Orfraie Ataliel a écrit: Les jours sombres étaient passés, pour le plus part, mais d’autres étaient encore à venir. Orfraie ne doutait pas qu’il y aurait d’autres crises, d’autres pertes de contrôles. Elle faisait tout pour les empêcher et minimiser les risques, mais l’instinct de nouveau-né était parfois bien plus fort et intense que sa propre volonté. Bien entendu, elle exerçait son mental pour résister aux assauts de sa « bête », pour résister à l’envie de faire couler le sang. Si elle venait à blesser un proche, ou pire, elle ne pourrait se le pardonner… Et Luna était en première ligne de mire. Leur relation apportée son lot de douceur et de réconfort, mais Orfraie n’oubliait jamais qu’un instant d’inattention pouvait couter la vie de la Régente. Cela, toutefois, ne les avait pas empêché de faire de véritables folies, comme le jour où la blonde avait offert son sang à sa garde personnelle. Un sang délicieux, digne d’un repas de fête !
Revenant à son cousin, Orfraie posa de nouveau sur lui un regard empli de douceur. Il ne pouvait le voir, forcément, mais elle se doutait qu’il fût en mesure de le ressentir via les vibrations qu’elle dégageait. Parfois, la Vampiresse songeait à ce passé, ce temps où elle avait été une Chantepluie. De temps en temps, elle se disait que ne plus entendre les vibrations était dommage… Cela aurait été utile. Mais la nouvelle Orfraie se rendait à peine compte que cela avait été une épreuve pour la mortelle qu’elle avait été… Quelque part, devenir une Vampire lui avait permis de faire définitivement son deuil. « Je l’espère » Murmura-t-elle lorsqu’Amaury l’assura que les Elfes, un jour, comprendraient. Cela était, malheureusement, très incertain… Cela allait demander du temps, énormément de temps. « Merci » Lui répondit-elle ensuite, lorsqu’il la félicita. A nouveau, elle sourit. « C’est une renaissance. Plus que Vampire, je suis Dragonnière… Je touche du doigt quelque chose de plus grand… Et être liée à l’esprit draconique est… Époustouflant. » Tenta-t-elle d’expliquer, ses yeux partant dans les nuages. « J’espère pouvoir te le présenter. » L’assura-t-elle en reposant ses glaciers sur lui.
Amaury était si souriant, si joyeux. S’en était totalement contagieux et Orfraie sentait son cœur s’alléger au contact du Chantebrise. Sa voix sonnait comme une caresse à ses oreilles pointues, des paroles pleines de réconfort et d’amour. Amaury parvint même à émouvoir la guerrière jusqu’aux larmes, bien qu’elle se retînt d’en verser. Elle n’aimait pas réellement les larmes de sang. « Cela aussi me touche énormément. La majorité des Elfes que j’ai croisés ne me témoignent qu’une franche hostilité et se montre souvent insultants. Ils pensent que… Je suis … Une bête enragée ? Quelque chose de ce genre, j’imagine… » Fit-elle avec dédain, un soupir quittant ses lèvres par la suite. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, écoutant son cousin lui conter ses aventures. Elle était heureuse d’entendre qu’il continuait à aider son prochain et que le temps avait guéri ses blessures, au moins un peu. La mention de leur cousine commune la fit sourire et sa voix se fit plus… taquine. « Elle travaille ici. Je n’ai pas encore eu l’occasion de réellement lui parler depuis que j’ai recouvré mes souvenirs… Comment était-elle ? De quoi avez-vous parlé ? Nous devrions essayer de nous voir tous les trois, ensemble. Ce pourrait être agréable… Si elle est comme toi à mon sujet. » Termina Orfraie, incertaine.
Devenir dragonnier était quelque chose qui lui échappait en grande partie. Bien sûr, il pouvait s'en faire une idée avec les discours et les changements qu'il pouvait noter dans les vibrations, mais ce n'était sans doute rien face à ce que pouvait vraiment éprouver et découvrir un lié. Tout comme pour les maîtres baptistrels lorsqu'ils touchaient les vibrations du monde pour la première fois, c'était un nouvel univers qui s'ouvrait à elle et elle devait avoir désormais beaucoup à apprendre en compagnie de son jeune dragon.
