24 décembre 1762
La place des esclaves d'Athgalan, vaste terrain vague cerclé d'estrade à marchandise, située à l'écart des autres quartiers de la ville, était impressionnante. Pas parce qu'elle réunissait une bonne centaine de produits graärh et une poignée d'humains, elfes et vampires ici pour soit vendre, soit acheter, soit se faire vendre. Elle n'impressionnait pas par le bruit des discussions entre clients et vendeurs qui restaient à un niveau assez bas si on le comparait à un marché classique ; ni par le bruit des esclaves qui se taisaient, ni par le bruit des coups de fouets qui frappaient les rares esclaves qui ne se taisaient pas ; ni par le bruit des vagues qui s'écrasaient mollement sur la petite plage.
Elle n'impressionnait pas non plus pour sa vue car celle-ci était d'un côté bloquée par le monolithe central de la baie et de l'autre par la jungle. Les marchandises étaient placées sur des estrades boueuses et les clients marchaient sur des planches de bois rudimentaires qui n'épargnaient pas leur chausse de la glaise. Les plus fortunés préféraient d'ailleurs rester sur le sable, un peu à distance, en attendant que leurs hommes aient choisi pour eux.
Ce qui impressionnait vraiment avec cette place, qui frappait le néophyte de stupéfaction et faisait grincer des dents l'habitué en arrivant, c'était l'odeur. L'odeur des esclaves, maintenus dans une proximité malsaine et privés de l'hygiène la plus basique. La grande majorité des esclaves sortaient de cales de navires pirates où les excréments et la maladie s'étaient accrochés à leur peau et ne les quittaient pas. Les produits les plus dociles avaient le droit d'être nettoyés et présenté sur les estrades, uniquement enferrés, mais les plus sauvages moisissaient lentement dans des cages en grognant à cause de la faim, des coups de fouet infectés ou de leur courbatures. Les mouches et les moustiques profusionnaient frivolement dans ce fétide festin.
"Profitez ! Respirez bien profondément ! Imprégnez vous bien de cet endroit !" s'exclama une voix grave et suave avec un fort accent qui faisait chanter les voyelles et rouler les R.
"Cet endroit est la pourriture de l'archipel, le point névralgique de sa malfaisance. L'air vicié dans lequel nous baignons est unique au monde. Et il m'appartient !"
La maitresse des lieux marchait tranquillement sur la plage, accompagné d'un groupe de gardes du corps humains qui l'entouraient elle, et d'une délégation vampire qui les suivaient une dizaine de mètres plus loin. Les humains étaient tous de grandes armoires à glaces barraqués et couturés de cicatrices qui portaient des lances ou des cimeterres marins, leur origine pirate ne faisait aucun doute. Quant aux vampires, ils étaient manifestement des courtisans au vu de leurs vêtements et de leur démarche.
"Encore une fois pardon de vous faire marcher ainsi dans le sable et la boue, j'en suis navrée et je m'évertue chaque jour, en tant que capitaine, à essayer de rendre cette cité le moins insalubre possible pour les habitants et les visiteurs comme vous. Cette ville est un bouton de rose. C'est une image bien sûr mais j'adore les images que vous utilisez pour vous exprimer vous les peaux-nues, les autres félins ont trop tendance à les négliger dans leur phrasé quotidien, c'est ce qui rend leur vie si pathétique.
Bref, je disais : Cette ville est un bouton de rose. Elle est bientôt prête à éclore en une vraie beauté à admirer derrière les épines qu'elle a dressé pour se protéger et au dessus du purin d'où elle s'est extraite. Dans l'image, les épines correspondent à notre flotte de pirate et le purin et bien... vous l'avez sous votre nez !"
La capitaine des esclaves désigna dans un grand geste l'ensemble du marché aux esclaves, des estrades souillées qui craquaient sous le poids des corps enchainés, aux navires pirates ventrus capable de contenir une grande cargaison de marchandise.
Son kimono virevolta et les bijoux et breloques cliquetèrent avec le mouvement, révélant la finesse du fil et le chatoiement du métal.
"Voilà Maitresse Dalis, voilà ce que je voulais vous montrer. C'est une expérience que les visiteurs des autres villes regrettent d'avoir eu j'imagine mais je la pense nécessaire. Tout ici mérite d'être vu de tous car c'est la base sur laquelle les empires reposent. Mais j'imagine qu'un être aussi âgé que vous sait déjà tout cela n'est-ce-pas ?"
La panthère rejoignit son invité et planta ses yeux bleus intenses dans les siens.
"Je suis Kalza'ah Ashuddh, capitaine des esclaves. J'ai bâti cette cité et mes esclaves permettent à vos royaumes de se relever de leurs cendres plus rapidement qu'ils ne pouvaient l’espérer. J'espère que nous pourrons bien nous entendre."
Elle sorti sa pipe de sa ceinture la porta à sa bouche et laissa un de ses garde du corps humain venir la remplir et l'allumer à l'aide de sa magie. Elle tira une grande bouffée, et la laissa sortir de sa gueule dans un nuage englobant. Les volutes flottant autour de son visage et de son buste, rendant sa silhouette, déjà noire comme le charbon, encore plus hermétique. Seuls ses deux grands yeux bleu profond ressortaient de son visage flouté
"J'espère aussi pour vous que l'odeur de tabac ne vous gêne pas, ici c'est une coutume à laquelle il vaut mieux se plier, à part si vous désirez respirer le même air affreux que les animaux sur les estrades."
