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15 Novembre 1762

Une étrange routine commençait à prendre forme. Chaque matin, il s'en allait récolter des plantes médicinales fraîches à quelques foulées du camps, connaissant assez la flore pour ne pas gaspiller les précieuses heures à sa disposition en recherches futiles. Lorsqu'il revenait, il usait de son savoir de guérisseur ainsi que son esprit-lié du raton-laveur pour concocter de puissants remèdes et cataplasmes qu'il confiait ensuite aux baptistrels, médecins et mages médicaux qui œuvraient dans la tente. Aux heures les plus chaudes, il battait en retraite dans la tente qui lui était allouée afin de se reposer, manger et méditer. Il ne rechignait pas à recevoir des visites pendant ces périodes, mais elles devaient avoir une raison précise autre que le badinage. Bien sûr, ni Aldaron, ni Ivanyr étaient soumis à cette règle tacite car le graärh se plaisait toujours en leur présence et ce, malgré les incidents survenus quelques jours plus tôt. Lorsque la température baissait, Purnendu s'en allait prendre un bain et brossait sa fourrure avant d'enfiler une tenue légère malgré la saison. Son épais poil ne souffrait pas du froid, du moins pas celui auquel il se confronterait sur cette île. La chaleur, la sueur et les parasites lui étaient bien plus nocifs et il n'était pas rare de voir le fauve cendré venir tresser des feuilles de citronnelles dans sa crinière.

En fin d'après midi, il effectuait généralement une seconde sortie dans les bois épais pour aller chercher quelques fruits tardifs, noix fraîches et racines juteuses. Il préparait ensuite un gruaux au lait de brebis, puis agrémenté de miel et des ingrédients de sa récolte du jour avant de s'en aller vers l'immense tente de l'hospice. C'était là que les infirmières étendaient les linges bouillis et stérilisés, là que les plantes médicinales étaient séchées et surtout là que les orphelins passaient le plus clair de leur temps. Ils souffraient pour beaucoup de fractures, d'amputations et d'autres blessures aussi impressionnantes que saisissantes pour des corps aussi petits et fragiles. C'était justement cette fragilité qui avait joué contre eux dans cet incident, mais le traumatisme le plus lourd était la perte de leurs parents, la destruction de leur maison et l'oublie progressif du goût de leur vie d'antan ; simple et insouciante. Alors Purnendu les avait pris sous son aile et passait plusieurs heures à leurs côtés. Il leur donnait le gruaux en collation sucrée, puis s'asseyait avec eux pour jouer les grosses peluches. Avec sa fourrure propre et bien brossée, il ravissait les enfants qui se blottissaient contre lui et jouaient avec sa longue queue pour y accrocher rubans et grelots avec quelques rires encore timides.

Il leur racontait principalement des histoires, des légendes ou simplement décrivait les grandes étendues d'ailleurs. Par tous les moyens, il tentait de les distraire de leur misère et offrait finalement une ronronthérapie groupée, accueillant les petits dans ses pattes pour un grand câlin. Il les berçait et faisait leur toilette à grands coups de langue. Pour certains, il changeait leur bandages, aidait à ressouder des os ou à calmer des souffrances physiques. Son sort unique accélérait quant à lui la régénération des corps fatigués, mais aussi le repos des jeunes esprits. Lorsqu'ils s'endormaient, il les veillait alors tendrement et révisait pour sa part les connaissances obtenues grâce aux autres médecins stationnés à Cordont. Enfin, quand le soleil déclinait, il commençait à rapporter les enfants dans leur tente et les bordait avant de retourner vaquer à ses propres affaires. Il y avait toujours Ivanyr à surveiller et le Bourgmestre à épauler psychologiquement. Il le sentait à bout de nerfs, usé par une vie qui ne lui avait probablement jamais convenue et qui, aujourd'hui plus que jamais, lui pesait énormément. Alors il l'écoutait, prenait le rôle de confident et orientait ses doutes et ses hésitations vers d'autres voies, d'autres choix. Il ne savait pas si cela ferait la différence au final, mais prêter une ou deux paires d'oreilles ne faisait jamais de tort.

En ce matin brumeux, la routine avait été la même. Le gruaux fumait encore dans le plat qu'il transportait depuis sa tente jusqu'à l'arrière de l'hospice. Sa haute silhouette ne passait pas inaperçue, que cela soit à cause de sa fourrure de cendre ou sa taille et carrure impressionnantes. Surveillant ses pas, il mit quelques secondes à réaliser qu'une paire d'yeux le fixait avec insistance et finit par relever la truffe en direction d'une fine et délicate silhouette. Il dressa les oreilles puis esquissa l'ombre d'un sourire qui se voulait engageant, veillant à ne pas montrer ses crocs dans le retroussement de ses babines. Il s'agissait d'une femelle assez jeune, à peine formée à l'âge adulte si il se référait à ses lectures sur l'anatomie humaine. Car c'était bien ce qu'elle était : une humaine. Des cheveux blond, une peau de pêche et des yeux bleus. Le vent ne soufflait pas en sa faveur, il ne pouvait donc pas capter son parfum unique, véritable empreinte olfactive pour ceux de sa race. Alors Purnendu se contenta de pencher la tête de côté, la détailla avec grande attention avant de fixer un moment la tente d'Hospice, puis de revenir à elle. De sa voix profonde et ronronnante, il l'interpella :

« - Tu as faim ? Alors viens, il y en aura assez pour tout le monde. »

Ses habits semblaient d'excellente facture et il ne voyait aucune blessure physique sur son être. Cependant, l'on ne pouvait pas leurrer le graärh qui voyait dans les yeux doux de la petite humaine un trouble profond et beaucoup de tristesse. Avait-elle perdue des proches ? C'était très probable vu les circonstances sinistres de Cordont. Et quand bien même elle n'était pas orpheline ou en deuil ! Si un cœur soupirait, il ne pouvait pas feindre l'ignorance. Avec ce sourire indéfinissable aux lèvres, il l'invita encore à l'approcher, puis à l'accompagner vers l'arrière de l'immense tente.

« - Aujourd'hui, j'ai trouvé des noisettes et des mûres. Elles sont tardives et un peu acide, mais avec du miel, je suis sûr qu'elles seront appréciées par les enfants. »

Très content de sa trouvaille, sa longue queue angora ondoyait dans son dos à la façon d'un point d'interrogation indolent.

« - Les feuilles sont déjà en train de sécher, je pourrais m'en servir pour faire de puissantes infusions contre les maux de gorges ou les débuts de diarrhées. Avec le froid, vous autres humains avez tendances à développer ce genre de syndromes... quelle idée de ne pas avoir fais pousser plus de fourrure sur vous. »

Taquin, il lui fit un clin d’œil avant de se courber pour passer sous les grands cordages qui servaient à étendre le linge. Aujourd'hui, ils étaient pratiquement vides et le fauve songea à les transformer en aire de jeu lorsqu'ils auront terminé leur repas.

« - Oh d'ailleurs, je m'appelle Purnendu. Je suis un guérisseur. Enchanté de faire ta connaissance, sona batan (1). »

* * * * *
(1) Sona batan : Bouton d'or.

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Luna avait quitté de bonnes heures sa tente, car des rêves agités avaient su la tirer de son sommeil. Même si ce n’était qu’un songe, le cauchemar n’était pas si irréel que cela. Il suffisait de sortir de sa tente pour découvrir un paysage dévasté. Il n’y avait plus les corps qui jonchaient un peu partout, mais le souvenir était là. Les recherches n’étaient pas terminées et sous les débris, on espérait encore trouver des gens vivants… ou même défunts pour leur offrir de nobles funérailles. Un peu plus tard, la dragonnière irait aider à balayer les débris. Mais pour l’instant, elle voulait qu’Alkhytis se repose. Il le méritait.

La jeune femme déambula dans ce qu’il restait de Cordont. Ses azurs accrochèrent les tentes qui servaient d’hospice. L’endroit était tranquille. Avaient-ils besoin d’aide? Elle n’était pas une guérisseuse et elle n’avait pas les talents des Baptistrels, mais elle avait quelques habiletés pour fermer les plaies. Elle apprenait rapidement sinon. Elle ne savait pas trop, mais elle s’avança tout de même. Peut-être pourrait-elle prendre des nouvelles des rescapés?

Elle s’arrêta brusquement et se mit à fixer intensément le Graärh sans se rendre compte de son impolitesse. C’est qu’il était grand! Il ne l’intimidait pas. Ce n’est pas de la crainte qu’elle ressentait à son égard, mais plutôt de la curiosité. Concrètement, elle n’avait jamais cotoyé les premiers habitants de Tiamaranta. Elle détourna le regard, gênée, lorsqu’il la couvrit de ses émeraudes. Mais qu’est-ce qu’il faisait? Il lui souriait! Luna lui répondit par un grand sourire.

- Ah. Euh… Balbutia-t-elle comme réponse.

La faim n’avait su la tirailler durant les derniers jours. Mais oui, elle avait faim quand elle y pensait. Elle ne sut dire non à son offre et se vit le suivre. Elle acquiesça d’un signe de tête quant au miel pour les mûres et les noisettes. Croyait-il qu’elle était une enfant? Elle laissa passer la question en silence.

- J’ai pourtant essayé. Dit-elle.

La princesse des lumières lâcha un petit éclat de rire. Le guérisseur avait su la mettre à son aise par son langage corporel.

- C’est un plaisir de faire votre connaissance, Purnendu. Je m’appelle Luna. Se présenta-t-elle, en ne manquant pas de sourire.

Il parlait particulièrement bien, c’était étonnant. Parlaient-ils tous aussi bien? Il s’était présenté comme guérisseur et cela avait suscité plusieurs questions en elle qu’elle fit taire par politesse. Elle n’avait pas envie de le bombarder de questions. Elle ne s’avança pas non plus sur son propre rôle. Savait-il qu’elle était une princesse sélénienne? Cela avait-il une importance pour lui? Elle ne voulait pas prendre cette chance, surtout qu’elle n’y accordait pas une grande importance elle-même.

L’humaine n’eut pas besoin de se pencher pour passer les cordages. Elle entra dans la tente et découvrit un endroit peuplé de vie : de nombreux enfants, entre cinq et quinze ans selon son premier regard, interagissent entre eux. On lui tendit un bol qu’elle accepta volontiers.

- Merci. Dit-elle doucement.

Il contenait la même chose que celui des enfants, c’est-à-dire du gruau, des fruits et des noix, avec une touche sucrée. Du miel, probablement. Son estomac se mit à danser joyeusement au rythme des cuillère qu’elle prenait. Jamais elle ne prit la peine de se demander si c'était empoisonné.

- C’est succulent. C’est vous qui faites ça? Demanda-t-elle. Je peux vous aider avec quelque chose? S’enquit-elle.

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Il ne pu s'empêcher de la couver du regard, car elle était adorable à ne pas savoir comment s'exprimer voire se comporter en sa présence. Était-il possible qu'il soit le premier graärh qu'elle rencontre ou bien lui paraissait-il intimidant ? Peut-être était-elle tout simplement timide ? Le fauve cendré espérait de tout coeur qu'il s'agisse de la seconde hypothèse, sans quoi une révision de sa méthode d'approche avec les jeunes bipèdes allait être de mise. Heureusement, l'éclat de rire accompagné d'une réplique pleine d'humour surent apaiser ses craintes et il laissa à son tour filer un roucoulement léger. Si elle gardait un esprit aussi vif, alors ils avaient toutes les chances de très bien s'entendre. S'arrêtant à l'entrée de la tente de toile blanche, il baissa ses yeux d'absinthe sur elle et pencha légèrement la tête de côté en une posture songeuse et intéressée. Devait-il al complimenter pour la mettre à l'aise ? Il ne savait pas si l'approche fonctionnerait, mais cela ne coûtait rien d'essayer.

« - Si tu avais une fourrure de la même couleur que tes cheveux, je suis sûr que beaucoup de mâle se disputeraient tes faveurs. Tu ressembles aux fleurs qui poussent au printemps, sur les champs de cette île. Cette couleur est inhabituelle chez nous. L'on dirait même un petit éclat de soleil tombé du ciel. »

Le ton était léger, voire légèrement amusé alors qu'il tenait le lourd récipient d'un bras afin de tendre l'autre pour soulever l'épaisse toile cirée afin que sa jeune accompagnatrice puisse entrer la première. Il était sincère quant à ses paroles, éprouvant une fascination grandissante pour les cheveux des nouvelles races. Tant de nuances, de textures et de parfums ! Des boucles soyeuses aux longueurs lisses quasiment liquides sous les coussinets... il adorait ça. Avec un soupir, il entra à son tour et contempla l'agitation qui s'offrait immédiatement à eux. L'intérieur de la tente n'était pas bien vaste puisqu'il s'agissait d'une annexe à l'Hospice. Il y avait une quinzaine de lits poussés contre les parois de la tente, oreillers empilés n'importe comment et draps froissés, voire souillés par les plus jeunes qui avaient encore des soucis à passer les nuits sans accidents. Les enfants quant à eux portaient tous le même pyjama en toile simple, parfois trop grands, mais qui avaient le mérite de tenir chaud en cette période transitoire avec l'hiver se renforçant.

Purnendu signala sa présence d'un miaulement enjoué et aussitôt tous les enfants interrompirent leur activité pour se précipiter autour de lui avec des cris et des piaillements excités. Deux petites filles s'accrochèrent à sa longue queue angora afin d'y enfouir leur frimousse avec des gazouillis d'extase alors qu'un garçon prenait de l'élan pour lui sauter sur le dos et s'accrocher à une paire de cornes. Le poids plume de la marmaille ne fit pas broncher l'immense fauve qui se contenta de ronronner distraitement alors qu'il déposait le plat de gruaux sur une table au centre de la petite pièce. Dans un baquet humide du précédent lavage, il y avait une pile de bols et de cuillères en bois que le graärh attrapa au fur et à mesure qu'il effectuait le service. Chaque enfant avait droit à une portion proportionnelle à son âge et donc, par conséquent, à ses besoins nutritifs.

