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descriptionS'entendre comme graärh en foire - [PV Jangali] EmptyS'entendre comme graärh en foire - [PV Jangali]

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Savane de Stymphale – Immensité broussailleuse,
Il y a fort, fort longtemps
.

La traversée de Néthéril ne s'effectuait pas aussi aisément qu'il l'aurait espéré. Malgré tous ses préparatifs, la chaleur l'accablait davantage encore qu'en Upajaoo. L'île désertique possédait une météo sèche, aride et constante dans les dangers dont elle accablait ses invités. Mais ici, l'air était parfois horriblement lourd et moite, les orages couvaient sans jamais exploser, créant des tensions dans l'air et mettant les nerfs à rude épreuve. Les herbes tranchaient parfois comme des lames ou piquaient comme des épingles. Il y avait énormément de parasites qui s'enfouissaient dans la fourrure et si le sable ne venait plus irriter ses jointures, alors la sueur grattait sous l'épaisse toison cendrée pour créer des coupures gonflées et fiévreuses. L'herbe sèche de la savane n'offrait que peu de confort et les arbres tordus, bas sur leur tronc et se déployant comme des champignons dans leur frondaison, apportaient peu d'ombre. Le pire était la rareté de l'eau et s'il avait déjà croisé nombre de lits de rivières ou de fleuves, jusqu'alors jamais l'eau ne lui avait fais grâce de sa présence ! Les creux de sources étaient asséchés, craquelés comme du vieux cuir. Pourtant, il voyait des arbres encore vigoureux qui le narguaient de leurs feuilles vibrantes de vie et d'énergie, mais leurs racines s'enfonçaient si loin dans la terre que même ses griffes ne pouvaient pas creuser jusqu'à l'eau tant désirée.

Pourtant, le voyage avait bien commencé depuis ce petit village côtier en croissant de lune, ouvert sur l'océan avec ses interminables pontons aux piliers parsemés de coquillages et de cordages rongés par le sel. Il y avait accosté quelques jours auparavant et y avait séjourné deux nuits afin de préparer le long voyage qui l'attendait jusqu'à la Légion où il comptait présenter ses respects et obtenir le droit de résidence pour les prochains mois. Purnendu avait veillé à faire le plein de vivres, il avait même acheté un buffle aux longues cornes torsadées pour les transporter. Il avait pu garder la tente spacieuse achetée en Upajaoo, spécialement conçue pour rendre les chaleurs supportables et les nuits glacées vivables. Il avait aussi acheté de quoi chasser dans la savane, mais surtout de quoi se défendre avec des javelots et quelques systèmes d'alarmes rudimentaires. Concernant une défense plus physique, le jeune graärh avait encore suffisamment confiance en ses capacités martiales pour se protéger de quelques bêtes sauvages. Enfin, le feu saurait les tenir éloigné lorsque la nuit tomberait, tandis qu'une attention accrue lors des journées suffirait à lui épargner des rencontres malheureuses.

Toutefois, aucune de ces préparations n'avaient pu le protéger de la chaleur. Purnendu avançait donc avec beaucoup de difficultés, une main crispée sur l'encolure du buffle et l'autre serrée sur un bâton de marche qu'il battait dans les hautes herbes devant eux afin d'inciter serpents et autres bestioles venimeuses à décamper avant qu'ils n'y posent pattes et sabots. Vêtu d'une tenue ample d'un bleu foncé agrémentée de motifs noirs, elle couvrait la majorité de son corps et si sa fibre était légère pour que le vent y passe, elle restait suffisamment absorbante pour retenir la sueur et continuer d'hydrater, puis de tempérer son corps fourbu. Gueule grande ouverte, le graärh déroulait une langue râpeuse et ruisselante de salive, l’œil trouble d'une légère insolation malgré le chèche sombre qui ornait sa tête et ses épaules voûtées. Habituellement, il veillait toujours à marcher dès l'aube afin de profiter des températures encore douces, puis s'arrêtait aux heures les plus chaudes avant de reprendre au crépuscule avant de s'arrêter à nouveau pour la nuit. Malheureusement, ses réserves d'eau potable diminuaient drastiquement et il ne pouvait plus se permettre un rythme aussi indolent.

Alors qu'il était sur le point d'arrêter pour aujourd'hui et monter la tente afin de se reposer quelques heures, son buffle redressa brusquement la tête et poussa un mugissement excité. Le pauvre animal n'avait pas eut sa ration d'eau depuis des jours et ne vivait que sur la réserve de cette bosse incongrue entre ses omoplates. Une poche de graisse qui avait drastiquement descendue et tombait à présent d'un côté et de l'autre de ses épaules à chacun de ses pas. Les naseaux desséchés s'écartèrent, humant quelque chose d'encore invisible pour le jeune graärh qui, pour autant, ne chercha pas à contraindre l'animal à rester sur la route qu'il avait tracé. Lui lâchant l'encolure, il le laissa bifurquer dans les hautes herbes et se contenta de le suivre avec un brin d'incrédulité. Aurait-il senti une source d'eau ? Peut-être un danger encore inconnu ? L'inquiétude et l'espoir se disputaient dans le cœur de Purnendu et seul le reflet soudain du soleil à la surface lisse d'un grand lac parvint à le décider sur son émoi : du soulagement. Un sentiment si intense que le fauve manqua de s'écrouler ! Un large sourire étira ses babines alors qu'il dépassait l'animal pour approcher de la rive boueuse... non, il s'agissait d'un limon riche et arable. Quelle chance ! Son cœur se gonfla et il poussa un rugissement d'extase alors qu'il plantait son bâton dans le sol et commençait à défaire ses nombreux voiles.

Le lac en question formait une longue goutte étirée sur sa pointe et qui disparaissait dans un affleurement rocheux. Probablement issue d'une source souterraine, elle s'accumulait dans l'embouchure d'un ravin qui projetait une ombre constante et évitait ainsi son évaporation aux heures les plus longues et chaudes de la savane. De nombreux arbres résineux, noueux et épineux s'étaient implantés là au fil du temps, créant des ombres supplémentaires et avaient fini par créer un havre pour de petits reptiles et rongeurs. Toutefois, à voir la taille des sentiers découpés dans les hautes herbes, il y avait aussi fort à parier que du gibier plus important venait régulièrement s'abriter ici. Purnendu arrêta son geste alors qu'il était en train de dénouer le foulard à ses hanches et jeta un coup d’œil acéré vers le buffle. Qui disait gibier, disait prédateur ! Heureusement, ce dernier buvait à grandes lampées et ne semblait pas s'inquiéter de son entourage. Culpabilisant toutefois à le laisser aussi chargé, le graärh prit sur lui pour attendre de se baigner et vint défaire les lourds paquetages qui pesaient sur son compagnon de route. Une fois la corvée expédiée, il termina de se déshabiller et s'étira souplement.

Mesurant près de deux mètres dix, sa longue silhouette était celle d'un fauve racé à la musculature puissante, mais déliée par la nature même des exercices employés à l'exercer. Ses épaules et sa nuque étaient épaisses, voire massives et elles lui permettaient encore de courir sur ses quatre pattes, offrant à sa carrure un aspect encore sauvage et primitif en comparaison de bien d'autres graärh plus humanoïdes. Ses jambes ressemblaient davantage à des membres félins dans le sens où elles se courbaient et s'achevaient par des pattes où un ergot meurtrier ornait chaque talon. A présent que le chèche glissait entre ses griffes pour s'amasser au milieu du tas de vêtements, l'on pouvait voir quatre cornes qui partaient sur l'arrière de son crâne, accompagnées part deux paires d'oreilles effilées et mobiles. Son long museau ne semblait pas taillé pour maintenir les proies et les étouffer, mais plutôt pour les lacérer grâce aux impressionnantes canines qui dépassaient de ses babines telles deux sabres d’ivoire. Cependant, le plus incongru dans cet étranger devait probablement être sa fourrure ; elle était d'un beige onctueux sur le ventre, la gorge et la majorité de la crête qui partait de sa nuque, ainsi qu'à l'extrémité de son interminable queue lascive. Pour le reste, elle était d'une couleur de cendre profonde, de ce gris intense qui miroitait sous le soleil en de vagues reflets bleutés. Plus rare encore était la longueur et l'épaisseur de ce poil : l'on pouvait le mesurer en centimètre tant l'angora soyeux ondoyait sous la brise sèche de la savane. Bien sûr, la majorité de cette fourrure était lustrée de transpiration, presque moutonneuse sur le ventre plat et entre les cuisses nerveuses. La sueur venait à faire friser les poils, assombrissant les teintes harmonieuse.

