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descriptionNulle terre sans guerre [PV Nyko] EmptyNulle terre sans guerre [PV Nyko]

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3 Novembre 1762

Ilhan serait sans doute très fier d’elle lorsqu’il saurait qu’elle avait réussit à se retenir jusqu’au bout, jusqu’au départ d’Aldaron et sa solitude renouvelée. Elle avait fait de son mieux pour ne pas exploser dès le départ, pour écouter jusqu’au bout ce que le Bourgmestre Caladonnien avait à lui dire, hochant de temps en temps la tête, raide, le visage fermé, sourcils prenant cet angle sévère qui présageait de sa colère et de son inimité, lèvres d’un rose pâle pincées à en chasser le sang totalement. Les autres signes caractéristiques de l’ire étaient si communs chez elles qu’ils perdaient toute forme d’illustration exacte. Et pourtant, le ton n’était monté à aucun moment, la fille du nord se montrant peu prolixe, peu prompte à commenter les faits qu’on lui remettait et instituant finalement la fin de leur rapide entretient en le remerciant de l’avoir prévenue, dans une forme de civilité guindée et raide. Seule en revanche, l’intendante se détourna lentement de l’emplacement où la projection s’était trouvée, épaules roides, mains légèrement tremblantes, avant de faire quelques pas dans la pièce, inspirant et expirant profondément. Le mouvement n’eut pas l’effet qu’elle escomptait. Elle l’effectuait originellement dans l’espoir de chasser l’impression persistante que ses membres allaient bouger tout seul, sous le besoin d’air, d’extérieur, de ne plus sentir la cangue de l’étouffement. Elle l’effectuait pour se soulager de sa tension, comme elle aurait voulu prendre les armes et ferrailler. Mais le fourmillement restait, le tiraillement de ses nerfs restait…

La table de bois vint s'écraser dans un bruit sourd et un raclement sonore sur le mur de pierres nues, juste à côté de la porte qui s'ouvrait soudainement. Quelques centimètres de plus et quiconque passait la porte présentement aurait reçu le mobilier dans les bras. Mais cela ne la préoccupait aucunement, après avoir cédé à son emportement. Elle fulminait comme une forge, poing serré s'abattant sur le montant de la fenêtre qui manqua de se dégonder sous la force qu'elle y avait mit. Pendant quelques longs instants, elle mira l'extérieur, la vue superbe que la citadelle pouvait avoir sur le port et ses grands navires de guerre. La Glacern était amarrée au quai principal, voiles affalées. Tryghild soupira lourdement, pas apaisée pour un sou, mais ayant reprit suffisamment de maîtrise d'elle-même pour cesser de se comporter comme un ouragan pris en cage. Déglutissant difficilement, l'intendante se passa une main sur le visage et fit face à son aïeul avec un regard défiant de bête acculée. Ce n'était pas lui qui provoquait son trouble, ou bien l'était-ce ? Elle sentie sa nuque chauffer de honte à ce qu'il ait pu la voire perdre son calme comme cela. S'il y avait quelqu'un dont elle cherchait personnellement le respect, c'était bien Nyko Svenn, et la fille du nord voulait être au moins aussi forte que son père à ses yeux. Havard ne s'était jamais énervé ainsi, bien qu'il fut prompt à la colère, elle était aussi glaciale que les neiges des montagnes et finissaient invariablement en des rétributions propres et nettes.

Pas comme ses tentatives d'exutoire. Néanmoins, elle inspira profondément et tâcha de cesser de le regarder comme s'il venait de la voir en tenue de naissance… ce qu'il avait probablement fait à l'époque de sa naissance de toute façon. Il était encore étrange et déroutant de voir son ancêtre aussi vivace que dans son souvenir, alors que des années avaient passées. Le miracle de son retour à la vie ne faisait qu'accentuer encore davantage l'admiration qu'elle ressentait envers lui. Malgré la corruption de la vampirisation, il était revenu à eux, il s'était limé les crocs, il n'avait pas oublié… Elle n'aimait pas l'idée de faire défaut. Un peu calmée, au moins sur l'instant, Tryghild porta un poing à son cœur, effectuant le salut militaire des Glaçernois. Il y eut encore quelques instants de flottement passagers avant qu'elle ne prenne enfin la parole, adoptant naturellement la posture de repos militaire que son père lui avait enseignée à l'âge de cinq ans et qui avait martyrisé son petit corps en croissant jusqu'à ce qu'il devienne aussi naturel que de respirer.

« Isoisä*… Vous avez l'art de l'à-propos. J'aurais besoin de votre avis... »

Avec sa fermeté habituelle, elle ne s’embarrassait pas platitudes avant d'en avoir fini avec les sujets brûlants. Et celui qu'elle avait entre les mains était particulièrement igné. Ignorant superbement l'envolée de table qui avait failli gratifier Nyko de ses douceurs, l'intendante eut un geste, invitant son grand-père et conseiller à faire comme chez lui au sein du bureau quelque peu ravagé. Elle-même se pencha avec souplesse pour remettre au moins les sièges en place, avant de passer à son plan de travail. Cela lui occupait les mains pendant qu'elle parlait. Ilhan lui répétait inlassablement les messages sous-entendus de toutes les postures imaginables et pour le moment ces leçons l'angoissait plus qu'elles ne la servait. A présent elle peinait à trouver une posture naturelle qui lui convint et qui ne veuille pas dire quelque chose de négatif. Était-ce seulement possible ?! Pourquoi est-ce que les politiciens et les hommes de lettres avaient inventés des codifications aussi insupportables et aussi pessimistes pour tout ? Si elle croisait les bras, c'était uniquement pour reposer son corps enfin !

« Le Bourgmestre de Caladon, Aldaron Leweïnra, vient de m'apprendre que, suite à une catastrophe qui a ravagée la ville de Cordont, il en a ordonné l'annexion au territoire de sa ville »

Ses mains se serrèrent à s'en faire blanchir les jointures sur le bois alors qu'elle se redressait avec une des chaises en main. Elle inspira profondément et entreprit d'expliquer ce que l'elfe lui avait dit de la bataille entre les golems et de l'entrée des sous-terrain, ainsi que de la venue des troupes de Sélénia. Lorsqu'elle en eut finit, elle avait enfin posée sa chaise et s'appuya un moment dessus, tête baissée.

«Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère… que les Séléniens se permettent de faire appels à leurs troupes en terre neutre aussi simplement, comme si le traité ne valait rien, comme si NOUS ne valions rien… ou le fait qu'Aldaron ait prit cette décision sans même me consulter avant »

Oui, il y avait eut l'urgence mais… mais elle était quand même fâchée… et inquiète…
 

*Grand-Père

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Sans un mot, l’homme resserra les pans de sa cape autour de lui. Son regard bleuté parcouru le pont de la Glacern où régnait une certaine effervescence. En effet, les hommes et les femmes, les marins placés sous le commandement de l’amiral, allaient ici et là en trottinant, parfois même en courant, afin d’accomplir leurs dernières tâches. L’équipage de la frégate de commandement était composé d’autant d’hommes que de femmes – Nyko n’était pas un homme superstitieux – et tous effectuaient leur mission avec une précision toute militaire qui tirait un sourire de satisfaction au Vieux-loup.

Aya vint se poser en un froissement d’ailes aux côtés de son maître, un petit maquereau dans son bec, qu’elle dévora en une bouchée. La main du Svenn vint tendrement caresser le dos de l’aigle à tête blanche qui glatit en retour puis mordilla doucement les doigts de l’immaculé.

— Brynhildr !

La femme en question, une guerrière à la haute stature, s’arrêta lorsqu’elle fut interpellée. Elle s’approcha ensuite du Svenn lorsqu’elle le repéra, perché sur le gaillard arrière. Ils effectuèrent tout deux le salut militaire Glacernois – un poing fermé sur le coeur – puis la femme joignit ses deux mains dans son dos tandis que Nyko gardait la main droite appuyée sur la balustrade du gaillard, son autre main simplement posée sur le pommeau de son épée.

— Il est temps pour moi de me rendre à la citadelle. Je te laisse le commandement de la Glacern, que les dernières manœuvres soient effectuées rapidement.
— À vos ordres mon amiral.

Le Svenn eut un hochement de tête entendu, puis la seconde s’en alla donner ses derniers ordres. Le temps de quelques instants supplémentaires, Nyko observa cette dernière donner ses propres ordres aux sous-officiers, s’assurant de cette façon que chacun sache quoi faire, puis l’homme tourna les talons et quitta le gaillard arrière. Dans un nouveau cri, Aya vint se poser sur l’épaule de son maître tandis que ce dernier quittait le pont de son bâtiment et retrouvait la terre ferme.


Dans un pur réflexe, Nyko fit un pas de côté pour se mettre hors de la trajectoire de la table en bois massif qui vint s’écraser contre le mur situé à côté de la porte. Le pauvre meuble s’était craquelé sous l’impact tandis que le geste brutal de sa petite-fille laissa l’homme perplexe. Ce dernier ne manqua pas de la dévisager d’un regard dur, le genre de regard signifiant « ce n’est pas ainsi qu’une Svenn doit se comporter ». Toutefois, il n'en fit pas plus et, à son tour, le guerrier porta le poing à son coeur, sans un mot et sans quitter la jeune femme du regard.
Sous ses doigts fermés, Nyko pouvait distinctement sentir les pulsations lentes et régulières de son coeur. À dire vrai, il était également en mesure d’entendre celui de sa petite-fille, qui lui faisait face en une posture bien martiale, vite imitée par l’amiral.

