14 Novembre 1762
Dès l'instant où on l'avait informé que le petit groupe avait demandé asile à Délimar, l'intendante avait prit sur elle de leur trouver un logis et de couvrir tous les besoins vitaux et immédiats qu'ils pouvaient avoir. Nourriture, vêtements, onguents et solutions pour les malades et les blessés… ces pauvres gens n'avaient pas été réellement violentés, c'était le voyage jusqu'à la ville océanique qui causait les plus grands maux, au moins physiques. Mais les maux physiques n'étaient pas les seuls existants. Lorsqu'ils furent reposés, Tryghild reçu le chef du village, qui lui apprit la raison de leur venue, la plongeant dans la plus profonde perplexité. Elle qui était déjà très occupée à la gestion de la crise de Cordont, elle ne s'était nullement attendue à recevoir une requête aussi délicate que celle présentée par cet homme. Son histoire était des plus étranges, sa volonté difficilement réalisable. Le dragon rouge, Verith de l'Ire, avait prit leur village, les chassant de leurs humbles terres du sud, et ils avaient décidé de venir jusqu'à Délimar pour y trouver un havre, une défense contre le monde cruel à l'extérieur mais également parce qu'ils connaissaient la puissance militaire de la grande citadelle. Ils voulaient que Délimar reprenne leur village des griffes du dragon. Elle ? Elle se demandait encore ce qu'un dragon pouvait bien vouloir d'un village aussi humble, et ce même plusieurs jours plus tard. Pourquoi avait-il prit leurs terres ? Il aurait pu tous les tuer s'il l'avait voulu, purifiant par le feu les terres de la présence humaine, il l'avait déjà fait après tout, sur le vieux continent et on rapportait que certains dragons s'adonnaient à ce 'sport' ici même, sur l'archipel. Mais ça ? Oui c'était très étrange. Elle aurait pu refuser, dans l'absolut, mais… mais cela n'était pas dans son code d'honneur. Elle avait juré de défendre les siens, et ils avaient besoin de son aide.
Elle se demandait toujours, cependant, même une fois en selle, comment par les déesses elle pourrait demander à Verith de rendre ce village. Il était strictement hors de question qu'elle s'attaque à lui, une erreur stratégique majeur, mais idéologique également. Il était l'enfant de l'orage, descendant de la dragonne Skade, qui avait retiré la magie des veines de sa famille. Une malédiction… et un don incomparable. Il était sacré, à ses jeunes yeux, un être intouchable, à moins bien entendu qu'il ne s'en prenne aux propres créations de sa mère : le peuple de Délimar. Elle était l'élue destinée à guider le peuple pur vers un futur solide, elle ne pouvait se permettre de laisser qui que ce soit compromettre cela mais s'il ne menaçait pas les siens, elle n'avait nulle raison de s'en prendre à lui. Elle tenterait très certainement de lui parler, ne pouvant guère trouver une alternative viable qui ne comporterait pas d'armes et d'engins de siège. Le comportement du dragon n'était réellement pas normal, elle voulait connaître la raison de cette expropriation, avant toute chose. Ensuite, elle lui demanderait certainement de rendre les lieux à ses habitants. Ce village était paisible et sans ambition, ils ne désiraient que vivre leur vie en paix avec un lopin de terre et quelques élevages, leurs seuls vices étaient ceux d'un peuple campagnard très lié à la terre et perclus de la magie inique de l'ancien continent. Il y avait bien des entités à qui chercher davantage de querelles que ces pauvres gens. C'était dans cette optique qu'elle avait organisée son départ de Délimar, uniquement accompagnée d'une garde réduite, des membres d'élite de la Garde Loup, tous des vétérans ayant suivi son père, loyaux jusqu'à la mort mais surtout dotés d'un sang-froid incomparable.
