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descriptionLe pire est celui qui gouverne par l'amour et en joue comme d'une harpe. - Ilyanth, Toryné. EmptyLe pire est celui qui gouverne par l'amour et en joue comme d'une harpe. - Ilyanth, Toryné.

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Nuit du 5 Décembre.

L’elfe était toujours dans les mêmes apparats, arborant une robe blanche légère qui bien que dévoilant quelques cicatrices soulignait sa beauté naturelle, préférant délaisser son armure à cause de la chaleur bien qu’il faisait nuit, elle était bien trop proche de la nature pour rester dans les souterrains bien qu’il y fasse plutôt frais, l’endroit était désert et un peu de solitude ne lui ferait pas de mal.

Elle était assise sur un banc jouant de la harpe, cela faisait longtemps qu’elle n’en avait pas joué, mais ses doigts étaient toujours autant agiles et rapidement la musique se faisait entendre dans la clairière de la grande mère, un lieu calme et surtout vide de personne, les gens dormaient à cette heure-là, à son grand bonheur, les notes se mêlant au bruit du ruisseau. Néanmoins, la mélancolie la gagnait rapidement, elle n’avait jamais su jouer des choses joyeuses. Elle se souvenait d’avoir déjà joué ce morceau à de nombreuses reprises, il avait été la berceuse de ses deux enfants, et c’était cette musique qu’elle jouait quand son fils s'entraînait.


La noble avait réussi à renouer un peu avec elle-même, s’adaptant parfaitement au mode de vie des baptistrels, néanmoins elle aimait s’isoler surtout par une nuit comme celle-ci, propice à la méditation, elle n’aurait jamais pu prêter serment, elle n’aurait pas su non plus contenir son épée puisqu’elle était une guerrière. Mais elle avait besoin de repos et ce lieu était le seul qui lui permettait pleinement de le faire. Elle ignorait les pas qui s’avançaient dans sa direction, continuant à jouer cet air, qui concordait parfaitement avec son humeur.

Ses pensées allaient à ce qu’il restait de sa famille et tout autant au cawr cher à son cœur, elle y pensait presque bien trop au moins plus que ce que la décence lui permettait.

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Le mois de décembre venait de débuter et plusieurs mois s’étaient écoulés depuis cette sombre journée où Ilyanth avait retrouvé son amie, grelottante et dégoulinante de pluie, près du cadavre d’un smilodon, dans les profondeurs de la jungle de Néthéril. Hantée par l’ombre de son passé tragique, la Gerridae semblait presque prête à se donner la mort ou à fuir quiconque tentait de l’approcher, y compris les êtres qui lui étaient les plus précieux. Le Chantefeu avait dû user de toute son empathie et de sa capacité de persuasion pour la convaincre de le suivre au domaine afin qu’elle y soit en sécurité. A son grand soulagement Ithrinn avait accepté sa proposition, d’abord pour une seule nuit qui s’était ensuite prolongée en mois. Et le maître-barde éprouvait une certaine joie à côtoyer cette amie si chère à son cœur, mais qui s’était tenue loin de lui durant de nombreuses années en raison de son vécu tragique.

Depuis son arrivée au domaine, l’Azurée paraissait s’être métamorphosée, troquant souvent son armure de membre de la garde royale et sa lourde épée, pour les magnifiques robes, constituées dans une étoffe soyeuse, que revêtaient généralement les femmes de la noblesse Elfique, et qui rehaussaient sa beauté naturelle.

Cette nuit-là le maitre-barde ne parvenait pas à trouver le sommeil, aussi décida-t-il d’aller se promener à l’extérieur du domaine afin de profiter de la fraicheur de l’atmosphère ou admirer le ciel étoilé. Celui-ci venait à peine de faire quelques pas qu’il entendit le son d’une mélodie jouée à la harpe résonner autour de lui. Il ferma les yeux, se laissant bercer par cette musique à la fois douce et mélancolique dont chacune des vibrations s’adressait à son être. Qui pouvait bien jouer une telle musique et à une telle heure ? Le chanteur à la voix ardente se laissa guider par les notes et bientôt il aperçut la silhouette d’une femme-elfe, assise sur un banc et  vêtue d’une robe opalescente, qui lui conférait un aspect éthéré et évanescent. Celle-ci semblait entièrement concentrée sur son instrument et ignora les pas de son ami qui se rapprochait doucement d’elle et vient prendre place à côté d’elle sur le banc. Il demeura silencieux, attendant qu’elle achève de jouer, afin de ne pas gâcher l’harmonie de cet instant magique et quand la dernière note s’éteignait, l’elfe solaire lui dit en esquissant un sourire plein de douceur :

- Bonsoir Ithrinn, j’espère que tu ne m’en voudras pas te tenir compagnie un moment. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil et j’ai décidé de sortir prendre un peu l’air.  Je trouve que tu joues divinement bien de la harpe. Cette musique était envoûtante, à la fois remplie de douceur et de tristesse. Est-ce qu’elle incarne le reflet de tes ressentis de cette nuit ?

Le lié du feu songea que la musique représentait en quelque sorte le langage de l’âme et qu’elle reflétait son état-d’ esprit du moment. Si la peine l’envahissait les notes qui s’échappaient des cordes de sa harpe ou de sa flûte vibraient de tristesse et si au contraire son cœur était rempli d’allégresse l’elfe ne pouvait s’empêcher de jouer un air entraînant.

Le Chantefeu couvait son amie de son regard menthe à l'eau, se demandant quelles pensées hantaient son esprit à cet instant et si elle se confierait à lui, du moins si tel était son désir.

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Les vampires ne dorment guère et même si cela avait été le cas, Toryné n’aurait pu fermer l’œil. D’ici peu, sa vie s’achèverait peut-être, son esprit se triturait encore et encore, cherchant des solutions alternatives là où il n’y en avait aucune autre, le chemin qu’il empruntait était sa seule option, hélas pour lui.

Au fond de toute sa perfidie, il ne savait que trop bien qu’il était le responsable. Il avait commis des erreurs et son orgueil l’avait aveuglément fait penser qu’il n’en paierait pas les conséquences. Cependant, pour lui, on l’avait poussé à l’erreur, ce maudit bourgmestre, sa parjure de fille, cette opportuniste rêveuse d’Irina… Eux tous l’avaient acculé, que cela soit conscient ou non, pour Toryné cela ne faisait aucun doute, beaucoup trop souhaitait sa chute… Il en était donc réduit à jouer son existence, dans un quitte ou double mortel, il cherchait à mettre tous les moyens de son côté, mais il restait bien trop de risque, de zone d’ombre et de hasard et cela ne lui plaisait pas.

Alors il errait, l’androgyne agissait souvent de la sorte lorsque son esprit était torturé, il marchait aléatoirement, sans vraiment faire attention où il allait, laissant ses sens le guidé. Parfois, le vampire chantait, il avait une belle voix, sublime frontière entre les genres, mais aujourd’hui il préféra rester silencieux, pour quelconques obscures raisons.

Par ailleurs, il ne portait pas ses belles robes habituelles, au contraire, c’était l’armure des vampires qu’il portait. Non pas celle de cuire, comme beaucoup aurait pu penser voir sur un vampire fin et gracieux comme lui, mais en métal, une armure renforcé pour un guerrier de première ligne. Étrangement, cela n'enlevait rien à sa féminité. Bien au contraire, l'armure bien qu'en acier, restait proche de ses formes, il avait donc un déhanché très félin et quelque part, ses courbes arrondis et ses aires sveltes en semblaient même amplifiés. Une danseuse de guerre, c'est ainsi qu'on aurait pu le définir.  Ce n’était un secret pour personne que Toryné avait été militaire, mais beaucoup trop ignorait qu’il avait été dans l’escadron du fléau rouge, massacrant à tour de bras ceux qui s’opposaient aux royaumes. C’était il y a un certain temps désormais, Toryné pensait avoir abandonné son passé de militaire pour l’éternité, par conséquent, il n’avait pas continué à perfectionner sa maîtrise de l’épée et avait énormément perdu. Bien que récemment, le vampire avait repris la pratique, il n’avait pas encore recouvré toutes ses capacités, pour son plus grand malheur.

