13 Octobre 1762
Il y avait certains jours où il n’était pas bien certain de comprendre ce qui passait par la petite tête d’Aldaron. Quand il entra ce matin-là pour trouver un elfe inconnu dans la salle à manger, en bon protecteur et compagnon, il s’était bien sûr mit en tête de le mettre à la porte sur le champ, ne voyant pas bien ce qu’il pouvait faire-là. Le Bourgmestre avait beau être un homme accessible, il n’était pas non plus question que le premier manant du coin rentre chez lui comme dans un moulin. Il y avait un monde entre les deux. En plus, il n’était au courant de rien qui aurait pu expliquer la chose… Non définitivement, il ne pouvait pas simplement ignorer ce qui lui pendait au nez. Fort heureusement pour tout le monde, une des employées de son tendre ami eut la bonne idée d’être plus clairvoyante que les autres, et lui expliqua à temps, c’est-à-dire avant qu’il n’attrape la petite chose par la peau du cou pour lui apprendre à voler, qu’il s’agissait du fils adoptif du maître des lieux. Et là, Ivanyr en était resté foudroyé sur place. Il l’était toujours un peu d’ailleurs, alors qu’il regardait l’autre par-dessus la table du petit déjeuné en se demandant ce qu’il devait faire de tout ça. Ça étant en face de lui présentement. Pourquoi exactement est-ce que Aldaron l’avait adopté ? Il avait envie de jouer les pères ? En plus de toutes ses obligations chronophages ? Il faisait une petite crise existentielle de plus et avait besoin de pouponner pour se dire qu’il pouvait également offrir de l’amour innocent à une famille ? Il lui expédiait un message subliminal ?
Cette dernière option le glaçait légèrement. De toutes, c’était celle qu’il redoutait le plus : que Aldaron ait envie d’avoir un enfant pour leur couple. Non seulement c’était techniquement impossible, et pas seulement parce qu’ils étaient tous deux de sexe masculin, et qu’aucun n’était un hippocampe. Il était mort après tout, et même si par miracle, ils arrivaient à faire… ça… et il n’arrivait même pas à le nommer proprement, il ne savait pas à quoi… ça… pourrait bien ressembler. Et puis, est-ce que LUI voulait pouponner justement ? Pas vraiment, il avait déjà bien assez de mal à rester en place, et avoir assez de patience pour éduquer un rejeton. Un jour, peut-être… un jour lointain... très lointain. Non, décidément, si Aldaron tentait de lui faire aimer l’idée, il s’y était mal prit. Dans l’absolu, rien n’aurait vraiment marché, évidemment, mais là c’était pire que tout et ça ne ressemblait pas à l’elfe. Perturbé, fronçant les sourcils, il prit sa tasse d’eau chaude, et l’avala sans y penser, se brûlant la gorge avec une légère grimace. Bien… il l’avait sur les bras, donc, et en plus il n’était pas de garde. Que faire ? Que dire ? Est-ce que Aldaron y tenait à cette chose ? Bon, vu comme il était habillé, et soigné, sans doute que oui, donc hors de question de l’abîmer vraiment. Ou de l’envoyer dans un endroit potentiellement dangereux quoi que très drôle. La pêche ? Aller à tous les coups, lui aussi ne mangeait que de la salade évidemment, tu parles d’un régime varié. Et oui, les vampires ne buvaient que du sang, ce n’était pas la même chose.
… d’ailleurs heureusement qu’ils ne déféquaient pas, ça aurait donné des boudins noirs…
… Il fallait vraiment qu’il se repose…
« Hm… les tartines sont bonnes ? »
C’était quoi cette chose dessus ? Avec prudence, comme s’il approchait d’un serpent venimeux, le vampire attrapa le pot de confiture pour en observer le contenu et le renifler. Sucré, beaucoup trop sucré. Un peu comme le sang d’un noble glorien gavé toute sa vie comme une grosse oie de concours. C’était censé être quoi exactement ? De la fraise ? Il reposa le pot et le reboucha, avant d’essuyer ses doigts légèrement collants. Finalement, il ne mangeait pas que de la salade non, mais ce n’était guère mieux à son humble avis. Par contre, ça lui ouvrait certaines possibilités.
« Et… tu es arrivé quand exactement ? Tu as un nom ? »
Etait-il stupide ? Bien sûr qu’il avait un nom ! Tout le monde en donnait un à sa progéniture, les elfes plus encore que les autres tant ils étaient fiers de leurs patronymes. Avait-il donc laissé le contenu de son crâne sur la table de nuit ce matin-là ? Ou alors Aldaron en avait besoin et le lui avait emprunté sans son consentement. Il allait falloir qu’ils aient une discussion à ce sujet alors ! Il avait l’air de quoi après, hein ? D’un imbécile. Enfin, au pire, il l’étoufferait avec une tartine et clamerait que c’était un accident. Ah non, il ne pouvait pas. Ça allait être dur de s’en souvenir.