« Je ne peux pas vraiment imaginer quel effet ça fait et à quel point ça doit être merveilleux, mais ce dont je suis sûr, c'est que tu le mérites largement ! » Ajouta-t-il simplement, sincère.
Plus encore, après toutes ces épreuves qu'elle venait de traverser, après tous ces tourments qu'elle avait subits, cela devait être un véritable océan de bonheur. Ce nouveau statut l'aiderait sans doute à mieux se faire respecter et apprécier des autres, malgré sa transformation. Les liés n'étaient pas des cibles, bien au contraire, et en cette période de paix, il espérait qu'elle puisse voir grandir son dragon et renforcer son lien avec lui sereinement.
En dépit des changements, il sentait dans les ondes de sa cousine une proximité qu'ils avaient su renouer bien facilement, comme si, quels que soient les aléas de la vie, ils resteraient toujours proches. Que ce soit la distance, leur nature ou leurs choix, rien ne semblait pouvoir vraiment les séparer.
Amaury avait toujours tenu à elle du moment où il avait su existence. C'était elle qui s'était occupée de lui quand il ne souhaitait que la mort, c'était elle qui lui avait tenu la main pour remonter du gouffre dans lequel on l'avait poussé et dont il n'avait pas voulu sortir. Il lui serait toujours redevable pour cela, même si ça n'appartenait maintenant plus qu'à un passé lointain auquel elle était presque étrangère. Ça n'avait pas tant d'importance pour lui, il percevait en elle une fabuleuse lumière qui était bien loin de s'éteindre. Le Chantebrise sentait qu'il avait réussi à l'alléger un peu de ses peines et ce nouveau bonheur qui la parcourait semblait arriver jusqu'au sein de son propre cœur.
« Bien des elfes sont trop entêtés et si peu favorables au changement qu'ils ne savent plus vivre que dans le passé. Les vampires furent autrefois les ennemis de notre peuple, mais tout cela à bien changé maintenant. Eux aussi sont capables de bonté et certains sont même bien plus bénéfiques que les elfes. Nous devons tous faire preuve d'ouverture d'esprit maintenant, pour apprendre à s'accepter les uns les autres et à faire perdurer cette paix pour laquelle nous nous sommes tant battus. »
Il soupira doucement. Amaury voyait dans ces premières années de paix des signes favorables, mais les choses n'allaient pas si vite et il n'était pas temps de se relâcher. Tout pouvait parfois basculer si vite...
« Je crois que c'est devenu une tradition familiale chez les Ataliel de s'enfuir lorsqu'on ne se conforme pas à leur inflexible vision des choses. » Ajouta-t-il, tentant d'en faire une plaisanterie, en vain.
Le poids de leur famille restait encore lourd dans son cœur et s'il n'avait pas eu deux de ses cousines pour adoucir son opinion à ce sujet, il aurait sans doute encore beaucoup de chemin à faire dans sa guérison.
« Eh bien... en ce qui me concerne, je ne l'avais pas revue depuis que mon père m'a banni... Ça faisait... si longtemps... » Commença-t-il à dire péniblement. Cela faisait tout juste quelques mois qu'ils s'étaient revus, c'était bien trop peu pour que sa culpabilité puisse s'effacer. « Je m'en veux terriblement, j'ai été si lâche... Nous étions très proches tous les deux, mais après ce qui m'était arrivé, je n'ai jamais osé partir à sa recherche... Je croyais qu'elle était toujours restée avec les elfes, qu'elle était partie avec eux et qu'elle se trouvait quelque part dans leur nouveau royaume, à Estëllin sans doute. Je n'ai toujours pas la force de retourner là-bas, tu sais... » Ajouta-t-il d'une voix brisée.
Des larmes s'étaient mises à couler le long de ses joues. Il ne savait pas vraiment si tout cela le soulageait, il ne voulait pas l'embarrasser avec ses propres états d'âme, mais il ne pouvait pas lui mentir. Au fond de lui, il avait aussi besoin du soutien et du réconfort de celle qu'il considérait comme sa grande sœur.