Puis alors qu’il continuait son errance, son attention se porta sur un son, ou plutôt une mélodie. Belle et mélancolique, comme lui ce soir. Comme envoûté, le vampire s’y dirigea, se laissant, comme dit précédemment, guidé par ses sens.

Il ne trouva l'origine de cette mélodie que lorsque cette dernière s’arrêta, arrivant proche de deux elfes, un homme et une femme, ces derniers ne semblant pas encore l’avoir remarqué pour le moment. Il s’approcha d’eux alors, doucement, espérant quelque part qu’il n’aurait pas l’air menaçant dans ce lieu dédié à la paix.

-Mes sincères salutations, dit-il pour annoncer sa présence une fois à une distance suffisante pour se faire entendre sans pour autant trop élevé la voix. Veuillez m’excuser de vous importuner, mais l’agréable mélodie que je viens d’entendre à guider mes pas jusqu’à vous et…  

Maintenant que le vampire s’était rapproché, il reconnut le visage de l’un des elfes, une personne qu’il avait déjà rencontré il y a de cela quelque temps, à Aerthia.

-Ithrinn Awarlith… dit-il comme un murmure. Je ne pensais pas vous revoir ici, je suppose que la mélodie venait de vous, en effet, il pouvait désormais remarquer la harpe que tenait l’elfe. Vous faites honneur à votre nom de part votre doigté ma chère.

Il se tourna ensuite vers l’autre elfe, le gratifiant d’un léger sourire.

-Mais je manque à tous mes devoirs, je suis Toryné Dalis, Conseiller du Royaume Vampirique, seriez-vous à tout hasard un baptistrel, comme cette chère dame Aramis ?

Il mentionna le fait qu’il connaissait, Aramis Thredë, était-ce pour se montrer sous un jour plus sympathique son armure et sa race laissait paraître ? Seul l’esprit de l’androgyne le savait.

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Comment le Cawr aurait-il pu gêner à un seul moment l’elfe ? Il était un ami et un confident de valeur et peut-être même plus. Elle se sentait en quelque sorte libérée par sa présence, la chaleur de son ami s'immisçait en elle et réchauffait jusqu'à ses os. Elle ne s'arrêtait pas de jouer, prête à l'accueillir à ses côtés.

- Oh bonsoir mon cher Ilyanth, viens donc t'asseoir près de moi que je puisse avoir ton esprit avisé sur le sujet de ma méditation. Elle reprenait lentement ses notes, les yeux mi-clos, principalement concentrée sur la mélodie. L’on peut dire ça, cet endroit est propice à la mélancolie, je jouais cette berceuse à mon fils quand il était enfant, cela l'apaisait immédiatement.

Elle ignorait pourquoi elle avait souvent caché ce genre de talent, elle avait un doux sourire à ce souvenir, une époque agréable dont il était bon de se rappeler, elle reprenait la parole ensuite.

- Je me sens apaiser cette nuit, même si je ne parviens pas à trouver le sommeil, je crois que j’ai enfin accepté ce qu’il s’est passé, et mes pensées sont occupées par des choses plus gaies. Maintenant, c’est.. Vous.

L’elfe eut un frémissement d’horreur en voyant la tenue du vampire, laissant une fausse note s'échapper et l’obligeant à s’arrêter de jouer et d'immondes souvenirs lui revenaient en mémoire, l’odeur du sang, les flammes et les cris des siens, elle baissait la tête faisant mine de d’accorder sa harpe, mais la supercherie était facile à deviner pour qui connaissait le coeur des mortels. Son coeur et son souffle se figeait une seconde, et pendant un instant elle eut l’air d’un animal surpris, son instinct s’activait, cherchant durant une micro-seconde la garde de son épée et un animal surpris pouvait être particulièrement dangereux. Mais tout cela s’effaçait rapidement derrière une politesse de façade, tandis que son cœur qui était au bord de la rupture tâchant de retrouver son calme et n’importe quel elfe ou vampire aurait pu sentir sa détresse et son affolement qui dura pourtant qu’une poignée de secondes.

- Conseiller Dalis.. Un plaisir de vous voir par ici, bien loin d’Aerthia. Étrangement le compliment sonnait particulièrement, faux, sans doute à cause de ses mauvaises expériences avec les vampires. Vous vous êtes égarer bien loin de chez vous dans une tenue inhabituelle par ici et peu adaptée au climat de la savane.

Elle n’avait pas l’air d’être spécialement amicale, mais personne ne saurait lui en vouloir, elle avait eu un passé douloureux et particulièrement difficile, néanmoins les deux êtres que tout opposait semblait s’être déjà rencontrés par le passé. Et elle était hermétique aux flatteries de la créature de la nuit. Son visage se renfermant.

Par la suite, elle laissait distraitement le chantefeu gérer la suite de la conversation, cela valait mieux pour elle, cherchant à se protéger de la moindre influence néfaste qui pourrait la faire replonger dans ses abysses. Elle était bien moins guérie que ce qu’elle aurait cru, et la blessure pourrait s'ouvrir de nouveau.

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La nuit était fraîche, de cette fraîcheur agréable qui correspondait au climat tropical de l’ile de Néthéril et le ciel nocturne dépourvu de nuages laissait apparaître les lueurs stellaires et l’orbe lunaire dans toute leur splendeur. Ce nouvel archipel était si différent des forêts de l’ancien Royaume Elfique et des cimes enneigées où un second domaine avait été érigé après la destruction du premier. Le domaine rebâti sur l’archipel de Tiamaranta était en réalité le troisième et les Baptistrels exilés d’Ambarhùna avaient emporté leurs idéaux de paix, à travers l’océan, jusqu’à ce nouveau monde. Ils incarnaient en quelque sorte le symbole d’une incroyable résilience face à la tourmente des événements et de la capacité à se relever même après l’anéantissement, tel l’oiseau de feu capable de se consumer entièrement et de renaître de ses cendres.

Ilyanth prit place doucement auprès d’Ithrinn, non s’en avoir la délicatesse de s’informer auparavant auprès d’elle si sa présence n’était pas incommodante. En effet, ce dernier ne désirait pas détruire la bulle de sérénité au sein de laquelle son amie s’évadait grâce à la musique. Lui-même appréciait de savourer de temps à autre des moments de solitude, aussi ne lui aurait-il guère tenu rigueur d’un tel désir, somme bien légitime. Cependant l’Elfette semblait heureuse de sa venue, et il en éprouva de la joie ; les lippes de l’elfe à la voix ardente esquissèrent un sourire lorsque la jeune femme lui révéla qu’elle désirait bénéficier de ses conseils avisés et lui faire part de ses méditations.

Depuis son arrivée au domaine, outre son étonnante métamorphose physique, qui révélait sa pleine beauté et sa féminité, l’Azzurée semblait davantage capable d’ouvrir son cœur.

Installé à ses côtés, le Chantefeu diffusait une agréable chaleur, à laquelle s’ajoutait les sentiments de bien-être et d’apaisement procurés par son esprit-lié de l’oiseau du paradis et qui faisait de lui un confident des plus appréciés.

En écoutant son chant-nom, le maitre-barde aurait pu sonder les moindres recoins de son âme, connaitre ses secrets inavoués, les tourments qui l’assaillaient, ses bonheurs et ses peines indicibles ; cependant, ce dernier s’y refusait car en agissant de la sorte celui-ci aurait eu l’impression de violer son intimité, de s’introduire à l’intérieur d’un sanctuaire sacré sans y être invité, et préférait ne pas abuser de son pouvoir de Baptistrel. Aussi patientait-il que la Gerridae se confie à lui, à son rythme et de sa propre volonté.

