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“- Et là il se tourne vers moi, l’oeil mauvais - mais mauvaaais - et il me dit, du tac au tac, “je vous ai rien demandé, Léon”. Je ne sais pas pour vous, mais ça me semble quand même bien louche de la part de quelqu’un qui était soi-disant en train de faire son travail. Trois sucres ?”

La nuit était tombée depuis un moment déjà. Autant dire que Léon était en pleine forme, en bon être nocturne qu’il était. Les humains avaient mangé et lui, comme à son habitude, avait fait mine d’embarquer sa pitance pour manger dans son coin, prestement, avant de retourner à ses affaires. Il était désormais question de suivre Claudius dans ses habitudes pré-nocturnes - celles dont Aliséa ne s’occupait, bien entendu. Ainsi sa boisson chaude favorite était-elle prête, posée sur un petit plateau, tandis que le fier valet de chambre dans sa livrée sanguine pliait religieusement la cape du jour de l’empereur, en lui offrant le plus détaillé des rapports de mission.

Il avait dû puiser dans ses réserves de sang froid pour rester de marbre quand Claudius de Havremont lui avait demandé d’enquêter sur de potentiels infiltrés au sein de la Cour. Rendez-vous compte ! Des infiltrés ! Honnêtement, qui oserait ? Il lui avait également fallu son meilleur sérieux pour ne pas en pleurer de rire en racontant cela au patron. Sauf que son “meilleur sérieux”, ce jour-là, avait été absent. Alors il avait pleuré de rire devant Aldaron, peinant à lui expliquer la blague qui faisait sa journée.
Une mine de diamants de possibilités s’ouvrait alors à lui. Mais en bon non-infiltré très sérieux, Léon avait tout de même fait l’effort d’observer la Cour. Il en était revenu avec des noms de personnes effectivement louches - des individus qui cherchaient principalement à se hisser au sein de la hiérarchie -, en plus de celui qu’il voulait dénoncer. Manque de chance pour le pauvre hère, Léon connaissait l’identité d’un “confrère” infiltré qui avait le malheur de ne pas opérer pour le bon patron. Un espion, mais voué à la Couronne. Il était grand temps de se débarrasser de lui.

Les sucres furent ajoutés à la boisson chaude. Léon avait étayé un long discours argumenté sur les innocents qu’il avait pu surprendre - sans être surpris, par la grâce de ses habilités. Il avait donné sans remords le nom des oreilles qui avaient traîné derrière les rideaux, qui avaient passé beaucoup trop de temps devant des portes, ou posé des questions bien trop indiscrètes. Enfin, il avait insisté sur son adversaire, un certain René Mêle-L’Anchon, et sur tous les mauvais moments sur lesquels Léon l’avait “malencontreusement” surpris. Il avait eu le malheur de sortir d’une pièce sans y être rentré, d’avoir prétendu être à un endroit tout en ayant été à un autre, d’avoir donné les mauvaises réponses quand le brave enquêteur l’avait “taquiné”.

Aux côtés de la boisson de Claudius, dans une petite assiette, se trouvait un gâteau. Un petit gâteau, une part de gâteau. Semblable en tout point à ceux d’Aliséa. La pâtisserie pouvait paraître innocente, il n’en était rien. Léon avait pris le temps de la faire lui-même, pour le plaisir d’ennuyer son cher “employeur” et ami. Cela lui avait demandé plusieurs essais - mais il était persuadé que cela en valait la peine. Mais sur le sujet, il ne marmonna que les habituels :

“- Goûteur déjà passé, et j’ai veillé sur la boisson moi-même.” Il resta debout, un bras ramené contre son ventre dans son meilleur effet de valet bien sage. Prêt à recevoir de nouveaux ordres. ”Sauf précision de votre part, je pensais cesser de passer du temps autour de René, pour plutôt voir si je ne suis pas passé à côté de quelqu’un d’autre. Si vous avez des instructions complémentaires…” Il était à son écoute. Notamment en matière de potentiels indices à grappiller. C’était un peu sa façon d’obtenir des critiques sur son travail et celui de ses collègues, après tout.

L’oeil de Léon fut attiré par quelque chose. Une petite babiole, sur le côté. Nonchalamment, il fit quelques pas pour s’en approcher, jouer avec quelques objets alentours, faisant mine de les épousseter, et continuant la conversation, l’air de rien : ”Par ailleurs, si je puis me permettre, voulez-vous que je change votre boisson du soir ? Peut-être puis-je vous trouver quelques ingrédients qui conviendraient mieux à votre sommeil.” Une façon polie de dire que Claudius avait des cernes assez grandes pour pouvoir y ranger quelques golems. C’était bien là la poêle qui se moquait du chaudron, si l’on considérait les cernes naturelles de Léon. Manque de chance pour Claudius, néanmoins, Léon, lui, maîtrisait tout l’art du maquillage. Après tout, il avait des ordres qui impliquaient de ne donner aucun grain à moudre quant à sa potentielle identité.

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S’il y avait bien des choses que détestaient Claudius avec les vampires Elusis, et les gâteaux au chocolat de sa femme, c’était les infiltrés du Marché Noir, et autres espions qui squattaient les rues de l’Empire pour glaner quelques informations. Ces vauriens trouvaient malins de s’infiltrer partout dans les commerces de l’Empire – qui avaient miraculeusement été épargnés de toutes batailles jusqu’à présent –, mais aussi dans d’autres mailles de l’Empire que Claudius ne soupçonnait pas.

Et peut-être même dans sa propre maison. Pour cela, suivant les bons conseils de sa collègue et amie Jeanina de Briselame, Claudius avait missionné un domestique de confiance pour enquêter sur ce qui se tramait dans le palais : Léon Sich…Sizizi… Léon. Son valet de pied, qui le suivait depuis un certain temps au sein de l’Empire, et qui faisait un serviteur dévoué remarquable.

Une mission qui consistait simplement à dresser quelques profils types de personnes ayant un comportement suspect, peut-être volant des choses, ou étant pris à tripatouiller des affaires qu’ils ne devaient pas toucher … Bref, de potentiels suspects que l’Empereur, ou le chambellan du Palais pourrait peut-être questionner, et s’assurer de la fidélité de ces personnes.

Avec tout le ramdam causé par le Marché Noir dernièrement, le resserrement de la vis c’était fait récurrent et Claudius n’avait pas lésiné sur les moyens mis en place : il avait mandaté à son maître des informations Toryné de former des contres-espions pour avoir des yeux là où il ne pourrait pas les avoir, avait entrepris de créer le système des Corporations pour pouvoir encadrer toutes les potentielles fraudes … Mais tout ceci prenait du temps, et pendant que le chat n’était pas là, les souris dansaient.

Il était donc question d’impliquer du personnel compétent dans ces affaires, qui pourraient commencer à travailler en avance de phase. Personnel compétent dont faisait partie l’heureux élu du jour : Léon, qui avait accompli avec un enthousiasme certain la mission que lui avait donné l’Empereur. Cet enthousiasme, qui pouvait paraître quelque peu inquiétant quand on y réfléchissait. Certes, Claudius avait encouragé ce modèle là, mais à croire que son valet de pied appréciait chaudement l’idée de pratiquer la délation à l'égard de ses collègues.

Ce soir, l’Empereur écoutait donc d’un air attentif les élucubrations de son valet, alors que ce dernier accomplissait son devoir de servir Claudius. « Peut-être était-il apprêté à d’autres choses, et n’apprécie simplement pas être dérangé pendant son travail. Vous qui avez une remarquable aptitude à vous faire oublier Léon, avisez peut-être quelque chose de plus … Subtil ? » répondit l’Empereur, se frottant la barbe, pensif.