Luna eut droit au même traitement et quand il ne resta plus une goutte de lait dans le plat, Purnendu s'estima satisfait et vint s'asseoir en tailleur à même le sol. Quelques enfants vinrent se percher sur ses cuisses pour s'adosser à son poitrail puissant donc l'épaisse fourrure offrait le meilleur des coussins. Attendrit, il surveillait la petite troupe d'un regard tendre, mais redressa les oreilles quand il entendit la voix douce de l'humaine s'adresser à lui. Un instant surpris par le compliment, il se fendit de ce sourire singulier et pourtant expressif qu'était le retroussement de ses babines.

« - Oui, c'est bien moi qui ait préparé ce repas. Je suis d'ailleurs bien content qu'il te plaise. »

Il avait appris sans mal que la majorité des bipèdes ayant de belles tenues tendaient à favoriser des mets plus délicats et coûteux. Entendre un tel compliment d'une petite femelle aussi propre sur elle revêtait d'autant plus de valeur. Appuyé sur ses deux mains, buste légèrement penché en arrière, le graärh continua de l'observer longuement alors qu'il réfléchissait à sa proposition. Ne la connaissant pas, il ne pouvait pas lui donner n'importe quelle tâche. D'un autre côté, il serait bien injuste de refuser son aide sur ce simple constat. Il lui fallait donc trouver un entre-deux et, irrémédiablement, ses yeux glissèrent sur l'épaisse crinière blonde de Luna avant qu'il ne tourne son regard sur les cheveux emmêlés et sales des petits orphelins. Une idée fit aussitôt jour dans son esprit et il poussa un vague roucoulement satisfait.

« - J'ai bien une tâche à te confier ! »

Il attendit cependant que les enfants finissent leur repas et se leva ensuite pour remettre un peu d'ordre dans les lits. Purnendu veilla à retirer les draps ou les paillasses tâchées et s'assura que tous les enfants se couchent pour faire une sieste réparatrice maintenant qu'ils avaient le ventre bien réchauffés et remplis par le gruaux. Faisant signe à Luna de le suivre à l'extérieur, il tendit les oreilles vers la tente pour s'assurer de n'entendre que des souffles profonds et réguliers, puis s'adressa de nouveau à elle :

« - J'aimerai que tu m'aides à les laver. »

L'air grave, il déposa le linge sale dans un grand baquet de bois ferré, rendu soigneusement imperméable pour servir autant de bain aux enfants que de récipient pour y laver, justement, les tissus.

« - Je ne peux pas m'en charger à cause de mes griffes... et je crois savoir qu'il est mal vu dans vos mœurs que je m'en charge à coups de langue, comme j'aurais instinctivement tendance à le faire. »

Une notion qui lui paraissait totalement absurde puisque le râpeux de sa langue avait autant le mérite de déloger toute saleté et parasites, mais aussi de revigorer le système sanguin et donc la santé du petit ainsi toiletté ! M'enfin, c'était là les coutumes des bipèdes et il n'allait pas les discuter quand bien même ça le chiffonnait en l'état. Avec un soupir, il poursuivit :

« - J'ai aussi entendu des petites sangloter au réveil parce qu'elles n'avaient plus les tresses que leur mère avait l'habitude de leur faire... une chose que je n'ose pas engager, car encore une fois, à je ne voudrais pas les écorcher par inadvertance. Crois-tu pouvoir t'en charger ? J'ai récolté ici et là des bandes de tissus pour décorer leurs cheveux ou les leur attacher... je sais que nos femelles aiment bien s'orner la fourrure de la sorte et j'ai vu des femmes à Caladon qui faisaient pareil. »

Tout en discutant, il avait fais quelques aller et retour au puits communautaire le plus proche afin de remplir une paire de seaux et ainsi mouiller le linge. Accroupit devant le grand baquet, il attrapa une pierre de savon et commença à frotter énergétiquement les zones souillées. Il resta un moment silencieux, songeur avant qu'il ne souffle avec tristesse :

« - Un corps sain aide à restructurer un esprit et seuls les Esprits-Liés savent combien ces pauvres petits en ont besoin ! Se sentir propre et jolie aidera chacune des fillettes qui le désirera. Quant autres petites, je leur apprends à se battre avec les garçons afin de leur rendre un sentiment de contrôle sur leur vie et l'assurance que la prochaine fois, ils ne seront pas de simples victimes passives. »

Il releva le museau vers elle et lui offrit un sourire.

« - Penses-tu pouvoir m'aider avec ça ? »

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- Merci. Répondit Luna.

L’océan se jeta à ses pieds puisque gênée par les compliments du Graärh. Il était définitivement gentil et elle l’appréciait. Elle releva cependant la tête, une lueur maligne glissée dans son regard.

- En fait, j’espère qu’il n’y aura pas de mâles qui voudront se disputer pour moi, sinon ma fleur flamboyante leur donnera un bon coup de pied. Crois-moi quand je te dis qu’il ne faut pas la mettre en colère. Répondit-elle en souriant.

Bien sûr, la métaphore voulait que la fleur flamboyante soit Orfraie, sa fiancée. Luna n’avait aucune idée de la façon que les Graärh acceptaient les relations de même sexe et avait préféré rester vague. S’il advenait qu’elle devienne bonne amie du guérisseur, alors cela deviendrait une autre histoire et cela lui ferait plus que plaisir de le présenter à Orfraie.

Le bourdonnement dans la tente faisait plaisir. Les enfants s’amusaient, ça il n’y avait aucun doute. S’ils pouvaient un peu oublier leurs soucis et les troubles régnant dans le trou qu’était Cordont, alors c’était pour le mieux. La jeune femme eut droit à un bol tout comme chaque enfant. Elle le mangea doucement, essayant de deviner d’où provenaient toutes les saveurs qu’elle goûtait. En tout cas, c’était délicieux et elle ne manqua de le mentionner au chef cuisinier.

Quelle tâche voulait-il lui accorder? Sa curiosité fut bien piqué et Luna le suivit à l’extérieur. Laver les enfants? Pourquoi pas! Elle serait à la hauteur de la tâche. Elle lâcha un petit ricanement lorsqu’elle eut l’image de Purnendu donnant des coups de langue pour laver les enfants. Elle plaqua rapidement ses mains sur sa bouche par peur de faire trop de bruit et de réveiller les petits. Cependant, par la suite, son coeur rata un bond. Le Graärh remarqua-t-il l’inquiétude se glisser dans ses prunelles? Son inconfort apporté par le mot Caladon ne dura qu’une fraction de seconde puisqu’elle préféra penser qu’il n’y avait là aucune machination. Mais était-ce réellement le cas? Loin l’envie de sombrer dans la paranoïa. Elle répondit à son sourire par un grand sourire. Non, Purnendu ne semblait rien avoir de méchant.

- Compte sur moi! S’exclama-t-elle.

Ils avaient installé une bassine à l’extérieur que Luna avait remplie et réchauffée grâce à la magie. L’intimité avait été assurée en accrochant stratégiquement des draps. La princesse des lumières s’empara d’une barre de savon parfumée qu’elle avait dans son sac et chaque enfant eut droit à son tour. Ils eurent tous droits à un bain personnalisé, mêlé de chansons, de petites histoires, de joutes dans les bulles, d’effets lumineux grâce à son sort unique ou de papotages. L’idée était que le moment soit le plus agréable possible et qu’elle fasse mieux connaissance avec les gamins.

S’occuper d’orphelins… Elle en était certainement capable. Cela lui rappelait un peu le temps où elle avait dû s’occuper des orphelins de la bataille de l’Aube Rouge. C’était il y a longtemps, mais elle se rappelait encore clairement les détails. Elle retrouvera ce vieux sentiment de culpabilité d’autrefois. Après tout, c’était en grande partie par sa faute que les ennemis avaient pris l’avantage dans les souterrains. Elle chassa ses vieux souvenirs d’un sourire.

Lorsqu’un enfant ressortait, elle le recouvrait d’une serviette chaude qu’elle avait réchauffée avec sa magie. Elle ne voulait surtout pas qu’ils aient froid. Puis il allait rejoindre Purnendu et un autre ressortait à son tour. Lorsque le tout fut enfin terminé, elle rentra à l’intérieur. Elle se sentait fatiguée, mais cela en valait la peine à voir la tête des enfants qui s’amusaient avec le Graärh. Elle vint s’asseoir à ses côtés.

- J’espère avoir été à la hauteur de tes attentes. Lui murmura-t-elle. Ne t’inquiète pas, ils s’en sortiront très bien. Je crois en eux et ils sont bien entourés.

Les gens pensaient parfois qu’un enfant sans parents n’arriverait à rien de bon, mais ils avaient torts. L’important c’était de bien être entouré et de ce qu’elle voyait, Purnendu faisait bien cela. En matière d’orphelins, Luna connaissait bien le sujet puisqu’elle en était une elle-même.

- Venez que je vous brosse les cheveux! S’exclama-t-elle.

Elle avait pris sa propre brosse dans son sac. Quelques enfants, surtout des filles, venaient à elle pour qu’elle s’occupe de leur chevelure.

- Tu veux bien m’apporter tes bandes de tissus, Purnendu? Demanda-t-elle gentiment.

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L'entendre lui donner son accord soulagea le graärh bien au delà des mots et un soupir échappa à ses babines alors qu'une tension quittait soudainement ses larges épaules. En guise de remerciement, il se contenta de hocher sobrement du chef et se concentra ensuite sur sa tâche. Ne désirant pas délayer une minute de plus la toilette des enfants, il se dépêcha de finir la lessive et utilisa ces mêmes draps afin de créer une zone intime pour le bain des enfants. Bien vite, le linge battait doucement sous la brise, diffusant dans l'air son odeur de savon légèrement aromatisé d'huiles essentielles. Le bac de bois fut vidé, rincé et ré-utilisé pour servir de baignoire improvisée à la petite tribu piaillante et gazouillante d'enfants excités par l'activité qui leur fut proposée à la fin de leur sieste. Purnendu observait l'eau mousseuse et fumante que la jeune humaine avait chauffé à l'aide de sa magie et ne pu s'empêcher d'être légèrement envieux. Une telle capacité serait d'une aide précieuse à Nyn-Tiamat ou même à Néthéril et ce, autant pour stériliser l'eau que pour servir dans la vie de tous les jours... pourrait-il lui demander un enseignement des bases ? Non, ce serait sûrement une gêne pour elle que de devoir s'occuper d'une tâche aussi ingrate. De plus, ils ne se connaissaient pas encore suffisamment pour qu'une telle faveur lui soit accordée et de son côté, qu'aurait-il à lui offrir ? Pas grand chose.

Décidant de mettre de côté ce projet farfelu, Purnendu alla chercher plusieurs serviettes ainsi que toute une pile de vêtements propres pour que les enfants puissent se rhabiller dès leur sortie du bain de sorte à ce qu'ils n'attrapent pas froid. Ces petites créatures étaient dépourvus de la moindre protection ! Quelle idée de venir au monde aussi nu. Le grand fauve s'installa sur un banc de pierre et attendit que les orphelins sortent un à un de la salle d'eau improvisée pour les réceptionner et les enrouler étroitement dans la serviette chaude que Luna leur servait dès qu'ils étaient aussi propre qu'un sou neuf. Il s'occupait alors de les frictionner, puis de sécher leur tignasse et de la leur brosser avant de les aider à s'habiller chaudement. N'ayant que des linges pour le séparer de la jeune femelle et du bac d'eau, il entendait ses chants, ses histoires et entrevoyait les lumières de ses sortilèges. Les enfants quant à eux s'écriaient de joie, riaient et s'extasiaient avant de rechigner à quitter la jolie princesse. Certains firent des caprices, mais il suffisait à Purnendu d'émettre un léger feulement réprobateur pour qu'ils décampent de la salle de bain pour se ruer entre ses pattes et s'excuser pour ne pas être punis. Oh la punition n'était pas bien terrible : tout coupable finissait dans la tente et était privé de jeux ou de câlins pendant une durée déterminée selon la gravité de leur bêtise.

Heureusement, la présence de Luna aida à ne pas créer de conflits pour aujourd'hui et lorsque tous les orphelins furent préparés, Purnendu alla vider l'eau savonneuse du bac et l'étendit à l'envers afin qu'il sèche et qu'aucune colonie de champignon ne s'installe à son tour entre les planches de bois humides. Mains sur les hanches, il observa les enfants qui jouaient à l'intérieur de la tente, cette dernière agréablement chauffée par un brasero apporté entre temps. Ils n'avaient pas grand chose pour se distraire, aussi le graärh veillait-il à occuper leur esprit avec les entraînements en plus de forger leur corps en croissance à une vie plus saine. Lorsque Luna fut à ses côtés, il lui offrit un sourire et posa une large main sur ses cheveux filés d'or pour les lui caresser avec affection.

« - Merci beaucoup. Tu nous as offert bien plus que je ne l'avais demandé. »

Les mots furent lacés d'un ronronnement léger avant qu'il ne se redresse et ne saisisse une sacoche glyphée pour être sans fond. Plongeant la paluche à l'intérieur, il fouilla quelques instants jusqu'à trouver la poignée de rubans dont il avait fais mention un peu plus tôt. Il s'agissait de bandes de tissus un peu froissées aux couleurs variées. Il y avait principalement de la laine et du chanvre, mais aussi un peu de dentelles et même quelques tissus plus précieux. Les petites filles s'extasièrent sur la trouvaille et commencèrent à piocher dedans, puis à se tourner vers la princesse pour réclamer telle ou telle coiffure. Il y avait principalement des demandes de tresses ou de couettes, parfois une simple queue de cheval ou des mèches torsadées sur les tempes pour empêcher la chevelure de gêner leur vision. Un silence paisible tomba sur la tente alors que certains enfants retournaient dormir et que d'autres s'occupaient simplement avec des jouets recyclés et usés. Ceux qui ne pouvaient pas tenir en place étaient en train de courir dehors, criant et riant alors qu'ils étaient plongés dans leur univers d'imagination fertile. Sans hâte, Purnendu observait les petites filles se faire coiffer, captivé par le jeu des mains délicates qui couraient dans les mèches encore humides. La variété de couleurs chez les bipèdes le fascinait toujours autant et ses pupilles se dilataient pour n'être que d'immenses cercles noirs qui ne laissèrent qu'un fin cerceau d'absinthe à leur périphérie.

