Chacun de ses pas engloutissait une bonne portion du chemin qu'il devait parcourir, ce qui n'était pas négligeable quand on savait la longue route qu'il lui restait à faire. Un objectif qui ne cessait de reculer aux vues des nombreuses haltes qu'il effectuait et ce, depuis sa sortie du quartier résidentiel. Plusieurs citoyens l'interpellaient pour avoir des informations supplémentaires concernant les récents événements de Cordont ; en effet, la nouvelle de sa chute s'était propagée comme une traînée de poudre. Dès que la Garde Loup avait été mise en branle-bas de combat, pas plus tard que la nuit précédente, tout le reste de Délimar s'était éveillé et engagé dans les préparatifs. Le fait que l'unité d'élite dédiée à la sécurité de l'Intendante sorte faire quelques manœuvres d'entraînement était un spectacle commun, mais là ? Les soldats préparaient une véritable caravane contenant nombre de ressources alimentaires, médicales et même civiles en présence de caisses de toiles, de clous, de mortier et autres nécessaires de charpenterie. Il y avait même deux forges mobiles en plus des équipements réglementaires à la Garde Loup. Il était question de gagner par voie terrestre le site de la catastrophe et porter secours aux habitants, mais aussi à toutes les délégations rassemblées là pour le premier congrès magique et scientifique Calastien. Au temps pour la symbolique associée à cette ville...
Levant les yeux vers le ciel pâle, Sigvald fronça légèrement les sourcils alors que la courbe du soleil ne faisait que grimper. Le départ de la Garde et des artisans réquisitionnés pour porter leur expertise et aide concernant la reconstruction de Cordont partirait d'ici seulement quelques heures. Hors si lui-même était prêt depuis la veille, il lui restait encore une dernière course à effectuer. Un détail qu'il souhaitait s'enlever de la conscience avant qu'il n'enfile armes et armures et ne rejoigne ses hommes pour le grand départ. Plus d'une semaine de monte forcée les attendait pour atteindre la zone de sinistre et une fois sur place, il ne savait absolument pas combien de semaines lui seraient nécessaires, en faction vigilante, avant de pouvoir revenir en Délimar. Perdant patience, il interrompit abruptement son interlocuteur et le renvoya à ses propres activités d'un regard aussi sévère que sa voix était rauque d'un agacement à peine contenu. Ils n'étaient pas des elfes à se montrer oisif et propager des commérages. S'il avait le temps de retenir son Général pour étancher sa curiosité, il en avait pour aider à la reconstruction de Délimar ou perfectionner le maniement de ses armes. Plantant là le citoyen, Sigvald tourna les talons et descendit l'immense avenue qui menait aux portes du Quartier Commerçant. Saluant les soldats en faction, il prit sur lui pour écouter les rapports qu'ils avaient à fournir sur les dernières vingt-quatre heures. Conscient que cette charge ne lui revenait pas forcément, le Général ne pouvait s'empêcher de saisir ce genre d'opportunités pour rester au plus près de ses hommes.
Une heure entière s'était presque écoulée depuis qu'il avait franchi le seuil de sa résidence et il commençait légèrement à perdre patience. Il lui aurait fallu trois fois moins de temps pour arriver à destination et maintenant qu'il se tenait devant la forge Doréa, il avait presque envie de faire demi-tour. Presque. Prenant une profonde inspiration, le glacernois expira dans un vague grondement tandis qu'il passait une main dans sa chevelure, repoussant quelques mèches au blond cendré par dessus ses épaules. Ses yeux pâles scrutèrent le bâtiment et il entra sans plus de manières pour se diriger directement vers le cœur de ce lieu : la forge. Aussitôt l'odeur âcre de l’étain brûlé lui chatouilla les narines, de même que le bois consumé, le cuir gorgé de sueur et d'eau, ainsi que le métal chauffé. La température était étouffante, le vacarme du marteau sur l'enclume était régulier à la façon d'un cœur puissant. Il s'arrêta sur le seuil, croisa les bras et vint s'épauler contre le carde de la porte avec un léger sourire aux lèvres. Depuis toujours le travail du métal l'avait fasciné, la maîtrise des forgeron rendant le maniement d'un tel art si aisé entre leurs mains et pourtant ? Il s'agissait d'un véritable tour de force à devoir plier des matériaux tirés des entrailles de la terre, compactés par des millénaires de pression.
