Connexion
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

descriptionPureté [PV Verith] EmptyPureté [PV Verith]

more_horiz
14 Novembre 1762


Dès l'instant où on l'avait informé que le petit groupe avait demandé asile à Délimar, l'intendante avait prit sur elle de leur trouver un logis et de couvrir tous les besoins vitaux et immédiats qu'ils pouvaient avoir. Nourriture, vêtements, onguents et solutions pour les malades et les blessés… ces pauvres gens n'avaient pas été réellement violentés, c'était le voyage jusqu'à la ville océanique qui causait les plus grands maux, au moins physiques. Mais les maux physiques n'étaient pas les seuls existants. Lorsqu'ils furent reposés, Tryghild reçu le chef du village, qui lui apprit la raison de leur venue, la plongeant dans la plus profonde perplexité. Elle qui était déjà très occupée à la gestion de la crise de Cordont, elle ne s'était nullement attendue à recevoir une requête aussi délicate que celle présentée par cet homme. Son histoire était des plus étranges, sa volonté difficilement réalisable. Le dragon rouge, Verith de l'Ire, avait prit leur village, les chassant de leurs humbles terres du sud, et ils avaient décidé de venir jusqu'à Délimar pour y trouver un havre, une défense contre le monde cruel à l'extérieur mais également parce qu'ils connaissaient la puissance militaire de la grande citadelle. Ils voulaient que Délimar reprenne leur village des griffes du dragon. Elle ? Elle se demandait encore ce qu'un dragon pouvait bien vouloir d'un village aussi humble, et ce même plusieurs jours plus tard. Pourquoi avait-il prit leurs terres ? Il aurait pu tous les tuer s'il l'avait voulu, purifiant par le feu les terres de la présence humaine, il l'avait déjà fait après tout, sur le vieux continent et on rapportait que certains dragons s'adonnaient à ce 'sport' ici même, sur l'archipel. Mais ça ? Oui c'était très étrange. Elle aurait pu refuser, dans l'absolut, mais… mais cela n'était pas dans son code d'honneur. Elle avait juré de défendre les siens, et ils avaient besoin de son aide.

Elle se demandait toujours, cependant, même une fois en selle, comment par les déesses elle pourrait demander à Verith de rendre ce village. Il était strictement hors de question qu'elle s'attaque à lui, une erreur stratégique majeur, mais idéologique également. Il était l'enfant de l'orage, descendant de la dragonne Skade, qui avait retiré la magie des veines de sa famille. Une malédiction… et un don incomparable. Il était sacré, à ses jeunes yeux, un être intouchable, à moins bien entendu qu'il ne s'en prenne aux propres créations de sa mère : le peuple de Délimar. Elle était l'élue destinée à guider le peuple pur vers un futur solide, elle ne pouvait se permettre de laisser qui que ce soit compromettre cela mais s'il ne menaçait pas les siens, elle n'avait nulle raison de s'en prendre à lui. Elle tenterait très certainement de lui parler, ne pouvant guère trouver une alternative viable qui ne comporterait pas d'armes et d'engins de siège. Le comportement du dragon n'était réellement pas normal, elle voulait connaître la raison de cette expropriation, avant toute chose. Ensuite, elle lui demanderait certainement de rendre les lieux à ses habitants. Ce village était paisible et sans ambition, ils ne désiraient que vivre leur vie en paix avec un lopin de terre et quelques élevages, leurs seuls vices étaient ceux d'un peuple campagnard très lié à la terre et perclus de la magie inique de l'ancien continent. Il y avait bien des entités à qui chercher davantage de querelles que ces pauvres gens. C'était dans cette optique qu'elle avait organisée son départ de Délimar, uniquement accompagnée d'une garde réduite, des membres d'élite de la Garde Loup, tous des vétérans ayant suivi son père, loyaux jusqu'à la mort mais surtout dotés d'un sang-froid incomparable.

La route vers le sud était longue, elle partait pour des jours entiers, mais avait laissé la citadelle en ordre propre. Le patriarche des Sarawyn servait à sa place, l'armée était sur le pied de guerre, Ilhan veillait… et elle gardait un oiseau messager avec elle en cas de problèmes. L'intendante escomptait passer moins d'une journée sur place avec le Dragon, non parce qu'elle n'estimait pas sa présence, mais parce que, comme elle, il n'était certainement pas une créature de ronds de jambes et de flatteries de cour. Du moins était-ce qu'elle imaginait. Elle espérait ne pas se tromper. Elle espérait également réussir à dénouer tout ceci aisément. Le voyage se déroula dans un silence martial, uniquement coupé par des phrases courtes et utilitaires, avouant sans gêne le peu de goût de ces hommes pour les discussions légères et banales. De plus, ils restaient tous très attentifs, car les bandits n'avaient pas disparus avec leur arrivée en Tiamaranta. On ne pouvait jamais savoir, même s'ils ne doutaient pas de pouvoir se charger de n'importe quel brigand qui aurait la mauvaise idée de s'attaquer à des tueurs de vampires… La vermine de grands chemins n'était qu'un sujet de mépris profond pour les Délimariens. Mais cela faisait partie de la discipline de l'armée que de n'oublier aucune menace, fut-elle insignifiante. La perplexité l'habitait toujours quand l'immense silhouette incarnat se découpa sur le paysage verdoyant mais elle la jugula quelque peu, et poussa en avant sa monture jusqu'aux abords du village… qui tenait encore miraculeusement debout. Cela ne faisait que la perturber davantage mais la fille du nord avait déjà eut son compte de situations étranges au cours des dernières années.

Se voulant impavide, elle ne fit rien pour cacher la présence de son groupe, mais demanda à sa garde de rester en arrière. Elle-même descendit de sa monture quelque peu rétive face au dragon, et délaça les ceintures qui retenaient les fourreaux de ses armes, les plaçant sur sa selle malgré la tension supplémentaire que cela imposait à ses hommes. Une fois défaite de ses épées, de son bouclier et de son arc, ainsi que du carquois allant avec, l'intendante s'avança jusqu'à se trouver proche du museau de la majestueuse créature ailée. S'arrêtant à quelques mètres, elle inspira profondément, relevant le menton avec dignité, et ne sachant pas trop  comment saluer un dragon, effectua simplement le salut militaire de Délimar. C'était ce qu'elle avait de plus honorifique en réserve pour lui, il faudrait bien que cela fonctionne ! Poing sur le cœur, elle plongea son regard dans l'oeil immense du dragon rouge, paisiblement, et avec sincérité. Prenant la parole, elle se trouva un peu stupide, espérant qu'elle ne parle pas dans le vide. Non qu'elle pensa la créature ignorante, elle se demandait simplement s'ils entendaient comme les mortels, car elle n'avait jamais eut affaire à un dragon de sa vie.

« Salutation, Verith des terres sauvages, feu de l'ire et dragon libre. Je suis Tryghild Svenn, intendante de la ville de Délimar. Je souhaiterais avoir audience auprès de vous, avez-vous un peu de temps à m'accorder ? »

Elle aurait pu prendre de force cette audience mais d'une part elle allait avoir assez de mal à le convaincre de partir et d'une autre part, c'était venu tout seul. La fille du nord ne savait pas se montrer vulgaire, encore moins dans ces moments-là. Elle nourrissait une grande admiration, perclus d'une crainte respectueuse envers l'écailleux qui la dominait de son immense taille… Ne sachant une fois de plus pas quoi faire de son corps pendant que le dragon considérait la requête, elle adopta naturellement la posture de repos militaire que ses instructeurs glacernois lui avait enseigné. Elle était plus à l'aise ainsi, elle se sentait déjà un peu mieux. Gardant le silence, elle patienta de son mieux en essayant de ne pas bouger davantage malgré l'envie irrésistible qu'elle en avait. Elle avait l'espoir de ne pas attendre trop longtemps, fort heureusement.


Dernière édition par Tryghild Svenn le Dim 20 Jan 2019 - 18:12, édité 1 fois

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
¤ Lignées ennemies ¤


Il était prêt. Après de nombreux jours de labeur, de nombreuses heures à supporter l’horrible voix du forgeron devenu fou, et un échange de bon procédé avec un maitre glyphe, l’artefact était fini. Usant de son fil d’or pour le manipuler avec une infinie précaution. À l’objet en forme de soleil il manquait une langue de feu. Le colérique avait déjà remis un morceau de celui-ci à une personne et il était actuellement en train de régler le glyphe afin de prendre en compte le départ d’un premier piquet. Avec patience il réglait le glyphe, cherchant déjà de premières réactions. Le dragon avait un peu trop d’espoir, il n’aurait pas dès le début la localisation de ce qu’il cherchait, sans quoi il y serait parvenu sans cet objet. L’endroit était parasité par la magie, non seulement en raison de sa présence, de celle d’autres dragons, mais également des bipèdes et de leur utilisation de la magie. Malheureusement, ce n’est pas comme s’il pouvait demander à tout le monde de partir le temps qu’il mène sa petite enquête. Ou plutôt, il ne le devait pas. Il quadrillerait à zone et affinerait les réglages jusqu’à obtenir ce qu’il souhaitait, le tout dans la plus grande discrétion. Ce n’était qu’une question de temps.

Verith de l’ire était resté plusieurs jours à terre, sans changer d’endroit, depuis la création du détecteur. Il y avait beaucoup de travail à faire pour calibrer cet objet, d’autant plus qu’il n’en avait pas l’habitude. Le peu qu’il savait de cet objet, qu’il avait fait construire, provenait de très lointains souvenirs provenant d’une époque révolue. Aussi, il devait-il finir de découvrir le fonctionnement de celui-ci. Cela lui prit du temps, mais il finit par y arriver. Le premier piquet avait été synchronisé. Une fois que ce dernier, ou Verith, seraient sur une ile différente, l’artéfact capterait d’autres signes de magie. Néanmoins tant que tous les piquets ne seraient pas sur une île différente, le quadrillage ne sera pas parfait et le rouge ne sera pas en mesure d’écarter les sources de magie ne correspondant pas à ce qu’il cherche. Où devait-il placer les piquets ? Devait-il les confier à d’autres individus ? L’enfant de l’orage s’interrogeait.

