. » Il reconnut la voix du Corbeau. « C'est donc ici que vous souhaitez m'abandonner ? » Son regard se posa sur la plume dans son épaule, sans trop savoir comment elle était arrivée là : « Ou pas... Qu'avez-vous fait ? » Il sentait le Corbeau jouer avec ses cheveux, tantôt avec son bec, tantôt avec ses serres. Il était persuadé que c’était Dawan qui avait du lui en vanter la douceur. Le Corbeau n’allait tout de même pas lui demander lui aussi les secrets de son shampoing ! « C'est ici que je peux t'abandonner, en effet. Tu serais condamné à regarder les défunts quitter le plan que les divins ont crée pour vous pour rejoindre celui des morts. Quand j'y pense, ça me ferait un peu de compagnie, maintenant que les jumelles ne sont plus là. Et je pourrais t'utiliser pour réparer leur navire. » Ainsi donc, c’était le navire des déesses Vie et Mort. Les défunts devaient à présent traverser le fleuve à la nage. Le voyage n’était peut-être plus aussi sûr qu’autrefois. Pour être honnête, faire quelque chose de manuel, pour l’utilité générale, ne le dérangerait pas véritablement.

« Je te sauve la vie, ou plus exactement, je t'empêche de mourir. Mais ceci n'est que temporaire. Il ne m'est pas permis de faire durer cela éternellement. La Lucane rouspétera sans doute, mais elle n'est pas la seule à avoir des droits particuliers. Ta survie aura au moins le mérite d'apaiser un peu les tensions. » La réponse le surpris, mais elle faisait sens. Si l’acte de la Lucane n’avait, au final, aussi peu d’impact sur leur monde que celui du Saumon, les tensions s’apaiseraient, au moins pour un temps. Il n’empêchait que le Corbeau devait probablement enfreindre une Loi, même s’il plaiderait aisément le soit-disant ‘accident’. « Dois-je en conclure que vous ne m'en voulez pas d'avoir rompu votre lien avec Rog ? Je ne parle pas de la manière, bien sûr, mais de la finalité. Mon fils, Ilhan, m'a dit que certains d'entre vous étaient restés liés par la contrainte. Était-ce votre cas ? »

Le corbeau croassa : « T'en vouloir? Bien sur que je t'en veux ! » Le coup de bec qu’il se prit sur le front en témoigna et lui fit brièvement rentrer la tête dans les épaules, à nouveau. « Je soutiens Rog, ou du moins l'objectif que lui, Lalaach, Lolupata, et Udyog autrefois, poursuivent. Mais ton sacrilège m'a sorti d'une situation épineuse. Les autres commençaient à s'agacer sérieusement des pouvoirs que mon lien lui conférait. Et dans un sens je les comprends. Tout conflit doit avoir une fin. C'est de ma responsabilité et de celle du Cafard si celui-ci n'a pas pu prendre fin et a pu reprendre. L’étoile de mer en revanche pourrait te remercier. Quant à contraindre ? C'est bien plus complexe que cela. Certains en effet ne partagent pas l'objectif des couronnes. Mais ils furent les élus de notre assemblée et le demeurent encore. C'est l'affect qu'ils éprouvent qui les contraint plus qu'autre chose. Particulièrement concernant Lalaach et l’ornithorynque. »

Aldaron en avait entendu parler. Lalaach semblait avoir été adoré par les esprits-liés, bien qu’il ne comprenne guère leur engouement. L’Ast acquiesça de la tête. « Vous me semblez pragmatique, Corbeau. C'est pourquoi je ne comprends pas que vous souteniez les actions des couronnes de cendres. J'imagine que beaucoup de choses m'échappent. Ce que j'ai vu de ces graärh n'est que dévastation, destruction de masse et génocides à l'encontre de ceux qui ne partagent pas leurs idées, jadis tout comme aujourd'hui. Alors pour que vous acceptiez ce lourd tribu à payer en vies balayées, c'est qui y a une raison légitime, n'est-ce pas ? Quelle est-elle ? Et qui est ce huitième que l'assemblée a voulu taire ? Si je reviens parmi les vivants, mon combat contre Rog se poursuivra tant que je n'aurai pas de raisons de cesser. » Il lui ferait payer.

« Nous ne percevons pas la vie et la mort de la même manière. Ce n'est pour moi qu'un cycle. Même si l'un de mes liés venait à mourir aujourd'hui, je le retrouverais demain sous une autre apparence. Je ne perçois donc pas les conséquences des moyens mis en œuvre de la même façon. Mais je comprends qu'ils mettent en péril l'ordre que vous avez établi et que vous cherchiez à le défendre. Pour autant, seul l'ordre de ce monde que les divins nous ont chargé d'entretenir et de surveiller m'importe, et jusqu'ici les couronnes n'ont rien fait pour le menacer. Enfin, c'est une question de point de vue. Si je les soutiens, c'est bien parce que je ne considère pas leur objectif comme un mal, au contraire, il s'agirait plus d'un retour à la normale. Mais, mes frères et sœurs ne partagent pas tous cette vision. C'est bien pour cette raison que nous nous sommes déchirés par le passé et que je souhaite éviter que cela ne se reproduise. Pour autant, ce conflit doit avoir une fin et je ne désire pas que les couronnes s'arrêtent. Rog avait raison. En arrivant ici, enfants d'Ambarhuna, vous vous êtes retrouvé mêlé à une affaire qui ne vous concerne pas. C'est regrettable, car votre nature vous empêchera de sortir de cet engrenage. Vous venez complexifier le conflit. Mais, votre sacrilège d'aujourd'hui me laisse à penser que cela le mènera peut-être vers sa fin. Le huitième est un tabou. Le huitième est ce qui a tout déclencher. La huitième est la cause de ce conflit. Ou plutôt devrais-je dire son choix. Mais je réserve mes blâmes pour quelqu'un d'autre. Tes questions sont légitimes, mais je ne peux en dire plus. Plus qu'un secret, la magie de la loi ne m'y autorise pas. Une mesure de sécurité prise par notre assemblée afin que nous tenions tous notre langue depuis que ton fils Ilhan a questionné l'ornithorynque, l'araignée puis le flamant rose. »

L’Ast dodelina de la tête, songeur. « Je comprends, nous n'avons pas la même vision en effet. » Tout comme le corbeau comprenait la sienne. Ils ne voyaient pas le monde sous le même prisme, tout simplement. « Si son choix est responsable de tout, pourquoi en voulez-vous à un autre ? A qui ? » Aurait-il seulement des réponses ? Pas le moins du monde. Le silence fut volontaire, soit le Corbeau ne pouvait pas le dire, soit il ne voulait pas le dire. Ou peut-être un peu des deux. « Rendre les couronnes de cendres mortelles est une avancée vers la fin du conflit, mais il n'est pas terminé pour autant. La Lucane a renforcé son lien avec Rog, et les esprits-liés tremblaient devant Lalaach. J'ose à peine imaginer ce que cela sera avec Rog, à l'avenir. » La réponse du corbeau sembla dépeindre la responsabilité des Esprits-Liés dans ce conflit. « Rog fera trembler mes frères et sœurs qui ne partagent pas ma vision car la Lucane est derrière lui. Mais Lalaach... C'est autre chose. Il était aimé de nous tous. Mes frères et sœurs qui tremblent face à lui le font par lâcheté, car il incarne ce qu'ils considèrent comme notre plus grande erreur. »

Et c’étaient eux, mortels, qui en payaient le prix. Et ils ne faisaient rien. Il attendaient que les mortels s’escriment à résoudre le problème que les protecteurs avaient créé. Aldaron venait de perdre quatre enfants aujourd’hui et probablement aussi d’autres vampires. C’était ignoble et indigne de ces soit-disant protecteurs. Ses mires se posèrent sur les silhouettes de ses enfants, le regard triste. « Est-ce que je peux aller leur dire au revoir, encore une fois ? Enfin, adieu. En attaquant Rog, je ne m'étais pas vraiment préparé à les laisser partir seuls. Et si mon heure n'est pas pour aujourd'hui, elle le sera un jour. Regarder les défunts quitter notre monde ne me changera pas vraiment. Le deuil m'est devenu comme un second vêtement et, pour être honnête, si je devais mourir, je crois que je n'éprouverai pas l'envie de refaire un tour dans notre monde, même avec une nouvelle vie. Alors à ce moment là, si votre besoin de compagnie se fait toujours sentir, je suis volontaire. Je n'ai pas peur de payer pour ce que j'ai fait de mal à ce monde, quand bien même j'ai jugé chacun de mes actes, même profanateurs, nécessaires. Vous veillez sur les Vôtres qui composent l'assemblée des Esprits-Liés. J'ai veillé sur les Miens. Je le ferai tant que je vivrai. » Et sa mission s’arrêterait là. Le Corbeau l’autorisa à aller voir ses petits, ou plutôt, ce furent eux qui purent venir à lui, puisqu’il était lui-même figé.