- C’est avec le plus grand plaisir que je t’apporterais mes conseils avisés sur le sujet qui te préoccupe.

Tandis qu’elle continuait à jouer, Ilyanth pouvait admirer ses traits aristocratiques et ses paupières à demi-baissées qui dissimulaient en partie ses mires smaragdines pendant que ses doigts graciles caressaient les cordes de sa harpe, faisant naitre une mélodie envoûtante.
Ensuite, elle confia à son ami qu’elle jouait cette berceuse à son fils autrefois et le lié du feu qui savait que celui-ci n’avait pas survécu comprenait la tristesse et les regrets qui transparaissaient dans cette musique, qui réveillait les souvenirs d'un être disparu.

Tout d’un coup, le Cawr tressaillit, sentant à travers les vibrations du monde une présence qui s’approchait d’eux, dissimulée par le voile de la nuit. Le Baptistrel n’avait pas besoin de voir ou d’entendre ce nouvel arrivant pour deviner grâce aux vibrations de son être qu’il pouvait se montrer perfide et manipulateur.

L’elfette, qui contrairement à Ilyanth, ne pouvait pas percevoir les vibrations des individus, continuait à parler avec insouciance. Soudain, à son tour, elle s’aperçut que quelqu’un les observait et celui-ci se présenta comme étant le conseiller Toryné Dalis et s'adressa à eux d'un ton affable, bien qu'un tantinet mielleux. Son apparence était androgyne et il portait l'armure d'acier des guerriers vampiriques tout en avançant d'une démarche chaloupée et féline.

Ilyanth n’avait pas pour principe de blâmer les êtres et pouvait accepter, sans les juger, même ceux dont le chant-nom était souillée par la noirceur ; toutefois, il ne pouvait tolérer certains actes et seuls ceux qui acceptaient de déposer les armes et de venir l’esprit animé de paix pouvait pénétrer à l’intérieur du lieu sacré que constituait le domaine Baptistral.

- Bonsoir conseiller Dalis. En effet, je suis bel et bien un maître Baptistrel à l'instar d'Aramis Threde. Elle a d'ailleurs été mon mentor et c'est une personne que je respecte énormément.  Ainsi vos pas vous ont conduits jusqu’aux abords du domaine Baptistrel qui comme vous le savez certainement est un sanctuaire sacré, ouvert à tous ceux qui le désire, à condition qu’ils soient prêts à respecter certaines règles, comme déposer leurs armes à l’entrée et ne pas troubler la paix de cet endroit. Les Baptistrels sont pacifiques mais la plupart sont prêts à lutter pour défendre le domaine, leurs idéaux, l'Ordre et les êtres qui leur sont chers. J’espère que vous aurez la sagesse de tenir compte de mes paroles et de ne rien tenter qui aille à l’encontre de ces principes, dit-il d’un ton calme et diplomate, tout en lui adressant un sourire emplie d'aménité.

Il s’agissait là de conseils avisés et peut-être le vampire à la chevelure opalescente aurait la lucidité de les écouter et de ne rien tenter qui irait à leur encontre.  En raison de son serment, l’elfe solaire avait juré de ne jamais ôté une seule vie ni de proférer un seul mensonge et il comptait tenir parole, mais il protégerait cette jeune femme qui lui était chère contre tout ce qui représentait un danger. Par ailleurs, il savait que la violence résolvait rarement les problèmes et qu’il était préférable d’user de sagesse et que la douceur pouvait parfois triompher de l’acier.

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De toute évidence, sa présence ne semblait pas ravir les deux elfes. Ithrinn eut beau faire tous les efforts du monde pour cacher son malaise, ce dernier était palpable surtout pour un être comme Toryné qui avait souvent joué sur ce sentiment. Cependant, cela l’étonna, certes, il ne pouvait pas véritablement considérer l’elfe comme une amie, mais pas non plus comme un ennemi, tous deux n’étaient qu’à peine des connaissances, le conseiller s’étant contenté de lui faire visiter Aerthia, tout en discutant avec elle. D’autre variable devait peut-être rentrer en compte sur les causes de ce malaise, variable qu’il ignorait et qu’il ne chercherait pas spécialement à découvrir.

Pour tout dire, le conseiller se serait sûrement contenter de ses brèves salutations avant de partir et de laisser les deux elfes, contrairement à son habitude bavarde, ce soir le vampire ne cherchait pas spécialement de la compagnie et puisqu’il ne semblait pas le bienvenu. Cependant les paroles du baptistrel l’incitèrent à rester, ce ne seraient que quelques instants de plus. En effet, cela ne plut guère à Toryné, qui ne s’attarda pas sur le ton diplomate et le sourire qu’on lui donnait. Les faux-semblants étaient un art que l’androgyne maîtrisant sur bien des plans et par conséquent, il ne se laissait pas avoir.

-Pour une personne qui a non seulement été votre mentor et que vous respecté énormément, voilà une piètre confiance que vous lui accordez, ne pensez-vous pas qu’elle ne met d’or et déjà mis au courant de vos idéaux et règles ? Il rendit au baptistrel le même sourire qu’il lui avait adressé, imitant également le ton employé, montrant qu'il pouvait jouer au même jeu que lui sans aucun problème. Toryné montra ensuite son fourreau, vide, dévoilant qu’il n’était pas armé. Mais c’est tout à votre honneur que de rappeler avec ferveur vos us et coutume, cependant n’en oublié ceux du monde extérieur, je crains de ne pas avoir eu le plaisir que d’entendre votre nom cher ami. Effectivement, lui s’était présenté à l’elfe, mais ce dernier avait omis de le faire par la suite, ce que le vampire trouva tout bonnement irrespectueux. Nous sommes tous deux des hommes de paix cher Baptistrel, dans le royaume des vampires, c’est avant tout comme un artisan de la paix que mon peuple me considère. Plus opportuniste qu’homme de paix, s’il avait certes toujours émis des opinions proche du pacifisme, les intentions derrière cela était bien moins noble que ceux du domaine, disons que plutôt qu’une nécessité, pour lui la paix était une aubaine pour ses intérêts.

-Je n’aurais pas la bêtise que de vouloir troubler la paix de ces lieux, ma présence n’est point officielle, mais personnelle. C’est avec ma fille que je suis venu, j’ai parlé avec Dame Aramis dans la journée afin que mon enfant puisse jouir de vos enseignements pour un temps… Il se tue lorsque ces derniers mots sortirent de sa bouche, un temps ? Hélas, cela pouvait très bien s’avérer faux, sa fille serait peut-être amenée à passer bien plus de temps ici qu’il ne le voudrait, s’il ne revenait pas d’Aerthia.

Le vampire androgyne eut alors une réaction étrange, il détourna le regard, un air inquiet, voir paniqué se dessinant sur son visage, lui qui pourtant savait contrôler son visage afin de dissimuler ses vraies émotions. L’idée de ne pas revoir sa douce Farianthe le touchait, bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Ironiquement, il avait abordé le sujet de sa fille pour en quelque sorte amadoué son auditoire, le présentant comme la mère qu’il inspirait à être plutôt que le conseiller qui attirait la méfiance, mais il se déstabilisait lui-même. Était-ce véritablement de l’amour qui venait le perturber ainsi, ou alors une blessure bien plus narcissique. Pour le vampire, sa fille lui appartenait, sa vie, son futur, absolument tout, alors, n’était-ce pas là la simple frustration que d’imaginer perdre sa possession ? Amour ou égocentrisme, les deux ? C’était une chose bien complexe à définir et quoi qu’il en était, cela l’affectait, sûrement, il y avait-il aussi la peur et le doute d’une mort possiblement prochaine.

