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Aldaria, le palais, siège des Lames Écarlates
28 août de l'an 7

Ce n'était pour une fois pas le hasard qui avait mené ses pas jusqu'à cette destination, mais une réelle volonté de sa part, un appel muet auquel il aurait été bien incapable de céder. Cela faisait bien longtemps que la princesse des elfes incarnait pour lui sa seule famille, la seule à ne pas l'avoir rejeté ni à l'avoir fait terriblement souffrir, c'était même elle qui l'avait en partie sauvé et il lui en serait sans doute éternellement redevable. Sa présence au sein de la cité elfique en temps que générale des rôdeurs ne lui avait permis que trop peu de la revoir, le baptistrel n'ayant encore jamais eu la force ou l'envie d'aller là-bas, mais ça n'avait en rien entaché leur lien. Leurs retrouvailles n'avaient-elles pas toujours été heureuses, quelles qu'en soient les circonstances ?
Pourtant, aujourd'hui cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas croisés à nouveau, trop peut-être. Il n'avait appris la nouvelle qu'à retard, un peu trop insouciant, un peu trop ailleurs ? Malgré la paix, rien ne semblait pouvoir empêcher de nouvelles catastrophes et l'excursion aurait pu lui retirer à jamais sa précieuse cousine. Mais le Dracos en avait fait autrement, préférant lui ouvrir les voies de l'immortalité, de cette espèce qui s'était autrefois incarnée comme le pire ennemi de la leur et qui était encore aujourd'hui tant rejetée par les elfes.

Si certains devaient la repousser désormais avec plus que du mépris, c'était bien loin d'être son cas, puisqu'il luttait de toutes ses forces pour l'entente entre les différentes races qui peuplaient Armanda. Cette transformation, cela ne changeait rien pour lui, il espérait simplement qu'elle ne l'ait pas oublié pour toujours et qu'elle ne souffre pas trop de ce nouvel avenir. C'était donc pour cette raison qu'il était revenu jusqu'à Aldaria, pour s'assurer que tout allait bien et lui apporter son aide si jamais elle en avait besoin. De plus, quoi qu'il arrive, cela lui ferait certainement très plaisir de la revoir.

Lorsqu'il fut arrivé à la capitale du royaume Aldarien, il ne flâna pas dans les rues, mais se dirigea directement vers le palais, s'orientant grâce aux passants et à quelques bonnes âmes qui finirent par l'amener jusqu'à sa destination. Il avait entendu dire qu'elle avait rejoint les Lames Écarlates et espérait donc la retrouver par là.
Ainsi, il s'adressa au premier garde qu'il trouva.

« Bonjour, je suis le baptistrel Chantebrise Amaury, je suis à la recherche de ma cousine, Orfraie Ataliel. Pourriez-vous me mener jusqu'à elle ? » Demanda-t-il poliment, un doux sourire sur les lèvres.

L'homme accepta de l'accompagner jusqu'aux quartiers des Lames Écarlates, mais puisqu'ils se trouvèrent tous deux incapables de retrouver sa trace, il finit par le laisser ici. Amaury n'était pas tant pressé et se serait bien vite perdu dans le dédale du palais, ainsi, il préféra rester ici et sortit sa flûte pour y jouer quelques mélodies, persuadé qu'elle finirait bien par passer par là.
Au bout d'un moment ses espoirs finirent par être réalisés, car il perçut les vibrations d'une personne qu'il connaissait bien, mais qui lui semblait à la fois être devenue terriblement différente. Était-ce… sa cousine ? Il n'avait jamais vu parmi ses proches quelqu'un devenir vampire, aussi n'était-il pas du tout habitué à ce genre de transformation et surtout pas au niveau de sa perception de baptistrel. Pourtant, il était bien certain maintenant qu'il s'agissait d'elle.

Immédiatement, il arrêta sa musique et, tenant toujours sa flûte à la main, il s'avança doucement dans sa direction, difficilement capable de se repérer dans cet endroit qu'il connaissait encore si peu.

« Orfraie ? C'est bien toi ? » Demanda-t-il d'une voix pleine de douceur.

Si proche d'elle, il ne put s'empêcher de lui adresser un éclatant sourire. Elle avait l'air d'aller bien et il était impatient maintenant de pouvoir discuter avec elle.

descriptionInséparables [Orfraie Ataliel] EmptyRe: Inséparables [Orfraie Ataliel]

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Sous ses paupières closes, Orfraie décryptait chaque jour un peu plus de son passé. Les souvenirs qu'Aramis lui avait rendus étaient, parfois, un peu flou et mille interprétations pouvaient en être fait. Les images, les sons, les sensations… Tout cela, la vampiresse s'en souvenait, mais le plus important manquait : les sentiments.

Et sans sentiments, sans pouvoir ressentir ce que son ancienne elle avait ressentit, il était difficile de comprendre certain souvenirs... Les femmes pouvaient parfois être très complexes, dire une chose et en penser une autre... Et Orfraie s'en rendait compte ! Elle n'échappait pas à cette règle apparemment immuable.

Il y avait certaine chose qui échappait à la compréhension de la jeune vampiresse, comme par exemple la haine que les elfes lui vouaient. Au sein du Palais, elle ne croisait de temps en temps – du fait de la présence de l'Empereur et sa suite – et ne manquait pas de hausser les sourcils. Elle se souvenait pourtant avoir combattu avec eux et, bien qu'elle connût leur histoire, elle avait de la difficulté à comprendre leur façon de penser. Cela lui laissait un goût amer en bouche, mais également un sentiment de … Mépris ?

Devenir un vampire avait effacé sa mémoire et – de ce fait – La princesse des Elfes avait cessé d'exister... Mais avec ses souvenirs, n'était-elle pas de retour ? Au moins en partie ? Cela ne semblait pas suffire...

Dans son lit, Orfraie haussa les épaules. Elle n'avait pas envie d'y penser davantage pour l'instant, même si cela était nécessaire... Puisqu'elle serait de retour à Estëllin dans quelques semaines. Un long soupire s'échappa d'entre ses lèvres charnues, qu'elle mordillait sans réellement s'en rendre compte. Ses paupières se soulevèrent et le plafond de ses appartements, qui se situaient stratégiquement à côté de ceux de Luna, apparu. Les enluminures, les fresques et les peintures n'avaient plus de secrets pour Orfraie, qui avait décrypter les lieux depuis un moment, raison pour laquelle elle quitta le confort du lit.

Sous ses pieds, la pierre était froide, à égalité avec la température naturelle de son corps. Là où un mortel aurait frissonné, Orfraie saisit ses habits et s'en vêtit comme si de rien n'était. Elle rassembla ensuite sa longue crinière flamboyante et la noua en une tresse unique qu'elle fit passer par-dessus son épaule droite. Quelques mèches rebelles s'échappèrent de sa coiffure et vinrent encadrer son visage aux traits délicats.

Laurelin au côté, Orfraie se dirigea vers le siège des Lames Ecarlates. C'était un chemin que l'ancienne princesse connaissait par cœur et pouvait faire les yeux fermés. Comme d'ordinaire, elle croisa les serviteurs de la famille royale et les salua d'un sourire tandis qu'elle quittait l'aile Impériale, où se trouvaient les appartements des Kohan, de la Régentes et de leurs gardes personnels.

Les mains jointes dans le dos, la dragonnière de Jade marqua un temps d'arrêt au détour d'un couloir. Il lui semblait entendre une mélodie bien spéciale... Le questionnement vint se peindre sur ses traits tandis qu'elle penchait légèrement la tête pour mieux entendre, bien que cela ne soit pas réellement utile.

Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'elle se rendit compte qu'il s'agissait d'un air de flûte, un air qu'elle connaissait. De ce qu'elle avait décrypté, cette douce musique faisait autrefois naître de la joie dans le cœur de son ancienne elle, ce qui la rendait heureuse à son tour.

Suivant la piste, Orfraie tomba finalement sur un Elfe. Les glaciers dévisagèrent cet homme tandis que sa mémoire faisait resurgir un nom.

- Amaury … Sa voix à l'accent Elfique n'était qu'un murmure d'une grande douceur. C'est bien moi...

Le baptistrel s'approcha, ou voulu le faire, mais dans ce lieu qu'il ne connaissait pas encore, ses yeux qui ne voyaient plus ne lui servaient à rien et ses sens avaient de la difficulté à se repérer. Orfraie fit donc un pas vers son cousin et saisit doucement sa main libre, qu'elle serra avec douceur. Grâce à son collier, la peau pale était aussi chaude que celle du Chantebrise. Amaury se rendrait-il compte que l'ancienne princesse se souvenait de lui ? De tout ?

descriptionInséparables [Orfraie Ataliel] EmptyRe: Inséparables [Orfraie Ataliel]

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Ses mots à peine prononcés reçurent une réponse immédiate, confirmant son infaillible intuition, toujours portée par les vibrations qui composaient son univers. Le Chantebrise n'eut qu'un pas à faire que sa cousine se trouvait déjà toute proche de lui et elle attrapa doucement sa main. C'était un contact chaleureux, bien loin de ce qu'il en aurait dû être avec un vampire et c'était sans doute l'effet d'un enchantement qu'elle portait, car il ne pouvait pas se tromper sur sa nature profonde, même si elle était nouvelle et certainement à peine croyable.
Tout ce qu'on lui avait dit était bien vrai, il ne pouvait le nier maintenant qu'ils se trouvaient l'un en face de l'autre, mais il ne s'en attristait pas pour autant. Une part de lui savait bien qu'il avait perdu l'Orfraie qu'il connaissait depuis tant d'années, mais puisqu'elle semblait aller bien, il ne pouvait qu'être heureux pour elle et il ne risquait pas de la blamer pour quoi que ce soit.

Avec la même douceur, il serra légèrement sa main, appréciant ce geste qu'il n'avait pas partagé avec elle depuis si longtemps.

« Je suis tellement heureux d'avoir pu te retrouver. Quand j'ai appris ce qu'il s'est passé, j'étais terriblement inquiet. » Murmura-t-il.

Dans ses mots, il ne lui cachait ni son bonheur ni ce léger tourment qui planait encore en lui. Comme toujours, tel le baptistrel qu'il était, il se montrait d'une parfaite franchise, sans jamais perdre une once de sa délicatesse. Puis, profitant de ce court silence, il rangea sa flûte dans ses habits et, d'un geste lent, il éleva sa main libre jusqu'à son visage, effleurant sa joue du bout des doigts.
Quel était ce sentiment étrange qui le tenait depuis qu'elle était là ? C'était à la fois comme si elle n'avait pas changé et qu'elle était complètement différente. Il était incapable de se prononcer sur ce qui n'était plus pareil, même si certaines choses relevaient de l'évidence.

« Comment vas-tu ? Que s'est-il passé pour que... ? Je t'en prie, raconte-moi tout. »

Bien sûr, il pouvait obtenir de nombreuses réponses par lui-même, mais ça n'avait jamais été sa manière de procéder et il préférait largement entendre son ressenti de sa propre bouche. D'un sourire avenant, il l'invitait à lui faire le récit de ces derniers mois qui avaient totalement troublé sa vie, qui l'avaient littéralement métamorphosée. Ainsi, elle pouvait choisir de lui dire uniquement ce dont elle avait envie et il était prêt à lui apporter tout le réconfort dont elle avait besoin. Il était là maintenant, qu'importe ce qu'en pensaient le reste des elfes, ils l'avaient sans doute rejetée, aussi étroits d'esprits pouvaient-ils être, mais lui, son cousin, était là et quoi qu'il arrive, il ne l'abandonnerait jamais.

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Orfraie avait fait preuve d'une grande douceur en saisissant la main de son cousin. Elle voulait ce contact chaleureux et délicat, cassant ainsi une fois de plus l'image des Vampires. Son ancienne elle avait tendrement aimé cet homme et si elle était, désormais, incapable de ressentir cet amour, elle pouvait au moins essayer de renouer avec lui. Elle en avait l'envie, en tout cas, mais comment Amaury réagirait-il en se rendant compte que le puissant lien qu'il avait eut avec sa cousine s'était envolé

Avec douceur, Amaury referma ses doigts sur ceux de la Vampire. Celle-ci sourit, bien qu'il ne pouvait pas le voir, et fixa leurs doigts et leurs mains liées.

L'inquiétude du Baptistrel était légitime et guère étonnante. Il n'avait pas été le seul à s'inquiéter de l'avenir d'Orfraie, de savoir si elle avait survécue à sa transformation et si elle parvenait à vivre cette vie là. D'une pression sur la main de son cousin, elle tenta de le rassurer, avant de répondre sur le ton qu'il avait emprunté.

- J'imagine aisément ce que tu as pu ressentir… Mais je vais bien, aujourd'hui.

Aujourd'hui, oui, car hier n'avait pas été facile. Les premiers jours et les premières semaines avaient été compliqué pour Orfraie. Le sang avait coulé à flot durant cette période, l'instinct vampirique prenant systématiquement le dessus sur sa conscience dès que la soif se faisait ressentir. Aujourd'hui, toutefois, elle parvenait à exercer suffisamment de contrôle pour pouvoir évoluer en société. Cependant, elle ne jouait pas non plus avec le feu et prenait toujours grand soin d'étancher sa soif avant qu'elle se fasse ressentir, le tout en ayant toujours sur elle une gourde de sang.

Orfraie demeura immobile lorsque le Baptistrel leva sa main vers son visage. Sa mémoire lui permettait de savoir que c'était un geste banal pour lui qui ne pouvait user de ses yeux.

Songer à son passé, à sa mortalité, n'était en rien douloureux. La Vampire ne ressentait pas le manque vis-à-vis des choses qui avaient été essentielles à la vie de l'ancienne princesse. Si cela avait été le cas, sans doute serait-elle devenue folle ! Non, le fait qu'elle ne ressente pas d'amour pour les personnes qu'elle avait connue autrefois lui permettait de garder la tête sur les épaules et,  si elle le désirait, renouer ces liens… Comme elle avait envie de le faire avec Amaury, ce dernier ayant toujours était précieux aux yeux de son ancienne elle.

- Pas ici. Suis-moi.

Elle passa doucement son bras autour du sien et l'attira dans une autre direction. Parler ne la dérangeait pas, mais elle tenait à ne pas le faire au milieu du passage, là où n'importe qui pouvait entendre. Ainsi, les deux êtres se retrouvèrent rapidement à l'extérieur, sur un petit balcon aménagé, à l'écart. C'était un écrin de verdure, le lierre mangeant la façade du Palais.  Il y avait là une table et une chaise, objet qu'elle montra à Amaury en lui faisant poser la main sur le dossier. Elle-même vint s'appuyer contre la rambarde, dos au vide.