« - Ma vie pour cette eau... Hnnnrrr... »

N'y tenant plus, Purnendu approcha du rivage et commença à s'enfoncer lentement dans le petit lac. Aussitôt les hanches immergées, un feulement d'extase et de bien être lui échappa avant qu'il ne plonge dans une grande gerbe d'eau. Il resta là dessous plusieurs secondes avant de ne sortir que le sommet de sa tête à la façon d'un crocodile paresseux. Les yeux mi-clos et les oreilles plaquées en arrière pour empêcher l'eau de les remplir désagréablement, il fit quelques bulles en soufflant par la truffe, puis se redressa avec un autre feulement d'aise. Son épaisse fourrure avait diminuée de moitié et collait à son corps puissant avant qu'il ne se laisse tomber en arrière dans une autre éclaboussure. Alors qu'il faisait la planche, bras et pattes écartées pour maintenir son équilibre, il porta son regard au vert d’absinthe sur le ciel bleu et eut l'ombre d'un sourire nostalgique. Ici aussi la voûte semblait blanchir sous l'intensité des rayons, mais si elle était causée par la chaleur, il s'agissait de la neige en Paadshail. Sa patrie lui manquait, mais pour rien au monde il n'y retournerait pour le moment. Beaucoup de connaissances se cachaient dans l'Archipel et il était loin de les avoir toutes découvertes. Oreilles dans l'eau, il n'entendit bientôt que le bourdonnement de son propre cœur et de sa respiration et ce ressac singulier commença à le bercer. Petit à petit, il détendit ses muscles pour se laisser porter sur l'eau, paupières de plus en plus lourdes par la fatigue qui lui tombait dessus. Bientôt, le jeune graärh se mit à somnoler, inconscient de son entourage et du fait que le léger courant dans le lac l'entraînait au milieu de ce dernier, bien loin de la rive et de la zone où il avait encore pattes.

Le soleil battait sa truffe et son torse, seules parties de son corps encore hors de l'eau. Sa fourrure angora ondoyait autour de lui en des remous mirifiques, floutant sa silhouette immergée. De ses paupières closes, il distinguait lorsque de rares nuages passaient devant l'astre diurne, ombrant le ravin et son oasis pendant quelques secondes. Pourtant, cela faisait maintenant plusieurs minutes qu'un nuage bloquait le soleil et si Purnendu ne s'en était pas inquiété dans l'immédiat, le manque de luminosité finit par l'inquiéter. Si un orage se préparait, il devait rapidement sortir de l'eau pour monter sa tente où il risquait de perdre nombre de ses vivres dans l'incident. Ouvrant la gueule pour bailler, il révéla une seconde paire de canines en plus de celles qui dépassaient de ses babines sur la mâchoire supérieure. Roulant sa langue dans le fond de sa gorge, il referma le museau dans un petit claquement sec et finit par ouvrir paresseusement les yeux. Il papillonna d'abord des cils, essayant de chasser les larmes que la fatigue lui faisaient naître, puis loucha sur l'imposante silhouette qui le surplombait. Tout d'abord, il ne parvint pas à la reconnaître ou plutôt ; son esprit refusa de la reconnaître tant elle semblait absurde. Il était dans l'eau, de fait comment pourrait-on se tenir au dessus de lui ? L'information mit plusieurs secondes être décryptée et quand il assimila enfin qu'un Graärh se tenait bel et bien au dessus de lui, il poussa un feulement abasourdit et tenta de reculer hors de portée. Toutefois, un tel exercice requérait qu'il se mette d'abord en position debout et qu'il batte ensuite retraite sur la rive où se trouvaient ses armes et ses vêtements. Malheureusement pour Purnendu, il ne trouva jamais le confort du sol vaseux sous ses coussinets : ses pattes ne battirent que l'immensité d'une eau profonde et la panique le submergea aisément quand il comprit qu'il n'avait plus pieds.


Son expression de surprise se mua en panique et il se mit à couler dans de grandes éclaboussures désorganisée, puis dans un geyser de bulles et de remous quand sa tête sombra sous la surface paisible. Les yeux plissés, il tendait les mains vers la surface qui s'éloignait de plus en plus, gueule entrouverte alors que l'eau s'infiltrait aisément dans ses poumons et qu'il commençait à sentir sa conscience se dissoudre dans les affres de l'absolue noirceur.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Lun 23 Juil 2018 - 13:01, édité 2 fois

descriptionS'entendre comme graärh en foire - [PV Jangali] EmptyRe: S'entendre comme graärh en foire - [PV Jangali]

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Comme n’importe quel habitants de la savane, Jangali vivait au rythme du Soleil. Aussi, et spécifiquement durant les grandes chaleurs, les Graarh apprenaient dès les premières années à ajuster instinctivement leur temps de repos en fonction de la puissance de l’astre. Ce prérequis, le Gourmet l’avait appliqué assidûment toute ces années, son pelage ébène, bien que court, étant naturellement prédisposé à conserver la chaleur. Ainsi, interrompant sa cueillette de plantes aromatiques, il s’était dirigé vers l’oasis la plus proche, aux premiers rayons ardents du milieu de journée. Autochtone de l'île depuis ses premiers miaulements, il pouvait sans peine se diriger les yeux fermés vers chaque points d’eau, chaque rivières, asséchés ou non. De par son esprit de la Vache, Jangali était souvent considéré comme un original auprès des siens. Si bien que ses longues balades de cueillette d’ingrédients ne surprenaient plus personne, du moment qu’il revenait toujours à temps pour la chasse en meute.

Or donc, perché dans l’ombrage du plus touffu des arbres, sa sacoche faisant office d'oreiller odorant, le Graarh roupillait mollement. Les terres fertiles des oasis était un lieu propice à la vie, tant floral qu'animal, tant proies que prédateurs. Même si le félin faisait partie des grands chasseurs de ce bout d’Archipel, il avait très vite appris à redouter ses autres concurrents : les smilodons. Se percher dans un arbre, bien plus qu’un jeu de chatons graarh, c’était aussi un excellent jeu pédagogique pour les futurs adulte. Leurs pattes antérieures pourvues de pouces opposables leur donnant un avantage certain sur les longues dents.

Habitué à dormir entouré d’autre animaux occupés à se désaltérer dans l’eau, il fut néanmoins réveillé par un rugissement suivi peu de temps après par le bruit d’éclaboussures. Se redressant en même temps que ses oreilles, il bailla négligemment et jeta un coup d’oeil vers l’origine de son réveil forcé. Il aperçut successivement, un tas d’habits, un buffle et une masse flottante. “Allons bon, peut pas faire plus de bruit encore ?” grogna-til intérieurement. Les oasis de par leur statut de havre de paix salvateurs, avaient depuis tout temps étaient déclarés territoire neutres pour les différentes tribus de l'île. Lieu de choix pour des rencontres, elles étaient aussi soumise à une règle tacite de discrétion, par respect pour tous les êtres vivants qui y venaient trouver refuge.

Ajustant sa besace et son épée, il se receptionna avec souplesse au pied de l’arbre et se dirigea droit vers l'opportun. En quelques enjambés, il couvrit la distance et pu jeter un rapide coup d’oeil au package du nouvel arrivant. à en juger par l’importance du contenu, il ne lui fallut pas longtemps pour déterminer qu’il s’agissait d’un voyageur itinérant. Les Ashuddh n’étant pas nombreux, il se devait toutefois de vérifier que ce n’était pas un criminel. Il passa donc à côté du buffle qui ne réagit même pas à son approche, trop habitué à la présence de félins et surtout, trop occupé à reconstituer ses réserves d’eau, et posa un premier coussinet sur son reflet aqueux. La sensation de fraîcheur du lac contrastant avec le bord tiède des berges arracha un sourire à Jangali. Non décidément, il n’aimait l’eau que lorsqu’il ne s’y trouvait pas dedans.