-Je ne pense pas vous importuner plus longtemps que cela de toute manière, dit-il lentement d’une voix bien moins affirmé qu’auparavant. Un double sens se cachait dans cette phrase, dont le sens caché n’était compréhensible que par lui, en effet quelque part ne s’adressait-il pas au monde en disant cela ? Acceptant une mort qui n’était pourtant pas écrit dans la roche, entrevoyant déjà un avenir dans lequel il cesserait d’exister. Il fit un pas sur de côté, comme s’apprêtant à partir avant de ne dire : ”Vos jardins sont d’une grande beauté, je n’ai jamais rien vu de tel, c’est sûrement pour les protéger que vous êtes tant attacher à maintenir la paix, je présume”. Il ricana par la suite, pour une raison qu’il lui était propre.

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Ilyanth se sentait troublé par la présence du Vampire qui était apparu de manière impromptue au milieu de l’obscurité, brisant la quiétude de son tête à tête avec Ithrinn. L’elfe à la voix ardente avait lu à travers ses vibrations que ce dernier pouvait user de malice et recouvrir son magnifique visage d’un masque d’hypocrisie mais également que son âme était habitée par la douleur et de la solitude.

L’empathie du Baptistrel lui permettait de comprendre que l’individu en face de lui était en proie à la plus vive des inquiétudes et qu’il se sentait indésirable parmi eux. Pourtant le Chantefeu n’avait jamais désiré rejeter quiconque et à cet instant son cœur débordait de compassion pour cet androgyne aux prunelles pleines de détresse et une part de son être désirait ardemment le consoler, le rassurer ainsi que dissiper le malaise qui émanait de lui.

- Conseiller Toryné Dalis, sachez que si j’ai pris soin de vous rappeler les règles du domaine ce n’est point car je manque de confiance en Aramis, bien au contraire, je l’estime profondément mais car c’est mon devoir en tant que maître-barde de le signaler aux nouveaux arrivants. Et comme nous ne nous connaissons guère et en vous voyant ainsi vêtu d’une armure de guerrier j’ai pensé, peut-être à tort, qu’il était important de le signaler. Toutefois, je n’avais pas pour but de vous offenser et si tel a été le cas je m’en excuse. Mais je m’aperçois que j’ai manqué à mes devoirs en oubliant de me présenter car j’ai été un peu étonné de vous voir surgir au milieu de la nuit. Mon nom est Ilyanth Neolenn et je suis un Chantefeu, dit-il avec une grande douceur.

Après cela, le maitre-barde s’approcha de Toryné Dalis et utilisa le pouvoir de son esprit-lié de l’oiseau du paradis afin d’apaiser les tourments de son âme et de lui prodiguer une présence agréable. Certes, le chanteur n’était pas naïf au point d’ignorer que l’être qu’il avait en face de lui pouvait se révéler perfide voire commettre des actes répréhensibles selon la morale et les idéaux des Baptistrels mais celui-ci souffrait et sa douleur touchait profondément Ilyanth qui désirait lui prodiguer du réconfort.

- Vous semblez angoissé et en proie à la souffrance. Si vous êtes au domaine ce n’est pas sans raison n’est-ce pas ? Désirez-vous me confiez ce qui vous tourmente ? Si cela est mon pouvoir et ne déroge pas à mes principes alors je tenterais de vous aider de mon mieux. Est-ce que cela est en rapport avec votre fille ?

Neolenn tendit sa main à la peau veloutée et chaude en direction du vampire et il ajouta toujours avec le même ton chaleureux :

- Etes-vous prêt à accepter la main tendue et  à venir vous installer près de nous sur ce banc pour nous conter ce qui vous tourmente ? Je suis capable de percevoir la perte de l’harmonie des vibrations de votre âme et je peux ressentir votre angoisse comme si c’était la mienne.
Spoiler :

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Leur conversation aurait lieu plus tard, cela lui convenait, sa pudeur lui interdisait d'aborder un sujet aussi personnel en public.

- Nous aurons tout le loisir d'en parler plus tard. Fit-elle pour clore leur conversation, tout en douceur. Elle ne désirait pas parler de ce genre de sujet devant un étranger et c'était finalement compréhensible. Et elle tâchait de faire semblant de rien devant leur invité nocturne.

Ithrinn jetait un regard plein de ressentiment à l'égard du vampire, son jugement n'était pas hâtif, elle avait suffisamment erré pendant la théocratie pour reconnaître les attitudes des êtres perfides et faux, impression qu'elle avait déjà eu lors de leur première rencontre, et puis un homme de paix en armure, sans rire. Néanmoins, elle se taisait, le doux elfe saurait se méfier du vampire, il avait toutes les armes pour le faire. Sans doute bien mieux qu'elle. Néanmoins, elle ne pouvait taire une remarque, pour sa propre conscience :

- Une homme de goût tel que vous aurait du se douter qu'errer au domaine dans une tenue comme la votre n'attirerait que de la méfiance, d'autant plus que l'ancien uniforme est facile à reconnaître et teinté de connotations négatives. Et puis il n'est plus utilisé depuis la fin de la théocratie, il me semble, un choix discutable. Ou peut-être est-ce parce que vous savez qu'ici vous ne tromperez personne ? Il n'y avait nulles traces d'agressivité dans le ton de sa voix, juste une vérité brute, bien qu'elle se brisait de nouveau à cause de son ancienne blessure, l'arrivée surprise de l'androgyne avait rouvert cette vieille blessure. Néanmoins, il n'y avait aucune trace de méchanceté dans sa voix. Votre fille n'est pas la seule qui devrait jouir des enseignements baptistraux.

La colère qu'elle ressentait à l'égard des vampires n'était pas infondée et elle ne le serait jamais, elle avait perdu toute sa famille et une partie d'elle-même à cause de ces êtres, et l'immonde cicatrice large de deux centimètres qui barrait tout son cou était là pour le lui rappeler, deux cicatrices étaient visibles sur la peau pâle de l'elfe, plus fine et discrète.La colère qu'elle ressentait à l'égard des vampires n'était pas infondée et elle ne le serait jamais, elle avait perdu toute sa famille et une partie d'elle-même à cause de ces êtres, et l'immonde cicatrice large de deux centimètres qui barrait tout son cou était là pour le lui rappeler, deux cicatrices étaient visibles sur la peau pâle de l'elfe, plus fine et discrète. Elle ne pouvait plus oublier, elle ne devait pas.

Par ses paroles elle cherchait à se protéger et à protéger le doux Cawr bien avant elle-même, elle restait un garde royal, et si elle pouvait éviter de voir un drame se dérouler sous ses yeux, elle le ferait et même mille fois plutôt qu'une, sa dévotion et ses sentiments pouvaient aller jusque-là, se sacrifier pour ce qu'elle désirait protéger.

Elle préférait se concentrer à occuper ses mains sur son instrument, jouant quelque chose de plus doux, plus lent, prompt à l'apaisement, aussi bien pour l'être de la nuit que pour elle-même, se rassurant dans les propres notes qu'elle produisait, aidée de la chaleur de son ami. L'avantage d'une ballade est qu'elle ne viendrait pas gêner la conversation des deux hommes par sa vitesse ou des notes trop fortes.

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Bien entendu, ses angoisses ne perçaient pas inaperçus, non seulement sa gestuelle le trahissait, mais il se trouvait également dans le domaine baptistrel, il ne pouvait cacher pleinement sa psyché en ce lieu. Quoiqu’il en soit, le désormais nommé Ilyanth s’approcha de lui, le vampire ne le regarda pas, mais laissa échapper sur ses fines lèvres dont le rose, bien que léger, était tout sauf naturel, un sourire pour le moins gêner. Il était rare pour le vampire que de laisser transparaître ses émotions de manière involontaire, parmi ses nombreuses compétences, le contrôle de son visage était de celle qui lui avait toujours été utile.