Il les récupéra dans ses bras une dernière fois, caressant leurs joues, leurs dos ou leur cheveux avec une délicatesse paternelle. S’il avait pu retirer la plume de son épaule, il l’aurait volontiers donné à l’un de ses enfants. Mais lequel ? La douleur lui étreignait le cœur péniblement lorsqu’il leur avoua qu’il ne partirait pas avec eux, car le destin voulait de lui ailleurs. Il embrassait leurs fronts, leurs têtes, gravait dans sa mémoire les traits si jeunes de leurs visages. Il avait envie d’hurler et il s’en retenait. Il les serra tout contre lui, comme si en agissant ainsi, peut-être qu’il pourrait les garder avec lui et les ramener dans le monde des vivants. Mais ils finirent par reprendre leur avancée et il lâcha péniblement leurs mains. Ses muscles se crispaient de douleur alors que ses mains venaient cacher sa bouche qui se déformait d’une grimace de souffrance. Son corps se penchait en avant, comme s’il s’apprêtait à se recroqueviller sur lui même. Il ne désirait que se protéger de l’affliction, mais il ne le pouvait pas. Elle était là, à lui lacérer les entrailles. Il n’avait pas menti au Corbeau : s’il restait ici éternellement à regarder les gens se réincarner et  n’être que de passage, cela ne serait pas une souffrance. C’était savoir qu’il resterait dans le monde des vivants sans eux qui lui serait horrible.

Ce fut avec des larmes coulant sur ses joues qu’il les regarda aller jusqu’à la rive pour s’immerger dans le fleuve. Dans le silence, il calma ses sanglots. La peine perdurait mais s’apaisait. Ou du moins, il imaginait qu’arrivé à un certain point de douleur, il ne sentait plus rien. Lorsque ses yeux ne purent plus les voir, il les baissa sur son épaule. Il aurait pu juste l’enlever et partir avec eux. Ça aurait été plus simple. Du moins pour lui. Pas pour ceux qui restaient. Pas pour Nahui, pas pour ses autres enfants qui allaient le pleurer. Partir maintenant aurait été égoïste, comme Achroma, et il n’était pas comme lui. Il ne pouvait pas laisser ceux qu’il aimait derrière lui. Il devait laisser ce que le destin avait choisi pour lui se produire. Sa voix était blanche et monotone lorsqu’il reprit la parole : «  Et puis, il y a autre chose, Corbeau. Dans la forêt de Licorok, il y a un arbre qui se dit être l'arbre-songe. Il protège quelque chose d'extrêmement puissant et... A chaque fois que l'un de mes enfants est mort aujourd'hui, j'étais dans la forêt et j'entendais sa voix. Il disait que des personnes légitimes approchaient. La dernière fois qu'un être mortel a eu entre ses mains un cœur puissant, cela n'avait pas été bénéfique pour nos existences. Cela fut bien pire que de simplement mourir. L'histoire ne doit pas se répéter. Je crois que Nahui me conduit à lui. Il lui a dit de venir et qu'il pourrait me sauver. Cela va peut-être vous paraître bizarre mais... Elle a eu la sensation qu'il s'agissait d'un très très ancien dragon. Vous réincarnez des dragons en arbres qui parlent et fabriquent des licornes de défense dans la roue de la réincarnation ? »

Le corbeau croassa quelque peu ce qui pourrait s'apparenter à un rire jaune avant de claquer du bec d'agacement : « L'Arbre-Songe, un sobriquet bien ridicule dont il est de plus bien indigne. Ce narcoleptique est à peine l'ombre de ce qu'il était par le passé. Il s'accroche à ce monde en y enfonçant toujours plus profondément ses racines, se dérobant à cette plage. Et dire que je m'en remets pourtant à lui pour te sauver la mise, pour espérer apaiser les tensions. » Ainsi donc, ils se connaissaient et cela venait rejoindre ce qu’il pensait de l’identité du huitième. « C’est lui, le Huitième... » souffla-t-il, tout bas. Alors que le corbeau continuait de râler au sujet de l’Arbre-Songe, sa voix se fit de plus en plus étouffée. Une chaleur au niveau de son buste irradiait, plus précisément au niveau de sa blessure. Celle-ci commençait à se refermer progressivement jusqu’à ne laisser qu’une cicatrice en forme de racines qui s’entremêlent. Son environnement s’éclaira et devint de plus en plus lumineux jusqu’à en être aveuglant et qu’il perde connaissance.

Lorsqu’il reprit conscience, la première chose qu’il sentit ne fut que froid et humidité.  L’odeur de l’humus parvenant à ses naseaux, il en déduisit être parvenu dans la forêt, auprès de l’arbre-songe. Les embruns du charnier lui confirma très rapidement cet état de fait. Allongé sur le flanc, dans la terre, il se sentait le besoin de respirer. Les râles de ses inspirations avaient un drôle d’écho. Il sentait la présence de Nahui à ses côtés. L’écailleuse était en vie et leur Lien intact. Il vint blottir son esprit contre le sien, pour lui signaler qu’il était éveillé. Son corps lui semblait plus grand et bien plus lourd qu’à l’ordinaire. Il avait du mal à faire le moindre mouvement : cela ne répondait pas comme à l’accoutumée. En ouvrant ses yeux, l’environnement lui apparaissait sous un regard différent. La lumière lui semblait plus forte et lui vrilla la vision quelques secondes avant qu’il ne distingue les racines de l’Arbre-Songe. Le sol était fleuri malgré l’hiver, de perce-neige éclatants. Une longue mèche de cheveux tomba au milieu de son regard et lorsqu’il voulu la retirer d’un geste vague de la main, il peine à faire bouger son corps. Il ne réagissait pas. Pire, il ne sentait pas ses doigts !

Il tenta de bouger une épaule et elle sembla réagir péniblement, mais elle réagissait. Il essaya de plier son coude mais ça ne voulait pas fonctionner… Du moins, pas vers l’avant. Il le plia doucement vers l’arrière sans comprendre ce qu’était cette sorcellerie. On l’avait drogué ? Il était certain que c’était une farce du Corbeau ça ! Il tenta de mouvoir son poignet et cela sembla à peut prêt fonctionner jusqu’à ce qu’il sente n’avoir plus d’un seul doigt par main. La panique le gagna d’un seul coup et il poussa un cri… Qui ne fut rien d’autre qu’un hennissement équin. Quoi ?! D’autres suivirent, de plus en plus effrayés, gigotant dans tous les sens pour faire réagir son corps et voir comment il fonctionnait. *Nahui ! Nahui ! C’est quoi ça ? A l’aiiiiiiide !*

N’obtenant pas la dite aide providentielle, Aldaron se concentra sur sa Liée pour… L’entendre pouffer de rire ?! Elle était en train de se moquer de sa situation ?! « Liée indigne ! » fit-il, ou du moins tenta-t-il, puisqu’il poussa à la place un puissant hennissement d’indignation. Parvenant enfin à se lever par un miracle dont il ignorait le comment, il vacilla de l’autre côté après avoir brièvement tenté de tenir debout, sur ses deux pattes postérieures. Le second essai, il ne fit sur ses quatre pattes, tenant à peine dessus, titubant, s’emmêlant les sabots honteusement avant de finir par se  vautrer, la tête en avant dans une souche d’arbre. Tout ceci tous les rires inarrêtables de sa Liée, évidemment. Pour la troisième tentative, il ne releva que le train arrière, puisque sa tête semblait munie d’une corne et que celle-ci s’était enfoncée dans la lourde dite-souche, comme dans du beurre. Fouettant furieusement l’air de sa queue blanche, il tira en arrière pour se retirer de cet embarras et s’en détacha bien trop facilement, si bien qu’il bascula en arrière avant de finir les quatre fers en l’air. Littéralement.

Roulant sur le côté, il parvint à se relever et se tenir sur quatre pattes tremblantes : il n’osait plus bouger. S’il bougeait il risquait trop de tomber. Il essaya de prendre un air digne, péniblement, et il réalisait alors ce qu’il était devenu, sans l’accepter : *Je suis une licorne...*


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Ma tentative d'aider la dragonne porta ses fruits, car j'ai été en mesure de déstabiliser le félin au pelage prune pour permettre à Nynsith de s'introduire, là où elle le désirait. Cependant, après ce coup, je ne pourrais plus aider qui que ce soit... La bestiole fonça sur moi, me blessant au bras. La force qu'elle a exercé, sans que je sois en mesure de l'éviter, fit projeter mon arc beaucoup plus loin. Je me retrouve sans arme, sans moyen de défense face à la vile créature, qui plus ait, avec une blessure qui ne me laisse pas à mon avantage...

Ma corpulence étant plus faible que celle d'un félin ordinaire ne m'aide pas non plus, je ne trouve aucune solution... Tout me pousse à désespérer, et me laisser crever comme un chien galeux, mais non... Mon esprit reste combattif, et si je dois laisser mon dernier souffle ici, ce ne sera pas sans combattre... Pour la mémoire de mes enfants...

J'observe tout autour de moi, mais rien ne m'indique que je pourrais utiliser quelques choses pour me défendre, ou alors pour le repousser en cas d'attaque... Cela me met dans une rage contrôlée, me permettant de rester lucide, et non pas de foncer tête baisser comme un babouin survolté... Je dois trouver un moyen de m'en sortir, et de rejoindre les autres... Seulement, c'est plus facile à dire qu'à faire, bien évidement... Sinon, rien n'aurait d'intérêt...

Et comme si ma situation ne me suffisait pas un rugissement sortit de nulle part... Aussi puissant qu'un chat de mon espèce... Il provient de l'endroit où se trouve la couronne de cendre, tout se met à trembler à la seconde qui suit, tout cela n'indique rien de bon... Il faut fuir... Mon poil s'hérisse sur mon dos, et la colère laisse place à l'instinct de survie, encore une fois. Je reconnais parfaitement ce tremblement et tout ce qui va avec.... Un ver de glace... Le géant au sang-froid débarque en trombe, brisant tout sur son passage, une mélodie horrible traverse la zone où passe la créature des glaces. Il pénètre à l'intérieur du dôme, puis en ressort. Des morceaux de glace s'effondre et s'écrase sur le sol.