Le ton de la question fut formel, le vouvoiement de mise. Tryghild semblait éprouver une certaine gêne. Était-ce dû à son excès de fureur que Nyko venait de surprendre ou une toute autre chose ? La question demeurait tandis que l’immaculé faisait quelques pas dans la pièce, écoutant attentivement tout en prenant le temps de saisir la malheureuse table par un pied comme si elle ne pesait rien, puis en la reposant à sa place d’origine selon les souvenirs qu’il en gardait. Ensuite, le guerrier s’installa sur le premier siège que l’Intendante eut redressé, laissant celle-ci s’occuper du second.

Les bras croisés et les sourcils froncés, le regard bleuté du marin se fit plus distant tandis qu’il songeait aux propos de la jeune femme. Il n’aimait pas Aldaron, s’était un fait établi et ce même si l’elfe ne lui avait rien fait. Certain dirait que cela était injuste, mais le peu que Nyko connaissait sur l’individu suffisait à ce dernier pour s’en faire une idée et le déprécier au possible. Le bourgmestre de Caladon était guidé par l’argent et le profit, allant jusqu’à accepter et profiter du commerce des Graârh, des êtres que Nyko jugeait tout aussi intelligent et honorifique que les Glacernois

— A t-il dit exactement pourquoi a t-il prit possession de Cordont ? Cette petite cité n’a que peu de valeur stratégique, mais une forte symbolique, même ravagée. Par quoi, d’ailleurs ?

Il était vrai que Cordont n’était pas un château imprenable mais une bourgade modeste située à la frontière entre l’Empire et les Cités Libres. C’était un lieu champêtre où il faisait bon vivre situé en plein coeur des plaines de Calastin. Nyko se redressa, sans un mot, et s’approcha de la fenêtre où Tryghild s’était tenu un peu plus tôt. Il ne manqua, par ailleurs, d’observer la marque qu’elle y avait faite de son poing, mais eu la délicatesse de ne rien dire.

— Je partage ta colère mais la mienne est dirigée vers Leweïnra. Sélénia ne serait pas à nos portes si ce dernier n’avait pas annexé cette ville. De plus – Nyko se détourna de la vue magnifique pour poser ses mires sur Tryghild – je ne pense pas que la situation fut si urgente qu’il le laisse entendre. Sélénia est à plusieurs jours de marche, une armée ne pourra être sur place instantanément. C’est un profond manque de respect, envers toi et envers Délimar, que de prendre une telle décision seul.

Le ton était resté calme, mais les propos de Nyko taillaient dans le vif. L'aversion que l’amiral ressentait pour Aldaron ne faisait que croire à mesure qu’il songeait à la situation exposée par la jeune louve. Les mains jointes dans le dos, l’immaculé reprit.

— Cette Alliance n’est pas la sienne, pourtant je sens que Leweïnra s’en croit le maître tout-puissant et il nous met tous dans une position difficile. Cela pourrait nous être bénéfique, car je doute que le peuple souhaite être dirigé par des marchands si une guerre éclate. Toutefois, l’effort de la reconstruction n’est pas achevé et je ne peux que te conseiller prudence et retenue. Vas-tu te rendre à Cordont ?

descriptionNulle terre sans guerre [PV Nyko] EmptyRe: Nulle terre sans guerre [PV Nyko]

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Elle se sentait comme une petite fille prise en faute. Sa colère l'avait toujours différenciée de son géniteur, et déjà enfant, elle explosait en impulsion volcanique. Mais à l'époque, l'entraînement drastique avait émoussé cette tendance, la transformant en combativité. Elle réapparaissait à présent, nourrie par les insultes et les coups de poignard en traître, par l'inquiétude et le devoir. Elle ne se mettait pas en colère par plaisir, c'était une façon de se protéger, d'exorciser la peur dans un brasier sanctifié. Son instinct lui disait de trembler sous l'ire, pas sous la crainte, car l'ire lui donnait de la force là où la peur la muselait. Toutefois, elle avait conscience qu'il y avait de meilleures manières de la traiter, et son grand-père le lui rappelait silencieusement, incarnation même de leur juste courroux, après tout ce qu'il avait vécu. Oui décidément, c'était mal lui faire honneur que de céder si facilement, elle aurait l'occasion d'exercer un talion mesuré lorsque le moment viendrait, et c'était inévitable, même elle le savait. Elle attendait pourtant à davantage de remontrance que ce regard pourtant déjà lourd de sens. Elle le méritait, elle en avait conscience et avait toujours subit la critique comme on aiguise une épée. C'était positif même si désagréable en soi, sur le moment. Mais rien ne venait. En le voyant redresser la table avec une aisance confondante, trouvant là quelqu'un qui égalait sa propre force, elle se détendit, comme s'il s'agissait là d'une tape amicale sur l'épaule. Le symbolisme lui était fort et elle coula un regard oblique vers lui, reconnaissante.

Elle avait toute confiance en lui, mais il l'apprivoisait un peu plus chaque jour et s'ouvrir à lui de ce qu'elle avait apprit lui paraissait complètement naturel. Et elle écouta ses dires avec une attention pleine et entière. Baissant légèrement la tête, l'intendante ne pondéra même pas sa réponse lorsqu'elle fut questionnée, confondante dans l'aisance qu'elle avait à lui parler, sachant qu'il ne la jugerait que justement et qu'il ne lui ferait jamais le moindre mal. Il était de son sang, de sa meute, ils étaient un seul cœur et un seul nom, il ne pouvait vouloir lui faire du mal, jamais. C'était une aberration que de l'imaginer, et quiconque pourrait le sous-entendre rencontrerait sa lame en un duel à mort pour laver le nom de son aïeul. Les Svenn n'étaient pas des gens du sud.

« Par des Golems géants, Isoisä. Et… oui, il l'a dit »

Elle n'avait pas répondu à l'elfe, sur l'instant. Ils avaient tous deux, vieux loup et petit loup, eut la même pensée. Cordont n'avait aucune valeur stratégique ou militaire, elle n'avait pas de position aisément défendable et une bataille à cet endroit ferait des ravages monstrueux dans les rangs des deux camps. La ville de Cellian, plus à l'Ouest, était mieux indiquée pour une défense des terres de l'alliance et elle aurait été plus prompte à en prendre possession au nom d'une guerre contre Sélénia si guerre il y avait. C'était en partie pour cela qu'elle était en colère. Au nom de l'alliance à laquelle les deux villes appartenaient, elle serait contrainte de respecter son serment et de voler au secoure de Caladon quoi qu'il en soi. Vu la situation, il serait impossible d'abandonner promptement Cordont car cela laisserait une ouverture utilisable par leur adversaire. Ce qui signifiait inévitablement qu'elle sacrifierait des hommes pour défendre cet emplacement. Elle n'aimait pas le gâchis.

Pour autant… la guerre n'était pas encore là. Du moins l'espérait-elle en un sens. Elle ne reculait pas devant l'affrontement mais foncer tête baissée était stupide également. Comme elle voulait croire Aldaron quand il disait vouloir régler la question efficacement !

« Sélénia avait déclaré l'arrivée de ses troupes avant l'annexion m'a-t-il dit. Penses-tu qu'il mente ? »

Elle avait déjà oubliée le vouvoiement, maintenant que l'urgence n'était plus à ses élans caractériels. Il touchait du doigt une peur latente qu'elle possédait : l'idée qu'on la trahit. Korentin avait trahit son père, se pouvait-il qu'Aldaron fasse de même avec elle ? Quel intérêt aurait-il à le faire ? Aucun essayait-elle de penser, mais il était plus vieux et plus roué qu'elle, plus habile politicien et de loin, il n'aurait sans doute aucun mal à lui cacher des choses. Pourtant il avait combattu avec eux. Pourtant… pourtant elle ne parvenait pas à se décider. Elle voulait laisser une chance tout en refusant les conséquences que cela pouvait avoir. Elle devait le voir face à face, pas au travers d'une projection. Elle devait en être certaine, peu importe si cela semblait impossible.