Ce fut ensuite la surprise qui vînt définir l’expression de son visage, alors que Toryné sentait son anxiété en parti s’apaiser, soupçonnant bien entendu l’elfe ne pas être étranger à cela, il ne pouvait guère s’en plaindre, son esprit n’en serait que plus claire. Cependant, la source de son étonnement venait plus de l’invitation du Chantefeu et de la main qu’on lui tendait. Loin d’être le monstre perdu dans une étendue de ténèbres, pour qui tout forme de bonté lui était inconnu où source de méfiance, cependant, c’était tout simplement la confrontation avec un tel état d’esprit. Pourtant, il savait comment était les baptistrels, mais le vivre était particulier. Quoiqu’il en fût, Toryné prit la main du baptistrel, souriant de manière bien plus calme.

-Je ne vois aucune raison qui pourrait me pousser à refuser.

Il se laissa ensuite guider par Ilyanth jusqu’aux au banc où était déjà assise Ithrinn. Coude posé sur ses jambes croisées, ses mains servant de support pour sa tête, le vampire lâcha un léger soupire, avant de finalement répondre aux commentaires de la garde.

-Je peux comprendre votre pensée Dame Awarlith, cependant ne fais pas de jugement hâtif sur ma tenue, avant une question de goût, c’est avant tout le ressenti qui importe ici, tout comme elle, sa voix n’était nullement agressif ou même moqueuse comme lui en avait l’habitude, au contraire, il souhaitait réellement s’expliquer. Voyez-vous il y a longtemps de cela, j’ai traversé une période… disons difficile, je n’avais plus aucune attache, plus de but, je ne voyais pas d’avenir pour mon existence et si l’on m’en avait donné les moyens, je pense très sincèrement que j’aurais mis fin à mes jours. C’était la première que le vampire énonçait cette vérité aussi crûment, habituelle, c’était un sujet qu’il préférait soit éviter soit éluder par quelques pirouettes linguistiques, mais ce n’était que pure vérité, lorsque sa mère l’avait abandonné, tout s'était effondré pour lui, sa faim de vampire avait été la seule force qu’il l’avait poussé à survivre pendant longtemps. Et pourtant il énonçait cette phrase sans sourciller, donnant cette impression de détachement total et pour cause, de nouveau aujourd'hui, la mort était proche. Cependant, c’est en rejoignant mes congénères que j’ai pu me reconstruire et surtout dans l’armée des vampires, mon esprit et mon corps s’y sont endurcie… certes s’était une sombre époque, on m’aurait parlé de paix entre les peuples durant cette période que j’aurais sûrement éclaté de rire, mais je m’égare. Toryné leva les yeux aux ciels, il ne regardait pas vraiment ce dernier, mais il entrevoyait plutôt cette lointaine époque où tout était bien plus simple, un sourire plus triste se dessina cette fois-ci sur son visage, laissant échapper un autre soupir. Cette armure est celle que je portais dans toutes les batailles, j’étais soldat de première ligne et cet attirail m’a toujours protégé des pires blessures, aujourd'hui quand on me regarde, beaucoup peine à croire que je pus être militaire. En effet, aucune cicatrice apparente et une beauté le faisant passer avant tout pour une noble inoffensif. Cette armure… me rassure voilà tout.

Le symbolisme avait son importance pour Toryné et était même parti intégrante de son existence. Par exemple, lorsque le sublime androgyne maquillait son visage, il commençait toujours par sa chevelure avant et terminait par ses lèvres, la couronne de son esprit et la porte de sa parole et jamais il ne dérogeait à cela. Les aspects guerriers de son être n’en étaient pas épargnés, si les armes n’avaient aucune importance pour lui, son armure était le gardien de sa beauté physique et de sa vie.

Il y avait cependant une raison, plus secondaire et politique. En effet, une fois qu’il serait de retour à Aerthia, il comptait bien jouer la carte du traditionalisme, aussi bien sûr les institutions du royaume que sur le côté militaire. L’ancienne armure raviverait le souvenir des vétérans vampires et peut-être un certain nationalisme qui lui serait plus qu’utile par la suite.

-J’en suis désolé si l’armure vous déplaît, il est vrai qu’elle est porteuse de nombreuses connotations négatives, hélas, je ne pense que la retirer maintenant soit la bienvenue. Une simple plaisanterie, bien que l’elfe ne semblât pas enclin à rire ou sourire de quoique ce soit le concernant, car malgré le ton de sa voix qui restait très aimable, il sentait bien le malaise qu’il avait provoqué en elle. Était-ce seulement dû à l'armure ou bien était-ce quelque chose de bien plus profond, du racisme, cela n’était pas rare chez les elfes surtout envers les vampires. Cependant, rien ne servait à interroger directement Ithrinn sur le sujet, il ne serait pas aussi brut et encore fallait-il qu’il désire avoir des réponses. Son esprit bien qu’en parti apaiser n’en oubliait pas pour autant ses tourments et ses pensées avaient du mal à penser à autre chose que sa possible mort, alors effectivement, le malaise qu’il pouvait susciter envers cette elfe n’attisait pas la curiosité dont il faisait preuve en temps normal.

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Alors qu’il s’avançait vers le vampire afin de lui tendre la main en signe d’acceptation et de calmer les angoisses qui hantaient sa psyché tourmentée ; Ilyanth pouvait également ressentir grâce à sa capacité à percevoir les vibrations des êtres le brasier de l’ire qui consumait l’Azurée.  Ce dernier n’ignorait guère la haine qu’elle éprouvait à l’égard des membres du peuple de la nuit, responsables de la mort tragique de sa famille, et son ressentiment susceptible d’éclater à tout instant. Cependant, son rôle de Baptistrel et son empathie naturelle lui interdisait de laisser partir le conseiller et de le laisser errer seul, captif de ses affres. Le cœur de Toryné ressemblait à un livre ouvert dont il pouvait déchiffrer les secrets et voir ce qui se dissimulait derrière ce masque d’éclatante beauté, remarquable par la régularité de ses traits, mais qui frappait de par son caractère artificiel, à l’image de cette créature androgyne au charme ambiguë.

En effet, le conseiller Dalis n’avait de cesse d’user de son image changeante et envoutante pour captiver, séduire ou corrompre ses interlocuteurs mais un tel pouvoir se révélait inefficace sur un maitre-barde. Du reste, le ténébreux paraissait tellement en proie à une indicible angoisse que celui-ci en avait perdu la maitrise de sa gestuelle et que son faciès aux expressions d’ordinaire si maitrisées affichait un étrange rictus tandis que son regard hagard évitait de regarder le Chantefeu. Son mal-être était si patent qu’Ilyanth utilisa le pouvoir de son esprit-lié afin de lui prodiguer un semblant d’apaisement.

Par chance, la magie qui émanait de l’esprit-lié de l’oiseau du paradis parut faire effet sur l’androgyne qui se laissa guider jusqu’au banc où il prit place, arborant une posture alanguie. Dès après, Toryné commença à s’expliquer sur sa tenue, révélant pourquoi ce dernier portait une armure et les évènements douloureux qui avaient jalonné son histoire. Il n’hésita pas à révéler sans ambages qu’à une époque ce dernier avait même pensé à mettre fin à ses jours. Privé d’attaches et partant à la dérive, le vampire n’avait trouvé du réconfort qu’auprès de l’armée vampirique et que cette armure symbole de cette époque le rassurait.

- Peut-être que cette armure représente en quelque sorte une carapace, un rempart face à la dureté du monde et vous permet de vous sentir protéger. Je me trompe peut-être mais c’est sans doute votre façon d’exprimer une part de votre détresse intérieure et qui révèle votre fragilité intérieure même si en vous voyant on peut penser de prime abord que l’armure exprime une intention belliqueuse alors qu’à vos yeux elle n’est que symbole de protection. Inconsciemment, espérez-vous que cette armure continuera à vous protéger contre quelque chose qui vous menace et vous préservera de toutes les blessures à la fois physiques et mentales ? Le domaine représente-t-il pour vous un havre de paix où vous désirez trouver accueil, écoute et protection ? Si tel est votre désir, je peux vous écouter, du moins si vous avez envie de révéler ce qui vous tourmente actuellement car vos vibrations révèlent une profonde angoisse. Tout à l’heure vous avez parlez de votre fille, est-ce à cause d’elle que vous vous sentez si mal ? Je suis moi-même un père et je pense pouvoir comprendre votre inquiétude à son sujet.

