“- Et là il se tourne vers moi, l’oeil mauvais - mais mauvaaais - et il me dit, du tac au tac, “je vous ai rien demandé, Léon”. Je ne sais pas pour vous, mais ça me semble quand même bien louche de la part de quelqu’un qui était soi-disant en train de faire son travail. Trois sucres ?”
La nuit était tombée depuis un moment déjà. Autant dire que Léon était en pleine forme, en bon être nocturne qu’il était. Les humains avaient mangé et lui, comme à son habitude, avait fait mine d’embarquer sa pitance pour manger dans son coin, prestement, avant de retourner à ses affaires. Il était désormais question de suivre Claudius dans ses habitudes pré-nocturnes - celles dont Aliséa ne s’occupait, bien entendu. Ainsi sa boisson chaude favorite était-elle prête, posée sur un petit plateau, tandis que le fier valet de chambre dans sa livrée sanguine pliait religieusement la cape du jour de l’empereur, en lui offrant le plus détaillé des rapports de mission.
Il avait dû puiser dans ses réserves de sang froid pour rester de marbre quand Claudius de Havremont lui avait demandé d’enquêter sur de potentiels infiltrés au sein de la Cour. Rendez-vous compte ! Des infiltrés ! Honnêtement, qui oserait ? Il lui avait également fallu son meilleur sérieux pour ne pas en pleurer de rire en racontant cela au patron. Sauf que son “meilleur sérieux”, ce jour-là, avait été absent. Alors il avait pleuré de rire devant Aldaron, peinant à lui expliquer la blague qui faisait sa journée.
Une mine de diamants de possibilités s’ouvrait alors à lui. Mais en bon non-infiltré très sérieux, Léon avait tout de même fait l’effort d’observer la Cour. Il en était revenu avec des noms de personnes effectivement louches - des individus qui cherchaient principalement à se hisser au sein de la hiérarchie -, en plus de celui qu’il voulait dénoncer. Manque de chance pour le pauvre hère, Léon connaissait l’identité d’un “confrère” infiltré qui avait le malheur de ne pas opérer pour le bon patron. Un espion, mais voué à la Couronne. Il était grand temps de se débarrasser de lui.
Les sucres furent ajoutés à la boisson chaude. Léon avait étayé un long discours argumenté sur les innocents qu’il avait pu surprendre - sans être surpris, par la grâce de ses habilités. Il avait donné sans remords le nom des oreilles qui avaient traîné derrière les rideaux, qui avaient passé beaucoup trop de temps devant des portes, ou posé des questions bien trop indiscrètes. Enfin, il avait insisté sur son adversaire, un certain René Mêle-L’Anchon, et sur tous les mauvais moments sur lesquels Léon l’avait “malencontreusement” surpris. Il avait eu le malheur de sortir d’une pièce sans y être rentré, d’avoir prétendu être à un endroit tout en ayant été à un autre, d’avoir donné les mauvaises réponses quand le brave enquêteur l’avait “taquiné”.
Aux côtés de la boisson de Claudius, dans une petite assiette, se trouvait un gâteau. Un petit gâteau, une part de gâteau. Semblable en tout point à ceux d’Aliséa. La pâtisserie pouvait paraître innocente, il n’en était rien. Léon avait pris le temps de la faire lui-même, pour le plaisir d’ennuyer son cher “employeur” et ami. Cela lui avait demandé plusieurs essais - mais il était persuadé que cela en valait la peine. Mais sur le sujet, il ne marmonna que les habituels :
“- Goûteur déjà passé, et j’ai veillé sur la boisson moi-même.” Il resta debout, un bras ramené contre son ventre dans son meilleur effet de valet bien sage. Prêt à recevoir de nouveaux ordres. ”Sauf précision de votre part, je pensais cesser de passer du temps autour de René, pour plutôt voir si je ne suis pas passé à côté de quelqu’un d’autre. Si vous avez des instructions complémentaires…” Il était à son écoute. Notamment en matière de potentiels indices à grappiller. C’était un peu sa façon d’obtenir des critiques sur son travail et celui de ses collègues, après tout.
L’oeil de Léon fut attiré par quelque chose. Une petite babiole, sur le côté. Nonchalamment, il fit quelques pas pour s’en approcher, jouer avec quelques objets alentours, faisant mine de les épousseter, et continuant la conversation, l’air de rien : ”Par ailleurs, si je puis me permettre, voulez-vous que je change votre boisson du soir ? Peut-être puis-je vous trouver quelques ingrédients qui conviendraient mieux à votre sommeil.” Une façon polie de dire que Claudius avait des cernes assez grandes pour pouvoir y ranger quelques golems. C’était bien là la poêle qui se moquait du chaudron, si l’on considérait les cernes naturelles de Léon. Manque de chance pour Claudius, néanmoins, Léon, lui, maîtrisait tout l’art du maquillage. Après tout, il avait des ordres qui impliquaient de ne donner aucun grain à moudre quant à sa potentielle identité.
