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1 Octobre

Ocre et doré était le paysage. Les rayons du soleil crépusculaire teintaient toute la savane de teintes oranges et jaune et étendait le noir des ombres des quelques arbres et des herbes hautes et verdatres. Une bise agréable vestige des fortes moussons de l'automne faisait baisser la température à une vingtaine de dégré tout à fait agréable et nulle doute que le feu que le voyageur avait allumé après avoir arraché la végétation dans un cercle de quelques mètre ne serait pas de trop pour le garder au chaud pendant la nuit.
Celui-ci était en train de réchauffer une maigre portion de porridge et de viande séchée qui lui venait de quelques réserves qu'il avait faite avant de partir en voyage et voyait son repas fade bouillonner dans une odeur mélangée de vieux pain humide, de sauce béchamelle pleine de grumeaux, de sel aromatisé au mouton vieux de deux mois, du bois d'acacia en train de bruler et de l'herbe fraichement arrachée. Cocktail d'odeurs très peu fameux.
Pour s'accorder avec cette ambiance de pauvre champètrerie quelques accords de cordes pincées lancés assez chaotiquement résonnaient dans l'air.
"J'ai plaqué mon chêne, comme un saligaud,
Mon copain le chêne, mon alter égo,
On était du même bois, un peu rustique un peu brut, dont on fait n'importe quoi.... sauf les luth ? les flutes ? les zut ? Peste de chanson de mord moi le noeud ! J'en ai marre !"


Archibald Habbot, troubadour, marin, mercenaire, voyageur, n'était pas de bonne humeur. Il essayait de composer une chanson pour passer le temps mais rien ne semblait venir. En partant du domaine et en allant vers Athgalan, il avait erré dans la savane pendant près d'un mois et demi à la recherche de l'inspiration. Il avait rencontré des Graärh, s'était familiarisé avec leurs techniques de chasse et leurs traditions mais rien ne semblait l'inspirer vraiment. D'ailleurs ces derniers supportaient sa présence et appréciait certaines de ses histoires mais ses babillages incessants avait tôt fait de les Il cherchait, il cherchait mais rien n'y faisait. Il avait fait une promesse à un baptistrel qui l'avait assisté dans son rituel totémique. Il lui avait promis de se consacrer à son art et d'arrêter de se laisser vivre au gré de ses boulots de marins, plus ou moins légaux. Il s'était juré de se donner bonne conscience et voilà que l'univers mettait sur le chemin de ses bonnes intention, une impasse artistique en plein milieu d'une plaine.

"Zut ! Comment voulez vous que je fasse une chanson et devienne barde si je suis incapable de refaire des rimes ?! A l'époque il me suffisait de prendre un air populaire et d'en changer un peu les paroles ! Mais composer soi même est beaucoup plus compliqué que je ne pensais ! Les seules compositions que j'ai réussi à sortir sont des vieilles comptines issue de mon enfance et une chanson d'ivrogne désabusé. Putain d'ironie... Zut zut zut et re zut mon gruau !"

L'odeur de nourriture brulée vint s'ajouter aux autres parfums et Archibald décida d'abandonner. Il jeta sa tentative ratée de plat au sol, sorti l'outre de vin qu'il avait vaillamment refusé de toucher jusque là et qui servait précisément pour ce genre de moment de faiblesse. Il but plus que de raison et chanta à la mesure de son agacement. En articulant mal, en ne respectant pas la longueur de certains vers, et en chantant faux et mal.

"Avant de chanter ma vie, de fair' des haraaaaaangues
Dans ma gueul' de bois, j'ai tourné sept fois, ma laaaaangue
J'suis issu de gens, qui étaient pas du gen-reuh sobre.
On conte que j'eus, la tétée au jus, d'octobre...
En guise de sang, O noblesse sans, pareille!
Il coule en mon cœur, la chaude liqueur, d'la treille...
Quand on est un sa-ge, et qu'on a du sa-voir-boire
On se garde à vue, en cas de soif u-ne poire
Une poire ou deux, mais en forme de, bonbonne
Au ventre replet, rempli du bon lait, d'l'automne...
Etre assoiffé d'eau, c'est triste mais faut, bien dire que,
L'être de vin, c'est encore vingt, fois pire...
Hélas ! il ne pleut, jamais du gros bleu, qui tache.
Qu'ell's donnent du vin, j'irai traire enfin, les vaches.
Que vienne le temps, du vin coulant dans, la mer !
Les gens, par milliers, courront y noyer, misère..."

Peut-être aurait-il du s'inquiéter de ce que l'odeur et le bruit allait attirer à lui et de la dangerosité potentielle de la faune locale. Ou d'oreilles et de narines délicates qui prendrait comme insulte une telle paresse d'interprétation et un tel massacre culinaire.