Ilyanth qui sentait qu’Ithrinn était en proie à la colère, le cœur habité par sa rancœur et qu’elle aurait certainement du mal à se maîtriser face à une créature aussi honnie qu’un vampire la serra contre lui et caressa doucement ces cheveux en lui murmurant à l’oreille avec douceur :

- Je sais que c’est difficile pour toi de te trouver aux côtés d’un vampire mais écoutons son histoire, je crois qu’il a besoin de se confier et de sentir que des gens sont prêts à l’écouter sans porter de jugement. Après cela, nous pourrons certainement reprendre notre conversation seul à seul car je ne compte pas te négliger. Tu es trop importante à mes yeux.

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Indiscutablement, elle avait eu peur en voyant cette créature de la nuit pénétrer dans ce qui était un sanctuaire à ses yeux - l'un des derniers du monde -, et ce stress avait gagner en importance comme sa fille se trouvait aussi au domaine, elle avait cru guérir de ce trouble, mais elle avait eut tort, la plaie s'était rouverte déversant toute l'amertume qui était restée dissimulée sous les tissus sur le malheureux qui ne faisait que passer, mais elle ne se leurrait pas, il était loin d'être innocent, elle-même était capable de sentir que quelque chose clochait. Néanmoins, elle ne souhaitait pas s'avancer avant d'en être absolument certaine. Néanmoins avoir un vampire aussi proche d'elle dans une situation la rendant indiscutablement nerveuse, alors elle se concentrait sur sa musique, leur conversation de la regardait pas vraiment et elle n'avait pas envie d'y être mêlé.

Mais elle trouvait inutile d'ajouter quoi que ce soit d'autres à ce sujet, elle ne voulait pas paraître impoli et se reposait presque entièrement sur la bienveillance et l'empathie du cawr, ce qui lui faisait énormément défaut vis-à-vis de la gent nocturne. Elle ne pouvait clairement pas juger le fait de porter une arme ou une armure pour se rassurer, elle-même le fait, c'était une véritable seconde peau et à présent elle se sentait vulnérable et mise à nu. Et cette situation lui semblait encore plus désagréable en présence d'un ennemi presque de tout temps comme un vampire.

Alors elle préférait tout naturellement se concentrer sur sa musique qui lui permettait d'échapper à cette situation particulièrement stressante, non sans garder un œil sur le conseiller, se montrant suffisamment peu discrète pour qu'il ne tente rien de trop stupide, mieux valait prévenir que guérir.

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Le vampire écouta attentivement les paroles du baptistrel, c'était un elfe intelligent, effectivement cette armure était surtout là pour le rassurer, pour essayer de raviver le combattant qu'il avait été. Malheureusement, il avait sous-estimé les changements qui s'était opéré depuis cette période de son existence, il était devenu une sublime créature et ironiquement, il avait autant de crainte pour sa vie que pour la préservation de sa beauté qu'il voulait être éternel.

En revanche en ce qui concernait ce que représentait le domaine pour lui, Toryné ne savait que répondre. L'androgyne avait d'abord pensé que ce lieu ne serait qu'une simple halte avant son retour à Aerthia, un endroit pour protéger sa fille adoptive de toute menace, que cela vienne d'Irina Faust ou encore d'une quelconque machination de sa fille, dont l'allégeance était encore trouble et sujet à méfiance.

-Chez moi, l'écoute n'est pas une aide, mais une arme et une menace perpétuelle... Je dois reconnaître que votre domaine représente bel et bien une paix qui semble immuable. Non pas que le conseiller n'aimait guère le monde dans lequel il vivait, les intrigues de cour et jeu d'influence étaient une véritable passion dévorante pour lui, mais même le plus hardi des travailleurs avaient besoin de repos, lui-même ne semblait pas échapper à cette règle. Je peux vous raconter l'histoire de ma vie si cela vous sied. Même les personnes les plus proches de lui ne savait pas toute son histoire, allait-il pouvoir dévoiler tout ? Où ne dévoilerait-il que les grandes lignes, taisant les détails sordides ou compromettants, lui-même ne le savait pas, il se laisserait guidé par ses émotions rien de plus.

Cependant, avant de raconter son histoire, le vampire fit un commentaire, qui finalement lui servirait d'introduction par la suite : "Il est sage de se méfier, voir à haïr les vampires, et cela, je ne peux guère vous le reprocher, moi-même, on m'a éduqué à haïr mes congénères et à ne leur accorder aucune confiance." Il se risqua un sourire en la direction de l'elfe, qui préférait visiblement s'occuper de son instrument. Cependant de par sa gestuelle et son attitude, il pouvait sentir une certaine colère, et même peut-être de la crainte à son encontre, ce que le conseiller ne désirait point.

-Enfin pas tous les vampires, ceux qui n'étaient pas de ma famille, les Dalis, ce nom ne doit pas vous dire grand chose, car après tout à part moi, les miens préfèrent rester discret sur leur existence. Je ne sais pas qui j'ai pu être en tant qu'humain, je sais juste avoir été mordu sur les terres de Glacern, ma mère ne m'a jamais rien dit sur ma vie avant ma transformation, mais je dois admettre n'avoir jamais cherché à en apprendre d'avantage. Non seulement cela aurait été compliqué de remonter à 300 ans dans le passé, mais le vampire avait également peur de découvrir qu'il était, car il ne pensait guère venir d'une famille noble ou glorieuse... Notre famille fonctionnait un peu comme une meute, seul ma mère Théodora mordait pour grossir nos rangs, elle prenait toutes les décisions et... décidait de vie ou de mort sur sa progéniture. Toryné rigola nerveusement, pourtant, il été imprégné d'une certaine nostalgie. Je me souviens encore de mon éveil, j'étais attaché à un lit en bois, j'étais entièrement nu, je ne savais ni où j'étais ni qui j'étais, mais de tout cela, je m'en moquais éperdument, car j'avais faim. La faim d'un nouveau-né est, ironiquement, dévorante, je sentais une odeur que je ne connaissais pas encore, celle du sang et elle me rendait frénétique. Rien ne semblait pouvoir me calmer, sauf "elle", elle était assise juste à côté de mon visage, à me regarder tendrement avec un sourire si radieux... Elle commença tendrement à passer sa main dans mes cheveux, elle me donna un nom, m'expliqua qui elle était, qu'on était désormais une famille, qu'elle m'aimait et me nourrirait, mais qu'elle avait besoin de mon aide. Il marqua une pause, comme pour laisser le temps à son visage d'effacer le sourire qui s'était invité, laissant la place à une expression plus grave et sombre. Elle a fait de moi sa pute, rien d'autre. Il était rare de voir l'élégant vampire employé ce genre de mot, en temps normal, il esquivait toute grossièreté ou langage familier par des tournures de phrase singulière ou par certains sous-entendus, mais là non, après seule la vérité comptait au domaine. J'étais un appât à nourriture, elle me rendit belle, mignonne, soigneuse et complètement soumise, la plupart du temps elle m'envoyait séduire les passants, puis mes frères et sœurs attaquaient quand nos proies étaient trop occupées à m'arracher les vêtements ou à réaliser la supercherie sous la robe... mais par moment, quand l'or l'intéressait plus que le sang, elle me vendait à des "particuliers" si je puis dire, je passais des nuits avec un voir plusieurs hommes et à quelques occasions des femmes, j'étais totalement à la merci de mes compagnons de soirée... peu importe qu'ils soient brutaux ou dégradant, tant que je revenais en un seul morceau tout allait bien. Par moment, je ne pouvais même plus marcher, mais j'adulais tellement ma mère que je me forçais à boiter pour ne pas ralentir la famille, alors même que je laissais derrière moi des traînées de sang-mêlé à... vous m'avez compris, je pense.

