3 Novembre 1762
Ilhan serait sans doute très fier d’elle lorsqu’il saurait qu’elle avait réussit à se retenir jusqu’au bout, jusqu’au départ d’Aldaron et sa solitude renouvelée. Elle avait fait de son mieux pour ne pas exploser dès le départ, pour écouter jusqu’au bout ce que le Bourgmestre Caladonnien avait à lui dire, hochant de temps en temps la tête, raide, le visage fermé, sourcils prenant cet angle sévère qui présageait de sa colère et de son inimité, lèvres d’un rose pâle pincées à en chasser le sang totalement. Les autres signes caractéristiques de l’ire étaient si communs chez elles qu’ils perdaient toute forme d’illustration exacte. Et pourtant, le ton n’était monté à aucun moment, la fille du nord se montrant peu prolixe, peu prompte à commenter les faits qu’on lui remettait et instituant finalement la fin de leur rapide entretient en le remerciant de l’avoir prévenue, dans une forme de civilité guindée et raide. Seule en revanche, l’intendante se détourna lentement de l’emplacement où la projection s’était trouvée, épaules roides, mains légèrement tremblantes, avant de faire quelques pas dans la pièce, inspirant et expirant profondément. Le mouvement n’eut pas l’effet qu’elle escomptait. Elle l’effectuait originellement dans l’espoir de chasser l’impression persistante que ses membres allaient bouger tout seul, sous le besoin d’air, d’extérieur, de ne plus sentir la cangue de l’étouffement. Elle l’effectuait pour se soulager de sa tension, comme elle aurait voulu prendre les armes et ferrailler. Mais le fourmillement restait, le tiraillement de ses nerfs restait…
La table de bois vint s'écraser dans un bruit sourd et un raclement sonore sur le mur de pierres nues, juste à côté de la porte qui s'ouvrait soudainement. Quelques centimètres de plus et quiconque passait la porte présentement aurait reçu le mobilier dans les bras. Mais cela ne la préoccupait aucunement, après avoir cédé à son emportement. Elle fulminait comme une forge, poing serré s'abattant sur le montant de la fenêtre qui manqua de se dégonder sous la force qu'elle y avait mit. Pendant quelques longs instants, elle mira l'extérieur, la vue superbe que la citadelle pouvait avoir sur le port et ses grands navires de guerre. La Glacern était amarrée au quai principal, voiles affalées. Tryghild soupira lourdement, pas apaisée pour un sou, mais ayant reprit suffisamment de maîtrise d'elle-même pour cesser de se comporter comme un ouragan pris en cage. Déglutissant difficilement, l'intendante se passa une main sur le visage et fit face à son aïeul avec un regard défiant de bête acculée. Ce n'était pas lui qui provoquait son trouble, ou bien l'était-ce ? Elle sentie sa nuque chauffer de honte à ce qu'il ait pu la voire perdre son calme comme cela. S'il y avait quelqu'un dont elle cherchait personnellement le respect, c'était bien Nyko Svenn, et la fille du nord voulait être au moins aussi forte que son père à ses yeux. Havard ne s'était jamais énervé ainsi, bien qu'il fut prompt à la colère, elle était aussi glaciale que les neiges des montagnes et finissaient invariablement en des rétributions propres et nettes.
Pas comme ses tentatives d'exutoire. Néanmoins, elle inspira profondément et tâcha de cesser de le regarder comme s'il venait de la voir en tenue de naissance… ce qu'il avait probablement fait à l'époque de sa naissance de toute façon. Il était encore étrange et déroutant de voir son ancêtre aussi vivace que dans son souvenir, alors que des années avaient passées. Le miracle de son retour à la vie ne faisait qu'accentuer encore davantage l'admiration qu'elle ressentait envers lui. Malgré la corruption de la vampirisation, il était revenu à eux, il s'était limé les crocs, il n'avait pas oublié… Elle n'aimait pas l'idée de faire défaut. Un peu calmée, au moins sur l'instant, Tryghild porta un poing à son cœur, effectuant le salut militaire des Glaçernois. Il y eut encore quelques instants de flottement passagers avant qu'elle ne prenne enfin la parole, adoptant naturellement la posture de repos militaire que son père lui avait enseignée à l'âge de cinq ans et qui avait martyrisé son petit corps en croissant jusqu'à ce qu'il devienne aussi naturel que de respirer.
« Isoisä*… Vous avez l'art de l'à-propos. J'aurais besoin de votre avis... »
Avec sa fermeté habituelle, elle ne s’embarrassait pas platitudes avant d'en avoir fini avec les sujets brûlants. Et celui qu'elle avait entre les mains était particulièrement igné. Ignorant superbement l'envolée de table qui avait failli gratifier Nyko de ses douceurs, l'intendante eut un geste, invitant son grand-père et conseiller à faire comme chez lui au sein du bureau quelque peu ravagé. Elle-même se pencha avec souplesse pour remettre au moins les sièges en place, avant de passer à son plan de travail. Cela lui occupait les mains pendant qu'elle parlait. Ilhan lui répétait inlassablement les messages sous-entendus de toutes les postures imaginables et pour le moment ces leçons l'angoissait plus qu'elles ne la servait. A présent elle peinait à trouver une posture naturelle qui lui convint et qui ne veuille pas dire quelque chose de négatif. Était-ce seulement possible ?! Pourquoi est-ce que les politiciens et les hommes de lettres avaient inventés des codifications aussi insupportables et aussi pessimistes pour tout ? Si elle croisait les bras, c'était uniquement pour reposer son corps enfin !