Si ladite faculté à se faire oublier pouvait sonner comme un reproche, elle sonnait comme une vraie qualité pour un noble de la trempe de Claudius. Il ne pouvait y avoir meilleure bénédiction que quelqu’un effectuant son travail proprement et silencieusement pour entretenir son logis, et s’occuper de lui, pendant que le Havremont était occupé sur d’autres fronts. La maison, sa famille, et tout le reste, était tout ce qui lui restait de ses vies tranquilles « d’avant » que cette grande distinction mais aussi ce fardeau de devenir le dirigeant de Sélénia ne lui tombe sur les épaules.

Il appréciait Léon à plus d’un titre, et surtout car il semblait avoir compris cela de suite. Avec lui, le travail était toujours bien fait. Il avait également toujours un petit mot sympathique pour Claudius, ou des petites tournures de phrases polies pour le réconforter, ou aborder des sujets sans ne le dire.

Aussi quand il entendait Léon narrer ses péripéties sur les quelques personnes suspectes à ses yeux, il y accordait tout le crédit nécessaire et sa confiance qu’il pouvait avoir en lui … N’oubliant cependant pas tout le climat dans lequel Claudius faisait vivre son entourage en ce moment. Il en toucha d’ailleurs deux mots à Léon quand celui-ci lui demanda des instructions complémentaires. Il n’en avait pas vraiment, mais il fit toutefois un petit rappel à son vaillant valet :

« Vous savez Léon, j’ai parfois l’impression de vous demander beaucoup à vous, les petites mains qui contribuez à tout ceci. Spécialement à vous, qui devez veiller à une vigilance constante, pour faire en sorte que je sois tout à fait bien entouré … Alors j’ai conscience que ce climat puisse finir par en inquiéter plus d’un, et d’avoir des préjugés sur des personnes insoupçonnés jusqu’à lors. Vous gardez mon entière confiance, et je prends tout à fait vos considérations au sérieux concernant René, nous nous arrangerons pour le voir … Mais veillez peut-être à simplement garder un œil sur vos camarades, et avisez notre chambellan ou moi-même quand vous trouverez quelque chose de suspicieux ? Je ne voudrais pas non plus que l’entièreté de mon palais se retrouve à couteaux tirés, comme ce fut le cas avec mes soldats … »

En résumé, Claudius demandait à Léon d’espionner ses collègues, tout simplement. Une tâche que Léon était tout à fait capable de réaliser. Et en vérité, Claudius n’aurait pas pu tomber plus juste avec lui, sur ce coup-là. Mais bien sûr, il était des choses que l’Empereur ne savait pas vraiment au sujet de son valet de pied.

« Ne prenez pas cela pour des reproches cependant. Vous savez, Léon, j’aimerai parfois avoir la main plus molle sur ce qui nous entoure, et particulièrement sur nos ennemis. Mais si j’espère que les choses iront en s’améliorant avec Aldaron et ses manœuvres sournoises, je ne peux m’empêcher d’encore penser à tous les dangers qui nous guettent … » Claudius cligna des yeux, avant de se tourner vers son valet, avant de faire une petite moue et de lui dire : « Parfois, c’est comme si je le sentais juste à côté de moi, attendant la moindre de mes faiblesses pour me sauter dessus … » Il eut une petite grimace, avant d’avoir un petit sourire renfrogné vers son valet : « Bah. Regardez-moi, voilà que je commence à devenir comme le Conseiller Avente, complètement paranoïaque. Pardonnez-moi, mais il semblerait que les derniers événements me font me poser des questions ».

Claudius haussa un sourcil à la question que Léon lui posa au sujet de son sommeil, avant d’esquisser un petit sourire pour son valet. Il lui répondit aussitôt :

« Vous pouvez. J’imagine que cela ne me fera pas de mal … Bien que j’aie comme un doute sur le fait que les herbes pour passer des « nuits tranquilles » que vantent les apothicaires ait un quelconque effet sur moi. » La vérité, c’est que Claudius ne dormait pas en ce moment car il travaillait beaucoup trop, et parce qu’il était anxieux de la moindre chose qu’il puisse arriver à sa famille, ou à lui. « Je pense qu’en vérité, seul le temps fera que je retrouverais un sommeil convenable. »

Le Havremont s’étira, avant de se pencher vers sa boisson du soir, dont il prit quelques gorgées. Il regarda ensuite le petit gâteau, et en pris un morceau qu’il avala tout de suite, ne supportant pas vraiment le gout de ces choses au chocolat que sa femme adorait faire. Mais c’était là un secret de mariage bien gardé … A peu près. Léon vit la grimace de Claudius, Claudius avait vu qu’il avait vu. Il fit ensuite :

« Vous savez, ma femme est comme ce gâteau. Dure, mais au fond, elle a le cœur tendre. Alors je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Ni le lui dire. »

Claudius se tourna vers Léon, avant de l’interroger sur ce fameux René-Mêle-L’Anchon :

« Avez-vous vu René faire des choses suspicieuses dans des endroits particulièrement critiques ? Accéder à des endroits auquel il n’aurait pas lieu, par exemple ? » songea le Havremont pensif.

Il n’aurait par exemple, pas vraiment aimé que ledit René accède à son bureau, là où des choses importantes étaient stockées, ou bien dans des salles d’armes du Palais, ou encore à piller les quelques rares vivres stockés en cuisine …

Mais pour identifier clairement cela, il allait avoir besoin de son fidèle employé, bien entendu.

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Un morceau du coeur mort de Léon se brisa en constatant que son gâteau n’était pas au goût de Claudius. La bonne nouvelle, pour Madame de Havremont, l’impératrice, était donc que le déplaisir de son homme face aux pâtisseries chocolatées n’était aucunement dû à son manque de talent. La mauvaise nouvelle était que cela ne rendait pas la révélation moins douloureuse.
Naturellement, Léon écartait la possibilité qu’Aliséa et lui-même soient de piètres cuisiniers.

Un mouvement de tête approbateur écarta le sujet du gâteau, peu désireux d’insister sur cet échec. René était bien plus intéressant, et plus simple à manipuler - comme élément de discussion, bien sûr. Il reprit la parole, agitant une main pour accompagner le mouvement de ses propos ; une manière empruntée à des êtres tout à fait humains, pour le coup.

“- Oh, tout dépend de ce que vous appelez critiques ! Il n’est pas assez stupide pour aller s’assoir sur votre chaise en votre absence. En revanche… Vous aimez les couloirs ? Passer de longs moments à regarder par la fenêtre en restant soigneusement proche d’une porte derrière laquelle une réunion se déroule ?” Léon, lui, avait tendance à se poser plus loin. Quelques pièces plus loin, par exemple. Mais là-dessus, il pouvait remercier ses sens vampiriques. Une bénédiction que les fragiles vivants n’avaient pas. “Parce que si ce n’est pas un passe-temps commun, alors il écoutait sans doute aux portes.”

Il y avait bien un autre moment où ils avaient failli se croiser, mais difficile de dire à Claudius “aussi, René a le malheur d’utiliser mes passages secrets, et c’est très gênant, car ils ne sont pas faits pour loger deux personnes”. Au lieu de cela, il ajouta :

“- Aussi, il disposait de l’information du report du conseil de mercredi avant que vous n’en ayez fait part à quelqu’un d’autre que Marius et moi-même. Alors à moins que l’information n’ait circulé vraiment très vite, en passant par lui…”

Il haussa les épaules, d’un air bien détaché pour quelqu’un qui venait de s’épancher sur son rival. Sa main balaya les airs une dernière fois, pour écarter le sujet. Il avait fait part à Claudius de ses doutes : les décisions à prendre sur cet homme, l’idée d’insister ou non, d’envoyer des contre-espions ou non, n’appartenaient plus à un valet, voyons.