Un petit tiraillement dans sa fourrure lui fit à peine cille une oreille et il fallu que l'inconfort se reproduise pour qu'il daigne détourner son attention pour se focaliser sur la cause... et ne découvre deux petites femelles qui étaient en train de tresser l'angora de sa queue. Un moment interloqué, il ouvrit la gueule pour leur demander d'arrêter, mais à les voir aussi enthousiastes et émerveillées, il n'osa pas leur enlever ce plaisir innocent. Un soupir échappa à sa truffe alors qu'il ourlait ses babines en un sourire blasé et ne détourne la tête pour faire mine de n'avoir rien vu. Il les entendit glousser et poursuivre leur farce, transformant son appendice en une rangée de petites tresses et torsades. Une autre fillette trouva l'idée géniale et se faufila dans son dos pour attaquer sa crinière dorsale, gazouillant pendant son exercice. Purnendu roula des yeux, mais cette fois encore se contenta de subir en silence l'outrage alors qu'il échangeait un regard résigné avec la jeune princesse. Un moment plus tard, il prenait la parole avec douceur afin de ne pas réveiller les petits qui somnolaient sur leur couchette.

« - Tu nous as beaucoup aidé aujourd'hui. Si tu le souhaites et surtout si tu en as l'occasion : n'hésites pas à revenir. Je ne serais pas toujours là, mais je suis sûr que les enfants adoreront de te revoir. »

Il hésita, puis ajouta :

« - Je ne sais pas ce qu'il faut pour les aider davantage. Mon peuple n'éduque pas les petits comme vous le faites. Cette notion de famille, ce lien viscérale qui cause tant de peine lorsqu'il est rompu ; nous ne le connaissons pas. »

Il tendit une main pour caresser les cheveux d'une enfant qui leva la tête et attrapa de ses petits doigts les griffes mortelles du graärh et sans la moindre crainte, elle se contenta de les enrouler avec un ruban de tissus, comme une protection. Songeur, Purnendu lui abandonna sa main comme il avait abandonné sa fourrure à présent hirsute de tresses maladroites et tordues. Sa voix profonde aux roulements caressants et chauds, n'avait aucune trace d'amertume ou de reproche.

« - Nos femelles choisissent leurs mâles selon des critères bien précis, basés sur leur caste et les besoins de la tribu ainsi que leurs propres goûts. Elles s'occupent des petits jusqu'à leur sevrage, puis c'est au tour du mâle de les récupérer et de les former à leur prochaine vie. Pour information, je n'ai presque aucun souvenir qui me permettrait d'appeler « maman » celle qui m'a engendré et lorsque je l'ai revue des années plus tard, elle ne m'a pas identifié comme étant son « fils », mais comme un membre de la tribu, au même titre que les autres. Quant à mon géniteur, qui m'a élevé pendant presque six ans, est davantage un ami et un mentor qu'autre chose.
Sommes nous réellement des animaux, comme la majorité de votre peuple le pense ? Est-ce que notre manque d'attachement filiale nous desservira sur le long terme ?
 »

Les enfants finirent par s'éparpiller et Purnendu contempla le massacre ingénu dans sa fourrure. Avec un lourd soupir, il fouilla dans sa sacoche afin d'en tirer un peigne en écailles de tortues qu'il commença à passer sur les zones sinistrées pour s'éviter de finir aussi frisé qu'un graärh lié à l'esprit du Mouton. Un vague sourire cynique étira ses babines alors que son regard d'absinthe se lustrait de mélancolie.

« - Lorsque j'ai perdu ma tribu face aux raides vampiriques, j'ai éprouvé de la peine bien sûr, mais surtout énormément de colère et d'indignation... voire un profond sentiment d'impuissance. Malgré l'ampleur du drame, je n'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi fort que ces enfants ou que tous les bipèdes qui ont vécu cette catastrophe, ici à Cordont. Lorsque je vois les yeux hagards de certains, rougis de larmes et hantés par le chagrin et les cauchemars, je me demande si la façon dont nous sommes éduqués est un atout ou un inconvénient...
La force que vous tirez de vos valeurs familiales m'ont parfois fais envie, surtout lorsque je vois combien cela vous apporte de la force et alimente vos convictions, mais à côté de cela il y a ce déchirement à la perte d'un être aussi précieux, sans oublier cet l'orgueil des héritiers d'une dynastie qui obtiennent tout le labeur de leurs parents simplement parce qu'ils partagent le même sang et ce, sans jamais avoir fais leurs propres preuves...
 »

Il tressaillit et releva vivement la truffe en direction de la jeune fille, réalisant tout juste qu'il était encore en train de philosopher et probablement de la noyer sous des considérations au mieux ennuyantes et au pire totalement déplacées. Une grimace penaude courba ses babines, laissant voir une seconde paire de canines courbées derrière les premières.

« - Je m'excuse, l'on m'a déjà fais remarqué que j'avais tendance à … philosopher. On peut parler d'autre chose si ça te gêne. Mh... Une idée ? »

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La tâche était loin d’être terminée. Le sourire aux lèvres, Luna regardait les jeunes enfants désormais tout propres s’installer devant elle pour qu’elle crée des chefs d’œuvre dans leur tignasse. C’était majoritairement des fillettes, mais il y avait quelques garçons également. Ceux qui n’étaient pas intéressés s’amusaient à autre chose ou somnolait. Ils avaient choisi leurs rubans avec soin. Cependant, ils se tiraillèrent à savoir qui serait le premier sous les doigts de la princesse.

- Suffit! Si vous continuez comme ça, je ne pourrai faire de tresses à personne. Les menaça-t-elle. Vous aurez tous droit à votre tour, je vous le promets. Finit-elle sur une touche plus douce.

Ils avaient vraiment envie que Luna les coiffe, car ils se calmèrent en quelques secondes. Elle débuta par la dernière enfant qui était passée dans la baignoire. Elle avait de longs cheveux roux qu’elle brossa avec délicatesse pour ne pas les lui tirer. Sa demande spéciale : quelque chose de joli. Elle sourit à la demande qui lui donnait carte blanche. La princesse des lumières n’était pas la coiffeuse la plus douée et n’était pas capable de faire des coiffures extravagantes, mais elle savait se débrouiller. Elle lui fit une couronne en tresses et joignit ses rubans blancs. La gamine parut satisfaite du résultat et la remercia d’une étreinte.

Luna gloussa en même temps que les enfants lorsqu’elle les vit s’attaquer à la fourrure du Graärh. Il fallait bien qu’ils s’occupent en attendant leur tour! Et impossible de leur en vouloir en voyant des étoiles briller dans leurs yeux. Ces enfants étaient définitivement mignons. Comme elle l’avait promis, chaque enfant eut droit à son tour. Larges tresses, petites tresses, chignons, couettes, queues-de-cheval ou simples brossages, elle acquiesça à toutes les demandes.

- Je reviendrai. J’ai eu beaucoup de plaisir. Murmura-t-elle. Luna s’était déjà attachée à toutes ces frimousses. Les enfants seraient-ils heureux de la revoir à quelques reprises? La prochaine fois, je viendrai peut-être avec Alkhytis. Je suis certaine qu’il aimerait ça venir ici. Les gamins seraient sûrement impressionnés de voir un dragon et elle savait déjà que ce dernier prendrait un plaisir fou à s’amuser avec eux. Personne ne semblait d’ailleurs avoir remarqué qu’elle était la princesse sélénienne et dragonnière de cuivre. Ce n’était pas dans ses intentions de le cacher, mais pas plus de le crier sous tous les toits non plus.

Les enfants s’étaient éloignés. La blonde ne put empêcher son sourire moqueur d’apparaître sur ses lèvres.

- Je peux? S’enquit-elle.

Ses doigts délicats se donnèrent comme mission de libérer Purnendu de tous les rubans et ils débutèrent leur travail par ses griffes. Pendant qu’elle s’affairait à retirer les créations des enfants, elle l’écoutait attentivement.

- Je suis désolée… Prononça-t-elle doucement. Ses mots ne ramèneraient pas les morts cependant. Elle n’était pas directement liée aux raides vampiriques, mais si les gens de l’ancien continent n’étaient pas venus à Tiamaranta, rien de tout cela ne se serait produit. Je pense que c’est l’inconnu qui effraie les gens. De base, je dirais que la majorité des gens sont fermés d’esprit. On avait déjà du mal à s’entendre entre humains, elfes et vampires. Ajouter les Graärh, c’est sûr que ça n’aide pas. Je ne vais pas parler pour les autres, mais je pense pas que vous êtes des animaux. Ce n’est pas comme ça que je vous considère en tout cas. Tu philosophes même plus que moi! Dit-elle en ricanant légèrement. Ça ne me gêne pas vraiment. On peut parler pour parler… Je sais pas trop pour le sujet. C'est sûr que j'aimerais mieux te connaître. J'avoue que tu es le premier Graärh à qui je parle réellement.

Luna n’était pas du genre très philosophe. Elle venait d’enlever le dernier ruban sur son dos et lui passait désormais la brosse pour défaire les nœuds qui s’étaient formés. En espérant que ça ne le dérangeait pas et qu’elle ne tirerait pas trop fort sur un nœud récalcitrant.

En tout cas, c’est vrai que la famille est importante pour la plupart d’entre nous. On a besoin de ce sentiment d’appartenance. Mais en réalité, ça n’a pas besoin d’être un lien de sang. Prononça-t-elle. Elle s’assura de baisser le ton pour qu’aucun enfant ne l’entende. Je suis moi-même orpheline. J’ai été dévastée par la mort de mes parents. Mais j’ai eu la chance d’avoir de bonnes personnes pour m’aider. J'ai réussi à passer au travers et j’ai eu quelque sorte une nouvelle famille. D’ailleurs, ces enfants…? Ils vont leur arriver quoi? Qui les prendra en charge, est-ce déjà décidé? Demanda-t-elle.

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Son regard couva les petites silhouettes qui s'éloignaient en piaillant vers la cour. A l'ombre de la tente, les fillettes comparèrent bien vite leurs coiffures et se mirent à jouer avec les rubans tandis que les garçons brandissaient des bâtons et s'inventaient des aventures figurant des combats incroyables entre les draps étendus. Laissé seul avec la jeune femelle aux cheveux d'or, Purnendu poussa enfin un long soupir, vidant aussi bien ses poumons que la tension accumulée en ses larges épaules. Quand bien même adorait-il ces enfants bipèdes, il avait toujours éprouvé la peur viscérale de les blesser et sans le réaliser, l'appréhension s'était accumulée au fil des jours, finissant par le crisper des pattes aux oreilles et gonfler son cœur d'une crainte toute paternelle. Ils étaient si frêles ! Sans fourrure, sans crocs et sans griffes ; ils avaient déjà plus de six ans pour certains et étaient encore minuscules, impuissants et guère préparé à vivre par eux-même. C'était à se demander comment les Humains pouvaient être une race si destructrice avec une progéniture aussi éphémère et délicate. Ou alors peut-être que le problème était justement cette peur d'une mort constante, une course effrénée à la survie et l'achèvement d'un but, quel qu'il soit. Une vie si courte et si précaire que la race en était venue à détruire et dominer tout ce qui se mettait en travers de son chemin, n'ayant pas le temps pour s'essayer à d'autres méthodes ?

Regard ombré par ses pensées profondes, Purnendu tressaillit légèrement lorsqu'il sentit les doigts délicats de Luna qui effleuraient ses mains. Un léger spasme secoua ses phalanges et les griffes courbes manquèrent d'écorcher la peau tendre, velouté, de la petite princesse. Heureusement, le fauve possédait suffisamment de sang-froid pour éviter cet incident et il baissa alors les yeux sur la jeune fille, l'observant platement quelques secondes avant qu'il n'accepte son aide d'un léger hochement de tête. Cela ne servait à rien d'hypothéquer les raisons qui poussaient la race humaine à s’autodétruire de la sorte. Il ne possédait pas encore suffisamment d'information pour conclure des théories pertinentes. Il lui fallait définitivement rejoindre ce « Domaine Baptistral » où se concentrait le savoir des colonies. Là-bas, il obtiendrait de nombreuses réponses ainsi que de précieuses informations. Ensuite ? Et bien, il suffirait de passer à l'étape suivante de ses projets. Pour l'heure, la présence de Luna lui enlevait une sacrée épine du coussinet et il ce sentiment de quiétude méritait d'être savouré à sa juste valeur. Les yeux clos, il émit un bas ronronnement de confort lorsque les mains graciles de l'humaine couraient dans son épaisse fourrure, retirant les rubans et défaisant les tresses. Sa voix était plaisante, claire et mélodieuse, elle donnait envie d'être entendue accompagnée d'un instrument à vent comme une flûte. Que donnerait ce timbre si elle s'essayait à parler le graärh ? Probablement rien de bon, comme il l'avait rapidement réalisé avec Ivanyr et Aldaron. Les cordes vocales des bipèdes n'étaient définitivement pas faites pour parler leur langue, toutefois la pugnacité de ses amis à s'y exercer méritait tout son respect. C'était d'ailleurs uniquement pour cette raison qu'il poursuivait leur enseignement.

« - Je ne sais pas jusqu'où remontent vos origines, mais nous connaissons les nôtres. Serais-tu intéressée par cette Histoire ? »

Il pourrait lui parler de la fière tribu des Smilodons, des étoiles et des Esprits Sacrés. Partager sa culture avec un auditoire de cette qualité ne le dérangeait absolument pas, bien au contraire. La culture de son peuple était orale et, comme Luna venait très justement de le faire remarquer ; la peur était l'engrais du doute et du rejet. Si au travers d'elle il pouvait éclairer d'autres personnes sur la véritable nature des graärh, alors chaque parti en ressortirait gagnant ! Un vague sourire étira ses babines alors qu'il arquait le dos sous le brossage exquis qu'il recevait. Les nœuds tiraillaient son cuir, faisant bondir la fourrure par petits spasmes agacés et sa longue queue ne tarda pas à battre le sol, venant parfois s'enrouler ou s'appuyer langoureusement contre le flanc de Luna. Silencieux un instant, Purnendu finit par dresser les oreilles et courber la tête sur le côté en une posture pensive et légèrement interloquée. La question que lui posait l'humaine était singulière et il ne su, tout d'abord, pas quoi lui répondre.