« Mais je suis d'accord, Isoisä… c'est… cela m'irrite, nous avons prêté le même serment ! Mes hommes risquent de mourir, peut-être inutilement s'ils doivent répondre à l'appel de l'alliance et aider Caladon. Je ne peux déroger à mon serment, cela couvrirait notre peuple de honte. Il a dit avoir agit en pensant à préserver la paix, il faudra qu'il en dise davantage lorsque nous nous verrons. Je ne peux les ignorer, ni lui, ni l'empereur Kohan »

Elle serra les dents. Cela lui rappelait la rébellion humaine… elle avait perdu son père parce qu'il avait été forcé de répondre à son serment. Elle ne voulait pas causer la perte de son peuple. Pourtant, pouvait-il réellement croire être le maître de l'alliance ? Il avait annexé Cordont au nom de Caladon, pas de l'alliance…

« Tu as également raison… au sujet de nos alliés. En cas de guerre, nous sommes les mieux placés pour défendre les intérêts communs. Notre puissance a manqué brisé l'armée de Néant devant Gloria, et seule la traîtrise de Fabius Kohan nous a volé la victoire. Cela est encore présent dans les mémoires, et aujourd'hui les deux armées les plus fortes du monde humain ont fusionné… Mais je ne briserais pas le traité en premier. Je ne veux pas que nous soyons vu comme des bellicistes et des amoureux du sang, notre tradition guerrière est celle de l'honneur et de la dignité, je ne ferais pas honte à notre antique tradition en versant la première le sang... »

La fille du nord se redressa, plus ferme. Son grand-père avait raison, il n'y avait pas que la rivalité avec Caladon en jeu, ou la menace de Sélénia. Il y avait les habitants de Cordont qui avaient déjà subi l'outrage de voir leur ville détruite et les leurs mourir. Ils avaient beaucoup soufferts, inutile d'en rajouter sans un réel besoin. Si la guerre devait être déclarée, elle le serait en temps et en heure, et avec un peu de doigté, ailleurs. Ilhan aurait certainement bien des idées, mais il n'était pas présent en l'instant, aussi devait-elle essayer d'être à la hauteur de ses enseignements. Le silence se poursuivit de longues minutes avant qu'elle n'essaye de donner une réponse à la seule question qu'elle avait éludé dans l'interrogation du vieux loup. Mais elle avait trop de respect pour lui pour le laisser sans réponse simplement parce qu'elle avait peur d'en donner une. Elle devait essayer.

« Je… ne sais pas si j'irais à Cordont. Délimar doit se rendre là-bas, je pense ? Mais… mais je ne suis que sa voix, Délimar est constituée de nous tous. Et dans une situation aussi délicate je… je ne voudrais pas causer plus de dégâts. Ilhan serait un meilleur messager, ou même Sigvald… ou toi, bien que je répugne à te demander de quitter ta bien aimée Glacern »

Ou les trois réunis si cela n'avait pas laissé Délimar vulnérable. Une autre raison pour laquelle Tryghild n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée de se séparer même temporairement de son grand-père. L'amiral était vital à la citadelle, il contrôlait la flotte la plus puissante de Calastin, peut-être de l'archipel entier. La seule personne prétendant avoir une meilleure expertise était le patriarche de la maison Syrène, déjà en haute mer et pas près de revenir. Non, ce n'était peut-être pas une bonne idée… mais il le lui confirmerait, ou le lui infirmerait par lui-même. Elle lui ferait confiance. Concernant les deux autres prétendants… Sigvald serait sans doute de meilleur aloi. Il y avait bien assez de politicien en jeu, le peuple avait besoin d'un militaire de confiance aux opérations en cas de problème. Sigvald était son champion, de plus, il ne démériterait pas.

« Je compte envoyer une délégation. Pas seulement des soldats mais également des artisans, des médecins. La population a été durement touchée m'a dit Aldaron, et la ville est en ruine. Nos architectes sont les meilleurs, nos artisans ont bâti la citadelle dans laquelle nous nous tenons. Ils auront besoin de vivres également... »

Elle sentait déjà poindre une puissante migraine à l'idée de tout ce que la délégation devrait emporter. Mais ils ne pouvaient que répondre à l'appel de ces pauvres âmes en souffrance. Ils avaient toujours été les protecteurs du peuple.

« C'est le plus important pour le moment… Je vais ordonner de préparer l'armée en cas de guerre, il ne faut pas fermer les yeux sur cette possibilité, évidemment. Mais la délégation partira avant tout et nous verrons. Et si nous ne sommes pas en guerre à l'issue de tout cela, il faudra que je parle avec Aldaron. Qu'en dis-tu? as-tu des recommandations à me faire ? »

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Ses épais sourcils froncés, le vieux Svenn essayait de comprendre, de mesurer toute l’ampleur de la situation face à laquelle ils se trouvaient. Face à lui, Tryghild lui faisait l’impression d’une enfant inquiète. Derrière sa colère, le vieux loup savait la déceler. Prenant son rôle à cœur, son regard s’adoucit quelque peu et l’homme franchit la distance qui se trouvait entre elle et lui. Il ne lui avait fallu que deux pas et son épaisse main à la paume calleuse se posa sur l’épaule de sa petite-fille, l’étreignant avec force. Une force que le Svenn se devait de mesurer à chaque instant, sans quoi il pouvait lui briser la clavicule par inadvertance. Cette pensée le faisait bouillir, mais pareil à lui-même, Nyko n’en montra rien. Seul son regard semblait plus vif encore.

— Non.

La réponse du vieux loup laissa place à un silence pesant. Il ôta sa main et revint se poster devant la fenêtre, où il prit appui. Ses yeux se perdirent au loin, regardant sans voir.

— En revanche, peut-être n’a t-il pas tout dit. C’est un politicien. Rappela Nyko en serrant les poings, manquant lui aussi de fracturer le cadre de la fenêtre.

L’amiral n’était pas un homme de mots et son aversion pour la politique n’était guère un secret. Ainsi, ses à priori étaient nombreux. À tort ou à raison, le Svenn pensait donc qu’Aldaron en avait dit assez pour ne pas subir l’ire de sa petite fille, c’était là une manœuvre parfaitement logique.

— Cet évènement accueillait autant nos gens que les séléniens. Il paraît donc logique que Sélénia fasse venir ses troupes pour venir en aide aux blessés. Ses blessés. Ajouta le marin en se tournant de nouveau vers sa petite-fille. Tu as raison, nous devons respecter notre serment. Mais notre devoir est de protéger le peuple, pas ses chefs à leur détriment, rajouta le Svenn, froidement.

Le bien du plus grand nombre. C’était une vision froide et pragmatique que Nyko affectionnait plus que tout, quand bien même elle était dure. L’honneur du guerrier le poussait à servir le peuple avant tout et il était impensable, pour Nyko, qu’il en soit autrement. L’Alpha se devait se prendre les meilleures décisions pour sa meute afin que celle-ci survive à l’hiver. Une leçon que Tryghild connaissait par coeur, il n’en doutait pas.

— Délimar doit s’y rendre et y faire entendre sa voix, approuva le vieux loup. Si tu me le demandes, j’irai. Je sers cette cité autant que toi et celle-ci peut se passer de moi quelque temps. J’ai toute confiance en mes hommes pour protéger Délimar.

Un pilier, voilà ce que le vieux loup souhaitait être pour sa petite-fille, dont le museau était enfoui sous la neige. La petite louve se perdait dans la tempête qu’Aldaron avait créée, sa voix trahissait le doute qui l’étreignait avec force.

— Excellent, approuva de nouveau Nyko. Sa voix grave et posée vibrait d’une certaine satisfaction face aux bonnes décisions que sa petite-fille était en train de prendre face à lui. Son regard s’était adouci un peu plus encore. Une seule chose, fit-il lorsque sa petite fille lui demanda son avis. Pour être plus efficace, il nous faut prendre la mer. Cordont sera ralliée plus rapidement de cette façon et le transport des vivres en sera facilité. Nous éviterons également les dangers de la route terrestre. Il lia ses mains dans son dos, adoptant une position martiale qui lui seyait à merveille. Il semblait impossible à renverser, ses larges épaules et son buste musclé formant un mur infranchissable et indestructible. Je pense que tu devrais envoyer Ilhan, il saura parler avec Caladon tandis que Sigvald pourra coordonner les secours et rassurer les rescapés.

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Le contact la fit se tendre, muscles puissants et vifs se crispant instinctivement au toucher qu'elle n'avait su envisager. Elle ne s'y était pas attendu et elle porta un regard flamboyant et sauvage sur son aïeul, avant de prendre conscience de sa proximité et surtout son identité, profonde. Ses épaules se décontractèrent lentement, s'affaissèrent légèrement alors qu'elle exhalait un souffle presque délicat, consciente que son grand-père contenait une force bien supérieure à la sienne. Ses yeux pâles quittèrent le visage buriné pour se perdre dans la contemplation du décor perceptible par la fenêtre au cadre de guingois, une de ses mains vint gauchement se poser sur celle de Nyko, pressant doucement sans jamais l'obliger à retirer sa dextre. Elle avait confiance en lui, pas seulement en ses conseils, et ses avis, mais aussi en lui tout simplement… Elle avait confiance en sa maîtrise, il ne lui ferait pas de mal. Il n'était pas un monstre, il n'était plus un monstre et ne le serait jamais plus. Ce cauchemar été bel et bien fini et il ne reviendrait pas, jamais. Cependant, cela ne signifiait pas que d'autres ne pouvaient pas prendre sa place, des cauchemars qui ne concernaient pas seulement les Svenn, ou son grand-père, cela concernait beaucoup d'autres personnes et elle ne pouvait pas se permettre de prendre les mauvaises décisions. Sans doute avait-il eut la même angoisse, lorsqu'il était le Roi de l'Hiver. Sans doute son père avait-il eut les mêmes. C'était le destin de ceux qui dirigeaient, de sans cesser se demander quelle décision prendre pour préserver ceux qu'ils gardaient. Du moins lorsque l'on tenait à son serment.