“- Ce qui n’est pas impossible, mais hors de mes connaissances, je l’ai trouvé étrange. Je vais rester à l’affût d’éventuelles personnes aux comportements douteux. Subtilement, bien sûr. Ne vous inquiétez pas, à part René lorsque je l’ai surpris à fouiller les archives administratives… Personne n’a rien remarqué.”

Tranquillement, il avait contourné Claudius, jusqu’à poser ses mains sur ses épaules, dans une demande muette : acceptait-il massage ? L’esprit et le corps étaient si liés. Nul soin apporté au corps n’était sans conséquence sur l’esprit. Véritable chance pour l’empereur : quelques aventures sulfureuses et potentiellement Althaïennes avaient enseigné au vampire l’art d’appuyer aux bons endroits pour tirer des grognements de soulagement aux plus durs des golems de Calastin.

“- Je ne pense que vous soyiez particulièrement paranoïaque. Vous avez des ennemis, vous savez qu’il vous faut être prudent, vous restez attentif… Quand toutes vos défenses et protections seront installées, ce sera bien plus simple. Au moins vous connaissez vos adversaires, vous savez ce qu’ils vous veulent et quelles sont leurs méthodes.”

Un point rassurant, s’il en était : tous les ennemis de l’empire l’étaient ouvertement. Quant aux alliés, ils avaient l’avantage d’être parmi les plus fiables que l’on puisse espérer également. Dans la mémoire de Léon revinrent les brèves images de Délimar telle qu’il l’avait observée, de loin. Ah, si seulement les Almaréens n’avaient pas eu à s’associer à ces brutes de Glacernois. Etait-ce si complexe de faire des villes jumelles, mais bien distinctes ? Au moins Léon aurait pu se rendre auprès d’autres appréciateurs du Néant. Malgré sa nature intrinsèquement magique, ils auraient compris… N’est-ce pas ? Ils auraient compris comme le roi d’Almara l’avait compris, n’est-ce pas ?
Personne ne pouvait rassurer Léon sur ce point, pas même lui-même et sa foutue tendance au pragmatisme. Une ombre passa sur ses traits, bien cachée derrière le dos de Claudius. Puis il se souvint de la petite remarque de l’Empereur, celle qu’il allait pouvoir rapporter à Aldaron pour l’amuser, et cela le fit sourire de nouveau. Le danger, juste à côté de lui ? Quelle idée saugrenue.

“- Vous pourriez appliquer lesdites méthodes à leur encontre. Oh, pour fédérer votre peuple, pourquoi ne pas organiser quelque événement, pour leur montrer combien la vie est meilleure en votre présence ?” Il faisait mine de réfléchir à voix haute. “Si la nourriture est difficile à trouver, peut-être pas un banquet… Mais pourquoi pas quelque événement lié à l’Art ? Vous pourriez organiser une première fête avec maints artistes au sein de la capitale, puis envoyer quelques artistes répandre dans tout l’empire l’esprit de cette fête !” Cela paraissait l’enjouer, lui, en tout cas. Sa voix s’était faite toute jouasse -non pas qu’elle ne le fut d’habitude. “Les gens adorent la musique. Ils adorent danser. Mais ils s’imaginent que certains autres arts leurs sont inaccessibles. Ceux qui ne savent pas lire, nous pourrions leur lire les meilleures oeuvres humaines - et les instruire par ce biais. D’une pierre deux coups ! Et si nous trouvons l’un de ces mages habiles en construction, peut-être pourrions-nous également unifier l’architecture au sein de tout l’empire, tout en apportant aux villages les plus éloignés une nouvelle richesse. Ah, le bienfaiteur que vous seriez !”

En tout cas, il y croyait. Ce n’était plus en tant qu’infiltré du Marché Noir que Léon parlait, mais en véritable appréciateur des vanités. Son imagination se parait de couleurs, de sons et de rimes, pour son plus grand plaisir. Si Claudius s’était retourné à ce moment, il aurait vu son regard briller d’intérêt, ainsi qu’un grand sourire étirer ses lèvres.

“- Vous savez, moi j’aime la poésie. Et c’est un vrai drame qu’il n’y ait pas plus d’appréciateurs de poésie dans cet empire ! Vous imaginez, le respect que l’on gagnerait, si désormais les autres peuples voyaient dans le pillage de l’empire le pillage d’une culture, d’un peuple instruit et poète ? Je suis sûr qu’ils feraient plus attention. Peut-être même que cela attirerait du monde !”

Est-ce qu’il avait vraiment prononcé ces derniers mots avec cette subtile inflexion d’un enfant réclamant une faveur ? Peut-être. Mais lui-même ne s’était pas entendu parler.

“- Si vous n’avez le temps d’organiser ce genre de choses, je pense que c’est assez léger pour que vous puissiez facilement le déléguer. Ce serait une première pierre vers… Non pas une reconstruction, mais une véritable construction. Et avec un peu de chance, cela occupera suffisamment les nobles pour que vous ayez moins à vous soucier de leurs éventuelles manigances, au moins pendant quelques temps…”

Il s’écarta, observa Claudius de haut en bas, le menton dans sa main, d’un air songeur.

“- Peut-être aurez-vous besoin de faire bonne figure pendant quelques jours, et sourire à des gens pénibles qui voudront vos faveurs. Mais je suis sûr que vous pouvez le faire ! Essayez juste de ne pas trop froncer les sourcils en souriant, ça donne l’air agressif. Si vous voulez j’ai également deux ou trois astuces pour masquer les cernes, cela vous évitera des tracas. Eh, on pourrait lancer un grand concours de couture, et proposer d’engager le vainqueur comme couturier impérial ! Des habits neufs, sans que la Couronne ne dépense un seul sou.” Il fit de la main ce petit signe de pincement qui signifiait communément “perfection”. “Vous me remercierez plus tard !”

Se passant brièvement une main dans les cheveux, comme pour changer de masque, il reprit, plus posément :

“- Je divague quelque peu, mais vous voyez où je veux en venir de façon plus sérieuse, n’est-ce pas ? Donner du grain à moudre en interne pour mieux préparer l’externe.” Mais peut-être Claudius y avait-il déjà songé, et peut-être allait-il avoir la sensation que Léon le prenait pour plus bête qu’il ne l’était. Gêné par cette seule idée, Léon décida de clôre enfin son maudit bec, reprenant une attitude plus digne de son rang, prêt à s’excuser si son ami le remettait à sa place.