Il releva un peu la tête, tentant de sourire à nouveau.
« Elle est devenue conseillère à Aldaria, elle est heureuse ici. Je suis certain qu'elle ne te rejettera pas, Astrea n'est pas comme ça, elle ne l'a jamais été. »
Non, Astrea était candide, douce et pétillante de joie. Elle n'avait pas de raison d'être effrayée, ni d'être mal à l'aise avec Orfraie. Plus que tout, elles formaient toutes les deux cette vision d'une famille qu'il aurait toujours voulu avoir.
Orfraie Ataliel a écrit: L’enthousiasme dont faisait prévue Amaury touchait Orfraie au plus haut point. Sa sincérité encore plus. Bien sûr, il ne pouvait pas mentir, mais cela ne changeait rien au fait qu’il ne se forçait pas à parler. Avoir l’opportunité de discuter avec un Elfe sans devoir subir une haine farouche était également un baume pour le cœur de la, désormais, immortelle.
« Merci… » Murmura-t-elle donc face au compliment du jeune Baptistrel, quelque peu…gênée ? Elle ne savait pas si elle méritait d’être devenue Dragonnière, mais elle en était, bien sûre, heureuse. Un léger sourire naquit finalement sur ses lèvres, doux et délicat.
Un océan de bonheur, oui, mais aussi des problèmes. Firindal était un Dragon avec son petit caractère et il y avait des choses qui lui plaisaient plus ou moins, comme la proximité de sa Liée avec la Régente. Orfraie n’aimait pas blesser son Jade, mais d’un autre côté elle avait besoin de la proximité de son Soleil. Ainsi, sa vie n’en était parfois que plus compliquée ! Mais bien sûr, son statut lui offrait une certaine quiétude et si certains mortels lui vouaient une haine farouche, ils ne tentaient rien contre elle.
« Je ne peux qu’être d’accord avec toi. C’était là mon point de vue avant ma transformation et ça l’est encore aujourd’hui. » Elle soupira à son tour. La haine et les rancœurs étaient moins vivaces qu’autrefois, mais toujours présents. Combien de temps serait-il nécessaire avant de parvenir à de vraies ententes sans arrière-pensées, sans sous-entendu ? Cela serait-il possible un jour ? Orfraie l’espérait du plus profond de son être et, surtout, espérait être présente le moment venu. Du fait de son immortalité, cela demeurait possible même si de telles ententes avaient lieux dans des siècles et des siècles, ce qu’elle ne souhaitait pas bien entendu.
Un léger rire quitta les lèvres charnues de la guerrière. La tentative d’humour de son cousin avait porté ses fruits malgré ce qu’il pouvait penser. Ironiquement, il avait raison et cela amusait Orfraie, qui était bien décidé à ne plus faire de drame vis as vis de cela. Ainsi, elle vint doucement caresser la main du Chantebrise.
« Ces choix ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui et je ne le regrette point. » lui dit-elle avec sérieux.
« Viendra un jour où tu trouveras un sens nouveau au nom que tu portes, toi aussi. » L’assura ensuite Orfraie, qui glissa tendrement sa main jusqu`à la joue de son cousin.
Elle comprenait que le poids de son nom pouvait encore peser lourd en son cœur, comme il avait longuement pesé dans le sien par le passé. Mais aujourd’hui, plus que jamais, elle le portait avec fierté. Orfraie souhaitait faire de ce nom un écho à la tolérance et au changement. N’était-elle pas, après tout, la première Princesse Elfique ne faisant qu’une avec ses frères maudits ? Parce que c’étaient ce que les Vampires étaient.
Astrea devint, par la suite, le nouveau sujet de conversation et avec douceur, Orfraie revint saisir la main de son cousin, lui apportant ainsi tout son soutien. Lorsque les larmes dévalèrent les joues de l’elfe, la vampiresse s’avança davantage jusqu’à pouvoir les embrasser. Cette proximité pouvait être dérangeante, mais pas pour Orfraie.
