-- Novembre
La saison des moussons était arrivée, pour le plus grand plaisir des Chantepluies, et autres amateurs des milliers de petits claquements de gouttes contre les roches, feuillages, et flaques éparses au sein de la savane. Certaines parcelles d'environnement étaient inondées, et les chemins empruntés à la belle saison n'étaient désormais plus envisageables. Au sein du Domaine, le Lac souterrain avait gagné du terrain.
Valmys appréciait la pluie. Elle rendait plus supportable le climat de la savane, lui rappelait l'ancien continent, les journées qu'il avait pu passer à avancer sous la pluie jusqu'à la prochaine auberge, ses premiers rhumes avant que son corps s'endurcisse. Une sortie sous les célestes torrents, volontaire, était encore meilleure. Il pouvait en profiter tout son soûl et, sa soif étanchée, profiter du doux plaisir de l'abri sec et chaud, tandis que, dehors, résonnerait la musique des larmes du ciel tombant en cascades.
Sortant du mont creusé qui abritait le Domaine des chanteurs, abrité par une cape de tissu elfique, Valmys se sentait... Bien. La sensation était bizarre, il en avait perdu l'habitude, et ne savait pas trop comment l'accueillir ni ce qu'il devait en faire. Le monde était incroyablement doux et généreux envers lui, ces derniers temps. Il n'osait abuser de cela, craignant que cela se retourne contre lui. Ses derniers voyages en mer avaient été sans encombres. Il avait désormais une famille. Sa peine l'avait rapproché de gens dont il avait découvert les lumineux aspects. Depuis le début de la mousson, son organisme ne lui avait pas fait défaut. Pas un seul coup de froid. Etait-ce dû aux veinules cuivrées qui couvraient sa peau comme les branchages noueux d'un arbre en hiver ? Suite à leur apparition, il avait pu constater bien des changements en lui. Il était plus beau, mais également plus fort, agile... Des caractéristiques qu'il avait enterrées jadis, en comprenant l'humanité qui l'habitait. Si cet hiver entier se passait sans que jamais il n'ait la moindre fièvre, il allait définitivement pouvoir mettre cela sur le compte de sa nouvelle particularité.
Ses pas étaient prudents, veillaient à ne pas s'enfoncer dans une flaque que les hautes herbes auraient cachées. L'humidité du sol faisait néanmoins claquer et jaillir de l'eau sous ses bottes. Même avec tout le soin apporté à leur confection, ces dernières eurent tôt fait de se retrouver trempées, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, agaçant sensiblement le petit Enwr. Son esprit était néanmoins trop occupé pour que ce soit là son principal souci.
Il allait retrouver un Graärh. Ce dernier avait voulu apprendre la langue commune auprès des bipèdes les plus proches, et l'avait trouvé, lui. Enchanté à cette idée, Valmys lui avait offert le service, en échange de l'apprentissage de la langue propre au peuple félin. S'il ne pouvait la parler, il espérait au moins en comprendre quelques bribes. Les peuples avaient besoin de se comprendre. Si les Maîtres n'avaient guère besoin du langage pour cela, lui en trouvait l'utilité.
Ils avaient pu partager leurs premières leçons, et Jangali était un bon élève. Valmys était ravi de voir que la langue commune pouvait s'apprendre et se parler aussi bien par un peuple qui n'avait pas nécessairement la mâchoire habituée à cela. Ils pouvaient échanger leurs premières phrases, comprendre quelques mots courants. L'apprenti baptistrel appréciait le difficile exercice du mentorat, le défi d'amener quelqu'un à la compréhension, et à la mémoire. Par chance, le Graärh en question maitrisait l'écrit, ce qui devait lui épargner bien des peines.
Le bipède de peu de poils songeait sur son chemin au cours qu'il allait donner, aux méthodes qu'il allait employer... Mais également au lieu auquel ils s'étaient donnés rendez-vous. Ils essayaient de s'arranger au mieux pour que ce soit aisé pour eux à retrouver, équidistant de leurs positions, tout en offrant un abri propice. Quelques fois, Valmys avait peiné à retrouver son élève. Il avait alors été ravi d'avoir sur lui quelque instrument pour lui signaler sa présence. Cela lui avait permis d'apprendre le lien particulier qu'entretenait ce Graärh avec la musique. Il lui qui n'était pas pour lui déplaire. Craignant pour la sécurité de son instrument fétiche, Valmys avait ce jour-là emprunté avec lui un petit flûtiau de cuivre.
Un indice particulier, et tout nouveau, lui permit cette fois de retrouver Jangali. Cette odeur... De la nourriture. De la viande, même. Il avait pu la sentir moult fois, notamment auprès des humains. Mais c'était... Beaucoup trop raffiné pour être la viande crue. Son élève lui avait évoqué son amour pour la cuisine, et Valmys avait cru ne pas l'avoir compris. De toute évidence, leur commune compréhension était meilleure que ce qu'il imaginait.
Suivait l'odeur, il parvint à retrouver le Graärh d'obsidienne, à l'abri convenu. Avec un soupir de soulagement, il s'installa sur le premier endroit sec qu'il trouva, retirant sa cape. Il portait des habits bruns, sommaires, partiellement trempés. La besace qu'il portait en bandoulière, il la déposa également près de lui.
"- Bonjour, Jangali. Comment allez-vous ?"
Chaque fois qu'il l'avait salué, au cours de leurs dernières leçon, il avait doucement accéléré la cadence, jusqu'à pouvoir le saluer aussi prestement que le faisaient les bipèdes entre eux. Avec un sourire qui se voulait jovial, aimable et encourageant, il demanda plus lentement:
"- Que cuisinez-vous ?"