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Claudius écouta les arguments de Léon avec une moue mi-figue mi-raisin. Certes, ces accusations, si elles étaient vraies, étaient graves. Léon étant généralement un homme de parole, aussi le Havremont estima donc qu’il pouvait lui faire confiance, et intima au serviteur :

« Certes. J’entends vos propos. Je me chargerais plus tard d’aviser le chambellan de vos accusations, et nous prendrons les mesures nécessaires à son égard. »

L’Empereur soupira, et accepta volontiers le massage de Léon qui avait également le mérite d’être fort habile de ses mains – et particulièrement quand il s’agissait de prendre soin de sa personne –. Un massage qui fit plaisir à Claudius, peut-être un peu trop, car celui-ci frissonna et soupira de satisfaction dépendamment d’où Léon travaillait son corps. Il lui fit :

« Seriez-vous intéressé à l’idée de … Aaah … officier en tant qu’employé d’un de nos thermes, quand ceux-ci seront finalisés ? Vous pourriez … Gnn … Mettre vos talents au service de personnes souhaitant se détendre vous savez. Bien que je … Aah … Ne soit pas vraiment de nature partageur, j’accepterai que vous y passiez un peu de temps. »

Claudius dodelina de la tête, et écouta avec une oreille attentive Léon. Il avait raison sur un certain point : certes, les ennemis de l’Empire étaient déclarés, mais leur méthode …

« Vous savez … J’ai beaucoup fréquenté Aldaron dans ma prime jeunesse, et je connais tout autant certains haut-dignitaires pirates et de l’Alliance … Et si ce sont des pays où il est effectivement de notoriété publique que l’Empire n’entretient pas forcément des relations favorables avec, ils ont tous plus ou moins leurs petites organisations secrètes, leurs réseaux, et d’autres fourberies qui pourraient potentiellement être létales pour nous. »

Claudius réfléchissait ainsi à voix haute, et compléta ce qu’il disait :

« Je devrais peut-être en parler à notre Dominus de l’Information. Dame Dalis serait sans doute de bons conseils … – Il soupira – Mais je crains que l’Empire ne soit en retard pour jamais rattraper les assassins pirates, ou les infiltrés du Marché Noir qui sont partout … Sans parler des relations d’Ilhan. »

L’Empereur soupira une nouvelle fois, avant de lever les yeux au ciel. L’Empire avait de nombreuses choses à construire, rebâtir, et potentiellement qu’ils devraient insister sur le fait de construire un réseau d’espionnage solide … Entre autres choses.

« Il faudrait remobiliser des personnes. Mais en attendant, il ne reste que pour nous protéger ma bonne parole qui pourrait tisser des accords avec les puissances extérieures … Et notre armée bien sûr, mais je ne peux décemment pas mobiliser tout le monde en permanence, faute de moyen. » L’empereur s’étira, fatigué. Il finit par faire : « En résumé, il faudrait que mes ennemis soient occupés ailleurs, ou prêts à croire ma bonne parole. Mais je n’ai pas vraiment de certitude sur l’un ou l’autre, même si je peux tout faire pour. »

Claudius haussa les épaules. En vérité, il espérait que tout ceci changerait dans les prochaines semaines. Mais Selenia ne s’était pas faite en un jour, il devait donc être patient.

En attendant, l’Empereur écouta avec la plus grande attention l’avis de Léon sur la situation de l’Empire, et sur le fait de donner du « grain à moudre » à son peuple : il est vrai qu’avec l’ouverture du pays aux vampires Dalis, aux graärh, et aux anciennes populations des cités libres, le territoire avait changé de visage. Exploiter cette forme de richesse culturelle pouvait être une bonne piste.

L’Empereur pris un air soudainement intéressé, se frottant la barbe, et voyant également dans les yeux Léon que celui-ci était plein d’entrain à la vue de son sourire et de son regard.

« Il y a là une idée intéressante à exploiter en tout cas. » Commenta Claudius, quand Léon eut fini d’exposer son idée. Il fit ensuite : « Il est vrai que l’Empire a véritablement changer de visage depuis ces dernières semaines, alors il est grand temps de réaffirmer notre culture commune. »

Il fut d’ailleurs surpris d’entendre que Léon adorait la poésie. Une passion non commune, mais qui n’était pas dénué d’intérêt. Claudius s’enquit un peu de cet intérêt :

« Ah oui, la poésie tient ? Vous êtes plein de mystères Léon, je n’aurai pas pensé cela de vous. Moi je suis du genre à aimer le théâtre. Les grandes tragédies tout comme les comédies de boulevard, tant qu’il y a des émotions à avoir. Quel est votre poème préféré ? Vous sentiriez vous d’ailleurs de faire un petit récital si tout ceci voyait le jour ? »

Claudius eut un petit sourire malicieux. Son valet était fort loquace avec lui, mais pourrait-il l’être autant en compagnie d’une foule pour l’écouter ? Rien n’était moins sûr. L’Empereur ne perdit pas son sourire en entendant que Messire Syzÿgiehnn suggérait de déléguer pour l’organisation d’une telle activité. Claudius prit un petit air songeur avant de faire :

« Pourquoi pas, si vous voulez par exemple vous en charger en partie, je pourrais réaffecter quelques-unes de vos tâches à d’autres valets … Bien que je tienne à vous et votre travail irréprochable bien entendu. » Claudius fit un petit clin d’œil. C’est qu’il l’aimait bien, ce Léon. Il avait de bons conseils dans ces moments-là, en plus de faire du bon travail.

« Je comprends tout à fait ne vous en faites pas. » Renchérit Claudius, avec une mine intéressée : « Nous pourrions même l’organiser en Torynésie, moi qui le voulait comme le carrefour des arts de notre pays … » L’Empereur eut un petit sourire. Voilà qui lui donnait de quoi converser au Conseil rapproché prochainement.

« Mais nous parlons d’arts depuis tout à l’heure, mais d’où vous est venu cette passion Léon ? »

Une question qui semblât anodine, mais qui voulait dire beaucoup pour Claudius. Il tenait à connaître la vie de ses servants, s’en sentir proche, et les aider s’il le pouvait.

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Un doute traversa de nouveau l’esprit de Léon, tenu secret par des années d’entraînement à la traîtrise. Masseur, poète, organisateur d’événements… S’il liait ces diverses propositions à la sensation de danger proche que Claudius avait évoquée, le brave espion pouvait doucement commencer à se dire que, peut-être, son cher patron-pas-patron ne voulait plus de lui. Alors qu’il lui avait déniché des traîtres ! Et qu’il lui avait fait un gâteau ! Inadmissible. Léon allait lui prouver qu’il était le meilleur valet ! Le plus adapté à sa Majesté de Havremont… Dès qu’ils auraient fini de parler d’un sujet qui le passionnait.

“- Je ne me souviens pas d’un âge où j’aurais pu ne pas aimer la poésie. A l’aube de mes jours, il était déjà commun de me croiser avec quelque ouvrage sous le bras.”

C’avait été son seul atout. Sa seule force, dans toute son inutilité. Un maigre réconfort pour l’esprit, un plaisir coupable. Il se souvenait distinctement de nuits passées à relire les mêmes lignes, son coeur lourd contre le matelas, son corps bien trop chauffé par les draps qui le cachaient, sa gorge nouée par le silence nocturne. Des instants précieux, solitaires et émouvants. Combien d’aventures avait-il vécu ainsi ? Il avait volé les yeux de maints auteurs, observant des vies qu’il n’avait jamais vécues - certaines qu’il ne vivrait sans doute jamais.

“- J’imagine que cela a eu pour moi le même effet que vos premiers combats ont dû vous faire. L’impression d’être plus vivant qu’en faisant autre chose. Les sens exaltés, l’âme puissante comme mille armées, conquérant le monde par-delà la chair.”

C’étaient des mots qu’il ne prononçait pas d’habitude, préférant les sujets badins et les conversations détachées. Ces aveux n’étaient réservés qu’à de rares personnes, en de rares occasions. Il ne regardait pas Claudius dans les yeux, n’assumant qu’à moitié d’ainsi se découvrir. Empruntant un chiffon, il s’était soudain trouvé très attaché à retirer de ces lieux la poussière qui y siégeait.