« Je ne pensais pas être en mesure de retourner à Estëllin, puis on m’a tendu la main. Je sais que cela sera douloureux et pénible, mais je vais m’y rendre prochainement… Et le jour où tu désireras faire de même, tu pourras compter sur moi. » Et à mesure qu’elle parlait, les doigts de l’ancienne princesse attachèrent un fin bracelet autour du poignet d’Amaury.
« Je serais toujours là pour toi, comme elle l’a été par le passé. Je te le promets. » Murmura finalement l’ancienne Chantepluie dans un doux murmure, faisant sans aucun doute référence à la mortelle qu’elle avait été. Finalement, elle se redressa quelques secondes plus tard et déposa un baiser sur le front de l’Elfe.
Spoiler :
Elle lui attache Tirith autour du poignet ♥♥♥
Tirith
(Personalisation de Bague des Murmures)Bracelet argenté s'ajustant parfaitement au poignet de celui qui le porte. Décoré d’entrelacs de feuilles et de tiges finalement réalisées, ce bijou permet de communiquer avec le porteur de son jumeaux, peu importe la distance les séparant.
→ Enchantement 1 : Impalpable bouclier - apposer sur un bijou ou une cape, permet d'absorber un coup ennemi grâce à un bouclier magique invisible de puissance égale à la caractéristique endurance du porteur.
→ Enchantement 2 : Vitalité - Apposé sur un bijou, il lui permet d'emmagasiner de l'énergie qui pourra être retransmise à un être vivant (peut ainsi effacer la fatigue physique ou magique jusqu'à un certain point, trop l'utiliser peut être mortel)
Le contact entre leurs mains procurait à son cœur un sentiment chaleureux, tout comme l'éclat de rire qu'il était parvenu à faire naître chez elle. Il n'y avait rien pour le rendre vraiment triste en ce moment, mais l'idée de leurs retrouvailles avait semé en lui quelques craintes et il se sentait bien plus léger maintenant qu'il s'en était débarrassé. Les choses n'étaient plus tout à fait comme avant, mais elles n'avaient évolué en rien qui ne soit négatif. Leurs pensées elles-mêmes semblaient très bien s'accorder. Il fallait dire qu'Amaury n'avait aucun rejet à propos des vampires, à moins que ceux-ci ne se montrent vraiment violents et il voulait toujours faire de son mieux pour les aider, sans distinction, comme il pouvait le faire avec n'importe qui d'autre.
À ses côtés, il s'était senti à tel point en confiance que les larmes avaient coulé d'elles-mêmes sur ses joues et il la laissa les sécher du bout de ses lèvres. Quel aurait été son chemin si elle n'avait pas été là pour lui ? Que serait-il advenu de lui ? Aurait-il au moins survécu ? Pendant un bref instant, il continua de pleurer, chagriné à la fois par sa lâcheté et par la perte de cette cousine dont la renaissance se trouvait tout juste à ses côtés. C'était... si étrange, tellement singulier comme impression qu'il ne savait pas exactement ce qu'il devait penser de tout ça, si ce n'était cette joie de ne pas l'avoir perdue totalement, ce désir de l'aider, ce bonheur d'être à ses côtés.
Essayant de garder son calme, il l'écouta sans l'interrompre. Son cœur se serra lorsqu'elle lui parla d'Estëllin, il aurait bien aimé l'aider, il voulait effacer toute douleur d'elle, faire en sorte que ce retour ne cause ni problème ni chagrin, mais il était bien impuissant à ce sujet. Heureusement, il la savait courageuse et forte, elle allait s'en sortir et passer cette épreuve avec brio, comme elle l'avait fait pour tout le reste.
Délicatement, elle enroula un objet autour de son bras et il usa de son autre main pour le parcourir du bout de ses doigts et en découvrir les aspérités. C'était un bracelet fait de feuilles et de tiges qu'il devinait empreint de magie. Il ne pouvait pas vraiment en évaluer la richesse ou la beauté visuelle, mais il savait que c'était un merveilleux cadeau qu'elle lui faisait-là.