Se rapprochant le plus normalement du monde du centre du lac, il se pencha au dessus du Graarh, ses pattes éloignées de son arme. La transparence de l’eau de roche lui permit de le détailler rapidement. Un mâle, au poil angora et à la couleur lunaire. Avec l’effet grossissant de l’eau, il ne pouvait déterminer avec précision la taille de son vis-à-vis mais cela ne l'empêcha pas de le toiser de haut quand il s’adressa à lui.

-Qui es-tu ? Sais-tu que tu m’as réveiller en pleine sieste ? As-tu donc oublié que le silence est sacré dans les oasis ?

Alors qu’il allait commencer à s'énerver, il remarqua que le Graarh avait les oreilles immergées, ne pouvant l’entendre. Il prit donc son mal en patience, le temps que l’autre dédaigne ouvrir les yeux. Il ne pensa pas un instant que sa présence eût été perturbante pour n’importe qui, aussi, c’est avec stupeur qu’il observa le malheureux sombrer de surprise. Par pur réflexes, il s’accroupit et plongea la patte et du bout des griffes réussit à attraper celle de l’angora. L'apesanteur en milieu aquatique aidant, il le tracta jusqu’au bord du lac et l’étendit sur le dos. Ne connaissant pas bien le museau à museau, il se contenta d’appuyer fort sur le poitrail du mâle afin d’en chasser l’eau.

Ses oreilles s'affaissèrent de soulagement quand il vit l’autre recracher le liquide et respirer à grande goulée. L’étrangeté de la situation lui fit oublier toute animosité et il se mit à rire nerveusement.

Le buffle n’avait quant à lui prêter le moindre intérêt aux deux Graarh affalés sur le limon.

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Sa chute se faisait au ralentie, la gravité de l'eau l'empêchant de couler comme une pierre quand bien même une gerbe de bulles s'échappait de sa gueule entrouverte. Ses poumons se vidaient inexorablement du peu d'oxygène qu'il leur restait et, dans un sursaut de panique, Purnendu respira ses premières goulées d'eau tiède et boueuse. Regard fixé sur le puits de lumière qu'était la surface, il n'y avait que cette même silhouette sombre pour se découper en contre-jour du soleil. Ses bronches lui brûlèrent et sa conscience commença à s'estomper dans les affres de la mort, emportant avec elle nombre de regrets et de souhaits avortés. Sa vie était encore jeune, il lui restait tant de choses à découvrir ! Comment pouvait-il céder maintenant et aussi bêtement ? Mourir noyer au cœur de la savane, il fallait le faire tout de même. Qui que soit l'idiot qui avait cru que lui faire ce genre de farce serait une bonne idée, il désirait se réincarner en smilodon et lui boulotter les jarrets en punition ! Avec un autre spasme de panique, le graärh cendré sentit son esprit se déliter davantage encore et ses yeux se fermer, les paupières rendues trop lourdes pour qu'il les garde ouvertes plus longtemps. Un dernier soupir lui échappa, collier de petites bulles échappant à sa truffe quand il eut l'ombre d'un sourire résigné. Oh, pourquoi gaspiller sa prochaine réincarnation à ronger un idiot du village ? Il userait de cette nouvelle chance pour faire bien mieux... et définitivement éviter l'eau.

Une secousse soudaine lui arracha une vague grimace alors qu'il sentait une poigne de fer se fermer sur sa main pour le hisser à la surface. Au bord de l'inconscience, il ne fut qu'un poids mort pour son sauveur et se laissa traîner jusqu'à la rive tandis que l'eau semblait l'accompagner, voire le supporter de son étrange gravité. Quelques instants plus tôt, elle le tirait par le fond et à présent ? Elle aidait l'inconnu à le tirer en diminuant son poids, se révélant aussi capricieuse et instable qu'elle pouvait l'être. Son corps trempé s'échoua sur la berge limoneuse et il roula vaguement sur le dos, gueule entrouverte et yeux toujours clos. Il n'avait pas la force de bouger tandis que les bruits s'estompaient et que sa conscience se délitait seconde par seconde. Il savait que l'eau dans ses poumons devait être expulsée, mais il n'avait simplement plus assez de force mentale pour engager l'exercice. Heureusement, son sauveur se chargea de la tâche ingrate et, si on omettait quelques côtes fêlées dans le processus, y arriva très bien ! Avec le plexus maltraité, Purnendu commença à tousser, puis à cracher toute l'eau qui encombrait ses bronches. Roulant sur le côté, puis à quatre pattes, il ouvrit grand la gueule et vint à vomir les restes de son repas en plus des gorgées du lac.

Trempé et tremblant comme une feuille, il retomba sur les coudes tout en laissant ses pattes arrières glisser dans la boue pour l'allonger de moitié. Il n'avait pas la force de se tenir autrement et tourna la tête vers son sauveur, mais aussi son bourreau. Les bouchons d'eau dans ses oreilles se percèrent quand il secoua du chef de droite et de gauche, ébrouant sa crinière qui envoya des gouttelettes d'eau partout. Les sons lui revinrent et il pu constater avec consternation que l'autre se fendait la poire... Plissant ses yeux d'absinthe, Purnendu gonfla les babines dans une expression peu réjouie avant qu'il n'enfonce une main dans le limon pour en récolter une pleine poignée poisseuse et odorante. Après tout, il s'agissait d'un mélange de sable, de terre et de décomposition végétale !

- Aha... Ainsi tu trouves matière à rire dans le malheur des autres ? Attends un peu pour voir...

Et vlan ! La boule de glaise atterri sur la truffe du graärh noir pour lui éclabousser tout le museau et le faciès. Arborant un sourire goguenard, Purnendu secoua sa main pour ôter le surplus de terre boueuse et ricana d'une voix profonde, proche du ronronnement, mais bien moqueuse dans sa tonalité finale. Avec ça, il ne serait pas le seul à devoir prendre un bain !

- Il paraît que c'est idéal pour la brillance du poil... non parce qu'à défaut d'avoir de bonnes idées, soit au moins beau. Comme ça les femelles s'y laisseront prendre !

Franchement moqueur, il prépara une autre poignée de limon et se redressa sur un genoux pour lui abattre sa munition odorante sur le sommet du crâne, pile entre les deux oreilles, mais un vertige lui fit perdre son équilibre et il s'effondra plutôt dans les bras de son adversaire. Grognant d'inconfort, il chercha quand même à lui étaler ses coussinets souillés de boue sur les joues et le torse, continuant de ricaner d'une voix enrouée et visiblement à bout de souffle puisque ses poumons souffraient encore de leur noyade récente.

- Au fait… Purnendu, c'est mon nom.

Annonça-t-il dans la lutte, entre deux petites quintes de toux et un rire chaud. Quitte à faire les choses à l'envers, autant se présenter après lui avoir administré un masque de beauté, non ?

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Splosh

L'attaque surprise du projectile boueux coupa net le rire de Jangali, dressant ses oreilles droites de surprise. Le gruaux végétal dégoulina sur son visage choqué , abasourdi par l'absurdité de l'attaque. Il ne s'y attendait vraiment pas. Tellement inattendu qu'il mit un instant à se ressaisir, à reprendre contenance, et il ne prit conscience de la boutade qu'une seconde trop tard.

-Hey ! Je te permets pas de ... Houf !

L'ébène accueillit le cendré lourdement dans ses bras, se réceptionnant chaotiquement sur la petite plage. Écrasé sous le poids de l'imposant Graarh, il sentit l'air de ses poumons se vider, comme le touffu avant lui. Alors que Jangali était un poids plume, l'autre semblait peser une tonne, de par sa stature et surtout son poil imbibé d'eau. Poil qui dégoulinait allègrement sur sa cuirasse, en plus de la boue que l'autre énergumène essayait de lui étaler sur le visage. Étrangement, la bizarrerie de la situation ne provoqua aucune réaction de colère chez Janga. Cela lui rappela ses prises de bec avec Vraar étant chatons. Toujours prompt à une bagarre amicale, il se prêta au jeu et profitant de la faiblesse de son adversaire, saisit à son tour une bonne poignée de limon et lui asséna en plein milieu des cornes. L’exercice était un peu difficile avec sa masse mais la réussite en valait la peine. Il ajouta goguenard:

-Et bien Purnendu, permet-moi de te faire essayer en exclusivité les produits naturels de la maison Jangali pour prendre soin d’un poil si soyeux. Tu m’en diras des nouvelles.