“- …Et mille ancêtres pour tenir la main d’un enfant, lui pointer du doigt les merveilles et connaissances que nulle illustration ne saurait présenter. Alors, les expériences autour deviennent plus prenantes, l’existence elle-même revêt à chaque ligne un nouvel aspect.” La statuette de chevalier était impeccable. Il attaqua l’époussetage des ouvrages alentour. Sa voix portait ses émotions. Il n’expliquait pas, il ne racontait pas. Il vivait son récit. Si son corps était présent, et son regard en théorie porté sur son labeur, ses pensées étaient bien ailleurs. “Dire que tout cela a commencé avec un livre, un objet, aussi banal que celui-ci. N’est-ce point fascinant comme les rencontres, les hasards, forgent une destinée ? Je ne suis moi-même que piètre poète, et mes capacités au sein d’une foule, au sein d’inconnus, sont déplorables. Mais j’ai cette sensibilité, ce goût des choses, ce goût de l’amour, une capacité à trouver au sein de nos présences en ce monde cette passion qui fait brûler les âmes. Alors, quand jadis les adultes se demandaient “mais qu’allons-nous faire de Léon”, j’aurais pu leur dire que ma salvation se trouvait dans cet amour, que ma place en ce monde était semblable à celle des fleurs ; il ne m’était besoin d’agir, juste d’être. À l'image de chaque être ici-bas, j’étais accompli dès l’instant où ma mère m’offrait mon premier souffle.”

Ce n’était… pas le message qu’il voulait passer à l’origine. Il s’était laissé emporter. Bravo Léon. Pour sa défense, personne ne lui avait un jour demandé de parler de poésie. Personne ne l’avait interrogé sur cette passion. Si Claudius était prêt à l’écouter, Léon avait quatre cents ans de silence à évacuer.

“- Certains y voient un stoïcisme certain. Détrompez-vous, il n’en est rien. Quand bien même la poésie ne serait qu’immobilisme, la plus lente des contemplations admet un fragment de temps et, ipso facto, la métamorphose. Mais j’aime à croire qu’en nos volontés se trouvent les destinés, et que le mouvement, les forges du changement, n’ont nul besoin d’être forcées. Si notre présence même ne souffre de nulle instrumentalisation, il n’est aucune chaîne qui retienne l’outil de nos esprits . Et n’est-ce pas admirable que d’expérimenter la danse inéluctable, imprédictible, de la causalité ?”

Les livres étaient impeccables. Léon réalisa qu’il avait totalement oublié la question initiale. Fouillant sa mémoire, il retrouva la certitude qu’il devait réciter un poème à Claudius. Mais lequel choisir ? Et… N’y avait-il pas eu d’autres points qu’il aurait voulu aborder ? La conversation était allée si vite. Il aurait d’autres occasions. Reprenant un ton subtilement plus didactique, il ajouta :

“- Savez-vous qu’il existe, chez les elfes, un genre de poème constitué uniquement de trois vers ? Il en est également de plus longs, mais tout aussi codifiés, sur une base de quatorze vers. Les humains ont tendance à prendre davantage de libertés en matière de poèmes, sans perdre en intérêt.”

Les vampires avaient leurs propres poèmes, mais Léon doutait qu’ils soient au goût de l’empereur. Mais quel genre de thèmes pouvaient plaire à Claudius ? Peut-être des histoires de guerres et de paix. Il y avait bien ce poème qui, sans être le favori de Léon, pouvait faire son petit effet.

“- Et que diriez-vous de ceci ?

Au creux de l’après-midi, les corps allongés,
Dans un instant, fugace et immense.
Les mirant, je subis la remembrance
Des gestes qui les ont forgés.

A ma mémoire reviennent les cris, l’écarlate,
L’acier contre l’acier, contre la chair,
Les déchirures et les cris éclatent
Quand les tambours guident nos défunts frères.”


Sa voix s’était ralentie pour suivre le rythme des vers. Il ne regardait toujours pas Claudius, occupait ses mains du mieux qu’il le pouvait pour évacuer la gène de toute cette intimité dévoilée, et n’en garder que la libération.

“Ce sont mes mains qui ont éteint leurs yeux,
Mes mains qui ont cessé leur temps,
Mes mains qui ont retourné la terre et labouré le champs

Soudain, ils se relèvent
Les seuls cris sont ceux d’oiseaux lointains
Quand j’ouvre mes bras et les étr… eins.”


Léon avait froncé un sourcil, interrompu dans son élan lyrique par quelque tiraillement dans le bras. Observant le bout de ce dernier, il put constater qu’instinctivement, il s’était apprêté à… Glisser dans sa poche quelque bibelot. Rien d’anormal, ce n’était là que de la dévotion à son esprit-lié. Ce qui était plus anormal, c’était cette cape qui tenait l’autre bout du bibelot, et tentait de se l’approprier aussi. La cape tira de son côté. Léon tira du sien.

“- Mais ! Vas-tu me laisser faire le ménage ! Allez, zou ! Au placard !”

De son chiffon, Léon tenta de tapoter la cape, à la manière dont on tapoterait le museau d’un animal désobligeant. Il n’allait tout de même pas se laisser faire par une cape ! Ignorant tout des diverses vertus de ladite cape, Léon continua de tirer sur le bibelot, prêt à en découdre avec le terrible objet.

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Quelle ne fut pas la surprise de Claudius quand il entendit son domestique devenir si loquace, d’un seul coup. La situation dans laquelle l’Empereur s’était mise en entendant tout ce discours que lui donna Léon, lui fit penser à quelqu’un qui aurait ouvert laissé tomber une pièce de sa poche alors que quelqu’un appartenant au Marché Noir se trouvait juste derrière. Le valet s’était jeté sur l’occasion, et ne se faisait pas prier pour parler des choses qu’il aimait.

Au moins, il avait des convictions, songea le Havremont, alors qu’il fournissait des efforts réels pour suivre les divagations de son servant. Mais c’était important, les convictions. Et cela confortait un peu plus l’Empereur de peut-être, confié des tâches d’organisation de telles représentations artistiques à Léon.

« A se demander ce qu’un homme de lettre tel que vous fait à exercer un travail de valet, alors. » Songea Claudius à voix haute, au milieu de la logorrhée démonstrative de son serviteur au sujet de son passé. Peut-être qu’on ne lui avait pas laissé de chance de montrer ses talents, qui sautaient pourtant aux yeux, ou plutôt aux oreilles, pour qui voulait bien le laisser parler. Le Havremont se frotta la barbe. Peut-être qu’il pourrait l’aider à se rapprocher de ce milieu qui le passionnait, si le cœur lui en disait.

