1 Octobre
Ocre et doré était le paysage. Les rayons du soleil crépusculaire teintaient toute la savane de teintes oranges et jaune et étendait le noir des ombres des quelques arbres et des herbes hautes et verdatres. Une bise agréable vestige des fortes moussons de l'automne faisait baisser la température à une vingtaine de dégré tout à fait agréable et nulle doute que le feu que le voyageur avait allumé après avoir arraché la végétation dans un cercle de quelques mètre ne serait pas de trop pour le garder au chaud pendant la nuit.
Celui-ci était en train de réchauffer une maigre portion de porridge et de viande séchée qui lui venait de quelques réserves qu'il avait faite avant de partir en voyage et voyait son repas fade bouillonner dans une odeur mélangée de vieux pain humide, de sauce béchamelle pleine de grumeaux, de sel aromatisé au mouton vieux de deux mois, du bois d'acacia en train de bruler et de l'herbe fraichement arrachée. Cocktail d'odeurs très peu fameux.
Pour s'accorder avec cette ambiance de pauvre champètrerie quelques accords de cordes pincées lancés assez chaotiquement résonnaient dans l'air.
"J'ai plaqué mon chêne, comme un saligaud,
Mon copain le chêne, mon alter égo,
On était du même bois, un peu rustique un peu brut, dont on fait n'importe quoi.... sauf les luth ? les flutes ? les zut ? Peste de chanson de mord moi le noeud ! J'en ai marre !"
Archibald Habbot, troubadour, marin, mercenaire, voyageur, n'était pas de bonne humeur. Il essayait de composer une chanson pour passer le temps mais rien ne semblait venir. En partant du domaine et en allant vers Athgalan, il avait erré dans la savane pendant près d'un mois et demi à la recherche de l'inspiration. Il avait rencontré des Graärh, s'était familiarisé avec leurs techniques de chasse et leurs traditions mais rien ne semblait l'inspirer vraiment. D'ailleurs ces derniers supportaient sa présence et appréciait certaines de ses histoires mais ses babillages incessants avait tôt fait de les Il cherchait, il cherchait mais rien n'y faisait. Il avait fait une promesse à un baptistrel qui l'avait assisté dans son rituel totémique. Il lui avait promis de se consacrer à son art et d'arrêter de se laisser vivre au gré de ses boulots de marins, plus ou moins légaux. Il s'était juré de se donner bonne conscience et voilà que l'univers mettait sur le chemin de ses bonnes intention, une impasse artistique en plein milieu d'une plaine.
"Zut ! Comment voulez vous que je fasse une chanson et devienne barde si je suis incapable de refaire des rimes ?! A l'époque il me suffisait de prendre un air populaire et d'en changer un peu les paroles ! Mais composer soi même est beaucoup plus compliqué que je ne pensais ! Les seules compositions que j'ai réussi à sortir sont des vieilles comptines issue de mon enfance et une chanson d'ivrogne désabusé. Putain d'ironie... Zut zut zut et re zut mon gruau !"
L'odeur de nourriture brulée vint s'ajouter aux autres parfums et Archibald décida d'abandonner. Il jeta sa tentative ratée de plat au sol, sorti l'outre de vin qu'il avait vaillamment refusé de toucher jusque là et qui servait précisément pour ce genre de moment de faiblesse. Il but plus que de raison et chanta à la mesure de son agacement. En articulant mal, en ne respectant pas la longueur de certains vers, et en chantant faux et mal.
"Avant de chanter ma vie, de fair' des haraaaaaangues
Dans ma gueul' de bois, j'ai tourné sept fois, ma laaaaangue
J'suis issu de gens, qui étaient pas du gen-reuh sobre.
On conte que j'eus, la tétée au jus, d'octobre...
En guise de sang, O noblesse sans, pareille!
Il coule en mon cœur, la chaude liqueur, d'la treille...
Quand on est un sa-ge, et qu'on a du sa-voir-boire
On se garde à vue, en cas de soif u-ne poire
Une poire ou deux, mais en forme de, bonbonne
Au ventre replet, rempli du bon lait, d'l'automne...
Etre assoiffé d'eau, c'est triste mais faut, bien dire que,
L'être de vin, c'est encore vingt, fois pire...
Hélas ! il ne pleut, jamais du gros bleu, qui tache.
Qu'ell's donnent du vin, j'irai traire enfin, les vaches.
Que vienne le temps, du vin coulant dans, la mer !
Les gens, par milliers, courront y noyer, misère..."
Peut-être aurait-il du s'inquiéter de ce que l'odeur et le bruit allait attirer à lui et de la dangerosité potentielle de la faune locale. Ou d'oreilles et de narines délicates qui prendrait comme insulte une telle paresse d'interprétation et un tel massacre culinaire.