À la fois surpris et souriant, il se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras, l'étreignant doucement contre lui.
« Merci beaucoup Orfraie. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi autrefois, merci pour être encore là pour moi aujourd'hui. Tu fus l'une des personnes les plus importantes à mon cœur et je ne doute pas que tu continueras à l'être pour toujours. » Affirma-t-il avec une émotion certaine.
Puis il s'éloigna légèrement d'elle, se contentant de ramener lentement sa main jusqu'à la sienne et de la serrer à nouveau.
« Je suis de tout cœur avec toi pour ton retour à Estëllin, je sais que ce sera difficile, mais tu es plus forte que beaucoup de monde, si ton cœur est solide, leurs coups ne pourront t'atteindre. J'aimerais vraiment t'accompagner, mais... je ne me sens pas encore prêt pour cela. » Avoua-t-il sans crainte.
Il savait qu'elle ne lui reprocherait pas cela, elle aussi connaissait cette même angoisse, même si sa transformation lui permettait sans doute un certain détachement à ce sujet. C'était pour le mieux d'un côté, puisque ainsi elle ne pourrait pas vraiment souffrir des liens que d'autres allaient rompre pour des conflits et des préjugés qui n'avaient pourtant plus de raison d'exister.
« Maintenant que mes deux plus chères cousines se trouvent réunies dans la même ville, cela me donne mille fois plus de raisons qu'autrefois de venir à Aldaria. Je te promets que l'on se reverra plus souvent, que l'on pourra se donner le temps de reformer ce lien si fort qu'il y avait entre nous. D'ailleurs, j'espère que tu n'avais rien de très important de prévu aujourd'hui, car j'ai bien l'intention de te garder encore un peu pour moi ! » S'exclama-t-il en riant.
Bien évidemment, ce n'était là qu'une plaisanterie, car il n'allait pas la retenir si cela risquait de mettre en péril son travail ou l'une de ses relations. Il émettait simplement son souhait de passer du temps avec elle aujourd'hui et il aviserait selon sa réponse.
Orfraie Ataliel a écrit: Les lèvres de la plus âgée restèrent posées sur le front du Maitre-Barde pendant de longues secondes, tous deux immobiles telles des statues colorées. C’était un geste démontrant une grande affection - un amour profond et protecteur - qu’Orfraie avait posé. Et ce ne fut qu’au terme d’un long instant qu’elle se recula tandis que le Baptistrel caressait de ses doigts le fin bracelet qu’elle lui avait attaché au poignet. Elle-même en portait l’exacte copie et ne s’en séparerait plus jamais, s’était-elle promise en les enchantant tout deux.
Mais l’Elfe parvint à agréablement surprendre son ainée lorsqu’il se leva pour l’étreindre avec douceur. Orfraie se laissa couler dans la chaleur de ses bras, posant sa tête contre son épaule. Ses propres bras passèrent sous les siens et ses mains se refermèrent dans son dos, sur le tissu de ses vêtements. Ses yeux se voilèrent et elle inspira longuement, profitant du calme et de la sérénité qu’elle ressentait au contact de son bien-aimé cousin. Ses mots furent comme une caresse et elle sourit doucement, tout contre lui, avant de répondre dans un murmure.
« Et je te remercie d’être là aujourd’hui et pour les siècles à venir. »
Ils s’éloignèrent, mais Orfraie avait encore ce doux sourire, si caractéristique de la femme empli de douceur qu’elle avait été.
« Ce n’est rien, je comprends parfaitement. » Le rassura-t-elle en pressant doucement ses doigts. Comment aurait-elle pu lui en vouloir pour cela, de toute façon ? « Même si j’avais eu quelque chose de prévu, j’aurais fait en sorte de me libérer pour toi. »
Elle lui fit un clin d’œil qu’il ne pouvait pas voir mais que, peut-être, il pouvait deviner. Il était temps de rattraper le temps perdu et Orfraie savait par quoi elle voulait commencer, mais avant toute chose elle devait s’assurer que, malgré son serment, Amaury garde le silence sur ce qu’elle souhaitait lui révéler.