« - Et bien, je ne sais pas. »

Il fronça les sourcils et se tourna légèrement vers elle, usant de la souplesse innée aux félins pour l'observer sans avoir à se soustraire à son brossage. Ses yeux d'absinthe la clouèrent d'une fixité intense, semblant la décortiquer alors qu'il réfléchissait aux mots qu'il devrait employer concernant un sujet aussi absurde qu'épineux. Il devait lui expliquer, sans quoi il paraîtrait trop abrupte.

« - Non, disons plutôt que je n'y avais pas réellement réfléchi. Tu vois, comme dans notre peuple la réponse est évidente, elle ne m'était pas venue à l'esprit. J'ai bêtement présumé qu'il en était de même dans toutes les autres cultures, mais le simple fait que tu me poses cette question me montre combien je me suis trompé. »

Il marmonna quelque chose dans sa langue natale, posant une main par dessus son museau avec une expression mitigée, presque catastrophée alors qu'il secouait lentement du chef de droite et de gauche.

« - Lorsque les parents sont rendus aux Esprits et qu'ils laissent derrière eux des petits, le reste de la Tribu vient naturellement en prendre soin. S'ils ne sont pas encore sevrés, nous trouvons une femelle qui est en gestation ou qui a déjà mise bas et les orphelins lui sont alors confiés. Bien sûr, vu la charge que cela représente, une aide est apportée à la graärh sous forme de nourriture ou encore de matériel. Dans le cas où les petits sont déjà sevrés, ils sont alors confiés à un mâle qui est libre et capable d'assumer cette charge. »

Il se réinstalla confortablement, gratta son poitrail d'un geste pensif alors qu'il reformulait mentalement ses prochaines explications, essayant d'être le plus clair possible.

« - Les enfants sont le futur de toute race. Ils portent le poids d'une terrible responsabilité, celle de continuer notre héritage, de préserver nos mémoires et nos coutumes. Ils apprennent par notre enseignement, paient le prix de nos erreurs d'hier, mais ils récoltent nos efforts d'aujourd'hui afin de construire un avenir pour demain. Un enfant est innocent dans le fait que sa venue en ce monde n'est pas de son choix. Il est du nôtre, poussé par un esprit de conservation ancré jusqu'au plus profond de nos fibres.  Il est ainsi évident que nous ne pouvons pas les ignorer lorsque le temps tourne mauvais. Ce serait un acte de déshonneur. »

Il regarda les enfants qui piaillaient, couraient et se chamaillaient. Certains restaient cependant à l'ombre, l'euphorie des coiffures et des jeux rapidement estompée. Il fixaient alors le vide d'un air hanté, l'esprit brisé par les événements récents, la peur au cœur et les nuits pleines de cauchemars. Des rêves qui continuaient à les poursuivre le jour, gluants et collants. D'autres enfants se contentaient d'être maussades et jouaient à peine ou repoussaient rapidement ceux qui venaient les chercher, s'isolant pour ne pas gâcher l'ambiance, se sacrifiant pour le plus grand nombre. Ils étaient les plus mâtures, défaits de leur candeur et forcés dans le monde adulte par la mort et l'abandon. Ils avaient des expressions graves, un regard tourmenté. Le cœur de Purnendu se serra et il courba un peu des épaules alors qu'un lourd soupir secouait sa silhouette massive.

« - Pour répondre à ta question : je ne sais pas ce que ces enfants vont devenir. Je pense que le mieux serait de les mettre dans d'autres familles. Ils ne sont pas les seuls à avoir vu leurs proches disparaître, je suis sûr que nombre d'adultes ont perdu des enfants, qu'ils soient petits ou déjà en age de vivre par eux-même. Lorsque les choses se seront stabilisés, lorsque le village sera reconstruit, je pense qu'il serait mieux pour tout le monde si de nouvelles familles pouvaient voir le jour. Lorsque deux êtres sont blessés, il est toujours plus agréable de se lécher les blessures l'un et l'autre. »

Sa voix se fit plus grave, la peine et la mélancolie venant sourdre au creux des syllabes rauques.

« - Mais je ne sais pas si le coeur fondamentalement égoïste des bipèdes est capable d'un tel abandon de soit. Vous considérez les enfants comme des charges, des bouches inutiles à nourrir. Certains vont même abuser d'eux, les plier de corvées et leur donner le minimum à manger... les traiter guère mieux que des esclaves. Des outils... Combien trouveront un véritable foyer ? Combien seront davantage plongé dans la misère et l'horreur ? »

Un pli amer marqua ses babines et sa fourrure, le long de son échine, se gonfla d'une colère contenue.

« - Suis-je prêt à prendre le pari après avoir passé tant de jours à veiller sur eux ? Je ne sais pas, Luna... Moi aussi j'ai perdu toute ma tribu... j'ai perdu plusieurs de mes enfants, par ma faute. Je... Je ne veux pas que cela recommence. »

Le regard porté sur la cour, il ne voyait plus les enfants jouer, ni ceux qui s'isolaient. Il ne voyait que les petits corps transis et inertes entre ses grandes pattes, en cette nuit de blizzard voilà bien quinze ans auparavant. Une profonde tristesse marquait son regard, mais aucune larme ne mouillait ses mires. Sa physiologie ne le permettait pas. Du moins, pas pour si peu. Il finit toutefois par souffler, après une profonde inspiration qui l'aida à enterrer profondément ses souvenirs  :

« - Au fait, qui est Alkhytis ? »

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- Oh oui! Je serais très intéressée à connaître votre histoire! Répondit Luna d’une voix enjouée.

La jeune femme poursuivait la mission qu’elle s’était donnée, soit défaire le pelage du Graärh de tous les rubans et de tous nœuds. Elle pouvait sentir sous ses doigts la douceur de sa fourrure. Le poil était également épais. Il devait rarement souffrir du froid, ça c’était certain. Elle défilait délicatement la brosse sur son corps pour ne pas le tirailler. Elle tenait à ce que l’expérience soit agréable. Elle sourit également à le voir s’étirer ses babines sous ses coups de brosse. Jamais elle n’aurait imaginé un tel moment. Humains et Graärh pouvaient-ils s’entendre, voire cohabiter? Ou Luna et Purnendu formaient-ils l’exception à la règle? En tout cas, la princesse des lumières ne ressentait aucune animosité envers ce dernier et c’était un plaisir de l’entendre ronronner. C’était une belle musique à ses oreilles.

Luna l’écouta attentivement parler des mœurs et coutumes des siens. Les Graarh semblaient beaucoup axés sur la notion de tribu et semblaient former de grande communauté unie. C’était le cas des elfes, de ce qu’elle savait d’eux, mais c’était différent chez les humains. Ce n’était pas la communauté entière qui prenait soin des petits, c’était plutôt individualiste. Le père et la mère s’occupaient de leur progéniture avec l’aide de leurs proches et amis. C’était la théorie, car en effet, ce n’était pas tous les enfants qui grandissaient dans des milieux heureux comme le mentionnait Purnendu.

- Ce ne sont pas tous les bipèdes qui sont égoïstes… Prononça-t-elle d’une voix douce. J’aimerais te dire que tu as tort, mais tu as un point. Les humains ne sont pas tous gentils et altruistes. Cependant, je peux t’affirmer qu’il y a des hommes et des femmes qui cherchent à faire positivement une différence, qui prennent soins des autres et qui éteignent les feux du chaos. Ce serait de mettre tout le monde dans le même bateau que de dire que tous les humains sont méchants, perfides et profiteurs. Il y a des mamans et des papas qui rêvent de le devenir et de donner leur vie à ces petits bouts. Où le sourire de leur enfant est la seule récompense qu’ils désirent. Comme tu le dis, une nouvelle famille formée pourrait panser les blessures l'un et l'autre, le tout pourrait être bénéfique pour l'enfant et l'adulte. Elle prit une petite pause avant de poursuivre. Il y aurait sûrement moyen de demander l'aide d'un Baptistrel pour encadrer le tout. Pour s'assurer de mettre ces enfants dans une bonne famille et qu'il ne s'agit pas de personnes mal intentionnées. Je crois sincèrement que c’est une minorité qui considère les enfants comme une charge ou les traitent comme des esclaves. Mais il y en a… malheureusement.

Luna croyait sincèrement que tous ces enfants pouvaient encore avoir un bel avenir, mais ils devaient tous faire leur deuil avant. Perdre sa famille, c’était terrible. Un moment, elle se perdit dans ses pensées et continua machinalement à passer la brosse dans le poil de Purnendu. La plaie de son propre cœur se rouvrait à cette pensée. Le sourire de sa mère lui manquait tout comme ses douces berceuses. Elle se rappelait qu’elle aimait jouer dans sa chevelure dorée. La gamine d’autrefois la gardait longue pour qu’elle puisse s’y amuser même si c’était plus pratique de l’avoir courte pour faire les corvées. Jamais elle ne s’était sentie comme une esclave. Même si elle ronchonnait à l’idée, au final, elle appréciait s’occuper des animaux et prendre soin des terres aux côtés de ses frères. Ses souvenirs déterrèrent une vieille mélodie. Personne ne jouait de la vièle comme son père. Il n’avait pas le talent des Baptistrels, mais ça n’avait aucune importance dans cette petite maison où les rires entouraient fidèlement le foyer à chaque soir. Leur présence lui manquait terriblement. Un matin, tout s’était évanoui. Aussi rapidement qu’on soufflait sur une bougie.

- Hmm? Fit-elle en sortant de ses pensées. Oh! Alkhy! S’exclama-t-elle joyeusement. La mélancolie de son regard avait disparu. Il est le plus chouette dragon au monde! Je suis certaine que tu t’entendrais bien avec lui, il aime tout le monde. Il a un grand cœur et adore jouer. Il est facilement reconnaissable avec ses jolies écailles cuivrées qui reluisent au soleil!

Impossible de ne pas reconnaître tout l’amour qu’elle portait à son Lié dans sa voix. Le sourire de la princesse des lumières s'était élargi comme jamais.

- Je ne sais pas ce que je ferais sans Alkhytis. Il est tout pour moi. Un jour, ça te dirait le rencontrer? Demanda-t-elle.

descriptionVenez danser la graärh-andole [PV Luna] EmptyRe: Venez danser la graärh-andole [PV Luna]

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Ses oreilles tressaillirent alors qu'il l'écoutait parler, appréciant autant le timbre de sa voix que toute l'innocence et l'espoir que ses mots portaient en eux. Il ne pouvait nier ses propos, mais ne parvenait pas à s'y plonger avec autant de conviction. Il savait combien l'âme humaine était laide sur bien des aspects et comme il le lui avait dis quelques instants plus tôt, il n'était pas certain de vouloir risquer la sécurité des enfants sur la simple conviction que tout irait bien dans le meilleur des mondes. Il lui était aussi totalement impossible de les prendre à sa charge, car il n'était qu'un graärh pour tous les adultes qui chaperonnaient ces orphelins. Même avec une citoyenneté Caladonienne gracieusement offerte par le Bourgmestre, cela ne validait aucune de ses décisions, aucun de ses choix en dehors des murailles de la cité commerçante. Et encore, il lui arrivait de se confronter au racisme et à la ségrégation même dans les rues pourtant cosmopolites de la Revenante. De même, souhaitait-il réellement prendre tous les enfants sous sa patte et les protéger ? Il n'y connaissait rien à l'éducation humaine et ces petits monstres possédaient une croissance bien plus lente et laborieuse que celle des graärhons. Certains des orphelins avaient déjà passé les six printemps et là où ils seraient indépendants dans sa culture, ils étaient ici aussi dépendant et vulnérables que des faons. Était-il seulement prêt à abandonner plusieurs années de sa vie, voire une décennie entière, pour le bien de ces petits bipèdes ? Saurait-il seulement les préparer aux dangers de l'Archipel ? Oui, mais certainement pas selon les mœurs de leur race !

Un vague soupir lui échappa alors qu'il passait une main lasse sur son museau et peignait dans le même mouvement la fourrure de son poitrail, ayant gratté au passage sa gorge offerte. Ses yeux vagabondèrent sur l'intérieur pauvre de la petite tente commune, erra sur les rares jouets qui traînaient là et une nouvelle idée vint à fleurir dans un coin de son esprit. N'étant encore qu'une ébauche, il la laissa de côté pour l'instant et se concentra sur le sujet plus mélancolique et sinistre qu'ils clôturaient sur une teinte amère et hésitante :

« - Je sais que votre race n'est pas une cause perdue, mais... comme je te l'ai dis ; combien trouveront un véritable foyer et combien finiront dans une misère plus crasse encore ? »

Il sembla hésiter, puis hocha la tête par l'affirmative :

« - Si ces fameux baptistrels peuvent effectivement aider à trouver une famille convenable pour chacun des orphelins, alors je serais capable d'abandonner ma veille auprès d'eux sans plus de regrets. Mes nuits seront moins tourmentées si je les sais entre de bonnes mains. »

D'ici là, il ne se sentait pas de quitter Cordont. Il continuerait d'aider à l'Hospice et guérirait l'esprit endommagé de ces pauvres enfants par sa présence, mais aussi la Ronronthérapie. Il songea à sa conversation avec Ivanyr, au fait que l'Esprit sacré de l'Hippocampe serait aussi d'un grand secours dans le cas des victimes de la catastrophe ; s'il pouvait atténuer les souvenirs, les modifier juste assez pour qu'ils ne soient plus la cause d'angoisses et de traumatismes, alors il pourrait réellement s'estimer satisfait. Le silence qui suivit fut long et pensif, voire quelque peu gênant dans la hantise des souvenirs du passés, chacun plongé dans ces affres insondables pendant de longs instants. Enfin, lorsque la jeune femme reprit la parole pour s'extasier sur l'identité du mystérieux Alkythis, le graärh eut l'impression qu'un soleil venait d'entrer sous la tente. Que ce soit dans le sourire ou le regard de la dragonnière, son éclat lui réchauffa le cœur et chassa ses angoisses pour quelques moments. Inconsciemment, il se mit lui-même à sourire et sa fourrure frissonna alors que la tension accumulée par leur précédente conversation s'écoulait enfin. Apprendre qu'il s'agissait d'une de ces créatures de légende le prit de court et il haussa des sourcils tout en relevant les oreilles, abasourdit. Ainsi ces choses ailées existaient pour de bon !? Il en avait vaguement entendu parler à Caladon, mais rien de bien sérieux et étrangement le sujet avait toujours tourné court. Babines gonflées et vibrisses frémissantes, il pencha la tête sur le côté pour écouter avec davantage de curiosité la suite.