L’heure du départ approchait. Le village où le rouge avait élu domicile ces derniers jours était encore debout, du moins en partie. La forge était complètement détruite, quelques chaumières trop fragiles s’étaient effondrées sous ses pas. La petite étable n’était plus ainsi que les animaux à l’intérieur. Il fallait qu’il mange.

Verith entrait dans la dernière étape de vérification de l’artéfact, prenant un peu d’avance en vue de la synchronisation du détachement d’un prochain piquet. Il n’avait pas envie de rester coincé des jours sur un même endroit à l’avenir. Tandis qu’il s’affairait à cette tâche, du bruit se fit entendre au loin. L’enfant de l’orage n’y prêta pas plus attention au départ, jusqu’à ce qu’il se rend compte que l’origine du bruit venait en direction du village. Les villageois venaient-ils voir s’ils pouvaient reprendre leur bien ? Possible, dans ce cas ils seraient déçus, car le dragon était encore sur place et ne partirait que lorsqu’il en aurait fini.

Cependant, à l’horizon ce ne sont pas des villageois qui firent leur apparition. Mais plutôt un petit groupe d’individus en armure. Quoi ? Était-ce des bandits venu piller le village ? Ils étaient bien mal tombés. Toutefois, le groupe d’inconnu ne fit pas demi-tour, continuant de venir en sa direction. Soit ils étaient bigleux et ne l’avaient pas vu, soit il s’agissait de bandits particulièrement courageux, soit il ne s’agissait pas de bandits. L’enfant de l’orage daigna lever un œil de l’artefact pour regarder en leur direction. Non, il ne s’agissait pas de bandit. Il en avait déjà mangé lorsqu’il était en Ambarhùna, ceux-là avaient des armures de trop bonnes facture pour appartenir à des bandits. Peut-être que les villageois étaient partis se plaindre à leur protecteur et ledit protecteur pris d’un excès de zèle s’était mis en tête de chasser le dragon. Pure folie que cela. Mais soit, il allait les laisser approcher. Ils auraient le mérite de lui servir de défouloir après plus de cinq jours sans quitter le village.

Usant de son fil d’or, le rouge fit voleter l’artefact jusqu’à son poitrail et l’enfonça dans son armure. Le carcan du Tyran blanc vint accueillir le nouvel élément, se refermant dessus. Cette ignominie avait au moins le mérite de lui permettre de transporter quelques objets sans trop s’encombrer.

Verith baissa la tête, pour regarder de plus prêts les humains qui à présent arrivaient aux abords du village. Ses immenses yeux dorés bouillonnants d’une colère naturelle les scrutant. Leurs montures piaffaient à la vue du dragon. Sans aucun doute, ces animaux étaient plus censés que les bipèdes qui les montaient. Le groupe d’indésirable finit par s’arrêter en lisière du village, l’immense tête du colosse de flamme leur barrant le passage. L’une d’entre eux, qui se trouvait en tête, sûrement leur chef, descendit de cheval. L’enfant de l’orage la détailla attentivement. Quelque chose émanait d’elle, quelque chose qu’il n’aimait pas. Le rouge, bien qu’il ne le montra pas le moins du monde, fut surpris quand l’inconnu se débarrassa de ses armes avant de s’approcher davantage. Une bipède douée de raison et du sens de la politesse envers un dragon, voilà une chose exceptionnellement rare. Verith ne laissa donc transparaitre aucun signe lui interdisant d’approcher davantage.

Avant de lui parler, l’inconnu de grande taille pour un bipède vint le saluer, d’une manière assez particulière. Bien que n’ayant que peu de contacts avec les deux pattes, il avait déjà vu ce genre de salut auparavant. Une sorte de révérence militaire. Tient donc, pourquoi était-il salué ainsi ? Car celle-ci le considérait comme un guerrier ? Ou parce qu’elle ne connaissait que ce type de salut. Malheureusement, l’intérêt du dragon libre disparut rapidement, un voile sombre couvrant ses prunelles à la simple évocation du nom de l’inconnu. L’enfant de l’orage se redressa un peu, soulevant sa tête du sol, l’observant depuis plus de hauteur avec un mépris non dissimulé.

« Svenn … »

Il put enfin mettre un doigt sur le mauvais ressenti qui s’échappait d’elle. Il ne s’agissait de nul autre qu’une représentante de cette lignée maudite.

« Tu as déposé tes armes devant moi. En considération de ce signe d’intelligence que peu de bipèdes possèdent, je ne vais pas te tuer tout de suite. Je vais te laisser parler. »

Les prunelles lourdes de ressentiments se posèrent sur l’humaine, comme s’il cherchait à l’écraser de son simple regard.

« Choisis judicieusement tes mots, rejeton d’une lignée maudite. »

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
Il était vraiment immense. Elle avait beau l’avoir entendu décrit et vu sa mère, Skade de l’Orage, plus grande encore, il n’en demeurait pas moins une impressionnante masse de muscles, d’écailles et de volonté, contre laquelle elle ne pouvait pas grand-chose toute seule. Du moins pas avec ses outils habituels. Aucune épée, aucune flèche ne viendrait mettre cette créature en difficulté…C’était terrifiant d’être face à face avec un être qui pouvait vous tuer sans y penser, qui ne vous craignait nullement, mais cela avait également une certaine forme d’exaltation. Une exaltation qui lui rappelait, en un sens, la vie montagnarde qui avait été la sienne, car les dents du dragon, si justement nommées après cette race ne pardonnaient pas davantage. Il était impensable de plier la montagne à sa volonté, rien ne venait la menacer, on ne pouvait que se plier à ses règles pour espérer survivre. Un pincement au cœur lui vint. Si, il y avait eu une personne pour faire ployer autant la montagne que Verith de l’Ire… Non pas une personne… un monstre, un monstre corrompu par la magie qu’il avait consumé. Plus un dragon, une chose terrible qui n’avait aucun respect pour quoi que ce soit. Il avait détruit Glacern, détruit les montagnes, tué presque tout ce qui restait de sa famille, et massacré tant d’âmes qu’il était impossible de toutes les compter. La cuisante douleur du regret pulsait encore en elle quand elle pensait à ce que l’humanité avait subi. Mais elle ne voyait pas cette monstruosité en Verith.

En le voyant se redresser, elle leva instinctivement la tête pour pouvoir plonger son regard pâle dans celui d’or volcanique et cilla sous le jeu de lumière qui parcourait les écailles carmines. Son peuple pouvait-il parvenir à créer une armure aussi belle, fluide et grandiose ? Sa voix vint chasser l’impression d’émerveillement et elle cilla de nouveau, fronçant les sourcils. Il n’allait pas la tuer tout de suite, est-ce que cela voulait dire qu’il la tuerait ensuite, ou était-ce simplement que, comme elle, il ne savait pas toujours comment manier les mots ? Un instant, la peur se cabra en elle, naturelle devant ce grand prédateur, mais elle était une compagne connue et jamais elle ne l’avait pétrifiée. Elle avait conscience qu’elle mourrait un jour, plus tôt que son espérance en raison de son statut de soldate, alors si elle devait mourir face à un adversaire de cette valeur, elle partirait d’autant plus la tête haute. Son fils serait élevé par sa famille et celle de feu son époux, et honorerait sa mémoire et ses actions, avec l’espoir de faire mieux encore. Elle mourrait en tentant d’aider les siens et se plierait au jugement de la réincarnation sans appréhensions, assurée d’avoir mené une vie honorable. Entre-ouvrant les lèvres, elle le remercia avec stoïcisme de bien vouloir l’entendre, mais la suite noya cette réponse toute faite dans l’étonnement et une forme d’indignation qui lui fit répondre vertement et sans réfléchir.

« Je ne suis pas maudite ! »

Sa voix rageuse claqua comme un défi ou un cri de guerre. Puis elle comprit qu’elle venait de l’admonester comme un vulgaire humain et se crispa, le regrettant. Ce n’était pas ainsi qu’elle aurait voulu ouvrir la discussion. Son propre père avait considéré son état comme une malédiction et cela l’avait rongé toute sa vie car il avait bien malgré lui adopté le point de vue méprisant des sudistes. Cela faisait partie de ce qui l’avait mené à la tombe, alors l’entendre de cette créature, qui pourtant était le fils de la dragonne leur ayant fait ce présent… Elle en était en colère, et cela broyait la peur et l’idée de mourir. Elle se dressa de toute sa haute stature, fière et vibrante, les yeux remplis de défi et de résolution. Elle avait toujours en tête la raison pour laquelle elle était venue ici, mais elle ne pouvait simplement pas laisser dire, elle en souffrait trop. C’était une insulte et cela lui rappelait cruellement la perte de son père.

« Les gens du sud nous appellent maudits parce qu’ils sont dépendants de la magie ! Ils n’imagineraient jamais un monde où elle ne serait pas leur. Mais les gens du sud sont faibles, oisifs et corrompus. Ils se sont laissé attendrir par cette énergie qui ronge leur caractère, année après années, génération après génération, aidée par des terres douces et fertiles. Nous ne sommes pas maudits, je ne suis pas maudite… je suis bénie ! »

Elle avait vécu presque toute sa vie dans les montagnes, ne les quittant que pour chasser les vampires, de répugnantes créatures. Eux étaient une malédiction, une épreuve pour forger une meilleure humanité dans l’épreuve. Dans son esprit de pure Glacernoise, les habitants de Gloria, Aldaria et les terres environnantes étaient des gens du sud, même si désormais les positions étaient inversées. Dans sa colère oublieuse, elle avait simplement usé d’une expression gravée en elle depuis sa naissance. Ils étaient le sud, chaud, douillet, confortable, oublieux des dangers et dépourvu de caractère, de fer et d’acier dans l’esprit et le cœur. Des proies bêlantes pour les vampires, qu’eux, les gardiens, devaient protéger sans rien attendre en retour, oubliés de tous, ou quand ils ne l’étaient pas, méprisés, prit pour des simples d’esprits barbares… Il n’y avait rien eut de juste là-dedans ! Et pourtant ils avaient joui d’autres bienfaits, et la pureté de leurs âmes en était.