Quoiqu’il en soit, L’Empereur n’osa trop surenchérir, mais en tout cas compris l’essentiel de son message : chez les Syzÿgiehnn, ou tout du moins chez Léon, la poésie était une affaire de passion brûlante. En vérité, bien que Claudius ne soit pas illettré et autant cultivé qu’un noble sélénien puisse l’être, il ne suivait plus tellement la démonstration de son valet. Bien qu’il appréciât les conversations développées, où chacun exposait ses arguments … C’était devenu un peu trop ésotérique pour l’homme d’action qu’il était. Mais dans le doute, Le Havremont pensa qu’il fallait l’encourager :

« Oh, ça … Très admirable, en effet ! » Fit Claudius en hochant la tête d’un air tout à fait convaincu, essayant de camoufler tant bien que mal sa petite incompréhension du sujet. Mais Léon allait sûrement s’attendre à ce que l’Empereur fasse preuve d’un peu plus de détail. Alors plutôt que répondre à l’ensemble de la démonstration, Le Havremont donna son avis sur un point qui avait retenu son intention :

« Je pense que parfois, le destin, les « forges du changement », et toutes ces forces que vous évoquez ont aussi besoin d’un petit coup de pouce. Mais peut-être que nous voyons la chose de façon différente car nous sommes tous deux d’une race différente. Beaucoup d’humains ont obtenu de grandes réussites en prenant les choses en main dans leur vie. Je ne serais jamais devenu Empereur si j’avais suivi la volonté de ma famille de rester pour toujours fidèle à la Couronne Kohan. Nos vies sont plus courtes comparées aux vôtres, alors nous avons moins le luxe de prendre ce genre de mode de pensée contemplatif. En tout cas, c’est ce que je crois. »

Les Huit en soient témoins, il avait impression d’être revenu à sa prime jeunesse quand il essayait de tenir une conversation avec son lieutenant de l’armée, alors qu’il avait passé un peu trop de temps à la taverne pour avoir une quelconque conversation développée sans que cela dévie sur mille sujets différents.

Fort heureusement, Léon ne revint pas à la charge de suite à ce sujet, et finalement revint à un des points initiaux de la conversation, à savoir : qu’il lui raconte un poème. Aussi se, lança-t-il dans un récital, auquel Claudius fut … Plutôt réceptif à dire vrai. Il était connu que dans la vie de tous les jours, l’Empereur essayait quotidiennement de faire abstraction de toutes émotions personnelles dans l’exercice de ses fonctions, c’était un moyen pour lui de garder la tête froide et d’essayer de toujours prendre de bonnes décisions … Mais de temps en temps, de petites piques ne pouvaient pas s’empêcher de remonter, et là en l’occurrence, au cours de cette scène tout à fait banale où lui et son valet avaient une discussion tout à fait classique, des souvenirs remontèrent au fur et à mesure que Léon récitait ses quelques mots, laissant un Claudius coi et plein de frissons.

Sans qu’il ne sache dire trop pourquoi, le Havremont se senti vraiment transporté par ce qu’il entendit : peut-être était-ce que la situation décrite par Léon lui rappelait évidemment la fureur des combats, sachant que les derniers étaient plutôt récents. Mais aussi, il y avait les (trop) nombreuses fois où il devait lui aussi, compter les siens qui étaient tombés, sans compter ses nombreuses et pourtant nécessaires fois où il avait commis des massacres au nom de la Couronne …

Aucun homme n'était insensible à une guerre, ou du moins Claudius le pensa ainsi. Et si le Havremont était toujours habité de la même foi quand il levait son arme au nom de l’Empire, il y avait quelquefois, spécialement à la nuit tombée, où il ne pouvait pas ne pas voir le nombre de vies qu’il avait brisé, ou le nombre de vies qui étaient parties sous son commandement. Ces dernières s’étaient faites plus rares avec les années : Le Havremont avait acquis de l’expérience avec l’âge, mais les défaites militaires de Claudius se comptaient aussi. S’il ne concentrait pas pour garder la face devant son valet, Le Havremont aurait probablement versé une petite larme.

Le récital était donc on ne peut plus poignant… Et la chute fit vivre une véritable montagne émotionnelle à Claudius, car c’est sa cape qui avait décidé d’interrompre la discussion, en se saisissant d’un objet que Léon avait pris, manifestement pour le nettoyer de ce que ça sa protestation disait :

« Mais ! Vas-tu me laisser faire le ménage ! Allez, zou ! Au placard ! »

Claudius eut un rire franc, constatant le comique de la scène entre sa cape tirant sur l’objet, et Léon voulant aussi l’attraper. La cape ne l’entendit cependant pas de cette façon, elle se plia d’elle-même, et voulu mettre un coup de tissu dans le visage du valet. Juste avant qu’un drame ne se produise, Claudius calma son rire et fit d’une voix autoritaire :

« Sois gentille avec notre ami. » Là, la cape s’arrêta complètement dans son action et se tourna vers l’Empereur, se froissant devant lui, et pointant le bibelot dans la main de son valet. Quelque chose n’allait pas. Du moins, c’est ce que Claudius compris de cette communication primaire.

L’Empereur arqua la tête sur la gauche, avant de dire :

« Mes excuses Léon, mais pourriez vous poser cet objet à sa place ? Il semblerait que ma cape magique n’apprécie pas que l’on y touche … » Se rendant compte que Claudius n’avait probablement jamais expliqué ce qu’était tout cela à son valet, il ajouta à cela :

« Je réalise que je ne vous avais probablement jamais présenté ces artefacts que j’ai acquis dernièrement. Un beau soir, alors que je me détendais avec Aliséa, un grand oiseau au plumage rouge feu est venu se poser sur notre balcon. Un phénix, comme ceux des légendes, ou plutôt une, car c’est une femelle, de ce que m’ont dit les ornithologues que j’ai consulté. Nous n’en revenions pas. Dans son bec, il y avait cette cape qui formait un baluchon, et à l’intérieur de celui-ci un bâton, semblable à ceux des pèlerins … »

Se faisant, Claudius s’en alla ouvrir une pièce attenante à son bureau, dévoilant une petite pièce où se trouvait une petite table de travail, ainsi qu’une grande armoire, et un grand perchoir où trônait fièrement cet oiseau, qui fit la fête à Claudius en le voyant arrivé :

« Quand je lui ai ouvert, elle est rentrée d’elle-même et n’est jamais repartie depuis. Elle m’observe beaucoup, et semble beaucoup m’aimer, je ne sais pas trop pourquoi. » Fit l’Empereur à Léon. « Vous pouvez lui dire bonjour si vous voulez. A ma grande surprise, j’ai d’ailleurs constaté qu’elle aimait beaucoup le chocolat. Allez comprendre … » Claudius haussa les épaules : « A ce jour, je n’ai toujours aucune idée de pourquoi elle est venue me trouver. Mais elle est ici maintenant, avec ce qu’elle a amené. J’imagine que c’est un coup du fameux destin, dont nous parlions tout à l’heure … »

A ce sujet, Claudius inclina la tête et fit à Léon :

« Très beau poème par ailleurs. Vous ne l’avez pas vu car vous sembliez très occupé au moment où vous le récitiez, mais j’ai été particulièrement touché. Son texte, et tout ce qu’il impliquait, m’a fait ressortir de nombreux souvenirs en moi. »

L’Empereur fit un petit sourire sincère à son valet, avant de lui dire :

« Puis-je donc compter sur vous pour une représentation dans un prochain festival des arts impériaux ? Je suis sûr que vous aurez du succès. »

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Léon avait un mauvais pressentiment sur cette cape. La main fermement serrée sur le bibelot, il pouvait sentir son Esprit-Lié lui hurler que cet objet leur appartenait, que le vrai crime était que l’on l’empêchât de remédier à cela. Mais depuis quand les capes, si magiques fussent-elles, disposaient d’une telle force ? Et depuis quand les capes voulaient des bibelots ? Et pourquoi n’allait-elle pas juste en demander un à son propriétaire ? Mh ?
Un bref instant, le regard du voleur s’arrondit. La cape s’était froissée, tordue, dans ce qui avait tout l’air d’un poing. Non, elle n’allait tout de même pas…?
Un picotement parcourut ses jambes. Une envie féroce, impérieuse même, traversa ses muscles. Un salto arrière. Peut-être même un double salto-arrière. Oui, voilà ce qu’il devait faire, face au coup qui venait, c’était évident !