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-Et là, il lui dit :”Même un lié-Raton-Laveur ne pourrait réparer une tronche comme la tienne !”*

A la blague de Gunjan, la douzaine de chasseurs explosèrent de rire. La journée avait été particulièrement éprouvante, aussi les la troupe prenait un repos bien mérité au sommet d’une petite colline. Bien que difficile, la chasse avait été bonne, et un stock non négligeable de gazelles et autres antilopes reposait à côté de la caravane de buffles domestiques. De leur promontoir, les Graarh pouvaient observer très loin dans l’horizon, même si une attaque nocturne était très peu probable. A cette heure de la journée, la plupart des guerriers se confondaient parfaitement dans les tons ocres du firmament. Seul Jangali se détachait du lot avec son pelage sombre, anticipant la nuit de quelques heures. Affairé autour du feu, il avait comme toujours, la tâche de préparer le repas des champions, essentiellement composé à 90% de viandes. Pour l’avoir préparé des milliers de fois, ses gestes étaient automatiques, sont esprit pouvant s’occuper d’autres choses. C’est d’ailleurs parce qu’il pensait à autre chose qu’il fut le premier à sentir l’odeur. Se redressant à la manière d’un suricate, il huma l’air en tout sens.

-Erk, vous sentez ça ?, demanda-t-il à tous, fronçant les narines.
-C’est quoi cette infection ?
-Argh, ça pue !
-Ga’Majil, tu vois d'où ça vient ?

Le dénommé Ga’Majil, alias Longue-vue-perçante, s’affairait déjà à trouver la source de l’odeur nauséabonde qui assaillait les sens délicats des Graarh. Après un rapide coups d’oeil circulaire, celui-ci désigna du menton une petite colonne de fumée dans le sens du vent. Tous se tournèrent vers l’endroit, et les oreilles bien droite, ils purent déceler quelques sons étrangers.

-C’est un Sans-Poil. Et seul.
-Laissons-le, la savane aura raison de lui, argua Urjiida.
-Et si ça se trouve c’est l’humain-Pie qui se balade partout, ce qui est pire que tout…

Tous opinèrent, la réputation des Pie ayant tendance à les précéder, elles étaient souvent éviter comme la peste pour qui n’était pas patient. Cependant, les quelques notes que Jangali percevaient titillèrent sa curiosité, lui faisant oublier la médisance de ses pairs. Il se leva, ramassa ses affaires, un gigot d’antilope et entreprit de rencontrer l’hérétique culinaire.

-On t’aura prévenu Janga ! Il va te rendre fou hahaha.
-Peut-etre, mais lui il me critiquera peut-être moins sur mes expériences alimentaire !
-Roooh ça vaaa, elles étaient pas si mal tes herbes haha.

Le Gourmet tourna les talons et descendit la colline, directement en direction de mauvaise odeur -dont le fumet lui échappait totalement-. Il faut dire que ses comparses le raillaient souvent par rapport à son affinité avec la nourriture et sa curiosité culinaire. Quand tous les graarh de sa tribu se contentaient de beaux et juteux morceaux de viande, lui préférait s’ouvrir à un vaste univers de combinaisons différentes et savoureuses, mêlant viandes, légumes et fruits. Aussi, alors qu’il arrivait en vue du maigre campement du voyageur solitaire, il espérait qu’à défaut de venir squatter son île, il saurait lui apporter d’autre savoirs exotiques. Ne sachant si l’humain était coutumier du salut graarh, il se contenta d’un petit ronronnement de gorge pour signaler sa présence et vint s’installer en face de lui. Il jeta un regard de dégoût aux restes de tentatives de repas et s’adressa à l’inconnu.

-Je suis venu voir qui attentait à mon odorat. J’espère pour toi que tu joues mieux de ton instrument que tu ne cuisines, sinon ce sera toi que je vais cuire !

Il avait narquoisement dit cela sur le ton de l’humour, ne voulant pas brusquer ce petit être chétif -de son point de vue de Graarh l’on s’entend-.

*ndlr:humour Graarh, cherchez pas.