« Le Bourgmestre de Caladon, Aldaron Leweïnra, vient de m'apprendre que, suite à une catastrophe qui a ravagée la ville de Cordont, il en a ordonné l'annexion au territoire de sa ville »
Ses mains se serrèrent à s'en faire blanchir les jointures sur le bois alors qu'elle se redressait avec une des chaises en main. Elle inspira profondément et entreprit d'expliquer ce que l'elfe lui avait dit de la bataille entre les golems et de l'entrée des sous-terrain, ainsi que de la venue des troupes de Sélénia. Lorsqu'elle en eut finit, elle avait enfin posée sa chaise et s'appuya un moment dessus, tête baissée.
«Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère… que les Séléniens se permettent de faire appels à leurs troupes en terre neutre aussi simplement, comme si le traité ne valait rien, comme si NOUS ne valions rien… ou le fait qu'Aldaron ait prit cette décision sans même me consulter avant »
Oui, il y avait eut l'urgence mais… mais elle était quand même fâchée… et inquiète…
La table de bois vint s'écraser dans un bruit sourd et un raclement sonore sur le mur de pierres nues, juste à côté de la porte qui s'ouvrait soudainement. Quelques centimètres de plus et quiconque passait la porte présentement aurait reçu le mobilier dans les bras. Mais cela ne la préoccupait aucunement, après avoir cédé à son emportement. Elle fulminait comme une forge, poing serré s'abattant sur le montant de la fenêtre qui manqua de se dégonder sous la force qu'elle y avait mit. Pendant quelques longs instants, elle mira l'extérieur, la vue superbe que la citadelle pouvait avoir sur le port et ses grands navires de guerre. La Glacern était amarrée au quai principal, voiles affalées. Tryghild soupira lourdement, pas apaisée pour un sou, mais ayant reprit suffisamment de maîtrise d'elle-même pour cesser de se comporter comme un ouragan pris en cage. Déglutissant difficilement, l'intendante se passa une main sur le visage et fit face à son aïeul avec un regard défiant de bête acculée. Ce n'était pas lui qui provoquait son trouble, ou bien l'était-ce ? Elle sentie sa nuque chauffer de honte à ce qu'il ait pu la voire perdre son calme comme cela. S'il y avait quelqu'un dont elle cherchait personnellement le respect, c'était bien Nyko Svenn, et la fille du nord voulait être au moins aussi forte que son père à ses yeux. Havard ne s'était jamais énervé ainsi, bien qu'il fut prompt à la colère, elle était aussi glaciale que les neiges des montagnes et finissaient invariablement en des rétributions propres et nettes.
Pas comme ses tentatives d'exutoire. Néanmoins, elle inspira profondément et tâcha de cesser de le regarder comme s'il venait de la voir en tenue de naissance… ce qu'il avait probablement fait à l'époque de sa naissance de toute façon. Il était encore étrange et déroutant de voir son ancêtre aussi vivace que dans son souvenir, alors que des années avaient passées. Le miracle de son retour à la vie ne faisait qu'accentuer encore davantage l'admiration qu'elle ressentait envers lui. Malgré la corruption de la vampirisation, il était revenu à eux, il s'était limé les crocs, il n'avait pas oublié… Elle n'aimait pas l'idée de faire défaut. Un peu calmée, au moins sur l'instant, Tryghild porta un poing à son cœur, effectuant le salut militaire des Glaçernois. Il y eut encore quelques instants de flottement passagers avant qu'elle ne prenne enfin la parole, adoptant naturellement la posture de repos militaire que son père lui avait enseignée à l'âge de cinq ans et qui avait martyrisé son petit corps en croissant jusqu'à ce qu'il devienne aussi naturel que de respirer.
« Isoisä*… Vous avez l'art de l'à-propos. J'aurais besoin de votre avis... »
Avec sa fermeté habituelle, elle ne s’embarrassait pas platitudes avant d'en avoir fini avec les sujets brûlants. Et celui qu'elle avait entre les mains était particulièrement igné. Ignorant superbement l'envolée de table qui avait failli gratifier Nyko de ses douceurs, l'intendante eut un geste, invitant son grand-père et conseiller à faire comme chez lui au sein du bureau quelque peu ravagé. Elle-même se pencha avec souplesse pour remettre au moins les sièges en place, avant de passer à son plan de travail. Cela lui occupait les mains pendant qu'elle parlait. Ilhan lui répétait inlassablement les messages sous-entendus de toutes les postures imaginables et pour le moment ces leçons l'angoissait plus qu'elles ne la servait. A présent elle peinait à trouver une posture naturelle qui lui convint et qui ne veuille pas dire quelque chose de négatif. Était-ce seulement possible ?! Pourquoi est-ce que les politiciens et les hommes de lettres avaient inventés des codifications aussi insupportables et aussi pessimistes pour tout ? Si elle croisait les bras, c'était uniquement pour reposer son corps enfin !
« Le Bourgmestre de Caladon, Aldaron Leweïnra, vient de m'apprendre que, suite à une catastrophe qui a ravagée la ville de Cordont, il en a ordonné l'annexion au territoire de sa ville »
Ses mains se serrèrent à s'en faire blanchir les jointures sur le bois alors qu'elle se redressait avec une des chaises en main. Elle inspira profondément et entreprit d'expliquer ce que l'elfe lui avait dit de la bataille entre les golems et de l'entrée des sous-terrain, ainsi que de la venue des troupes de Sélénia. Lorsqu'elle en eut finit, elle avait enfin posée sa chaise et s'appuya un moment dessus, tête baissée.
«Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère… que les Séléniens se permettent de faire appels à leurs troupes en terre neutre aussi simplement, comme si le traité ne valait rien, comme si NOUS ne valions rien… ou le fait qu'Aldaron ait prit cette décision sans même me consulter avant »
Oui, il y avait eut l'urgence mais… mais elle était quand même fâchée… et inquiète…
*Grand-Père