Il avait encore tant à dire sur la vie qu'il avait menée auprès de ce simulacre de famille, comment et pourquoi on se débarrassait des membres embêtant ou pas assez utile, de comment on s'était débarrassé de lui, des caprices de sa mère et de ses méthodes d'éducation et tant d'autres choses. Cependant, il se montrait d'abord curieux des réactions de son auditoire, ainsi de savoir si ces derniers souhaitaient le voir continuer dans sa lancée ou encore ce qu'ils avaient à en redire. Par ailleurs, il se demandait si cela ferait sortir Ithrinn de son mutisme en sa personne ou bien si elle resterait de marbre.

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En mirant l’exquis visage du vampire, semblable à la beauté blafarde de l’astre lunaire, Ilyanth ne put s’empêcher de songer au singulier contraste que représentait la chape d’acier d’une lourde armure avec cette délicatesse de traits. La plupart des gens en apercevant le vampire se serait sans doute arrêté à son apparence physique qui, pour enchanteresse qu’elle était, ne représentait qu’une illusion, un masque d’albâtre qui dissimulait sa véritable nature. Car derrière ce mirage de séduction se cachait un prédateur, un être qui se nourrissait du nectar écarlate qui coulait à l’intérieur des veines des créatures mortelles. L’amour et la mort, la beauté et le danger étaient intimement liés et s’incarnaient dans cet enfant de la nuit, à l’aura lunaire.

Il éprouvait également l’indicible sentiment que derrière cette cruauté et une part de monstruosité dissimulée sous ce masque superbe, l’androgyne fidèle à sa dualité possédait également des parcelles de lumière voire de la pureté. Une image s’imposa à son esprit à propos de Toryné, celle d’un cygne car la blancheur opalescente de sa chevelure et sa grâce éthérée, en dépit de l’aura prédatrice qu’il dégageait lui rappelait ce magnifique volatile. Le Baptistrel possédait lui-aussi une affinité avec les oiseaux, admirant leur capacité à vol et la beauté de leur chant ; par ailleurs, son esprit lié n’était autre qu’un oiseau du paradis, un animal au superbe plumage et aux couleurs paradisiaque.

L’elfe écouta avec attention les paroles du vampire concernant l’écoute et dû admettre que pour un individu rompu aux intrigues et à la fourberie de ses congénères, parler à cœur ouvert et livrer ses secrets était comme offrir à autrui un poignard pour le blesser. Aussi n’était-il guère étonnant que ce dernier voit le domaine comme un sanctuaire, une terre sacrée vierge de mensonge et des jeux de domination qui existaient dans le monde extérieur. Nombre d’individus meurtris rejoignaient le domaine en quête de paix et de rédemption, et le maitre-barde soignaient aussi bien les corps que les âmes.

- Je comprends votre sentiment concernant l’écoute et la menace potentielle que celle-ci représente car le monde extérieur peut se révéler différent du havre de paix que représente le domaine Baptistral.

L’écoute pouvait se révéler aussi bien une aide précieuse qu’une arme mortelle selon les intentions de son auditeur. Fort heureusement, le Chantefeu n’était pas malintentionné et son serment de vérité lui interdisait de proférer le moindre mensonge ou de commettre des actes nuisibles à l’harmonie du monde. De même, son absence de jugement le prédisposait à une écoute empathique du vampire qui malgré ses craintes semblait en quête d’acceptation.

- Mon serment de vérité m’interdit de proférer le moindre mensonge, de tuer ou de commettre des actes non harmonieux. Si vous vous ouvrez à moi, je ne chercherai pas à vous duper ou à retourner ces informations contre vous.

De plus, grâce à sa capacité à déchiffrer le chant-nom des êtres, l’elfe solaire pouvait, s’il le désirait, connaitre toute l’histoire de Toryné, ses secrets les plus cachés, et même lire à l’intérieur de son cœur, sans que ce dernier n’ait besoin de desceller les pétales de ses lèvres. Cependant, le Baptistrel n’abusait jamais de ce pouvoir et préférait laisser aux personnes la liberté de s’exprimer de leur propre volonté plutôt que de lire leur chant-nom sans leur accord. Comme encouragé par les paroles bienveillantes du chanteur, le conseiller vampirique commença à leur narrer son histoire, assez sombre et tortueuse, et Ilyanth le laissa parler sans l’interrompre. De temps à autre, ce dernier jeter un regard en direction d’Ithrinn qui demeurait figée dans une attitude d’hostilité glaciale. Comment allait-elle réagir suite aux propos du vampire ? Le Baptistrel appréhendait sa réaction, ne connaissait que trop bien la haine viscérale que cette dernière éprouvait pour le peuple des ténèbres.

En entendant l’histoire tragique de Toryné, le Chantefeu ressentit une grande tristesse et de la compassion à son égard. Si celui-ci s’était transformé en un prédateur n’était-ce pas en partie en raison de son passé et de la manière dont lui-même avait été traité par sa « famille » ? De victime utilisée comme objet sexuel celui-ci s’était mué en bourreau et utilisait sa beauté et sa séduction comme des armes. Peut-être s’agissait-il de sa manière de se défendre de la dureté du monde, de la même façon que son armure le protégeait des blessures physiques, son masque de beauté le préservait des plaies de l’âme.

- Toryné, je trouve votre histoire très triste et je comprends mieux votre présent à la lumière de ce passé tragique. Vous avez vécu des événements très difficiles et la manière dont vous relatez les faits me laisse penser que votre famille vous a utilisé comme un objet plutôt que comme un sujet à part entière. Est-ce la raison pour laquelle vous semblez mettre tellement l’accent sur votre beauté, pour en faire en quelque sorte une arme pour vous défendre et ne plus jamais être une victime des abus d'autrui ?

Ensuite, Ilyanth se tourna vers l'elfette dont il sentait la colère et qui continuait à jouer de sa harpe. Tentant de détendre l'atmosphère, ce dernier lui dis d'un ton calme:

- Ma chère Ithrinn que penses-tu de son histoire ?

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Une fausse note et elle s'arrêtait à la question du barde, bien entendu elle avait écouter toute l'histoire du vampire, et peut-être que ce n'était pas une si bonne idée de lui demander son avis, alors si on le lui demandait, elle donnerait son avis, aussi désagréable et indélicat qu'il soit. Le visage fermé et dénué de toute expression, la vérité sortait du puits et le ton avait été particulièrement glacial ?

Je ne vois rien là qui justifie, les atrocités qui ont été commises, et encore moins le port de cette armure si ostensible.. Il est facile de justifier des actions déplorables sous le voile d'un hypothétique passé. Ce ne serait clairement pas le genre d'histoire dramatique qui lui ferait verser une larme, à supposer que cette dernière soit vraie, Ilyanth ne s'amuserait certainement à avouer les mensonges d'un visiteur. Elle aurait moins de scrupules. L'on entend beaucoup de choses sur vous et votre noble famille. Elle avait appuyé de manière corrosive sur ce point.

Pour elle toute la noblesse vampirique - pour ne pas dire tout le peuple ! - se résumait à des chats d'égout qui se pavanaient comme s'ils avaient un pedigree, sans en avoir la noblesse ni de force ni de cœur, les traîtrises allaient bon train dans ce nid de vipères de débauches. Bon, bien entendu parfois, il y avait une perle au milieu du purin, mais de la même manière dont tous les chatons sont mignons, quelque part, si l'on frottait les dorures, il ne restait que la crasse.

Le vampire se comportait comme un chien qui réclamait du réconfort, mais qui finissait par ronger petit à petit la main qu'on lui tendait. Il tentait la pitié dans le but de nuire plus tard.