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Alors que la musique du oud et de la voix se réduisait lentement à quelques notes pincées ça et là et des fredonnements de couplets, de refrains mélangés, une interruption se profila dans l'ombre du repos tant espéré. La faim. Archibald avait bu, et donc, il avait faim. Une cause et une conséquence dont la liaison avait le don de prendre au dépourvu la plupart des ivrognes du monde entier, alors que la combine aurait du être connue depuis le temps...
Cette faim enivrée était dévastatrice, elle le faisait même considérer le pauvre mélange d'immondice encore chaud qu'il avait voulu se faire comme repas, alors même qu'il se trouvait au sol parmi la poussière, les insectes et les herbes hautes. "C'est vrai que ça a l'air pourri, mais peut-être qu'on peut encore sauver quelque chose..." ne pouvait-il s'empêcher de penser avec un soupçon de honte. Perdu dans ses contemplations culinaires, il avait perdu le fil de ses pensées et marmonnait le même vers et la même note en boucle depuis deux bonne minutes quand il tiqua au son d'une voix féline. Il s'arrêta d'un coup et releva la tête pour découvrir qu'il n'était plus seul.
"Hein ? Quoi-Que-Qui-Quoi ?! AH ! AH ! AAAH ! ZETES QUI ?!"
Accompagné d'une telle éloquence, et aidé par la perte d'équilibre de l'ivresse, il offrit à son hôte une première impression qui n'entrait certainement pas dans les codes de la bienséance.
"Nan mais vous êtes dingo ?! Ça va pas de surgir du fin fond de la brousse comme ça et d'effrayer les zhonnêtes gens ?!" d'avoir été surpris le rendait mesquin mais pas stupide pour autant et il prit soin de rectifier.
"Je disais donc, dans ton langage ça ira mieux... Nan mais t'es dingo ?! Ça va pas de surgir du fin fond de la brousse comme ça et d'effrayer les zhonnêtes gens ?!" et il mima avec ses mains des oreilles de chat au dessus de sa tête qui se retournaient vers l'arrière, montrant son agacement. Il avait bien observé les graärh et son don d'imitation transmis par l'esprit la pie, lui avait permis d'assimiler le langage très rapidement. A part certains ronronnement qui demandaient des efforts vocaux, c'était surtout une question de posture et d'intention, donc ça n'était pas très dur pour lui. Il reprit d'un ton plus calme mais toujours dans la même idée :
"Ah ça ! Pour pas faire de bruit en marchant tout doucement sur ses coussinets ya du monde, ah ça vous êtes fortiches ! Mais dès qu'il faut entamer une discussion tranquillement avec moi sans me gronder dessus de me taire ou d'arriver et de dire bonjour normalement, ya plus personne !"
Tout n'était pas tout à fait cohérent, le vin d'athgalan, quoique ce ne soit pas le pire, dont il venait de prendre une bonne douzaine de grandes gorgées rapidement, faisait son effet. Un putain d'effet.
"Je commence à en avoir fait le tour des gros matous comme toi mon p'tit ! Ça fait bientôt deux mois que je me ballade dans cette foutu plaine et j'en ai déjà croisé pas mal des shikaree et des villages. Vous êtes d'abord méfiants, puis vous me demandez ce que je fous là, puis vous me trouvez un intérêt rapide, je vous fais un truc à moi genre chanter, ou je jongle ou je vous montre des bibelots d'humains, vous me donnez à bouffer et vous me lâchez sans rien d'autre que mes yeux pour pleurer ! Là toi t'en es à la deuxième partie, tu viens juste voir ce qui se passe mais bientôt toi aussi tu te plaindras que je l'ouvre trop et que gnagnagnagnagna. Marre !"
Le troubadour tangua un peu sur son derrière, plus très sûr de son sens de l'équilibre puis se releva, mal assuré.
"J'ai faim. Nom des dieux et des esprits que j'ai faim. T'as pas à manger le chat ?" dit-il sans aucune gêne, avec une certaine lassitude, comme si le fait de demander lui était pénible. Son corps et la partie encore sensée de son cerveau l'informait que la nuit allait bientôt tomber, qu'il allait faire bientôt nettement plus froid, et qu'il allait avoir besoin de carburant pour se réchauffer. Alors de mauvais coeur il se plia à cette volonté.

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Jangali resta coi le temps de trois battements de coeur. Il ne s’était pas du tout attendu à ce genre de réaction, vraiment. Mais très vite, le débit et l’haleine avinée de l’humain eurent raison de lui et il explosa de rire. Quelque chose en cette homme -ou femme, il ne savait pas trop bien- lui évoquait plus un sentiment d’euphorie que de réelle menace. Et ses paroles venaient visiblement du coeur et il semblait bien qu’il en avait gros sur la patate. L’alcool déliait toujours les esprits après tout. Au moins, son comportement était plus sincère que d’ordinaire, dans une moindre mesure. Après un instant de réflexion toutefois, il dut aussi avouer que son ras-le-bol était justifié. Aussi, il leva sa main en signe de reddition et de paix et lui présenta des excuses, ponctués d’un certain amusement.

-Haha, pardonnes-moi. C’est vrai qu’on me dit souvent que je me déplace trop silencieusement. Déformation professionnelle on va dire.

Avisant un coin de feu, il se laissa tomber avec souplesse, croisant ses jambes. Il lui tendit son gigot tout en reprenant.

-Tu m’étonnes que tu dois avoir faim. Je ne sais pas ce que tu essayais de cuisiner là, mais même un Lié Cafard n’en voudrais pas ! Je ne sais pas si je suis le mieux placer, mais acceptes ce morceau au nom de toute les moqueries que mes frères ont pu te lancer et reprenons depuis le début ?

Même si leur terres devait accueillir des étrangers contre leur gré, Jangali avait néanmoins toujours été d’un naturel curieux. C’est peut-être cela qui l’avait poussé à forcer les barrières entre leur peuples. Après tout, il ne faisait qu’appliquer ce qu’il faisait en matière de cuisine: explorer de nouveaux horizons.

Alors que son nouveau compagnon d’infortune engloutissait la juteuse pièce de viande, il en profita pour se présenter en bonne et due forme.