Il reculait, et elle ? Elle se redressait, adressant ses paroles. Oui sans doute n'avait-il pas tout dit. Il devrait en dire plus. Elle ne pouvait pas se permettre de lui faire confiance s'il ne lui disait pas tout, pas avec les enjeux auxquels ils se soumettaient tous deux. La politique ne pouvait pas tout excuser. N'avait-elle pas maintes fois fait des pas dans sa direction ? Mais lui, qu'avait-il fait pour se rapprocher d'elle ? Elle en venait à se le demander et savait que c'était un dangereux chemin à emprunter. Elle n'aimait pas penser ainsi, faire des hypothèses oisives. Elle préférait confronter directement l'elfe pour savoir la vérité, où elle devait et pouvait se tenir. Si elle était allée à Cordont, elle l'aurait eut, cette confrontation, ou au moins beaucoup plus rapidement, comme une flèche que l'on retire d'une plaie pour pouvoir la soigner… mais sa présence à Cordont aurait causé plus de problèmes qu'elle n'aurait apporté de solutions. Le bien ne valait pas la peine, mais il faudrait bien qu'ils se parlent, à un moment ou un autre. Ils y viendraient, indubitablement. Elle angoissait déjà à cette perspective, car elle savait que garder son calme serait très compliqué mais ne lui apporterait qu'un soulagement passager bien vite mis à mal. Il fallait une alternative, et pour cela elle avait besoin de temps, ce temps elle le prendrait en dirigeant les choses à distances, pas sur le terrain comme elle en avait l'habitude. Elle devait s'améliorer, et cela passait par cela, cela passait par cesser de garder son confort…

Elle ne cherchait pas à protéger un homme. Elle cherchait à protéger le peuple au travers de cet homme. Une guerre en ce lieu ne ferait de bien à personne mais laisser le passage mettrait l'alliance en danger.

« Oui... »

Pendant un moment, elle continua de réfléchir avant de finalement se décider, connaissant assez bien ses hommes et leur valeur pour savoir vers quoi elle souhaitait se diriger. L'essence de l'objectif était déjà défini après tout.

« Nous avons beaucoup à faire… Je vais suivre ton conseil. Ilhan sera le représentant officiel de Délimar, Sigvald l'accompagnera et sera notre image, au moins pour le moment »

Mais ce n'était que le tout début, ce n'était que le plus simple. Hors il y avait beaucoup d'autres choses dont il fallait s'occuper et qu'elle n'avait pas le luxe d'ignorer.

« Je vais envoyer deux convois. L'un partira par la terre et sera conduit par Sigvald et la garde loup. L'autre sera sous ta protection et partira par la mer. Tu prendras avec toi tout le gros œuvre, ce qui serait trop compliqué d'acheminer par voie terrestre, ainsi que les vivres destinées à alimenter Cordont »

Ainsi, ils couvriraient tous les domaines possibles pour le moment. Ilhan recevrait des directives précises pour statuer au jour le jour au nom de l'intendance, tandis que Sigvald serait une image rassurante. Nyko veillerait sur la flotte pendant sa traversée et serait également sur place si une évacuation massive était nécessaire… Il ne serait pas question de traiter des affaires politiques avant d'être certains de l'état de la situation sur place et des dangers que ces golems représentaient. Une fois que ce serait fait, il serait temps de s'occuper de Sélénia et de ce qu'Aldaron avait fait.

« Je veux qu'une fois sur place, chacun de vous me fasse un compte-rendu détaillé de ses impressions. Je vais également faire porter une missive personnellement destinée à Sélénia, par Sigvald. Que ce soit voulu ou non, qu ce soit accepté ou non, Cordont est Caladonnienne à l'heure présente… Aldaron ne pourra négocier sans nous, ce serait cracher sur l'alliance et ses droits en tant que signataire. Mais si Nolan Kohan veut s'adresser à moi ? Il devra venir ici. Et tu l'escortera, avec Sigvald »

Sur le retour, la flotte serait certainement moins chargée… elle pourrait prendre des passagers supplémentaires. Et surtout, surveiller cet encombrant colis destinée à l'Intendante. Si elle imposait son rythme aux négociations et obligeait l'empereur Sélénien à venir à elle avec toutes les conséquences psychologiques et officielles que cela imposait, elle savait qu'il ne devait rien advenir de malheureux et surtout pas une attaque pirate au mauvais moment. La flotte Délimarienne était la plus puissante de Tiamaranta, elle ne doutait pas que sous la garde vigilante de son grand-père et de son fiancé, le gamin arrive à bon port sans une égratignure.

« Cordont… soulève de nombreuses questions. Certaines peuvent être réglées rapidement, d'autres… d'autres feront mal, avant d'être résolues. J'aurais besoin de vous tous pour conduire Délimar sur le chemin qu'elle doit prendre. Je ne veux pas d'une guerre, je ne veux pas non plus d'une chaîne, envers qui que ce soit. Et je ne veux pas que Cordont se voit imposer une chaîne qu'elle ne désirerait pas... »

Elle s'arrêta un bref instant, puis reprit :

« En combien de temps peux-tu être prêt ? »

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Le combat qui faisait rage au fond des prunelles bleue roi de l’intendante, le vieux-loup l’avait, jadis, lui même livré. Être Roi, faire passer les besoins de son peuple avant les siens, étaient une tâches ardue, un combat quotidien contre soit même et contre les autres, contre les félons qui attendaient dans l’ombre tels des rapaces, dans l’attente de l’Erreur pouvant leur apporter le pouvoir.
Il ne fallait pas se leurrer. Même le plus honorable des nordiques pouvait céder à l’appât du gain, à la tentation et au désir de ceindre son front d’une couronne. C’était pour cela que Nyko était là. Pour protéger et aider sa descendance dans l’exercice – oh combien difficile! - du pouvoir.

La jeune-louve se redressa tandis que Nyko se reculait à présent. Demeurant face à elle, les mains jointent dans son dos, il l’observait sans un mot, observant les traits de son visages se déformer au fil de ses pensées. Et finalement, elle suivit son conseil.

La Glacern allait donc reprendre la mer sous peu, emportant avec elle matériels et vivres pour Cordont. Le coeur du marin se gonfla de joie à l’idée de naviguer de nouveau sous peu et, cela, pour une mission de la plus haute importance. Des vies dépendaient de la rapidité et de l’efficacité des marins placés sous le commandement de l’amiral. Ce dernier, toutefois, ne doutait pas un seul instant de l’efficacité de son équipage. Les Glacernois n’étaient pas les meilleurs soldats de ce monde pour rien.

Laconique, le vieux-loup hocha simplement la tête. L’idée de voir Nolan Kohan fouler le pont de sa Glacern ne lui plaisait pas, mais le marin n’avait pas le choix. C’était, par ailleurs, la voie la plus rapide pour emmener le jeune souverain jusqu’à Délimar. Les rumeurs voulaient que ce dernier ce soit lié à un dragon, mais venir sur le dos d’un tel destrier et se poser au coeur de la cité océanique n’était certainement pas la meilleure idée qui soit pour entamer des négociation. Avoir un dragon si proche était comme avoir un poignard sous la gorge. Bien entendu, tout ceci dépendait des désirs du jeune monarque, mais ce dernier avait sans aucun doute intérêt à rencontrer l’intendante et non seulement Aldaron. Ce serait bien mal avisé.

— Cela n’arrivera pas, répondit le vieux-loup d’un ton ferme. Sa voix de baryton raisonna dans la pièce, l’homme ne doutait pas un seul instant de ses mots. Après un bref instant, il reprit. Nous serons prêts demain. Quitte à travailler toute la nuit s’il le faut, songea t-il. Il nous faut dresser une liste de tout ce que nous pourrions avoir besoin à Cordont. Mes seconds se chargeront d’embarquer le matériel sur la flotte. Je ne doute pas que nous trouverons de nombreuses âmes prêtes à nous aider pour lever l’ancre au plus tôt.

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Le son renouvelé de la voix du marin la fit se détendre. Elle n'avait pas eu conscience de cette crispation avant de la sentir se dénouer, mais il semblait bien qu'elle n'eut rien d'illusoire. Qu'est-ce qui l'avait ainsi étrillée, pour qu'elle ait soudainement une conscience si aiguë des rouages en son sein profond ? Sans doute n'avait-elle eu aucun goût pour une critique de ses décisions, ou peut-être était-ce simplement qu'elle espérait viscéralement qu'il ne verrait pas lieu d'arguer avec elle de la stratégie qu'elle adoptait. Elle savait lui confier une lourde tâche avec ce colis encombrant et oh combien délicat, pas seulement parce que sa perte serait préoccupante à de nombreux égards mais également parce que sa présence serait un poids sur les nerfs et les fiertés chatouilleuses des Délimariens. Bien des marins, des soldats, ne seraient pas heureux de le voir parmi eux, et beaucoup n'apprécieraient pas non plus de le voir au beau milieu de leur ville, mais elle savait aussi qu'ils comprendraient et qu'ils avaient foi en elle… Voilà pourquoi elle devait absolument être irréprochable. Elle leur demandait un effort, elle devait leur donner un retour égal. Ce que son grand-père lui offrait comme zèle devrait être couronné du succès des négociations par la suite, comme pour les autres. Sa détermination n'en était que plus grande.