Après quelques instants de chamaillerie additionnels, il finit par abandonner, le poids de son acolyte lui pesant.

-Je ne voudrais pas paraître indiscret, mais tu fais ton poids cousin. Est-ce que tu pourrais …. ?

Maintenant qu’il l’avait vu de très près, il avait pu déduire que Purnendu n’était pas de Néthéril. Le poil ne pouvait mentir. La couverture féline que le graarh formait sur Jangali était bien trop chaude pour les chaleurs de la savane. Visiblement un peu mieux, le graarh gelé roula et Janga en profita pour reprendre son souffle et se débarbouiller avec l’eau de l’oasis.

-Tu es bien loin de Paadshail. Qu’est-ce qui t’as amené jusqu’ici ? Et par tous les Esprits, qu’est-ce qu’il t’as prit de plonger dans un lac si tu ne sais pas nager ?!

Non vraiment Jangali ne se rendait pas compte que pour une fois, ses questions étaient parfois très stupide

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Le contact vaseux entre ses cornes lui arracha un rire bref avant qu'il ne referme précipitamment la gueule au risque d'en avaler une gorgée. Il sentait les coulures boueuses couler le long de sa gueule et s'ébroua au dessus de son compagnon de lutte pour ne pas finir aveuglé de limon. Sa fourrure se fit hirsute avant qu'ils ne reprennent leur chamaillerie dans la bonne humeur, les rires du cendré s'élevant avec plus d'aise à mesure qu'ils jouaient. Ils roulèrent dans la berge humide, puis sur le sable et enfin dans les herbes sèches avant de retourner cul par dessus tête dans l'eau peu profonde d'un coude stagnant du lac. Son acolyte pesait le poids d'une plume et Purnendu n'avait aucun mal à gagner les manches archaïques de leur rencontre singulière, venant à chaque fois finir au dessus du noiraud pour le plaquer sèchement tantôt dans la poussière, tantôt dans la vase.

Les minutes passèrent alors qu'ils finissaient leur lutte dans ces quelques centimètres d'eau trouble et quand il s'arrêta enfin pour reprendre un souffle bien mérité, il ne réalisa pas tout de suite l'inconfort de leur posture. Lui avait la gueule entrouverte et le poil emmêlé, la crinière hérissée alors que sa queue, rachitique sans son plumeau, balayait l'air au dessus d'eux et faisait pleuvoir quelques gouttes. Ce ne fut qu'à la demande du mâle qu'il dressa les oreilles de stupeur et se redressa un instant à bout de bras pour le contempler de sa hauteur. Un sourire taquin ourla ses babines avant qu'il ne s'ébroue encore avec force pour lui donner une bonne rincée et qu'il ne s'écarte finalement avec un petit rire moqueur. Bon avec tout ça, il était dans un état pas possible et l'entretient de sa fourrure risquait de lui prendre des heures... mais il avait fais une rencontre intéressante ! Approchant de l'eau, il s'y enfonça jusqu'à la taille et s'immergea de sorte à laver sa fourrure du maximum de résidu avant de rejoindre la berge pour trouver ses affaires. Ruisselant d'eau, Purnendu trouva son peigne en ivoire de baleine et vint s'installer à l'ombre d'un arbre pour commencer la longue et laborieuse tâche de se défaire les nœuds.

« - Tu as raison, je viens de Paadshail ! Aaah... Je me demande bien ce qui a pu me trahir... »

Narquois, il fixa le noiraud quelques secondes avant de renifler un rire et de se concentrer sur son poitrail qu'il peignait prudemment, un bout de langue rose coincée entre ses dents et les oreilles bien droites. Un autre silence dura le temps qu'il termine cette zone épineuse, puis il s'engagea dans le brossage plus virulent de ses bras et de ses épaules. N'ayant plus à craindre de pousser un miaulement de douleur au moindre nœud, il pouvait ouvrir la gueule en toute tranquillité :

« - Je suis un Kisaan guérisseur. Après avoir terminé ma formation, j'ai décidé de faire le tour de l'Archipel dans le but d'apprendre et de découvrir le maximum de ressources et de savoir. Cette terre est la dernière à parcourir avant que je ne rentre enfin chez moi. »

Il ne pu cacher la nostalgie de percer sa voix et eut un vague sourire alors qu'il tendait le plus naturellement du monde son peigne à Jangali et lui désignait son dos, mais plus précisément son épaisse crinière.

« - Pour ce qui est de l'incident, je viens de loin et j'étais aussi séché qu'une lamelle de viande et aussi assoiffé qu'une éponge ! Alors quand j'ai découvert cet oasis par hasard ? J'ai plongé cornes les premières... mais je ne me suis pas rendu compte que le courant du lac était aussi fort. »

Purnendu soupira.

« - Enfin, j'aurai pu effectuer une nage basique pour essayer de rejoindre la rive... si quelqu'un n'avait pas eut l'idée de me donner la frayeur de ma vie ! »

Un vague sourire désabusé étira ses babines et il haussa des épaules.

« - Et toi alors ? Qu'es-tu dans la Légion ? »

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Jangali observait son nouveau copain de jeu d'un œil intéressé. De par leur lois et mœurs de séparation, Janga n'avait rencontré qu'un seul Graärh de Paadshail par le passé. Il n'avait pas eu l'occasion de pouvoir lui parler, aussi, il comptait bien rattraper le coup avec son cousin de l'île gelée. Et de ce qu'il voyait, le cendré représentait bien l'idée qu'il se faisait de ceux du Nord. Il détailla chaque muscles de son corps puissant (la nudité n'étant absolument pas tabou chez eux) et inspecta le poil, bien qu'actuellement trempé, parfaitement adapté au climat arctique. Plutôt trapu, sa posture lui assurait un bon équilibre, sûrement meilleur que Jangali. Bien qu'en y réfléchissant, le chasseur n'avait pas à lutter contre des sols gelés...  Quand il lui précisa être un guérisseur, il ne put s'empêcher de penser que c'était un peu gâcher du potentiel de chasseur. Décidément, même en plein repos, le Gourmet ne pensait vraiment qu'à la chasse. Mais il ne put que saluer l’initiative, une telle dévotion était plus qu’honorable. Chacun devait se montrer utile au peuple Graärh à sa manière et Purnendu semblait avoir totalement trouvé sa voie.

Il fut tiré de ses réflexions par l’appel à la toilette du cendré quelque peu insolite. Le temps d’un instant, il arqua ses sourcils de confusion puis haussa les épaules et saisit le peigne. Après tout, ils passaient un bon moment dans cet oasis tranquille, pourquoi s’encombrer de quelconque barrières protocolaires finalement ?
Prenant place derrière Purnendu, il ôta sa cuirasse, restant torse nu pour être plus à l’aise, il entama la fascinante tâche de brosser sa crinière. Contrairement au poil de Janga, le sien était agréable au toucher, lisse et soyeux.
Concentré sur sa tâche, la pique fit mouche et Jangali répondit par un ronronnement inclassable, entre le rire et la vexation. Enfin, ce fut à son tour d’être interrogé. Son allégeance étant clairement gravé sur son armure, il ne s’étonna pas que le symbole de la Légion ne le trahisse.

-Oh, tu sais, je ne suis qu’un modeste chasseur, même si j’aimerais être quand même le meilleur haha. Cet honneur revient à Kaïmpiyaan…Il avait prononcé son nom avec une jalousie transparente et une pointe de frustration. Enfin, il a beau être le meilleur chasseur, personne ne m’égale pour la nourriture !

En parlant de nourriture, il suspendit son activité. Et si ...? Non, ils venaient juste de se rencontrer et il avait des devoirs à la Légion… Mais il pouvait bien s’absenter un peu plus longtemps que d’ordinaire quelque fois non ? Oui voilà, la vie était faites d’occasions après tout, non ?