J'avais le choix entre mourir écrasé, ou mourir en affrontant la bestiole. Je n'ai pas vraiment hésité, et en même temps, je n'en avais pas le temps non plus... Donc... Mon corps se jeta au sol, pour rouler un peu plus loin, m'obligeant à perdre de vue tous ceux qui était présent avec moi. Me voilà seule... Il n'y a rien de mieux que la solitude, après tout, c'est de cette manière que l'on meurt sans que personne nous retrouve... Il n'y a rien d'inquiétant... C'est juste morbide...

N'ayant plus d'autre choix, que de suivre le chemin qui s'offre à moi, je m'éloigne de mon roi, à contre cœur, et me déplace de manière lente, et silencieuse. Je ne dois pas attirer le vers dans ma direction, même si cela signifie laisser les autres à leur sort...

Je marche, presque en glissant sur mes coussinets, usant de mon esprit-lié de la libellule pour avoir toutes les chances de mon côté en termes de discrétion. Malheureusement, l'éboulement ne tua pas la bestiole qui m'a blessée au bras... Me voilà de nouveau en face de cette dernière, et toujours sans arme. Je m'arrête et me met en position de défense, je refuse de me laisser mourir bêtement... Je refuse... Mon heure n'est pas encore venue, je le sens au fond de mes tripes, je ne veux pas faiblir devant l'adversité... Pas tant que je ne me serais pas vengé de la mort de mes enfants...

Poussant un grognement contre le chose, ma voix s'affaiblit puis s'éteint rapidement, lorsqu'un objet rond se mit à rouler sur le sol. Les oreilles en avant, intrigué par ce que cela puisse être. Je fini par noter une ressemblance au portail que les vampires ont ramené durant une expédition à Keet-Tiamat. Roulant toujours sur lui-même, jusqu'à percuter un petit bloc de glace qui se trouvait sur sa route. A croire que la situation tourna en ma faveur, car, trois graärh arrivent, avec Rumil, mais leur visage ne semble pas au beau fixe... Essoufflé, comme s'ils cherchaient à fuir quelque chose, ou quelqu'un, les voilà dans une autre situation de désespoir...

Voyons le bon côté des choses, me voilà enfin accompagné de félin, si je dois mourir, ce ne sera pas seule finalement...

Le moment n'est pas à la plaisanterie, car tout risque de s'effondrer à un moment ou à un autre, un ver de glace semble être en approche, par rapport au bruit que l'on peut entendre, sans oublier notre ami qui désire nous vouloir du mal... Je me retourne vers les graärh, parlant fortement, de manière à monter qu'il ne faut pas se reposer et que l'heure est à la prise de décision !

« Bougez-vous les fesses, et tuons cette bestiole ! Nous devons partir au plus vite si l'on ne désire pas finir dans le ventre du ver ! »

Mon regard passe rapidement sur le félin, et je fini m'approche de l'un d'entre eux.

« Toi là ! Passe-moi ton épée, j'ai perdu mon arc. »

Sans attendre sa réponse, je dégaine cette dernière, malgré la douleur que je ressens au niveau de mon bras, je pivote, effectuant une rotation, pour frapper la bestiole baveuse après avoir usé de mon esprit-lié de la libellule pour la déstabiliser. Mais cela n’est pas suffisant… La chose à pris en masse et sa mutation qui est tout sauf naturelle nous donne du fil à retordre… Mais avec l’aide des autres graärh et de l’elfe, nous parvenons à le maîtriser, dans une parfaite exécution d’équipe. Mais cela est aussi du que la chose est devenue de plus en plus faible, sans que l’on ne sache dire pourquoi… Nous ne nous sommes pas arrêtés, pour comprendre, cela allait dans notre sens, et on ne peut pas se permettre de le laisser en vie… Voilà un problème de moins à gérer, ce n’est pas plus mal…

« Partons sans attendre ! »

Nous poursuivons l’objet qui continue de rouler, tout en frappant de temps en temps quelques blocs de glace, alors qu’on entend le ver de glace se rapprocher dangereusement, de notre position. Nous perdons de vue l’objet, tandis qu’un important vacarme se fait entendre dans la direction de Nynsith, probablement causé par le ver de glace qui ravage tout sur son passage.

L'on retrouve finalement le portail, coincé sous des débris du plafond que le vers de glace à détruit en passant au-travers, mais aussi, des blocs de glace qui accompagnait l'ensemble. Derrière nous, nous entendons une multitude de bruit inquiétant, montrant la présence de nombre vers de glace... Nous sommes bien trop peu pour les affronter de face, et dans un lieu trop étroit pour un quelconque piège... Que faire ?

En levant la tête, nous pouvons voir le ciel. Nous sommes proche de rejoindre l'extérieur, mais encore trop loin pour pouvoir y accéder seul... Le temps n'est pas à la réflexion, enfin, un des graärh semble avoir une idée, et nous n'avons pas le temps de discuter du reste, nous devons suivre son plan. Le portail étant trop lourd, la dragonne ne pourra prendre que ce passager...

Le graärh explique que la dominante de mon ancien clan lui a offert une corde pouvant nous aider à hisser le portail une fois que nous serons au sommet. Je n'avais d'ailleurs pas remarqué jusqu'à présent que malgré mon départ, nous avions tout de même réussi à nous entre-aider, sans nous faire la guerre. Mais c'est probablement dû à notre envie de survivre, lorsque le danger sera de nouveau écarté, nous redeviendrons de nouveau des animaux sauvages, et risquons de porter des propos déplacés...

Tous ensemble, nous retirons les débris d'acier et de glace, malgré ma blessure au bras, je passe outre la douleur, je ne dois pas pleurnicher pour si peu, et garder la tête froide. Après plusieurs minutes de galère, nous parvenons à accrocher le portail avec la fameuse corde magique. Une fois tout vérifier, pour pas que le nœud ne se défasse durant la remonter, nous rejoignons Nynsith qui s'approche au même moment, avec la patte-molle, et nous demandons si elle peut nous ramener à la surface.

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Le coup avait porté fruit et Rog était gravement blessé, mais Nynsith savait que cela n’était pas suffisant pour le stopper. Tandis que le ver de glace répondait à son rugissement en venant défoncer le gigantesque dôme, occasionnant par la même occasion la chute de débris de métal et de glace, la saurienne se débarrassait de l’étrange éponge sur sa patte à l’aide du feu, appuyée par Entroxucec. Tout autour, les autres étaient aux prises avec les créatures du Prune, mais le lien partant de celui-ci et allant dans le bâtiment était toujours présent. Sans hésiter, elle envoya Entroxucec appuyer Jh’eena et repris sa forme aqueuse pour descendre l’escalier, suivant le fil, mais bientôt une voix résonna derrière lui.

- Je vous déconseille d'aller plus loin, laissa tomber Rog, à la fois comme un conseil et une menace.

Dans sa position, elle était en avance sur lui et pouvait entrer dans une pièce où elle devinait des tubes similaires à ceux de l’autre laboratoire où Jh’eena avait reconstruit le cristral. Elle déforma sa masse pour occuper tout le couloir, se faisant obstacle.

« Quel est cet endroit? »

- La tombe du docteur que j’étais autrefois, répondit-il en avançant d’un pas.

Il était sur ses gardes, manifestement prêt à agir selon les actions de la Dragonne. Vu la situation, bien qu’elle même puisse s’en sortir, les autres étaient en bien mauvaise posture à l’extérieur. Cependant, les sens surnaturels de l’Océane lui indiquaient que le portail se rapprochait, suivit de plus ou moins près par quelques individus, soit ceux qui étaient aller quérir le portail. Avait-il été mis en action? Elle devait gagner du temps.

« Dans un autre laboratoire, nous avons trouvé un cristal qui contenait les fragments d'une ancienne communication entre Ajay et Kishna. Le nom de Purohit avait également été mentionné. L'éruption de Vaalaamuk et le sceau du Bâoli... Quel était votre but alors? Quel est votre but maintenant? »

- Ajay était l’un de mes subalterne du temps ou j'étais encore un docteur. Kishna était la femme que je n'ai pas réussi à aidé lorsqu'elle en avait le plus besoin... Les Purohit Rakshak sont les gardiens du Baôli. Comme tout ceux qui ont été nommés Couronne de Cendre à la suite de l'éruption du volcan. Mon objectif, l'objectif des Couronnes de Cendre, sa révélation serait l'étincelle qui déclencherait une nouvelle guerre entre les Esprits-Liés. Sache seulement que je cherches à accomplir ce que j'ai échoué à accomplir en tant que docteur. À présent, écartes toi de mon chemin. D'innombrables vers de glace en colère se dirigent vers ici. Vous mourrez tous dans cette abîme... Sauf si je vous ouvre un passage jusqu'à la surface. Ton espèce est capable de voler.

Tandis qu’il faisait un nouveau pas, Nynsith effleura l’esprit du Graärh : il était honteux et triste concernant Kishna et, si son objectif ultime était imperceptible, comme caché, en ce moment il semblait vouloir réunir quelque chose.

« Si je m'écarte, libérerez-vous les autres de vos créatures? »

- Oui. C’est bien votre obstinations à vous dressez sur notre route qui me contraint à vous en écarter.

Il était sincère. Nynsith libéra donc partiellement le passage afin qu’il puisse passer, sans cesser de lui parler.