« Lorsque je me bats je porte un métal forgé de la meilleure façon par des forgerons améliorant l’œuvre de leurs mains depuis des millénaires. Lorsque je suis blessée je me soigne avec des plantes que des herboristes savent utiliser, dont ils ont appris lentement les propriétés, et je porte la douleur et l’encombrement jusqu’à ce qu’il soit passé. Quand j’affronte un ennemi, je sais que mes camarades sont là pour m’aider, nous avons apprit à nous battre ensembles, je connais chacun d’eux et leurs forces et limites… je… »

Sa tête bourdonnait, et elle perdait le fil. La fille du nord parlait sous le coup de l’émotion, prise par l’injustice et l’incompréhension. Il y avait trop d’exemples, trop de faits, rationnels, avérés, prouvant tout le bien que cette coupure à la magie avait fait à son peuple. Elle essayait de s’expliquer mais n’avait pas l’impression d’y parvenir. Elle se sentait impuissante à exprimer ce qu’elle vivait et ressentait et sotte de vouloir le faire comprendre au dragon. Il allait la prendre pour une idiote… c’était déjà un miracle qu’elle ne soit pas croquée d’ores et déjà. Elle n’était pas douée pour convaincre et pour manipuler, et d’ailleurs elle ne voulait pas cela, elle clamait juste haut et fort ses sentiments, sa fierté et son ire. Elle, elle voyait simplement pourquoi ils n’étaient pas maudits, et elle détestait le regard de ceux qui pensaient l’inverse.

« Je… Tout ça, j’ai pu en bénéficier parce que je n’ai jamais pu m’en remettre à la magie pour faire le travail à ma place. Parce qu’on m’a épargné son attrait corrupteur. Pourquoi est-ce que je devrais accepter de me dire maudite ? Nous avons dormi paisiblement pendant près de trois mille ans parce qu’un être supérieur nous avait permit de ne plus jamais avoir à penser à de telles tentations… nous le devons à Skade, c’était son don, à votre mère Verith ! Pourquoi dites-vous que je suis maudite ? Pourquoi… pourquoi vous les soutenez ? »

Si même lui, pourtant symbole sacré, soutenait les sudistes, elle ne savait plus à quel esprit se vouer. Elle se sentait d’autant plus impuissante qu’elle contemplait soudainement une possibilité bien plus effrayante que l’hypothèse de sa mort prochaine. Inspirant profondément, elle releva une nouvelle fois le menton.

« Dites-le-moi… avant de me tuer… »

Parce qu’après ça il allait forcément la tuer non ? Il y pensait déjà avant, et elle venait de lui crier dessus et de le contredire en prime. Mais au moins elle ne renierait pas ses convictions. Il était juste dommage qu’elle n’ait même pas plus plaider pour les villageois. Qu’elle était sotte à se mettre ainsi en colère ! Elle allait manquer à sa parole à cause de tout cela. Cette perspective aussi était terrifiante.

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
¤ Point de vue  ¤



« Je ne suis pas maudite ! »

La réponse de la nordienne ne se fit pas attendre. Elle claqua et raisonna avec autant de force qu’un blizzard des crocs du dragon, emplie de fouge, de rage et de détermination. Verith fronça les sourcils, à la fois surpris et contrarié. Il lui avait dit de bien choisir ses mots et cette dernière la défiait. Voilà comment elle le remerciait après lui avoir permis de parler alors qu’il aurait dû la tuer sur-le-champ dès le nom de cette famille prononcé. L’ingratitude propre aux bipèdes. L’enfant de l’orage soupira intérieurement, il n’allait pas perdre de temps avec les descendants de celui qui avait handicapé sa mère. Le rouge se prépara à la balayer d’un coup de queue. Il allait broyer ce corps de cette ingrate. Cependant il n’en fit rien. L’appendice du colérique ne se dressa pas pour la briser d’un coup de fouet. Car à nouveau la Svenn s’adressa à lui avec détermination.

« Les gens du sud nous appellent maudits parce qu’ils sont dépendants de la magie ! Ils n’imagineraient jamais un monde où elle ne serait pas leur. Mais les gens du sud sont faibles, oisifs et corrompus. Ils se sont laissé attendrir par cette énergie qui ronge leur caractère, année après année, génération après génération, aidée par des terres douces et fertiles. Nous ne sommes pas maudits, je ne suis pas maudite… je suis bénie ! »

Le rouge fronça un peu plus les sourcils. Était-elle sérieuse quand elle disait cela ? Qu’est-ce qui clochait avec cette bipède ? Était-il tombé sur une simplette ? Peut-être était-ce la peur d’une mort imminente qui la faisait complètement dérailler. La malédiction de sa mère, une bénédiction ? Et puis quoi encore ? C’était une punition, une punition pour cette lignée qui c’était retournée contre la magie. Cette magie sans laquelle rien n’existerait en ce monde. Sans laquelle la vie n’existerait pas. Sans laquelle ils ne pourraient se nourrir. À moins que …

Le dragon garda le silence, laissant la nordique poursuivre, écoutant les prochaines paroles de cette dernière avec attention.

«  Près de trois mille ans … c’est donc le temps qu’il vous faut, à vous bipèdes, pour commencer à vous remettre en question. »

L’esprit de Verith s’agitait. Il ne savait pas s’il devait pleurer, rire ou s’énerver. Quelques flammèches s’échappèrent de ses naseaux avant de regarder le ciel.

« Vous avez été maudit. C’est un fait indéniable. Vous qui utilisiez la magie, vous l’avez trahi en blessant l’un de ces représentants. C’est une punition appropriée. On dirait qu’elle a pu être bénéfique à au moins l’une de ses pitoyables créatures, mère. »

Le regard d’or du rouge baissa progressivement pour venir se reposer sur la spirite du loup.

« Tu es maudite, c’est un fait. Une punition éternelle afin que jamais le crime commis ne soit oublié. Aussi tu t’égares. C’est l’apprentissage qui en est tiré qui est une bénédiction. Mais, libre à toi d’y croire et de l’englober. Oui en un sens cette malédiction peut être vue comme une bénédiction. »

L’enfant de l’orage leva une patte et pointa une griffe en direction en de Tryghild, comme s’il allait l’embrocher, s’arrêtant à quelques centimètres d’elle.

« Cependant tu es encore bien trop arrogante ! La magie est un don. Un don dont vous avez été jugé indigne et qui vous a été retiré. Pourtant, aujourd’hui tu en es peut-être un peu moins indigne que tous les bipèdes vivants. »

Le regard du dragon était dur, déterminé. Il allait sermonner la bipède.

« Tu rejettes encore la faute sur la magie, mais ce n’est pas elle la cause de la corruption. C’est l’esprit des bipèdes. Vous n’êtes pas assez mûr pour la manier, vous ne le serez jamais. Vous prenez tout pour acquis, vous êtes arrogant, oisif et stupide. Les bipèdes manient cette énergie sans la connaitre ou pire en pensant la connaitre ! Vous vous complaisez dans votre suffisance. L’utilisation que les bipèdes en font ne faits que renforcer l’état lamentable dans lequel tu décris être ceux du sud. »

Verith retira sa patte pour la poser au sol, délicatement.

« Ma mère en a privé ta lignée, cette punition t’a permis d’ouvrir les yeux. Cependant, en dépit de cette magnanimité de sa part, de trois mille ans de réflexion, ces yeux qui sont grands ouverts ne regardent pas dans la bonne direction. »

L’enfant de l’orage marqua une pause et reprit.

« Je ne soutiens point les bipèdes que tu décris comme étant du sud. La malédiction d’un dragon libre n’est jamais mauvaise où le fruit d’une vengeance. Elle a toujours une portée instructrice. Et tant que la leçon n’a pas été pleinement tirée. Alors ceux qui la subissent seront toujours considérer par moi comme des maudits. »

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
De tout ce qu’aurait pu dire ou faire le dragon, ce n’était certainement pas à cela que la nordique s’était attendue. Surprise, elle cligna des yeux et fit un pas en arrière, plus effrayée de cette étrange tournure des choses que de sa mort possible quelques poignées de secondes auparavant. Prise de court, elle observa l’immense créature rubis sans rien cacher de son incrédulité ou de sa présente incompréhension. Oui, elle avait effectivement dit trois mille ans… cela pouvait-il avoir une signification particulière pour l’enfant de l’orage ? Après tout, il était bien plus vieux qu’elle ne le serait jamais, ça ne l’aurait pas étonné outre mesure que cette symbolique lui parle davantage. Elle, elle n’avait que l’histoire de son peuple à laquelle se référer, et rien d’autres. Puis, elle comprit, au son de sa voix puissante et se détendit de nouveau, n’essayant pas de l’interrompre tant il avait l’air plongé dans ses pensées. Une espèce de soulagement idiot la frappa en se rendant compte qu’elle avait encore mal parlé, et qu’elle serait très certainement obligée de rectifier ça par la suite. Cela pouvait sembler étrange de se sentir soulagé pour cela, mais c’était simplement parce que, malgré l’identité de son interlocuteur, la conversation semblait être égale à celle qu’elle pouvait avoir avec un humain, comme Ilhan par exemple. Quelqu’un de plus sage, mais de non moins accessible, et qui ne la forçait pas à devoir être quelqu’un d’autre qu’elle-même. Car elle ne s’était pas sentit dans un danger tel qu’elle ne se prenne pas dans ses travers.