Plus impressionnant encore était la « fine » silhouette qui œuvrait dans la forge ; une humaine de l'ancien Empire. Il était surprenant de la trouver ici, des mois après l'indépendance des Cités. Nombres de ses pairs étaient naturellement retournés dans les jupons de Sélénia lorsque la guerre avait éclaté, mais pas elle. Serinne Doréa restait à Délimar, farouche et inexpugnable. Le glacernois plissa légèrement des yeux alors que son sourire s'accentuait à l'ombre de sa barbe de quelques jours, puis son expression retrouva son impassibilité habituelle quand il se racla la gorge pour marquer sa présence.
« - Bonjour, Doréa. Je souhaite te passer commande. »
Ne pas tourner autour du pot. Il n'en avait ni l'habitude, ni le temps. Il oublia de se présenter, usé qu'il était à être reconnu par les siens. Habillé d'un simple pantalon de cuir sombre, de bottes à semelles souples montant jusqu'à mi-mollet et d'une chemise à col lacé en laine blanche, rien n'indiquait réellement la position social de Sigvald. Ayant appris à vivre de simplicité et d'efficacité, il n'avait à sa ceinture que son épée nordique et un couteau de chasse. Glissant une main dans son dos, il extirpa hors du creux de ses reins un parchemin soigneusement plié en quatre qu'il tendit à la forgeronne sans quitter l'embrasure de la porte. Sur le vélin se trouvait les croquis d'une épée courte, celui du cimier de la Famille Elusis ainsi que les détails plus techniques concernant la commande tel que le poids ou les métaux désirés, le tout écris à la plume.
« - Je dois partir pour Cordont d'ici quelques heures et je n'ai pas la moindre idée de ma date de retour. Si jamais la commande est terminée avant mon retour, il suffira de la livrer à la demeure Elusis, un cadeau pour mon petit-fils Havard. Tu y recevras aussi ton paiement. »
Il s'agissait après tout d'une commande personnelle. Bras de nouveau croisés, il pencha légèrement la tête sur le côté en signe d'attention et d'écoute, espérant que ce petit bout de femme lui réponde favorablement. Il l'avait choisi pour plusieurs raisons et détesterait s'être trompé. Bien sûr, il attendait de voir si elle serait curieuse, si elle chercherait à débattre du prix de ses services... ou tout simplement à en savoir plus sur la-dite arme. A présent qu'il était là, il n'était plus aussi pressé et ne se fâcherait pas contre un peu de discussion. Paisible, le géant glacernois roula simplement des épaules avant de revenir s'avachir contre le bois solide, à peine courbé pour tenir dans le cadre.
Dernière édition par Sigvald Elusis le Lun 13 Aoû 2018 - 11:51, édité 2 fois
Levant les yeux vers le ciel pâle, Sigvald fronça légèrement les sourcils alors que la courbe du soleil ne faisait que grimper. Le départ de la Garde et des artisans réquisitionnés pour porter leur expertise et aide concernant la reconstruction de Cordont partirait d'ici seulement quelques heures. Hors si lui-même était prêt depuis la veille, il lui restait encore une dernière course à effectuer. Un détail qu'il souhaitait s'enlever de la conscience avant qu'il n'enfile armes et armures et ne rejoigne ses hommes pour le grand départ. Plus d'une semaine de monte forcée les attendait pour atteindre la zone de sinistre et une fois sur place, il ne savait absolument pas combien de semaines lui seraient nécessaires, en faction vigilante, avant de pouvoir revenir en Délimar. Perdant patience, il interrompit abruptement son interlocuteur et le renvoya à ses propres activités d'un regard aussi sévère que sa voix était rauque d'un agacement à peine contenu. Ils n'étaient pas des elfes à se montrer oisif et propager des commérages. S'il avait le temps de retenir son Général pour étancher sa curiosité, il en avait pour aider à la reconstruction de Délimar ou perfectionner le maniement de ses armes. Plantant là le citoyen, Sigvald tourna les talons et descendit l'immense avenue qui menait aux portes du Quartier Commerçant. Saluant les soldats en faction, il prit sur lui pour écouter les rapports qu'ils avaient à fournir sur les dernières vingt-quatre heures. Conscient que cette charge ne lui revenait pas forcément, le Général ne pouvait s'empêcher de saisir ce genre d'opportunités pour rester au plus près de ses hommes.