Hochant la tête pour confirmer les dires de son aïeul. La rapidité de la flotte était toujours un sujet d'admiration, leur efficacité et leur ardeur n'avaient pas d'égales sur l'archipel, et c'était autant pour cela que pour leurs avantages matériels qu'ils étaient les plus craints. C'était un honneur pour elle que de servir un peuple d'une telle radiance. Néanmoins, elle ne voulait pas non plus que leurs hommes se fatiguent plus qu'il n'était absolument nécessaire, au moins en cas d'une forte sollicitation à destination. D'une voix tranquille, elle en fit donc la réflexion, plus comme une remarque que comme un conseil dont il n'avait certes nul besoin, étant un homme capable. Son poste n'était pas volé. Pour le reste, il s'agissait effectivement avant tout de faire passer le mot pour mobiliser soldats, marins et dockers puis de vérifier auprès des maîtres d’entrepôts et du ravitaillement pour établir des listes précises. Pensive, elle reprit la parole après quelques brefs instants de réflexion.

« Il faudra privilégier les aliments séchés et saumurés, car bien que le voyage ne soit pas si long en navires, les aliments frais risquent de ne plus l’être à l’arrivée et une épidémie serait bien la dernière chose à ajouter au calvaire des rescapés. Je pense que les nouvelles techniques de conservation que les ingénieurs ont développées sont efficaces mais nous ne pouvons pas prendre de risques pour le moment tant qu’ils ne sont pas complétement testés et approuvés. Une petite portion de denrées périssables seulement donc »

Elle soupesa brièvement une idée, puis ajouta :

« Nous pourrions également décider de ne prendre que des denrées sécurisées et faire une halte brève à Caladon afin d’embarquer ce que le conseil aura préparé à l’intention des sinistrés. Si la manutention est prête avant même l’arrivée de la flotte, cela peut aller vite, n’est-ce pas ? »

Perdre du temps ne serait pas une bonne idée, à moins de rentabiliser efficacement cette perte. En termes purement pratiques, Caladon était plus proche du site de la catastrophe que Délimar, le voyage par mer était presque ridicule entre les deux villes. Des produits frais n’auraient pas le temps de pourrir ou de se gâter avant d’arriver à destination. Il serait ensuite à la charge des individus sur place de juger s’il y avait lieu d’envoyer les navires faire, ou non, un second approvisionnement. Elle avait toute confiance en ses hommes pour cela. Il lui suffirait de son côté d’envoyer un courrier aux intéressés de la ville marchande.

« Pour les questions non alimentaires, je pense qu’une partie du matériel des artisans sera à embarquer à bord également, afin de ne pas alourdir le convoi terrestre, ainsi que certaines matières premières. Transporter un chantier entier est sans doute irréalisable et peu efficace, les alentours de Cordont possèdent déjà des ressources naturelles utilisables, néanmoins pour les réalisations d’urgence, mieux vaut prévoir un stock tampon »

Un léger froncement de sourcils, puis elle ajouta, avec une certaine prudence, car touchant un sujet qu’elle ne maîtrisait pas, de façon tout à fait consciente.

« Il faudra également demander à nos médecins s’ils ont besoin d’emporter quoi que ce soit. Là encore, les nouvelles méthodes de conservation de nos ingénieurs seront peut-être à utiliser. J’aurais honnêtement préféré un baptême du feu moins sensible mais il faut faire avec ce que l’on vous donne après tout… ai-je oublié quoi que ce soir d’après toi ? Nourriture, Hygiène, Matériaux de première nécessité… »

Elle attendit un peu, puis après un instant, la nordique poursuivit sur sa lancée, donnant simplement entre deux le temps d’une réponse s’il désirait l’éclairer de son expérience personnelle et de ses idées. Plus il y avait d’individus réfléchissant au problème en cours mieux c’était. Cette catastrophe était certes unique en son genre mais les besoins des peuples restaient normalement globalement les mêmes…

« Certains ingénieurs iront également examiner ces golems. Afin d’en apprendre un peu plus sur leur structure. J’aurai aimé, dans le meilleur des cas, qu’un spécimen soit rapporté mais je ne sais pas si c’est techniquement faisable… il faudrait sans doute un navire immense pour cela »

Cela les condamnait à devoir faire tout cela sur place, avec Caladon. Tant pis, il fallait s’en accommoder aussi.

« Si tu peux m’envoyer un message par oiseau quand vous serez arrivé… »

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Les habitants de Délimar feraient preuve, une fois de plus, de leur efficacité. Nyko ne doutait pas un seul instant de ce fait tandis qu'il écoutait sa petite-fille. Et bien entendu, il était hors de questions de tuer les hommes et les femmes à la tâche.

Tryghild énonçait les vivres que la flotte embarquerait sous peu afin de venir en aide aux habitants de la petite bourgade de Cordont. Pour sa part, l'Amiral gardait le silence, ne voyant rien à redire. Tout militaire qu'il était, il trouvait inutile de verbaliser son accord. À la question de la jeune louve, l'amiral soupesa le pour et le contre. La carte de Calastin se dessina dans son esprit, avec sa forme de croissant de lune. Nyko n'aimait pas la ville de Caladon, mais la suggestion de l'intendante faisait du sens. Celle-ci, toutefois, demandait une coordination parfaite avec la cité marchande. En l'état, Nyko ignorait si Aldaron avait déjà fait dépêcher des vivres à Cordont. Si tel était le cas, une halte ne ferait que les ralentir.

— Oui. Mais il nous faut savoir dans les plus brefs délais quels secours Aldaron a envoyé à Cordont. Si des vivres de ce genre sont déjà en route, nous arrêter est inutile.

Il revenait à Tryghild de contacter la cité sœur pour en savoir plus. Leurs pensées se rejoignaient sur ce point.

Oubliaient t-ils quoi que ce soit ? Dans l'immédiat, l'amiral ne voyait pas ce qui pouvait manquer à cette liste déjà longue. Pendant un instant, il songea à la sécurité de Cordont et à l'armée Sélénienne qui ferait, tôt ou tard, son arrivée sur place, mais il ne jugea pas nécessaire d'emmener plus d'hommes. Chaque Glacernois était un soldat et l'amiral veillerait à en emmener suffisamment pour ce voyage, venant ainsi grossir les rangs des mercenaires que Caladon n'oublierait certainement pas d'envoyer sur place. Sans surprise, le vieux-loup n'aimait pas l'emploi de mercenaires et cela se savait. Mais comment pouvait t-on accorder sa confiance à des hommes que, trop souvent, seul l'or motivait ? Les hommes et les femmes de Délimar, au moins, possédaient de vraies valeurs et un véritable désir de protéger leur cité et ses habitants.

— Si ces golems soutenaient le plateau de Calastin, je doute qu'il soit possible d'en ramener un vivant. Un morceau, peut être, et encore... Je ne pense pas que cela soit utile, d'autant que la magie n'est pas notre spécialité. Concentrons-nous sur ce que nous savons faire le mieux. De plus, si l'Empereur de Sélénia est en route et que des négociations ont lieux, descendre dans le cratère raviverait les tensions.

En effet, se faufiler sous terre et donc, potentiellement, sous les pieds de l'armée Sélénienne pourrait être vue comme une action hostile. Nyko n'aimait pas l'idée de jeter de l'huile sur le feu alors que des innocents, des civils, se trouvaient pris en tenailles entre les forces en présence.

— Serait-ce de l'inquiétude dans ta voix, petite louve ? Le visage du Svenn s'éclaira d'un léger sourire, son regard se fit chaud, paternel. Je ne manquerais pas de t'envoyer Aya sitôt que nous serons arrivé. Tu as ma parole.

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Contacter Caladon ne prendrait pas des journées entières, ils sauraient assez tôt ce qu’il en était et pourrait agir en conséquence. Quel que soit l’avis de leur cité sur les actions politique de la ville marchande, ils faisaient partie d’une même alliance, aussi ne devaient-ils offrir qu’un visage uni et solidaire au monde extérieur. Il serait temps de discuter de leurs différents en interne, entre eux, une fois Sélénia écartée. Et il y aurait sans doute beaucoup à dire, sur bien des sujets. Tous n’étaient pas uniformément tournés vers l’annexion d’ailleurs, le but était de paver l’avenir non de se disputer stérilement sur le présent. Aldaron était tout de même un homme intelligent, malgré son ambition, il écouterait. Sinon ? Elle le forcerait à écouter. Cillant, elle revint au présent, et eut un léger hochement de tête envers les paroles de son aïeul.

« Un seul morceau ne serait pas utile, non. Il en faudrait un complet. Tant pis. Néanmoins je me demande si c’est vraiment de la magie. Par certains aspects, cela me semble également tenir de l’ingénierie comme les almaréens la conçoive. Mais tu es plus connaisseur de la magie que moi »

Ces golems, en tout état de cause, était une menace pour tout le monde. Pour Sélénia, pour Délimar, pour Caladon… Si l’empereur était de bonne foi, il ne pourrait qu’abonder à l’idée de spécialistes examinant les spécimens accessibles. Tout cela devrait très certainement être discuté lors des négociations. Elle n’envoyait pas Ilhan pour rien après tout. Une vague expression adoucie complimenta ses traits, bien que son regard se para d’une lueur attristée et grave. Elle jaugea ainsi de l’amiral qui partageait son sang, conservant le silence quelques longs instants. Si elle s’inquiétait ? Oui, de tout et de tout le monde, d’ailleurs. Depuis l’instant où on avait remis sur ses épaules le manteau du pouvoir, elle ne cessait presque jamais de s’inquiéter.