Lorsque le regard d’or se reposa sur elle, elle le rencontra avec plus de calme et encaissa ses paroles sans rien dire, sans bouger, même lorsque l’énorme griffe s’approcha d’elle. Elle aurait pu mourir empaler sur l’ivoire, s’il l’avait voulu… et pourtant il lui parlait. Imaginait-il seulement ce que cela représentait à ses yeux à elle, de petite mortelle ? Sans doute pas. Peut-être était-ce mieux ainsi. Il y avait cependant beaucoup de choses qui l’intriguait, dans les réponses qu’apportait le grand dragon… et beaucoup de choses qui lui rendaient un peu de sérénité, à commencer par savoir qu’il n’était effectivement pas un soutient de l’empire Sélénien. A cette pensée, elle laissa échapper un long soupire qui affaissa légèrement ses épaules robustes. Avant que le sujet ne soit abordé, elle ne s’était même pas rendu compte d’à quel point cela pouvait l’affecter. Était-ce vraiment contre lui qu’elle avait hurlée, ou contre eux tous, les sudistes, les elfes… même son propre père avait considéré leur état comme une chose négative. Mais tous, tous sans exception, avaient été corrompus d’une façon ou d’une autre. Bien qu’elle aimât son père, elle devait bien regarder la vérité en face. Sa collusion avec les Kohans, les sévices des vampires, tout cela avait laissé une marque sur lui, dans son âme. Et cela avait engendré sa faiblesse finale. Elle ne le blâmait pas pour autant, il n’en était pas moins un héros… mais peut-être était-il temps pour plus d’objectivité.

« Pensez-vous vraiment que nous avons été pensés pour la magie ? »

Sa voix claire était porteuse de toute l’indécision, et l’intérêt qu’elle entretenait pour la question. C’était bien ce qu’il sous-entendait, en affirmant qu’ils n’étaient pas mûrs pour son usage. Il pensait que les bipèdes avaient été, comme les dragons ou les dieux, construits pour pouvoir disposer de ces fabuleux pouvoirs ? Elle avait beaucoup de mal à adhérer à une telle vision des choses, non par souffrance personnelle, mais bien parce qu’elle était très convaincue de ses propres idées. Ce n’était pourtant pas parce qu’elle y croyait qu’elle refusait d’entendre ce qu’on lui exprimait.

« Vous pensez… que nous ne sommes juste pas prêts pour son utilisation, c’est cela ? Pourquoi nous voyez-vous ainsi ? Je veux dire… Je n’ai pas de magie, mais je n’en ressens pas le manque, comme un elfe pourrait en souffrir. Et la magie est le souffle de la vie et de la nature, non ? J’ai vu, dans le sud, ce que faisait la magie des humains ou des vampires par exemple, elle n’avait rien à voir avec la nature, même quand elle en utilisait les forces. Je n’ai aucune connaissance réelle, juste ce que j’en vois et en déduis. Même la magie elfique m’a semblé étrange. Ils font pousser des plantes pour un usage immédiat, là où nous connaissons le cycle de pousse et nous le laissons se produire pour en récolter les fruits… »

Oui, définitivement, cela lui semblait très étrange. Mais elle avait encore l’impression de se perdre dans ses propres explications. Que c’était frustrant !

« Ma question… je vous présente mes excuses si j’ai l’air brouillonne… ma question est : est-ce que vous affirmez cela en ayant vu certaines choses ? avez-vous certaines connaissances qui permettent de l’affirmer ? Vous avez vu bien plus de choses que moi, même si vous aviez rejoins le continent depuis seulement quelques années. Je n’ai pas d’ailes pour me déplacer »

Elle eut un léger sourire à cette pensée. Non, elle n’avait pas d’ailes pour aller plus vite d’un bout à l’autre du continent, et ne pouvait pas être partout. Elle n’était pas un nexus de magie détenteur d’un héritage ancestral comme lui. Elle était juste humaine qui essayait de bien faire pour les siens. Cependant, cela donnait un étayage à ses propres, et elle s’empressa de le lui communiquer. Après tout, ce n’était pas si bête n’est-ce pas ?

« Est-ce que cela ne pourrait être parce que vous êtes vous-même un être de Magie que vous nous voyez comme cela ? »

Elle marqua une pause, tentant de faire sens de tout ce qui se disait. Bien qu’elle ne se sentît pas mal à l’aise face au dragon, elle n’avait jamais discuté aussi sérieusement d’un tel sujet, car tous, à Délimar, étaient plus ou moins déjà des convaincus. En revanche, ce serait peut-être justement une bonne idée qu’il puisse juger de lui-même de ce que la ville faisait, au moins pour lui montrer qu’elle n’était pas la seule à penser ainsi, pas la seule qui soit pure, et qui n’ait pas besoin de la magie comme d’une béquille. Délimar était resplendissante, et ce sans intervention d’aucune arcane surhumaine, seulement grâce à leurs architectes, leurs ingénieurs et constructeurs. Oui ça c’était une bonne idée ! Mais comment l’introduire sans être encore brutale ? Est-ce que cela importait même à l’être face à elle ?

« Vous savez… mon ancêtre… il a laissé des écrits pour les générations futures, pour conter tout ce qu’il s’est passé voilà longtemps. Dans ses écrits, il dit qu’il regrettait énormément l’affrontement à Gloria. Non en raison de la perte de sa magie, mais bien pour votre mère. Il disait que ce qui s’était passé lui avait ouvert les yeux. Hélas, une partie de son enseignement s’est perdu avec les générations… Vous voyez, il disait qu’il avait affronté Skade car elle menaçait de raser Gloria, et qu’il ne voulait pas voir autant de civils perdre la vie. C’était l’unique raison. C’était des commerçants, des artisans, des paysans… des gens qui n’auraient jamais pu provoquer la colère d’un dragon par eux-mêmes, ils n’en avaient ni les moyens, ni l’ambition, juste celle de nourrir leurs familles »

La jeune femme, consciente de beaucoup parler et de n’avoir aucune idée de là où cette créature légendaire la menait, décida de s’asseoir, simplement, par terre, jambes croisées. Sans fioritures, cape froissée derrière elle. Elle repoussa une mèche de cheveux d’une main et poursuivit.

« L’empereur Kohan l’avait fait appeler pour défendre la ville, prétendant ne pas savoir pourquoi Skade attaquait. Et lui, mon ancêtre, il l’a cru. C’était l’empereur, lui juste un fidèle serviteur à la loyauté sans failles… qu’aurait-il pu dire ou faire ? En quoi pouvait-il être une menace pour lui de quelque façon que ce soit ? Ce n’est qu’après cela, après l’affrontement, quand votre mère est partie, qu’il a apprit la vérité, de la bouche d’un baptistrel. Un dragonnier elfique avait volé un œuf à votre mère, et avec la complicité de l’empereur humain, l’avait dissimulé dans Gloria, pensant que jamais votre mère, si sage, n’attaquerait une ville humaine ainsi… Si mon ancêtre avait su, écrivait-il, il aurait certainement refusé de combattre et aurait tout fait pour rendre l’œuf. Je suis mauvaise, avec des mots, mais lui… il décrivait l’horreur qu’il avait ressentit en apprenant cela, l’indignation devant cet acte odieux, la peine qu’il avait ressentit et la honte à avoir été utilisé comme un vulgaire outil pour une entreprise maléfique. Lui qui avait toujours fidèlement servit, il aurait été prêt à braver un ordre de son souverain, préférant l’honneur à la loyauté, un honneur dont la duplicité l’avait privé, et pour un terrible objectif… »

Un nouveau silence. Elle se souvenait de cette lecture, des larmes qui étaient montées à ses yeux à ces mots venus du fond des âges, et toute l’émotion qu’ils portaient. L’émotion lui serra un instant la gorge et elle fronça les sourcils, déglutissant difficilement, ravalant son émoi pour pouvoir continuer à parler. Gauchement, elle se mit à jouer avec un bout de sa cape, pour s’occuper les mains.

« Il a cherché à retrouver Skade. Pour lui dire la vérité, pour payer la dette qu’il avait envers elle, il aurait pu la payer de sa vie qu’il l’aurait fait si elle l’avait décidé ainsi. Mais il ne l’a jamais retrouvé. Privé de sa magie et de son esprit-lié, il était la risée de la noblesse du sud, et même l’empereur lui a ordonné de retourner dans les montagnes. A leurs yeux, il ne valait plus rien, un outil brisé. Mais… il y avait d’autres yeux qui n’étaient pas aussi injustes. L’esprit du loup l’a approché, et l’a pris comme protégé, ainsi que toute sa lignée aussi longtemps que ses valeurs ne se perdraient pas. Elles ne se sont jamais perdues. Jamais nous n’avons eut de dragonnier dans nos rangs, jamais nous n’avons combattu avec eux, ni tué un dragon après cela dans les guerres de la honte, pas en tant que soldats humains en tout cas. Nous traquions les vampires qui menaçaient la population, uniquement cela. Nous n’avons pas participé de l’étiolement de la magie sur notre continent. Nous n’en avions plus et nous n’aurions jamais osé. En vérité, les effets de ce que Skade a fait se sentent depuis bien des années, peut-être même plus d’un millénaire… »

La chaleur gagnait sa voix, avec la puissance de la conviction, l’exaltation d’une croyance et d’une sincérité absolue. Son cœur battait pour ces croyances, pour ces convictions profondes qui avaient forgés tout un peuple. Des milliers et des milliers de personnes, pas juste une seule. Ses yeux brillaient de cette lumière interne qui l’avait toujours portée. Elle s’autorisa même à sourire un bref instant avant de redevenir sérieuse.

« C’est la première leçon que l’on apprenait, à Glacern. La première histoire d’antan qu’on contait aux enfants, pour qu’ils gardent toujours avec eux l’héritage de notre passé. Quand j’ai eu cinq ans, mon père m’a amené dans le hall des souvenirs et a mit entre mes mains l’épée de mon ancêtre, afin que je ressente le poids des souvenirs dont elle était porteuse… j’ai toujours gardé cela avec moi et… une fois, j’ai vu votre mère… je n’ai jamais pu lui parler. J’aurais aimé la remercier, mais je suppose que même si j’avais pu, ça n’aurait pas été… je ne sais pas »

Elle se tut, n’ayant pas l’habitude de parler autant ne sachant d’ailleurs comment aller plus loin dans sa réflexion. Son regard se releva pour observer le grand œil doré.