La saison des moussons était arrivée, pour le plus grand plaisir des Chantepluies, et autres amateurs des milliers de petits claquements de gouttes contre les roches, feuillages, et flaques éparses au sein de la savane. Certaines parcelles d'environnement étaient inondées, et les chemins empruntés à la belle saison n'étaient désormais plus envisageables. Au sein du Domaine, le Lac souterrain avait gagné du terrain.
Valmys appréciait la pluie. Elle rendait plus supportable le climat de la savane, lui rappelait l'ancien continent, les journées qu'il avait pu passer à avancer sous la pluie jusqu'à la prochaine auberge, ses premiers rhumes avant que son corps s'endurcisse. Une sortie sous les célestes torrents, volontaire, était encore meilleure. Il pouvait en profiter tout son soûl et, sa soif étanchée, profiter du doux plaisir de l'abri sec et chaud, tandis que, dehors, résonnerait la musique des larmes du ciel tombant en cascades.
Sortant du mont creusé qui abritait le Domaine des chanteurs, abrité par une cape de tissu elfique, Valmys se sentait... Bien. La sensation était bizarre, il en avait perdu l'habitude, et ne savait pas trop comment l'accueillir ni ce qu'il devait en faire. Le monde était incroyablement doux et généreux envers lui, ces derniers temps. Il n'osait abuser de cela, craignant que cela se retourne contre lui. Ses derniers voyages en mer avaient été sans encombres. Il avait désormais une famille. Sa peine l'avait rapproché de gens dont il avait découvert les lumineux aspects. Depuis le début de la mousson, son organisme ne lui avait pas fait défaut. Pas un seul coup de froid. Etait-ce dû aux veinules cuivrées qui couvraient sa peau comme les branchages noueux d'un arbre en hiver ? Suite à leur apparition, il avait pu constater bien des changements en lui. Il était plus beau, mais également plus fort, agile... Des caractéristiques qu'il avait enterrées jadis, en comprenant l'humanité qui l'habitait. Si cet hiver entier se passait sans que jamais il n'ait la moindre fièvre, il allait définitivement pouvoir mettre cela sur le compte de sa nouvelle particularité.
Ses pas étaient prudents, veillaient à ne pas s'enfoncer dans une flaque que les hautes herbes auraient cachées. L'humidité du sol faisait néanmoins claquer et jaillir de l'eau sous ses bottes. Même avec tout le soin apporté à leur confection, ces dernières eurent tôt fait de se retrouver trempées, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, agaçant sensiblement le petit Enwr. Son esprit était néanmoins trop occupé pour que ce soit là son principal souci.
Il allait retrouver un Graärh. Ce dernier avait voulu apprendre la langue commune auprès des bipèdes les plus proches, et l'avait trouvé, lui. Enchanté à cette idée, Valmys lui avait offert le service, en échange de l'apprentissage de la langue propre au peuple félin. S'il ne pouvait la parler, il espérait au moins en comprendre quelques bribes. Les peuples avaient besoin de se comprendre. Si les Maîtres n'avaient guère besoin du langage pour cela, lui en trouvait l'utilité.
Ils avaient pu partager leurs premières leçons, et Jangali était un bon élève. Valmys était ravi de voir que la langue commune pouvait s'apprendre et se parler aussi bien par un peuple qui n'avait pas nécessairement la mâchoire habituée à cela. Ils pouvaient échanger leurs premières phrases, comprendre quelques mots courants. L'apprenti baptistrel appréciait le difficile exercice du mentorat, le défi d'amener quelqu'un à la compréhension, et à la mémoire. Par chance, le Graärh en question maitrisait l'écrit, ce qui devait lui épargner bien des peines.
Le bipède de peu de poils songeait sur son chemin au cours qu'il allait donner, aux méthodes qu'il allait employer... Mais également au lieu auquel ils s'étaient donnés rendez-vous. Ils essayaient de s'arranger au mieux pour que ce soit aisé pour eux à retrouver, équidistant de leurs positions, tout en offrant un abri propice. Quelques fois, Valmys avait peiné à retrouver son élève. Il avait alors été ravi d'avoir sur lui quelque instrument pour lui signaler sa présence. Cela lui avait permis d'apprendre le lien particulier qu'entretenait ce Graärh avec la musique. Il lui qui n'était pas pour lui déplaire. Craignant pour la sécurité de son instrument fétiche, Valmys avait ce jour-là emprunté avec lui un petit flûtiau de cuivre.
Un indice particulier, et tout nouveau, lui permit cette fois de retrouver Jangali. Cette odeur... De la nourriture. De la viande, même. Il avait pu la sentir moult fois, notamment auprès des humains. Mais c'était... Beaucoup trop raffiné pour être la viande crue. Son élève lui avait évoqué son amour pour la cuisine, et Valmys avait cru ne pas l'avoir compris. De toute évidence, leur commune compréhension était meilleure que ce qu'il imaginait.
Suivait l'odeur, il parvint à retrouver le Graärh d'obsidienne, à l'abri convenu. Avec un soupir de soulagement, il s'installa sur le premier endroit sec qu'il trouva, retirant sa cape. Il portait des habits bruns, sommaires, partiellement trempés. La besace qu'il portait en bandoulière, il la déposa également près de lui.
"- Bonjour, Jangali. Comment allez-vous ?"
Chaque fois qu'il l'avait salué, au cours de leurs dernières leçon, il avait doucement accéléré la cadence, jusqu'à pouvoir le saluer aussi prestement que le faisaient les bipèdes entre eux. Avec un sourire qui se voulait jovial, aimable et encourageant, il demanda plus lentement:
"- Que cuisinez-vous ?"