Veux-tu jouer ? Alors jouons ! Mais selon mes règles [PV : Sintharia Dalis]

-> 27 Octobre 1762

Toryné se trouvait dans une ville à quelques jours de marche de Cordont, il avait ouï dire qu’un congrès portant sur les Golems se déroulera d’ici peu, le vampire toujours friant quant à l'acquisition de nouvelle connaissance avait décidé de s’y rendre par conséquent. Le conseiller ne doutait pas une seconde qu’une délégation vampirique serait envoyé sur place et il avait tout simplement décidé qu’il en prendrait la tête, sans vraiment s’informer si un autre conseiller y serait. Cependant, Toryné ne saurait se contenter d’une simple escorte pour assurer sa sécurité, il désirait le présence de sa fille et c’est pour cela qu’il lui avait fait parvenir un messager afin de l'a quérire au plus vite, Sintharia savait disparaître, mais elle n'en était pas pour autant introuvable après tout.

En revanche, il serait mentir que de dire que le sublime androgyne n’avait convié sa fille que pour cela, on pouvait même dire que pour l’heure cela était même anecdotique. Les cygnes noirs ne s’étaient pas quitté en bon terme lors de leur dernière entrevue, une divergence d’opinions, ce dont Toryné n’avait pas l’habitude avec sa première fille et il fallait le dire, il n’avait pas apprécié cela. À ses yeux, Sintharia était encore trop jeune pour comprendre et appréhender toutes ses décisions, la clairvoyance n’était pas innée, cela s’apprenait et sa fille avait encore beaucoup à apprendre.

Du moins, encore fallait-il qu’il veuille lui apprendre ou qu’elle soit désireuse de recevoir cet enseignement, ou plutôt de le parfaire. Hélas, Toryné était de nature méfiante, et cela, à raison après tout, sa propre mère, qu’il avait érigé au rang de déesses, l’avait condamné à mort, la guerre et l’époque du Tyran blanc quant à eux ne lui avait que montrer que les allégeances ne valaient guère, mieux que la fidélité d’une fille de joie. Par conséquent la confiance de Toryné était difficile à voir, même impossible, à moins d’être de sa famille, mais une fois que sa méfiance était réveillé, l’apaiser semblait chose bien ardue.

Toryné avait de lourd soupçon sur sa fille désormais, son unique fille, une importante blessure narcissique pour lui. Il avait donné beaucoup d’énergie pour son enfant, quitte à sacrifier l’immense famille qu’il aurait pu avoir, et cela, aujourd’hui, il commençait à le regretter amèrement. Donc, il devait mettre sa fille au test, mais surtout, il devait s’assurer qu’elle ne puisse pas lui nuire de quelconque manière, surtout avec son ancien ami, Aldaron, pour qui Toryné nourrissait bien plus de méfiance désormais et cela ne l’étonnerait pas d’entendre que ce dernier était lié de près ou de loin à toute cette affaire, il en était même persuadé.

Le vampire avait donc prit des décisions drastiques, mais nécessaire, sûrement un tournant pour sa famille, un important tournant, mais pour le moment Toryné attendait sa fille, coupe de sang à la main, une carafe remplie du même nectar non loin, l’androgyne n’avait pas choisi un établissement forcément très confortable, surtout pour quelqu’un de son acabit, mais hélas, c’était tout ce qu’avait à offrir les environs, il s’en accommoderait donc.

Dernière édition par Toryné Dalis le Ven 8 Juin 2018 - 3:21, édité 1 fois

Sintharia répondit à l’appel et comme il l’avait imaginé, elle n’était pas de bonne humeur. Agressive, c’était le mot, un comportement indigne d’une fille envers sa mère, cependant Toryné ne s’en choqua pas pour autant, sa fille était ingrate, c’était un fait.

-Et que voudrais-tu que je fasse avec une tête d’oiseau ma douce ? Répondit-il simplement à la menace en l’air de sa progéniture. Tu ferais une mauvaise putain et une encore plus mauvaise chienne, je te rassure.

Commentaire indiquant clairement son manque de tact et son comportement irrespectueux, il apparaît de plus en plus qu’il se montrait bien trop laxiste avec Sintharia, il n’avait donc aucun regret quant aux choix qu’il avait fait.

-Je m’excuse pour le lieu, mais bon que pouvons attendre de ville aussi… bref passons, nous n’allons pas nous éterniser ici. Vois-tu dans quelques jours va se dérouler le premier congrès magique et scientifique de l’archipel, dans la ville de Cordont, nous allons y assister.

“Nous”, il ne donnait pas le choix à sa fille, elle viendrait avec lui à cet évènement. Son caractère flexible semblait avoir laissé place à un certain strict et Sintharia ne pouvait que se le reprocher, elle avait outrepassé les limites lors de leur dernière rencontre, Toryné devait réaffirmer sa place de chef de famille, que cela plaise ou non.

-Je serais accompagné d’une délégation d’Aerthia, mais je préfère pouvoir compter sur les talents de ma future épouse pour assurer ma sécurité. De plus, je serais curieux de voir une Sainnûr en pleine action. Effectivement, la renaissance de sa fille ne lui était pas passé inaperçu, cela pourrait avoir un certain intérêt dans le futur, du moins si futur il y avait.

En effet, l'appellation future épouse n’était pas là au hasard, l'androgyne rappelait bien à sa fille le lien qui allait les unirs sous peu, ce lien que Toryné avait accepté alors qu’il ne croyait pas vraiment en cette institution. Cependant, il avait accepté l’idée du mariage, faisant cette concession à sa fille qui semblait ardemment le désirer, mais cela s’accompagnait également d’un rappel, une épouse devait se montrer fidèle, non pas sur le plan conjugal, mais dans les batailles à mener. L’unité était primordiale, surtout dans une famille et Toryné y accordait une valeur presque fanatique, et cela, Sintharia allait devoir s’en rappeler.