« Que gagneriez-vous à déclencher une guerre entre les Esprit-Liés? Pourquoi ceux-ci semblent-ils vous craindre? Est-ce lié au fait que quatre d'entre-vous ont survécus à la mort? »

- Nous ne cherchons pas à déclencher une guerre entre les Esprits-Liés. Là n’est pas notre intérêt. Certains craignent que la réalisation de notre objectif n’entraîne de fâcheuses conséquences, dit-il en s’avançant prudemment. De nous quatre, je suis le seul à avoir survécu et le seul qui a été à même de ramener les autres a la vie. Mais cela n’a aucune incidence sur la crainte que nous pouvons inspirer à certains Esprit-Liés. Ils ne nous désapprouvent pas tous, en vérité ils sont nombreux à nous soutenir. Notre cause divise les Esprit-Liés eux mêmes.

Celui de l’Orque semblait d’ailleurs vouloir communiquer quelque chose à Nynsith, tandis que sa forme aqueuse perdant un moment en stabilité.

« Pourquoi ne pas vous être expliqué dès le début? Les bipèdes sont impulsifs et craignent ce qui les dépassent, mais certains sont aussi capable d'écoute. »

Il passa finalement dans la pièce aux tubes, ordonnant sans un mot au ver de glace géant de creuser un trou vers la surface. Un nouveau tremblement survint.

- Des explications. C’est ce que Lalaach a fait quand tout a commencé. Lui, haut prêtre des Esprits. Ses paroles faisaient vibrer le cœur de chaque croyants. Quand il a révélé la vérité aux hautes instances de notre société… Ils l’ont traité d’hérétique, puis les Esprits-Liés ont commencé à se déchirer. Non, l’heure n’est plus aux explications.

Rog brisa le tube contenant la chose avec laquelle il avait un lien. Pas tout à fait vivante, elle semblait faite d’une chitine rappelant celle des karapts.

- Maintenant, partez.

Les blessures de Rog étaient bien moins graves à présent, bien que du sang coulait encore de ses plaies. Curieusement, ce sang semblait avoir un lien magique avec lui. Était-ce la même magie que celle qui lui permettant de contrôler le ver ou créer des monstres? Quoiqu’il en soit, Nynsith devinait que maintenant que Rog avait récupéré ce qu’il voulait, il n’hésiterait pas à lâcher les vers contre eux.

Elle sortit donc du bâtiment et repris sa forme solide, remarquant que les créatures restantes se désintégraient à présent. Le ver de glace géant ressurgit du plafond du dôme pour engouffrer dans sa gueule le bâtiment où était demeuré le Prune avant de disparaître dans les profondeurs. Au-dessus, la lumière du jour entrait, bien qu’elle fût lointaine.

Bientôt, le portail apparu et l’Affamée réalisa que plutôt que d’avoir été activé d’une quelconque manière, il avait simplement roulé jusqu’ici. À présent coincé parmi les débris, il allait falloir un petit moment pour le libérer avant qu’il puisse être hissé vers la surface.

« Lorsque nous serons sortis d'ici, je vous partagerai ce que Rog m'a révélé. Et je pense savoir où est-ce qu'il va frapper le prochain coup. »

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Les divers périples qui advenaient désormais sous terre n’étaient plus de son ressort. À chacun ses peines, et les siennes se devenaient de ne pas prendre les atours d’un corps inerte.
Toute la longueur de l’immense dragonne des neiges traversa le portail, quittant le fracas des glaces et des pierres pour un monde imbibé de magie. À l’odeur, il s’agit bien du même endroit que ce que sa précédente vision a pu lui offrir. De l’humus aux cîmes, tout était si bien saturé qu’elle pouvait s’y diriger sans peine. L’incommensurable présence veillait toujours sur les lieux, comme une gigantesque ombre protectrice. Rien, dans la mémoire de ses sens, n’aurait permis à Nahui d’associer ces lieux à Licorok, s’il n’y avait eu cette présence.

Elle s’avança vers celui qui devait être l’Arbre-Songe, celui qui jadis avait su ce qu’impliquait d’être un dragon. Avait-il eu un Lié, lui aussi ? S’il n’avait connu que ces lieux, avait-il connu l’Esprit-Dragon également ? Les Tarenths ? Dans tous les cas, il paraissait enclin à les aider, ce qui impliquait qu’il soit un tout petit peu moins obtus que le Grognon Rouge. Une qualité, s’il en était.
Nahui clopinait, s’efforçant de tenir son Lié comme elle le pouvait. Elle n’eut besoin de tourner la tête quand, autour d’elle, la magie s’agita. Elle pouvait sentir les regards posés sur ses écailles, la trame qui composait ces licornes qui, désormais, les entouraient. Une barrière protectrice supplémentaire, pour Lié. Si elle n’était nécessaire, l’Invincible se trouvant à ses côtés, elle était appréciée comme la marque de respect et d’attention qui seyait Aldaron.

Les arbres s’écartaient devant elle, jusqu’à ce qu’elle arrivât devant celui qui ne s’écartait pas. L’Arbre-Songe, dans sa représentation la plus honnête, au sein du royaume dont il était le centre. La magie pulsait en lui au rythme d’un coeur, de ses racines jusqu’aux branches, où quelque entité semblable à un esprit dansait entre les branches. Un esprit dont l’odeur magique s’approchait de celle d’un dragon. Congénère ? Pouvaient-ils chasser ensemble ? Voulait-il rejoindre sa Nuée ? Devraient-ils un jour se battre pour ce territoire ?
Nahui chassa ces instinctives pensées.

"- Approche. Déposes ton lié entre mes racines. Mais sache, qu'en lui sauvant la vie, tu le changeras aussi significativement.”

La dragonne fronça le nez, non par déplaisir, mais parce qu’il lui rappelait là l’évidence. Tout ce qui traversait le temps changeait. Du vivant au mort, la pierre elle-même s’érodait. Au pied de l’arbre, un support doux aux odeurs légères apparut pour accueillir Lié comme il se devait. Nahui l’y déposa délicatement.
Une violente vague de magie émana d’Aldaron, dans toutes les directions qui l’entourait. Rien d’autre ne parvint à Nahui pendant plusieurs instants. Elle demeura fermement immobile, privée de tous ses sens, de toute repère autre que l’esprit de Lié contre le sien. C’était suffisant pour garder une accroche.

"Attendons qu'il se réveille. Aldëamân est en train de soigner sa blessure. En revanche cela prendra du temps avant que ton lié ne puisse reprendre l'apparence qui lui est familière."

Puis tout s’estompa. La magie se fit plus discrète. La présence des licornes s’éteignit. Les fleurs laissèrent place à l’odeur d’un charnier. Le portail, non-loin, était fermé. Au pied de l’arbre reposait Aldaron… Le nouvel Aldaron.
Par souci pour ses propres narines, Nahui attrapa maladroitement son Lié dans ses deux pattes avant, usant de ses ailes pour l’équilibre avant de compter sur le vol pour se déplacer. elle ne partit pas bien loin, cherchant tout juste à protéger sa sensibilité. Lié posé de nouveau à terre, elle s’enroula autour de lui, aidée par l’arbre auprès duquel elle l’avait posé, l’attendant sagement. Elle avait tout son temps. Au pire, elle pouvait se faire apparaitre des bavettes.

Le réveil de Lié fut un moment unique. Rassurée, soulagée, Nahui accueillit son esprit contre le sien avec beaucoup de tendresse et d’amour…Mais sans lui apporter quelque information que ce soit quant à sa situation. Ils avaient leur temps, désormais, il n’était nul besoin de brusquer ce petit être.
Cependant, quand enfin Lié commença à s’enquérir de son corps, cherchant à le contrôler, elle ne parvint non plus à glisser quelque conseil que ce soit dans son esprit paniqué. Aussi resta-t-elle immobile, le protégeant un minimum des alentours. Le voir peiner avec ce qui pour elle était naturel, le voir paniquer sur ce qui était sa salvation… Elle ne parvint à contenir son hilarité. Elle éclata dans leurs esprits comme autant de petites bulles pétillantes.
Cela dura encore un moment, même après que Lié se soit sorti de l’écorce dans laquelle il s’était planté. Vint tout de même le moment où, quand Aldaron cessa de bouger, elle approcha son museau de sa tête cornue, dans un contact qui se voulait rassurant. Elle lui expliqua le peu qu’elle avait appris de l’Arbre-Songe, tant sur ses origines que sur ce qu’il avait pu faire, là, pour le sauver. Elle lui transmit le nom d’Aldëamân, et l’anodine information selon laquelle il allait avoir besoin de quelques temps pour retrouver sa forme originale.

“- Oui, tu es une licorne. Mais une licorne vivante. Je suis heureuse que tu sois là.Tu verras, la vie est très bien, sur quatre appuis.Tu verras, tout va bien se passer. Je suis là. Rien de mauvais ne peut t’arriver.”

Son attention se tourna vers la forêt environnante. Elle n’était pas la seule armure qui scellait la protection d’Aldaron. Désormais, autour d’eux, celles qui étaient les pires cauchemars de Nyn-Tiamat étaient leurs alliées fidèles.
Nahui offrit un grand coup de langue affectueux à sa Licorne, non sans une pensée pour Kaiikathal. Ah, combien sa consoeur allait compatir, lorsqu’elle apprendait que le Lié de Nahui, en ce moment, était très poney !