- Après la tentative d'assassina lors du mariage de l'Empereur Elfe, ce dernier m'a envoyé à la recherche de Wintel en compagnie de Wallam. A l'intérieur de la forêt, nous avons rencontré des … êtres. Ils nous on affaibli par magie, puis attaqué. Il y avait des Vampires et des animaux… Ce fut très rapide. J'ai étais mortellement touché.  Commença à résumer Orfraie. C'est là que le Dragon Rouge est arrivé. Il nous a permit de nous replier. Mes hommes m'ont trainé hors de la forêt, mais il était déjà trop tard pour moi. Je ne voulais pas mourir. Sans les Esprits, la réincarnation est impossible… Je ne voulais pas disparaitre, pas encore, alors j'ai fais la seule chose qu'il m'était possible de faire : J'ai offert ma gorge à un Vampire. Lewyn Viladric, je l'avais connu à Sandur. A mon réveil en tant qu'Immortelle, il m'a aidé, il ne m'a jamais laissé tomber… C'est grâce à lui si nous avons cette conversation. Sans son enseignement, je serais surement incapable de me contrôler à l'heure qu'il est.

Orfraie s'approcha doucement de son cousin, récupérant sa main avec délicatesse.

- Aramis m'a rendu ma mémoire. Elle a chanté mon chant-nom, ce qui me permet de me souvenir de toi, de tout. Je ne suis plus celle que j'ai étais,  mais grâce à ces souvenirs, une partie d'elle demeure au moins. Je suis moitié moins que ce que j'étais, mais je suis aussi moitié plus.

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Ses premières paroles suffirent à le rassurer. Il savait qu'elle ne lui mentait pas et pouvait aisément comprendre que les premiers temps de sa transformation n'avaient pas été faciles. Même s'il avait peu eu affaire à de jeunes vampires, il en connaissait les principaux problèmes et espérait simplement que sa cousine n'ait pas fait trop de dégâts. Elle était forte et avait l'habitude de se battre, alors avec les aptitudes d'un vampire, il ne doutait pas qu'elle n'ait aucun mal à se défendre... ou à agresser les autres. C'était tout le problème des vampires, car s'ils n'étaient pas capables de se procurer du sang de manière pacifique, ils pouvaient faire preuve d'une grande violence, notamment pour ceux qui ne parvenaient pas à se contrôler. Devait-il la blâmer pour cela ?

Visiblement Orfraie ne souhaitait pas parler de toutes ces choses-là au beau milieu du siège des Lames Écarlates et elle l'invita à aller dans un endroit où il n'y aurait pas d'oreilles indiscrètes. Ne connaissant pas vraiment les lieux, il se laissa faire et se contenta de la suivre, guidé par son bras. Ils se retrouvèrent donc à l'extérieur du palais et le Chantebrise s'assit sur la chaise où elle lui avait fait poser la main.
Avec les vibrations, il pouvait sentir qu'elle se trouvait proche de lui, mais aussi qu'il n'y avait personne aux alentours. Ici, elle commença ses explications et il l'écouta attentivement sans chercher à l'interrompre.

Amaury n'avait suivi que de loin les événements du mariage de l'empereur, il n'avait pas osé retourner là-bas, même pour une chose aussi importante et il avait plutôt compté sur ses frères et sœurs baptistrels pour faire acte de présence, s'immergeant de son côté dans son habituelle solitude. Le mariage semblait s'être globalement bien passé, hormis à la toute fin, ce qui avait sans doute gâché une bonne partie de cette semaine de joie et cela l'avait attristé. Il avait apprécié l'effort de leur empereur à inviter les dirigeants de chaque royaume dans cette nouvelle optique de paix et certains avaient cherché à ranimer une fois de plus les conflits qui résidaient entre eux.
Il n'était pas étonnant qu'Orfraie, en tant que générale, ait été impliquée dans les événements, mais cela semblait lui avoir été fatal cette fois. Quelle sorte d'ennemis avaient-ils affrontés ? Amaury avait un peu entendu parler de ce qu'ils avaient trouvé là-bas et c'était plutôt inquiétant.

Son cœur se serra en écoutant le récit de sa transformation. Il comprenait à quel point c'était difficile de voir toute sa vie s'effondrer, il comprenait qu'elle n'ait pas voulu affronter cela et qu'elle ait désiré survivre à la place, quels que soient les moyens. N'aurait-il pas fait la même chose lorsqu'il avait vu cette flèche se ficher dans le cœur d'Aneirin ? Si seulement la magie avait été là... ou si un vampire avait pu le ranimer, il l'aurait certainement fait, alors qu'il se trouvait retranché dans le plus profond désespoir.
Il connaissait lui aussi Lewyn, c'était un vampire respectable, bien loin de vouloir transformer quelqu'un sans son accord et de le laisser livré à lui-même. C'était une chance sans doute que celui-ci ait été présent plutôt qu'un autre. Cela le rassurait un peu plus en tout cas.
Doucement, elle vint prendre sa main et il la serra entre ses doigts, transmettant par ce biais son affection pour sa cousine. Il était aussi heureux que sa sœur Aramis lui ait permis de retrouver sa mémoire, même si cela n'était qu'un fragment de ce qu'elle avait été, même si elle ne serait plus jamais cette Orfraie qu'il avait connue, qui lui avait sauvé la vie. Il sentait pourtant son envie de renouer un lien avec lui et il ne pouvait qu'en être heureux.

« Je vois... » Murmura-t-il pour commencer, essayant encore de se familiariser à toutes ces choses.

Puis, il lui adressa un sourire, un de ceux qui se voulait plein de chaleur et qui renvoyait toute la bonté qu'il y avait dans son âme de baptistrel. Par quoi pouvait-il commencer ?

« Je sais que tu n'es plus tout à fait la même personne, mais... tu resteras toujours ma cousine et je n'oublierai pas toutes les choses que nous avons vécues ensemble. J'aimerais que tu fasses de même, même si tout cela n'a plus la même signification pour toi, pour l'Orfraie qui fut et qui chérissait ces instants. »

Comment les siens avaient-ils réagi à sa transformation ? Cela avait dû être un moment difficile et Amaury ne voulait pas qu'elle pense qu'il en serait de même pour tous les elfes qu'elle croiserait désormais. Si seulement ils pouvaient se défaire de si anciennes rivalités...

« Je serai toujours là pour toi, si tu as besoin de moi, si tu as juste envie de discuter et j'aimerais maintenant apprendre à connaître la nouvelle Orfraie que tu es devenue aujourd'hui. Je fais confiance à Lewyn pour avoir pris soin de toi lors de ta transformation, je suis certain qu'il a su faire ce qu'il fallait et il t'a sans doute été très utile. Devenir vampire, c'était ton choix et je le respecte, seulement, en tant qu'ancienne elfe et surtout, en tant qu'ancienne baptistrelle, pour ces anciens souvenirs, j'aimerais que tu n'oublies pas à quel point une vie est précieuse. »

Le Chantebrise sourit de plus belle.

« Mais je ne veux pas te faire un discours réprobateur, je sens bien que tu commences à t'habituer à ta nouvelle vie et que tu sais mieux te contrôler maintenant. Alors dis-moi simplement, à quoi ressemble ta vie à Aldaria ? »

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Amaury était un auditoire attentif, cela ne faisait aucun doute. Après s’être assit sur la chaise qu’Orfraie lui avait indiquée, l’Elfe demeura silencieux. Avec personne aux alentours, la Vampire se lança rapidement et sans hésitation dans un récit qui permettrait à l’aveugle de comprendre comment tout ceci été arrivé et comment sa cousine avait embrassé la Nuit. Toutefois, bien qu’elle se montrât précise, Orfraie ne donna pas de détails trop sanguinolents sur ces évènements car elle savait que la douleur pouvait être ressentit par Amaury et que, de ce fait, ce dernier pouvait la ressentir à son tour.