-Dis-moi, Purnendu, que dirais-tu de profiter de mes connaissances en herbes ? Je t’apprécie beaucoup, tu m’as l’air digne de confiance. Et puis j’aimerai me racheter après ma tentative de meurtre !


Ponctuant sa proposition d’un regard plein de malices et ses oreilles dressées, il tendit son peigne à Purnendu.

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Les yeux clos et le dos voûté, il attendit en silence que l'autre se décide à le peigner sans s'imaginer enfreindre quelques protocoles. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas côtoyé l'un des siens que le pauvre herboriste en oubliait aisément ses manières. Refermant les mains sur ses chevilles croisées, il roula un peu des épaules lorsque les dents du peigne se mirent enfin à tirer les nœuds et lisser son épaisse fourrure soyeuse. Tout en lui faisant sa toilette, Jangali commença à parler et lui écouta avec dans un silence vaguement amusé. Ainsi il s'agissait d'un chasseur. De mémoire, Purnendu savait qu'une telle activité équivalait en terme d'honneur aux Pêcheurs de sa propre Légion. Si chez lui ils partaient combattre les féroces créatures des eaux glacées, ici il s'agissait de smilodons et d'autres bêtes tout aussi coriaces. Aux moins avaient-ils le mérite, à Néthéril, de toujours garder les pattes sur un sol ferme ! Toutefois, le souvenir d'un énorme sanglier aux défenses ébréchés et mortelles lui donna un vague frisson d'inconfort. Étrangement, il préférait encore se frotter à une baleine furieuse. L'agonie qui résulterait d'une défaite lui semblait moins longue et pénible à endurer.

« - Essaies-tu de me moquer lorsque tu prétends n'être qu'un modeste chasseur ? »

Ce fut un souffle à peine audible, maronné entre ses moustaches. Il était culotté de se rabaisser lorsque l'on faisait partie de la seconde plus honorable caste de sa Légion. Et quand bien même : il était de la Légion ! Pas d'une simple tribu nomade dans la savane, non : il était un fier chasseur de la plus puissante communauté de Néthéril. Pouvait-il réellement jouer les modestes avec un tel tableau de chasse ? Sans jeu de mots, bien sûr. L'extrémité de sa queue se mit à battre le sol poussiéreux de quelques battements agacés alors qu'il jouait avec quelques brins d'herbes, tressant les fibres en une petite couronne agrémenté de fleurs sauvages. Il ne dit cependant rien, ravalant son irritation et écouta la proposition qui tombait comme une pierre dans la marre ou, en l’occurrence, comme un graärh dans l'oasis. La surprise fut suffisante pour désamorcer une partie de son indignation et il pencha légèrement la tête sur le côté avant qu'il ne se redresse, puis se tourne vivement vers l'autre. Ils se retrouvèrent quasiment museau contre museau et alors que les grands yeux d'absinthe du fauve cendré plongeaient avec franchise dans ceux d'un bleu incroyable de Jangali, il lui feula d'une voix sourde :

« - Si tu étais un chasseur comme les autres, tu n'aurais pas le droit de porter l'écusson de la Vaat'Aan'Ruda. Ne te sous-estimes pas, c'est insulter tout ceux qui ne peuvent prévaloir ta place de privilégié. »

Il avait abandonné la caste des Shikaaree pour s'occuper de ses enfants, descendant à celle des Kisaan en devenant un simple guérisseur et herboriste. Son sang bouillait parfois encore de l'adrénaline causées par les grandes chasses et les combats, mais toujours il ravalait ses instincts sauvages par de longues méditations auprès des Esprits Sacrés. Il ne regrettait pas son choix à présent qu'il le parcourait, mais entendre quelqu'un de la carrure de Jangali pêcher de jalousie et d'une fausse modestie avait le dont de lui chatouiller le museau dans le mauvais sens. Pour autant, son éclat s'estompa aussi vite qu'il était venu et il récupéra le peigne avec un vague sourire désabusé.

« - M'apprécier si peu de temps après notre rencontre ? Voilà des paroles bien légères... toutefois, j'entends tes arguments et j'accepte ta requête. »

Il releva le museau dans une expression un peu hautaine que le pétillement narquois dans ses yeux démontrait. Il aimait à taquiner le graärh rayé et souhaitait aussi détendre l'atmosphère après sa légère perte de sang froid.

« - Tu paieras donc ta dette en partageant ta connaissance sur les herbes locales. Et qui sait ? Je pourrais bien te conter quelques légendes et histoires de notre race, voire celles de mon peuple à Paadshail ! »

Jouer les grands seigneurs l'amusa de trop et il ne pu s'empêcher de ronronner un rire peu convaincu alors qu'il se relevait et passait les griffes dans sa fourrure pour s'assurer qu'elle sécherait sans trop de nœuds. Debout, il s'étira pleinement, fit rouler sa musculature noueuse avant qu'il ne peigne son ventre puis ses cuisses, se courbant avec souplesse pour suivre ses mouvements habiles.

« - Tu parlais de nourriture... je t'avouerai avoir faim maintenant que ma soif est étanchée. Voudrais-tu partager mes provisions ? Ce n'est pas grand chose, mais cela me fera plaisir. »

A présent cambré et contorsionné, il brossait l'arrière de ses cuisses fuselées ainsi que ses hanches étroites avant qu'il n'ouvre la gueule pour mordre l'extrémité de sa queue. Museau plein et babines gonflées, il lança un regard éloquent à son compagnon d'infortune et commença à peigner l'appendice long de plus d'un mètre avec précaution.

« - Mfe fefa' mfa coffe fa... 'Fais 'as fa'ile... »

Il coucha les oreilles, contrarié de ne pouvoir articuler et soupira lourdement avant de hausser des épaules et de finir sa tâche. Sans la boue et le surplus d'eau, sa fourrure prenait un lustre d'ardoise aux reflet d'encre sur les zones les plus sombres, tandis que le reste arborait un crème intense et soyeux. Après avoir rangé le peigne, Purnendu se mit à quatre pattes et s'ébroua avec violence pour décoller la fourrure de sa silhouette et lui redonner une part de sa légèreté et de son volume initial. Le reste viendrait lorsque les poils seront complètement secs. Satisfait du résultat, il se tourna vers Jangali qu'il avait un peu délaissé pendant tout ce temps et coucha des oreilles avec un air penaud.

« - Herm... Je disais : Ne me regardes pas comme ça, ce n'est pas facile à entretenir et ici ? C'est une véritable malédiction ! Enfin, j'ai eut pire lorsque je voyageais à Upajaoo. Donc... ce repas ? »

Désireux de changer le sujet, il approcha de ses paquetages pour commencer à fouiller à l'intérieur.

Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Lun 15 Oct 2018 - 22:52, édité 1 fois

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La véhémence de Purnendu surpris Jangali au point que celui-ci arqua les sourcils en même temps que ses oreilles se dressaient bien haut sur sa tête. Étant né et ayant vécu toute sa vie dans la Légion, il était vrai qu'il ne s'était jamais vraiment mit à la place des autres tribus vassales. Mais il était vrai que vivre à la Légion demandait une certaine rigueur et exigence, que les plus faibles ne pouvaient parfois pas tenir… Cependant, son géniteur l’avait aussi conditionné à une certaine forme d’humilité et de toujours être franc avec les autres et surtout lui-même. Aussi il savait reconnaître sa place par rapport à celle des autres. En ce sens, les paroles du cendré firent mouche et Jangali bomba un peu plus le torse. Sa fierté n’était pas usurpée après tout.
Cependant , quand l’autre eu l’audace de prendre un air faussement condescendant, il ne put s’empêcher de croiser les bras et de lui répondre sur le même ton narquois:

-Humpf, j’aimerais bien te voir m’apprendre quelque chose que la Maitresse des Cérémonies ne nous ai déjà pas raconté. Mais soit, je serais bon chef, et je te laisserai ta chance.