-Je m’appelle Jangali. Shikaaree chasseur et cuisinier de la Legion, alors oui à manger, j’ai de quoi contenter toute une tribu. Et toi qui es-tu donc pour te balader dans notre magnifique savane, tout seul et armé d’une… d’un… comment ça s’appelle ?, finit-il par désigner l’oude.

Il était vrai qu’il avait milles et une question, mais fort heureusement, l’Humain était une Pie, et se taire ne faisait généralement pas partie de leur attributions.

Dernière édition par Jangali Pasu le Sam 20 Oct 2018 - 17:17, édité 1 fois

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Tout ce que disais le graärh avec ses sons ronronnants et suaves passait droit au dessus de la tête d'Archibald. Son attention et son sens de la politesse était largement amputé en ce moment et son odorat et sa vue monopolisaient totalement son attention.
Le gros chat tenait un gigot, bien cuit, fumant, appétissant et l'affamé en avait la bouche qui débordait de salive. Toute les promesses d'amitié sincères et tout les serments de loyauté du monde n'auraient pu sceller aussi bien, en cet instant précis, la relation de gratitude éternelle que le troubadour se jura d'observer envers le cuisinier inconnu. Enfin s'il s'en souvenait à son réveil.

Sans plus de cérémonie et en empoignant le gigot à pleines mains il s'empara de sa pitance et entreprit de la dévorer. Peu à peu, alors que son corps prenait le contrôle des événements, sa tête se remit à fonctionner, toujours embrumée par l'alcool et attrapa au vol des bouts de phrases et des expressions en relevant parfois le regard de sa viande. Il n'avait pas saisi le nom du personnage car il avait encore du mal à discerner les noms des autres mots mais il avait compris qu'il était cuisinier et qu'il lui avait posé une question.

"HHHMMM... Ch'est exchquis ! 'ravo ! 'u as 'is des cherbes dechus ? Parche che petit goût 'elevé est 'u 'eilleur efchet !"
Il déglutit et lui lança son outre de vin, dont il ne restait qu'un petit tiers de liquide. Cependant c'était une outre conçue pour son utilisateur et elle se devait d'être d'une taille supérieure à la moyenne.
"Oui Oui tiens tu peux en avoir ! C'est du vin de chez nous ! C'est pas le meilleur millésime parce qu'on a épuisé toutes les meilleures bouteilles de vin Glorien qu'on a pu sauver, mais en me débrouillant un peu, j'ai réussi à m'en dégoter quelques bonnes lampées. C'était pas évident, ces maudits pirates sont forts en affaire mais j'ai toujours considéré qu'on devait mettre le prix quand on cherchait de la qualité. C'est vrai quoi, il y a trop de gens qui prétextent ne pas avoir le temps ou les moyens de bien manger ou de bien boire alors que c'est la moindre des choses tout de même. Je ne dis pas que je suis parfait, il m'arrive de me soûler avec ce que j'ai sous la main et de devoir manger la bouffe qu'on me jette mais quand c'est moi qui choisit, j'aime bien avoir de bonnes victuaille et au diable la pingrerie." Il  continua à raconter des informations ineptes et peu cohérentes entre elles à propos de vins, de tavernes, de l'exil qui avait grandement réduit les choix culinaires, de certains vignerons disparus qu'il élevait en martyrs et... Son discours était trop long, il n'avait pas besoin de raconter autant de choses mais il était lié à la pie et dans son état il était incapable de se retenir. De plus, quand certains mots étaient intraduisibles en Graärh, il ne s'embêtait pas à les expliquer et les incluait tel quel ce qui rendait son élocution confuse.
"Enfin bref, goûte moi voir ça ! Tes semblables ont tous été surpris ! C'est la moindre des choses que je puisse t'offrir alors que tu me donnes gentiment un gigot comme ça, merci énormément. J'étais en train de mourir de faim après avoir détruit mon reste de gruau."
Il jeta un regard maussade à la bouillie qui fumait encore au sol en se mélangeant à la terre et cracha un morceau filandreux d'antilope dessus.  Il reprit bouchées sur bouchées jusqu'à ce qu'il ne reste presque plus rien à manger sur l'os d'antilope, en poussant de temps en temps des exclamations de pur plaisir sensuel.

"C'était délicieux ! Tiens tu me donnes envie de te chanter une chanson pour te remercier, une chanson qu'on a inventé en arrivant dans l'archipel pour fêter la reconstruction. Bon on l'a pas fêté très longtemps parce qu'après on s'est fait la guerre mais c'est sympa et ça parle de goûter du vin alors profite !"

Archibald se saisit de son oud et se lança dans un introduction au morceau qu'il rata complètement ce qui lui déclencha une série de juron, avant de concentrer sur les accords simples à effectuer et les couplets répétitifs pour accompagner la dégustation de son hôte gourmet.

"Chevaliers venus du vieux monde
Goûtons voir si le vin est bon ;
Goûtons voir, oui, oui, oui,
Goûtons voir, non, non, non,
Goûtons voir si le vin est bon..."


Alors que la chanson était déclamée de manière un peu hasardeuse et un poil trop forte, des petits jappements plaintifs et distants se rapprochaient du feu de camp. Un canidé arrivait en trottinant.