Désormais, elle tenait délicatement la main de son cousin, imprimant sur ses doigts une légère pression. Elle aimait sentir ce dernier lui rendre son geste. De la part d’un Elfe, cela lui semblait si étrange, eux qui s’évertuaient à se montrer… Désagréables. Amaury le savait aussi bien qu’elle : elle ne serait plus jamais celle qui lui avait sauvé la vie… Mais la Vampiresse voulait apprendre – ou réapprendre – à connaître cet Elfe.

Elle répondit à son sourire bien que cela fut inutile, car il ne pouvait le voir. Orfraie posa ensuite son postérieur sur la table, faisant ainsi face à Amaury, sans lui lâcher la main. Il semblait chercher ses mots et, faisant preuve de la patience qui la caractérisait, la Vampire attendit tranquillement. Ainsi, les premiers mots qu’il prononça mirent du baume au cœur de l’Ancienne Princesse. Son léger sourire devint si grand qu’il dévoila ses crocs. Cela pouvait paraitre peu rassurant, mais ses yeux brillaient d’une sincère affection pour le Baptistrel… et de toute façon, il ne pouvait pas la voir.

- Ce que tu dis ... Cela me touche énormément, Amaury. Plus que tu l’imagines. Il m’est impossible de me ressentir ce qu’elle ressentait, mais je n’oublierais pas. Je veux te connaître à nouveau. Lui répondit-elle avec chaleur.

Elle ne pouvait pas être plus sincère. Le Baptistrel, avec sa sincérité et sa simplicité, venait de la toucher au plein cœur. Elle était heureuse qu’il l’accepte telle qu’elle était à présent. Cela signifiait beaucoup et c’était tellement plus que ce que la plupart des Elfes lui avaient donné jusqu’alors !

- Lewyn est un excellent mentor. Sans lui, nous n’aurions pas cette discussion. Fit-elle avec sérieux. Ma vie à Aldaria est… agréable. C’était compliqué, au début, car je dois ma place ici en partie à Aegnor… Et les Lames voyaient cela d’un mauvais œil. Mais j’ai su prouver ma valeur. Lui apprit-elle avec un sourire. Et j’ai fait une merveilleuse rencontre : Firindal, mon Lié. Le savais-tu ? Il est merveilleux, il faudra que tu le rencontres. Ajouta-t-elle en un sourire. J’ai également revu Aegnor et ma mère il y a peu. Ce fut… Troublant et mouvementé, mais ils acceptent ce que je suis devenue, ils me soutiennent… Et cela me rassure… Et toi, dis-moi ce que tu as fait dernièrement ? Cela fait longtemps.

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Amaury voulait plus que tout soutenir sa cousine dans cette épreuve, même si en ce jour, elle n'était plus aussi nouvelle et qu'elle avait traversé bien des difficultés, il savait qu'elle aurait encore besoin de soutien et que tout n'était pas terminé. Les vampires, avec les Alayiens, étaient certainement parmi les plus rejetés et ils avaient toute sa compassion, même s'il s'agissait souvent d'être violents et que leur passé avivait en lui bien des douleurs.
Sa réponse à ses mots ne put donc que le ravir. Bien sûr, elle n'était plus l'Orfraie qu'il avait connue, mais de l'entendre dire qu'elle voulait le connaître à nouveau était un véritable bonheur. Même si beaucoup de choses avait changé, il se dit que son caractère n'était pas si différent et que ce qui faisait qu'elle n'était la même n'avait pas non plus tant d'importance.

« Merci, cela me fait très plaisir. » Murmura-t-il doucement.

Avait-elle tourné le dos à d'autres personnes depuis sa transformation ? C'était probable, la plupart des gens et surtout les elfes voyaient ça d'un mauvais œil, pire, ils avaient tendance à ne regarder que ça. Pour lui, ce n'était finalement qu'un détail mineur, il regardait les cœurs avant tout et savait y puiser le bien là où il y en avait ; c'était bien tout ce qui comptait.

Au travers des vibrations, il pouvait sentir que ses mots la touchaient particulièrement et qu'elle était heureuse de sa réponse. Est-ce qu'elle n'avait connu cette réaction que trop rarement ? C'était pourtant celle qui lui paraissait la plus légitime.

Puis, répondant simplement à sa question, elle commença à lui parler un peu plus de sa vie à Aldaria. Comme il aurait pu le deviner, il n'avait pas été aisé pour elle de se faire sa propre place, mais petit à petit et avec l'aide de certains, elle y était arrivée. C'était l'essentiel. Même si elle avait dû quitter Estëllin, changer complètement d'environnement et de fréquentations, elle avait un nouveau chez elle, elle n'était pas contrainte à errer sans attaches. C'était même pour le mieux qu'elle se soit installée ailleurs, ça lui permettait un peu plus de prendre un nouveau départ, même s'il ne pouvait douter que son passé revienne bien souvent à elle. Après tout elle avait été princesse, générale, et tant d'autres choses...

« Oui, devenir vampire ne va pas te faciliter la vie, mais avec du temps et des efforts, cela devrait s'arranger. Les elfes aussi, un jour, finiront par le comprendre. »

Ce serait difficile et cela allait prendre certainement énormément de temps, mais si l'ère de paix perdurait et qu'elfes et vampires apprenaient un peu plus à se connaître et à s'apprécier, les mentalités finiraient bien par changer. Après avoir dû travailler ensemble, les races semblaient moins hostiles entre elles, même si pour le moment un détail pouvait bien faire tout vaciller.

« J'ai entendu dire que tu étais devenue dragonnière, oui, félicitations ! Ce doit être quelque chose de vraiment fabuleux, même si j'ai bien du mal à me le représenter. Je serais ravi en tout cas de pouvoir rencontrer ton lié. »

Il sourit de plus belle, son visage était clair, illuminé par la joie de savoir que sa cousine allait bien. Les circonstances les avaient malheureusement empêchés de se voir plus tôt et il avait craint le pire, mais il savait maintenant qu'il pourrait repartir le cœur léger.

« Je me suis tellement inquiété pour toi, si tu savais… J'avais très peur, que tu te sois tournée vers un mauvais chemin, qu'il n'y ait eu personne pour t'épauler quand tu te sentais perdue, que même tes plus proches puissent te rejeter… Je suis rassuré désormais. Même si tout n'a pas été facile, tu sembles très bien t'en sortir et tu sais, pour moi, tu n'as pas vraiment changée.

Quant à moi, je pourrais te raconter de nombreuses aventures. Comme toujours, je continue de voyager, pour apporter mon aide à tous ceux qui seraient dans le besoin, je suis heureux comme ça. Le temps semble avoir fait son effet, je me sens plus léger maintenant, plus souriant aussi. Je progresse peu à peu en tant que Chantebrise, même si c'est un chemin plus ardu qu'il n'y paraît. Oh, et j'ai revu Astrea aussi, cela faisait… si longtemps... »

Il se tut, légèrement mélancolique à cette idée. Elle se trouvait à Aldaria elle aussi, c'était certainement la première fois qu'ils se trouvaient dans le même lieu tous les trois en même temps. Il se tut, parce qu'il aurait pu parler pendant des heures, de tout comme de rien, simplement heureux d'être en sa compagnie, de l'avoir retrouvée, mais il avait encore envie de l'écouter parler.

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Orfraie Ataliel a écrit:
Les jours sombres étaient passés, pour le plus part, mais d’autres étaient encore à venir. Orfraie ne doutait pas qu’il y aurait d’autres crises, d’autres pertes de contrôles. Elle faisait tout pour les empêcher et minimiser les risques, mais l’instinct de nouveau-né était parfois bien plus fort et intense que sa propre volonté. Bien entendu, elle exerçait son mental pour résister aux assauts de sa « bête », pour résister à l’envie de faire couler le sang. Si elle venait à blesser un proche, ou pire, elle ne pourrait se le pardonner… Et Luna était en première ligne de mire. Leur relation apportée son lot de douceur et de réconfort, mais Orfraie n’oubliait jamais qu’un instant d’inattention pouvait couter la vie de la Régente. Cela, toutefois, ne les avait pas empêché de faire de véritables folies, comme le jour où la blonde avait offert son sang à sa garde personnelle. Un sang délicieux, digne d’un repas de fête !