« Tu as disparu déjà une fois par le passé, alors que j’avais l’aveugle certitude de ton invulnérabilité, petite fille sotte à la tête encore pleine de rêves. Père… » Sa voix trembla un instant avant qu’elle ne se reprenne « Père a disparu aussi. Il est parti avec une armée entière et il n’est jamais revenu. On ne m’a rapporté que son arme et le conte de sa fin »

Ses yeux s’emplirent d’une fine pellicule aqueuse qu’elle se fit violence pour contenir. Elle avait aussi pensé son père invulnérable. Il était si fort ! Le meilleur épéiste humain qui existait, un tueur de vampire, avec la meilleure des armées à son service. Mais la traîtrise et la folie avaient eut raison de lui, et elle était restée toute seule, sans plus personne. Combien de fois avait-elle rendu hommage aux morts ? Combien de fois avait-elle lancé la complainte de l’appel pour ces deux hommes qu’elle aimait de tout son cœur ? La mort était une part intégrante de leur vie, de leur devoir, mais ça ne signifiait pas qu’aux heures creuses elle ne regrettait pas leur trépas. Elle savait simplement qu’ils étaient partis avec honneur, pour la patrie.

Son regard plongea dans le sien.

« Récemment encore, j’ai immolé le corps du père de mon enfant. Je ne désire pas te reperdre une fois de plus. Préviens-moi, lorsque vous serez à destination et prend garde pendant le voyage. Et revient… Ne me laisse pas avec un simple navire pour tout témoignage de ta vie »

Il y eut un silence, puis elle inspira profondément, de nouveau maîtresse d’elle-même. Passant une main dans ses cheveux, elle arrêta le geste sur un nœud et vint déplacer légèrement sa chaise à la place. Soudainement, bouger lui était nécessaire. Son regard obliqua vers la fenêtre, par laquelle le port était toujours visible. Une fois qu’elle aurait donné les ordres, elle pourrait très certainement aller aider au rassemblement de tout ce qu’ils allaient emporter avec les autres. Oui… cela, ou s’adjuger l’amiral pour une dernière passe d’armes avant le départ, une manière bien à elle de dire bon voyage, comme elle l’avait accueilli à Délimar l’épée à la main. Elle se sentait mieux ainsi qu’avec des mots après tout. L’idée était plaisante.

« Je vais rédiger la missive pour Caladon, et donner des ordres au sein de la Citadelle. Fait de même au port et dans les entrepôts, et je vous rejoindrais ensuite… Avons ton départ, une fois que nous ne seront plus nécessaires, nous pourrons nous retrouver sur le terrain d’entrainement »

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La question du vieux-loup venait de soulever de douloureux souvenirs. Ceci n'était certainement pas son but et, dès qu'il s'aperçut de l'humidité dans les yeux de Trygild, le vieux Svenn s'en voulu. Ce dernier savait ce par quoi sa petite-fille était passé. Les épreuves, les pertes de son père et de son époux... Cette pensée fit froncer les sourcils à l'Amiral qui vivait la perte de son fils comme un élément lointain. Malgré son immaculation, il n'était plus le même Svenn qu'autrefois et cette constatation faisait naître une profonde rage en lui, qu'il contint dans ses poings fermés.

— Je ferais ce qui est en mon pouvoir pour revenir, tu as ma parole, répondit Nyko d'une voix bien solennelle.

Il ne pouvait pas lui promette de revenir, évidement, et ne le fit pas. Trygild pouvait comprendre cela. Ce voyage s'annonçait calme, ce n'était que du transport de vivre, mais la mer était capricieuse et la flotte Délimarienne n'était pas seule sur les eaux, bien qu'elle fut la plus puissante.

— Parfait.

Laconique, le vieux loup ne trouva rien à redire. Le mobilier retrouva sa place légitime et, sur un dernier signe de tête, le Svenn se retira. Il traversa les couloirs de la citadelle à grande enjambée et fut plus que bienheureux lorsqu'il se retrouva à l'air libre, sous le soleil d'automne. L'air était frais et revigorant.
Nyko ne s'attarda pas au pied de la citadelle et se dirigea vers l'endroit où il avait laissé sa monture à l'allée. La brave bête - un immense cheval - renâcla à l'approche de son maître, qui la détacha et grimpa souplement sur son dos après avoir mis le pied à l'étrier. L'équidé à la robe aussi noir que la chevelure du Svenn s'élança au trot dans la cour de la citadelle, puis poursuivit à ce rythme dans les rues de Délimar jusqu'aux entrepôts situés non loin du port et des premières habitations du quartier des visiteurs. L'arrivée de l'ancien Seigneur de l'Hiver ne passa guère inaperçu, ce qui permit à Nyko de délivrer ses ordres et indications sans perdre de temps. Lorsque les contremaîtres surent quoi faire exactement, l'homme enfourcha une nouvelle fois sa monture et se dirigea cette fois-ci vers le port.

Les gardes se situant à l'entrée de la partie réservée à l'armée se poussèrent lorsque la monture du Svenn passa presque au galop devant eux avant de freine rapidement sa course. Les abords des quais n'étaient pas un lieux sans danger pour un cheval et Nyko ne tenait pas à finir à la baille, d'autant plus qu'elle était froide à cette époque de l'année. Une nouvelle fois, le Svenn délivra ses ordres. Sa voix portait malgré le vent et les hommes ainsi que les femmes se mirent au travail. D'autres partirent en direction des entrepôts afin d'aider à la manutention.

Satisfait, Nyko observa ses semblables se mette au travail telles des centaines de fourmis, puis il fit faire demi-tour à sa monture. Il avait rendez-vous au terrain d’entraînement avec Trygild et ne comptait pas manquer cette occasion. Le destrier noir fit donc la route inverse jusqu'à la citadelle et, plus précisément, les casernes où se situaient la majeur partie des terrains d’entraînement.

Étant donné la nature martiale des Glacernois, Nyko n'eut aucune difficulté à trouver un terrain vide. La terre battue crissait sous ses pas tandis que le Svenn ôtait sa tunique pour ne garder que son pantalon, sa ceinture ainsi que ses bottes. Il déposa le vêtement sur un banc situait juste à côté de la zone d’entraînement, puis tira Zéphyr de son fourreau. L'arme à une main et demie ne pesait rien entre les doigts de l'immaculé, qui fit quelques mouvements avec la lame afin de s'échauffer. Cela pouvait certainement impressionner les bleus car le vieux-loup était particulièrement bien charpenté. Les muscles de ses bras, de son dos ainsi que de son torse étaient parfaitement visibles sous la fine couche de peau marquée de plusieurs cicatrices, comme des marques de griffure. Une amante sauvage diraient certains pour rigoler, mais ce n'était sans doute pas la vérité.

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La ville s’activait, bourdonnante de sa détermination, et de son efficacité proverbiale, et l’Intendante ne doutait nullement que les préparatifs seraient achevés dans les temps. Une fois qu’elle eut transmis ses ordres et qu’elle eut réalisé tout ce qu’il lui était possible d’accomplir en si peu de temps, la fille du nord prit la direction des terrains d’entraînement, se félicitant sur l’instant d’avoir pensé à un moyen accessible de digérer son sentiment criant d’impuissance. Combattre le lui ferait exorciser pendant un moment, à défaut de le faire disparaître totalement et indéniablement. Ses pas la conduisirent bientôt jusqu’aux nombreux terrains occupés par les soldats de l’armée comme par les réservistes, autrement dit, par tout citoyen de la ville à un moment ou un autre. Ils étaient particulièrement remplis, ce jour-là, mais pas assez pour qu’elle perde l’espoir de trouver un coin pour eux. Passant entre les barrières, elle se rendit bientôt compte que son grand-père était arrivé avant elle, un attroupement s’était formé autours de lui, en l’absence de la première concernée par sa présence. Des soldats venaient naturellement partager l’entraînement, échanger quelques passes d’armes ou simplement saluer et admirer le jeu d’épée, à juste titre car l’art de la lame était autant partie intégrante de la culture des Svenn que l’était leur loyauté à toute épreuve. Un léger sourire effleura son visage un moment, alors qu’elle approchait, et attira l’attention de Nyko sans le quitter d’un regard appréciateur. Son grand-père était un homme impressionnant, à la musculature témoin de son entraînement, les cicatrices jalons du passé, à la stature et la figure très impactantes. Il faisait forte impression, naturellement. Le seul rival qu’elle lui trouvait était Sigvald, encore que tous deux soient différents, comme un faux miroir : l’un noir, l’autre blanc.