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Jangali saisit la gourde au vol dans un mouvement réflexe, son esprit resté bloqué devant l’attitude de son vis-à-vis. Si d’ordinaire il aurait fait payé son interlocuteur pour ne pas avoir répondu à sa question initiale, cette fois il n’en fit rien. Très visiblement, l’humain était affamé et alcoolisé à des degrés très élevés. Au bout d’un moment, il haussa les épaules. Après tout, il ne représentait pas vraiment une menace et si son fil de pensée était décousu, au moins il passait un bon moment. Aussi, pendant que l’autre déblatérait anecdotes sur anecdotes sur à un rythme entêtant, le Gourmet goûta à ce que la Pie appelait “vin”. Et effectivement, il en fut très agréablement surpris. L’alcool était doux et sucré, chatouillant ses papilles d’un goût fruité et marqué. Il ne connaissait pas le fruit issu de la fermentation, mais il imaginait bien un beau fruit rouge sang  naturellement chargé en sucre.

Le Graärh était un habitué de la bière de blé et d’orge, seules céréales pouvant être changés en alcool sur leur île. D’ailleurs leurs boissons étaient très fortes et il n’était pas rare que des Graärh ne se retrouvent dans le même état d’ébriété que son acolyte ici présent. Il fut d’ailleurs tenté de lui en proposer avant de se raviser. Il n’était pas certain que l’humain serait capable de supporter une telle charge alcoolisée, surtout vu son état déjà bien avancé. Néanmoins l’idée releva ses moustaches dans un sourire goguenard. Il ricanait toujours mesquinement quand l’autre lui racontait ses aventures, dans un graärh qui ne se voulait surement pas aussi approximatif, et entrecoupé de termes qu’il ne comprenait pas. à que cela ne tienne, il dévorait voracement sa nourriture dans un plaisir non feint et c’est tout ce qui comptait au yeux du cuisinier. Une fois finit, il s’empara de son instrument à cordes. Jangali avait entendu les notes de loin, aussi il était particulièrement content de découvrir ce nouvel instrument de près, peu importe son nom. Il tiqua juste sur le mot “guerre”, le confortant dans l’idée que les nouveaux arrivants n'étaient pas tous pacifiques…

Tchoing

Les premières mesures vrillèrent les oreilles sensibles du graärh, lui arrachant une grimace. Et visiblement, au vue du langage fleuri qui en résulta, ça n’était pas prévu non plus. Le deuxième essai se révéla plus concluant et le Gourmet pu apprécier la chanson, traduite sur le tas. Il doutait que l’accompagner à la flûte serait pertinent ceci dit. Bien que l’exercice eut pu se montrer intéressant, les étranges jappements sortis des ténèbres de la nuit éclipsèrent toute pensées créatives. Le chasseur en lui se réveilla d’instinct et fit immédiatement l’inventaire de toute les créatures qui pouvaient correspondre à ces cris. Et il resta circonspect quand le canidé entra dans le cercle de lumière du feu. Ne relâchant pas pour autant le pommeau de son épée, il demanda simplement:

-Cette bestiole t’appartient l’Humain ?

Bien sur, il ne se voulait pas offensant, mais s’il connaissait le mot “serpillère” à ce moment précis, alors il lui aurait attribué sans soucis. Si la forme générale lui rappelait un chien, alors le reste lui rappelait plutôt un ours qui se serait roulé dans de la boue. Et si le chasseur demandait au lieu de dégainer, c’était uniquement par courtoisie, se souvenant que les dresseurs prenaient très mal que l’on débite leur familiers en morceaux tendres et juteux, sans leur consentement.

-sinon je connais aussi une excellente recette si tu a encore faim !

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"Glorfundel ! Au pied ! Nan mais ! C'est pas bien ! Vilain le chien ! Où t'étais passé, et qu'est ce que c'est cette fourrure toute crasse !" cria Archibald en elfique en voyant débouler la queue entre les jambes son chien qu'il pensait avoir perdu. Une belle bête, enfin pas objectivement mais très affectueux en tout cas, qu'il avait recueilli dans la savane après qu'il ait été abandonné par des Ambarhunéens sans scrupules. Il n'était pas acclimaté à la savane et ses dangers, ni aux graärh qui le voyaient d'un mauvais oeil et il leur rendait bien. Glorfundel était un nom elfique, il ne répondait qu'à cette langue et quand il comprennait les ordres il se révèlaient un chien très obéissant. Enfin si il n'avait pas faim. Et s'il n'avait pas envie de jouer. Ou si il n'était pas en train de pister une proie. Ou en train de machouiller un bout de bois. Ou en train de dormir. Bref c'était un bon chien quand il en avait envie, ce qui n'arrivait pas souvent mais ça, c'était le problème de son maître, pas le sien.