Ces petites piques infantiles l’amusait beaucoup. Il avait en effet vraiment l’impression de se chamailler avec Urjiida. Leur joutes verbales étaient d’ailleurs très vite un bon moyen de consolider leur lien lors des chasses. C’était peut-être même une composante essentielle de ce que cherchais Jangali chez les autres Graarh…

Aussi, quand l’autre parla de provision, Jangali ouvrit sa propre sacoche pour vérifier ses propres réserves. Comme toujours, bon nombres d’épices dans des bourses individuelles s’y trouvaient, constamment renouvelées par ses innombrables excursions solitaires dans la brousse. A cela s’ajoutaient quelques morceaux de viande séchées, quelques champignons éparses et …

Il éclata de rire quand il repéra le manège du cendré. Décidément, la propreté chez son cousin éloigné était une véritable obsession. Lui dont le poil était court et sec, ne pouvait certainement pas comprendre les tenants et les aboutissants d’une telle application. Aussi, il se contenta de se gausser comme une baleine, et quand la boule de poil demi-sèche eut finit, il essuya ses larmes de rires. Toujours hilare, il jeta un oeil au contenu des très nombreux sacs puis saisit les restes de provisions et d’un oeil expert, inspectant chaque ingrédients. Indéniablement, c’était des ressources exotique pour le Légionnaire mais rien d’insurmontable pour le Lié-Vache. Il concerta son acolyte avec une moue approbative.

-Moui, je pense qu’il y a moyen de faire un truc bien. Tu peux emmener ton buffle par là-bas le temps que je prépare le feux. S’il reste trop au soleil, je risque de devoir l’ajouter au plat haha.

Tout en désignant un espace ombragé sous un palmier ou de l’herbe avait décidé de pousser, il dégaina son sabre et ponctué de petits Hop ! Hop !, il sauta jusqu’au sommet d’un arbre et débita quelques branchages asséché par l’astre solaire.
Résultat de dizaines d’années de pratique, le feu fut levé en moins de cinq minutes, embaumant l’air d’une légère fumée odorante. Assit en tailleur, il commença sans tergiverser à s’occuper de la marmite en peaux et de la pierre à griller. Entre deux coup de louches, il tendit un carnet à Purnendu. En cuir épais et résistant, il se trouvait garni de croquis de plantes entrecoupées de recettes associés. Loin d’être ordonné, le carnet/herbier était à l’image de son propriétaire.

-Tiens, tu peux commencer à le feuilleter si tu veux. je suis sur que le guérisseur en toi saura apprécier mon travail…

La légère odeur commençait déjà à faire saliver le Gourmet et très vite un autre grondement de ventre s'ajouta au sien.

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Sa haute et massive silhouette se crispa légèrement alors qu'il avait le museau plongé dans les nombreuses sacoches, à la recherche de ses provisions. L'arrogance du noiraud commençait à lui échauffer les moustaches et il avait bien envie de lui plonger une seconde fois la tête dans le limon ! Peut-être qu'avec tous les nutriments dans le sol, il alimenterait enfin correctement son cerveau. Ravalant ses pulsions belliqueuses, Purnendu vint plutôt saisir une sacoche de cuir graissé et se redressa pour l'ouvrir à la vue de l'autre pour lui révéler plusieurs filets bien dodus de poissons séchés. Ils venaient de Calastin et étaient issus des eaux douces de quelques fleuves qui se jetaient dans l'océan, pour cette raison leur chair avait un goût assez fort bien qu'elle soit blanche et très tendre. Le graärh cendré lui abandonna les filets cristallisés de sel avant de retourner fouiller dans les tréfonds de ses sacoches usées par les nombreux voyages et intempéries. Ce fut d'une voix acerbe et moqueuse qu'il répliqua après un autre silence :

« - Oh oui... je ne doute pas que la maîtresse des Cérémonies de la Légion Vat'Aan'Ruda connaisse sur le bout des griffes toutes les légendes et contes uniquement transmis dans la lointaine Légion Vat'Em'Medonis. »

C'était probablement mesquin, mais il ne pouvait s'empêcher de remettre l'autre à sa place. A l'entendre, la Légion de Néthéril était meilleure en absolument tout ! on l'avait prévenu, mais il fallait réellement le vivre pour y croire. Enfin, il faut dire qu'avec un climat aussi clément et une terre aussi fertile, il était facile de se croire avantagé sur tous les autres domaines. L'arrogance du noiraud l’agaçait, mais il éprouvait aussi une certaine forme de jalousie pour ceux nés sur cette île d'abondances et de splendeurs. Toutefois, sa fierté l'empêchait de renier totalement Paadshail et pour rien au monde ne troquerait-il la froide et immuable beauté de l'Inlandsis pour une vie oisive dans les savanes dorées. Prenant le temps de se calmer un peu, il arrangea le contenu de ses sacs avant de revenir vers son hôte qui finissait d'allumer le feu. L'odeur du bois brûlé éveilla instinctivement en lui un sentiment de sécurité et vint lui ouvrir, par suite logique, une grande appétence culinaire. Si Jangali disait de vrai ne serait-ce que la moitié de ses promesses, alors il allait goûter à quelque chose de très bon. Pour aider le lié-vache à fournir le meilleur service possible, il lui tendit plusieurs sachets de toile contenant divers épices issus des îles qu'il avait visité jusque là.

« - Les rares habitants d'Upajaoo font pousser de nombreux fruits acides et amers, aux chairs juteuses et colorées. Les écorces aident à tenir les insectes à l'écart lorsqu'on les brûle, mais il est aussi possible de les sécher et de les infuser ensuite pour avoir un breuvage fruité et rafraîchissant ! »

Il montra des écorces d'oranges, puis révéla des dattes et des figues séchées avec enthousiasme. Il comptait bien rapporter ces merveilles à son Aaleeshan et lui conter tout ce qu'il avait appris de nouveau. Il donna principalement à Jangali du romarin, du thym et du laurier, autant d'herbes récupérées au sud de Khokhattaan dont le terrain plus rocailleux en raison de sa proximité avec Upajaoo rendait la cueillette de pareils épices plus aisée que sur l'île désertique en question.

« - Qu'est-ce c'est ? »

Le carnet était une richesse que peu possédaient dans leur peuple. Il fallait beaucoup de temps et de ressources pour le confectionner. Les pages étaient en papyrus, reliées par des tendons alors que le cuir était traité contre l'humidité avec une graisse particulière. Admiratif, il vint s'installer sur le flanc et roula un peu dans l'herbe sèche avec un roucoulement mélodieux de satisfaction. Un vent tiède soufflait à l'ombre de leur campement et il feuilleta le carnet avec beaucoup de précaution et de respect.

« - Je vois... Je vois ! C'est très intéressant tout ça. Les utilisations de certaines plantes sont pour toi uniquement gustatives, mais pour moi la majorité sont purement médicales. Associer les deux ne serait pas une perte, bien au contraire. Si l'on travaille là dessus et que l'on combine nos connaissances, je suis sûr que l'on pourra en bénéficier tous les deux, qu'en penses-tu ? Ça t'intéresserait ? »

Il releva le museau vers lui et ne cacha pas son enthousiasme et son excitation. Sa queue ondoyait par dessus son dos en un arc paresseux et terriblement soyeux, nuage angora bercé par le vent et ses mouvements languides. Ses oreilles étaient dressées, ses babines gonflées alors que ses pupilles s'étaient arrondies et fixaient sans ciller le noiraud.

« - … Hn ! Ça sent bon. »

Il ferma le cahier, le posa bien en sécurité, puis approcha pour regarder ce que l'autre avait eut le temps de préparer pendant sa lecture. Purnendu se lécha la truffe avec gourmandise et vint s'accroupir à côté du cuisinier dans l'attente docile du repas.