-Écoute… J’ai beaucoup réfléchis à notre dernière discussion suite à notre entrevue avec Aldaron. Il changeait de sujet, passant à la véritable raison de leur présence ici. Je comprends tes craintes, alors j’ai décidé de faire en sorte de les apaiser… Aldaron est effectivement un homme influent, il peut être dangereux, c’est un fait. Par conséquent, pour assurer ta sécurité, je vais mettre à ta disposition deux gardes, de solide vampire, leur tâche sera de s’assurer que tu ne cours aucun risque sur les territoires de l’alliance.

Bien étendu, le message était clair, Toryné était plus méfiant et voulait également punir sa fille. Quoi de mieux pour punir sa fille dont la liberté semble la seule chose qui aille de la valeur ? En lui privant de cette dite liberté. C’était une leçon qu’il voulait ancrer en elle, la liberté n’est pas un dû, c’est quelque chose que l’on doit mériter et qu’une fois acquis n’est jamais éternelle. Elle était trop capricieuse après tout, c’était son amour inconditionnel pour la liberté qui l’avait jeté tout droit dans les griffes d’Azshara, sa vieille rivale, ses caprices n’avaient que trop duré. Alors certes, cela pouvait sembler injuste, mais lorsqu’un enfant n’écoute pas, il faut sévir, Toryné ne faisait pas cela par pure méchanceté, mais sa fille devait mûrir, aussi bien pour sa survie que pour celle de la famille.

-Ce n’est pas tout, tous mes amis Caladoniens feront désormais profil bas, afin d’éviter de leur attirer quelconque ennui avec leur bourgmestre, par conséquent jusqu’à que la situation se clarifie, tu ne seras plus la bienvenue chez eux.

Cela, cependant, était plus de l’ordre de la sécurité. Il devait protéger ses intérêts, que ce soit d’Aldaron ou même de Sintharia… Quelque part, cela le peinait d’arriver à de telles extrémités, mais il n’avait pas vraiment le choix, la survie nécessite de prendre des choix difficile et Toryné n'hésiterai pas une seconde à en faire d’autre si cela s’avérait nécessaire. Maintenant, le vampire savait très bien que sa fille réagirait avec agressivité quant à ses déclarations, elle qui était déjà énervée. C’est pourquoi le conseiller avait garder une expression relativement neutre et sérieuse, le tout avec une voix calme, mais tout de même impérieuse. Il était prêt à faire face à cet ouragan de colère.

Elle était en colère et il s’ était attendu, même s’il n’avait pas envisagé les arguments avancé par sa fille. Encore une fois, c’était avec l’impatience de sa fille que le vampire allait devoir argumenter, bien que désormais, Toryné doutait de plus en plus que Sintharia ne l’écoute, la nouvellement immaculé semblait de jurer que par opposition avec sa personne.

-Ne te méprend pas Sintharia, je n’ai aucune honte à ton égard, sinon jamais je n’aurais accepté quelconques unions. Cependant précipiter les choses ne servirait à rien, pour l’heure actuelle il y a trop d’éléments qui nécessite notre attention toute particulière. Entre le changement de pouvoir chez notre peuple, Azshara et ses actions imprévisibles, les Graarhs qui sont de plus en plus grondant et maintenant potentiellement Aldaron… Si nous allons trop vite en besogne, nous risquons l'anéantissement de la famille.

Il remettait les choses dans leur contexte, les menaces semblaient pouvoir venir de toute part, Toryné n’était pas craintif, mais il savait se montrer prudent lorsque la situation l’exigeait, beaucoup considérait l’androgyne comme un excentrique n’agissant que par pulsion, ce qui n’était pas entièrement faux, cependant son instinct de survie pouvait se montrer plus qu’impressionnant.

-Si je fais tout cela, c’est bien pour préserver les Dalis, avant mes devoirs de futur époux j’ai avant tout des devoirs de mère. Tu es encore jeune Sintharia, je ne peux aveuglément te laisser t’égarer dans des voies qui ne te mèneront à la fin que beaucoup de vampire a connu. La liberté sans la sagesse, ne mène qu’à la mort, voir bien pire…

Toryné avait toujours accordé une certaine valeur à l’âge, lui-même avait une trentaine de décennies, il avait été militaire, espion, il avait touché au milieu de la contrebande, et même à celui du marchandage plus officiel et maintenant, il était en politique. Avec cela, Toryné avait toujours été d’une certaine manière très érudit dans l’âme, il avait donc un certain bagage intellectuelle et professionnel derrière lui. C’est ainsi qu’il tirait sa “clairvoyance” et mêlé avec son esprit extravagant, il devenait même dangereux.

-Je veux que tu comprennes, tout simplement, répondit-il, ne bougeant pas d’un cil malgré la violence dont faisait preuve sa fille sous l’influence de la colère, prouvant encore son impulsivité. Tu dois comprendre ce monde à travers un autre regard que celui qui est tient. Lorsque tu deviendras ma femme, tu seras expédié dans un univers bien plus complexe que tu le penses, tu devras être prête, car ce jour-là, c’est d’une alliée dont j’aurais besoin, pas d’un poids.

Les paroles pouvaient sembler dures et elles l’étaient. Si Sintharia était amené à être sa femme, alors elle serait inexorablement liée à la politique, que ce soit l’officielle ou l’officieuse de la famille et les erreurs dans ses domaines n’étaient que très peu permises, l’incident avec Azshara l’avait en quelque sorte démontré. Cependant, il mentait en parti, il y avait de la méfiance tout de même, il y avait donc un double objectif, dont l’un bien moins noble.

Ses paupières artificiellement sombres vinrent recouvrir son regard, il soupira avant de remplir sa coupe de sang, sans rouvrir les yeux dans la manœuvre. Il porta la coupe à ses fines libres aujourd’hui légèrement rose leur donnant un aspect assez naturel, leur donnant une beauté assez discrète. Toujours les yeux fermés, Toryné vida l’intégralité de la coupe, avant de se resservir, cependant alors qu’il allait de nouveau vider la coupe d’une traite, il s’arrêta, ouvra un œil et clama toujours avec sobriété.

-Haïe moi… cela voudra alors dire que tu n’as rien appris. Une phrase lourde de sens, mais également fort révélatrice de sa nature mégalomane.