Par la grâce de l’Unique, Claudius vint les interrompre tous deux avant que le drame ne se produise. La sensation s’évanouit aussi vite qu’elle était venue, laissant Léon tout abasourdi. Très occupé à aligner les pensées, essayer de trouver le sens de ce qu’il venait de se passer, il ne chercha pas même à se défendre des accusations (outrancières) de la cape. Il fallut encore toute la bonté de l’Unique pour que Claudius n’interprétât pas le geste de ce maudit bout de tissu d’une façon qui aurait mis le brave “valet” dans l’embarras. Léon remit le bibelot à sa place, avec un regard assassin à celle qui était, désormais, sa rivale. Le choix judicieux de son propriétaire d’employer le mot “magique” ne faisait qu’ajouter de l’huile sur feu, amplifiant le ressenti de Léon tant vis-à-vis de la magie que vis-à-vis de cette cape. Il serra les dents, promis à son Esprit-Lié une offrande bien plus intéressante que ce bibelot. La promesse n’apaisait en rien la frustration qui désormais habitait le bout de ses doigts. Il lui fallait sa meilleure éducation de jeune vampire pour tenir ses émotions en laisse - et, pour cela, il remercia les confrères qui s’étaient chargés de lui enseigner les rudiments de la maitrise de soi.

Au moins Claudius lui offrit-il quelques distractions, se confiant à lui sur ses possessions - une excellente idée. Il le suivit, avec un intérêt très orienté. Ce n’était pas tant la science qui, pour le coup, l’animait. Plutôt son instinct d’espion qui lui murmurait qu’il y avait du potentiel à raconter au Patron, ainsi que ses pulsions de vol, refoulées, qui suppliait qu’on l’éloignât de cette cape et qu’on le mît en présence d’autres objets.
Pourtant, il s’arrêta sur le pas de la porte. Claudius lui avait évoqué l’oiseau en des termes succincts et humbles. Sulfure ne s’accordait pas tant à ladite description, et le brave valet s’en trouva tout surpris. L’oiseau était grand, loin d’être ne serait-ce qu’un perroquet d’apparat. Son plumage ne paraissait pas même “rouge feu”. Son rouge était celui de la lave encore chaude, à la limite entre deux états. Léon s’attendait à voir, à tout moment, les plumes se muer en véritables flammes, à l’instar des légendes précédemment évoquées. Un instinct de survie jusqu’alors enfoui dans des souvenirs perdus s’était ravivé pour lui susurrer de rester méfiant, s’il ne voulait pas devenir la prochaine lampe de chevet de Claudius.

L’oiseau paraissait bien ravie de retrouver Claudius. Ce qui pouvait se comprendre, pour qui n’appréciait de rester seul. Mais voir un animal aussi impressionnant papillonner autour de l’Empereur comme si ce dernier était ignifugé n’apaisait en rien les craintes de Léon. Non pas qu’il tenait à Claudius, mais… Un peu, si, quand même. Et il n’était pas certain de pouvoir lui être d’une quelconque aide en cas d’embrasement spontané. L’empereur donnait l’impression d’avoir l’habitude d’une telle scène, de maitriser totalement la situation. Léon ne l’arrêta guère, gardant ses peurs pour lui, se contentant d’espérer très fort ne pas être déçu. Timidement, il s’approcha, afin de ne vexer personne.

Claudius lui proposa de faire ami-ami avec l’animal. Le regard de Léon croisa celui, brillant, de l’Oiseau. Oui, il croyait voir comment faire. Cela impliquait juste du matériel qu’il n’avait pas tout de suite sous la main. Mais au vu du regard insistant de la Bête, il allait devoir aller s’en saisir sous peu. Déstabilisé, Léon se demanda un moment si cette phénix savait son affinité avec une divinité qui était loin d’être la meilleure amie de Feu. Lui en voulait-elle ? Comment allait-elle interpréter s’il la nourrissait ?
Les lèvres palies sous l’effet d’un subtil pincement, Léon songea que cela n’importait guère. Lui-même savait comment interpréter ses propres gestes, et lesquels se voulaient offenses, lesquels se voulaient révérences. Néant, là où il demeurait, saurait lire dans son coeur. Feu… Pouvait bien penser ce qu’elle voulait, pour ce que cela lui importait. Il était d’une race maudite, quoi qu’il en fut, et n’attendait point d’amour de sa part. Etait-ce là ce que l’oiseau voyait en lui ? Un porteur de malédiction, un honni ?

Le brave vampire secoua la tête, tant pour répondre négativement à Claudius que pour chasser ces idées. Il réfléchissait trop et, sans doute, l’Oiseau n’avait rien à voir avec tout cela.

“- Nan. Je suis désolé, patron, mais ma place n’est pas sur le devant d’une scène. Je vous décevrais. Mais si festival des arts il y a, ne vous inquiétez pas que j’aurai de quoi m’occuper !”

Tant par des tâches de valet que par des tâches d’espion. C’était là une autre histoire. Il était quasiment certain qu’il allait devoir veiller un peu plus à la sécurité de Claudius, si cela arrivait bien. Cela ne l’empêchait pas de caresser l’espoir de participer un peu aux festivités, en tant que badaud.

“- Si vous le souhaitez, je pourrai transmettre à quelque locuteur le texte que je vous ai lu… Et quelques autres dans le même goût. Ce serait une façon de participer sans avoir à faire porter ma voix.”

Il le disait en souriant, illustrant bien que la situation actuelle lui convenait très bien. Dans les faits, Léon était également très lucide ; même s’il l’avait souhaité, il savait que sa voix n’était de celles qui étaient écoutées. Mieux valait laisser faire ceux dont la voix, naturellement, attirait les oreilles. Sa faiblesse à la lumière du soleil, son malaise face à la foule, son envie de rester dans l’ombre, intervenaient après ces considérations.
D’un geste rapide de la main, il fit signe à Claudius de patienter. Prestement, il retourna dans le bureau, pour revenir avec le bout de gâteau au chocolat non-terminé. Le posant au creux de sa main, cette dernière bien à plat, Léon l’offrit à la phénix, avec un regard entendu à Claudius. Un regard pétillant de malice, et un sourire en coin de personne qui sait que jamais les personnes concernées ne devraient apprendre ce qu’il se passait.

“- Que cet oiseau voie en vous un Elu, ou qu’il soit venu pour vous espionner, je pense qu’il est bon dans tous les cas de s’en faire un ami !”

Il avait voulu le dire sur le ton de la plaisanterie, mais sa voix avait pris une note subtilement plus aiguë au moment où le bec de l’oiseau avait frôlé sa main. Pour sa défense, il tenait à ses doigts, et ne revoyait pas Belethar avant un moment -hélas.

“- Elle est… Vraiment impressionnante. Comprend-t-elle notre langage ? Avez-vous essayer de l’interroger ? De demander à un spirite du cheval…?”

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Léon sembla assez perturbé par la nature de Sulfure. Claudius regarda son valet, de façon interloquée : était-ce l’Empereur qui était beaucoup trop calme, ou alors son serviteur qui avait une peur des grands oiseaux ?

Certainement un peu des deux, mais cet oiseau qui s’agitait avec vigueur et manifestait sa bienveillance à l’égard de l’Empereur le mettait en confiance, bien qu’elle fût certes un animal mythique, et peut-être un peu dangereux, surtout si le Havremont se fiait au sort qu’elle seule avait fait subir aux Ekkinopyres : là où une palanquée de personnes avait échoué, elle avait tout brûlé d’un seul coup, et définitivement raser le problème.