« - Je peux te montrer plus tard mes propres recherches ? Les herbes que tu as utilisé et qui sentent si bon... je n'en fais que des infusions âpres ou amères... d'ailleurs, c'est ainsi que j'ai récupéré mon titre ! »

Il eut un léger sourire en coin, haussa des épaules pour dédramatiser ce qu'il allait dire et souffla :

« - Sur Paadshail, l'on me connaît comme l'Âpre-Cendre. Je ne vois pas du tout pourquoiii~ ! »

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La prolifération de nouvelles saveurs venues des quatres coins de l’archipel était un véritable bonheur pour Jangali. Si chaque repas était pour lui un défi d’originalité chaque fois renouvelé, l’ajout de nouvelles saveurs dans son répertoire culinaire était un plaisir inestimable. Bon certes, avec toute ces nouvelles découverte, une pointe de jalousie pointait aussi son nez. Si la cuisine était une passion chez lui, son devoir de chasseur envers la Légion l’empêchait de prendre ses affaires et de voyager à travers les autres îles. Il devait bien avouer qu’il était un peu envieux de Purnendu, qui de par sa fonction qui nécessitait un savoir approfondi, avait pu entreprendre ce voyage seul. Néanmoins, la vision des étendues d’eau mouillée s’étendant à perte de vue entre les îles lui rappela très vite pourquoi il n’était pas aussi pressé de partir lui aussi. Le simple attrait culinaire n’était pas une raison assez forte pour qu’il ne se tente à traverser…

Entre le doux crépitement des flammes et le bruissement des pages, Jangali était concentré sur son potage. Beaucoup des fruits des autres îles contenaient une quantité raisonnable d’eau, permettant au Gourmet d’en extraire un bouillon qu’il assaisonna de divers épices, associant les meilleures d’entre elles dans une alchimie complexe que seul un palais développé pouvait connaître. La viande de smilodon se gorgeant peu à peu du jus épicé et les morceaux de poisson se dégorgeant de leur graisses emprisonnés, formaient un plat à la fois consistant et digeste. Terminant la cuisson à feu plus doux, il se tourna vers son acolyte. Sa proposition d’association n’était pas folle en soi.

-Si la Vache m’a bien appris quelque chose toutes ces années, c’est que cuisine et médecine étaient souvent plus proches que ne le pense. Même si j’ai quelque peu délaissé mes connaissances en herboristerie au profit de la bonne victuailles, je serai ravi de coopérer pour créer de nouvelles recettes délicieuses et curatives.

Chaque fois qu’il parlait nourriture, sa queue s’agitait de mouvements d’excitation. S’il y avait bien quelque chose que l’on ne pouvait lui reprocher, c’était bien la transparence de ses émotions. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’il éclata de rire quand l’autre se vanta de son titre. Il s’avait que les remèdes n’était en général pas très bon, mais à croire ses dires, il avait réussit à élever cette amertume à de nouveaux horizons !

-Et bien, je pense qu’il vaut mieux “Apre-cendre” que “Lape-cendre” non ?, glissa-t-il hilare.

Un silence gênant s’installa suite à son jeu de mot. Piteusement , il tendit un bol au Cendré, les oreilles couché. Peut-être était-ce trop tôt pour qu’il ne se tenta à faire des jeux d’esprit avec quelqu’un qui ne connaissait pas encore bien son humour. Il s’éclaircit la gorge et détournant le regard:

-Tiens, manges tant que c’est chaud…

Cependant, Jangali n’était pas du genre à se laisser aller à la morosité et pendant que les deux graärh mangeaient l’excellent repas, il le questionna joyeusement, sa bonne humeur reprenant vite le pas sur sa blague vaseuse.

-Bien, dis-moi Boule-de-Poils, par où veux-tu commencer ton exploration ? Par la savane, que je connais comme ma griffe ? Par le canyon, par les marais ?
Bien sur, ils devraient passer par la Légion pour répondre de la présence de Purnendu sur Néthéril. Mais au vue de la réputation du Gourmet, Jangali ne se faisait pas de soucis. Il avait été fidèle envers la Légion depuis toujours, on le lui refuserait pas quelques vacances tout de même.

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Entendre Jangali approuver sa proposition de collaboration vint lui faire gonfler la fourrure du poitrail et de la queue, cette dernière tressaillant d'ailleurs par petits spasmes d'aises et de contentement alors que lui-même affichait un sourire et poussait un vague roucoulement de contentement. Il avait craint de se prendre un refus tant l'idée pouvait paraître absurde, mais fort heureusement pour lui le chasseur était béni par l'Esprit de la Vache ! Son désir de cuisiner et de parfaire cette maîtrise l'inclinait à se montrer curieux dans ses recettes, mais aussi à satisfaire tous les besoins de ceux qui viendraient à goûter ses plats. Purnendu le regarda montrer sa passion sans filtre ni retenue et pouffa un peu de rire avant de se joindre à son rire avec autant de bonne humeur et de soulagement. Le commentaire qui suivit, cependant, manqua de le faire s'étrangler alors qu'il avalait de travers sous la surprise. Une main plaquée sur le devant de son museau pour s'empêcher de recracher tout l'air de ses poumons à la face de son pauvre vis à vis, il le fixa avec des yeux ronds alors qu'un long silence gênant s'instaurait entre eux. La déformation taquine de son titre l'avait pris totalement de court et l'humour plus que douteux dont faisait preuve Jangali le laissait dubitatif.

« - … Oui, merci pour le repas. »

Il prit le bol sans y penser et vint souffler la surface pour lui faire baisser la température, ne pouvant manger que des choses tièdes tant sa langue était proche des félins et ne supportait pas les aliments brûlants. Truffe baissée dans le récipient, il finit par en laper plusieurs gorgées et utilisa ses griffes pour pincer les bouts de viandes qu'il gobait avec gourmandise. C'était la première fois qu'il dégustait un plat de ce calibre et bien vite sa queue s'enroula autour de ses jambes alors qu'un profond ronronnement de satisfaction lui échappait. Même si l'humour du cuisinier était à revoir, ses compétences étaient indéniables ! Heureusement, la chaleur ambiante l'empêcha de demander un second service et il vint s'étirer lorsqu'il eut lécher le moindre recoin de son bol, l'estomac plein et l'humeur soudain paresseuse. La série de questions lui fit hausser les sourcils et retrousser les babines en un sourire amusé alors qu'il s'allongeait dans l'herbe brûlée avec un long soupir.

« - Déjà, tu seras gentil de ne pas m'appeler comme ça... je pourrais me vexer. »

Comme si ! Le surnom avait certes ce côté mignon que l'on réservait aux chatons ou aux enfants, mais dans la gueule de Jangali, il y sentait une affection sincère et en rien portée par un désir d'humiliation. Il lui lança un regard en coin et lui balaya le visage d'un langoureux coup de son plumeau angora avant qu'il ne peigne son poitrail à coup de griffes pensives.

« - Je pense que le plus urgent serait de nous rendre à la Légion pour que je me présente et obtienne l'autorisation officielle de l'Aaleeshan pour parcourir ses terres. Je n'ai pas envie de me faire traquer comme du gibier. »

Il ferma les yeux et se lécha les babines, récupérant les dernières saveurs de son repas avec gourmandise.

« - Du coup, comme l'on sera sur les collines qui surplombent la savane, autant parcourir cette dernière. Je suis sûr que l'on trouvera quelques herbes et racines comestibles. Ensuite l'on pourra se diriger vers le Canyon et terminer avec les Marais. »

Il roula sur le flanc, s'étira encore un peu avec paresse, puis parvint à se convaincre de bouger pour venir aider au rinçage et au rangement des ustensiles de cuisine. Pour remercier son nouvel ami de ce délicieux repas, il se proposa pour offrir une infusion rafraîchissante aux feuilles de thé qu'il vint arrondir avec du sirop de canne à sucre récupéré lors de sa halte à Upajaoo. Une fois la collation finie, il alla chercher son buffle et le brossa de la sueur séchée avant de lui remettre son équipement sur le dos ainsi que ses sacoches. Lui-même s'assura de boire tout son saoul avant de remplir ses outres en peau de chèvre et d'humidifier les voiles qui couvraient sa tête et ses épaules du terrible soleil.