"Oh là là mais qu'est ce qu'il t'est arrivé ?! Assis. Donne la patte, laisse moi voir ça..."
En l'occurence, la queue mouillée d'urine entre les jambes, le regard fuyant, les oreilles en arrière, il était TRÈS obéissant. Il était téméraire et ne craignait pas les punitions des bipèdes mais si la peur de quelque chose d'autre le motivait, il se révélait l'allié le plus proche de son possesseur. Pas le plus utile, mais le plus proche.
Le troubadour tout en marmonnant, observa la blessure du chien qui se révèlèrent être plusieurs blessures. Des chocs, des griffures superficielles sur le museau et le cou. Cependant la morsure à la patte était plus grave, le membre était amorphe et il se trainait au sol pitoyablement, comme s'il était paralysé.
"Mon pauvre Glorfundel... Tu étais déjà un sacré corniaux et te voilà maintenant boiteux... Tel chien tel maitre ! Je parie que tu as trouvé des copains et que tu les a embêtés à japper dans tout les sens et qu'il ont fini par bien te le rendre ! Arrête de bouger ! Tu reste Assis ! Merde... Il y a un sort pour contrer le poison... Je ne m'en souviens plus..."
Archibald se perdit dans ses souvenirs des petits sorts qu'il avaient eu tant de mal à apprendre. Il n'avait jamais été un grand mage et jamais désiré en être un mais son mentor avait exigé de lui qu'il soit le plus polyvalent possible. Dans son état pourtant, le seul effet de sa concentration pour se souvenir était que le monde tanguait de plus en plus. Il finit apr se relever et déclara à son hôte de campement.
"Bon, monsieur le chat, je suis désolé de vous demander ça mais si vous avez un onguent pour aider mon chien je vous serai reconn... HÉ ! NON MAIS C'EST PAS BIENTÔT FINI CE BAZAR ?!"
Il s'était brutalement interrompu car il avait enfin fini par remarquer le bruit de fond qui s'était dangereusement rapproché pendant qu'il s'occupait de Glorfundel.
Des ricanements stridents et lugubres venus des hautes herbes sombres de la savane s'étaient rapprochés et les entouraient désormais dans un concert macabre. La brousse était attirée par les deux bipèdes et leurs cuisine, ainsi que par le cabot déjà blessé qui constituait une proie facile. La brousse avait faim et le petit groupe, l'homme le chat et l'humain, avait l'air délicieux.

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Il connaissait assez de dresseurs pour reconnaître un amoureux de la nature. Et bien qu'il entendait comme une intonation d'exaspération dans la voix de son camarade de beuverie, au moins il était sûr que la bête était bien traitée. Et c'est alors que l'autre s'affairait à examiner son familier, Jangali dressa haut les oreilles de surprise. Il n'avait pas fait attention à cette queue annelée qui s'agitait frénétiquement. Cet humain était donc aussi béni du Lémurien en plus de la Pie ? Lui aussi s'était lié à deux Esprit ? Etait-il seul dans ce cas ou tout les autres sans-poils également ? Une chose était sûr, il avait attisé sa curiosité. Et alors qu'il allait simplement lui demander, il entendit également les gloussements dans l'ombre de la nuit. Puis il grimaça. Il n'y avait qu'une seule bestiole capable d’émettre des cris aussi insupportables. Il n'eut pas le temps de lui répondre pour l'onguent qu'entre ses crocs, sifflait deux simples mots:

-Des nocturnyènes.

Si les smilodons étaient les rois de la savane la journée, la nuit appartenait aux nocturnyènes. Très vite les graärh devaient apprendre à se méfier de ces animaux fourbe pendant les chasses, à la nuit tombée.
Mais malheureusement pour elles, Jangali était un chasseur vétéran. Et en tant que tel, il arborait un rictus prédateur. à la vue des crocs du Gourmet, tout de suite, on ne savait plus qui était la proie.

-J’ai un antidote pour les nocturnyène. Mais il va falloir se débarrasser de ces sales bêtes avant de vouloir le soigner, adressa-t-il à l’humain. Mais ne t’inquiètes pas, elles se croient invincibles en groupe, mais il suffit de taper sur le plus gros et le plus moche. Privé de leur chef, elle vont simplement fuir.

Parmi les prédateurs, la cohésion de groupe était régi par la loi du plus fort. C’était tout bête. Le chef dominant était celui capable d’imposer sa présence aux autres. D’ailleurs, les grärh avaient tendances à en faire de même. Mais moins. Il étaient quand même un peu plus évolués que les autres animaux tout de même.

-Je sais pas comment tu combats, mais prends un air plus menaçant qu’eux et tout devrait bien se passer !

Joignant l’acte à la parole, il dégaina son cimeterre et fonça droit sur le premier charognard qui croisait sa route. La bête, surprise par cette attitude belliqueuse, s’arrêta net et cela lui fut fatal. La lame de Jangali s’enfonça mollement dans le crâne de la créature, qui s’effondra dans un gargouillis sanguin. D’un geste brusque, il la retira et poussa un rugissement bestial, digne des plus grands guerriers graärh. En réalité, il jubilait. Des chants, de la viande et de la baston. Quoi rêver de mieux ?