Cela avait été véritablement impressionnant, et en disait long sur la capacité de cet oiseau pour quiconque s’amusait à la provoquer. Mais avoir un protecteur de la sorte rassurait quelque peu Claudius : ses nuits étaient désormais un peu plus tranquilles, sachant qu’un oiseau avec des capacités pareilles dormait une pièce à côté de lui. Disons qu’il avait un peu moins la sensation d’être épié, où qu’à tout moment sa vie pouvait partir en fumée.

Toujours est-il que l’Empereur s’écarta un brin du sujet, pour entendre la réponse de Léon au sujet de sa proposition :

« Nan. Je suis désolé, patron, mais ma place n’est pas sur le devant d’une scène. Je vous décevrais. Mais si festival des arts il y a, ne vous inquiétez pas que j’aurai de quoi m’occuper ! Si vous le souhaitez, je pourrai transmettre à quelque locuteur le texte que je vous ai lu… Et quelques autres dans le même goût. Ce serait une façon de participer sans avoir à faire porter ma voix. »

Claudius fit une petite moue triste. C’est qu’il aurait aimé que lui lise son texte, tant il semblait parler de sa passion … Avec passion, justement. C’était ce genre d’hommes de conviction que le Havremont voulait pour son Empire, ce genre de personnes qui pouvaient être un modèle d’inspiration pour les générations à venir. Le Havremont savait que Léon au moins, avait un vrai sens du devoir et qu’il n’accomplissait pas sa mission pour un quelconque intérêt tiers. L’Empereur lui fit l’air un brin taquin et faussement vexé :

« Vous êtes bien la seule personne à me refuser quelque chose au sein de cet Empire ! Mais soit, marché conclu pour que vous transmettiez ce texte à quelqu’un. Je veillerai à ce que l’on vous cite cependant : rendons au Valet de l’Empereur ce qu’il lui appartient, tout de même. Et puis, vous rendrez fiers tout ceux qui travaillent ici. Peut-être même que vous allez susciter des vocations chez les petites-gens vous savez … »

Certes, le Havremont n’était pas dupe que les petites-gens en question avaient bien des choses à faire plutôt que de s’intéresser à la poésie … Mais il ne voulait pas vraiment avoir un peuple de poètes, plutôt que lui voulait que cedit peuple soit … Éduqué. Et le présenter par le prisme de l’art pouvait être une bonne chose : s’il pouvait faire en sorte que les pièces de théâtre de rue, les sculptures, les peintures, deviennent une norme de distraction commune, peut être que l’Empire connaitrait un tant soit peu moins d’émeutes dans les rues quand un brin de vent pointait le bout de son nez.

Traumatisé, lui ? Oui quelque peu.

Claudius observa son valet soudainement partir, pour finalement revenir avec le bout de gâteau au chocolat que l’Empereur avait laissé. Formidable : il avait eu la même idée que lui ! Ils eurent un regard qui voulaient tout dire, tous deux, et Claudius ajouta d’ailleurs :

« Elle n’en saura rien. »

Car il savait ce dont quoi son valet parlait Léon pris alors le bout de gâteau bien à plat dans sa main, et le tendit à l’intention de Sulfure.

La réaction de celle-ci se fit en deux temps. D’abord, elle pencha sa tête vers la friandise, comme pour la sentir un peu mieux, ou du moins observer ce qu’on lui tendait. Puis elle fit un « Piou ! » caractéristique, avant de venir picorer doucement la main du serviteur de Claudius. Celui-ci fit d’ailleurs à l’Empereur :

« Que cet oiseau voie en vous un Elu, ou qu’il soit venu pour vous espionner, je pense qu’il est bon dans tous les cas de s’en faire un ami ! Elle est… Vraiment impressionnante. Comprend-t-elle notre langage ? Avez-vous essayé de l’interroger ? De demander à un spirite du cheval…? »

Claudius retint un petit pouffement de rire, quand il entendit le ton de la voix de Léon partir dans les aiguës au fur et à mesure que son oiseau mangeait ce qu’il y avait dans sa main. L’Empereur ne le savait pas vraiment, mais son valet semblait peu à l’aise avec les animaux. Ou peut-être était-ce cet animal en particulier. Il fallait dire que ce phénix était très impressionnant. Toujours est-il que le Havremont garda cette information dans un coin de sa tête : peut-être qu’il n’allait pas demander à Léon spécifiquement de nourrir l’animal en son absence.

Concernant ses remarques et questions, l’Empereur y répondit de cette façon :

« Interroger nos ornithologues représente tout ce que j’ai fait à son égard pour l’heure. Mais j’ai déduis des choses par moi-même, et je suis tout à fait certain qu’elle comprend notre langage : l’autre jour, je parlais à un de mes Dominus qui m’interrogeait sur les Ékkinopyres … Et nous avons débattu un petit moment du problème que ses problèmes représentaient. Quelques jours après, elle était partie, puis elle est revenue, et avec elle la rumeur que le fait que les Ékkinopyres n’étaient … Plus un problème. »

Claudius haussa les épaules, avant d’ajouter :

« Je suis donc à peu près sûr qu’à ce jour, elle semble nous comprendre. Mais si les légendes sont vraies, vous savez ce dont est capable une créature de son genre. » Claudius eut un petit rire jaune avant d’ajouter : « Espérons simplement que contrairement à certaines personnes, l’envie de brûler un quartier entier de la capitale ne lui prenne pas comme une envie d’aller aux toilettes. »

Mais il avait confiance en cet oiseau : pour une raison qu’il ignorait encore, elle semblait beaucoup aimer Claudius. D’ailleurs, elle prit le temps de remercier Léon de petits battements d’ailes et de plusieurs « pious ! » satisfaits, avant de venir voleter jusqu’à l’Empereur, pour se frotter contre sa tête alors que Claudius la pris sur son bras – lui-même ayant mis juste avant une protection afin de ne pas se faire mal – Le Havremont fit alors :

« En tous les cas, je ne sais pas vraiment pour qui elle me prend, mais elle est affectueuse au moins. Cela dit, vous avez raison au sujet des spirites du Cheval. Peut-être que leur savoir m’aiderait à savoir plus en profondeur quelles sont ses intentions … Je ferais le tour de mes sujets. Si vous en connaissez d’ailleurs, n’hésitez pas à me suggérer un nom. »

Claudius eut un air entendu envers son valet, avant qu’il ne se tourne vers la fenêtre : il se rappela à la lumière de la lune que la soirée était bien avancée déjà. Connaissant la nature de son valet, il ne voulait pas trop le solliciter sachant qu’il était dans sa période de grande productivité, et probablement qu’il lui restait des choses à faire. L’Empereur fit alors :

« Notre discussion a été prolifique en bien des aspects en tout cas Léon. Je vous remercie pour votre petit travail d’enquête … Et pour tout le reste. Pour vos suggestions concernant mon oiseau et … Pour sûr qu’à défaut d’y être présent comme un acteur de premier plan, si nous faisons un festival des arts, je m’assurerais que vous soyez remercié personnellement si celui-ci est un succès. »

Claudius eut un petit soupir, et un sourire sincère envers son valet. Il garda le silence quelques instants. Il était plaisant d’avoir quelqu’un de confiance à ses côtés, quelques fois. L’Empereur lui fit finalement :

« Je ne vous retiendrais pas plus longtemps. Si vous n’avez rien d’autres à voir avec moi, vous pouvez disposer. »

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