Spoiler :

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Et elle se marrait, elle continuait. Il n’avait droit à aucun soutien mais pour être honnête, Aldaron ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. A sa place, il aurait aussi trouvé la situation amusante. Mais il n’était pas à sa place. A la sienne, tenir sur quatre sabots relevaient du défi que ses jambes tremblotantes peinaient à relever. Quant à sa tête haute, recherchant un peu de dignité dans cette posture complexe, elle était trahie par des oreilles pliées vers l’arrière, affirmation franche et instinctive de son malaise. Alors oui, il avouait sans peine qu’il y avait de quoi rire du plus sincèrement qui soit. Il tâcha d’inspirer lentement et profondément, et accepta volontiers l’approche du museau de sa Liée, geste fait pour le rassurer, bien qu’il craignît sur l’instant que ses pauvres jambes ne tiendraient pas à ce contact.

Il vint blottir son esprit contre le sien, savourant combien il était rassurant d’être auprès d’elle. Le monde se reformait et les derniers événements, douloureux, refaisaient surface dans son esprit. *Je dois aller chercher mes petits Nahui, je ne peux pas laisser leurs dépouilles là-bas. Et il y a Nessraya, elle doit être bouleversée. Et Rumil, le portail... Je ne peux pas laisser Rog impuni de... De… AAAAHHH !!* Nahui avait très probablement voulu manifester son affection et son soutien en lui donnant ce grand coup de langue, mais l’équilibre de l’équidé n’était pas encore au point, si bien qu’en plus d’avoir la crinière dressée à la verticale grâce à la bave gluante et concentrée de la dragonne, il tomba comme un domino sur le flanc. Il souffla des naseaux, soulevant des feuilles mortes dans l’humus. Bon, il allait rester là un petit bout de temps. Il se sentait épuisé de sa première tentative à rester debout alors il n’allait pas retenter immédiatement.

Il ferma les yeux, quelques secondes, mais les visions de sa visite dans les limbes lui revenaient, comme gravées sur sa rétine. Une part de lui avait très envie de se creuser un terrier où s’enfoncer et ne plus ressortir. Mais avec un corps si imposant qu’il ne maîtrisait pas assez, c’était peine perdue. La voix de l’Arbre-Songe se fit alors entendre : « Tu reviens de loin, enfant de la nuit. Remercions le corbeau d'avoir retardé ton passage de l'autre côté du voile, le temps que ta liée t'amène jusqu'à moi. Les blessures causées par un esprit-lié sont graves, elles mettront du temps à guérir. Tu resteras dans cet état un bon moment le temps que nous puissions soigner tes blessures, Aldëamân et moi-même. » Aldëamân. Il avait déjà entendu ce nom, il s’agissait d’une des licornes gardiennes de Licorok. La plus imposante, probablement. Dans le monde parallèle qu’Ilhan et lui avaient visité grâce à Olorëa, la créature lui avait été présentée comme sa destinée. Il ne pensait pas que ce serait à ce point-là.

Toujours allongé, il redressa la tête pour voir les hautes branches de l’ancestral arbre. *Pourquoi est-ce que j'ai sa forme ? Est-ce que je pourrai reprendre la mienne, une fois guéri ? Je vous ai vu, plusieurs fois. Presque à chaque fois que l'un de mes enfants est mort. De quoi parliez-vous ? Qui veut réclamer quoi ? Pourquoi ? Qu'est-ce que cela aura comme conséquence ?* Beaucoup de questions, et cela n’en était qu’une partie. L’Arbre Songe devait avoir des réponses et Aldaron en avait plus que besoin. « Les licornes sont mes créations, mes fruits. Je t'ai lié à l'une d'entre elles avec l'autorisation de ta dragonne. Tu as sa forme, car ton corps est en ce moment même à l'intérieur d'elle. Il est ainsi possible pour moi de soigner ton corps à l'agonie. C'était ça ou alors mes racines seraient en ce moment même en train de s'enrouler autour de ton cadavre et de celui de ta liée pour s'en nourrir. Je ne me voyais pas vous offrir une telle fin. Tu pourras retrouver ton apparence habituelle une fois que ton corps aura été soigné. Pour l'heure il serait préférable que tu n'ailles pas au-delà de la lisière de la forêt. »

A l’intérieur ? Comme un symbiote ? Il acquiesça de la tête : *Merci pour votre aide.* fit-il, plus heureux que sa Liée n’ait pas connu la mort plutôt que lui. Il ne moquait de mourir, mais Nahui ne méritait pas de le suivre sur ce chemin. « Toi et moi avons fait un marché autrefois. La chair en échange de la fin du cauchemar. Une offrande de sang. Mes racines se sont renforcées et ont pu s'étendre à toute l'île. L'une d'entre elles t'a toujours suivi là où tu ne pouvais la voir. Grâce à cela j'ai trouvé ce que je cherchais. J'ai pu atteindre ce qui m'était jusqu'alors inaccessible. Des enfants des étoiles prêts à se soumettre à l'épreuve. Dignes de réclamer ce que je garde depuis de si nombreux siècles. Ils n'étaient pas prêts la dernière fois ... je n'étais pas prêt. Nul ne sait ce qui se produira lorsque l'un d'eux prendra possession de leur héritage. C'est pour cette raison qu'ils doivent être mis à l'épreuve. C'est bien pour cette raison que les esprits-liés se disputent à leur sujet. Mais je garde espoir que la volonté de mon vieil ami refera surface et saura me guider à ce moment-là. L'inconnu ne doit pas nous terrifier. »

Les pièces du puzzle s’assemblaient progressivement. Les graärh se nommait ‘descendants des étoiles’. Descendants du huitième était alors un synonyme ? Un héritage ne pouvait être réclamé que par un descendant et ce que gardait l’Arbre-Songe était lié aux Esprits-Liés. Était-ce alors le huitième que l’Arbre-Dragon gardait ? Il avait quitté l’assemblée ? Il allait lui falloir des réponses. Il en avait plus qu’assez de ces non-dits à répétition. *Il est normal de craindre l'inconnu, Arbre-Songe. C'est un réflexe instinctif qui assure notre survie. C'est ce qui nous protège. Nous ignorions tout des chimères, lorsqu'elles sont arrivées. Nous ignorions même que ces créatures puissent exister, leur histoire et leur volonté nous était inconnue. Nous avons écouté notre peur et nous les avons fui. Si nous étions resté face à elles, nous jetant dans l'inconnu aveuglément, nous aurions tous disparus.*

L’inconnu était un concept sur lequel il pourrait débattre longuement, mais certainement pas juger ceux qui en avaient peur, car cela était être rationnel que de s’en préserver. Que l’inconnu soit bénéfique ou non, l’ignorance ou la connaissance prenait forme d’une clé destinée à combler le doute et à apporter la croyance. *Tous les inconnus ne sont pas à éviter, je vous l'accorde. Certains sont porteurs de bonnes choses, mais comment pourrions-nous le savoir ? A moins d'avoir, comme vous, des espoirs en lesquels croire, comme en votre vieil ami.  Vous ne vous en remettrez pas au destin et à l'inconnu, vous vous en remettez au Huitième pour guider vos pas. Ce chemin ne vous sera pas inconnu si celui qui connait cet inconnu est avec vous. Nous autres, nous marchons seuls dans cette ignorance. *

Et c’était véritable le problème. Un problème que ne leur imposait pas les Couronnes de Cendres, mais les Esprits-Liés, leurs supposés protecteurs. *Je crois aussi que vous êtes assez mal placé pour me dire que l'inconnu ne doit pas nous terrifier, quand vous avez une armée de licornes pour protéger ce cœur de l'extérieur. Vous ne connaissiez pas les Ambarhùniens, mais vos gardiennes n'ont pas hésité à les empaler sur leurs cornes. Vous n'avez embrassé l'inconnu que lorsque nous sommes venus de force jusqu'à vous. Et par notre marché, vous avez pris des forces. Le nouvel inconnu arrivé sur l'archipel vous a été bénéfique, mais cet inconnu, vous l'avez repoussé activement pendant des années avant de l'accepter. Ce n'est pas un reproche. Votre comportement face l'inconnu était naturel et ce qui vous en fait sortir, c'est la connaissance. Nous pouvons ignorer des parcelles de la réalité. Il y aura toujours une part d'inconnu dans ce qui nous entoure, l'important est que nous puissions faire des choix éclairés. Si tout nous guide vers l'inconnu, comme votre ami, alors, nous pouvons avoir confiance, croire et accepter d'embrasser cet inconnu.  Mais si tout nous y rebute, si la lumière n'est pas faite et que nous avons d'autres choix, comme nous battre ou fuir, soyez assuré que vous comme moi nous ferons le même choix devant l'inconnu.*

Un choix éclairé. C’était pourtant tout ce que l’archipel demandait. *La seule chose qui change, c'est la connaissance du contexte. Nous pouvons ignorer où nous allons ou ce que va nous apporter cet inconnu. Mais si nous savons pourquoi cela va se produire, quelles raisons il y a derrière, alors nous pourrons faire des choix éclairés sur notre avenir. Cela s'appelle le libre arbitre et par leur choix de censures, malgré leurs propres lois visant à ne pas intervenir, les Esprits-Liés violent leurs propres convictions, et nous privent de ce libre-arbitre. Ils se disent nos protecteurs, mais ils agissent comme des despotes avec leur censure et leur volonté de nous maintenir dans l'ignorance. La confiance se mérite. Nous essuyons les morts et les souffrances de leur guerre silencieuse. Nous subissons les événements comme des pantins au milieu de leur champ de bataille. Et nous devrions continuer de ne rien faire ? Porter nos enfants sur le bûcher et sécher nos larmes ? Nous en remettre à l'inconnu, ne pas être terrifiés, qu'importe le nombre de coups d'épées à essuyer ? Cela ne me suffit pas, Arbre-Songe. J'ai une famille à protéger. J'ai un peuple à guider. Autres peuples alliés à garder tout aussi sains. Nous avons droit aux réponses, et je sais que vous en avez. Le Corbeau vous connaissait.