Toryné ne put qu'ouvrir complètement ses yeux lorsque Sintharia fit tomber sa cruche de sang, ses yeux marron presque noir vinrent fixer la jeune immaculé avec un certain agacement. Cependant, il ne dit rien, il écouta et analysa les paroles de Sintharia, hélas les choses semblaient bien plus grave qu'il ne l'avait pensé.

L'immaculation était encore très récente, on en ignorait encore beaucoup sur cette dernière, beaucoup trop même. Pour l'heure les seules connaissances que l'on avait concernant le peuple de la nuit était qu'ils reprenaient vie, par conséquent il n'avait plus besoin de consommer du sang, mais plutôt d'une alimentation de mortel, voir de magie, selon les rumeurs. Beaucoup de questions venaient avec cela, qu'en était-il de l'immortalité des vampires ? Était-elle conservé ou disparaît-elle avec le départ de ce que Toryné voyait toujours comme étant une bénédiction. Malheureusement, dans l'absolu, ce genre de question pouvait très bien ne jamais avoir une quelconque réponse, ce qui faisait que le conseiller restait assez méfiant quant au phénomène qui touchait vampires comme elfes.

Cependant, Toryné s'intéressait d'abord au concret, à sa fille et à ses paroles, sur quoi il pouvait possiblement agir. Son écoeurement ne lui était bien étendu passé inaperçu, ce qui était problématique, car lui n'avait pas encore connu l'immaculation et au plus profond de son être il le savait, il resterait vampire encore longtemps. De cette observation, le conseiller fit directement un parallèle avec des dimensions plus politiques, réflexe professionnel qui contribuait à un certain détachement du vampire à tout affect personnelle. En effet, ce dégoût pour le sang, probablement l'odeur, était-ce un attribut propre à Sintharia désormais ou bien de tous les sainnûrs, surtout les Shedim. Si cela était un phénomène général alors cela mènerait irrémédiablement à des tensions aux seins du royaume vampirique, entre vampire et ancien vampire, ce qui affaiblirait Aerthia.

D'autre élément du discours de sa fille vinrent le perturber, déjà son défaitisme apparent, affirmant que les choses seraient toujours ainsi, voir pire, vision que ne partageait pas Toryné.

-À quoi bon vivre... prit-il enfin la parole. Si ce n'est pas dans l'objectif que de l'emporter sur nos ennemis ? Oui nous aurons éternellement des ennemis et plus nous gagnerons en puissance plus nous en aurons, mais paradoxalement plus les menaces pour notre famille seront nombreuses, plus notre sécurité s'en trouvera agrandi ! Quant à "cette vie" comme tu le dis, ne me refait pas ton numéro de naïveté par pitié. Sa voix marquait un certain agacement. Que tu le désires ou non, ton dos sera à jamais la cible des couteaux et des lames en tout genre, que cela te peine ou non, l'amitié est un concept fragile sur lequel on ne peut se reposer aveuglément... quant au fait que tu n'aies plus l'envie de tuer... Il sourit. À ton aise ma fille, je ne t'y forcerais pas, ma future épouse n'a pas à se salir les mains si elle ne le désir pas, mais dans ce cas la présence d'une garde rapprochée me paraît plus qu'approprié ! Tu n'auras plus à tuer, tu pourras reposer ton esprit, car d'autre se chargeront de protéger ton dos, goûte donc à une certaine sérénité.

Il n'était pas stupide, il savait très bien que cela ne l'apaiserait nullement, mais il la mettait devant ses propres contradictions, appuyant toujours sur le fait que lui, avait raison et elle, tort. Il posa ensuite son regard sur le sang au sol, quel gâchis pensa-t-il, lui qui était un vampire assez gourmand, le voilà privé de son doux nectar, "il va falloir également régler ce problème" dit-il plus bas, surtout pour lui-même concernant ce problème de sang.

La situation semblait quelque peu s’apaiser, Sintharia semblait non pas s’avouer vaincu, mais accepter ce qui lui imposait, ce qui était un bon début.

-En bas… répondit-il. Nuls besoins de présentation, voient les comme les objets qu’ils sont, ils ne savent faire qu’une seule chose et c’est pourquoi on les paye…

Toryné prit une légère pause, fronçant les sourcils, sur le commentaire qui suivait, son nouvel état la faisait souffrir ? L’immaculation entraînait donc une certaine souffrance, mais à quel point ? Et surtout, pour combien de temps ? Cela rendait de plus en plus méfiant le vampire quant à la question du phénomène d’immaculation qui touchait l’archipel. Cependant, il ne pouvait s’arrêter sur le témoignage, bref qui plus est, d’une seule immaculé, il allait devoir se renseigner sur de nombreux points, mais cela, il en aviserait principalement une fois de retour à Aerthia.

-Non, je te parle du dégoût que tu sembles ressentir envers le sang, dit-il en regardant la servante de sa fille nettoyée ce qu’elle avait fait. Comme toutes les servantes Dalis, l’efficacité était sans pareille, cela était le résultat d’une exigence sans pareil, mais également d’une grande sévérité de la matriarche de la famille ainsi que d’une grande générosité pour le travail bienfait. Le vampire était bien sûr au courant de la nature de confidente que cette servante occupait auprès de sa fille, une bonne chose.

-C’est le commun de tous, que d’avoir des ennemis. Oui, nous en aurons toujours, mais si tu penses que je m’en moquais, alors tu as tout faux… Ne serait-ce pas là de la folie ma chère fille ? De la folie que de ne prêter aucun intérêt à mes ennemis ? Oui, parfois, j’en donne peut-être cette impression, mais détrompe toi, j’envisage, j’anticipe, je planifie, tout le temps, je ne te fais pas part de tout, car je te noierais sous un flot de spéculation dont juste une infime partielle aurait son intérêt…

Bien entendu, cela avait empiré depuis qu’il était entré en politique, plus d’ennemi, plus d’intrigue, le jeu avait pris une dimension bien plus complexe, ce qui ne lui déplaisait guère.