« Tu m’as devancé »

Se détournant enfin, sous les salutations des citoyens enthousiastes à l’idée de leur service de spectateur, la dame loup retira son armure, pour ne garder qu’une simple chemise de tissu et un surcot de cuir. Un instant sa main hésita, oscillant sur les deux fourreaux attachés à sa ceinture. Puis ses longs doigts vinrent à serrer la gaine de Haut Protecteur, détachant les liens qui la retenait et la déposant avec son armure, bien vite suivi par le fourreau de Loyale. La lame Almaréenne brilla dans sa main sous le murmure appréciateur des anciens dévots de Néant et elle s’échauffa quelques instants avec avant de venir faire face à son aïeul, détendue et souriante, le regard farouche et pulsant d’enthousiasme. Combattre était quelque chose qu’elle aimait, faire parler le fer, laisser son corps et ses instincts prendre le dessus, voilà ce qu’elle savait faire au mieux et ce dans quoi elle se sentait réellement à l’aise. Souplement, elle commença à prendre la mesure de son adversaire. Leur différence de force et de vitesse rendait difficile toute victoire mais ce n’était pas pour cela qu’elle ne devait pas avoir cette ambition… viser haut était le meilleur moyen de s’améliorer, lorsqu’il ne s’agissait pas d’un combat à mort. Et puis elle avait besoin de se défouler, Nyko lui offrait une opportunité en or de le faire car elle savait avoir peu de chance de réellement le blesser. Un coup, puis un autre… elle ne pressait pas, au début, elle voulait voir à quel point il serait sérieux, ou plutôt : à quel point il se sentirait capable de se laisser aller sans avoir peur de lui faire du mal à elle. Les coups d’estime durèrent pendant quelques instants, puis furent remplacés par un jeu de lames plus serré.

Les lames chantaient, rugissaient en se rencontrant, le tintement du métal sur le métal crissant dans les oreilles, se répercutant dans les os. Elle ne cherchait pas à l’affronter comme elle l’avait fait la première fois, ayant tout à fait conscience de leur différence de force et de l’impact des coups sur sa fatigue… à la place, elle tâchait de se décaler légèrement à chaque fois pour dévier la lame de son grand père plutôt que de l’arrêter, cherchant à user de sa dynamique contre lui. Cela retarderait l’instant où sa fatigue commencerait à lui coûter son expertise, et prolongerait ainsi le combat. Plongée dans un univers qui n’était plus que leurs deux formes en mouvement, leurs coups et leurs tactiques, elle oubliait le reste du monde, s’abandonnant à la danse de fer. En vérité, elle ne craignait pas les blessures, mais elle désirait donner le meilleur d’elle-même afin de lui faire honneur. La sueur coulait le long de son dos, collant le tissu de sa chemise et ses cheveux sur elle, mais elle n’y prenait pas garde, ne rompant pas l’échange viscéral qu’elle partageait avec son ancêtre. Lorsqu’un premier arrêt fut clamé, elle s’arrêta de justesse, tâchant de contrôler son souffle et lui fit un signe de tête appréciateur, saluant sa performance, avant de se détourner pour boire un peu d’eau et passer du talc sur ses paumes. L’accroche de Loyale lui semblait déjà plus lourde, mais elle n’en revint pas moins à la charge, n’ayant pas l’intention de gâcher leur moment à tous deux.

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Un léger haussement de son sourcil gauche fut l'unique réponse que Nyko eut pour sa petite fille, comme si son arrivée avant elle était l'évidence même. Le regard de Trygild sur sa personne ne lui avait pas non plus échappé, mais c'était un point que le vieux Svenn ne tenait pas à commenter. Ce dernier avait l'habitude d'attirer ce genre de coup d’œil appréciateur de par son physique... Mais venant de son propre sang, cela le dérangeait.

Ce dernier croisa ses bras contre son torse, le pommeau de son épée reposant en équilibre contre sa cuisse droite. Les muscles de ses biceps ainsi que de ses abdominaux attirèrent davantage l'attention, mais c'était surtout ces veinules cuivraient que les gens regardaient. Témoins de ce qu'il était, elles couraient dans le haut de son dos, de ses omoplates jusqu'à ses pectoraux puis, beaucoup plus bas, elles réapparaissaient au niveau de ses mollets.

Tandis que Trygild quittait son armure et choisissait son arme, le Svenn prit quelques secondes pour écouter les murmures de la foule avec un peu plus d'attention. Il se révéla alors à lui les paroles de femmes énamourées, les mots désobligeants sur ce qu'il était devenu ou encore - et cela lui faisait grand plaisirs - ces pères et ces mères qui murmuraient à l'oreille de leur enfant en le prenant en exemple : " un jour, tu seras comme lui ! ". Un léger sourire étira les lèvres du guerrier, le rappelant à ses propres souvenirs.

L'arme de la Jeune Louve était impressionnante par sa beauté mortelle. Nyko aussi la trouva à son goût, en écho avec la foule, bien que lui-même ne possédait pas une lame de facture noble et n'en trouvait d'ailleurs pas l'utilité. Zéphyr, dont il saisit la poignée avec sa main gauche, était une épée à une main et demie ordinaire et parfaitement entretenue par son propriétaire. Elle avait fait ses preuves à de très nombreuses reprises.

Comme des danseurs, Nyko et Trygild commencèrent leur corps à corps. Doucement, tout d'abord, afin de prendre la mesure de l'adversaire. Bien sûr, l'avantage allait à l'immaculé et sa force colossale, mais ce dernier ne cherchait pas la victoire rapide. Si cela avait été le cas, un seul revers de sa lame aurait suffi à mettre la jeune femme à terre.
Les deux duellistes avaient une technique au même niveau, le jeu d'épée était donc serré. Nyko contrôlait chacun de ses mouvements afin de ne pas blesser sa petite fille d'un coup plus fort que les autres. Il n'était pas vraiment à l'aise, mais après quelques minutes d'échange, il fut davantage confiant et prit réellement plaisir à ferrailler avec la jeune femme. Son regard à lui aussi brillait de cette lueur farouche.

Le temps passa et la fatigue prit inextricablement en Trygild. Nyko, lui, en fut épargné de par sa condition. Le vent frais de novembre rencontrait la peau couverte de sueur de la jeune femme tandis que l'amiral était frais comme un gardon, l’œil vif et le geste sûr.

— Stop, clama le Glacernois de sa voix profonde. Nul essoufflement dans sa voix, simplement un calme tranquille. Va boire un peu.

Pendant que la jeune louve s'en allait se désaltérer, le Svenn fit quelques moulinets de son arme. Il avait chaud sous la fraîcheur du mois de novembre et ce sentait prêt à combattre tout le restant de la journée.

— Cela fait un moment que je n'avais pas pris tant de plaisir à ferrailler. Merci pour cela, petite louve. Reprenons, déclara t-il après une course pause en soulevant de nouveau Zéphyr.

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Ils étaient nombreux, les guerriers plus expérimentés qu'elle, disposant de plus d'expertise et de professionnalisme, et ce, même si elle avait eut les meilleurs professeurs possibles. Au rayon de ceux-ci, un nom s'illustrait plus encore que celui de son père, Emeril Celeas, le plus grand tueur de vampires dont Glacern s'était fait la fierté. L'élu de l'épée légendaire du feu. Chaque fois qu'elle y repensait, Tryghild ne pouvait que se féliciter d'avoir eut la chance de suivre son enseignement, un don qui n'avait absolument aucun prix. En particulier lorsqu'elle affrontait un adversaire aussi fort que celui contre lequel elle ferraillait à l'heure présente. Elle avait depuis longtemps intégré les conseils d'Emeril et elle tâchait de les appliquer au mieux. Néanmoins, elle savait aussi que lors d'un duel, comme celui-ci, elle n'avait guère de chance de s'en sortir. Haletante, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour retarder l'inévitable moment où l'épée deviendrait trop lourde et encombrante dans sa main tremblante et engourdie. Ses muscles étaient en feu, se mettant à hurler leur rejet de ce qu'elle leur infligeait mais la nordique y restait totalement sourde. Connaître ses limites était la première leçon que l'on recevait à Glacern mais elle n'était pas non plus très assidue à le faire, farouche et têtue, Tryghild avait une nette tendance à ne s'arrêter que lorsque son corps menaçait de l'abandonner. Et une fois de plus, ce fut le cas. De la sueur lui piquant les yeux, elle sentit une première faiblesse majeur, un tremblement qui manqua lui faire lâcher son épée alors que celle de son grand-père la percutait, et l'Intendante recula subitement, se désengageant de leur duel. Elle haletait lourdement et effaça une traînée de sueur de son front du revers du poignet avant de déglutir et de se redresser de son mieux pour saluer son grand-père et le remercier de l'échange.

S'éloignant, elle récupéra un linge humide qu'elle passa sur sa nuque et sur son visage, et prit le temps de respirer profondément. Lentement, la pression redescendit jusqu'à à un niveau acceptable et la nordique fut de nouveau capable de bouger sans risquer de s'effondrer. Expirant profondément, elle se releva, sans avoir eut l'impression de s'asseoir, et alla rengainer son épée. Elle prit un lacet de cuir, et releva sa chevelure afin qu'elle cesse de coller sur sa peau. Le tissu de sa chemise lui collait également et elle délaça légèrement les retenues de son surcot de cuir, pour se donner un semblant de confort. Cela achevé, Tryghild se tourna de nouveau vers Nyko et lui fit un sourire bref. Lui n'avait pas l'air plus perturbé que cela…

« Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas affronté »

Tous deux avaient beaucoup d'obligations, et même s'ils s'entraînaient régulièrement, ils ne le faisaient pas vraiment au même moment. Sans parler des départs en mer de Nyko et de sa propre incapacité à combattre de nuit, pour le repos de ses partenaires de combat. Prenant une gourde d'eau qu'on lui tendait, elle en bu une gorgée, laissant le liquide frais la revivifier. Néanmoins, la fatigue était réelle et prenante. Une bonne fatigue, comme elle les aimait. De nouveau, elle observa l'amiral, l'air sérieux, grave comme elle en avait l'habitude. Ce n'était pas souvent qu'elle se montrait légère ou taquine. Ce n'était tout simplement pas dans son caractère de le faire. En termes techniques, ils n'avaient rien à apprendre l'un de l'autre, leurs différences étaient purement physique.