« - Alors c'est un dragon. »

Ses griffes retournèrent lui gratter le poitrail et il hocha du chef d'un air pensif, presque dubitatif.

« - Peux-tu m'en apprendre plus sur ces créatures ? Quelles sont leurs terres d'origines ? Quelle est leur histoire !? »

Il se tourna à moitié vers elle, posant une main près de la hanche de Luna, il la surplombait dans l'ombre massive de sa silhouette. Ils étaient presque museau contre nez et les yeux irréels du grand fauve scintillaient d'une curiosité insatiable. Ses pupilles s'étaient dilatées sous l'excitation d'un sujet encore inexploré et ses quatre oreilles tressaillaient au moindre souffle qui échappait à Luna. Le fauve à la couleur de cendre sentait la citronnelle et le musc plus riche et profond des félins. Sa queue angora s'était enroulée autour de la taille fine de l'humaine, plumeau battant contre sa gorge en une caresse enjouée et innocente.

« - Peuvent-ils parler de façon cohérente, comme nous ? Quelle est leur situation vis à vis des autres races ? Possèdent-ils une ville forgée à leur image ? Si oui, peut-on la visiter ? Comment prennent-ils le fait que leur cuir, écailles et ossements peuvent être vendus au marché comme des ingrédients magiques de grand luxe ? Est-ce une de leur monnaie d'échange ? »

Il émit un bas grognement et retroussa légèrement ses babines, laissant voir les crocs puissants et carnassiers qui reposaient sous le vélin de sa gueule.

« - Ont-ils aussi subit l'esclavage ? Non, de ce que j'en ai entendu, c'est presque l'inverse... vous vous battez pour eux, non ? Sont-ils réellement des créatures de magie, liés intrinsèquement à la trame ? Ont-ils des Esprits-Liés, comme nous ? »

Il s'arrêta abruptement, réalisant un peu trop tard combien son comportement pouvait être intrusif et oppressant. Avec un sursaut, le graärh se redressa et s'écarta pour laisser la pauvre humaine à nouveau seule et capable de respirer sans l'avoir quasiment à dos.

« - Excuse-moi... Je ne voulais pas... Enfin... »

Purnendu soupira et se gratta la nuque, oreilles couchées et l'air sincèrement penaud, presque gêné par ses actions.

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Il n’existait que la joie lorsque Luna tournait ses pensées vers Alkhytis. L’amour qu’elle ressentait à son égard était puissant et leur lien était indestructible. C’est comme cela que la jeune dragonnière le ressentait en tout cas. Il était sa moitié et tant qu’elle le saurait à ses côtés, elle savait que tout irait bien. Elle acquiesça d’un signe de tête en guise de réponse à Purnendu. Oui, Alkhytis était un dragon. Quelle était son opinion envers ces créatures draconiques et quel était celui des gens de son peuple? Elle était curieuse de connaître la réponse, car elle avait entendu dire qu’il n’y avait pas de dragons sur Tiamaranta avant l’arrivée des Ambarhùnais. Comme quoi les Tiamarantais n’avaient pas besoin de ces créatures magiques pour s’épanouir et qu’ils n’avaient jamais connu la notion de dragonniers ou de lien.

La jeune femme éclata d’un rire cristallin. La réaction de Purnendu qui la bombardait de questions la faisait rire, d’une bonne façon. Il était impatient d’en savoir plus. Il voulait tout savoir sur les dragons. Mais était-elle la bonne personne pour lui répondre? Probablement pas la meilleure, mais c’était elle qui était là. Elle lui sourit gentiment.

- Ça va me faire plaisir de répondre à toutes tes questions, Purnendu! Lui répondit-elle. Je ne sais pas tout, loin de là. Il y a tant de choses à savoir sur les dragons, je ne pense pas pouvoir répondre à tout, mais je vais faire de mon mieux. Alkhytis sera sûrement en mesure de t’en dire plus que moi ou encore si jamais tu croises ces grands dragons ayant vécu loooongtemps. Alkhy est encore très jeune, il va avoir quatre ans en janvier.

Elle lui sourit gentiment et s’amusa à faire usage de sa magie. Soufflant dans ses mains, elle forma une petite forme lumineuse aux reflets cuivrés et lui donna la forme d’un minuscule dragon, son Alkhy. Bientôt quatre ans… C’est fou comment le temps passait vite. Elle avait l’impression en y repensant que c’était hier qu’elle caressait son œuf dans les montagnes enneigées de l’ancien domaine baptistral.

- Tu vas me trouver décevante : je ne connais pas leur histoire. Poursuivit-elle. Luna et l’histoire, ce n’était pas son fort non plus. Je ne crois pas que les bipèdes connaissent très bien l’histoire des dragons. D’où je viens, sur le continent d’Ambarhùna, on raconte que les dragons y étaient déjà présents avant même l’arrivée des autres races. Les dragons viendraient d’ailleurs, d’un autre continent, mais à quoi ça ressemble, comment c’était et ce qu’ils y faisaient, faudra demander à un dragon venant de là pour le savoir. Il y a Verith, Keetech et Nynsith, mais je sais pas s’ils voudront y répondre. Lui expliqua-t-elle.

Elle prit une petite pause pour arranger ses idées.

- Je pense que ce serait plus facile à comprendre si je te parle de deux types de dragons : les liés et les non liés. Vois-tu, Alkhytis et moi, nous sommes liés depuis sa naissance. C’est un concept un peu difficile à décrire, mais c’est un Lien qui nous unie de façon permanente, un peu comme si on ne formerait qu’un. Je sais en permanence où il se trouve, comment il se sent, je peux communiquer avec lui à distance et vice versa. On ne peut simplement pas vivre sans l’autre! Dit-elle. Alkhytis, c’était son souffle de vie. Que ferait-elle sans lui? Ses journées perdraient ses couleurs et deviendraient grises. Combien de dragons s’étaient enlevés la vie après avoir perdu son dragonnier, ou le contraire? Mais ce n’était pas toujours le cas. Il y a la liaison dès la naissance du dragon, comme moi et Alkhytis. Et la liaison plus tard par choix, comme Cynoë et mon frère. Il y a aussi ceux qui ne sont pas liés du tout. Ce ne sont pas tous les dragons qui voient le Lien d’une bonne façon.

Luna aimait imager ses paroles avec ses formes lumineuses. Une petite silhouette et un dragon cuivré la représentait. Ensuite, une silhouette masculine et un dragon mauve. Pour finir, elle avait représenté un dragon rouge lorsqu’elle avait fait référence au dragon qui n’aimait pas le lien. Ce n’était pas un secret que Verith détestait les liens qui unissaient dragons et bipèdes.

- Oh c’est vrai! Tu avais demandé comment ils communiquent. En fait, c’est par la pensée. Ils peuvent transmettre des paroles, des images ou des sensations par télépathie. Les dragons n’ont pas de ville à eux… Je te dirais que les Liés ne sont jamais bien loin de leur dragonnier. Quant aux dragons libres, je ne sais pas trop, à quelque part qui leur plait dans la nature, je suppose. Les dragons qui n’aiment pas les bipèdes doivent détester que les ossements des leurs soient utilisés… quand j’y pense. Mais Alkhytis te dirait que ça ne lui dérange pas, tant que les dragons ne sont pas tués pour ça. De toute façon, tuer un dragon… Je payerai pas chère de la peau de la personne qui voudrait s’en prendre à eux.

En plus d’être extrêmement respectés, les dragons étaient bien difficiles à tuer.

- Les dragons sont source de magie, ils sont intimement liés à la trame. À une époque, ils sont partis d’Ambarhùna et la magie a presque disparu. Elle est revenue seulement quand ils sont revenus sur le continent. Les dragons sont des êtres respectés et aimés. Ce serait un sacrilège que de penser vouloir en faire de l’esclavage et la personne qui s’y tenterait se mangerait probablement une vilaine malédiction. Je te le dis, ça ne vaut pas la peine d’essayer de leur chercher des noises.

La princesse des lumières sourit au Graärh.

- Je sais pas si c’était clair… N'hésite pas si tu as d'autres questions ou si tu veux des précisions! J'ai peut-être oublié des choses... Demanda-t-elle.

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Il dressa les oreilles à ce rire clair, semblable à de l'eau pure qui cascaderait depuis une source après les premières fontes de neige. Le son était plaisant, à n'en pas douter et il ferma à moitié les yeux pour le savourer pleinement, tout le temps que dura l'égrenage des notes limpides. Lorsque le rire cessa, il rouvrit les yeux avec un léger roucoulement, babines ourlées d'un sourire alors qu'il revenait s'installer dos à elle afin qu'elle puisse terminer son brossage. Elle pouvait bien utiliser sa langue et ses doigts en même temps, non ? Il aimait le contact dans sa fourrure et regrettait par avance la corvée qui l'attendrait demain et les jours suivant, dans la solitude et le célibat.

Un instant, ses pensées se tournèrent vers un graärh qui l'avait accompagné pendant quelques mois, à la saison la plus chaude de Néthéril et aux nuits les plus agréables. Purnendu s'ébroua mentalement, car il n'était pas l'heure à ce genre de considérations. On allait lui servir une leçon sur des créatures encore inconnues et qui semblaient avoir une place excessivement importante dans la culture des bipèdes. Il devait se concentrer et ne pas en perdre une seule miette. Qui aurait pu croire que cette jeune femelle était liée à l'une de ces bêtes merveilleuses et terribles ? La longue queue du félin se mit à balayer doucement le sol.

« - Ton mieux est tout ce qu'il me faut pour être satisfait, sona batan. »

Comme s'il pouvait pinailler dans sa situation ! Chaque information, aussi morcelée soit-elle, était un véritable trésor qu'il veillerait à compléter par la suite. Il avait le temps après tout et jusqu'à aujourd'hui, son intégration dans les sociétés bipèdes s'était plutôt bien passée. Peut-être que son statut de guérisseur lui octroyait un statut spécial à leur yeux ? Une autre hypothèse à creuser. En attendant, Luna se mit à parler et lui l'écouta avec une grande attention. L'éclat de lumière attira son regard et ses pupilles se dilatèrent aussitôt à cette manifestation simple, mais ingénieuse, de la magie humaine. La seule qu'il connaissait était celle d'Ivanyr et le mage vampirique s'était surtout employé à maltraiter de pauvres cailloux via des boules de feu. Autant pour la diversité et l'élévation de cet art !

Sans lâcher des yeux la création lumineuse aux reflets de cuivre, le graärh fouilla dans la sacoche qui flanquait toujours sa hanche. Sa main s'enfonça bien plus loin que l'aurait supposé son contenu et quand il émergea sa dextre ce fut en tenant un cahier et plusieurs fusains. D'un mouvement habile du poignet, il se trouva une double page vierge et commença aussitôt à griffonner un croquis du jeune dragon. Il coucha d'autres infirmations comme son âge et son nom et s'il fut déçu qu'elle ne puisse pas le renseigner sur l'histoire des dragons, il n'en montra absolument rien et, au contraire, lui caressa la joue avec le plumeau de sa queue comme pour la rassurer. Il nota cependant le nom des trois dragons qui pourraient combler cette lacune, puis hocha légèrement du museau pour signifier que l'information était acquise et qu'elle pouvait poursuivre.

Le détail du Lien le fit légèrement tiquer et il releva un museau plissé d'incompréhension vers la petite femelle, ouvrant la gueule dans l'idée de partager son point de vue sur ce qui lui semblait être contre-nature, mais se retint de justesse en se rappelant qu'elle-même était une Liée et qu'elle ne prendrait pas forcément bien d'avoir sa liaison aussi vertement contestée. Prudent, Purnendu referma donc le museau et se frotta le bout de la truffe d'une griffe alors qu'il levait les yeux sur le plafond de toile blanche avec un air songeur. Ce Lien semblait merveilleux quand on écoutait Luna, mais n'était-il pas en réalité une laisse et un collier que l'on forçait sur des êtres, par essence, diamétralement opposés ? Qui décidait qu'une âme en méritait une autre à l'échelle si intime et fusionnelle que le Lien imposait ? Qui pouvait être un tel juge ? Pourquoi le choix ne pouvait-il être confié à ces êtres élus ?

Tant de questions et si peu de réponses ! Son regard s'abaissa de nouveau sur les trois noms. Verith, Keetech et Nynsith. Ils ne lui étaient pas totalement inconnus et cela étrillait davantage encore sa curiosité. Le Lien n'était pas quelque chose en relation avec les Esprits, sans quoi cette Archipel aurait déjà eut de ces reptiles, non ? Était-ce en rapport avec ce que les autres races appelaient la « Trame » ? Après, ne disait-on pas les « Esprits-Liés » ? Mais là, c'était encore différent puisque le lien venait d'un vœux partagé... mais Luna venait d'expliquer qu'il existait aussi ce genre de liaison entre bipèdes et dragons, seulement qu'il était moins fusionnel, moins intrusif que celui obtenu à la naissance. Le fusain grattait le papier en un petit crissement sec et régulier alors que le graärh couchait toutes ces annotations en sa langue natale.

« - Ton frère aussi ? Celui d'adoption ou de sang ? »

Elle avait mentionné un peu plus tôt être elle-même une orpheline, mais des gens bien intentionnés l'avaient aidé.