Revenant à son cousin, Orfraie posa de nouveau sur lui un regard empli de douceur. Il ne pouvait le voir, forcément, mais elle se doutait qu’il fût en mesure de le ressentir via les vibrations qu’elle dégageait. Parfois, la Vampiresse songeait à ce passé, ce temps où elle avait été une Chantepluie. De temps en temps, elle se disait que ne plus entendre les vibrations était dommage… Cela aurait été utile. Mais la nouvelle Orfraie se rendait à peine compte que cela avait été une épreuve pour la mortelle qu’elle avait été… Quelque part, devenir une Vampire lui avait permis de faire définitivement son deuil. « Je l’espère » Murmura-t-elle lorsqu’Amaury l’assura que les Elfes, un jour, comprendraient. Cela était, malheureusement, très incertain… Cela allait demander du temps, énormément de temps. « Merci » Lui répondit-elle ensuite, lorsqu’il la félicita. A nouveau, elle sourit. « C’est une renaissance. Plus que Vampire, je suis Dragonnière… Je touche du doigt quelque chose de plus grand… Et être liée à l’esprit draconique est… Époustouflant. » Tenta-t-elle d’expliquer, ses yeux partant dans les nuages. « J’espère pouvoir te le présenter. » L’assura-t-elle en reposant ses glaciers sur lui.

Amaury était si souriant, si joyeux. S’en était totalement contagieux et Orfraie sentait son cœur s’alléger au contact du Chantebrise. Sa voix sonnait comme une caresse à ses oreilles pointues, des paroles pleines de réconfort et d’amour. Amaury parvint même à émouvoir la guerrière jusqu’aux larmes, bien qu’elle se retînt d’en verser. Elle n’aimait pas réellement les larmes de sang. « Cela aussi me touche énormément. La majorité des Elfes que j’ai croisés ne me témoignent qu’une franche hostilité et se montre souvent insultants. Ils pensent que… Je suis … Une bête enragée ? Quelque chose de ce genre, j’imagine… » Fit-elle avec dédain, un soupir quittant ses lèvres par la suite. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, écoutant son cousin lui conter ses aventures. Elle était heureuse d’entendre qu’il continuait à aider son prochain et que le temps avait guéri ses blessures, au moins un peu. La mention de leur cousine commune la fit sourire et sa voix se fit plus… taquine. « Elle travaille ici. Je n’ai pas encore eu l’occasion de réellement lui parler depuis que j’ai recouvré mes souvenirs… Comment était-elle ? De quoi avez-vous parlé ? Nous devrions essayer de nous voir tous les trois, ensemble. Ce pourrait être agréable… Si elle est comme toi à mon sujet. » Termina Orfraie, incertaine.


Devenir dragonnier était quelque chose qui lui échappait en grande partie. Bien sûr, il pouvait s'en faire une idée avec les discours et les changements qu'il pouvait noter dans les vibrations, mais ce n'était sans doute rien face à ce que pouvait vraiment éprouver et découvrir un lié. Tout comme pour les maîtres baptistrels lorsqu'ils touchaient les vibrations du monde pour la première fois, c'était un nouvel univers qui s'ouvrait à elle et elle devait avoir désormais beaucoup à apprendre en compagnie de son jeune dragon.

« Je ne peux pas vraiment imaginer quel effet ça fait et à quel point ça doit être merveilleux, mais ce dont je suis sûr, c'est que tu le mérites largement ! » Ajouta-t-il simplement, sincère.

Plus encore, après toutes ces épreuves qu'elle venait de traverser, après tous ces tourments qu'elle avait subits, cela devait être un véritable océan de bonheur. Ce nouveau statut l'aiderait sans doute à mieux se faire respecter et apprécier des autres, malgré sa transformation. Les liés n'étaient pas des cibles, bien au contraire, et en cette période de paix, il espérait qu'elle puisse voir grandir son dragon et renforcer son lien avec lui sereinement.

En dépit des changements, il sentait dans les ondes de sa cousine une proximité qu'ils avaient su renouer bien facilement, comme si, quels que soient les aléas de la vie, ils resteraient toujours proches. Que ce soit la distance, leur nature ou leurs choix, rien ne semblait pouvoir vraiment les séparer.
Amaury avait toujours tenu à elle du moment où il avait su existence. C'était elle qui s'était occupée de lui quand il ne souhaitait que la mort, c'était elle qui lui avait tenu la main pour remonter du gouffre dans lequel on l'avait poussé et dont il n'avait pas voulu sortir. Il lui serait toujours redevable pour cela, même si ça n'appartenait maintenant plus qu'à un passé lointain auquel elle était presque étrangère. Ça n'avait pas tant d'importance pour lui, il percevait en elle une fabuleuse lumière qui était bien loin de s'éteindre. Le Chantebrise sentait qu'il avait réussi à l'alléger un peu de ses peines et ce nouveau bonheur qui la parcourait semblait arriver jusqu'au sein de son propre cœur.

« Bien des elfes sont trop entêtés et si peu favorables au changement qu'ils ne savent plus vivre que dans le passé. Les vampires furent autrefois les ennemis de notre peuple, mais tout cela à bien changé maintenant. Eux aussi sont capables de bonté et certains sont même bien plus bénéfiques que les elfes. Nous devons tous faire preuve d'ouverture d'esprit maintenant, pour apprendre à s'accepter les uns les autres et à faire perdurer cette paix pour laquelle nous nous sommes tant battus. »

Il soupira doucement. Amaury voyait dans ces premières années de paix des signes favorables, mais les choses n'allaient pas si vite et il n'était pas temps de se relâcher. Tout pouvait parfois basculer si vite...

« Je crois que c'est devenu une tradition familiale chez les Ataliel de s'enfuir lorsqu'on ne se conforme pas à leur inflexible vision des choses. » Ajouta-t-il, tentant d'en faire une plaisanterie, en vain.

Le poids de leur famille restait encore lourd dans son cœur et s'il n'avait pas eu deux de ses cousines pour adoucir son opinion à ce sujet, il aurait sans doute encore beaucoup de chemin à faire dans sa guérison.

« Eh bien... en ce qui me concerne, je ne l'avais pas revue depuis que mon père m'a banni... Ça faisait... si longtemps... » Commença-t-il à dire péniblement. Cela faisait tout juste quelques mois qu'ils s'étaient revus, c'était bien trop peu pour que sa culpabilité puisse s'effacer. « Je m'en veux terriblement, j'ai été si lâche... Nous étions très proches tous les deux, mais après ce qui m'était arrivé, je n'ai jamais osé partir à sa recherche... Je croyais qu'elle était toujours restée avec les elfes, qu'elle était partie avec eux et qu'elle se trouvait quelque part dans leur nouveau royaume, à Estëllin sans doute. Je n'ai toujours pas la force de retourner là-bas, tu sais... » Ajouta-t-il d'une voix brisée.

Des larmes s'étaient mises à couler le long de ses joues. Il ne savait pas vraiment si tout cela le soulageait, il ne voulait pas l'embarrasser avec ses propres états d'âme, mais il ne pouvait pas lui mentir. Au fond de lui, il avait aussi besoin du soutien et du réconfort de celle qu'il considérait comme sa grande sœur.
Il releva un peu la tête, tentant de sourire à nouveau.