Dernière édition par Kalza'ah Ashuddh le Mer 7 Nov 2018 - 14:32, édité 2 fois
La place des esclaves d'Athgalan, vaste terrain vague cerclé d'estrade à marchandise, située à l'écart des autres quartiers de la ville, était impressionnante. Pas parce qu'elle réunissait une bonne centaine de produits graärh et une poignée d'humains, elfes et vampires ici pour soit vendre, soit acheter, soit se faire vendre. Elle n'impressionnait pas par le bruit des discussions entre clients et vendeurs qui restaient à un niveau assez bas si on le comparait à un marché classique ; ni par le bruit des esclaves qui se taisaient, ni par le bruit des coups de fouets qui frappaient les rares esclaves qui ne se taisaient pas ; ni par le bruit des vagues qui s'écrasaient mollement sur la petite plage.
Elle n'impressionnait pas non plus pour sa vue car celle-ci était d'un côté bloquée par le monolithe central de la baie et de l'autre par la jungle. Les marchandises étaient placées sur des estrades boueuses et les clients marchaient sur des planches de bois rudimentaires qui n'épargnaient pas leur chausse de la glaise. Les plus fortunés préféraient d'ailleurs rester sur le sable, un peu à distance, en attendant que leurs hommes aient choisi pour eux.
Ce qui impressionnait vraiment avec cette place, qui frappait le néophyte de stupéfaction et faisait grincer des dents l'habitué en arrivant, c'était l'odeur. L'odeur des esclaves, maintenus dans une proximité malsaine et privés de l'hygiène la plus basique. La grande majorité des esclaves sortaient de cales de navires pirates où les excréments et la maladie s'étaient accrochés à leur peau et ne les quittaient pas. Les produits les plus dociles avaient le droit d'être nettoyés et présenté sur les estrades, uniquement enferrés, mais les plus sauvages moisissaient lentement dans des cages en grognant à cause de la faim, des coups de fouet infectés ou de leur courbatures. Les mouches et les moustiques profusionnaient frivolement dans ce fétide festin.
"Profitez ! Respirez bien profondément ! Imprégnez vous bien de cet endroit !" s'exclama une voix grave et suave avec un fort accent qui faisait chanter les voyelles et rouler les R.
"Cet endroit est la pourriture de l'archipel, le point névralgique de sa malfaisance. L'air vicié dans lequel nous baignons est unique au monde. Et il m'appartient !"
La maitresse des lieux marchait tranquillement sur la plage, accompagné d'un groupe de gardes du corps humains qui l'entouraient elle, et d'une délégation vampire qui les suivaient une dizaine de mètres plus loin. Les humains étaient tous de grandes armoires à glaces barraqués et couturés de cicatrices qui portaient des lances ou des cimeterres marins, leur origine pirate ne faisait aucun doute. Quant aux vampires, ils étaient manifestement des courtisans au vu de leurs vêtements et de leur démarche.
"Encore une fois pardon de vous faire marcher ainsi dans le sable et la boue, j'en suis navrée et je m'évertue chaque jour, en tant que capitaine, à essayer de rendre cette cité le moins insalubre possible pour les habitants et les visiteurs comme vous. Cette ville est un bouton de rose. C'est une image bien sûr mais j'adore les images que vous utilisez pour vous exprimer vous les peaux-nues, les autres félins ont trop tendance à les négliger dans leur phrasé quotidien, c'est ce qui rend leur vie si pathétique.
Bref, je disais : Cette ville est un bouton de rose. Elle est bientôt prête à éclore en une vraie beauté à admirer derrière les épines qu'elle a dressé pour se protéger et au dessus du purin d'où elle s'est extraite. Dans l'image, les épines correspondent à notre flotte de pirate et le purin et bien... vous l'avez sous votre nez !"
La capitaine des esclaves désigna dans un grand geste l'ensemble du marché aux esclaves, des estrades souillées qui craquaient sous le poids des corps enchainés, aux navires pirates ventrus capable de contenir une grande cargaison de marchandise.
Son kimono virevolta et les bijoux et breloques cliquetèrent avec le mouvement, révélant la finesse du fil et le chatoiement du métal.
"Voilà Maitresse Dalis, voilà ce que je voulais vous montrer. C'est une expérience que les visiteurs des autres villes regrettent d'avoir eu j'imagine mais je la pense nécessaire. Tout ici mérite d'être vu de tous car c'est la base sur laquelle les empires reposent. Mais j'imagine qu'un être aussi âgé que vous sait déjà tout cela n'est-ce-pas ?"
La panthère rejoignit son invité et planta ses yeux bleus intenses dans les siens.
"Je suis Kalza'ah Ashuddh, capitaine des esclaves. J'ai bâti cette cité et mes esclaves permettent à vos royaumes de se relever de leurs cendres plus rapidement qu'ils ne pouvaient l’espérer. J'espère que nous pourrons bien nous entendre."
Elle sorti sa pipe de sa ceinture la porta à sa bouche et laissa un de ses garde du corps humain venir la remplir et l'allumer à l'aide de sa magie. Elle tira une grande bouffée, et la laissa sortir de sa gueule dans un nuage englobant. Les volutes flottant autour de son visage et de son buste, rendant sa silhouette, déjà noire comme le charbon, encore plus hermétique. Seuls ses deux grands yeux bleu profond ressortaient de son visage flouté
"J'espère aussi pour vous que l'odeur de tabac ne vous gêne pas, ici c'est une coutume à laquelle il vaut mieux se plier, à part si vous désirez respirer le même air affreux que les animaux sur les estrades."
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