« - As-tu été adopté par une caste de dragonniers ? Ou bien est-ce commun que plusieurs membres du même sang soient des élus ? »

Les questions furent soufflées, comme un doux ronron, entre deux croquis des silhouettes que la jeune fille lui formait avec sa magie. Il n'hésitait pas à se pencher d'un côté ou de l'autre afin d'avoir une meilleure vue d'ensemble et hocha la tête lorsque la suite des explications lui fut donnée. Purnendu ajouta au nom de Verith son aversion pour le Lien, se promettant d'éviter un sujet aussi épineux s'il venait à croiser le colosse pourpre. Sa taille d'ailleurs semblait totalement disproportionnée et il se demanda si les îles sauraient abriter pareille créature bien longtemps. Que mangeait-il et en quelle quantité ? Se nourrissait-il de magie ou bien de choses invisibles, comme semblaient le faire les baleines ? La curiosité le rongeait et les battements de sa queue s'intensifièrent en écho à sa frustration.

Le reste des explications confirma ses propres théories : personne de censé n'irait taquiner un dragon. L'esclavage de telles créatures était donc hors de question, de même que le braconnage pour de possibles ressources premières. Songeur, il mâchouilla le bout de son fusain et ferma les yeux pour se concentrer davantage. Il cilla lorsque la petite Luna lui demanda si elle avait su expliquer correctement et il la fixa avec tendresse.

« - Merci. »

Il se pencha et frotta sa truffe contre sa joue en un geste affectueux spontané et sincère. Ses moustaches purent piquer et chatouiller le visage de l'humaine alors qu'il émettait un bas ronronnement satisfait. Lorsqu'il se redressa, il lui fit un sourire et ferma son cahier avant de le ranger.

« - Grâce à toi, j'ai obtenu de nombreuses pistes et de nouveaux sujets d'études. Si tu me l'autorises, j'aimerai pouvoir dessiner et mesurer ton ami Alkhytis. S'il m'est possible aussi de converser avec vous deux, à l'occasion... »

Avoir l'avis du dragon sur le Lien et pouvoir approcher une de ces créatures, aussi jeune et inexpérimentée soit-elle, n'était pas une occasion à rater. Leur moment de quiétude s'arrêta brusquement lorsqu'un cri, puis un pleurs se fit entendre à l'extérieur. Dressant les oreilles, Purnendu se leva et se dirigea vers la source pour trouver un des enfants au sol avec le genoux écorché et en sang. Un autre se tenait un peu plus loin, l'air contrarié et quelque peu paniqué. Mains sur les hanches, il toisa le petit attroupement de curieux qui, sous le poids inflexible de son regard, s'égayèrent dans le reste de la cour.

« - Peux-tu aller me chercher de l'eau et un linge propre ? »

Demanda-t-il à Luna alors qu'il se penchait pour ramasser l'enfant blessé. Il le garda au creux de ses bras et le laissa noyer ses sanglots dans l'épaisse fourrure de sa gorge alors qu'il rentrait dans la tente. Le graärh ne fit aucun commentaire à l'égard de l'autre garçon, se doutant que l'accident résultait d'une dispute. Il n'en connaissait pas la cause et elle ne l'intéressait pas réellement. Les petits se chamaillaient toujours et des blessures qui en résultaient, venait l'expérience et la maturité. Du moins, c'est ainsi que fonctionnait son peuple ! Toutefois il ne doutait pas que les choses soient différentes avec les bipèdes et par différentes, il pensait à beaucoup plus compliquées.

Lorsque la jeune fille arriva avec le nécessaire de nettoyage, Purnendu rinça le genoux écorché en veillant à ce qu'aucun gravillon ne reste coincé. L'enfant couina à plusieurs reprises, mais il l'ignora et continua le nettoyage avec autant de douceur que possible. Lécher la blessure aurait été tellement plus simple ! Malheureusement, il savait combien une action de ce genre causerait du raffut parmi les adultes, aussi prit-il son mal en patience et fit plutôt appel à son Esprit-Lié du Raton-Laveur pour régénérer la peau sans y laisser une seule cicatrice. Tout ce que cela lui demanda fut à peine quelques psaumes d'un mantra chanté dans sa langue natale. Une fois terminé, il souleva l'enfant par les aisselles et le posa sur le sol devant lui, puis l'observa avec sévérité.

« - On ne se dispute pas. Vous êtes tous frères ici. Tous égaux. »

Le garçon ouvrit la bouche pour protester, mais un léger retroussement des babines de la part du graärh le plongea dans un silence plus muet que celui d'une carpe. Purnendu continua d'une voix profonde et calme :

« - Que tu sois ou pas l'initiateur de ce conflit n'a pas d'importance. L'essentiel est de savoir comment, mais aussi surtout qui l'a arrêté. Cherche à comprendre pourquoi le conflit est né, pourquoi la personne responsable l'a initié. Trouve une solution, n'hésite pas à demander de l'aide. Il n'y a pas de honte à se faire accompagner, l'arrogance ne t'apportera rien. »

Il lui frotta la tête d'une grande paluche.

« - Soit plus intelligent que lui. »

D'un geste de la tête, il le congédia et l'observa quitter la tente avant de reporter son attention sur la jeune fille.

« - A ton tour... si tu as des questions. Je pense que je t'en dois quelques unes, en échange de celles que tu m'as apporté. »

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Luna n’avait pas à s’inquiéter de son discours, alors elle parla sans gêne sans trop chercher à se casser la tête. Elle se sentait à l’aise avec Purnendu et s’il était une personne mal intentionnée, alors il cachait bien son jeu. Pour cette première rencontre, elle avait un bon sentiment et n’avait pas de mal à lui accorder sa confiance. Ce qu’elle lui racontait sur les dragons n’étaient pas un secret, le Graärh aurait certainement obtenu une information similaire si c’était une non-liée qui l’avait informé. Certes, les détails concernant le Lien était plus précis et plus détaillé puisque c’était quelque chose qui la touchait elle-même.

Ses azurs brillèrent d’une lueur amusée lorsqu’elle vit la réaction du guérisseur quant à sa magie lumineuse et elle garda un œil curieux sur ses pattes qui griffonnaient dans le carnet. La silhouette d’un Alkhytis au fusain s’y formait. Il prenait réellement en note ce dont elle lui parlait, preuve qu’il était intéressé et qu’elle devait lui raconter des éléments qui lui semblaient pertinents. Un petit rire cristallin mêlé à un sourire gêné retentit lorsqu’il caressa sa joue avec sa queue. Elle trouva ce geste particulièrement mignon.

Luna étant Luna, cette dernière ne remarqua l’étonnement que lui avait évoqué son passage sur le fait que bipède et dragon pouvaient être liés intimement. Purnendu aurait pu faire vivre ses interrogations, elle ne lui en aurait pas tenu rigueur. Mais il est vrai que la dragonnière de cuivre avait un parti pris. De l’extérieur, elle pouvait comprendre les craintes et l’allure contre-nature d’un tel couple. Mais vue de l’intérieur… Maintenant qu’elle y avait goûté, c’était inconcevable de séparer deux êtres qui ne formaient qu’un. Sans Alkhytis, que serait-elle? Et ce n’était pas une question d’égoïsme, car elle savait que c’était réciproque pour son Cuivré. Ils ne pouvaient pas vivre l’un sans l’autre, juste cette idée formait un horrible cauchemar. Tout ce que la jeune femme désirait, ce qui lui était le plus important, c’était le bonheur de son Lié. Si c’était d’être séparé d’elle, elle le ferait, car elle le voulait heureux. Mais dans l’équation actuelle, la séparation se résumait à tout ce qu’il y a de plus douloureux au monde et ce, pour les deux.

- Euh… oui, mon frère. Hésita-t-elle. Je parle de mon frère d’adoption.

La princesse des lumières comprenait d’où venait l’incompréhension, car elle avait très peu parlé d’elle en réalité. Il ne savait pas qui elle était et c’était mieux ainsi, car sa première impression n’était pas biaisée par des rumeurs sur elle. Il pouvait se faire sa propre opinion en premier.

- Non, pas par une caste de dragonnier. C’est le fruit du hasard que je suis Liée et que mon frère l’est aussi. Prononça-t-elle lentement. Elle sembla hésiter avant de poursuivre. En fait Purnendu, j’aurais dû te le dire… Mon frère de cœur, Nolan Kohan, il est l’empereur de Sélénia. Ce qui fait de moi une princesse sélénienne. Désolée, c’est pas que je voulais te le cacher, mais c'est pas le genre de chose que je crie sous tous les toits et je ne voulais pas que tu aies une opinion préconçue de moi. Et avec les conflits actuels…

Être princesse, c’était toujours aussi étrange pour Luna. C’était un titre, mais c’était loin d’être la chose qui la définissait… Selon elle, bien sûr. Elle ignorait ce que Purnendu connaissait en matière de connaissances humaines et comment il réagirait à tout cela.

- Je sais pas si ça change les choses… Mais ça me ferait plaisir de te présenter Alkhy. Tu pourras lui demander s’il est d’accord pour que tu lui dessines et le mesures.

Connaissant le Cuivré, ce n’est pas ces éléments qui le dérangeraient. Il serait heureux de faire une nouvelle connaissance et de s’amuser avec lui. Il aurait certainement de nombreuses questions lui aussi.

La discussion fut néanmoins interrompue par une dispute d’enfants où l’un d’eux était blessé au genou. La jeune humaine alla chercher immédiatement le matériel de soin qu’elle emmena au Graärh et elle choisit de rester silencieuse pour ne pas le déranger. Elle passa voir les autres enfants pour s’assurer qu’ils se portaient tous bien, puis quand elle revint, elle vit avec étonnement que le petit bonhomme n’avait plus de genou en sang.

Quelques minutes plus tard, Purnendu et Luna se retrouvèrent à nouveau seuls. C’était son tour, avait-elle des questions?

- Wow! Vous connaissez des sorts de soin? S’enquit-elle. Elle n’avait pas pensé qu’il pouvait s’agir d’un pouvoir d’Esprit-Lié. En fait, je dois t’avouer que je ne sais pas grand-chose sur les Graärh. Peut-être pourrais-tu m’en parler un peu, si tu le veux? Comment vous fonctionnez? Avez-vous des lois à suivre? Un chef? Est-ce qu’il y a des choses que je ne dois pas faire devant un Graärh?

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Nolan Kohan. Oh oui, il connaissait ce nom et il sonnait à ses oreilles d'une façon bien mitigée. N'ayant vécu que du côté de l'Alliance, il ne pouvait pas prétendre avoir la meilleure des descriptions à son égard, mais fort de sa neutralité, le félin ne s'était jamais arrêté à cette seule version de l'histoire et n'entretenait donc aucune rancœur particulière à l'égard du jeune Empereur. Les affaires des bipèdes ne le regardaient que de très peu, mais il devait saluer l'effort de l'Empire à rejeter l'esclavage, même en ce qui concernait les Graärh. Une volonté qui faisait défaut à Délimar, par exemple... ou dans certains coins du port de Caladon. Même si depuis l'arrivée d'Ivanyr, il y avait étrangement moins d'esclavagistes et un plus grand risque d'incendies d'origines inconnues ! Un vague sourire étira les babines du fauve à cette pensée et il se gratta la gorge, savourant de n'y sentir aucun collier. Alors qu'il observait la jeune princesse s'installer à ses côtés après que l'incident avec les enfants ne se soit dissipé, il songea combien sa vie était compliquée à un âge aussi jeune. Son instinct paternel prenant le dessus, il entoura sa longue queue angora autour de la taille délicate et se pencha légèrement pour mieux l'observer.

La pluie de questions le surprit et il dressa ses quatre oreilles dans une mimique de stupeur avant qu'il n'entrouvre la gueule pour laisser filer un long rire chaleureux. Mélange d'un ronronnement et d'un souffle saccadé, l'éclat était aussi spontané que sincère dans la tendresse qu'il transportait. La candeur de la petite bipède était rafraîchissante et l'entendre se révéler aussi curieuse l'enjoignait à partager son savoir sans retenue. Il savait combien l'ignorance était le terreau des préjugés, puis du racisme, aussi contrairement aux autres membres de sa race, il n'hésiterait jamais à instruire les autres peuples, espérant qu'à force la peur instinctive nourrie par la différence cesserait de prédominer l'esprit des sans-poils et que le savoir apporterait enfin une compréhension et un respect partagé. Il était aussi tout à fait charmant que les premières recherches de Luna soient aussi respectueuses dans son désir de cerner les mœurs de son peuple afin de ne pas risquer un impaire la prochaine fois qu'elle croiserait un graärh.

Purnendu tendit les mains pour l'attraper sous les aisselles et vint la percher sur ses cuisses. L'instant d'après, la jeune fille était enfoui dans un océan de poils soyeux et chauds. Elle avait le nez dans le poitrail du grand félin, là où sa fourrure était la plus abondante. Les bras de l'herboriste l'enserraient délicatement pour une étreinte affectueuse et son museau froid lui effleurait le front alors que ses moustaches devaient probablement la chatouiller un peu. Il la garda ainsi blottit contre lui et sembla s'enrouler autour d'elle alors qu'il s'installait confortablement contre un des piliers de la tente. S'il devait répondre à toute ses questions, alors ils en avaient pour un certain moment et autant qu'ils se mettent tout les deux à l'aise, non ? Toutefois conscient qu'un tel traitement pouvait ne pas être au goût de tout le monde, même s'il avait encore croisé peu de personne le lui refusant, Purnendu veillait à ne pas la contraindre si jamais elle montrait des signes d'inconfort.