« Elle est devenue conseillère à Aldaria, elle est heureuse ici. Je suis certain qu'elle ne te rejettera pas, Astrea n'est pas comme ça, elle ne l'a jamais été. »

Non, Astrea était candide, douce et pétillante de joie. Elle n'avait pas de raison d'être effrayée, ni d'être mal à l'aise avec Orfraie. Plus que tout, elles formaient toutes les deux cette vision d'une famille qu'il aurait toujours voulu avoir.

Orfraie Ataliel a écrit:
L’enthousiasme dont faisait prévue Amaury touchait Orfraie au plus haut point. Sa sincérité encore plus. Bien sûr, il ne pouvait pas mentir, mais cela ne changeait rien au fait qu’il ne se forçait pas à parler. Avoir l’opportunité de discuter avec un Elfe sans devoir subir une haine farouche était également un baume pour le cœur de la, désormais, immortelle.

« Merci… » Murmura-t-elle donc face au compliment du jeune Baptistrel, quelque peu…gênée ? Elle ne savait pas si elle méritait d’être devenue Dragonnière, mais elle en était, bien sûre, heureuse. Un léger sourire naquit finalement sur ses lèvres, doux et délicat.

Un océan de bonheur, oui, mais aussi des problèmes. Firindal était un Dragon avec son petit caractère et il y avait des choses qui lui plaisaient plus ou moins, comme la proximité de sa Liée avec la Régente. Orfraie n’aimait pas blesser son Jade, mais d’un autre côté elle avait besoin de la proximité de son Soleil. Ainsi, sa vie n’en était parfois que plus compliquée ! Mais bien sûr, son statut lui offrait une certaine quiétude et si certains mortels lui vouaient une haine farouche, ils ne tentaient rien contre elle.

« Je ne peux qu’être d’accord avec toi. C’était là mon point de vue avant ma transformation et ça l’est encore aujourd’hui. »

Elle soupira à son tour. La haine et les rancœurs étaient moins vivaces qu’autrefois, mais toujours présents. Combien de temps serait-il nécessaire avant de parvenir à de vraies ententes sans arrière-pensées, sans sous-entendu ? Cela serait-il possible un jour ? Orfraie l’espérait du plus profond de son être et, surtout, espérait être présente le moment venu. Du fait de son immortalité, cela demeurait possible même si de telles ententes avaient lieux dans des siècles et des siècles, ce qu’elle ne souhaitait pas bien entendu.

Un léger rire quitta les lèvres charnues de la guerrière. La tentative d’humour de son cousin avait porté ses fruits malgré ce qu’il pouvait penser. Ironiquement, il avait raison et cela amusait Orfraie, qui était bien décidé à ne plus faire de drame vis as vis de cela. Ainsi, elle vint doucement caresser la main du Chantebrise.

« Ces choix ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui et je ne le regrette point. » lui dit-elle avec sérieux. « Viendra un jour où tu trouveras un sens nouveau au nom que tu portes, toi aussi. » L’assura ensuite Orfraie, qui glissa tendrement sa main jusqu`à la joue de son cousin.

Elle comprenait que le poids de son nom pouvait encore peser lourd en son cœur, comme il avait longuement pesé dans le sien par le passé. Mais aujourd’hui, plus que jamais, elle le portait avec fierté. Orfraie souhaitait faire de ce nom un écho à la tolérance et au changement. N’était-elle pas, après tout, la première Princesse Elfique ne faisant qu’une avec ses frères maudits ? Parce que c’étaient ce que les Vampires étaient.
Astrea devint, par la suite, le nouveau sujet de conversation et avec douceur, Orfraie revint saisir la main de son cousin, lui apportant ainsi tout son soutien. Lorsque les larmes dévalèrent les joues de l’elfe, la vampiresse s’avança davantage jusqu’à pouvoir les embrasser. Cette proximité pouvait être dérangeante, mais pas pour Orfraie.

« Je ne pensais pas être en mesure de retourner à Estëllin, puis on m’a tendu la main. Je sais que cela sera douloureux et pénible, mais je vais m’y rendre prochainement… Et le jour où tu désireras faire de même, tu pourras compter sur moi. » Et à mesure qu’elle parlait, les doigts de l’ancienne princesse attachèrent un fin bracelet autour du poignet d’Amaury. « Je serais toujours là pour toi, comme elle l’a été par le passé. Je te le promets. » Murmura finalement l’ancienne Chantepluie dans un doux murmure, faisant sans aucun doute référence à la mortelle qu’elle avait été. Finalement, elle se redressa quelques secondes plus tard et déposa un baiser sur le front de l’Elfe.

Spoiler :


Le contact entre leurs mains procurait à son cœur un sentiment chaleureux, tout comme l'éclat de rire qu'il était parvenu à faire naître chez elle. Il n'y avait rien pour le rendre vraiment triste en ce moment, mais l'idée de leurs retrouvailles avait semé en lui quelques craintes et il se sentait bien plus léger maintenant qu'il s'en était débarrassé. Les choses n'étaient plus tout à fait comme avant, mais elles n'avaient évolué en rien qui ne soit négatif. Leurs pensées elles-mêmes semblaient très bien s'accorder. Il fallait dire qu'Amaury n'avait aucun rejet à propos des vampires, à moins que ceux-ci ne se montrent vraiment violents et il voulait toujours faire de son mieux pour les aider, sans distinction, comme il pouvait le faire avec n'importe qui d'autre.

À ses côtés, il s'était senti à tel point en confiance que les larmes avaient coulé d'elles-mêmes sur ses joues et il la laissa les sécher du bout de ses lèvres. Quel aurait été son chemin si elle n'avait pas été là pour lui ? Que serait-il advenu de lui ? Aurait-il au moins survécu ? Pendant un bref instant, il continua de pleurer, chagriné à la fois par sa lâcheté et par la perte de cette cousine dont la renaissance se trouvait tout juste à ses côtés. C'était... si étrange, tellement singulier comme impression qu'il ne savait pas exactement ce qu'il devait penser de tout ça, si ce n'était cette joie de ne pas l'avoir perdue totalement, ce désir de l'aider, ce bonheur d'être à ses côtés.
Essayant de garder son calme, il l'écouta sans l'interrompre. Son cœur se serra lorsqu'elle lui parla d'Estëllin, il aurait bien aimé l'aider, il voulait effacer toute douleur d'elle, faire en sorte que ce retour ne cause ni problème ni chagrin, mais il était bien impuissant à ce sujet. Heureusement, il la savait courageuse et forte, elle allait s'en sortir et passer cette épreuve avec brio, comme elle l'avait fait pour tout le reste.

Délicatement, elle enroula un objet autour de son bras et il usa de son autre main pour le parcourir du bout de ses doigts et en découvrir les aspérités. C'était un bracelet fait de feuilles et de tiges qu'il devinait empreint de magie. Il ne pouvait pas vraiment en évaluer la richesse ou la beauté visuelle, mais il savait que c'était un merveilleux cadeau qu'elle lui faisait-là.
À la fois surpris et souriant, il se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras, l'étreignant doucement contre lui.

« Merci beaucoup Orfraie. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi autrefois, merci pour être encore là pour moi aujourd'hui. Tu fus l'une des personnes les plus importantes à mon cœur et je ne doute pas que tu continueras à l'être pour toujours. » Affirma-t-il avec une émotion certaine.

Puis il s'éloigna légèrement d'elle, se contentant de ramener lentement sa main jusqu'à la sienne et de la serrer à nouveau.

