Artane avait été pas mal occupé, avant de pouvoir lire la missive. Tout comme sa douce et belle aimée, il avait eu beaucoup à faire. Sa goélette, conçue pour la vitesse, avait pu profiter de bonnes conditions en mer pour faire plusieurs fois la navette entre Cordont et l'autre port pour mener les ressources nécessaires. Le premier voyage avait été efficace, au point qu'on lui avait demandé s'il pouvait encore s'engager dans un ou deux voyages supplémentaire, moyennant finance bien entendu. Au début, Artane avait manqué de refuser, mais vu que c'était pour apporter des vivres, des guérisseurs et du matériels à tout que la catastrophe de Cordont avait provoqué, il avait accepter sans perdre de temps à raisonner. Donc, ce fut qu'aux termes de ses voyages qu'il voyait un oiseau-messager qui guettait son retour, perché sur un mât, le fusillant du regard. L'oiseau paraissait attendre qu'on lui retire le message pour s'envoler. Le capitaine se demanda depuis combien de temps il l'attendait et se pinça les lèvres. Depuis combien de temps
Ma belle et douce Eleonnora.
Ma lettre arrivera avec un peu de retard et je m'en excuse. Je sens déjà ton regard se poser avec un certain poids pour en savoir les raisons. Rassure toi, il n'y a rien eu de grave. Après le premier voyage effectué à Cordont, on m'a demandé d'en faire quelques uns de plus pour transporter des vivres et du matériel supplémentaire, vu que mon navire était assez rapide pour apporter ce qui était nécessaire et le plus urgent. Maintenant que c'est fait, je peux désormais t'écrire. Bon, je ne pourrais pas te décrire la splendeur de ma cabine à l'équivalence de ton magnifique bureau de Bourgmestre. Mais au moins, lire que tu imagines mon visage, mes traits de sourire et tout le reste, me fait sourire. Car moi je revois ton visage, pendant que tu es en train de lire chacun de mes mots, se demandant ce que tu vas y trouver, avec tes sourcillements sérieux, et après le rayonnement de ton sourire. Cela me rassure que tu arrives à t'évader de tes tâches à travers cette lettre et les précédentes, car même si je ne doute pas de la lourdeur de tes responsabilités, je sais que tu réussis à les accomplir avec brio. Le baroudeur des bas-fonds que tu as aussi réussi à piéger et à mener jusqu'à devenir chèvre. Quand à ce que tu ressens, de ce que tu as écrit, je sais que tu arrives à surmonter cela bien plus que tu ne pourrais l'imaginer... Là, cela doit être assez aisé, vu que le maladroit que je suis est actuellement à bord de son navire, à la limiter de se faire houspiller par l'oiseau messager que j'ai attaché pour le moment à une patte, car il a manqué de s'envoler cet imbécile d'emplumé ! T'aurais aimé la scène quand j'ai à peine retiré le message de sa patte, il a manqué de partir alors que ta lettre était à moitié détachée. Mon idée première avait été de le rôtir pour le manger ! Mais bon, après, tu n'aurais plus eu de lecture de ma part...
Je suis certaine que ce piaf est mangeable en plus.
Pour revenir plus sérieusement, je ne redoute absolument pas de te perdre à cause des considérations que tu es censée avoir à l'égard des gens comme moi. Et ce ne sont pas ces mauvaises langues qui brisera ce qui existe entre nous. C'est trop fort pour eux. et pour Cordont, je t'en parlerai en face à face... décrire ce qui s'est passé là-bas n'a pas à se retrouver dans cette missive, qui doti avoir pour but premier de te réchauffer le coeur.
Tu retrouveras très bientôt la chaleur de mes bras. Demain, nous terminons les préparatifs de départ et je serai là dans quelques jours. A peine débarqué, je viendrai te kidnapper, et nous nous évaderons au delà de la mer, avant que tu ne m'énonces la véritable destination, qui, je m'en doute très bien, sont importantes pour toi, si ce n'est pas vitales. Peut être que ce sera quelque peu... plus dangereux que ton ambition de nouer des relations commerciales quand tu t'étais retrouvée dans la Cour des Miracles. D'ailleurs, je prévois dans une expédition future de me rendre aux coordonnées d'une petite île, qui, si je pense ce que je pense, pourrait te plaire. Mais il faut d'abord que je m'assure de sa réalité.
J'ai déjà hâte d'être à l'aube, demain, et de partir rapidement avec la marée. J'ai hâte de revoir ton visage, ma douce.
Mon coeur est tien.
Artane