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
¤ Point de vue  II ¤

Le rouge avait donné son avis sur la malédiction que sa mère avait jetée à cette lignée. Pour lui, une malédiction était là pour punir, mais pas seulement. Punir pour le plaisir de simplement punir s’avère quelque chose de vide de sens. Il y a plus loin derrière, quelque chose de plus réfléchi. À quoi sert une punition si ce n’est pour amener à changer dans un sens, à réfléchir sur la faute à l’origine de cette malédiction, pour ne jamais la refaire, pour apprendre d’elle, pour corriger l’avenir. C’est à cela que devait servir une malédiction. Une malédiction était une punition non seulement pour celui ou ceux qui avait fauté, mais aussi un exemple pour les autres. Si Verith avait maudit une pirate, transformant lentement sa langue et sa gorge en pierre au rythme des saisons, c’était pour punir son comportement, l’amener à comprendre qu’on ne parle pas à un dragon comme on parlerait à un simple bipède et surtout qu’on ne le menace pas quand sa simple présence est un bienfait pour cette personne, mais aussi les autres. À donner une leçon non seulement à cette personne, mais aussi aux autres. Un respect et un comportement devant être adoptés suivant les différentes formes de vie dépendamment de leur impact sur ce monde. Ainsi une malédiction, tout du moins celle des dragons, n’est jamais injuste. C’est ce qu’expliquait le colérique à cette petite bipède à qui il avait décidé de donner sa chance au lieu de la tuer.

En guise de réponses, cette dernière se mit à lui parler, beaucoup … beaucoup trop. Peut-être aurait-il mieux fait de la tuer au lieu de se faire assommer par autant de paroles.

« Est-ce qu’un dragon a été pensé pour voler ? Il a des ailes, alors oui. Dans le cas contraire, ils n’en auraient pas. Pourtant, ils ont aussi été faits avec des pattes, alors ils ont aussi été pensés pour fouler le sol de leurs pas. Nous ne volons pas plus que nécessaire, nous ne marchons pas plus que nécessaire. »

La réponse du rouge était bête, mais elle était, pour lui, à la hauteur de la question, c’est-à-dire tout aussi bête. Si les bipèdes avaient la possibilité de faire appel à la magie, alors c’est qu’ils avaient été pensés pour la magie. Pour autant, ce n’est pas ce que le colérique remettait en cause, il remettait en cause leur utilisation de la magie, pas le fait qu’ils puissent l’utiliser. Le raisonnement est assez simpliste, mais y avait-il besoin de le pousser aussi loin ? Si on t’a conféré la possibilité de le faire, alors c’est que tu as pensé pour le faire.

« À l’image de mes ailes ou de mes pattes, la magie s’utilise si cela est nécessaire. Or, si tu n’en ressens pas le manque, alors c’est que tu ne ressens pas la nécessité de l’utiliser. C’est aussi simple que cela. Si, comme tu le dis, les tiens n’utilisent pas la magie là où ceux que tu nommes du sud l’utilisent, cela veut dire que la magie n’est pas nécessaire à ses tâches et donc leur utilisation est abusive. Il y a certaines choses que seule la magie peut faire, pour le reste son utilisation n’est donc là que dans une optique de facilitation et est donc mauvaise. »

Toutefois, un dragon usait bien de la magie pour cracher du feu et pouvait donc cuire le fruit de sa chasse ainsi, mais un dragon ne pouvait faire du feu manuellement comme un bipède le ferait pour cuire le fruit de sa chasse. En conséquence la nécessité de l’utilisation de la magie devait être amenée au niveau de chaque race. Car la nécessité n’était pas une valeur fixe, mais variable suivant chaque race. Les bipèdes avaient la possibilité de faire autrement. Verith pourrait créer une arme bipède, mais il ne pourrait le faire sans l’aide de la magie, car il n’avait pas été fait pour cela. C’est un exemple de ce que seule la magie peut faire vis-à-vis de sa race. De là il est possible d’en conclure que la magie est ici pour accomplir ce qu’une race ne peut accomplir par d’autres moyens, en conséquence une utilisation faite avec sagesse de la magie serait de l’utiliser de cette façon ainsi décrite.

 « Vous n’êtes donc pas prêt pour son utilisation, car non seulement vous ne l’utilisez pas avec sagesse, mais en plus vous ne la respectez pas à sa juste valeur. »

Verith fronça légèrement les sourcils en se remémorant les souvenirs d’Ambarhùna.

« J’affirme cela en raison de ce qui s’est passé sur Ambarhùna. Le départ des dragons était une punition à l’ensemble de vos comportements barbares. Y compris l’utilisation de la magie qui n’était au final qu’un outil de plus pour faire la guerre. Et même nous, dragons sources de magie. Vous n’avez aucun respect pour ce qui compose ce monde, vous les preniez pour acquit. Notre départ avait pour objectif de vous retirer tout cela. Car sans magie, nulle vie, aussi bien pour ceux qui y sont liés directement, tels les elfes et les vampires, mais aussi pour ceux qui y sont liés indirectement, vous les humains. Car de tous vous auriez connu le sort le moins semblable, derniers survivants sur une terre agonisante, témoins des ravages de votre folie. Peut-être alors auriez-vous pris conscience de vos actes insensés. Peut-être alors auriez-vous gagné en sagesse. Peut-être auriez-vous appris de cette malédiction d’une existence dénuée de toute magie. »

Le rouge balaya l’air de sa queue.

« Être un être de magie ne confère pas cette vision, sans quoi elfe et vampire l’auraient eux aussi perçu depuis longtemps et jamais ce qui s’est passé ne se serait produit. Les dragons sont simplement doués d’une chose dont vous êtes visiblement dépourvue … un minimum de réflexion. »

L’enfant de l’orage avait été particulièrement attentif au propos de la nordienne concernant les événements en interne qui entourait cette nuit tragique où sa mère avait été sérieusement blessée par le tir de l’ancêtre de la bipède se tenant devant lui. Elle ne lui mentait pas, elle lui disait la vérité. Cela ne fit qu’accentuer la colère du colosse de flamme à l’encontre de la lignée des Kohan, mais aussi son sentiment que les bipèdes étaient indécrottables.

« Et alors ? Cela change-t-il quoi que ce soit ? L’affront commis par ton ancêtre envers la magie en est-il moins grave ? La blessure de ma mère est-elle moins grave ? La malédiction lancée est-elle injustifiée ? Non, absolument rien ne change, car il n’en demeure pas moins que ton ancêtre a fauté à l’encontre des représentants de la magie et donc de la magie elle-même. Car même l’ignorance, l’aveuglement du devoir et la duplicité du mensonge ne justifient pas l’atteinte portée à un dragon. Ce n’est pas ainsi que le pardon pourrait être obtenu. Cependant, j’entends ce que tu dis et reconnais que les choses auraient pu être différentes si ton ancêtre n’avait pas été trompé. Il n’en reste pas moins que ce qui a été fait, a été fait. Le passé ne peut être réécrit, il ne peut être qu’assumé. »

Verith allait assurément paraitre dur avec de tels propos. En faisant preuve de réflexion, l’ancêtre de la jeune svenn aurait pris conscience avant de tirer que ce qu’il s’apprêtait à faire n’était pas bon. On ne blesse pas un dragon, peu importe les circonstances. Hormis si celui-ci est le Tyran Blanc, mais ça c’est une exception à la règle. Il n’est pas moins indéniable qu’avec ces éléments la responsabilité des svenn est amoindrie, mais il n’en reste pas moins que dans cette affaire un svenn a blessé sa mère, aussi la faute méritait punition.

À l’époque, peut-être qu’un pardon partiel aurait pu être obtenu si sa mère avait appris la vérité. Pour autant, cela aurait-il suffi d’apprendre la vérité ? Il ne savait pour sa mère, mais pour lui ça ne l’était pas. Apprendre la vérité n’est pas suffisant en soi. Car de la même manière qu’il avait prévenu Althaia de la façon de se racheter pour les vampires en lui apportant la tête de l’assassin de son frère, prouvant alors le rejet de la race à l’encontre de ce crime, si le svenn était venu lui apporter la tête du coupable, il aurait prouvé son rejet à l’encontre de ce crime. Le sang devant être puni par le sang. De la même manière, c’est un dragon qui aurait dû rapporter la tête du Tyran Blanc à Néant … si cela avait pu être possible.

« Je ne te tuerais pas aujourd’hui. Cela serait gaspillé le temps que j’ai perdu à te parler. Si tu veux que ta lignée obtienne le pardon pour sa faute, tires les leçons de ta malédiction et rétablit la justice. Les svenn portent bien la punition de la faute de ton ancêtre. Alors dans le sang des Kohan coule encore l’impunité de la faute du leur. »

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
Elle n’avait pas vu les choses sous cet angle-là mais en même temps, elle n’avait jamais vu de toute sa vie avant son départ pour Glacern de personne possédant de la magie. Oh, petite fille et même jeune femme, la nordique en avait entendu parler, forcément, mais entre entendre parler d’une chose et la voir par ses propres yeux, il y avait un monde. Alors elle n’avait jamais pu voir la magie comme quelque chose avec lequel les humains puissent être nés. A ses yeux à elle, la magie s’infiltrait dans le corps d’une personne qui s’ouvrait à elle, et donc à son influence. Sans douter de ses croyances, elle avait néanmoins la bonne foi de savoir les questionner quand elle reconnaissait la pertinence dans le discours d’autrui. C’était le cas du dragon rouge, Verith. Il n’avait pas tort, un oiseau avait des ailes pour voler. Un cheval avait des pattes pour marcher. Mais elle avait déjà vu un cheval naître avec trois pattes seulement et des membres supplémentaires, atrophiés, sur des animaux tout juste nés que l’on tuait le plus souvent. Ces membres atrophiés n’étaient pas utilisables et étaient une souffrance, une faiblesse du corps, bien qu’ils existassent. La logique qu’on lui montrait n’était donc pas forcément opposée à la sienne. En réalité, c’était même complémentaire en un sens. Intéressée, elle ne manqua donc pas d’élever la voix face au grand museau carmin qui lui faisait face.