« Je suis de tout cœur avec toi pour ton retour à Estëllin, je sais que ce sera difficile, mais tu es plus forte que beaucoup de monde, si ton cœur est solide, leurs coups ne pourront t'atteindre. J'aimerais vraiment t'accompagner, mais... je ne me sens pas encore prêt pour cela. » Avoua-t-il sans crainte.

Il savait qu'elle ne lui reprocherait pas cela, elle aussi connaissait cette même angoisse, même si sa transformation lui permettait sans doute un certain détachement à ce sujet. C'était pour le mieux d'un côté, puisque ainsi elle ne pourrait pas vraiment souffrir des liens que d'autres allaient rompre pour des conflits et des préjugés qui n'avaient pourtant plus de raison d'exister.

« Maintenant que mes deux plus chères cousines se trouvent réunies dans la même ville, cela me donne mille fois plus de raisons qu'autrefois de venir à Aldaria. Je te promets que l'on se reverra plus souvent, que l'on pourra se donner le temps de reformer ce lien si fort qu'il y avait entre nous. D'ailleurs, j'espère que tu n'avais rien de très important de prévu aujourd'hui, car j'ai bien l'intention de te garder encore un peu pour moi ! » S'exclama-t-il en riant.

Bien évidemment, ce n'était là qu'une plaisanterie, car il n'allait pas la retenir si cela risquait de mettre en péril son travail ou l'une de ses relations. Il émettait simplement son souhait de passer du temps avec elle aujourd'hui et il aviserait selon sa réponse.

Orfraie Ataliel a écrit:
Les lèvres de la plus âgée restèrent posées sur le front du Maitre-Barde pendant de longues secondes, tous deux immobiles telles des statues colorées. C’était un geste démontrant une grande affection - un amour profond et protecteur - qu’Orfraie avait posé. Et ce ne fut qu’au terme d’un long instant qu’elle se recula tandis que le Baptistrel caressait de ses doigts le fin bracelet qu’elle lui avait attaché au poignet. Elle-même en portait l’exacte copie et ne s’en séparerait plus jamais, s’était-elle promise en les enchantant tout deux.

Mais l’Elfe parvint à agréablement surprendre son ainée lorsqu’il se leva pour l’étreindre avec douceur. Orfraie se laissa couler dans la chaleur de ses bras, posant sa tête contre son épaule. Ses propres bras passèrent sous les siens et ses mains se refermèrent dans son dos, sur le tissu de ses vêtements. Ses yeux se voilèrent et elle inspira longuement, profitant du calme et de la sérénité qu’elle ressentait au contact de son bien-aimé cousin. Ses mots furent comme une caresse et elle sourit doucement, tout contre lui, avant de répondre dans un murmure.

« Et je te remercie d’être là aujourd’hui et pour les siècles à venir. »

Ils s’éloignèrent, mais Orfraie avait encore ce doux sourire, si caractéristique de la femme empli de douceur qu’elle avait été.

« Ce n’est rien, je comprends parfaitement. » Le rassura-t-elle en pressant doucement ses doigts. Comment aurait-elle pu lui en vouloir pour cela, de toute façon ? « Même si j’avais eu quelque chose de prévu, j’aurais fait en sorte de me libérer pour toi. »

Elle lui fit un clin d’œil qu’il ne pouvait pas voir mais que, peut-être, il pouvait deviner. Il était temps de rattraper le temps perdu et Orfraie savait par quoi elle voulait commencer, mais avant toute chose elle devait s’assurer que, malgré son serment, Amaury garde le silence sur ce qu’elle souhaitait lui révéler.

« Il y a une chose que je souhaite partager avec toi, mais j’ai besoin de ton silence. Si cela se savait, ma vie ou celle d’une autre personne pourrait être menacée. » Lui révéla-t-elle avec le plus grand des sérieux. Lorsqu’elle fut certaine qu’il ne dirait rien, elle reprit la parole. Elle semblait vraiment heureuse de pouvoir partager cela avec lui. « J’ai trouvé l’amour, autrement qu’à travers mon lien avec Firindal. Elle s’appelle Luna, c’est une Dragonniere et c’est aussi la Régente. Elle me rend vraiment heureuse et je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit parce qu’elle est avec moi, parce que je suis une femme ou … une vampire. »


Son remerciement lui réchauffa le cœur de la plus belle des manières. Il avait parfois l'impression d'oublier à quel point cela faisait du bien d'être avec ceux qui lui étaient chers, avec sa famille, avec ses amis, avec toutes ces personnes qui tenaient à lui autant qu'il tenait à eux. Ce sentiment chaleureux renforçait sa volonté de ne plus les abandonner, de cesser de fuir pour courir vers ces moments dont il avait plus que tout besoin. Même s'il se laissait d'ordinaire guider par les vibrations, il ne devait pas non plus renoncer à tout cela pour autant.
Son sourire s'agrandit encore plus qu'il ne l'était déjà lorsqu'elle lui dit qu'elle comptait bien passer sa journée avec lui, quoi qu'il arrive. Il n'aurait pas pu espérer que leurs retrouvailles soient aussi heureuses puisqu'il avait envisagé que sa transformation ait pu changer un certain nombre de choses. Il était donc totalement ravi de voir que ça n'affectait en rien leur forte amitié.

« Merci, cela me touche beaucoup. » Avoua-t-il d'une voix douce.

Au travers des vibrations, il sentait bien qu'elle était sincère et qu'elle se réjouissait elle-même de pouvoir rester un peu à ses côtés. Il était temps pour eux de profiter de cet instant, pour rattraper tous ces moments où ils avaient vécu si loin l'un de l'autre, sans avoir la possibilité de s'aider mutuellement.
Puis elle lui fit une demande particulière, celle de son silence, car elle voulait lui parler de quelque chose qui devait rester secret. Elle n'avait pas besoin de lui dire que cela risquait de mettre quelqu'un en danger, car à partir du moment où il faisait une promesse, rien ni personne ne pourrait lui faire briser son serment. C'était une règle que les baptistrels devaient respecter, mais surtout une règle qui l'avait toujours régi, dès le jour de sa naissance, peut-être même avant.

« Tu peux parler librement, je garderai tout cela pour moi. » Dit-il pour la rassurer, la gratifiant d'un léger sourire.

Il se sentait touché qu'elle lui fasse à ce point confiance. Alors elle lui parla de quelque chose de très important et qui l'émerveilla au plus haut point. Malgré les difficultés qu'elle avait dû traverser, la vie semblait lui sourire à nouveau et tout faire pour la rendre plus heureuse que jamais.

« Oooh... » Délicatement, il serra ses mains dans les siennes. « C'est merveilleux ! »

Amaury ne connaissait pas personnellement la régente, mais il avait entendu de nombreuses choses à son sujet et elle avait une très bonne réputation. Comment aurait-il pu alors ne pas se réjouir pour sa cousine ? Il était certain que Luna devait prendre bien soin d'elle, sans quoi les ondes qui émanaient d'elle auraient eu une certaine perturbation, non, tout dans cet amour semblait pur et sincère.

« Je suis très heureux pour vous deux ! J'espère qu'il y aura un jour où vous n'aurez plus besoin de vous cacher et que personne ne vous dira rien à ce sujet, mais tant que vous ne souffrez pas de tout cela, ce n'est pas vraiment très important. Je sais qu'elle doit être occupée avec sa fonction de régente, mais est-ce que tu me la présenteras ? »

Ce n'était pas obligatoire que ce soit maintenant ou un autre jour, mais puisqu'elle était devenue quelqu'un d'important dans le cœur de sa cousine, il avait envie de la connaître davantage et de pouvoir se faire sa propre idée de cette femme sans avoir à prendre en compte ce que les autres en disaient.

« Cela fait longtemps ? Tu ne m'avais pas encore parlé d'elle. Raconte-moi tout ! » S'exclama-t-il en riant.