-Un jour, peut-être, je te dresserais la liste de tous nos ennemis, il nous faudra réserver toute une soirée, je le crains. Dit-il avec un sourire malicieux. Je te l’accorde, nous avons moins de temps pour nous, des périodes sont ainsi, mais reconnais tout de même que tu n’aides pas en vagabondant un peu partout, très chère. Les mésententes sont normales, tu mûris et grandi jour après jour, la fougue de ta jeunesse vient se mêler avec tes acquis grandissant. Je suis heureux que tu n’ais pas le vivre aussi violemment que moi. Il marque une nouvelle pause, son regard se fixa dans le vide, presque écarquillé, un grand sourire se dessin sur ses lèvres, pourtant triste, voir même… moqueur ? Il se revoyait, il y a maintenant environ 200 ans, seule, rampant comme un insecte, animé que par la faim, mais pourtant envahi par le désespoir et la solitude. Son propre frère avait tenté de le tuer et l’avait laissé pour mort, pour la première fois de son existence, il s’était retrouvé seul, la véritable peur s’était inséminée en lui, ce jour-là l’avait changé à tout jamais…

Se reposer sur elle ? Cette phrase faisait écho avec le ressenti de cette époque, l’être qu’il avait toujours idéalisé comme une déesse l’avait trahi sans hésiter, sans aucun remord, sa vie avait perdu son sens et il avait peiné à s’en retrouver un, à se reconstruire et reprendre goût au cadeau de l’immortalité… Avait-il peur de reperdre cela, sentait-il sa situation familiale lui échapper ? Perdre une nouvelle fois ce qui lui était chère le rendrait fou, amer et bien plus mauvais qu’il ne l’était déjà, cela était sûr… Cependant, vivre dans la peur constante de la perte ne ferait qu’amener la dite perte et il en était conscient.

-Je peux me reposer sur toi, je le ferais de plus en plus… mais je ne presse rien, je ne vais pas te submerger d’une traite… cela serait… Il ne termina pas sa phrase. Séduire ? J’en ai marre de séduire, je ne supporte plus de devoir sourire à ses idiots qui se pensent au-dessus de moi parce qu’eux… n’ont personne au-dessus d’eux… Ce commentaire faisait directement écho à Aldaron et ses dernières paroles à son égard, quelque part, sa fierté en avait prit un coup. Il faut que tu comprennes une chose, fait des courbettes trop souvent et tu finiras par t’habituer à t’agenouiller… par moment, il faut rappeler aux animaux de quoi tu es capable, sinon il ne te respecte plus… Son regard se porta vers Sintharia, avec toujours se même regard. Je ne suis pas une pute fardé qu’on prend ou non dans son camp… Je suis Toryné Dalis, je choisis mes alliées et non pas l’inverse et j’agis selon mes règles… nos règles. Il n’y a nulle être que je ne peux affronter Sintharia et cela vaut également pour toi, que cela nous prenne des millénaires s’il le faut, Aldaron et tous les autres, ils regretteront de s’être opposé aux Dalis ! Jamais, notre lignée ne s’éteindra… jamais… Ces dernières paroles s’étouffèrent dans sa gorge, pourtant l’on pouvait sentir toute la conviction qu’y mettait l’hédoniste, il croyait en ses paroles cela ne faisait nulle doute.

Mieux que sa suivante la femme était sa favorite et sa protégée, les deux femmes étaient finalement bien plus proche que ce que l’on pouvait s’imaginer et ce n’était un secret pour personne ici. Elle attrapait la femme au niveau des hanches et la tirait à elle, jetant un rapide regard à son époux pour y déceler une trace de jalousie.

- Ma belle va donc ramener du sang pour ton maître et quelque chose de moins.. Vampire. Un regard et un souffle qui en disaient long sur la relation qu’entretenaient les deux femmes à la chevelure blanche. Et demande aux gardes de se poster devant la porte, qu’ils n’en perdent pas une miette.

Une fois que sa suivante fut sortie, elle se levait, entreprenant de se vêtir d’une tenue plus convenable à son rang, se déshabillant, rapidement, ne permettant pas longtemps au vampire de profiter de son corps nue, changeant sa tenue de voyage pour une robe noire, légère et brodée d’or, qui laissait paraître bien plus de peau que ce que la pudeur recommandait. Détachant ses cheveux. Sublimant encore davantage la beauté du cygne noir.

- Néanmoins je ne suis pas arrivée les mains vides, je ne peux décemment laisser mon époux se satisfaire seulement de sang.

Elle toquait du dos de la main à la porte et plusieurs gloussements féminins se firent entendre de l’autre côté de cette dernière, et ce ne fut rien de moins que cinq femmes d’une beauté tout à fait correctes qui entrèrent dans la pièce, sachant d’avance de qui elle devait s’occuper. Laissant le temps à la favorite de revenir, nullement surprise par le spectacle qu’elle trouvait là, c’était quelque chose de plutôt commun chez les Dalis. Ainsi, elle déposait une cruche de sang sur le bureau du vampire et une cruche de vin et un verre pour sa maîtresse, servant l’épouse sans un mot.

- Vous avez reçu un message, monsieur, annonçant la mort du noble Helmric de Caladon, tragiquement décédé d’un accident de chasse.

Sintharia glissait son regard dans celui de son époux tout en sirotant son vin, étrangement elle ne donnait pas l’impression de n’y être pour rien, elle avait même un petit quelque chose de triomphant dans le regard. C’était en quelque sort un service rendu pour être un amant particulièrement inefficace et un ennemi de sa famille.

- Un ennemi de moins, les affaires reprennent, il semblerait. Dit-elle d’un air particulièrement entendu. Puis elle lisait la suite de la missive. Les bois sont pleins de racines et de branches basses, il aimait pourtant tellement la chasse et était un si bon cavalier, son cheval a trébuché et il s’est rompu le cou. L’air faussement attristé de la noble, était parfait, elle aurait presque pu verser une larme, si ce n’était pas elle qui avait créer ce malheureux accident.