D'une voix basse et ronronnante, il finit par prendre la parole :

« - Même si j'ai envie de te dire que tu ne devrais pas avoir honte de qui tu es... je commence à suffisamment bien connaître les bipèdes pour comprendre pourquoi tu as agis de la sorte. Soit assurée, Luna Kohan, que seules tes actions sauront te définir à mes yeux. Dans ma culture, nos noms sont la définition de qui nous sommes. Par exemple, je suis Purnendu Chikitsak qui peut grossièrement se traduire par « Le Docteur » dans votre langue. Si j'abandonnais cette voie pour redevenir un chasseur, alors je serais Purnendu « quelquechose » et ce nouveau nom, par mes actes et ma conduite, définira qui je suis en cet instant. Si jamais tu dois te présenter à un graärh, il serait plus exacte de dire que tu es Luna La Dragonnière, car je crois savoir que c'est ce qui te définit réellement, non ? »

Il pressa sa truffe contre le sommet de son crâne pour y reproduire l'ersatz d'un baiser, puis il recula du chef pour croiser son regard et lui offrit un sourire qui révéla ses trois paires de canines. Heureusement qu'il avait la moitié du museau enfouie dans son propre collier de poils où une telle vision pourrait paraître terrifiante d'aussi près. A l'entendre lui parler avec autant d'ardeur de son lien et de son jeune dragon, la jeune fille n'était pas une princesse, elle n'était pas une guerrière, une guérisseuse ou une politique. Elle était une jeune et fière dragonnière, pleine de rêves et d'aspirations. Si elle s'accrochait à ses valeurs, si elle persévérait alors le monde ne la verrait plus que sous ce prestige ; celui qu'elle se sera construite seule, par ses actes et ses efforts.

« - En ce qui concerne tes questions, laisse-moi commencer par le plus simple ; Oui, nous possédons une magie curative, toutefois elle est extrêmement limité. Notre maîtrise de la trame est simple et elle est principalement orientée sur la Nature et ses éléments, un peu comme les Elfes, n'est-ce pas ? A ma connaissance, nous n'avons que deux sorts de soins et aucun ne peut apporter davantage que les premiers secours. »

Un rire silencieux secoua le félin qui pencha la tête de côté, ses yeux d'absinthe brillant d'amusement.

« - Et j'évite de les utiliser sur les sans-poils. Les gestes-clefs, comme vous dites, sont... peu conventionnels pour vos mœurs. L'un consiste à feuler sur la blessure et l'autre à lécher la-dite blessure ! On m'a clairement dit que le premier avait tendance à terrifier les patients, ce qui n'aide pas à leur condition. Quant au second et malgré ses résultats probants, apparemment sa pratique serait une entorse à beaucoup trop de normes d'hygiène ! »

Hilare, Purnendu ne cacha pas un second éclat de rire, mais se força bien vite au calme afin de poursuivre ses explications :

« - Du coup, j'utilise les Dons que me procurent mes Esprits-Liés. Mon peuple est davantage orienté sur cette pratique, après tout nos légendes racontent que ce sont les Esprits qui nous auraient créé. »

La teinte riche de ses prunelles se fit plus vibrante, éveillée par la vénération qu'il portait aux créatures immatérielles qui veillaient sur chacun d'eux depuis le berceau jusqu'à leur mort. Son torse se gonfla d'une grande inspiration, puis s'abaissa sur un souffle parfumé de réglisse.

« - Pour ma part, je suis béni par le Raton-Laveur et ce sont ses Dons qui me permettent de créer des remèdes particulièrement efficaces, d'apaiser la douleur par simple toucher ainsi que de soigner par mon chant. D'ailleurs, c'est parce que cette méthode rappelle celle de ceux nommés les Baptistrels que ma présence ici fut aussi vite tolérée malgré les préjugés portés à mon peuple. »

Il baissa les yeux sur la jeune fille, s'assurant qu'elle était toujours attentive ou s'il l'avait involontairement noyé sous toutes ses paroles. Il avait tendance à énormément parler, peut-être le contre coup d'une décade entière à vivre seul ou bien l'habitude acquise depuis qu'il avait récupéré Ivanyr et refait son éducation. Le vampire amnésique se posait énormément de questions et ça avait sa responsabilité d'y répondre, d'expliquer et de détailler chaque chose qui attirait l'attention et la curiosité insatiable de son ami. Partager ses connaissances lui était devenu un véritable plaisir et il n'hésitait pas à distribuer les connaissances qu'il jugeait inoffensives.

« - Concernant tes autres questions, elles sont un peu trop vagues. Que veux-tu savoir sur notre fonctionnement exactement ; notre structure familiale, sociale ? Nous avons un chef, mais c'est assez particulier comme fonctionnement. Je peux t'en parler plus en détail, bien entendu. Pour ce qui est de faire ou ne pas faire face à un Graärh, ça dépend là aussi du domaine qui t'intéresse. Est-ce comment agir lors d'une première rencontre ou veux-tu une liste exhaustive de ce qui serait réellement insultant pour un membre de ma race ? »

Un léger sourire étira ses babines, espérant pouvoir canaliser l'empressement de la jeune femelle vers quelque chose de plus productif pour eux deux. Ils étaient confortablement installés, avaient encore le ventre plein du gruaux de miel et d'avoine. Et pour sa part, il n'avait pas d'impératifs immédiats.

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La tension que Luna s’était mise inutilement sur les épaules fut chassée par le calme qui émanait de Purnendu. Sa queue angora s’enroula autour de sa taille dans un geste qu’elle traduisit comme étant un signe de douceur et de réconfort. Il n’y avait aucune animosité. L’ambiance était parfaitement sereine et elle comprenait que c’était elle-même qui bâtissait les craintes et les ténèbres de son esprit. Le guérisseur était un être qui l’épatait par son ouverture d’esprit. Il lui semblait que peu importe ce qu’elle lui dirait, il ne broncherait pas une miette et chercherait à comprendre ce qu’elle entendait. Luna n’avait pas de mauvais fond alors ça aidait certainement… En tout cas, elle sourit à son ami. Peut-être qu’un jour pourrait-elle lui présenter Nolan pour qu’ils fassent de plus amples connaissances? Son frère était une bonne personne et comme tout humain, il faisait des erreurs. Il portait un lourd bagage, le poids de traditions et des gestes des générations précédentes, sur ses épaules. Un jour, oui, c’est ce que la jeune femme lui dit : un jour, s’il était d’accord, elle lui présenterait Nolan!

C’était plaisant d’entendre le Graärh rire. Cette capacité à ronronner était formidable à ses oreilles et elle ne pouvait s’empêcher de sourire grandement. Ses muscles se raidirent cependant sous la surprise lorsque Purnendu la saisit et la blottit contre son poil chaud et soigneux. Mais elle se détendit rapidement en réalisant qu’il n’avait que de bonnes intentions. C’était fou à quel point elle était si petite en comparaison et Luna n’était pas si petite que ça! S’il avait voulu la briser en deux, il aurait pu. Elle était dans ses griffes, s’il voulait lui faire du mal, elle était à sa merci. Mais elle n’en croyait rien.

La princesse des lumières ferma ses yeux et profita de ce singulier oreiller en l’écoutant. Donc, pour les Graärh, leurs noms les définissaient et changeaient au fil du temps selon ce qu’ils accomplissaient? C’était particulièrement intéressant, mais elle réalisait que ce le serait encore plus pour elle si elle pouvait comprendre la signification de leurs mots.

- Luna la Dragonnière? Répéta-t-elle. Un doux sourire s’étendit sur ses lèvres. Oui, je crois que tu as raison, ça me définit bien, mais je ne sais pas si c’est ce qui me définit le plus. Je ne saurais pas quoi dire non plus. Faut dire… J’ai été si longtemps simplement Luna. Je trouve difficile l’aspect d’avoir un nom composé en fait… Chez les humains, le nom de famille se rapporte normalement justement à la famille à laquelle on appartient. Je suis officiellement Kohan que depuis deux mois parce que Nolan m’ait offert le nom, mais depuis que je le connais, je l’ai toujours considéré comme mon frère. Mon père adoptif, l’ancien empereur, il n’a jamais considéré que je prenne son nom. Poursuivit-elle. Pourquoi lui disait-elle tout cela? Sûrement parce que Purnendu avait un aura de confidence qui l’aidait à libérer sa rancœur. Elle avait aimé son père, mais être à ses côtés n’avaient vraiment pas été évidents. Avant d’être princesse sélénienne et même régente sur l’ancien continent, on m’a donné quelques surnoms populaires. Mais mon préféré et le plus connu, c’est mon meilleur ami qui me l’a donné et c’est princesse des lumières. Ça sonne prétentieux vite comme ça quand j’y pense, mais c’était avant que je sois princesse en plus. Enfin, je ne sais même plus où je m’en allais avec tout ça. Elle lâcha un petit rire. Enfin, bref… Je ne suis pas n’importe quelle dragonnière non plus. Il n’y a qu’un seul dragon dont je ne pourrais me passer et c’est le mien. Je suis sa Liée-Dorée. C’est Alkhytis qui m’a donnée ce titre. Je ne sais pas sinon… Simplement Luna, ce serait mal vu?

Les azurs de Luna brillaient d’amusement lorsqu’elle les mêla au regard de Purnendu. Elle souriait encore de son « baiser » sur son front. Il était vraiment spécial, mais c’était merveilleux comme ça. Elle enfouit son visage dans son poil, se taisant par le fait même. Elle avait beaucoup parlé et c’était ce que le Graärh allait dire qui l’intéressait. Elle l’écouta attentivement et permit son esprit de se balader sur ses questionnements sans les prononcer. Il ne fallait pas brusquer les choses, sa curiosité finirait par être étanchée et elle savait que le bombarder d’une nouvelle myriade de questions n’aideraient pas.

- Ah oui, en effet, ça surprendrait plus d’un humain! Acquiesça-t-elle. Oooh! C’est donc par les Esprits-Liés que tu es aussi doué! Fit-elle après que Purnendu ait donné les détails sur ses talents de soigneur.

Elle devait préciser ses questions, mais le souci c’était qu’elle voulait tout savoir! Et déjà avec ce qu’ils venaient de parler, la tête de Luna tourbillonnait de nouvelles questions. Le guérisseur venait de lui donner le signal comme quoi elle pouvait les libérer. Mais par quoi commencer? Elle tâcha de commencer par une grande respiration. Une chose à la fois pour ne pas s’éparpiller…  

- En fait, j’aimerais savoir comment fonctionne la politique Graärh et cela inclue la structure sociale. Tu as dit que vous aviez un chef, comment est-il déterminé? Il y en a un seul pour tous les Graärh? Ce n’est peut-être que moi, mais j’ai l’impression que ça fait beaucoup pour une seule personne. Bref, en gros, j’aimerais comprendre la structure et le fonctionnement. Pas besoin d’aller dans les grands détails non plus.

Quant à ses autres questions…

- Après, j’aimerais savoir comment faire bonne impression pour une première rencontre et oui, aussi, savoir ce qui serait réellement insultant me serait utile. Je doute que tous les Graärh soient aussi gentils et ouvert d’esprit que toi. J’aimerais éviter de me faire arracher un bras à la première rencontre ou parce que j’ai fait une bêtise sans même m’en rendre compte. Je ne sais pas s’il y a le principe de vouvoiement ou de tutoiement chez les Graärh? Je te tutoie parce que j’ai réalisé que tu me tutoyais… C’est sûr qu’on n’a une barrière de langage. Ça aiderait si j’apprenais le Graärh? C’est quelque chose qui s’apprend, d’ailleurs?

Dernière édition par Luna A. Kohan le Sam 23 Fév 2019 - 1:06, édité 1 fois

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Il lui prêta une oreille attentive, sentant qu’elle en avait terriblement besoin. Il n’avait cependant rien à ajouter sur le sujet, autant parce qu’il ne connaissait pas assez la culture des bipèdes dans le domaine des patronymes, qu’il ne désirait pas émettre un avis qui influerait la jeune fille sur la mauvaise voie. Dans la culture graärh, le nom définissait intimement la personne et seul le concerné pouvait se le choisir. Il estimait l’avoir suffisamment guidée pour qu’elle prenne sa décision en toute connaissance de cause après un certain temps de réflexion. La question, toutefois, méritait une réponse et il se contenta de hocher négativement la tête, la couvant toujours de son regard d’absinthe. Se présenter sans nom ne serait pas mal vu et qui sait ? Peut-être qu’ainsi elle pourrait s’en trouver un après avoir expérimenté la société graärh de plus près. Tout était possible après tout ! Il suffisait simplement de s’en donner les moyens.

Le sujet retourna paisiblement sur les soins qu’il prodiguait, mais surtout sur la façon dont il les prodiguait et il eut l’ombre d’un sourire dans ses babines lorsqu’elle s’exclama avec candeur et le complimenta de paire. Amusé, Purnendu hocha sobrement de la tête, ajoutant d’une voix basse que son peuple vénérait les Esprits et s’orientait tout naturellement vers leurs bénédictions plutôt que de dépendre de l’utilisation de la trame comme le faisaient les sans-poils. Il se replongea ensuite dans le silence pour lui laisser le temps de réfléchir, de trier puis d’organiser ses questions. Le fauve à la couleur de cendre ne doutait pas que sa jeune amie en aurait toute une ribambelle et préparait déjà les réponses les plus évidentes dans un coin de son esprit. Il était fascinant de voir vers quelles sujets Luna s’orientait naturellement et il avait hâte de l’entendre formuler de vive voix ce que sa curiosité réclamait.

« - Aaah… vaste sujet. Il nous faudra plus d’une rencontre pour le couvrir entièrement. »

Même si elle ne réclamait pas les grands détails, il y avait beaucoup à dire. Il pondéra ce premier domaine et l’écouta présenter la suite de ses interrogations. Lorsqu’elle se tut enfin, Purnendu ne pu s’empêcher d’émettre un léger rire, semblable à un ronronnement soufflé et secoua la tête avec un brin d’incrédulité.

« - Voilà beaucoup de choses que tu désires. Commençons simplement, veux-tu ? Peut-être que tu devrais prendre de quoi noter. »

Il lui laissa le temps de se décider et si elle n’avait pas de quoi coucher les informations, il lui prêtera volontiers de son propre matériel afin qu’elle n’oublie rien. Après tout, son peuple adorait écrire vu la taille de leurs bibliothèques ! Patient, il attendit qu’elle soit prête pour commencer ses cours. Lorsque ce fut le cas, il entama d’une voix profonde et lente car il cherchait ses mots à mesure qu’il parlait.