Néanmoins, maintenant qu'elle y pensait ? Cela lui manquait d'apprendre de lui. C'était lui qui avait commencé à lui enseigner l'équitation à l'époque, la juchant sur son énorme cheval de guerre. Elle avait trois ans quand on l'avait mit en contact avec un cheval pour la première fois. L'invitant à laisser libre le terrain et faire retraite vers l'un des coins non utilisé, elle laissa le silence se poursuivre un moment, savourant simplement sa présence. Elle n'avait pas toujours besoin de le faire, parler… ce n'était pas important. Mais après un moment, Tryghild parla de nouveau, d'une voix tranquille et détachée, pensive, comme si elle sortait d'une profonde réflexion interne.

« Voudrais-tu m'apprendre la navigation, un jour prochain ? Ton amour de la mer… j'aimerais le partager »

Lentement, elle reprenait conscience de la clameur des combats autours d'eux, et des bruits de l'activité citadine alentours. La ville avait un moment cessé d'exister, pendant le combat, alors qu'elle se focalisait sur Nyko et uniquement lui.

« A ton retour, affrontons-nous de nouveau... »

Cela devenait une tradition entre eux, à force…

« Je veux devenir aussi douée à l'épée que Père l'était. Je le lui dois »

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Tryghild avait reçu un entraînement poussé dans sa jeunesse et n'avait jamais cessé de perfectionner ses talents. Cela se ressentait dans chacun de ses mouvements, de ses attaques, et Nyko était fière de sa petite-fille. Elle se battait comme une louve, savait reconnaître ses points faibles vis-à-vis de son adversaire et s'adapter à lui. En situation réelle, sans doute n'aurait t-elle pas de chance seule face à un ennemi comme son grand-père, mais sans doute serait t-elle en mesure de gagner suffisamment de temps pour prendre l'avantage en attendant des renforts. Dans les montagnes qui entouraient Glacern, la victoire face aux vampires ne se faisait pas seule. Les Nordiens, au contraire, se battaient en meute. En cela résidait leur force. La force du nombre et la cohésion inégalée d'une vraie famille.

Mais la plus grande force d'un guerrier était de connaître ses limites. Autrefois, le Vieux-Loup les connaissait. Aujourd'hui, il ignorait jusqu'où ce corps pouvait l'emmener. Il ne savait pas où se cachait les limites de son endurance et ce que ses muscles pouvaient supporter. Et, en bon soldat, il devait les chercher. Il savait pouvoir combattre un humain en duel singulier... Mais deux ? cinq ? dix ? Et combien d'Elfes, de Graärh ou de Vampires pouvait t-il terrasser avant d'y laisser sa peau ? Tandis que Tryghild sonnait la fin de cette échange, Nyko se promit intérieurement de remédier à ce problème en recherchant un adversaire dont la force était égale à la sienne.

Nyko emboîta le pas de sa petite-fille et récupéra un linge propre dont il se servit pour essuyer son torse. Il ne transpirait pas à grosses goûtes comme l'intendante, mais il aimait se sentir propre après une séance comme celle-ci. Il passa donc la serviette sur son visage, puis sa nuque et enfin son torse. L'humidité du linge fit briller sa peau et souligna les muscles de ses abdominaux. Ceci fait, il récupéra Zéphyr dont il avait appuyé le pommeau contre un support et, d'un geste habile, rengaina la lame dans le fourreau qu'il avait gardé à la ceinture.

Lui n'avait pas l'air plus perturbé que cela. Elle, en revanche, était encore essoufflée par l'effort. Sa chemise lui collait également au corps et soulignait de ce fait les muscles de son dos. Pour ce donnait un peu plus d'air, sans doute, Tryghild délaissa les retenues de son surcot de cuir tandis que le Vieux-Loup ne faisait pas mine de remettre sa propre chemise, qui se trouvait toujours sur le banc. Sentir ainsi l'air frais de novembre sur sa peau était pour le moins vivifiant !

— Nous devrions faire cela plus souvent, approuva le Vieux-Loup

D'un geste, l'intendante invita son grand-père à la suivre. Avant de lui emboîter vivement le pas, Nyko récupéra sa chemise puis la rattrapa en quelques enjambées. Aussitôt le terrain libre, de nouveaux soldats vinrent en fouler le sol et le tintement des épées accompagna le duo qui s'éloignait. C'était une mélodie sans doute agréable pour les deux Glacernois qui décidèrent tacitement de profiter de cet instant de silence. La présence de l'autre suffisait, il était inutile de combler un vide qui n'existait pas par des mots.

Toutefois, lorsque le terrain d’entraînement fut loin, par décence Nyko remit sa chemise et la lassa rapidement. Il n'avait plus l'air aussi bien apprêté, mais cet air négligé lui allait bien, de même que ses cheveux un peu en bataille. Et soudainement, Tryghild reprit la parole et évoqua l'une des passions du Glacernois, à savoir la mer. Il se l'était découverte lors de la grande traversée et ne regrettait pas son choix de prendre la mer à bord de la Glacern tout en assurant le commandement des forces Délimariennes sur les mers de l'archipel. À chaque voyage, il s’émerveillait un peu plus du monde qui l'entourait.

— Ne cherche pas à imiter ton père. Surpasse-le, la motiva Nyko en posant son regard bleuté sur la jeune louve. À mon retour, je t'aiderais à repousser tes limites et tu viendras naviguer avec moi sur la Glacern si tu le désir. En échange de cela, j'aimerais que tu m'aides pour trouver un adversaire dont la force égale la mienne. Si tu connais tes limites, ce n'est plus mon cas, et je me dois de les rechercher à nouveau.

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Elle hocha la tête. Faire cela régulièrement lui permettrait de gagner en force et en habileté. Chercher un adversaire à sa mesure n'était pas la bonne façon de s'entraîner, elle devait trouver quelqu'un de bien meilleur au contraire, pour pouvoir vraiment progresser et pas simplement stagner. Et son grand-père était justement un adversaire formidable et bien au-dessus de ses capacités actuelles. Mais même si elle ne parvenait jamais à l'égaler, elle essayerait. Encore et encore et encore. C'était la dynamique qui comptait et elle ne pouvait se permettre d'être faible et molle. Son peuple avait besoin d'un dirigeant avec de la poigne bien sûr, mais aussi d'un dirigeant capable de rester en vie et de se défendre. Et elle avait besoin de cela, de progresser, d'avancer, de se construire toujours davantage et de ne pas se reposer sur ses acquis. Il y avait toujours plus à découvrir, leur arrivée sur l'Archipel le lui avait montré de même qu'elle avait découvert des hommes et des femmes dotés de savoirs et d'expérience uniques qui pouvaient être des mines d'apprentissage pour elle. Souriant à la rectification de Nyko, elle ne fit d'abord aucun commentaire, mais elle entendait. Surpasser son père ? Ce serait difficile, mais comme elle se promettait de tout faire pour vaincre Nyko en duel, elle pouvait tout faire pour tenter de dépasser la légende d'Havard.

Le vent se leva, faisant ondoyer leurs chevelures alors que le silence continuait de s'étirer un moment. Son regard se tourna vers la mer azurée puis suivit le point blanc d'une mouette qui se découpait avant de retomber sur son aïeul.

«  Je me souviens comment mon père a retardé l'expédition de recherches pour me retrouver après que j'eus bravé ses ordres pour partir dans le blizzard lorsque j'avais quinze printemps. Lorsqu'ils m'ont ramené dans le hall de notre famille j'avais de nombreuses blessures. J'étais affamée et gelée et Mère avait eut très peur que je perde un membre. Père s'est occupé de moi avec l'aide des médecins puis sans attendre que je trouve du repos, il m'a admonesté jusqu'à ce que j'en pleure. Je pleurais alors rarement. Il n'a jamais cessé de me dire combien trouver ses limites était important pour rester en vie  »

Pensive, elle soupira et croisa les bras, tendant les muscles. C'était la seule leçon avec laquelle elle avait toujours eut beaucoup de mal malgré tout. Et elle savait que cela pouvait lui coûter énormément. Mais elle avait la volonté d'apprendre.

«  Je t'aiderais à trouver les tiennes. J'ai déjà quelques idées d'adversaires pouvant te satisfaire, il faudra que je trouve le temps de m'informer sur eux pendant ton absence  »

Que son grand-père puisse lui aussi s'épanouir dans le maniement des armes était son souhait et elle comprenait son envie de pouvoir, comme elle, voir plus haut, ambitionner de détrôner quelqu'un d'autre. Il y avait quelques nouveaux miraculés en ville, et dans d'autres nations, peut-être l'un d'eux serait-il à la hauteur.

«  Bientôt, les voiles de la Glacern s'éloigneront du port. Retournons à nos devoirs après cet échange. Finissions de nous préparer, pour mieux nous retrouver. Calastin a besoin de nous à présent  »

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