« Il y a une chose que je souhaite partager avec toi, mais j’ai besoin de ton silence. Si cela se savait, ma vie ou celle d’une autre personne pourrait être menacée. » Lui révéla-t-elle avec le plus grand des sérieux. Lorsqu’elle fut certaine qu’il ne dirait rien, elle reprit la parole. Elle semblait vraiment heureuse de pouvoir partager cela avec lui. « J’ai trouvé l’amour, autrement qu’à travers mon lien avec Firindal. Elle s’appelle Luna, c’est une Dragonniere et c’est aussi la Régente. Elle me rend vraiment heureuse et je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit parce qu’elle est avec moi, parce que je suis une femme ou … une vampire. »
Son remerciement lui réchauffa le cœur de la plus belle des manières. Il avait parfois l'impression d'oublier à quel point cela faisait du bien d'être avec ceux qui lui étaient chers, avec sa famille, avec ses amis, avec toutes ces personnes qui tenaient à lui autant qu'il tenait à eux. Ce sentiment chaleureux renforçait sa volonté de ne plus les abandonner, de cesser de fuir pour courir vers ces moments dont il avait plus que tout besoin. Même s'il se laissait d'ordinaire guider par les vibrations, il ne devait pas non plus renoncer à tout cela pour autant.
Son sourire s'agrandit encore plus qu'il ne l'était déjà lorsqu'elle lui dit qu'elle comptait bien passer sa journée avec lui, quoi qu'il arrive. Il n'aurait pas pu espérer que leurs retrouvailles soient aussi heureuses puisqu'il avait envisagé que sa transformation ait pu changer un certain nombre de choses. Il était donc totalement ravi de voir que ça n'affectait en rien leur forte amitié.
« Merci, cela me touche beaucoup. » Avoua-t-il d'une voix douce.
Au travers des vibrations, il sentait bien qu'elle était sincère et qu'elle se réjouissait elle-même de pouvoir rester un peu à ses côtés. Il était temps pour eux de profiter de cet instant, pour rattraper tous ces moments où ils avaient vécu si loin l'un de l'autre, sans avoir la possibilité de s'aider mutuellement.
Puis elle lui fit une demande particulière, celle de son silence, car elle voulait lui parler de quelque chose qui devait rester secret. Elle n'avait pas besoin de lui dire que cela risquait de mettre quelqu'un en danger, car à partir du moment où il faisait une promesse, rien ni personne ne pourrait lui faire briser son serment. C'était une règle que les baptistrels devaient respecter, mais surtout une règle qui l'avait toujours régi, dès le jour de sa naissance, peut-être même avant.
« Tu peux parler librement, je garderai tout cela pour moi. » Dit-il pour la rassurer, la gratifiant d'un léger sourire.
Il se sentait touché qu'elle lui fasse à ce point confiance. Alors elle lui parla de quelque chose de très important et qui l'émerveilla au plus haut point. Malgré les difficultés qu'elle avait dû traverser, la vie semblait lui sourire à nouveau et tout faire pour la rendre plus heureuse que jamais.
« Oooh... » Délicatement, il serra ses mains dans les siennes. « C'est merveilleux ! »
Amaury ne connaissait pas personnellement la régente, mais il avait entendu de nombreuses choses à son sujet et elle avait une très bonne réputation. Comment aurait-il pu alors ne pas se réjouir pour sa cousine ? Il était certain que Luna devait prendre bien soin d'elle, sans quoi les ondes qui émanaient d'elle auraient eu une certaine perturbation, non, tout dans cet amour semblait pur et sincère.
« Je suis très heureux pour vous deux ! J'espère qu'il y aura un jour où vous n'aurez plus besoin de vous cacher et que personne ne vous dira rien à ce sujet, mais tant que vous ne souffrez pas de tout cela, ce n'est pas vraiment très important. Je sais qu'elle doit être occupée avec sa fonction de régente, mais est-ce que tu me la présenteras ? »
Ce n'était pas obligatoire que ce soit maintenant ou un autre jour, mais puisqu'elle était devenue quelqu'un d'important dans le cœur de sa cousine, il avait envie de la connaître davantage et de pouvoir se faire sa propre idée de cette femme sans avoir à prendre en compte ce que les autres en disaient.