Sintharia méprisait profondément la gente masculine, hormis quelques rares individus, pour elle la femme dominait, en tout point sur l’homme. Et ce genre d'accident était plutôt facile à organiser, surtout lors d'une partie de chasse.

- C’est parce que tu n’as jamais appris à t’agenouiller, ni à y prendre du plaisir. Il est parfois bon de laisser l’autre penser qu’il nous domine, n’est-ce pas ? Un regard en coin venait appuyer les propos de l’immaculée, on devinait facilement le ton lascif de ses paroles. Je pourrais te l’apprendre..

Elle glissait ses mains sur le corps de sa suivante, ne perdant cependant pas une seule miette du spectacle de son homme entre les griffes des putains qu’elle avait payé. Elle semblait prendre autant de plaisir d'observer qu’à y être et ça n’avait rien d’étonnant, elle aimait mener la danse.

- Quant à Aldaron, laisse-moi m’en charger, je m’approcherais au plus près, jusqu’à tenir sa vie entre mes doigts..

Le ton de l’ancienne vampire sonnait lourd de menace et presque un murmure lorsqu’elle plongeait sa tête dans le cou de son amante, enfonçant ses crocs dans sa chair, le sang de la vampire lui paraissait soudainement âcre, mais pas désagréable le geste sonnant à son corps comme particulièrement érotique.

- Laisse moi choisir pour toi.. La justice ou la vengeance. Que vais-je choisir ?

Sintharia léchait ses lèvres légèrement maculées du sang noir de la vampire en attendant la réponse de son cher époux, donnerait-il la bonne réponse ?

Dernière édition par Sintharia Dalis le Ven 8 Juin 2018 - 2:13, édité 1 fois

En temps normal, Toryné serait rentré immédiatement dans le jeu de séduction et de provocation de sa fille. Plus qu’un jeu, c’était presque le sport phare des Dalis, chaque confrontation était unique et le résultat… des plus délectables. Cependant, le sublime androgyne n’accorda même pas un regard vers sa fille et sa suivante, non par défi, à vrai dire, Toryné ne faisait pas vraiment attention à ce qu’il se déroulait devant lui, prisonnier de son esprit et des souvenirs d’un passé dont il ne semblait pouvoir se détacher.

Cependant le vampire dû bien sortir de sa torpeur horrifique, l’odeur du sang et l’arrivé des filles y aidant en grand parti. Les deux choses dont il raffolait le plus en ce monde ou du moins, celle dont sa consommation atteignait des records. Ce fut donc plus qu’étonnant que de voir l’hédoniste adopté une telle passivité, alors même que les cinq nouvelles venues s'affairaient déjà à ce pourquoi on les avait faite venir. Toryné haussa légèrement d’un sourcil lorsque sa servante annonça la nouvelle de la mort de Helmric, dans des circonstances qui amenait très facilement à la conclusion suivante, un assassinat. Le vampire ne connaissait que trop bien le goût et l’habileté du défunt Caladonien pour la chasse pour comprendre immédiatement que l’accident n’était que mensonge, le regard de sa fille venant lui confirmer cela tout en lui donnant le nom de la responsable. Toryné connaissait Helmric depuis qu’il était enfant, et même à cet âge le vampire haïssait déjà l’énergumène, haine réciproque et rendu. En revanche, Helmric n’avait jamais eu l’influence suffisante pour ce ne serait qu'à ébranler l’influence et la puissance du vampire, ce qui ne rendait pas pour autant sa mort inutile, bien au contraire, c’était un soutien de moins pour la carcasse animé.

-Ho mon pauvre Helmric, dit-il sans le moindre sentiment dans sa voix, ta nature d’être pitoyable et insignifiant t’aura permis de survivre un certain temps… Quelque part, c’était ironique, si Toryné ne s’était pas brouillé avec Aldaron, sûrement le malheureux serait-il encore de ce monde, était-ce cela ? Mourir pour un autre.

En tout cas, cela ne semblait pas suffisamment pour amuser le conseiller, ni même lui décrocher un moindre sourire. Toryné sentait par ailleurs les premiers vents de panique qui parcourait les damoiselles qui œuvraient désespérément pour le plaisir charnel du vampire. Leur avait-on vanté l’hédoniste qu’il était, leur avait-on raconté que chacune d’entres elles tomberaient d’épuisement une fois la concupiscence monstrueuse de l’androgyne réveillé ? Quoiqu’il en soit, pour le moment, aucune réaction ne faisait ressentir du côté du seule mâle de la pièce. Hélas, pour elle, Toryné était bien trop pensif pour l’heure actuelle.

Un sourire, léger, mais bel et bien un sourire. Ce miracle apparut lorsque Sintharia fut ce commentaire, manquant cruellement de subtilité, sur les “vertus” du plaisir oral et sur la symbolique que sa fille amenait avec cela. Cela n’était pourtant pas le genre d’humour dont il raffolait particulièrement, mais peut-être était-ce une certaine fatigue spirituelle qui le rendait meilleur public. Néanmoins, ce sujet n’en restait pas inintéressant, l’équilibre entre le faussement dominé et le dominé, il en avait connu certains déboires… mais cette époque était révolue. Un éclair de lucidité vient le sortir de son état de frigide, brusquement, c’est un grand sourire qui apparut sur son visage, son regard reprit toute sa malice habituelle, la bête lubrique et orgueilleuse était parfaitement réveillé à présent.

Toryné se saisissa de la coupe de sang qu’on lui avait docilement servi, attirant l’une des jeunes femmes, il força cette dernière à en boire le contenu. La victime de sa cruauté enfantine n’eut pas le temps de recracher le liquide, immonde pour son espèce, que les lèvres du vampire vinrent déjà se coller aux siennes, récupérant le liquide, qui pour lui était le plus doux des nectars de ce monde.

Une fois l’intégralité du sang bu, Toryné agrippa une autre des filles, laissant la précédente à sa toux, portant la nouvelle sans difficulté,de par sa force de vampire, sur le bureau lui faisant face. Déjà dévêtu par ce cortège dédié à la luxure, le vampire rendit cette courtoisie en déchirant les vêtements de celle qu’il s'apprêtait à “honorer”.