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Glorfundel gémissait à chaque fois que son maitre essayait d'observer ou d'agir sur la blessure à la lumière vascillante du feu de camp. Et à chaque gémissement, un grommellement mécontent et difficilement articulé venait lui répondre de la part de son maitre. La patience et l'empathie, en plus de la vision et la capacité de réflexion, d'Archibald étaient gentiment parties prendre leurs heures de repos à grands coups de tanins corsés. Seuls restaient de vagues instincts de survie et codes de conduites menés sans ménage dans une tête étriquée par une impulsivité de fer et de feu. 

- Crétin de cabot cesse donc séant de t'agiter ! Tu survivras à cette nuit, sinon je ne pourrais pas te botter le train pour te punir de m'avoir fait un sang d'encre... Avec un peu de chance monsieur le chat aura de quoi me faire tomber à la renverse histoire que j'oublie enfin cette foutue soirée...

La queue de lémurien de l'ivrogne s'agitait de grands mouvements aléatoires et nerveux. L'attitude pateaude et apesanti du corps auquel elle était attachée n'était qu'un trompe l'oeil. Habitué au mouvements houleux des bateaux, aux accrobaties, aux pirouettes torsadées en triple axel et surtout une tendance à boire à rythme soutenu, ce n'était pas une banale miurge de tristesse qui allait l'empêcher d'agiter, certes sans grâce aucune mais efficacement, sa bonne vieille hache, la fameuse "Titine".

- Bien. J'ai rien compris à ce que tu m'as chanté dans l'oreille parce qu'entre graowrar et groarwror je t'avouerai que j'ai pas envie de faire l'effort de discerner la subtilité de traduction*. Et c'est pareil pour cette phrase je connais pas le graärh pour "subtilité" et je sais même pas si le mot existe ni comment on le ronronne.
Bref,
Oui ! À l'attaque fier guerrier ! Que le sang de ces proies indignes abreuve la terre de tes ancêtres et que les charognards de la savane soient témoins de notre offrande aux esprits ! A l'assaut et que tes griffes et crocs te gardent de tomber dans la gloire du combat !


À la suite de son compagnon d'arme improvisé, il dégaina son propre outil de massacre et fonça vers la Nocturnyène qui avait le cri le plus sonore et donc, le plus agaçant. En quelques bonds malhabiles parmi les hautes herbes et après en avoir fauché quelques bonnes brassées avec les moulinets sauvages de sa hache, il atteint sa cible. La nocturnyène jappa de surprise pour appeler ses compères à l'aide tandis qu'une lame d'acier lui frôlait les oreilles. Celles-ci pensaient être à l'abri, immédiatement après cette habile esquive mais les précieux tympans sensibles furent naïfs de se penser en sécurité alors que le lié de la pie et du lémurien, toujours soucieux d'occuper une certaine place de choix dans le spectre sonore, avait ingurgité assez de gnôle pour ne plus avoir aucune idée de ce qu'était le contrôle du volume sonore de ses cordes vocales.

La pluie ne cesse de tomber 
Allez viens plus près ma mie 
Si l´orage te fais trembler 
Allez viens plus près ma mie 
Le vent qui chasse du ciel lourd 
Les nuages gris 
Ne peut rien contre mon amour 
Et toute la nuit 
Viens plus près, plus près de mon cœur 
Là, tout contre moi 
Et si l´orage te fais peur 
Dors entre mes bras 

Je t´embrasserai, te parlerai 
T´apporterai le réconfort 
Allez viens 
Nous resterons là, seuls ici bas 
Que toi et moi, corps contre corps 
Allez viens 

Quand le soleil se levera 
Je le sais trop bien 
Comme la pluie tu partiras 
Quand on est si bien, viens, viens, viens,

Dans cette grange 
Etendons-nous sur les blés murs 
Le destin a des idées étranges 
Quand les éclairs déchirent l´azur 
Vois, tu frissonnes 
Pourtant tu veux partir déjà 
Mais nous ne sommes attendus de personne....


La chanson avait un rythme effréné, qui accélérait et ralentissait au gré des errances du corps et de l'esprit du baladin en plein combat. Ses gestes marquaient une cadence qui leur était propre. Ils fendaient, frappaient, sautaient, s'égaraient sans but avant de surprendre une patte, une queue ou une mâchoire de canidé dans un angle étrange. La queue annelée, si elle n'infligeait pas de dégâts conséquents, avait le don de leurrer les ennemis en leur faisant croire qu'elle pouvait facilement être atteinte alors qu'il n'en était rien. Les crocs ne claquaient que sur du vide tandis que l'appendice touffu s'agitaient déjà loin et que l'acier avait déjà amorcé sa chute inévitable vers le poil tendre du cou de la pauvre victime ; qui en plus n'avoir pas pu se faire un dernier repas à base de queue de singe dodue, n'aura, tout simplement pas de dernier repas du tout.
Si la hache ne touchait pas au but un coup de botte en cancan rieur cueillait les pauvres victimes animales et les envoyaient rejoindre leurs amies en train d'embêter le graärh gourmet. Toute idée d'attaque coordonnée sur une proie isolée dont les hyènes avaient l'habitude était complètement réduite à néant par le chaos sur pattes qui contrariait leurs crocs avides de chair et leur audition sensible. Si la musique avait été dans leurs occupations, elles auraient noté que les paroles, fort joliment composées initialement, semblaient majoritairement entrecoupées de "hmmhmmhmgnngnanananah" et de "euh...lallalallalalalalala" assez agressifs pour quiconque avait déjà entendu et reconnu comme telle, de la musique.