« Cela fait longtemps ? Tu ne m'avais pas encore parlé d'elle. Raconte-moi tout ! » S'exclama-t-il en riant.
Bien sûr, il ne l'obligeait à rien, il voulait simplement en savoir un peu plus, maintenant qu'elle avait commencé à lui en parler.
Orfraie Ataliel a écrit: Demander son silence pouvait paraître étrange, voire irrespectueux. Après tout, n'était-elle pas en train de lui demander de mentir pour elle ? N'allait-elle pas contre ce serment qu'elle connaissait elle-même pas cœur en demandant une telle chose ? Orfraie connaissait parfaitement ce qu'un mensonge, ce qu'un acte allant contre le serment Baptistral pouvait causer. Autrefois, elle avait brisé son serment et en avait souffert pendant des siècles... et c'était une chose qu'elle ne souhaitait pas à son cousin. Cette douleur, elle ne voulait pas plus jamais la ressentir et ne voulait pas, en aucun cas, que Amaury en soit victime lui aussi... Alors que lui passait-il par la tête de lui demander une telle chose ?
Eh bien, le commun des mortels a tous tendance à croire qu'un Baptistrel est tenu de dire toute la vérité et rien que la vérité, ce qui est faux. En effet, un Enwr ou un Cawr peut parfaitement garder un secret en révélant qu'il est tenu de ne rien en dévoiler. Dès lors, mensonge ou pas, cela dépendait du point de vue...
Ainsi, un sourire naquit sur les lèvres charnues de la princesse des ombres, qui révéla l'identité de celle qui faisait battre – au sens figuré - son cœur. Et la réaction de son cousin vint agrandir ce sourire, qui devint éclatant. Son approbation lui faisait chaud au cœur, de même que son enthousiasme.
« Oui, j'ai beaucoup de chance avec elle. » Approuva Orfraie sans se départir de son sourire. « Je suis complètement sous son charme, si tu savais. »
Cela ne faisait aucun doute étant donné l'immense sourire qui ornait ses lèvres. Amaury ne pouvait pas le voir, bien entendu, mais les vibrations qui émanaient de la belle vampiresse devaient la trahir : elle était heureuse et amoureuse. Cette idée l'amusa.
« Je l'espère aussi, même si nous cacher ne me dérange pas. Je dirais même que cela ajoute du piment à notre relation. » Précisa t-elle dans un large sourire. « Je te la présenterais ! Cela me ferait vraiment plaisir et, la connaissant, à elle aussi. »
Luna n'était pas une personne timide et sa franchise ainsi que sa simplicité lui donnait la chance d'avoir le contact facile avec les nouvelles personnes, du moins s'était ainsi qu'Orfraie le voyait. La dernière question du Baptistrel tira un sourire à sa cousine, qui était en mesure de tout lui raconter depuis qu'elle avait recouvré ses souvenirs.
« En vérité, nous nous sommes rencontrés à Sandur où, dans un concours de circonstances que je ne détaillerais pas, nous avons passé une nuit ensemble. » Révéla Orfraie, qui se remémora leur première rencontre quelque peu musclée. Après tout, elle avait failli étrangler Luna cette nuit la ! « Nous nous sommes ensuite revu deux ans plus tard, à Estëllin pour le mariage d'Aegnor. Elle avait quelqu'un à l'époque et nous avons décidé d'êtres amies, bien que j'en aurais fais mon quatre heure avec plaisir. » Elle laissa échapper un rire en y songeant. « Puis, lorsque Lewyn m'a transformé, il m'a conduit à Aldaria. Luna était devenue Régente suite à la congélation de Korentin. C'est elle qui m'a nommé Lame Ecarlate, autant pour garder un œil sur moi que par l'intervention de Aegnor auprès d'elle. Même sans me souvenir d'elle, j'ai été aussitôt attirée, mais elle n'était pas libre et mon attirance était autant physique que pour son sang. Alors je me suis tenue le plus à l'écart possible... Puis, elle s'est retrouvée libre vers juillet. Je n'ai rien tenté, sa compagne étant décédée de façon tragique... et il y a une dizaine de jours, j'ai craqué et alors que nous étions en plein moment confidence, j'ai révélé ce que j'avais sur le cœur. C'est elle qui m'a embrassé la première. J'ai l'impression d'avoir retrouvé mes quatre-vingts ans. » Conclut-elle en riant.