Alors commença l’œuvre du virtuose charnel, l’hédoniste fit usage d’une certaine violente, secouant le bureau, faisant douter de la stabilité de ce dernier. Écouter sa fille devait un peu plus ardu, entre le bruit du meuble violemment secoué, ainsi que les cris de la jeune femme tout aussi violemment secoué, le tout accompagné des quatre autres, occupés à stimuler différentes zones érogènes de son belle anatomie. Autrement dit, la concentrer n’était pas des plus aisées dans cette situation, malgré une certaine habitude pour ce genre de situation. De ce qu’il entendait, les paroles de sa fille lui plaisaient, lui donnant un certain cœur à l’ouvrage, mais le vampire savait très bien qu’il devait apporter une réponse à cette question qui ne l’invitait pourtant pas à répondre.

-La vengeance ? Le mot le fit rire, on ne se venge que de ceux que l’on estime, de ceux qui ont pu nous atteindre… la justice, c’est l’acte du puissant qui vient châtier le misérable qui a osé outrepasser sa stature en oubliant sa nature profonde…

Des paroles lourdes de sens, transcendant de la nature de l’esprit du vampire tri-centenaire. Il n’en rajouta pas d’avantage, laissant sa fille avec ses paroles d’une sagesse bien sombre, tout en continuant à honorer son présent.

Les réjouissances continuaient, il était amusant que de penser qu’à l’origine, Toryné avait convié sa fille afin d’asseoir une certaine discipline sur son amour immodéré pour la liberté. Cependant, au lieu de cela, il se retrouvait à satisfaire l’une de ses pulsions les plus gourmandes, la luxure ne l’avait jamais quitté depuis qu’il avait rejoint le peuple de la nuit et surtout, la famille Dalis.

-Il n’avait donc rien pour lui. Se contenta d’ajouter l’androgyne quant au commentaire de sa fille sur les piètres performances du défunt. Par ailleurs, bien qu’il s’agisse d’un fait que le vampire avait depuis longtemps remarqué, sa fille avait cette tendance à coucher avec ses adversaires, ou du moins opposant. Bien entendu sa fille, bien moins regardante que lui sur ceux qu’elle invitait en son sein, avait à son actif tellement d’amant, que quelque part ses ennemis se noyaient dans la masse. Cependant, il avait cette conviction que de coucher avec l’ennemi, lui procurait un certain plaisir, l’excitation du danger et de l’interdit sans doute, ou alors juste cette impression de défier l’autorité.

Quoiqu’il en soit, cela pouvait s’avérer à double tranchant, l’avantage venait d’être prouvé aujourd’hui, Sintharia était une assassine hors pair, qui pouvait sans mal éliminé bon nombre d’ennemi et justement cela forçait une certaine prudence de sa part, après tout le conseiller avait décidé d’opter pour une certaine méfiance, du moins pour un certain temps. Par conséquent, il passa sous silence certain point qu’il aurait abordé avec elle en temps normal, comme le fait qu’il avait repris dans l’ombre, le maniement de l’épée, ainsi que certain projet, bien qu’encore incertain.

-Je ne te l’ai jamais appris… car le pardon est un concept qui s’approche davantage à une trêve, lâchement déguisé et… motivé par peur... plutôt que…

Il ne termina pas sa phrase, car au même moment, sa partenaire de l’instant poussa un long gémissement, non loin d'un hurlement. La malheureuse, exténuée par la violence et l’expérience de l’hédoniste, avait finalement fini par succomber. Le vampire quant à lui était loin d’en avoir fini, empli de désir et d’orgueil, il laissa la première fille essoufflée sur le bureau, il se posa sur son fauteuil, s’y affalant littéralement, invitant une deuxième à venir le rejoindre, recommençant un véritable éloge à la luxure, sous les rires malicieux de celle qui ne restait que spectatrice pour le moment.

Moins brusque cette fois-ci, il pouvait bien plus facilement tenir une conversation, cependant l’agencement des corps choisi avec sa nouvelle partenaire, empêchait le contact visuel avec Sintharia.

-Dis-moi, ton appétit pour la chair a-t-il été également bouleversé par cette immaculation ? Tu me sembles.... bien calme.

Effectivement, non pas qu’il invitait sa fille à forcément le rejoindre dans ses ébats, bien que cela n’aurait pas été de refus, loin de là. En revanche, de la voir ainsi, juste observatrice, alors qu’il y avait encore trois filles de libres et surtout sa suivante, sublime créature comme toutes les servantes Dalis, dont le recrutement était méticuleusement organisé par lui-même. Cette interrogation lui était venu tout naturellement, car il connaissait suffisamment sa fille, tout particulièrement dans ce domaine, pour se rendre compte de l’étrangeté de la situation. Il avait ensuite fait une simple corrélation, la dernière fois qu’il avait vu sa fille, elle était une “morte”, par conséquent, c’était forcément sur ce changement de statut que son esprit se dirigeait.

Il n’en rajouta pas davantage, préférant attendre la réponse de son amante et continuer quant à lui à ne pas se priver de ce que la soirée lui offrait.

Sintharia ne put le voir, mais le visage de celle qui se voulait sa mère se renfrogna légèrement quant à ses paroles. La sexualité était une thématique presque omniprésente chez les Dalis. En effet, nombre de conflits internes ou de divergences d’opinions avaient été réglés par le plaisir charnel à outrance, cela pouvait sembler exagéré de le dire ainsi, mais il s’agissait là d’un mode de communication et d’une instance primordiale pour le bon fonctionnement de la famille.

Cependant, sa fille était restée assez obscure sur ce sujet, l’invitant surtout à venir découvrir le fond de la chose une fois qu’il en aurait terminé ici, ce qu’il ne manquerait pas de faire.

En revanche, ce ne fut pas la seule chose que Toryné retenu parmi les paroles de sa fille, en effet son dernier commentaire laissait entrevoir ce que Sintharia avait prévu pour les cinq damoiselles, était-ce là la jalousie abusive habituelle de sa fille ? Après cette dernière n’avait pas hésité a tué ses propres frères et sœurs par le passé, alors des catins ? Au moins, voilà quelque chose que l’immaculation n’avait pas retiré à son amante, ni sa froideur quant aux meurtres, ce qui était en soi de bonne nouvelle pour la matriarche Dalis.