Une heure entière s'était presque écoulée depuis qu'il avait franchi le seuil de sa résidence et il commençait légèrement à perdre patience. Il lui aurait fallu trois fois moins de temps pour arriver à destination et maintenant qu'il se tenait devant la forge Doréa, il avait presque envie de faire demi-tour. Presque. Prenant une profonde inspiration, le glacernois expira dans un vague grondement tandis qu'il passait une main dans sa chevelure, repoussant quelques mèches au blond cendré par dessus ses épaules. Ses yeux pâles scrutèrent le bâtiment et il entra sans plus de manières pour se diriger directement vers le cœur de ce lieu : la forge. Aussitôt l'odeur âcre de l’étain brûlé lui chatouilla les narines, de même que le bois consumé, le cuir gorgé de sueur et d'eau, ainsi que le métal chauffé. La température était étouffante, le vacarme du marteau sur l'enclume était régulier à la façon d'un cœur puissant. Il s'arrêta sur le seuil, croisa les bras et vint s'épauler contre le carde de la porte avec un léger sourire aux lèvres. Depuis toujours le travail du métal l'avait fasciné, la maîtrise des forgeron rendant le maniement d'un tel art si aisé entre leurs mains et pourtant ? Il s'agissait d'un véritable tour de force à devoir plier des matériaux tirés des entrailles de la terre, compactés par des millénaires de pression.
Plus impressionnant encore était la « fine » silhouette qui œuvrait dans la forge ; une humaine de l'ancien Empire. Il était surprenant de la trouver ici, des mois après l'indépendance des Cités. Nombres de ses pairs étaient naturellement retournés dans les jupons de Sélénia lorsque la guerre avait éclaté, mais pas elle. Serinne Doréa restait à Délimar, farouche et inexpugnable. Le glacernois plissa légèrement des yeux alors que son sourire s'accentuait à l'ombre de sa barbe de quelques jours, puis son expression retrouva son impassibilité habituelle quand il se racla la gorge pour marquer sa présence.
« - Bonjour, Doréa. Je souhaite te passer commande. »
Ne pas tourner autour du pot. Il n'en avait ni l'habitude, ni le temps. Il oublia de se présenter, usé qu'il était à être reconnu par les siens. Habillé d'un simple pantalon de cuir sombre, de bottes à semelles souples montant jusqu'à mi-mollet et d'une chemise à col lacé en laine blanche, rien n'indiquait réellement la position social de Sigvald. Ayant appris à vivre de simplicité et d'efficacité, il n'avait à sa ceinture que son épée nordique et un couteau de chasse. Glissant une main dans son dos, il extirpa hors du creux de ses reins un parchemin soigneusement plié en quatre qu'il tendit à la forgeronne sans quitter l'embrasure de la porte. Sur le vélin se trouvait les croquis d'une épée courte, celui du cimier de la Famille Elusis ainsi que les détails plus techniques concernant la commande tel que le poids ou les métaux désirés, le tout écris à la plume.
« - Je dois partir pour Cordont d'ici quelques heures et je n'ai pas la moindre idée de ma date de retour. Si jamais la commande est terminée avant mon retour, il suffira de la livrer à la demeure Elusis, un cadeau pour mon petit-fils Havard. Tu y recevras aussi ton paiement. »
Il s'agissait après tout d'une commande personnelle. Bras de nouveau croisés, il pencha légèrement la tête sur le côté en signe d'attention et d'écoute, espérant que ce petit bout de femme lui réponde favorablement. Il l'avait choisi pour plusieurs raisons et détesterait s'être trompé. Bien sûr, il attendait de voir si elle serait curieuse, si elle chercherait à débattre du prix de ses services... ou tout simplement à en savoir plus sur la-dite arme. A présent qu'il était là, il n'était plus aussi pressé et ne se fâcherait pas contre un peu de discussion. Paisible, le géant glacernois roula simplement des épaules avant de revenir s'avachir contre le bois solide, à peine courbé pour tenir dans le cadre.
Dernière édition par Sigvald Elusis le Lun 13 Aoû 2018 - 11:51, édité 2 fois