Ocre et doré était le paysage. Les rayons du soleil crépusculaire teintaient toute la savane de teintes oranges et jaune et étendait le noir des ombres des quelques arbres et des herbes hautes et verdatres. Une bise agréable vestige des fortes moussons de l'automne faisait baisser la température à une vingtaine de dégré tout à fait agréable et nulle doute que le feu que le voyageur avait allumé après avoir arraché la végétation dans un cercle de quelques mètre ne serait pas de trop pour le garder au chaud pendant la nuit.
Celui-ci était en train de réchauffer une maigre portion de porridge et de viande séchée qui lui venait de quelques réserves qu'il avait faite avant de partir en voyage et voyait son repas fade bouillonner dans une odeur mélangée de vieux pain humide, de sauce béchamelle pleine de grumeaux, de sel aromatisé au mouton vieux de deux mois, du bois d'acacia en train de bruler et de l'herbe fraichement arrachée. Cocktail d'odeurs très peu fameux.
Pour s'accorder avec cette ambiance de pauvre champètrerie quelques accords de cordes pincées lancés assez chaotiquement résonnaient dans l'air.
"J'ai plaqué mon chêne, comme un saligaud,
Mon copain le chêne, mon alter égo,
On était du même bois, un peu rustique un peu brut, dont on fait n'importe quoi.... sauf les luth ? les flutes ? les zut ? Peste de chanson de mord moi le noeud ! J'en ai marre !"
Archibald Habbot, troubadour, marin, mercenaire, voyageur, n'était pas de bonne humeur. Il essayait de composer une chanson pour passer le temps mais rien ne semblait venir. En partant du domaine et en allant vers Athgalan, il avait erré dans la savane pendant près d'un mois et demi à la recherche de l'inspiration. Il avait rencontré des Graärh, s'était familiarisé avec leurs techniques de chasse et leurs traditions mais rien ne semblait l'inspirer vraiment. D'ailleurs ces derniers supportaient sa présence et appréciait certaines de ses histoires mais ses babillages incessants avait tôt fait de les Il cherchait, il cherchait mais rien n'y faisait. Il avait fait une promesse à un baptistrel qui l'avait assisté dans son rituel totémique. Il lui avait promis de se consacrer à son art et d'arrêter de se laisser vivre au gré de ses boulots de marins, plus ou moins légaux. Il s'était juré de se donner bonne conscience et voilà que l'univers mettait sur le chemin de ses bonnes intention, une impasse artistique en plein milieu d'une plaine.
"Zut ! Comment voulez vous que je fasse une chanson et devienne barde si je suis incapable de refaire des rimes ?! A l'époque il me suffisait de prendre un air populaire et d'en changer un peu les paroles ! Mais composer soi même est beaucoup plus compliqué que je ne pensais ! Les seules compositions que j'ai réussi à sortir sont des vieilles comptines issue de mon enfance et une chanson d'ivrogne désabusé. Putain d'ironie... Zut zut zut et re zut mon gruau !"
L'odeur de nourriture brulée vint s'ajouter aux autres parfums et Archibald décida d'abandonner. Il jeta sa tentative ratée de plat au sol, sorti l'outre de vin qu'il avait vaillamment refusé de toucher jusque là et qui servait précisément pour ce genre de moment de faiblesse. Il but plus que de raison et chanta à la mesure de son agacement. En articulant mal, en ne respectant pas la longueur de certains vers, et en chantant faux et mal.
"Avant de chanter ma vie, de fair' des haraaaaaangues
Dans ma gueul' de bois, j'ai tourné sept fois, ma laaaaangue
J'suis issu de gens, qui étaient pas du gen-reuh sobre.
On conte que j'eus, la tétée au jus, d'octobre...
En guise de sang, O noblesse sans, pareille!
Il coule en mon cœur, la chaude liqueur, d'la treille...
Quand on est un sa-ge, et qu'on a du sa-voir-boire
On se garde à vue, en cas de soif u-ne poire
Une poire ou deux, mais en forme de, bonbonne
Au ventre replet, rempli du bon lait, d'l'automne...
Etre assoiffé d'eau, c'est triste mais faut, bien dire que,
L'être de vin, c'est encore vingt, fois pire...
Hélas ! il ne pleut, jamais du gros bleu, qui tache.
Qu'ell's donnent du vin, j'irai traire enfin, les vaches.
Que vienne le temps, du vin coulant dans, la mer !
Les gens, par milliers, courront y noyer, misère..."
Peut-être aurait-il du s'inquiéter de ce que l'odeur et le bruit allait attirer à lui et de la dangerosité potentielle de la faune locale. Ou d'oreilles et de narines délicates qui prendrait comme insulte une telle paresse d'interprétation et un tel massacre culinaire.