Rien ne légitimise que nous ayons à subir le sang des batailles pour que des Esprits-Liés ne se livrent pas de guerre. Ils n'ont pas à intervenir mais en imposant la censure ou en acceptant des pactes grossiers, ils le font. Nous avons droit à notre libre-arbitre, nous avons droit de chercher la vérité et de la trouver. Ce n'est pas à nous de les protéger de leurs querelles. C'est à eux de se montrer dignes de la mission que les déesses leur ont confié et je ne vois aucune dignité dans ces lois fallacieuses et contradictoires. Nous avons droit aux réponses. Si vous ne pouvez 'parler', selon leur pseudo-lois, alors rien ne vous empêche de penser. Quant à moi, je suis télépathe, je ferai le reste du chemin. Qui est le Huitième qui ne siégeait dans ce pseudo-tribunal ? Est-ce lui votre ami ? Que s'est-il passé ? Que veulent les couronnes de cendres ? Qu'est-ce qui a généré tout ça ? Quel choix a fait le huitième qui ait tout bouleversé ? De quelle épreuve parlez-vous ?*


« Ne sois pas aussi irrespectueux et dur envers les Esprits. Ce n'est pas à toi de les juger. Ne laisse pas ta peine t'aveugler, même si cela est difficile. Ils en font bien plus pour ce monde et vous que tu ne puisses imaginer. Ils sont plus proches de vous que quiconque ne l'a été. Ils veillent sur vous, comme des parents le feraient pour un enfant. Ils ne sont peut-être pas toujours justes envers vous, mais ils cherchent toujours à agir pour votre bien, même si vous n'êtes pas toujours en mesure de le comprendre. » Cela avait dû donner quelque chose d’étrange, sur la tête de la licorne, puisqu’il tenta de rouler des yeux, mais sur cette forme équine à la vision bien différente, ça n’était pas aisé. Lui aussi était un père, et il savait qu’il était inutile de faire preuve d’un paternalisme condescendant avec ses enfants. Il leur disait la vérité, il expliquait son raisonnement. Il acceptait qu’on puisse y avoir quelque chose à redire pour que ses enfants ne soient pas dans l’ignorance. Il ne les avait jamais regardé de haut en leur disant : ‘c’est pour ton bien, tais-toi’.

Même dans les moments difficiles, comme avec Eleonnora, il avait continuellement cherché le dialogue, à expliquer la place du Marché Noir, sans jamais lui cacher, pour qu’elle sache et fasse ses choix en conséquence. Son choix de rejoindre l’Empire l’avait déçu mais le simple fait qu’elle ait pu faire ce choix et manifester sa volonté soulignait qu’elle en avait eu les moyens. Qu’elle avait eu toutes les informations pour le faire. Qu’il ait finalement imposé sa volonté était autre chose et il pourrait comprendre que les Esprits-Liés imposent leur volonté finale sur cette situation qui les dépassait… Mais en leur donnant les clé de compréhension qu’ils étaient légitimes d’avoir. Était-ce si terrible qu’ils soient informés ? « Tes enfants, ton royaume, ton peuple, tes obligations. Ils comprennent cela. Mais il s'agit là d'intérêts relégués au second plan face à ceux dont ils ont la charge de préserver. Je ne dis pas que tu as tort et qu'ils ont raison, ou l'inverse. Nous ne voyons pas les choses sous le même prisme qu'eux. Et tout devient encore plus chaotique lorsque leurs différents intérêts fondamentaux rentrent en conflit. Comme votre bien personnel et le huitième. Ce conflit les divise et vous maintenir dans l'ignorance, aussi injuste cela peut être à tes yeux, est sans doute le meilleur moyen pour éviter qu'il ne vous impacte encore plus. »

Parole de parent autoritaire, à n’en pas douter. Il détestait ce comportement. Ça allait complétement à l’encontre de ses valeurs. À la suite de ces paroles, Aldaron commença à ressentir une pression se faisant de plus en plus forte sur son esprit, comme si quelque chose était en train de se réveiller petit à petit. De plus en plus clairement, à mesure que l'esprit de l'arbre songe appuyait sur sa psyché, il perçut comme une familiarité. Comme s’il était face à un dragon sans qu’il n’en soit complétement. Cela venait renforcer la perception de Nahui à son sujet. « L'heure de l'éveil est venue. J'ai dormi profondément pendant si longtemps. Préservant les restes de celui que j'étais autrefois. Mes actions passées n'étaient que le fruit d'une conscience érodée laissée en surface. Une psyché primaire destinée à une seule chose, protéger l'héritage. J'ai conscience de la brutalité avec laquelle j'ai pu vous traiter. Vous perturbiez mon sommeil et une mission dont vous êtes étranger. Je ne voyais en vous qu'une gêne. Mais tu as persisté. Et tu persistes encore. Je ne m'attendais pas à votre présence quand mes semblables sont arrivés sur cet île. Je peux répondre à certaines questions. Mais en échange, tu intègreras l'épreuve que je réserve aux enfants des étoiles qui sont dignes et prêts à la passer. »

*Quelle est cette épreuve ?*

« Ils ont fait la majorité du chemin, alors elle sera simple. Elle déterminera s'ils sont apte à prendre possession de leur héritage. Il n'y aura pas de seconde chance. Ni pour eux, ni pour moi. Ils viendront jusqu'ici, d'un façon ou d'une autre. Tu les confronteras à nouveau, mais cette fois, avec mon soutien, avec Aldëamân à tes côtés et ceux que tu choisiras. Ils seront opposés à un fragment de la puissance du rêve. A défaut de pouvoir l'endurer, ceux qui se présenteront seront détruit. Mais si l'un deux y parvient ... Le destin des enfants des étoiles se jouera bientôt, à l'aube de l'éveil de la volonté du huitième ou de la chute de l'héritage. » Confronter les Couronnes de Cendre ne se faisait pas forcément par les armes. Ils pourraient encore confronter leurs idées. Du moins était-ce que à quoi il s’engageait. Les armes ne viendraient que si les Couronnes de Cendre refusaient les mots. *J’accepte.* fit-il fermement, sans grande hésitation. Il sentit alors son lien avec la licorne se renforcer. Il était peu probablement de revenir sur sa décision à présent, mais il ne la regrettait pas. La confrontation n’était naturellement liée à la violence, il y avait bien des manières de faire et Aldaron n’était pas un belliciste, quand bien même il réclamerait un paiement adéquat pour la mort des siens.

« La magie que les Esprits-liés ont utilisée pour régir leurs actes n'a pas d'emprise sur moi. Elle le pourrait, mais ils n'ont pas jugé nécessaire de le faire. Pour cause, ils ont constamment un œil sur moi. Dès lors, il serait fou ou bien stupide de les provoquer. Ce n'est pas dans mon intérêt. Particulièrement quand ils me tiennent responsables pour ce qui est arrivé au huitième. Mais, il était mon ami le plus proche. Et on ne dit pas non à un ami. Le huitième était un esprit-lié, l'un des plus puissants et dont le rôle était l'un des plus importants. Les songes et le monde qu'ils font naitre. Il avait la charge de veiller dessus afin que la réalité qu'ont voulu les dieux ne soit pas altérée par les rêves et les cauchemars de tout ce qui existe. Mais, cela ne le satisfaisait pas. Il souhaitait autre chose. Et quand nous nous sommes rencontrés, il a compris ce qu'il souhaitait. Alors, je l'ai aidé, du moins j'ai essayé. Malheureusement, les choses ne se sont pas très bien passées. Je suis mort, d'une certaine façon. »

*Vous me semblez un tant soit peu vivant, pour un mort... Que vous est-il arrivé ? Et votre ami ? A-t-il obtenu ce qu'il voulait ? Que cherchait-il à faire ? Et n'était ce bas égoïste de sa part de déclencher cette guerre au sein des Esprits-Liés ? Les Esprits-Liés semblent avoir pour habitude de prendre tout le monde pour responsable sauf eux-mêmes mais dites-moi quand même....Pourquoi les Esprits-Liés vous tiennent-ils pour responsable ?*

« Mon corps est mort, déchiré de l'intérieur lorsque je lui ai ouvert le chemin. Lui aussi c'est déchiré en tentant la traversée et je ne suis pas certain qu'il ait obtenu ce qu'il désirait. Mais à l'inverse de moi lui a une chance de redevenir entier, c'est pour cela que je protège son héritage en attendant son retour. Afin de savoir, si en dépit de notre échec, sa volonté a été accomplie. S'il peut mieux protéger ce monde. De nombreux esprits-liés n'étaient pas d'accord avec sa décision. Mais ils ne l'ont pas empêché, la guerre n'a éclaté que beaucoup plus tard, quand son hypothétique retour à commencer à devenir plus concret. Certains le souhaitent, d'autres considèrent que sa volonté initiale a été accomplie et que son retour n'est pas justifié, et d'autres craignent les conséquences que pourrait avoir son retour ... au vu ce qui s'est produit la dernière fois. Et c'est aussi pour cette raison qu'ils m'en veulent. Ils m'accusent de leur avoir arracher un frère, d'avoir rendu son ambition possible. Et enfin d'avoir mis en péril ce monde par la même occasion. »