-J’essayerais de ne pas faire de ton attente un véritable supplice. Fut sa seule réponse, toujours dans un ton dont la malice n’était point dissimulé.

Combien de temps Toryné prit pour “s’occuper” de ses jeunes femmes ? Il n’en avait aucune idée, il n’avait jamais eu une bonne notion du temps, surtout dans de pareilles activités.

Désormais il n’avait plus qu’à rejoindre sa fille, pour lui les réjouissances n’étaient guère fini, dire que ces filles n’avaient été qu’une simple introduction pour cette soirée était loin d’être faux. En revanche, avant d’aller rejoindre sa fille, le conseiller laissa son âme de grand seigneur parler, ses partenaires d’une nuit ne connaîtraient pas une fin funeste ce soir. Ainsi, l’hédoniste, en plus de fournir une bourse bien remplie aux damoiselles, les invita à quitter les lieux, les éloignant de la jalousie destructive de sa première-née.

Cela pouvait sembler étrange venant de lui, en effet Toryné, bien que considéré sur la scène publique comme un conseiller vampire pro-pacifiste et ouvert à l’ouverture des vampires aux mondes. Cependant, la vérité derrière cela était bien plus sombre, le vampire faisait peu de cas de la vie en général, meurtre, esclavage, tout cela ne l’affectait guère. Cependant, ce dédain de la vie, ne faisait pas lui un sadique, ou un tortionnaire, il fallait davantage y voir une indifférence plutôt qu’un plaisir. Aujourd’hui, son caprice était d’épargner ces jeunes femmes et de les affranchir, puisse-t-elle profiter de leur chance.

Ce ne fut qu’après cela, que le sublime androgyne alla retrouver sa fille et principale amante. Cette dernière dormait, ce qui étonnait tout d’abord Toryné, oubliant pendant un bref instant que désormais, le sommeil était un besoin que devait satisfaire sa fille. La suivante de sa fille, était assise lisant un livre tout en veillant sur cette dernière, elle voulut se lever, afin de saluer son maître avec le respect qui lui était dû, cependant le vampire l'arrêta d’un simple geste de la main.

Il se posa doucement à côté de son enfant, un regard et un sourire maternelle se dessinant sur son visage alors qu’il passait sa main dans les cheveux de la jeune immaculée. Cela lui fit presque regretter ses prises de décisions drastiques dues aux symptômes de méfiance qui naissait en lui à l’égard de sa fille. Malgré cela, il annulerait rien, car le vampire ne savait que trop bien qu’on ne régnait pas avec les sentiments, la prudence restait de mise, ce qui ne l’empêchait pas de savourer ce moment.

-Réveille-toi, sublime cygne d’ébène… murmura-t-il avec une douceur dont seules les mères avaient le secret.

Et pourtant, si cette scène pouvait sembler touchante, elle n’était que le prélude à quelque chose de bien plus sauvage et bien tendre. Après tout le vampire était là pour une chose et Sintharia le savait très bien, la douceur maternelle de l’hédoniste, ne rajoutait que davantage à la dimension malsaine de ce couple.

Un léger ricanement sorti de sa fine bouche lorsque sa fille demanda avec une fausse innocence ce qu’il désirait. Tous deux savaient très bien ce qu’il allait se passer, ce n’était ni la première fois et très certainement pas la dernière.

-Tout, voilà ce que je désire, lui murmurra t'il.

Désormais, il était temps de goûter à la nouvelle condition de sa fille, à sa vie, à la chaleur de son corps. Toryné n’avait aucun problème avec cela, il avait goûté tout aussi bien aux chairs froides que chaudes durant toute sa vie, cependant, il ne savait que trop bien que certain, pouvait se retrouver dérangé par la froideur des vampires, mais serait-ce désormais le cas de sa fille ? De tout son être, il espérait que non.

-Aurais-tu des raisons de me craindre ? Répliqua-t-il avec autant de douceur, esquivant volontairement la question que lui posait son amante. Trop de questions restaient sans réponse dans l’immaculation, Toryné en chercherait les réponses et ce soir en serait l’occasion idéal pour commencer.

Ainsi, l’hédoniste laissa sa fille venir à lui, la sentant tout d’abord frissonner au contact de sa froide et divine chaire, mais très vite, Sintharia semblait outrepasser cela, se laissant aller aux désirs qui l’animait. Un baiser, douce introduction à leur future union charnelle, sentir la chaleur de sa fille ne lui déplaisait pas, bien au contraire, il avait même hâte de redécouvrir ce corps qu’il ne connaissait que trop bien, mais désormais animé d’un feu intérieur.

-Qu’elle est cette hypocrisie que j’entends là ? Quiconque viendrait me satisfaire goûterait à ton châtiment, je me trompe ? La question était purement rhétorique pour le vampire, tout deux ne pouvaient ignorer la jalousie meurtrière de l’un. L’ego de l’androgyne s’en abreuvait sans modération, il se sentait comme divinisé que de voir un être tuer pour lui, surtout pour ce genre de motif.

Cet attachement compensait l’absence d’une famille nombreuse dont Toryné avait toujours rêvé, bien que la nature frivole de sa fille posait par moment certain problème, sa jalousie, son affection immodérée et ses méthodes extrêmes et violentes venaient compenser cela.

-Cesse donc de penser à ses filles, cinq fillettes parmi des milliers d’autre, elles ne représentent absolument rien. Pense donc à l’important, toi et moi. Mégalomanie qu’il ne dissimulait pas, Toryné s’était toujours vu comme au-dessus de la masse, que ce soit des hommes, des elfes ou de son propre peuple, lui appartenait à une élite et à ses yeux cela lui donnait tous les droits, ses caprices faisaient lois.

Il mordit délicatement l’oreille de sa fille, ou plutôt, il la mordillait, sans la faire saigner, cherchant principalement à la titiller.