Comme les ondes qui sonnaient sous l'effet du bonheur et de l'amour pouvaient être agréables ! C'était sans nul doute les plus belles, même si d'autres sortes d'émotions, des souvenirs, des pensées pouvaient avoir leurs propres charmes. Sans se retenir, il se laissait transporter par tout ce qu'elle lui permettait de ressentir en cet instant, affichait un grand sourire sur son visage, goûtait à une partie de sa propre félicité. Celle-ci se mêlait à la sienne, à tous ses souvenirs, ses pensées, ses sentiments pour Astrea. Une part de lui avait terriblement envie de lui parler d'elle, de la retrouver sur le champ, elle était si proche... mais une autre, plus raisonnable, plus attentionnée, désirait ardemment l'écouter, en apprendre davantage, pouvoir se réjouir pour sa si chère cousine, pour cette grande sœur à qui il devait tout.
« Alors j'en suis encore plus ravi. » Répondit-il, terriblement sincère à l'idée de cette rencontre.
S'il existait quelqu'un en ce monde capable de rendre Orfraie si rayonnante, alors ce devait certainement être une personne exceptionnelle.
Puis, sans chercher à l'interrompre une seule fois, il écouta son récit où elle lui évoqua de quelle manière elles s'étaient rencontrées jusqu'au moment où elles s'étaient totalement rapprochées. Peu de temps avant, des sentiments aussi heureux l'auraient peut-être replongé dans son terrible passé, dans son atroce souffrance, c'était un peu le cas en ce qui concernait les souvenirs, mais il réussissait pour une fois à garder son cœur calme, à simplement sourire sans ressentir de peine.
Comment aurait-il pu en être autrement ? Baptistrel ou non, sa joie était vraiment communicative et il avait juste envie de rire avec elle. Il le fit sans se priver, les larmes aux yeux, mais bien loin d'exprimer une quelconque tristesse.
« Il a fallu bien des péripéties pour que vous puissiez vous retrouver ! » Répondit-il en riant doucement. « Je ne sais comment je pourrais remercier Luna d'avoir pris soin de toi depuis ta transformation... J'ai eu si peur pour toi, je m'en voulais tellement de ne pas avoir pu être là plus tôt... je suis rassuré d'entendre que tu n'as jamais été seule et même que tu es très bien entourée. »
Plus doucement cette fois-ci, il lui sourit et, délicatement, il laissa glisser sa main sur sa joue, dans un geste très affectueux, prouvant à quel point il tenait à elle, malgré son choix de vie qui le poussait si souvent à vivre loin d'elle.
« Lorsqu'on est heureux, lorsqu'on a atteint un tel degré de bonheur, on ne sent plus le poids des décennies. Nous étions heureux et insouciants à quatre-vingts ans, il n'appartient qu'à nous de retrouver des instants aussi plaisants. »
Puis, prenant la main de sa cousine, il la tira un peu vers lui.
« Ne crois pas t'en tirer si vite avec d'aussi maigres explications sur ta nouvelle vie, je vais avoir d'autres questions ! Mais si tu me montrais d'abord là où tu passes le plus de temps, là où tu aimes aller lorsque tu te sens rêveuse ou un peu triste ? » S'exclama-t-il d'un ton léger.
Toute leur conversation avait chassé les ombres qui planaient dans son esprit, il n'aurait pu espérer se sentir aussi rassuré, autant joyeux et confiant pour elle. Heureusement, les malheurs avaient parfois de bien meilleures suites.