« - Notre société est… matriarcale ainsi que tribale, si je me souviens correctement des termes. C’est à dire que les dirigeants sont uniquement des femelles. Chaque tribu en possède une que l’on nomme Aaleeshaan. Contrairement à ton peuple, le mien est donc divisé en plusieurs petites tribus qui sont indépendantes les unes des autres et même si nous évitons de nous disputer, nous restons excessivement territoriaux et n’hésitons pas à asseoir notre domination sur un voisin si les besoins s’en font sentir comme par exemple dans le cas d’une sécheresse, d’une pénurie, etcetera… ou si nous jugeons l’autre tribu plus faible que la notre.
Toutefois, au dessus de ces tribus éparses, il existe la Légion ; pour faire simple, il s’agit de la plus puissante tribu de l’île et elle commande aux plus petites. Il n’existe que deux Légions sur l’Archipel ; celle de Néthéril qui s’appelle la Vat’Aan’Ruda et celle de Nyn-Tiamat qui est la Vat’Em’Medonis. A leur tête, il y a forcément une femelle qui se fait appeler Kamda Aaleeshaan. Est-ce que tu suis jusque là ?
 »

Il baissa le museau vers la jeune fille et l’observa, attendit sa réponse et poursuivit sur le même ton pensif et prudent.

« - Quand une tribu atteint une certaine taille, l’Aaleeshaan s’accompagne dans ses décisions de plusieurs graärh honorables que l’on appelle alors Tribyoon, ce sont l’équivalent de vos conseillers. Contrairement à tes craintes, la Kamda Aaleeshaan ne gère pas toutes les autres tribus, bien qu’elle reçoive les doléances dans les cas les plus graves ou urgents. Comme je te l’ai dis, nos tribus sont indépendantes et se gèrent parfaitement en autarcie. La Kamda ne fera appelle à toutes les tribus qu’en cas de nécessité absolue et c’est un événement excessivement rare, ainsi que spectaculaire à contempler.
Pour ce qui est de valider une nouvelle Aaleeshaan, il n’existe que deux façons de procéder. L’une est propre à la Légion de Néthéril ; elle consiste à attendre que cette dernière meurt « naturellement » et les femelles les plus honorables sont alors rassemblées pour participer à une quête dans un délai d’un mois. Parfois, la quête est remplacée par un tournois où les prétendantes doivent se battre et dont la gagnante devient la nouvelle Aaleeshaan. L’autre façon est propre à la Légion de Nyn-Tiamat est elle est bien plus radicale…
 »

Purnendu marqua une pause et afficha une petite moue alors qu’il se gratter l’arrière d’une oreille. Il sembla hésiter à poursuivre, puis haussa des épaules et reprit d’un ton badin :

« - Les femelles n’attendent généralement pas qu’une Aaleeshaan rejoigne les Esprits par vieillesse, accident de chasse ou autre moyens dits naturels. Lorsqu’une femelle s’estime assez honorable et forte, elle lance un défis à la cheffe actuelle. Après délibération des trois Anciens de la tribu, si la femelle est jugée suffisamment digne alors l’Aaleeshaan défiée est dans l’obligation de répondre au duel. Un duel à mort. »

Il posa sur Luna un regard grave et haussa un peu des épaules avec l’ébauche d’un sourire cynique.

« - Nyn-Tiamat ne pardonne pas la faiblesse. Nous sommes peut-être moins nombreux que les graärh de Néthéril, mais nous les surpassons largement en terme de force et de férocité. »

Il marqua une autre pose, prit une profonde inspiration et resta contemplatif sur une tâche dans la toile cirée de la tente. D’où venait-elle ? Peut-être un caprice d’un des orphelins et la fin malheureuse d’un quelconque repas. Après ce qui sembla une éternité, il reprit avec ce regain de douceur et de calme :

« - Concernant un possible code de politesse, c’est assez difficile de l’adapter pour un être totalement étranger à notre société. Nos valeurs se basent principalement sur la hiérarchie sociale qui, elle-même, dépend de l’honneur de chacun. Je pense que le mieux serait de partir du principe que tu es d’une strate inférieure au graärh que tu rencontreras, puis de prouver par des actes et des épreuves qu’elle est réellement ta place dans notre société. C’est un processus lent, mais il est bien plus prudent et éveillera moins d’hostilités… je l’espère. »

Un soupir, encore, avant qu’il ne poursuive :

« - Confronté à un graärh, tu dois le saluer en baissant la tête afin de ne pas le regarder directement et… et bien, tu dois pousser un ronronnement. Vu que c’est impossible pour toi, je pense qu’une salutation formulée par des mots serait plus adaptée. Je pourrais t’en apprendre une pour chaque île, si tu le souhaites. Tu dois garder cette posture soumise jusqu’à ce que l’autre réponde d’un ronronnement… et si jamais le salué s’est senti insulté malgré tout ? Tu le sauras assez rapidement puisqu’il t’attaquera pour réparer l’affront qu’il juge avoir reçu.
Je ne pense pas que cela arrivera. Le fait que tu sois une femelle et que tu suives au mieux le code de politesse devrait suffire pour le déstabiliser et lui faire considérer ton approche comme amicale. Toutefois, il faut absolument que tu prouves ton honorabilité, car c’est un pilier fondamental de notre relation. Aide notre peuple, que ce soit à Néthéril ou Nyn-Tiamat et fais toi connaître de réputation ; c’est encore un bon moyen d’obtenir une approche neutre.
Quoi d’autre ? Oh… le tutoiement est préféré lorsque tu t’adresses à quelqu’un d’un rang égale ou inférieur que le tiens, mais favorise le vouvoiement dans le doute. Pour ce qui est du langage graärh, tu pourrais apprendre les bases, bien entendu ! Toutefois, il est impossible aux bipèdes d’en manier toutes les subtilités : votre gorge est incapable de reproduire certains sons et il vous manque plusieurs aspects physiques pour appuyer vos paroles comme nos oreilles, notre queue ou notre fourrure.
 »

Il glissa la courbe d’une griffe contre la petite oreille nue et ronde de l’humaine, un sourire étirant ses babines alors qu’il frottait sa truffe sur le sommet de son crâne. Sa longue queue ondoya pour lui chatouiller le visage.

« - As-tu des questions sur ce que je viens de t’expliquer ? »

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Luna se sentit rassurée et ne répondit rien au hochement négatif de Purnendu. Elle était une jeune femme et pourtant, elle avait du mal à définir qui elle était. Elle était plein de choses! Et en même temps, elle avait l’impression de n’être rien du tout, qu’une fourmi parmi tant d’autres. Or, les possibilités étaient là. Qui était-elle? Que voulait-elle? Au final, ce serait ses actions qui la définiraient, n’est-ce pas? Et viendra alors un nom pour elle…

La princesse des lumières voulait tout savoir sur les Graärh! Mais elle était aussi réaliste, elle savait qu’ils ne survoleraient qu’une petite partie. C’était mieux ainsi, car Luna pouvait perdre le fil rapidement. Là, ça allait encore, car c’était un sujet qui l’intéressait. Mais un peu comme Alkhytis, elle avait de la facilité à perdre son attention et à se laisser distraire par tout ce qui l’entourait.

- Oui, je vais prendre de quoi noter. Bonne idée! Fit-elle.

Sa voix était enjouée. Ça n’avait rien à voir avec les nombreuses notions qu’on avait voulu lui inculquer lorsqu’elle était gamine à Aigue-Royale. C’était une bonne idée qu’elle n’aurait pas pensé elle-même. Écrire l’aiderait à garder le fil et avait l’avantage qu’elle pourrait le relire. Elle se redressa sur Purnendu et le remerciant, attrapa un de ses crayons, une feuille de parchemin et une surface solide sur lequel écrire. Son sourire qui apparut à ses lèvres fut le signe qu’elle était prête.

Les mots commencèrent à apparaître doucement sur la feuille. Elle résumait rapidement ce que Purnendu expliquait sur son peuple et se faisant, elle se faisait des images également. Il s’agissait d’une société matriarcale, ce qui était déjà une grande différence comparativement aux humains. Un jour, peut-être viendrait-il le changement, mais pour l’instant, c’était toujours plus difficile de se tailler sa place lorsqu’on était une femme.

- Oui, ça va jusqu’à maintenant. Répondit-elle.

Deux légions, chacune menée par une cheffe femelle Kamda Aaleeshaan. Réellement, Luna l’écrivit de façon phonétique et c’est certain qu’il y aurait de nombreuses fautes ici et là, mais ça n’avait pas d’importance. Elle se comprendrait en relisant. Au final, elle nota que c’était l’honneur et les gestes qui comptaient. Il fallait prouver sa valeur pour être important.

- Pousser un ronronnement?! S’exclama-t-elle.

Elle était partie à rire à cette idée. Si seulement c’était possible… Il n’y avait que les liés du Serval qui pouvaient avoir cette capacité chez les sans-poils.

- Je vois… J’essayerai de faire attention et d’appliquer tout ce que tu me dis si je croise Graärh. Je pense avoir réussi à noter l’essentiel. Je pense que ce sera tout pour l’instant, ça fait déjà beaucoup.  Quoique je serais bien intéressée d’apprendre les salutations. Dit-elle finalement.

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Le rire des humains avait de fascinant qu'il changeait d'une personne à l'autre, mais aussi qu'il se modulait selon les intentions qui animaient le cœur de leur auteur au moment de sa création. Il n'existait donc pas deux rires identiques et ça, quand bien même ils s'échappaient de la même personne ou qu'ils venaient de plusieurs personnes confrontés aux même stimuli. Avec sa voix déjà douce et innocente, Luna créait ainsi un son cristallin qui ravissait les oreilles du grand fauve et lui faisait se demander quel serait le timbre d'Ivanyr s'il parvenait un jour à lui arracher un tel éclat... d'ailleurs, c'était exactement pour cette raison qu'il aimait autant s'occuper des petits orphelins ; ils riaient si aisément, avec tant d'honnêteté ! Purnendu aurait voulu remplir le camps de la joie qu'ils transportaient malgré les terribles événements confrontés à ce jour. Les bipèdes avaient besoin de s'accrocher aux bons côtés, même s'il y en avait peu. Non ; parce qu'il y en avait justement si peu, ils devaient absolument les chérir. Un peu comme ces enfants. Patient, il attendit que la jeune femelle se remette de sa surprise, ainsi que de son hilarité et resta à observer l'intérieur silencieux de la tente. Avec l'heure qui tournait, ils approchaient certainement de la sieste pour les petits... Tendant l'oreille vers l'extérieur, il pouvait déjà entendre les jeux se calmer.

"- Je pense aussi qu'il s'agit là d'une première leçon très complète."

Il glissa ses grandes paluches sous les aisselles de Luna afin de pouvoir la soulever hors du nid qu'ils s'étaient mutuellement offert en se blottissant l'un à l'autre. La déposant sur ses deux pieds, le graärh vint à son tour déplier sa carcasse et il s'étira avec souplesse dans un long bâillement qui révéla son impressionnante dentition. Un frisson gonfla sa fourrure et il s’ébouriffa la crinière tandis qu'il roulait des épaules pour chasser tout l'engourdissement de sa musculature. La journée avait été relativement calme et l'immobilité lui pesait soudainement ; peut-être irait-il courir dans les collines alentours ! Il ne voulait pas prendre du gras et même s'il restait rigoureux sur ses exercices matinaux, le climat de Calastin ne lui consommait plus autant les réserves hors il n'avait pas diminué ses quantités de repas... Purnendu passa une mains sur son poitrail pour en peigner les poils, puis descendit son ventre qu'il palpa au travers des vêtements. Mh, oui ;  il allait devoir augmenter ses activités physiques drastiquement où il finirait en chat de salon en un rien de temps. L'image fugace de lui en train de jouer les pachas dans le salon du bourgmestre manqua de lui hérisser le poil, mais la voix douce de Luna le tira heureusement de sa soudaine panique.

"- ... Nous pouvons effectivement conclure avec les salutations, tu as raison."

Il s'ébroua mentalement afin de chasser de bien triviales considérations qui ne concernaient absolument pas l'adorable petite tête blonde qui l'attendait. Après s'être placé au milieu de la pièce, il lui fit signe de le rejoindre et de se mettre face à lui. La première étape fut de lui apprendre les postures autant lorsque l'on était d'une caste inférieure, que lorsque l'on était en domination lors de l'échange. Puisque la jeune fille n'avait pas les oreilles, la fourrure et la queue pour apporter les accents de sa posture, il lui conseilla d'exagérer telle ou telle position afin d'écarter tout risque de quiproquos.

"- Pour les salutations verbales, cela dépendra du graärh. S'il est de Néthéril, il sera bien vu de lui souhaiter une chasse réussie et une eau abondante. Si c'est un graärh de Nyn-Tiamat, alors les vœux se porteront davantage sur sa pêche et la clémence du temps. Il sera aussi bien vu que tu leur souhaites la bénédiction et les faveurs des Esprits. Ne fais pas mention aux Dieux, car après tout nous n'y croyons pas."

Un sourire ourla ses babines alors qu'il posait une main sur son épaule.

"- Je pense que ce sera tout pour l'instant. Je vais aller chercher les enfants puisqu'il est bientôt l'heure de leur sieste. Je ne voudrais pas te garder plus longtemps, mais n'hésites pas à revenir si le cœur t'en dit."

Il se détourna d'elle afin de sortir de la vaste tente. D'un rugissement, il appela tous les orphelins qui prirent toutefois le temps de ranger leurs jeux avant de s'attrouper autour des pattes de l'immense félin. Il caressa à tour de rôle leurs cheveux si soigneusement coiffés afin de les compter et de s'assurer qu'il ne lui en manquerait pas un. Une fois apaisé, il les convia à entrer et commença à les aligner en cercle pour la sieste avant de lui-même rester au centre pour s'installer en tailleur. Les yeux clos, il laissa sa longue queue taper une cadence alors qu'il entamait un profond ronronnement et se plongeait en méditation pour les prochaines heures.

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