L'après-midi était bien entamée lorsqu'ils reprirent leur route au travers de la savane, s'enfonçant dans les terres chaudes de l'île. Silencieux et concentré sur sa marche, Purnendu finit rapidement par tirer une longue langue rose, gueule ouverte et dos courbé sous le poids de l'inconfort qui cuisait sa pauvre silhouette. Sa taille ainsi que sa fourrure ne lui rendaient décidément pas hommage dans ce climat ! Aussi, l'ombre fraîche des collines qui froissait l'interminable horizon d'herbe jaune fut plus que la bienvenue et il s'effondra contre un rocher avec un long soupir épuisé. Le soleil déclinait et le ciel s'embrasait de magnifiques couleurs, pourtant le sol et l'air restaient aussi sec et chaud, chargé de poussière.

« - Haaaa... que la toundra me manque ! Même l'Inlandsis me paraît moins cruel. »

Prenant son outre, il bu de longues gorgées avant de venir se mouiller le front et la nuque avec un vague feulement d'aise quand sa fourrure humide de sueur fut rincée et rafraîchie. Le graärh à la fourrure de cendre prit le temps de se reposer un peu avant de suivre le chasseur Jangali jusqu'aux abords de la Légion. Les pieux hérissés vers l'extérieur ainsi que les murs constitués de pailles et de glaise séchée apportaient aux fortifications des allures féroces qui firent couler dans l'échine de l'étranger un frisson d'inquiétude. S'il mettait une patte là-dedans, il ne pourrait plus en ressortir sans l'accord des guerriers. Si sa rencontre se passait mal, il était fichu. Il était à présent évident que malgré sa réputation, Vat'Aan'Ruda n'était pas uniquement constituée de feignants et de grandes gueules soûlardes. Prenant soin de se désarmer pour entrer dans l'enceinte protégée, il resta silencieux aux côtés du félin tigré et approcha de l'immense bâtisse qui formait le cœur du village et contenait l'élite du peuple des savanes.

Lorsqu'il ressorti de là, Purnendu avait l'impression d'avoir plus de poils blancs que de gris ! L'angoisse lui avait fait claquer des crocs à plusieurs reprises et il avait cru se liquéfier sur place lorsqu'il avait tendu la missive de sa propre Aaleeshaan à celle qui dirigeait les terres sur lesquelles il se tenait. Tout ce qui lui était resté, lors de la lecture silencieuse, c’était le vœux que sa dirigeante n'avait pas pêché d'arrogance et involontairement insulté sa consœur ; il tenait à l'intégrité de son cuir ! Au final, tout se passa bien et Purnendu offrit plusieurs cadeaux à la femelle, souvenirs des îles qu'il avait visité et des tribus ainsi rencontré. A son tour, il récupéra un laisser-passé contre l'assurance qu'il partagerait toutes ses découvertes et traiterait les graärh de cette île avec le même professionnalisme que ceux de sa propre terre natale. Soulagé au delà des mots, le guérisseur se laissa glisser au sol et observa le ciel nocturne avec un vague sourire aux babines. Appuyé en arrière sur ses mains, il replia les pattes contre son torse et posa le museau contre ses genoux. Un soupir échappa à sa truffe alors qu'il se perdait dans la contemplation des astres. Enfin l'air s'était rafraîchie et il ne restait que la chaleur des torches qui brûlaient à l'entrée de chaque hutte et bâtiment, portant dans l'air le crépitement et le parfum du bois brûlé.

« - Merci de t'être porté garant, Jangali. Sans toi, je suis persuadé que les négociations ne se seraient pas aussi bien déroulées. »

Il baissa les yeux vers le fauve rayé et lui offrit un sourire éblouissant, révélant ses trois paires de canines alors qu'il venait affectueusement enrouler sa queue autour de sa taille, le plumeau caressa son ventre distraitement.

« - Puis-je te demander un dernier service pour aujourd'hui ? Je t'avoue que je suis épuisé avec toute cette marche et la chaleur ! Pourrais-tu m'indiquer le bâtiment communautaire afin que je puisse y dormir ? Sinon, je sortirai pour lever ma tente aux pieds des murs... Aaah, j'ai tellement envie d'un bain. »

Il se lécha le dos d'une main, puis se frotta les moustaches avant de recommencer à se lécher pour cette fois venir frotter l'arrière de ses oreilles effilées. Les yeux mi-clos, il détourna la truffe pour contempler la place vaste et animée à cette heure où les repas s'achevaient et où les graärh s'assemblaient autour de feux et de brasero pour discuter et partager maintenant que la température avait baissée.

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Le trajet de retour avait été un moment fort amusant pour Jangali. Si le noiraud était à l’aise en foulant ces terres qu’il avait arpenté des années durant, ce n’était pas le cas de son ami cendré. Terré dans un mutisme de concentration, il peinait à s’acclimater aux températures caniculaires de la savane. Ce fût donc Jangali qui fit la conversation tout le chemin durant. Abreuvant son compatriote d’anecdotes plus ou moins utiles sur la vie dans la savane, ils avançaient à bon rythme, soutenus par les pas réguliers du buffle.

- Haaaa... que la toundra me manque ! Même l'Inlandsis me paraît moins cruel.
Le Gourmet rit un bon coup en lui donnant une petite tape amicale sur l’épaule. Le   touffu n’en menait pas large, et la situation inverse serait probablement tout aussi hilarante.

-Haha, ne t’en fais pas vas. On est bientôt arrivés. Et qui sait, si c’est pas la chaleur qui te tuera, c’est peut-être mon Aaleeshaan.

Ricanant de sa petite boutade, ils finirent par arriver au village. De nombreux regards suspicieux les accueillirent mais la présence du Gourmet suffit à la plupart pour apaiser tout soupçons. Le chasseur était un original mais fidèle et digne de confiance après tout.

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La rencontre avec Sa’Hila s'était, du point de vue du chasseur, passé sans encombre. à la différence de l’ancienne Aaleeshaan, elle était plus bienveillante. Stricte et impressionnante, mais aussi juste et ouverte. Il ne fut donc pas surpris qu’elle accepta que le guérisseur n’arpente leur terres avec Jangali comme guide. Le temps de cette audience, le soir était tombé et le cuisinier avait fort à faire.  Abandonnant quelques instants Purnendu, il rejoignit les autres Vache-liés, déjà affairés à la cuisson d’un énorme pachyderme.

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-Mais pas de quoi, Boule de poils. Je t’avais dit que notre Kamda accepterait.

Assis en tailleur, l’os finit par craquer sous la mâchoire puissante du gourmand, libérant l’accès à la précieuse moelle. Avec un plaisir non dissimulé, il en suçota l’intérieur. La requête du cendré retroussa ses babines en un sourire espègle.

-Roh voyons, je ne vais pas t’abandonner au communautaire. Tu dormiras chez moi. Urjiida et Harshiit ne sont pas encore rentrés, ça ne posera pas de problèmes. Suis-moi !

Tout en souplesse, il se releva et tendit la patte à Purnendu. Leur différence de poids n’aidant pas vraiment, c’était l’intention qui comptait. Une fois les affaires de Purnendu récupérés, ils se fauflilèrent à travers le dédales du village et finirent par arriver au domicile du Gourmet. L’influence du spirite de la Vache était palpable. Si l’étage en mezzanine servait de chambre à coucher, le rez-de-chaussé embaumait les épices et fourmillait de multiples pots en terre cuite tout aussi odorants. Seuls les râteliers d’armes vides et le feu éteint témoignaient de l’absence de vie dans l’habitation.

-Poses-toi tranquillement et reposes toi autant que tu veux. On partira dans deux jours. Je veux bien te montrer les bains, mais tu ne m’en voudras pas si je ne partage pas ton intérêt pour l’eau hein ?

Montrant l’exemple, il se délesta de toute affaires encombrantes et alluma le foyer, diffusant une chaleureuse lumière. Il fit également chauffer un peu d'eau, assez pour préparer une tisane sucrée et apaisante. Se saisissant d'une carte en cuir de smilodon, il fit un petit point géographique à l’Âpre-cendre.

-On longera cette rivière, montra-t-il de la griffe une large ligne noire filant plein ouest. Elle prend source directement des Canyons. Ses abords sont une vraie mine de nature également. De là, on partira pour les abords des Marécages mais pas plus loin, plus d'un graärh plus doué que moi y est déjà passé.

Avisant son ami bailler allègrement à croc déployés, il roula la carte et sourit.

-Allez, on bon bain et au panier !

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