« Dans quelles circonstances la magie pourrait être utilisée à bon escient ? »

Toute information était bonne à prendre non ? Qu’elle demande ne voulait pas dire qu’elle prendrait forcément en compte ce qu’on lui répondrait mais elle ne voyait pas de raison de ne pas aller plus loin non plus. Puisqu’il semblait près à parler avec elle plutôt que de la dévorer immédiatement, le moins qu’elle puisse faire était de mettre cela à profit. C’était cependant fait sans aucune arrière-pensée. Il fallait comprendre qu’elle ne voyait pas la magie comme un mal universel, uniquement comme une source de corruption et d’affaiblissement pour la race des humains car elle n’avait conduit qu’à la ruine de son peuple. Elle admettait volontiers que les dragons aient besoin de magie pour vivre et que la magie nourrisse le monde, mais en voyant ce que cela provoquait chez les siens, elle n’était pas bien sûre de le voir autrement que comme, justement, un membre atrophié. Certains humains aimaient la magie, il était vrai, mais elle avait appris que, souvent, l’amour était la chose la plus éloignée de la compréhension. Pas toujours à tort d’ailleurs, car on n’avait pas besoin de tout comprendre en ce monde pour y vivre et y être heureux. Cependant, aimer la magie quand elle faisait faire des horreurs, ce n’était pas quelque chose de bien ni de positif. La magie tournait la tête, ceux qui tombaient sous son influence n’imaginaient pas cesser d’en user.

« Votre départ a été compris de travers, alors. En tout cas c’est l’impression que cela donne. Mais comment se fait-il que votre départ entraîne cet amenuisement de la vie ? Les autres terres, comme cet archipel, n’étaient pas touchées, si ? Pourtant, ici, il n’y avait pas de dragons et la vie est très riche… »

Quelque chose ne collait pas. Ou alors il y avait un élément manquant dans tout cela. L’un ou l’autre, mais elle ne parvenait pas à être certaine de ce dont il s’agissait. Lui en saurait certainement davantage, sans aucun doute. La suite, en revanche, la surpris et elle cligna des yeux, une expression déconcertée se peignant sur ses traits graves.

« Vous n’avez pas compris je crois, Verith. Si je vous explique tout cela, c’est pour vous dire que ce qui s’est passé, ces erreurs qui ont été commises, elles n’ont pas été oubliées. Elles sont la base de l’enseignement que tous mes frères et sœurs ont reçus, et reçoivent encore. La base de l’éducation que mon propre enfant recevra quand il aura l’âge. Nous ne cherchons pas le pardon, à l’heure actuelle, car nous estimons qu’une coupe brisée ne peut être réparée. Quand on brise une coupe, on essaye de ne plus le faire la fois suivante. C’est la même chose pour tout le reste. Nous portons notre héritage, Verith, et nous l’assumons pleinement. L’histoire de votre mère est un des piliers de notre culture. C’est pour cela que notre peuple n’a pas participer aux guerres anciennes, pourquoi nous n’avons jamais accepté de nous mêler à ces carnages après cette tragédie… »

Elle le regardait sans défauts, avec franchise, droite bien que minuscule, encaissant la hargne du dragon rouge sans ciller. Il n’avait pas tort, au contraire. Il n’avait juste pas compris et elle avait l’habitude. Ce n’était pas simple de faire passer un message, surtout un message aussi important. Aucun ombrage à prendre, simplement la patience de s’exprimer de nouveau pour rendre les choses plus claires.

« Et cela fait longtemps, pour nous, que nous avons commencé à évoluer et à tirer les leçons des erreurs du passé. Cela ne date pas d’hier, comme vous le pensiez. Si vous survoliez Délimar à l’heure présente, vous pourriez en jauger. Je crains cependant que si vous ne le faisiez jamais, vous ne puissiez pas vous poser entre nos murs. Vous êtes trop grand pour ça »

Construire une place assez grande pour lui ne suffirait même pas, car il faudrait compter sur sa longue queue qui dépassait et ses ailes, qui pouvaient causer des ravages aux bâtiments. Néanmoins, les dragons n’étaient pas des étrangers, au sein de la ville. Ils n’étaient pas considérés de la même façon que les races qui foulaient la terre et uniquement la terre. Alors est-ce qu’un lieu de repos qui leur serait dédié ne serait pas une bonne idée ? Avec les montagnes proches, il y avait peut-être de quoi aménager quelque chose, si nécessaire. Elle ne savait pas. Peut-être était la meilleure réponse à donner, dans ces moments là même si cela la frustrait terriblement de n’être contrainte d’en arriver là si souvent. Ce n’était pas leur voie, que de faire tant de place à l’indécision. Mais c’était là ouvrir les yeux sur un monde plus vaste que celui qu’ils avaient toujours connu et devant cet état de fait, elle n’arrivait pas à croire que ce fut une marque de faiblesse d’admettre l’indécision. Glacern existerait peut-être encore si les siens s’étaient plus questionnés… Skade n’aurait pas été blessée, si son ancêtre avait été plus critique des Kohans.

« Vous pensez que le sang ne peut être répondu que par le sang ? »

Il y eut un blanc, perplexe de la part de la nordique. Tryghild comprenait sans comprendre.

« Mais n’est-ce pas exactement ce qui a causé toutes ces guerres d’antan ? Oui, il y avait le goût du pouvoir, la volonté de dominer, mais aussi la haine raciale et… que Loup m’en soit témoin, beaucoup de cette haine est basée sur la rancune, sur la vengeance. Nous en sommes pétris comme les autres. C’est pourquoi j’avais prévenu Sélénia de ne pas nous refuser notre indépendance. S’ils avaient écoutés, cette guerre ne nous aurait pas compté dans ses rangs… »

Après un instant, elle eut un léger signe de la tête. Encore une fois, elle s’était exprimée avant de parler. Mais elle pensait réellement ses doutes, bien qu’elle ne rejeta pas non plus ce qu’on lui affirmait. Simplement, elle n’était pas de ceux qui fonceraient bêtement sur les ordres ou les conseils de quelqu’un. C’était ce que son ancêtre avait fait, justement, et ne lui affirmait-on pas devoir apprendre de ses erreurs ? Son père aussi avait agit ainsi… Elle ne ferait pas la même bêtise. Son peuple avait besoin de sûreté plus que de fougue. Elle n’était pas la meilleure pour le lui apporter mais puisqu’elle avait été choisie, elle ne se déroberait pas à la tentative. Il y avait trop en jeu pour cela. Assurée cependant, elle reprit la parole dans le silence incertain qui les entourait.

« Cependant, j’entends vos paroles Verith et je suis d’accord, justice se doit d’être rendue. S’il m’est possible d’approcher cette justice alors je le ferais sans hésiter… bien que je ne puisse vous dire si elle aura la forme que vous attendez. Cette rencontre, la nôtre, je ne l’aurais jamais imaginé et elle me donne beaucoup à penser, trop pour que je puisse dire davantage sur l’instant »

Avec une pointe d’ironie interne, elle fit la grimace puis soupira et se redressa un peu plus.

« Originellement, je venais vous demander si vous aviez fini avec votre usage de ce village et si vous vouliez bien le rendre à ceux qui habitaient ici. Donc… avez-vous fini ? Puis-je vous aider en quoi que ce soit ? Je n’imagine pas ce dont vous pourriez avoir besoin dans un village humain, mais si c’est en mon pouvoir d’apporter le moindre complément pour faciliter les choses, autant pour vous que pour les habitants, je suis toute prête à le faire »

Puis, avec un sourire de louve, elle ajouta, le regard farouche, défait de toute peur :

« Et si vous voulez être ma mort un jour, sachez que je vous attendrais. Sur les hauteurs des monts, ou dans le plus noir des gouffres, moi qui porte la malédiction de votre lignée, je vous attendrais. Du berceau à la tombe, rares sont les entités qui ont droit sur nous, Loup et Vous êtes les seuls ici bas, votre mère nous ayant quitté.»

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
¤ Point de vue  III ¤

La magie pouvait être utilisée et devait être utilisée dans des circonstances particulières, c’est ainsi que le dragon présentait la chose. Son utilisation à tort et à travers par les bipèdes les avait conduit à ne plus la respecter pleinement, à la considérer comme acquise et à s’en prendre à l’origine de la magie. C’est cette leçon que l’enfant de l’orage tentait d’inculquer à la glacernoise qui se tenait devant lui. Et quand cette dernière lui demanda quand la magie pouvait être utilisée, le rouge ne put que se contenter de gronder et d’expulser des flammes par ses naseaux.

« Je t’ai guidé vers la question, je ne vais pas non plus te donner la réponse. Quel en serait l’intérêt ? Comment la sagesse grandirait-elle si on nous donne toujours les réponses à nos questions ? En vérité, il n’y aurait pas de sagesse, se serait simplement se contenter de suivre bêtement une règle. Je n’ai pas vocation à servir d’accompagnateur aux bipèdes comme je n’ai pas vocation à apporter la sagesse aux bipèdes. Cette mission n’incombait pas aux miens. Et en aucun cas de je n’édicterais de règle pour les bipèdes, je ne suis pas comme les déesses. Mes actes sont les conséquences de vos actions, votre punition. C’est à vous d’en tirer les leçons. C’est à vous d’édicter vos règles pour éviter que ma colère ne vous frappe et ne vous anéantisse. Réfléchissez donc un peu pas vous-même, v … »

Le colérique se retient de cracher au visage de cette dernière la fin de sa phrase. Non, ce n’était pas encore le moment d’annoncer ce qui s’était produit lors de sa dernière visite dans le plan astral. Le dragon prit une inspiration puis expira.