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Il fallait croire que sa présence devenait trop insoutenable pour Ithrinn, il l’avait pourtant trouvé moins froide lorsqu’elle était à Aerthia et qu’il lui avait fait visiter la ville vampirique, alors se montrer aussi froid dans un lieu de paix et de calme. L’armure en elle seule rendait l’elfe aussi antipathique à son égard, s’était bien, dommage pensa-t-il. Quoiqu’il en soit, elle décida de partir, non sans cacher sa colère… il avait sûrement interrompu quelque chose avec le baptistrel, mais après c’était ce dernier qui l’avait invité à les rejoindre.

-Je crois que malheureusement, j’ai jeté un froid à votre soirée maître baptistrel, vous m’en voyez désolé, vous désirez aller la rattraper, je ne vous en voudrais point. Dit-il doucement une fois Ithrinn suffisamment loin pour ne pas l’entendre. Je ne pensais pas que cette armure la perturberait ôtant, je lui aurais bien proposé de la retirer, mais je ne pense guère que de me voir nue l’aurait plus enchanté… plaisanta-t-il tout de même.

Il pensa cependant aux dernières paroles de l’elfe qui l’avait fortement étonné. On entendait parler de sa famille ? Il ne doutait que certains échos des soirées qu’il avait organisées aient pu arriver jusqu’aux oreilles de l’elfe… mais pourquoi un ton si acerbe ? Ses soirées avaient toujours été placées sous les havres du bon goûts, beaucoup de luxe et de gens de la haute, mais rien d’outrageux, ses soirées hédonistes étaient bien plus discrètes, voir même secrète. Alors de quoi voulait-elle parler, et puis sa famille n’était, pour son plus grand malheur, pas si grande que cela. Il y avait lui et ses deux filles, et la plus jeune, Farianth, n’était pas connu du grand public. Pour ainsi dire, ce n’était qu’à Sélénia et ici au domaine, où il s’était affiché en public avec elle. Il pensa alors à son “autre” famille, celle dont il venait de vaguement parler… Il n’avait pas le souvenir que sa mère et ses rejetons aient fait parler d’eux d’une quelconque manière, lui-même peinait à obtenir des informations sur eux, alors elle ? Cela l’intriguait, mais il étudierait ce mystère plus tard, peut-être ne s’agissait-il que d’un commentaire visant à le blesser, mais quelque vérification sur l’histoire et les proches de l’elfe ne lui ferait pas de mal.

Il regarda Ilyanth un moment, voyant que ce dernier avait finalement décidé de rester “lui laisser du temps… ce n’est peut-être pas une mauvaise chose”. Dire que c’était la dernière qu’il verrait cette elfe, mais bien entendu, cela, il l’ignorait.

-Avez-vous une famille cher Ilyanth ? Autre que vos frères et sœurs baptistrels je veux dire, avez des personnes dans ce monde qui se languisse de votre présence ? Femmes, enfants, parents, oncles ou tantes ? Avez-vous de bonnes relations avec eux ? Pardonnez ma curiosité, mais je pense que la famille est l’une des choses les plus importantes en ce monde, qu’en pensez-vous ?

Le vampire aimait discuter, bien que très peu en symbiose avec son esprit-lié, la pie, il avait tout de même quelque aspect de ce dernier, il était très sociable. Il aimait parler, commérer, faire de nouvelle rencontre. Hélas, trop souvent, cela était entachée par son esprit vil et fourbe, nombre de conversations anodines était devenu des emprisonnement à MorneFlamme de par ses actes. Cela ne faisait pas forcément de manière consciente, par moment, et même souvent, aucune intention néfaste animait le vampire, mais son esprit, inlassablement machine à fomenter, ne pouvait s’arrêter d’envisager mille et une possibilité obscure.

-Ma fille restera un certain moment parmi vous, Dame Aramis me l’a assuré, elle est ma seule fille. Rajouta-t-il assez absent, se perdant quelque peu dans ses pensées. Il avait menti, car malgré tout l’amour qu’il avait pour elle, Farianth n’était pas fille. Mais aussi, bien qu’elle non plus ne soit pas véritablement sa fille sous le sens génétique, il avait Sintharia. Mais aujourd’hui, il ne voulait plus l’associer à son nom où son blason… seule Farianth demeurait.

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Alors qu’Ilyanth venait de débuter la conversation avec le cygne vampirique afin de s’enquérir de son passé et de sa famille, Ithrinn dont les vibrations indiquaient l’ire décida de quitter les lieux sans sommation. L’elfe solaire la suivit du regard en arborant une expression peinée, navré d’avoir pu blesser, par inadvertance, son amie. Peut-être que cette dernière s’était sentie délaissée lors de cette discussion en aparté et que la vue du ténébreux Toryné lui avait semblé insoutenable. D’autant plus que celui-ci était arrivé de manière impromptue alors que l’Elfette et le Baptistrel partageait un instant d’intimité, en tête à tête, avec pour seuls témoins les astres parsemant la voûte céleste.

Suite à ce départ orageux, le vampire trouva malgré tout le cœur à plaisanter ce qui arracha un petit rire cristallin au Baptistrel.

- En discutant avec vous, je vous avais invité à mettre votre âme à nu mais je pense également que la vue de votre corps dénudé n’aurait pas convenu à Ithrinn. Je crois qu'il est préférable de lui laisser un peu de temps avant d’aller la rejoindre, termina-t-il.

Bien entendu, il ne désirait pas négliger Ithrinn qui devait se sentir dans tous ses états après l’apparition inopinée de Toryné, mais avant cela le Chantefeu devait achever cette conversation afin de ne pas laisser son interlocuteur livré à lui-même.

A la question suivante du superbe androgyne, une ombre de mélancolie ternit les mires d’aigue-marine du chanteur à la voix ardente. Une famille ? Bien entendu qu’il en avait une et comme l’avait souligné le cygne de la nuit, celui-ci considérait les membres de la Rhapsodie comme ses frères et sœurs, éprouvant à leur égard une profonde affection, même s’il entretenait une relation privilégiée avec certains d’entre eux. Et outre, les Baptistrels, Ilyanth avait des parents et même un fils encore très jeune, prénommé Elros, né de son union avec une elfe aujourd’hui décédée.

- J’ai bel et bien une famille, outre mes frères et sœurs baptistrels, des parents qui sont toujours en vie et un fils né sur Tiamaranta, mais dont la mère est à présente défunte…

Évoquer son épouse le remplissait de tristesse car sa mort remontait à relativement peu de temps, surtout pour un être tel qu’un elfe pour qui les mois ne représentaient que quelques jours au vu de leur longévité.

- Je partage votre avis concernant la famille, c’est également une valeur que je chéris et outre mes frères et sœurs il y a celle que j’ai fondé en me mariant et en ayant un enfant. Aussi suis-je particulièrement sensible à votre inquiétude à l’égard de votre fille. Si celle-ci reste au domaine, je veux bien veiller sur elle et si vous le désirez nous pouvons rester en contact. Cela nous permettra d’échanger et d’apprendre à mieux nous connaitre.

En effet, il était fort probable que le vampire renouvelle ses visites au domaine ou du moins demande des nouvelles de sa progéniture par le biais d’échanges épistolaires. Dans les deux cas, Ilyanth se ferait un plaisir de le renseigner sur l’état de santé de sa fille et d’échanger avec lui sur divers sujets. Ce vampire semblait des plus intéressant et qui sait, peut-être qu’en dépit de leurs profondes divergences, tous deux parviendraient à bâtir une relation amicale.

- A présent, je dois vous quitter et aller m’enquérir de l’état d’Ithrinn. Mais j’espère que nous aurons d’autres occasions de bavarder plus longuement, dit-il en arborant un sourire lumineux.

Ensuite, l’elfe solaire disparut dans l’obscurité de la nuit et partit à la recherche de son amie, se concentrant sur les vibrations du monde afin qu’elles le renseignaient sur le lieu où cette dernière était partie se réfugier.

descriptionLe pire est celui qui gouverne par l'amour et en joue comme d'une harpe. - Ilyanth, Toryné. EmptyRe: Le pire est celui qui gouverne par l'amour et en joue comme d'une harpe. - Ilyanth, Toryné.

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