« Tu… vas habiter ici définitivement ? »
Ne pas avoir l’air désespéré de la réponse lui coûtait tout son contrôle de soi, il n’avait pas la moindre idée de comment cette donnée allait influée sur sa relation avec Aldaron s’ils devaient vivres à trois sous le même toit. Et pas seulement pour des raisons psychologiques, mais aussi pratique… Où était sa chambre, pour qu’ils ne se soient pas croisés précédemment d’ailleurs ? D’ailleurs, n’était-il pas un sylvain venu do royaume elfique ? Allait-il se plaire à Caladon ? La ville n’avait sans doute rien à voir avec ce qu’il avait pu connaître, et s’il le vivait mal ? Finalement, égoïstement, ce serait peut-être une bonne chose, comme ça il pourrait lui montrer quelques petits lieux pour se sentir mieux.
« Tu as déjà visité la ville ? Ou bien tu viens pour la première fois ? »
Cette dernière option le glaçait légèrement. De toutes, c’était celle qu’il redoutait le plus : que Aldaron ait envie d’avoir un enfant pour leur couple. Non seulement c’était techniquement impossible, et pas seulement parce qu’ils étaient tous deux de sexe masculin, et qu’aucun n’était un hippocampe. Il était mort après tout, et même si par miracle, ils arrivaient à faire… ça… et il n’arrivait même pas à le nommer proprement, il ne savait pas à quoi… ça… pourrait bien ressembler. Et puis, est-ce que LUI voulait pouponner justement ? Pas vraiment, il avait déjà bien assez de mal à rester en place, et avoir assez de patience pour éduquer un rejeton. Un jour, peut-être… un jour lointain... très lointain. Non, décidément, si Aldaron tentait de lui faire aimer l’idée, il s’y était mal prit. Dans l’absolu, rien n’aurait vraiment marché, évidemment, mais là c’était pire que tout et ça ne ressemblait pas à l’elfe. Perturbé, fronçant les sourcils, il prit sa tasse d’eau chaude, et l’avala sans y penser, se brûlant la gorge avec une légère grimace. Bien… il l’avait sur les bras, donc, et en plus il n’était pas de garde. Que faire ? Que dire ? Est-ce que Aldaron y tenait à cette chose ? Bon, vu comme il était habillé, et soigné, sans doute que oui, donc hors de question de l’abîmer vraiment. Ou de l’envoyer dans un endroit potentiellement dangereux quoi que très drôle. La pêche ? Aller à tous les coups, lui aussi ne mangeait que de la salade évidemment, tu parles d’un régime varié. Et oui, les vampires ne buvaient que du sang, ce n’était pas la même chose.
… d’ailleurs heureusement qu’ils ne déféquaient pas, ça aurait donné des boudins noirs…
… Il fallait vraiment qu’il se repose…
« Hm… les tartines sont bonnes ? »
C’était quoi cette chose dessus ? Avec prudence, comme s’il approchait d’un serpent venimeux, le vampire attrapa le pot de confiture pour en observer le contenu et le renifler. Sucré, beaucoup trop sucré. Un peu comme le sang d’un noble glorien gavé toute sa vie comme une grosse oie de concours. C’était censé être quoi exactement ? De la fraise ? Il reposa le pot et le reboucha, avant d’essuyer ses doigts légèrement collants. Finalement, il ne mangeait pas que de la salade non, mais ce n’était guère mieux à son humble avis. Par contre, ça lui ouvrait certaines possibilités.
« Et… tu es arrivé quand exactement ? Tu as un nom ? »
Etait-il stupide ? Bien sûr qu’il avait un nom ! Tout le monde en donnait un à sa progéniture, les elfes plus encore que les autres tant ils étaient fiers de leurs patronymes. Avait-il donc laissé le contenu de son crâne sur la table de nuit ce matin-là ? Ou alors Aldaron en avait besoin et le lui avait emprunté sans son consentement. Il allait falloir qu’ils aient une discussion à ce sujet alors ! Il avait l’air de quoi après, hein ? D’un imbécile. Enfin, au pire, il l’étoufferait avec une tartine et clamerait que c’était un accident. Ah non, il ne pouvait pas. Ça allait être dur de s’en souvenir.
« Tu… vas habiter ici définitivement ? »
Ne pas avoir l’air désespéré de la réponse lui coûtait tout son contrôle de soi, il n’avait pas la moindre idée de comment cette donnée allait influée sur sa relation avec Aldaron s’ils devaient vivres à trois sous le même toit. Et pas seulement pour des raisons psychologiques, mais aussi pratique… Où était sa chambre, pour qu’ils ne se soient pas croisés précédemment d’ailleurs ? D’ailleurs, n’était-il pas un sylvain venu do royaume elfique ? Allait-il se plaire à Caladon ? La ville n’avait sans doute rien à voir avec ce qu’il avait pu connaître, et s’il le vivait mal ? Finalement, égoïstement, ce serait peut-être une bonne chose, comme ça il pourrait lui montrer quelques petits lieux pour se sentir mieux.
« Tu as déjà visité la ville ? Ou bien tu viens pour la première fois ? »