« Notre départ a été compris de travers et pire encore, c’est vrai, car vous ne comprenez rien vous autres bipèdes. Et certain, dans leur ignorance, je dirais même plus, dans leur stupidité, leur arrogance, leur folie ! On même osé nous reprocher ce départ. »

Quand Verith disait cela, il pensait bien sûr à Esmelda Kohan qui avait osé lui reprocher le départ des siens, leur disant qu’ils avaient fait une erreur. Si Ashy n’avait pas été là ce jour-là, il l’aurait tué et aurait probablement mis le feu à la cité souterraine rebelle. Avec un pareil raisonnement, les bipèdes auraient amplement mérité de crever comme de chiens, piégés entre les flammes et les Almaréens.

« Car nous sommes l’origine de la magie. Nous sommes un pont qui permet à la magie de venir sur ce monde. Aussi, là où nous nous trouvons, la magie est. Et là ou la magie est, la vie de se développe. C’est ainsi que les dragons ont été créés. Ta dernière remarque n’en est pas moins fausse. Il n’y a pas de dragon ici, pourtant la magie est présente et forte dans l’archipel, en conséquence la vie l’est tout autant. Qu’est-il donc possible d’en déduire ? »

Le ton du dragon laissait aisément sous-entendre qu’il connaissait déjà la réponse à cette question. Pour autant qu’il ne comptait pas lui dire. Cette bipède semblait avoir un intellect, certes pitoyable comme celui de tous les bipèdes, mais plus affuté que les autres bipèdes. Légèrement plus. Aussi le rouge allait la mettre à l’épreuve. Si elle était en mesure d’avoir un raisonnement satisfaisant, peut-être la récompenserait-il en lui permettant de se montrer plus utile.

Le colérique écouta les futures paroles de l’humaine. Sa logique était intransigeante, presque autant que celle du dragon. Toutefois, le dragon croyait au pardon et pensait qu’il s’agissait d’une chose nécessaire. Pourquoi ? Parce que le pardon justifie que celui qui a fauté ne soit pas annihilé, tout simplement. Pourquoi Verith ne pardonnerait-il pas quelqu’un et en même abandonnerait l’idée de le détruire ? Cela n’avait, pour le dragon, aucun sens. Cela reviendrait à dire non puis oui derrière, ou inversement. Cependant, il ne pouvait qu’approuver le fait que les siens assument leur passé, leur erreur, ne l’oubliant jamais et ainsi cherchant à s’améliorer pour que cela ne se reproduise plus. Or, le pardon n’était pas incompatible avec cette idée. Car le pardon ne délivre pas pour autant du passé. Le pardon n’est pas une formule magique permettant de réécrire l’histoire.

« Oui, c’est ce que je crois. Seul le sang versé permet de racheter le sang versé. Après tout, celui qui a commis une faute doit subir une punition à la mesure de cette dernière. Si une faute est commise à l’encontre d’un dragon, alors la peine du fautif sera de perdre la vie. Cependant, la mort du seul fautif est, en principe nécessaire. Cependant quand le fautif n’est plus, la peine s’efface-t-elle pour autant ? Non, car la faute, elle, n’a pas non plus disparu. La peine ne fait que se reporter sur ceux qui n’ont pas pris les mesures nécessaires pour la réparer. Le vampire qui a tué mon frère n’a pas été puni, les siens n’ont rien fait pour le punir et ainsi montrer leur désaccord aux dragons envers cet acte. Pire encore, ils l’ont pris comme dirigeant. En conséquence de quoi, sa faute s'est reportée sur chaque vampire. Autre exemple, le Tyran Blanc a blessé le dieu du Néant. Il appartenait donc aux dragons de montrer leur désaccord avec ce geste en punissant le fautif. Oui, le sang versé permet de racheter le sang versé. Mais la façon dont il doit être versé demeure à la discrétion de ceux sur qui pèse la charge de démontrer leur désaccord vis-à-vis du fautif et de la faute commise. Dans le cas de l’assassin de mon frère, soit il était tué par un vampire puis son corps apporté aux dragons. Soit il était conduit vivant devant les dragons et les dragons auraient eux-mêmes appliqué la sentence.»

Le rouge marqua une courte pause.

« N’est-ce pas une façon de rendre la justice ? Il me semble que chez les bipèdes, c’est la même chose. Plus la faute est grave, plus la sanction est grave également. Or, dans le cas d’une faute commise à l’encontre d’un dragon, celle-ci est nécessairement gravissime. En conséquence de quoi, il convient que la sanction le soit également. Donc, soit il revient aux semblables du fautif de le tuer. Soit il revient aux semblables du fautif de le conduire à un dragon pour que ce dernier rende sa sentence qui peut être la mort, ou, s’il en décide ainsi et il est bien le seul légitime à pouvoir le faire, rendre une sentence différente. »

La chose semblait extrêmement claire dans la bouche du dragon, même terriblement évidente. Cependant entre la théorie et la pratique il y avait un monde. Mais cela le rouge s’en moquait éperdument, car ce qui devait être fait, devait être fait. Tout simplement. Les dragons disposaient de moyens que les bipèdes n’avaient, pour autant cette différence matérielle ne justifiait pas que les bipèdes en soient dispensés. Bien au contraire. Cette dure loi s’appliquait à eux et il leur revenait de la mettre en œuvre quand le fautif était l’un des leurs. Et les bipèdes n’ayant jamais été et ne seront jamais l’égal des dragons, cette loi ne s’appliquerait jamais à dans le sens inverse à leur profit.

« Le sang versé n’a jamais été la cause d’une guerre chez les dragons. C’est uniquement au contact des bipèdes qu’il en devient une. Car vous n’avez pas de sagesse. Cette absence de sagesse vous conduit à la folie. Une folie contagieuse qui envenime les dragons qui se lient à vous. »

Le colérique garda ensuite le silence. Si elle voulait rendre justice. Alors soit, qu’elle essaye. Cela réparerait peut-être la faute commise par son ancêtre. Mais cela ne réparerait pas toutes les autres commises avant et après par les humains. Puis il finit par hausser un souci.

« J’ai déjà accompli ce pour quoi j’étais venu ici. Et je m’apprêtais à m’en aller accomplir ce qui doit être accompli. »

Le rouge ricana légèrement.

« Soit, j’accepte. Ta mort m’appartient alors. Il ne t’es pas autorisé à mourir d’une autre manière que par mes griffes. »

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
Il n'avait pas tort, beaucoup d'humains et d'elfes avaient reproché leur départ aux dragons, d'après ce qu'elle avait apprit dans sa jeunesse. Ce n'était pas très juste à l'encontre de ces créatures qui avaient beaucoup souffert par leur faute. Mais, presque malgré elle, elle essayait aussi de comprendre pourquoi ils agissaient comme cela. Ce n'était pas aussi simple qu'un bon et un mauvais. Les peuples bipèdes étaient plus jeunes que les dragons, ils avaient un esprit différent et une histoire différente. Ils avaient beaucoup de torts, et elle ne cherchait pas à les excuser, uniquement à expliquer, ou au moins essayer d'expliquer, un comportement d'apparence incompréhensible. Cependant, elle n'en dit rien au dragon, car il n'était pas en lui de comprendre cela. C'était son devoir à elle de savoir juger, comme elle apprenait à le faire. Et ce d'autant plus qu'il avait plus intéressant à lui apprendre, même si cela concernait la magie qu'elle détestait et dont elle se méfiait énormément. Mais maintenant qu'ils en parlaient, ce n'était pas tant la magie à sa source pure, sans doute, que ce que les bipèdes en faisait. Un instant perturbée, elle se demanda pourquoi il lui affirmait qu'elle avait faux quand il répétait exactement ce qu'elle avait dit.

« Que vous n'êtes pas nécessaires à la vie ici et qu'il y en a une autre source ? »

Elle cilla alors qu'un sentiment diffus de malaise se répandait un instant dans son esprit. Si les dragons n'étaient pas nécessaires à la vie sur l'archipel, combien de temps allait passer avant que certains ne se mettent en tête de les éliminer définitivement ? Certes, Verith était énorme et dangereux mais jusque là, il s'était montré étonnamment discipliné là où elle entendait régulièrement des récits parlant d'attaque d'autres dragons. Combien de temps avant que ces attaques n'entraînent une envie de talion, l'impression que les dragons n'étaient plus que des bêtes nuisibles qui encombraient les races mortelles ? Ce serait terriblement dommage. Ce serait terrible tout court. Et ce serait aussi très mal les remercier, mais de la même façon que les hommes s'étaient montrés cruels et ingrats avec ses ancêtres, elle savait qu'ils pouvaient être cruels et ingrats maintenant, surtout avec l'impression que toutes les anciennes règles avaient pu disparaître en même temps que l'ancien continent avait été laissé derrière eux. Beaucoup de choses étaient apparues avec leur installation sur l'archipel et cela l'attristerait certainement de voir les dragons au rang de bêtes à abattre.

« Il y a donc un autre pont avec la magie sur l'archipel, c'est cela ? Un pont qui n'est pas un ou des dragons. Savez-vous de quoi il s'agit ? Ne faudrait-il pas le protéger des utilisateurs de magie en ce cas ? Pour éviter qu'ils ne cherchent à l'utiliser comme ils l'ont fait des vôtres ? »

Cette information-là, elle jurait de la garder et de ne pas en parler à moins que ce ne soit d'extrême importance. En soi, les dragons avaient au moins le 'bon côté' d'être des êtres puissants capables de se défendre et de partir s'ils le voulaient, mais cette possible nouvelle source, elle n'avait aucune idée de ce dont il pouvait s'agir. Mais le dragon le savait-il, lui ? Entre ponts, les informations passaient peut-être, pour ce qu'elle en savait. Alors elle le lui demanda, tout simplement. Mais affirmer que tout était dit ? Oh, ça aurait été bien imprudent. Et elle s'étonnait toujours plus de la capacité de discussion et d'échange de ce dragon que l'on disait pourtant violent, ombrageux et inapprochable. Peut-être était-ce simplement la médisance du sud, une fois de plus. Attentive, elle hochait la tête de temps en temps. Il lui donnait matière à réfléchir une fois de plus. Les vampires… elle n'aimait pas cette race d'êtres violents, destructeurs, parasites, traîtres, répugnants, sans morale aucune. Sa bouche se pinça, alors qu'elle retenait une grimace viscérale et que ses yeux brûlaient d'une inimité farouche. Les vampires étaient des êtres abjectes qui avaient mille fois prouvés qu'on ne pouvait se fier à eux.