*Vous voulez dire que s'il revenait parmi les Esprits-Liés, il pourrait être plus puissant, par son voyage ici ? Au-dessus des huit (ou sept) autres ? C'est ce que certains Esprits-Liés craignent ? De quoi parles-vous quand vous parlez de la "dernière fois" ? Que s'est-il passé ? Et pourquoi les Couronnes de Cendres cherchent à le replacer parmi les siens ? Ils ne le feraient pas sans raison ? Qu'est-ce que les Couronnes de Cendres ont à y gagner ? Ou qu'espèrent-elles gagner ?*

« La puissance n'a rien à voir là-dedans. Ce n'est pas ce qu'ils craignent. Ils sont au-dessus des jeux de pouvoir. Cela ne les intéresse pas. Le huitième ne pouvait atteindre le lieu où nous nous trouvons à ce moment. Le monde des rêves était son domaine et uniquement celui-ci. Mais il n'était que le reflet du plan sur lequel nous nous trouvons. Il ne pouvait venir sans se défaire de ce qu'il était et sans l'aide de quelqu'un pour lui ouvrir le chemin. Je lui ai ouvert le chemin ... mais je n'ai pas réussi à le maintenir. J'ai perdu le contrôle. Le dragon que j'étais autrefois pouvait faire bien des choses, mais même moi j'avais mes limites, je les ai franchies et cela m'a tué. Tu auras l'occasion d'interroger ceux que l'on nomme couronne de cendre lorsque tu les mettras à l'épreuve. »

*C'est vous qui parliez tout à l'heure du Huitième comme ''l'un des plus puissants et dont le rôle était l'un des plus importants.'' Je n'ai fait que reprendre vos mots, ainsi que ce que suggère la forme de l'assemblée, avec ce qui semble être une hiérarchie.: les huit en haut, les plus imposants visuellement, et qui semblaient avoir une parole prépondérantes dans leurs échanges. L'axolotl était même relié à un siège inoccupé au-dessus de lui comme une hiérarchie ou un héritage. Du reste, je laisserai les Couronnes de Cendres s'exprimer sur ce sujet, si elles ne se contentent pas, comme d'habitude, de nous massacrer, car cela me semble être un point important dont j’espérais que vous auriez la réponse. Pourquoi le Huitième a-t-il voulu rejoindre notre monde ? Je suppose que vous n'avez pas simplement réalisé sa demande sans lui demander pourquoi le monde des rêves ne lui suffisait pas.*

« C'est vrai, j'ai dit cela. Mais la puissance n'est pas ce qui définit la place des esprits-liés dans leur hiérarchie. C'est leur rôle. La puissance n'étant ici que pour leur permettre de remplir leur rôle. Cependant, même si le rôle est important et même si la puissance est grande. Tous sont soumis à la magie de la loi et ses commandements. Ils ne peuvent la discuter. En cela ils sont tous égaux. Le huitième est parti, mais son rôle demeure. L'axolotl est lié en partie à la tâche du huitième, pour autant il ne peut prendre entièrement sa place . Pourquoi voulait-il rejoindre ce monde? Les songes ne sont qu'une fenêtre sur le plan physique. Ils sont censés l'être. Pourtant, le second peut librement influencer le premier alors que l'inverse ne peut et ne doit pas être vrai. Or, ce qui se produit dans le monde des rêves impact la réalité du plan physique. En conséquence, le premier a besoin d'être régulé, toutes les influences de nature à perturber l'équilibre doivent être traitées. Il était restreint à n'être qu'un observateur, à voir la tempête arrivée et à réparer les dégâts après le passage de celle-ci, sans jamais pouvoir agir préventivement. Sans jamais avoir la liberté de protéger au lieu de guérir. »

Sa mâchoire équine tomba. S’il comprenait bien, le plan physique et le monde des rêves communiquaient entre eux. Les rêveurs alimentaient le monde des rêves et le Huitième avait pour travail de nettoyer ce dernier pour éviter que le cercle devienne vicieux. Travail ingrat, certes, mais de toutes évidences, il s’était dit qu’en allant directement dans le monde physique, il pourrait changer les choses à la sources ? Mais comment ? Le monde serait toujours dangereux. Si on évitait un problème on sautait dans les bras d’un autre et la nature humaine, et particulièrement le libre arbitre, étaient de nature à créer des guère. Alors quoi ? Il serait arrivé en messie mortel pour propager une religion de paix et d’amour qui aurait fait mouche au mieux le temps de sa vie avant de s’éteindre au fil des années ? Il aurait été le héros, en petit mortel qu’il serait devenu, qui les aurait sauvé de tous les dangers du monde ? Utopiste, puéril, vain... Voilà les mots qui venaient à l’esprit d’Aldaron devant un tel plan. A quel moment avait-il cru que cela marcherait ? Donc il avait quitté une situation qui, même ennuyeuse, fonctionnait très bien et qui, sans lui, allait fonctionner franchement moins bien, pour une solution hypothétique voire impossible ?

Est-ce que les Esprits-Liés s’étaient passé le mot pour se payer sa tête aujourd’hui ?! Non parce que là, c’était clairement un complot contre sa bonne logique et son pragmatisme ! *Et après vous vous étonnez que je ne fasse pas confiance aux Esprits-Liés pour prendre les bonnes décisions pour nous quand ils nous laissent dans l'ignorance de leur raisonnement pourtant tellement bancal et déraisonné par moment. Nous ne voyons peut-être pas par le même prisme, mais nous faisons tous de monumentales erreurs alors un peu d'humilité et de capacité demander aux principaux intéressés par leurs manœuvres chaotiques et approximatives, à savoir nous, ce qu'on en pense, ne serait franchement pas du luxe...*

« Et pourtant ils méritent notre confiance et notre indulgence face à l'immensité de la tâche à laquelle ils font face. Particulièrement provenant de ceux auxquels ils se lient pour les protéger. Ne commettez pas l'erreur de les juger, encore moins pour les erreurs qu'ils font. Voyez au contraire tout ce qu'ils font pour ce monde. Car nous ne ferions guère mieux qu'eux. » C’était une blague ? Cette vieille branche était têtu comme une mule. Il avait sous les yeux l’évidence des erreurs commises et quoi ? Ils n’avaient pas le droit de ‘juger’ ? *La confiance ne se gagne pas par le secret. Pour l’heure je ne vois que des êtres qui commettent des erreurs et qui essaient de les cacher sous le tapis en camouflant la vérité. Ça n’est pas comme cela qu’on mérite, comme vous le dites, la confiance. Qu’ils aient de bonnes raisons ou non ne change pas le fait la confiance ne nait pas avec le secret et il est absurde que vous continuiez de vouloir de moi que je leur accorde.* Cela n’avait ni queue ni tête : confiance et secret n’étaient pas des alliés et les Esprits-Liés voulaient les deux. Il lui était humainement impossible d’y consentir, même s’il le voulait. Il n’était pas un aveuglé ni un crédule.

*Quant à l’immensité de la tâche à laquelle ils font face, ils ont ma reconnaissance. Pour chaque lien et chaque protection du quotidien, ils ont ma reconnaissance. Pour tout ce que j’ai pu réaliser avec le Marché Noir, le Saumon a ma pleine et entière reconnaissance… Et il le sait. Pour toutes les mémoires elfiques que j’ai pu cristalliser grâce au Colibri, pour que les nouveau-nés gardent un ersatz de leur vie d’avant, le Colibri a ma sincère reconnaissance… Et il le sait. Et ce n’est qu’un fragment de tout ce pour quoi je leur suis reconnaissant mais ma reconnaissance et mes sentiments n’aveugle pas mon pragmatisme. Pour ce qu’ils font, ils ont ma reconnaissance. L’indulgence n’a rien à voir là-dedans. L’indulgence vient lorsque nous comprenons ce qu’à fait l’autre, ce qui l’a poussé à faire tel ou tel choix, quel cheminement l’a poussé à prendre une décision en apparence néfaste. L’indulgence vient quand, à la lumière de cette compréhension, nous sommes capables d’empathie, capables de ressentir le dilemme qui a tiraillé l’autre. Et là, nous pouvons nous montrer indulgeant. Mais une fois encore, le secret met une barrière devant ce que vous considérez comme légitime.*

Et c’était précisément là que le bas blessait. *Avec les non-dits, il ne peut y avoir ni confiance, ni indulgence, Arbre-Songe. Et je ne vous dis cela ni par défiance, ni par volonté de juger, blâmer qui que ce soit, ni encore par la peine que j’éprouve à la perte de mes enfants. C’est un fait assez universel que vous me refusez. Je suis désolé, car malgré ma reconnaissance sincère, je ne peux accorder ni confiance ni indulgence tant que vivent ces secrets. Vous me demandez d’être aveuglément confiant et indulgent… Mais je ne le peux pas. Je suis un éclairé.* La fatigue pesait sur ses paupières alors qu’il reposait sa tête. Il poussa un soupire : il avait l’impression d’avoir pris une cuite monumentale. *De quel animal le Huitième était-il l’Esprit-Lié ?*

« Le huitième se révèlera en temps et en heure. Encore un peu de patience. » Des secrets. Encore des secrets. Des silences. Et eux devaient avoir toutes les vertus de bons petits croyants. Confiance, tolérance, patience… Il l’avait pris pour un candidat à la prochaine secte en vogue ? Cette fois, il n’avait même plus l’envie de débattre et se laissa submerger par le rêve.