Dans sa furie du combat Archibald ne distinguait pas vraiment ses ennemis et se contentait de frapper ce qui bougeait au niveau de ses genoux en évitant le félin bipède. Une vague réflexion vint chatouiller le peu de conscience qui lui restait mais il la chassa rapidement car elle lui avait fait perdre le compte des pieds de son vers. Peut-être qu'en envoyant des bêtes sur lui et en lançant une attaque sonore comme cela, il pouvait créer une certaine gêne à son allié, créant des difficultés pour le combat et donc sa survie. Mais garder le bon nombre de pied, de vers et de strophes étaient bien évidemment plus important et il replongea plus profondément dans la partition broussailleuse, de cette pièce martiale, ou les notes de la chanson d'amour étaient teintée de gouttes rouge carmin.

* : si on postule que "graowrar" signifie "le plus moche et le plus gros" alors "groarwror" se rapproche de quelque chose de similaire mais dans un domaine un peu plus intime et honteux, qui ne mérite pas de description explicite.

descriptionDélices Mortels De La Brousse [Janga] EmptyRe: Délices Mortels De La Brousse [Janga]

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La sueur et le sang abondait dans ce joyeux chaos que l'on appelait "combat". D'ordinaire, Jangali chassait les nocturnyènes. C'était des techniques de chasse maîtrisées, transmises  par des génération de graärh avant lui. Elles avaient une certaine... beauté. La coordination des graärh  était un  spectacle assez saisissant à observer. Mais là, en cette nuit, il n'y avait rien de beau. Ce n'était qu'un déchaînement sauvage de coups. Un œil extérieur se demanderait même qui du graärh ou des nocturnènes étaient les créatures sauvages. Il bondissait, esquivait, feintait dans une grâce féline unique. Seul bémol à cette chorégraphie, sans doute l'horrible baragouinage que l'humain chantait à tue-tête. Pourtant, la chanson avait bien commencé. Jangali d’ailleurs s’était laissé entrainé par le tempo de la musique de l’humain. Mais seulement au début. Même sans vraiment comprendre les paroles, il se rendait facilement compte que le barde perdait peu à peu du terrain et l’alcool massacrait petit à petit son intelligibilité. Et si seulement ça ne s’arrêtait que là. Mais non. Non seulement il commençait à vriller ses oreilles sensibles, mais en plus il lui mettait des bâtons dans les roues ! Avec son style - Jangali le nota quand même- assez barbare mais néanmoins curieux, il était un véritable danger sur pattes. Plusieurs fois il vit passer la hache bien trop près à son goût. Et très vite Graärh et Nocturnyènes finir de se quereller pour tout simplement s’éloigner de cette menace éméchée. En proie à une sorte de frénésie, l’humain ne sembla pas remarquer que les quelques animaux survivants avait fuit avec quelques jappements de douleurs et d’effrois.

Essoufflé, le chasseur regardait son compagnon d’aventures avec amusement. Finalement, il récupéra un petit caillou et lui lança dessus, accompagné d’un “Hey !” retentissant. D’un mouvement de tête il l’invita à regarder le carnage. Tout autour du campement, le sol s’évertuait à absorber le liquide carmin, suintant de diverse carcasses et membres découpés avec plus ou moins de netteté.

-C’est la première fois que je vois un sans-poil combattre et je dois dire que je suis assez impressionné par ta performance. C’était presque au même niveau que ta chanson.

Il avait dit ça sur le ton de la moquerie bien sûr. Il se doutait bien que vu le niveau d’alcool qu’il avait dans le sang ne lui permettrait pas de juger de ses  capacités réelles. Il s’approcha de lui et lui posa une patte sur l’épaule, manquant de le faire chanceler.

-Allez viens, allons soigner cette pauvre bête avant qu’elle ne rejoigne les Nocturnyènes !

Il fouilla dans sa sacoche le contre-poison adéquat -il lui fallut bien cinq bonne minutes dans tout son barda- et le tendit au musicien. La bestiole qui osait se faire appeler chien était assez traumatisée comme ça pour qu’il n’essaya de lui appliquer les soins à la place de son maître.

Il profita des soins de l’animal pour récupérer les divers morceaux de nocturnyènes éparpillés. Une fois coupés, les membres devenaient des morceaux de viande et il était sacrilège pour le spirite de la Vache de gaspiller de telles ressources. Il en profita pour récupérer quelques fioles de poison à même les crocs des trépassés. Tout à son office, il sifflotait une chansonnette graärh, visiblement heureux.

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