-Je meurs de désir mon cygne obscur, montre moi l’intensité de la flamme qui désormais t’anime, vient donc faire fondre la sculpture de glace que je suis. Sa voix était suave et suppliante, toute l’envie du vampire transparaissait dans ses mots, il avait faim de chair et réclamait désormais qu’on vienne étancher ses pulsions.

- Alors tu auras tout.

Elle avait dit ces quelques mots d'une voix suave, sublimée par les notes de sucre et de miel de sa voix.

- Tu es un vampire, et je suis.. Autre chose. Vais-je vieillir ? Vais-je mourir ? Je déteste ne rien savoir ! Elle tâchait de prendre un air faussement indigné en sentant le détournement de question que faisait son époux, elle aurait aimé qu'il la rassure. Ce corps est devenu si faible par rapport à autrefois.

Les questions se bousculaient dans son esprit et la courtisane n'arrivait à en tirer aucune réponse, elle semblait être en grande détresse vis-à-vis de sa nouvelle situation, elle se sentait faible, inutile, presque moins désirable.

- Je ne voudrais pas te voir t'enfuir dans les bras d'une autre, je connais les hommes et je te connais, tu finiras bien par te lasser de moi. Surtout si je ne suis plus en mesure de te combler. Je ne le supporterais pas, j'en mourrai ! J'en meurs déjà de jalousie !

Elle pourrait mourir de jalousie, ou tout simplement de tristesse de ne plus avoir le cœur du cygne pour elle-même, il était sien et elle ne le laisserait jamais à aucune femme ni à aucun homme, pas de sa propre volonté en tout cas. Elle était jeune, elle n'avait vécu qu'une seule seconde dans le monde des vampires depuis sa renaissance, et l'immaculation lui avait arraché le peu de chose qu'elle connaissait. Sintharia était encore jeune, ses sentiments dominaient bien plus que sa propre raison, et ce n'était pas un mal, il lui faudrait du temps pour raisonner différemment, il lui fallait apprendre. Mais comment apprendre quand toutes les bases s'effondraient ?

Mais elle savait que les désirs de son époux faisaient loi, et elle devait s'y plier, alors elle mettait de côté ses questionnements pour contenter le plaisir du vampire, lui livrant son cou tout en s'occupant de laisser ses mains voguer sur le corps androgyne de celui qu'elle aimait. Elle avait l'impression que sa peau brûlait au contact de la froideur de celle de son mari, elle frémissait tentant de contenir ses soupirs en vain, plus réactive et sensible qu'à l'habituelle.

La jeune femme ignorait combien de temps dura leur étreinte, mais elle avait fait largement plus que son devoir, elle s'étirait contre le corps du conseiller, particulièrement courbaturée, le froid ne la rebutait plus, c'était le meilleur et le seul endroit au monde où elle avait envie d'être. Jouant distraitement avec une mèche blanche du vampire.

Finalement Sintharia, eue raison de l’énorme appétit lubrique du vampire. Sourire aux lèvres et yeux fermés, il s’étirait félinement alors que son amante était allongée sur lui, s’amusant avec sa blanche chevelure en bataille désormais, ce qui n’était pas étonnant après ce qu’il venait de se produire.

Cependant, son esprit n’en restait pas moins en activité, les interrogations émises plus tôt par sa fille étaient également les siennes et venaient triturer son esprit. Que ferait-il si, sa fille était de nouveau sujette aux immondes serres de sénescence ? Plus que tous dans ce monde, Toryné méprisait la laideur, la beauté physique représentait pour la forme d’art et d’accomplissement la plus sublime de ce monde. Très égocentrique dans sa vision de la splendeur, pour lui la beauté était avant tout féminine, mais surtout jeune, la vieillesse était à ses yeux une véritable tare de l’humanité. Là où certain pointait le vampirisme comme malédiction, Toryné lui voyait cela comme une bénédiction, les épargnant de cette déchéance programmée, prémisse d’une mort que les vampires ne connaîtraient jamais.

Par conséquent la question de l’immaculation était plus que centrale, si sa fille était amenée à vieillir pourrait-il encore l’aimer, au fond de lui, l’hédoniste connaissait déjà la triste réponse. Cependant rien n’indiquait encore que les nouvellement appelés Sainûrs soient atteints par la vieillesse, reprendre vie ne signifiait pas redevenir mortel sur le plan temporelle, après tout les elfes ne présentaient pas de signe de vieillesse et pourtant vivaient pendant de nombreuses années, eux aussi par ailleurs semblaient atteints par l’étrange phénomène.

Une autre question découlait de tout ça, quelque chose de bien plus inquiétant, était-ce contagieux ? Loin d’affirmer qu’il puisse s’agir d’une maladie, le peu d’information actuellement en sa possession tendait vers quelque chose de similaire. Pour le moment, Toryné ne souhaitait pas connaître ce bouleversement dans son être, en effet si les Sainûrs vieillissaient, il n’y survivrait pas, il le savait, de plus l'apparition des veinules cuivrés, comme celle sur le corps de sa fille, ne lui plaisait guère, non pas qu’il les trouvait laids, mais Toryné aimait avoir le contrôle de son corps et donc de sa beauté corporelle, ces veinules pourraient détruire un équilibre délicat et parfait.

-Cela me fait bizarre d’entendre ton cœur battre, mais cela n’est pas déplaisant. Sa voix mielleuse ne laissait pas transparaître toute sa réflexion, pour le moment, il était inutile de partager ses craintes avec Sintharia, car il avait bien plus important à gérer avec cette dernière. Indirectement, il pensa également à quel point pouvoir entendre le cœur sa fille pourrait s’avérer utile dans cette période où la confiance était si fragile. Cela, te manque-t-il ? Être une créature de la nuit, je veux dire, rajouta-t-il par la suite, désireux de connaître le ressenti de son amante sur sa condition. Quelque part, le lien mordant-mordu n’existait plus vraiment entre eux et bien qu’il considérait toujours Sintharia comme sa fille, cette prise de conscience lui faisait véritablement bizarre.