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Restant aux aguets quant aux mouvements des vers des environs, Nynsith aida à dégager le portail. Une trêve spontanée et circonstancielle s’était installé d’elle-même entre les quelques survivants des deux camps présents afin de sortir d’ici au plus vite. Une fois l’artéfact dégagé, l’un des Graärh accompagnant Jh’eena sorti une corde magique qu’il attacha au portail, expliquant aux autres qu’elle permettra de hisser la structure hors du trou une fois rendu à la surface. Cela fait, la saurienne transporta les bipèdes, à contrecœur et par pure nécessité, jusqu’à la sortie créée par Rog. Enfin, le portail fut ramené également, ce qui mena aussitôt à la fin de cette courte trêve.

- Vous nous avez aidés à sortir ce que nous étions venus chercher et pour cela, nous vous remercions, dit l’un des Graärh à l’attention de Nessraya et Rumil. À présent, retournez au sud. Ce portail nous appartient de droit.

Sans surprise, cette demande fut bien mal accueillie. Tandis que la femelle Graärh y allait d’une insulte sans gêne, l’Immaculée répliqua au Félin en s’imposant devant lui malgré leur différence de taille.

- Sérieusement?

- Sérieusement, lâcha l’autre femelle qui était venue avec Jh’eena.

Nessraya laissa entendre un profond grondement auquel le premier groupe de Graärh réagit en levant leurs armes. À cette instant, si l’Océane avait pu rouler des yeux, elle l’aurait probablement fait, bien qu’il s’agissait d’un trait purement bipède.

« Si vous êtes pour vous battre, je vous recommande d’aller vers la côte. Les chocs du combat vont attirer d’autres vers. Et si cela arrive, ne comptez pas sur moi pour vous sortir de cette impasse-là. »

Bien qu’elle avait accompagné les Graärh et les appréciait davantage que les autre bipèdes, des situations comme celle-ci lui démontrait que ce peuple était capable du même genre d’impulsivité qui menait à des complications faciles à éviter.

~ Ah, parce que toi tu n’es pas impulsive. ~

~ Oui, bon, j’aime croire que je choisis mieux mes moments. ~

~ Oh, c'est bien trouvé! Choisir ses moments d'impulsivité. Pas mal. ~

Dans tous les cas, son intervention avait fait légèrement retomber l’attention. Rumil la remercia d’un mouvement de tête avant de reprendre la parole.

- Les pirates ont en leur possession un portail qu’ils sont en mesure de faire fonctionner après des mois d’étude. Voulez vous courir le risque de les voir débarquer chez vous parce que vous leur avez offert un accès facile? Un autre de ces portails est situation sous Calastin, là d’où vient la Peste de Corail. Tout cela sans compter que les Erlië n’accepteront pas d’avoir perdu le portail et reviendront le prendre de force s’il le faut. Ce n’est pas une menace, c’est un fait.

Le grand mâle la toisa un moment, une colère contenu dans son regard.

- Quelle est votre proposition?

- Je connais très bien la magie et j’ai étudié longuement ces portails. Je sais comment les activer, comment aller là où je le veux. Je sais probablement même comment les détruire. Je suis prête à partager avec vous mes découvertes.

- Et le portail?

- Nous le ramenons avec nous. Il sera en sécurité. Vous aurez un droit d’accès à celui-ci, de même qu’à mes enseignements. Tant que vous ne nuisez pas aux Erlië et à leurs alliés.

- Les bouffeurs d’agrumes…

- J’ai tout à fait conscience de votre aversion pour cette faction. Disons que cette entente serait à court terme. Une entente plus officielle pourra être faite avec Aldaron plus tard.

Un lourd silence suivi, puis le grand Graärh poussa un léger grognement, les oreilles vers l’arrière.

- Soit pour une entente à court terme. Nous vous retrouverons dès que possible…  

Ainsi, les Graäh repartiraient les pattes vides, mais au moins la porte était ouverte. Pour la suite, il faudrait attendre les prochaines négotiations.

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Nous avons réussi à remonter le portail. Voilà une bonne chose de faite, je perçois la fin, mais voilà que les membres de mon ancienne légion continuent à s’entêter… Malgré ma douleur, j’ai encore assez d’énergie pour leur résister. Eux qui souhaitent garder le portail… Il en a hors de question !

Je m’avance de manière assurée, même si c’est la mort qui m’attend, car me voilà désarmé. Je me dresse de toute ma hauteur, poussant un grognement et gonflant au maximum mon poil. Je suis plus petite qu’eux, à cause de ma condition physique, mais je ne leur laisserais pas prendre ce qui a coûté la vie de mes enfants !

« Rentrez chez vous ! Moi vivante, vous n’aurez jamais ce portail… »

J’étais prête à faire couler le sang, je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas du genre violent en temps normal… Mais cette fois… C’est différent, je me sens… Suicidaire… C’est le terme juste… Je n’en peux plus, mon âme souffre terriblement, et je ne souhaite qu’une chose, que cette voix disparaît de ma tête, que tous mes tourments cessent… Je ne suis plus apte à rester encore vivante après tout ce que j’ai vu, tous ces cadavres… Mes enfants ont péri et je n’ai pas été à la hauteur… Je suis une mère indigne… Je ne mérite pas de vivre, mais je refuse de laisser le portail au membre de la légion du Nord. Si des légendes nous racontent bien des choses, elles nous apprennent aussi qu’il ne faut pas abandonner… Je me battrais jusqu’au bout pour ce bout d’acier.

Heureusement, pour moi, Rumil intervient et parviets à convaincre les félins de nous laisser ce trésor. Je n’écoute pas vraiment le reste, plongé dans mes idées sombres. A la fin de la conversation, je m’écarte, désirant revoir mon roi, et l’implorer de me pardonner… Ma vie est entre ses mains, ma tristesse et bien trop grande, pour que je sois en mesure de faire quoi que ce soit. J’ai tout perdu… Je suis vide à l’intérieur… Le monde est plus sombre, plus dépriment…

Finalement, je tombe sur le sol enneigé, les larmes coulant le long de mes joues, frappant la glace avec mes pattes, jusqu’à ce qu’elle devienne aussi écarlate d’une rose. Je tombe littéralement dans le désespoir, sans pouvoir me contenir. Mon chagrin est si grand, qu’il m’engloutit, une part de moi a dérivé, je ne sais plus quoi faire… Je ne sais pas… La douleur physique devient complètement insignifiante à côté de ce trou béant dans ma poitrine, je n’ai plus la force de me déplacer, priant pour que le froid éternel m’emporte et apaiser mes tourments et mes cauchemars.

Où se trouve ma lumière ?

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Une entente avait été établie, sans que la tension entre les deux cas ne diminuât. Nynsith profita de cette accalmie pour reprendre la parole.

« J’ai pu récupérer de nouvelles informations auprès de Rog. »

Les regards se tournèrent vers elle.

« J’aurais été en mesure de le blesser, peut-être même de le tuer, si cela est même possible. Mais cela aurait signifier la mort pour chaque personne ici. Il ne contrôlait pas seulement ses créatures, mais également les vers de glace, comme celui qui a fait le trou par lequel nous sommes ressortis. Il semble que toutes les choses vivantes peuvent tomber sous son joug, tant que leur niveau de conscience n’est pas trop complexe. »

Elle projeta dans l’esprit des autres l’image du cristal que les Graärh qu’elle accompagnait avec retrouvé.

« Cet item contenait les fragments d’une ancienne communication. Des noms avaient été prononcés : Ajay, Kishna, ainsi que l’appellation Purohit. Ajay était l’un des subalternes de Rog à l’époque où il était docteur, tandis que Kishna était une femme qu’il n’a pas réussi à aider alors qu’elle en avait besoin, pour reprendre ses mots. Et les Purohit Rakshak étaient les gardiens du Baôli, désormais les Couronnes de Cendre. Rog m’a partager que leur objectif ne pouvait être révélé, sans quoi cela déclencherait une nouvelle guerre au sein des Esprits-Liés. Déjà, certains Esprits-Liés supportent la cause des Couronnes tandis que d’autres s’y opposent. À présent, Rog cherche à accomplir ce qu’il a échoué en tant que docteur. »

Elle marqua une courte pause, se rappelant que l’Orque s’était momentanément affaibli lors la révélation de cette information. Était-il dans le camp opposé aux Couronnes?

« Il m’a également laissé savoir que jadis, Lalaach avait tenté d’expliquer aux autres leur but, mais même en tant que haut-prêtre des Esprits-Liés, il a été traité d’hérétique, tandis que les Esprits-Liés se sont déchirés. J’ai tenté de puiser dans son esprit davantage d’informations, mais son but ultime semblait complètement caché, que ce soit par la magie ou par une volonté de fer. Cependant, il avait le désir de réunir quelque chose, un peut comme un parent qui veut retrouver son enfant. Avant qu’il ne quitte en emportant son laboratoire, je l’air vu récupérer une autre créature. »

Elle partagea cette fois-ci l’image de la petite créature chitineuse, bien que le terme ne soit pas tout à fait approprié.

« Cette chose n’est pas tout à fait vivante, comme si sa nature artificielle était plus prononcée… Et vu sa similarité avec les karapts, j’ai l’impression que son désir de réunion est justement d’aller retrouver la colonie afin qu’elle revienne a lui. Et que son prochain coup, pour ainsi dire, sera sur Néthéril. »

Il était clair dans son ton qu’il s’agissait là de ses spéculations à elle, non pas d’un fait avéré. Libre à présent aux autres d’en faire leur propre interprétation.

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