La nuit était tombée depuis un moment déjà. Autant dire que Léon était en pleine forme, en bon être nocturne qu’il était. Les humains avaient mangé et lui, comme à son habitude, avait fait mine d’embarquer sa pitance pour manger dans son coin, prestement, avant de retourner à ses affaires. Il était désormais question de suivre Claudius dans ses habitudes pré-nocturnes - celles dont Aliséa ne s’occupait, bien entendu. Ainsi sa boisson chaude favorite était-elle prête, posée sur un petit plateau, tandis que le fier valet de chambre dans sa livrée sanguine pliait religieusement la cape du jour de l’empereur, en lui offrant le plus détaillé des rapports de mission.
Il avait dû puiser dans ses réserves de sang froid pour rester de marbre quand Claudius de Havremont lui avait demandé d’enquêter sur de potentiels infiltrés au sein de la Cour. Rendez-vous compte ! Des infiltrés ! Honnêtement, qui oserait ? Il lui avait également fallu son meilleur sérieux pour ne pas en pleurer de rire en racontant cela au patron. Sauf que son “meilleur sérieux”, ce jour-là, avait été absent. Alors il avait pleuré de rire devant Aldaron, peinant à lui expliquer la blague qui faisait sa journée.
Une mine de diamants de possibilités s’ouvrait alors à lui. Mais en bon non-infiltré très sérieux, Léon avait tout de même fait l’effort d’observer la Cour. Il en était revenu avec des noms de personnes effectivement louches - des individus qui cherchaient principalement à se hisser au sein de la hiérarchie -, en plus de celui qu’il voulait dénoncer. Manque de chance pour le pauvre hère, Léon connaissait l’identité d’un “confrère” infiltré qui avait le malheur de ne pas opérer pour le bon patron. Un espion, mais voué à la Couronne. Il était grand temps de se débarrasser de lui.
Les sucres furent ajoutés à la boisson chaude. Léon avait étayé un long discours argumenté sur les innocents qu’il avait pu surprendre - sans être surpris, par la grâce de ses habilités. Il avait donné sans remords le nom des oreilles qui avaient traîné derrière les rideaux, qui avaient passé beaucoup trop de temps devant des portes, ou posé des questions bien trop indiscrètes. Enfin, il avait insisté sur son adversaire, un certain René Mêle-L’Anchon, et sur tous les mauvais moments sur lesquels Léon l’avait “malencontreusement” surpris. Il avait eu le malheur de sortir d’une pièce sans y être rentré, d’avoir prétendu être à un endroit tout en ayant été à un autre, d’avoir donné les mauvaises réponses quand le brave enquêteur l’avait “taquiné”.
Aux côtés de la boisson de Claudius, dans une petite assiette, se trouvait un gâteau. Un petit gâteau, une part de gâteau. Semblable en tout point à ceux d’Aliséa. La pâtisserie pouvait paraître innocente, il n’en était rien. Léon avait pris le temps de la faire lui-même, pour le plaisir d’ennuyer son cher “employeur” et ami. Cela lui avait demandé plusieurs essais - mais il était persuadé que cela en valait la peine. Mais sur le sujet, il ne marmonna que les habituels :
“- Goûteur déjà passé, et j’ai veillé sur la boisson moi-même.” Il resta debout, un bras ramené contre son ventre dans son meilleur effet de valet bien sage. Prêt à recevoir de nouveaux ordres. ”Sauf précision de votre part, je pensais cesser de passer du temps autour de René, pour plutôt voir si je ne suis pas passé à côté de quelqu’un d’autre. Si vous avez des instructions complémentaires…” Il était à son écoute. Notamment en matière de potentiels indices à grappiller. C’était un peu sa façon d’obtenir des critiques sur son travail et celui de ses collègues, après tout.
L’oeil de Léon fut attiré par quelque chose. Une petite babiole, sur le côté. Nonchalamment, il fit quelques pas pour s’en approcher, jouer avec quelques objets alentours, faisant mine de les épousseter, et continuant la conversation, l’air de rien : ”Par ailleurs, si je puis me permettre, voulez-vous que je change votre boisson du soir ? Peut-être puis-je vous trouver quelques ingrédients qui conviendraient mieux à votre sommeil.” Une façon polie de dire que Claudius avait des cernes assez grandes pour pouvoir y ranger quelques golems. C’était bien là la poêle qui se moquait du chaudron, si l’on considérait les cernes naturelles de Léon. Manque de chance pour Claudius, néanmoins, Léon, lui, maîtrisait tout l’art du maquillage. Après tout, il avait des ordres qui impliquaient de ne donner aucun grain à moudre quant à sa potentielle identité.