« Oui… Cela ne m'étonne pas, et ne fait que me révolter davantage. J'ai entendu le récit de la fin de Cymbor. J'ai entendu le récit de la façon dont il a été tué… et comment le prince noir a bu son sang alors »

C'était pire qu'une hérésie. C'était un crachat à la face de la chance que le dragon-esprit leur avait donné. Cymbor était le second dragon à avoir éclot sur le sol du vieux continent depuis très longtemps. Le second d'une nouvelle génération qui devait faire revenir la vie auprès de ces terres. Sa dragonnière avait survécu mais pas lui. Et il avait été détruit par un mage, en un sens, le pauvre Cymbor avait été tué par sa propre énergie créatrice. C'était une chose terrible.

« Et vous avez raison, la peine que nous appliquons est proportionnelle au crime. Ce n'est pas toujours la peine de mort, bien qu'elle soit répandue. Au sein de Délimar nous ne tuons que si les exilés refusent de partir. Cela arrive néanmoins souvent, surtout chez les… assimilés. Les personnes provenant d'ethnies autres que celles fondatrices de Délimar »

Beaucoup restaient foncièrement des étrangers après tout. La pourriture du sud avait du mal à partir et beaucoup craquaient avant la fin des sept années. Soupirant, elle eut un maigre sourire. S'attendait-il à ce qu'elle se récrie ? Non. Enfin, elle ne pouvait pas savoir ce qu'il y avait dans l'esprit d'un dragon de toute façon. Ils étaient différents. Elle avait déjà bien du mal à cerner Ilhan ou Aldaron, alors un dragon ? Et puis, elle n'en avait ni l'ambition, ni la folie.

« Il aurait sans doute été plus judicieux que ce soit l'esprit draconique qui déteigne sur les bipèdes plutôt que l'inverse. Mais je sais que vous voyez le lien comme une chose détestable, ai-je raison ? Je n'ai vu le lien que de loin et par l'histoire de notre peuple. Je n'en sais pas grand-chose, comme beaucoup de ces choses qui tiennent de la magie. Je sais qu'il a été la cause de nombreuses souffrances et du départ des dragons mais… c'est une chose que de savoir par théorie, se l'entendre expliqué, et s'en est une autre de… vivre cela ? »

Elle eut un instant de silence, observant les écailles carmines pensivement. Puis elle reprit, lentement, plus lentement en tout cas qu'à son habitude.

« Je pourrais dire je comprend. Mais ça ne serait qu'à demi vrai. Je comprendrais avec ce que je sais. Pas avec votre douleur. C'est aussi une forme d'insulte »

Comme aucun Sélénien ne pourrait lui affirmer comprendre la douleur de la perte de son foyer comme elle le pouvait après ce que son peuple avait été forcé de vivre. Elle détestait cela, chaque fois qu'on tentait de compatir. La seule compassion qu'elle acceptait était celle de ses semblables, unis dans une douleur silencieuse, dans un recueillement profond. Était-ce alors présomptueux, même sans penser comprendre cet être, de croire que lui non plus n'aimerait pas qu'on affirme à la légère savoir ce quoi il retournait ? Son acceptation élargit le sourire qu'elle portait. Elle l'attendrait donc, car elle ne manquait jamais à ses promesses. Et personne, pas même les Chimères, ne pourraient venir l'en empêcher. Car en fin de compte, c'était aussi un défi.

« Parfait… c'est un rendez-vous alors. J'escompte bien vous retrouver à ce moment »

L'épée à la main pour le saluer.
Se redressant, elle chassa la terre de son pantalon puis le regarda une nouvelle fois.

« Si vous partez, alors je dirais aux villageois de revenir et nous aiderons à la reconstruction. Si le peuple de Délimar peut vous apporter une quelconque assistance, sachez que nous sommes volontaires »

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
¤ Point de vue  IV ¤

Cette petite, du moins par rapport à un dragon, était plus maligne que bon nombre de ses congénères. Elle avait fini, en ayant le bon raisonnement, à découvrir une potentielle vérité sur cette terre. Cependant, elle disait une vérité que le rouge n’appréciait pas pour autant, et il ne s’embêta pas à la cacher, lâchant un léger grondement. Mieux valait ne pas dire à un dragon qu’il n’était pas nécessaire à la vie.

« Tu vois, il n’était pas nécessaire que je te donne la réponse puisque tu es capable de la trouver. Même si tu en tires des conclusions bien trop hâtives. Je pense en effet qu’il existe une autre source de magie dans cet archipel. Les faits concordent avec certains éléments historiques que j’ai pu apprendre auprès des graärh. Même si, à l’heure actuelle, je n’ai pas encore réussi à le voir de mes propres yeux. Je suis encore limité à le chercher, activement. Cela pourrait m’être nécessaire. »

Le rouge arqua un sourcil.

« Le protéger ? Si les légendes que j’ai apprises auprès des graärh sont vraies, cette source serait une terre sacrée pour la race des félidés. Ils ignorent où elle se trouve, mais si elle devait à nouveau être découverte, nul doute qu’ils rappliqueraient tous pour la protéger de l’envahisseur déjà présent sur leurs terres. Je n’ai donc que peu de soucis à me faire à ce sujet là. Mais dans l’éventualité où cela déraperait … alors je ferais ce qui s’avéra être nécessaire. Pour le moment, j’ai d’autres préoccupations. »

Le dragon se tut, il n’avait pas besoin de rebondir sur la mort de Cymbor, rajouter de l’huile sur le feu n’était pas nécessaire, ni sur l’exécution de la justice. La délimarienne avait compris le principe et ce qu’avait exprimé le dragon rouge. Elle bien plus dégourdie que d’autres bipèdes, même par rapport à ceux issus de races prétendument plus sages.

« Le lien est une chose mauvaise, fondamentalement. Cette magie n’aurait jamais dû exister. Si les déesses avaient agi, elle n’aurait jamais existé ni jamais continué à exister. Encore une belle brochette d’incapables. Elle avilit les dragons, les prive de liberté, les souille. Sa destruction sera une très bonne chose, lorsque j’aurai trouvé un moyen de le faire. Chose à laquelle je m’attèlerais avec application une fois le problème des Chimères définitivement clos. Ceux qui ont vécu le lien sont soient mort, soient destinés à mourir avant le temps qui leur est imparti, soient destinés à vivre une vie de souffrance après être parvenu à s’en extirper. Un sort peu enviable. Il coûte bien plus qu’il n’apporte. »

Peu de temps après, l’ancienne glacernoise se redressa et posa sa main sur son épée pour saluer le colosse de flamme.

« Fais donc, j’ai fini ce que j’avais à faire ici et je dois m’en aller. Le sablier du temps continue à s’écouler et il ne nous en reste que très peu. Je retiens votre engagement. Si un jour votre peuple peut s’avérer m’être utile, alors je l’utiliserais. Mais tenez-vous prêtes à tenir votre engagement. »

Verith déploya ses ailes, faisant se lever le vent, s’apprêtant à décoller.

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
Il avait donc eut des contacts avec les Graarh, voilà qui était intéressant. Devait-elle prêcher pour sa paroisse et lui demander des informations sur les félins ? Hm, non, il ne lui dévoilerait sans doute rien. Mais elle gardait cela en mémoire, peut-être que Sighild pourrait s'en servir à l'avenir. Elle hocha simplement la tête. Trouver ce lieu, s'il existait, serait en effet une bonne chose, mais sans doute n'avaient-ils pas la même notion de cet intérêt. La suite, néanmoins, la laissa dubitative. Peu de souci à se faire ? A peine arrivés, les humains, elfes et vampires avaient réduit des clans entiers en esclavage, et encore aujourd'hui, les félins étaient pourchassés sur bien des îles. Pouvaient-ils vraiment être une défense adéquate pour un tel lieu ? Elle aurait préféré le confier à des individus compétents, pas que les Graarh ne le soient pas mais enfin… ils n'avaient pas vraiment de victoire à leur actif contre les fils du vieux continent. Elle ne voyait pas comment ils pourraient tenir en cas de poussée majeur, terre sacrée ou pas.  

« Alors ce doivent être des préoccupations particulièrement graves, pour quelles éclipsent une telle question »

Verith était connu pour sa rancœur à l'égard des bipèdes et les conséquences de leur usage inconsidéré de la magie. Or, ce lieu sacré s'il existait, représentait beaucoup à cet égard, même pour elle qui n'y connaissait pas grand-chose. Elle avait les mages assez en horreur pour concevoir aisément que certains, s'ils pouvaient se débarrasser de leur dépendance aux dragons, deviendraient de véritables fléaux. Qu'est-ce qui pouvait donc inquiéter à ce point l'écailleux rouge alors ? Un léger frisson lui parcourut l'échine. Est-ce que ça pouvait être les Chimères ? Quelle autre question serait assez grave après tout ? Ouvrant légèrement la bouche, elle fut pourtant incapable de lui poser la question. Pas par peur, mais parce qu'elle n'avait pas les mots pour ça. Elle n'en eut pas le besoin de toute façon, car il confirma de lui-même. Il pensait que les Chimères finiraient par revenir ? Et bien, il n'était pas le seul, mais cela avait du sens maintenant que cette donnée était-là.

«Nous seront prêts… Que Vent vous soutienne, Feu de l'Ire »

La puissance des battements d'aile manqua l'envoyer rouler contre une pierre, mais elle s'accroupit près du sol et s'accrocha de toutes ses forces, et bientôt, l'immense créature fut loin dans les cieux. Les cheveux en bataille, la nordique se redressa, se tourna vers le village et se fendit d'un lourd soupire. Elle allait avoir du travail ici. Dragon d'importance ou pas, c'était un véritable brise tout.

descriptionPureté [PV Verith] EmptyRe: Pureté [PV Verith]

more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
<<