La route vers le sud était longue, elle partait pour des jours entiers, mais avait laissé la citadelle en ordre propre. Le patriarche des Sarawyn servait à sa place, l'armée était sur le pied de guerre, Ilhan veillait… et elle gardait un oiseau messager avec elle en cas de problèmes. L'intendante escomptait passer moins d'une journée sur place avec le Dragon, non parce qu'elle n'estimait pas sa présence, mais parce que, comme elle, il n'était certainement pas une créature de ronds de jambes et de flatteries de cour. Du moins était-ce qu'elle imaginait. Elle espérait ne pas se tromper. Elle espérait également réussir à dénouer tout ceci aisément. Le voyage se déroula dans un silence martial, uniquement coupé par des phrases courtes et utilitaires, avouant sans gêne le peu de goût de ces hommes pour les discussions légères et banales. De plus, ils restaient tous très attentifs, car les bandits n'avaient pas disparus avec leur arrivée en Tiamaranta. On ne pouvait jamais savoir, même s'ils ne doutaient pas de pouvoir se charger de n'importe quel brigand qui aurait la mauvaise idée de s'attaquer à des tueurs de vampires… La vermine de grands chemins n'était qu'un sujet de mépris profond pour les Délimariens. Mais cela faisait partie de la discipline de l'armée que de n'oublier aucune menace, fut-elle insignifiante. La perplexité l'habitait toujours quand l'immense silhouette incarnat se découpa sur le paysage verdoyant mais elle la jugula quelque peu, et poussa en avant sa monture jusqu'aux abords du village… qui tenait encore miraculeusement debout. Cela ne faisait que la perturber davantage mais la fille du nord avait déjà eut son compte de situations étranges au cours des dernières années.
Se voulant impavide, elle ne fit rien pour cacher la présence de son groupe, mais demanda à sa garde de rester en arrière. Elle-même descendit de sa monture quelque peu rétive face au dragon, et délaça les ceintures qui retenaient les fourreaux de ses armes, les plaçant sur sa selle malgré la tension supplémentaire que cela imposait à ses hommes. Une fois défaite de ses épées, de son bouclier et de son arc, ainsi que du carquois allant avec, l'intendante s'avança jusqu'à se trouver proche du museau de la majestueuse créature ailée. S'arrêtant à quelques mètres, elle inspira profondément, relevant le menton avec dignité, et ne sachant pas trop comment saluer un dragon, effectua simplement le salut militaire de Délimar. C'était ce qu'elle avait de plus honorifique en réserve pour lui, il faudrait bien que cela fonctionne ! Poing sur le cœur, elle plongea son regard dans l'oeil immense du dragon rouge, paisiblement, et avec sincérité. Prenant la parole, elle se trouva un peu stupide, espérant qu'elle ne parle pas dans le vide. Non qu'elle pensa la créature ignorante, elle se demandait simplement s'ils entendaient comme les mortels, car elle n'avait jamais eut affaire à un dragon de sa vie.
« Salutation, Verith des terres sauvages, feu de l'ire et dragon libre. Je suis Tryghild Svenn, intendante de la ville de Délimar. Je souhaiterais avoir audience auprès de vous, avez-vous un peu de temps à m'accorder ? »
Elle aurait pu prendre de force cette audience mais d'une part elle allait avoir assez de mal à le convaincre de partir et d'une autre part, c'était venu tout seul. La fille du nord ne savait pas se montrer vulgaire, encore moins dans ces moments-là. Elle nourrissait une grande admiration, perclus d'une crainte respectueuse envers l'écailleux qui la dominait de son immense taille… Ne sachant une fois de plus pas quoi faire de son corps pendant que le dragon considérait la requête, elle adopta naturellement la posture de repos militaire que ses instructeurs glacernois lui avait enseigné. Elle était plus à l'aise ainsi, elle se sentait déjà un peu mieux. Gardant le silence, elle patienta de son mieux en essayant de ne pas bouger davantage malgré l'envie irrésistible qu'elle en avait. Elle avait l'espoir de ne pas attendre trop longtemps, fort heureusement.
Elle se demandait toujours, cependant, même une fois en selle, comment par les déesses elle pourrait demander à Verith de rendre ce village. Il était strictement hors de question qu'elle s'attaque à lui, une erreur stratégique majeur, mais idéologique également. Il était l'enfant de l'orage, descendant de la dragonne Skade, qui avait retiré la magie des veines de sa famille. Une malédiction… et un don incomparable. Il était sacré, à ses jeunes yeux, un être intouchable, à moins bien entendu qu'il ne s'en prenne aux propres créations de sa mère : le peuple de Délimar. Elle était l'élue destinée à guider le peuple pur vers un futur solide, elle ne pouvait se permettre de laisser qui que ce soit compromettre cela mais s'il ne menaçait pas les siens, elle n'avait nulle raison de s'en prendre à lui. Elle tenterait très certainement de lui parler, ne pouvant guère trouver une alternative viable qui ne comporterait pas d'armes et d'engins de siège. Le comportement du dragon n'était réellement pas normal, elle voulait connaître la raison de cette expropriation, avant toute chose. Ensuite, elle lui demanderait certainement de rendre les lieux à ses habitants. Ce village était paisible et sans ambition, ils ne désiraient que vivre leur vie en paix avec un lopin de terre et quelques élevages, leurs seuls vices étaient ceux d'un peuple campagnard très lié à la terre et perclus de la magie inique de l'ancien continent. Il y avait bien des entités à qui chercher davantage de querelles que ces pauvres gens. C'était dans cette optique qu'elle avait organisée son départ de Délimar, uniquement accompagnée d'une garde réduite, des membres d'élite de la Garde Loup, tous des vétérans ayant suivi son père, loyaux jusqu'à la mort mais surtout dotés d'un sang-froid incomparable.
