Plaine et routes, vers Aldaria
Le 28 juillet de l'an 7
Le 28 juillet de l'an 7
Un pas, deux pas, trois pas. Doucement, presque en silence, ce n'était pas encore l'aube qu'ils s'étaient glissés dans les couloirs à pas de loup, se retenant de faire le moindre bruit qui aurait pu alerter qui que ce soit. Pourtant, dans leurs têtes, ils riaient ! Ce n'était pas la première de leurs escapades et ce ne serait pas la dernière non plus !
C'était venu comme ça, mutuellement, comme un besoin simultané, il fallait qu'ils s'échappent ! Oh pas très loin, pas pour trop longtemps non plus, rien que le temps d'une journée, une journée juste pour eux deux ! Et ils l'avaient bien mérité ! C'était comme ça de toute façon, les Liés devaient parfois s'éloigner du reste du monde pour profiter simplement du plaisir d'être ensemble. Pour rouler, pour jouer, pour se faire de long câlins et des bisous, pour que Luna chante, pour qu'Alkhytis raconte des bêtises, pour qu'ils soient heureux tous les deux.
Lorsqu'ils sortirent dans la cour, un baluchon chacun sur le dos, ils purent souffler un peu. Commençait alors une autre affaire : traverser la cour ! Heureusement qu'ils s'y étaient pris tôt, parce qu'avec les rondes des gardes, ce n'était pas vraiment aisé et il ne fallait pas attendre que le soleil se lève !
Les deux ombres s'enfuirent comme des voleurs ! Ils purent enfin exprimer de vive voix leurs émotions lorsqu'ils dépassèrent l'enceinte et quitter la ville ne fut bientôt plus qu'une formalité.
Libre ! Ils étaient libres ! Alkhytis était ravi de pouvoir gambader en pleine nature et sa Liée l'était tout autant. Qu'est-ce que ça faisait du bien de pouvoir respirer de l'air frais ! En ville, ce n'était pas pareil, ça n'avait pas la même odeur, pas la même sensation de liberté non plus et puis surtout, fausser compagnie à tout le monde avait quand même une toute autre saveur !
Liée-Dorée et Lié-Cuivré marchèrent pendant un moment, mais ils ne s'éloignèrent pas tant que ça de la ville, ils n'avaient pas vraiment besoin de partir à l'autre bout du royaume et puis surtout, maintenant que le soleil se levait, ils avaient faim ! Vraiment très faim !
Ensemble donc, ils se mirent à installer un petit camp qu'ils réutiliseraient sûrement dans la journée. Alkhytis, bien décidé à ne pas lambiner, aidait comme il le pouvait et suivait scrupuleusement les indications de sa Liée, presque sans faire trop de bêtises. Non, il ne renversa pas le sac à provision et il n'éternua pas non plus sur le feu naissant – ce qui n'eut donc pas pour effet de l'éteindre complètement.
Lorsque ces quelques péripéties furent passées, ils purent tous les deux s'installer confortablement et le jeune cuivré se blottit contre sa Liée en la regardant attentivement cuisiner leur petit déjeuner. Qu'est-ce que ça sentait bon ! Qu'est-ce qu'il avait faim ! Alors qu'y avait-il de mieux pour patienter ?
« Une autre ! Une autre ! Vas-y Lunaaa ! Je veux une autre chanson ! » S'écriait-il pour l'encourager.
Elle en connaissait plein ! Elle en inventait même ! Alkhytis adorait ses chansonnettes et ne manquait jamais d'en réclamer lorsque le moment semblait opportun. Le soleil était déjà rayonnant et le ciel dégagé, une chose était certaine : une bonne journée s'annonçait !