Bien sûr, il ne l'obligeait à rien, il voulait simplement en savoir un peu plus, maintenant qu'elle avait commencé à lui en parler.

Orfraie Ataliel a écrit:
Demander son silence pouvait paraître étrange, voire irrespectueux. Après tout, n'était-elle pas en train de lui demander de mentir pour elle ? N'allait-elle pas contre ce serment qu'elle connaissait elle-même pas cœur en demandant une telle chose ? Orfraie connaissait parfaitement ce qu'un mensonge, ce qu'un acte allant contre le serment Baptistral pouvait causer. Autrefois, elle avait brisé son serment et en avait souffert pendant des siècles... et c'était une chose qu'elle ne souhaitait pas à son cousin. Cette douleur, elle ne voulait pas plus jamais la ressentir et ne voulait pas, en aucun cas, que Amaury en soit victime lui aussi... Alors que lui passait-il par la tête de lui demander une telle chose ?
Eh bien, le commun des mortels a tous tendance à croire qu'un Baptistrel est tenu de dire toute la vérité et rien que la vérité, ce qui est faux. En effet, un Enwr ou un Cawr peut parfaitement garder un secret en révélant qu'il est tenu de ne rien en dévoiler. Dès lors, mensonge ou pas, cela dépendait du point de vue...
Ainsi, un sourire naquit sur les lèvres charnues de la princesse des ombres, qui révéla l'identité de celle qui faisait battre – au sens figuré - son cœur. Et la réaction de son cousin vint agrandir ce sourire, qui devint éclatant. Son approbation lui faisait chaud au cœur, de même que son enthousiasme.

« Oui, j'ai beaucoup de chance avec elle. » Approuva Orfraie sans se départir de son sourire. « Je suis complètement sous son charme, si tu savais. »

Cela ne faisait aucun doute étant donné l'immense sourire qui ornait ses lèvres. Amaury ne pouvait pas le voir, bien entendu, mais les vibrations qui émanaient de la belle vampiresse devaient la trahir : elle était heureuse et amoureuse. Cette idée l'amusa.

« Je l'espère aussi, même si nous cacher ne me dérange pas. Je dirais même que cela ajoute du piment à notre relation. » Précisa t-elle dans un large sourire. « Je te la présenterais ! Cela me ferait vraiment plaisir et, la connaissant, à elle aussi. »

Luna n'était pas une personne timide et sa franchise ainsi que sa simplicité lui donnait la chance d'avoir le contact facile avec les nouvelles personnes, du moins s'était ainsi qu'Orfraie le voyait. La dernière question du Baptistrel tira un sourire à sa cousine, qui était en mesure de tout lui raconter depuis qu'elle avait recouvré ses souvenirs.

« En vérité, nous nous sommes rencontrés à Sandur où, dans un concours de circonstances que je ne détaillerais pas, nous avons passé une nuit ensemble. » Révéla Orfraie, qui se remémora leur première rencontre quelque peu musclée. Après tout, elle avait failli étrangler Luna cette nuit la ! « Nous nous sommes ensuite revu deux ans plus tard, à Estëllin pour le mariage d'Aegnor. Elle avait quelqu'un à l'époque et nous avons décidé d'êtres amies, bien que j'en aurais fais mon quatre heure avec plaisir. » Elle laissa échapper un rire en y songeant. « Puis, lorsque Lewyn m'a transformé, il m'a conduit à Aldaria. Luna était devenue Régente suite à la congélation de Korentin. C'est elle qui m'a nommé Lame Ecarlate, autant pour garder un œil sur moi que par l'intervention de Aegnor auprès d'elle.  Même sans me souvenir d'elle, j'ai été aussitôt attirée, mais elle n'était pas libre et mon attirance était autant physique que pour son sang. Alors je me suis tenue le plus à l'écart possible... Puis, elle s'est retrouvée libre vers juillet. Je n'ai rien tenté, sa compagne étant décédée de façon tragique... et il y a une dizaine de jours, j'ai craqué et alors que nous étions en plein moment confidence, j'ai révélé ce que j'avais sur le cœur. C'est elle qui m'a embrassé la première. J'ai l'impression d'avoir retrouvé mes quatre-vingts ans. » Conclut-elle en riant.


Comme les ondes qui sonnaient sous l'effet du bonheur et de l'amour pouvaient être agréables ! C'était sans nul doute les plus belles, même si d'autres sortes d'émotions, des souvenirs, des pensées pouvaient avoir leurs propres charmes. Sans se retenir, il se laissait transporter par tout ce qu'elle lui permettait de ressentir en cet instant, affichait un grand sourire sur son visage, goûtait à une partie de sa propre félicité. Celle-ci se mêlait à la sienne, à tous ses souvenirs, ses pensées, ses sentiments pour Astrea. Une part de lui avait terriblement envie de lui parler d'elle, de la retrouver sur le champ, elle était si proche... mais une autre, plus raisonnable, plus attentionnée, désirait ardemment l'écouter, en apprendre davantage, pouvoir se réjouir pour sa si chère cousine, pour cette grande sœur à qui il devait tout.

« Alors j'en suis encore plus ravi. » Répondit-il, terriblement sincère à l'idée de cette rencontre.

S'il existait quelqu'un en ce monde capable de rendre Orfraie si rayonnante, alors ce devait certainement être une personne exceptionnelle.
Puis, sans chercher à l'interrompre une seule fois, il écouta son récit où elle lui évoqua de quelle manière elles s'étaient rencontrées jusqu'au moment où elles s'étaient totalement rapprochées. Peu de temps avant, des sentiments aussi heureux l'auraient peut-être replongé dans son terrible passé, dans son atroce souffrance, c'était un peu le cas en ce qui concernait les souvenirs, mais il réussissait pour une fois à garder son cœur calme, à simplement sourire sans ressentir de peine.

Comment aurait-il pu en être autrement ? Baptistrel ou non, sa joie était vraiment communicative et il avait juste envie de rire avec elle. Il le fit sans se priver, les larmes aux yeux, mais bien loin d'exprimer une quelconque tristesse.

« Il a fallu bien des péripéties pour que vous puissiez vous retrouver ! » Répondit-il en riant doucement. « Je ne sais comment je pourrais remercier Luna d'avoir pris soin de toi depuis ta transformation... J'ai eu si peur pour toi, je m'en voulais tellement de ne pas avoir pu être là plus tôt... je suis rassuré d'entendre que tu n'as jamais été seule et même que tu es très bien entourée. »

Plus doucement cette fois-ci, il lui sourit et, délicatement, il laissa glisser sa main sur sa joue, dans un geste très affectueux, prouvant à quel point il tenait à elle, malgré son choix de vie qui le poussait si souvent à vivre loin d'elle.

« Lorsqu'on est heureux, lorsqu'on a atteint un tel degré de bonheur, on ne sent plus le poids des décennies. Nous étions heureux et insouciants à quatre-vingts ans, il n'appartient qu'à nous de retrouver des instants aussi plaisants. »

Puis, prenant la main de sa cousine, il la tira un peu vers lui.

« Ne crois pas t'en tirer si vite avec d'aussi maigres explications sur ta nouvelle vie, je vais avoir d'autres questions ! Mais si tu me montrais d'abord là où tu passes le plus de temps, là où tu aimes aller lorsque tu te sens rêveuse ou un peu triste ? » S'exclama-t-il d'un ton léger.

Toute leur conversation avait chassé les ombres qui planaient dans son esprit, il n'aurait pu espérer se sentir aussi rassuré, autant joyeux et confiant pour elle. Heureusement, les malheurs avaient parfois de bien meilleures suites.

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