La route vers le sud était longue, elle partait pour des jours entiers, mais avait laissé la citadelle en ordre propre. Le patriarche des Sarawyn servait à sa place, l'armée était sur le pied de guerre, Ilhan veillait… et elle gardait un oiseau messager avec elle en cas de problèmes. L'intendante escomptait passer moins d'une journée sur place avec le Dragon, non parce qu'elle n'estimait pas sa présence, mais parce que, comme elle, il n'était certainement pas une créature de ronds de jambes et de flatteries de cour. Du moins était-ce qu'elle imaginait. Elle espérait ne pas se tromper. Elle espérait également réussir à dénouer tout ceci aisément. Le voyage se déroula dans un silence martial, uniquement coupé par des phrases courtes et utilitaires, avouant sans gêne le peu de goût de ces hommes pour les discussions légères et banales. De plus, ils restaient tous très attentifs, car les bandits n'avaient pas disparus avec leur arrivée en Tiamaranta. On ne pouvait jamais savoir, même s'ils ne doutaient pas de pouvoir se charger de n'importe quel brigand qui aurait la mauvaise idée de s'attaquer à des tueurs de vampires… La vermine de grands chemins n'était qu'un sujet de mépris profond pour les Délimariens. Mais cela faisait partie de la discipline de l'armée que de n'oublier aucune menace, fut-elle insignifiante. La perplexité l'habitait toujours quand l'immense silhouette incarnat se découpa sur le paysage verdoyant mais elle la jugula quelque peu, et poussa en avant sa monture jusqu'aux abords du village… qui tenait encore miraculeusement debout. Cela ne faisait que la perturber davantage mais la fille du nord avait déjà eut son compte de situations étranges au cours des dernières années.
Se voulant impavide, elle ne fit rien pour cacher la présence de son groupe, mais demanda à sa garde de rester en arrière. Elle-même descendit de sa monture quelque peu rétive face au dragon, et délaça les ceintures qui retenaient les fourreaux de ses armes, les plaçant sur sa selle malgré la tension supplémentaire que cela imposait à ses hommes. Une fois défaite de ses épées, de son bouclier et de son arc, ainsi que du carquois allant avec, l'intendante s'avança jusqu'à se trouver proche du museau de la majestueuse créature ailée. S'arrêtant à quelques mètres, elle inspira profondément, relevant le menton avec dignité, et ne sachant pas trop comment saluer un dragon, effectua simplement le salut militaire de Délimar. C'était ce qu'elle avait de plus honorifique en réserve pour lui, il faudrait bien que cela fonctionne ! Poing sur le cœur, elle plongea son regard dans l'oeil immense du dragon rouge, paisiblement, et avec sincérité. Prenant la parole, elle se trouva un peu stupide, espérant qu'elle ne parle pas dans le vide. Non qu'elle pensa la créature ignorante, elle se demandait simplement s'ils entendaient comme les mortels, car elle n'avait jamais eut affaire à un dragon de sa vie.
« Salutation, Verith des terres sauvages, feu de l'ire et dragon libre. Je suis Tryghild Svenn, intendante de la ville de Délimar. Je souhaiterais avoir audience auprès de vous, avez-vous un peu de temps à m'accorder ? »
Elle aurait pu prendre de force cette audience mais d'une part elle allait avoir assez de mal à le convaincre de partir et d'une autre part, c'était venu tout seul. La fille du nord ne savait pas se montrer vulgaire, encore moins dans ces moments-là. Elle nourrissait une grande admiration, perclus d'une crainte respectueuse envers l'écailleux qui la dominait de son immense taille… Ne sachant une fois de plus pas quoi faire de son corps pendant que le dragon considérait la requête, elle adopta naturellement la posture de repos militaire que ses instructeurs glacernois lui avait enseigné. Elle était plus à l'aise ainsi, elle se sentait déjà un peu mieux. Gardant le silence, elle patienta de son mieux en essayant de ne pas bouger davantage malgré l'envie irrésistible qu'elle en avait. Elle avait l'espoir de ne pas attendre trop longtemps, fort heureusement.
Dernière édition par Tryghild Svenn le Dim 20 Jan 2019 - 18:12, édité 1 fois