- 23 Aôut de l'an 7 de l'âge d'obsidienne, peu avant le RP "A la recherche d'une étoile" -
- Attention : Dragonne méchante -
Elle était en colère, elles se connaissaient à peine, alors elle n'osait pas le lui dire en face, avec force et conviction, mais cela ne lui allait pas du tout. Sa renaissance ne datait que de quelques jours, son corps était tout fragile, tout petit, et même si elle s'y sentait curieusement à l'aise, le fait était qu'Aïasil était incapable de protéger sa liée, or Mëryl avait des projets bien dangereux en tête. Parce qu'en plus de partir à l'aventure, vers l'inconnu, ce qui avait une part de mystère qui demeurait tout à fait séduisante aux yeux de la dragonne, la jeune elfe voulait retrouver sa mère. Aïasil comprenait cela, elle aussi voulait retrouver la sienne depuis un moment déjà. Cependant il ne s’agissait pas d'une simple bipède, il s'agissait d'un personnage dangereux, d'une personnalité mystérieuse qui, la dragonne devait bien se l'avouer, la surpassait un peu, et de ce fait l'apeurait. La veille même, toutes deux s'étaient mutuellement menacées de morts s'il arrivait quelque chose à Mëryl par la faute de l'autre, car si pour Peau-blanche Aïasil ne ressemblait qu'à un parasite, pour la noiraude, la sorcière ne faisait que faire souffrir Mëryl en prétendant vouloir faire l'inverse, la fuyant pour lui briser le cœur, ou pour l'attirer volontairement hors de la ville, Aïasil ne savait pas.
Ce que l'obsidienne savait, c'est qu'hier même avant de rencontrer Peau-blanche, justement en dehors de la ville alors qu'elles se promenaient, elles avaient été agressées par de sales humains, mais elle était encore bien trop faible pour avoir été capable de les défendre. Il fallait juste attendre un peu ! Quelques cycles complets de jours et de nuits, le temps que ses écailles deviennent plus dures que de la véritables obsidienne, que ses griffes deviennent aussi tranchantes que les bouts de métaux humains, que ses ailes deviennent assez grandes pour la porter ! Au lieu de cela, sans lui demander son avis, la petite lune s'était mise en tête de retrouver sa mère, ce qui avait le don de l'inquiéter notamment au sujet de l'emprise que cette Kälyna avait sur elle, emprise tout simplement non-acceptable
Si elle avait été capable de défendre Mëryl de dangers extérieurs, et même contre sa mère elle même, cela ne l'aurait absolument pas dérangée ! Explorer le monde en compagnie de la petite rose, quitter ce grand bâtiment bipède qui lui rappelait tant de douloureux souvenirs, elle ne demandait que ça, mais le récent traumatisme qu'elle a subit, qui n'était pas des moindres, lui ôtait toute envie de risquer la vie de sa nouvelle… de sa liée.
Incapable de raisonner Mëryl, ne maîtrisant trop peu la langue humaine et argumentant avec difficultés ses propos, elle ne su que lui faire passer sa méfiance vis à vis de Peau-blanche et Mëryl ne la prit pas au sérieux, ce qui était blessant pour la petite dragonne qui l'était très facilement, elle fit de son mieux pour lui répondre, mais Mëryl tenta simplement de la rassurer, sans réel succès, en lui assurant que tout allait bien se passer, mais le regard d'argent s'était laissé allé sur la blessure à la gorge qu'elle s'était faite la veille, si le couteau était allé un peu plus profondément dans la chair...
Et donc pour manifester son mécontentement, elle se risqua à fuguer :
Alors que Mëryl pliait bagages dans leur demeure, Aïasil au lieu de déchirer une robe pour l'embêter un peu, profita d'une porte entrouverte pour se sauver le plus discrètement possible de la chambre. Elle se carapata donc dans les nombreux couloirs du palais d'Aldaria, elle en explora curieusement les dimensions qui s'étaient agrandies depuis, elle savait bien que c'était elle qui avait diminué en taille mais c'était l'impression que cela lui donnait. C'était un lieu qu'elle connaissait bien, ou elle avait vécu pendant longtemps, autrefois…
Oui autrefois, dans une autre vie, une vie qui déjà lui paraissait ancienne, mais à la fois… étonnement proche, une vie pleine de gaité, de beauté, quelques obscurs éléments par-ci par là, mais une vie heureuse, et maintenant… Néant.
A peine s'était-elle aventurée hors de ses appartements que ses petites pattes flanchèrent sous le poids de sa blessure toute fraîche. Entre aujourd’hui et il y a quelques jours à peine, elle avait perdu une moitié d'elle même, elle avait perdu cet être doux et fier qu'était Enetari, la lune qui devait éclairer son chemin, et l'accompagner même au cœur des plus noires tempêtes. Il ne fallait pas plus à Aïasil pour retomber dans le chagrin, les pleurs que Mëryl seule pouvait calmer, et elle le savait, être loin d'elle le temps d'une figue serait délicat, alors elle ne se laissa pas aller. Au lieu de se rouler en boule en plein milieux du couloir et alerter tout le palais de sa souffrance comme elle l'avait déjà fait maintes fois la nuit dernière, elle se décida à être courageuse et d'oublier ce malheur contre lequel elle ne pouvait pas lutter, sinon jamais elle ne ferait passer son message à Mëryl, et jamais elle ne la prendrait au sérieux. Alors elle se ressaisi, sautilla un peu pour se remettre en jambe et gambada discrètement de coins d'ombres en coin d'ombres, faisant preuve de son talent naturel en furtivité.
Elle était presque arrivée jusqu'à la sortie du palais lorsqu'une odeur appétissante lui taquina les narines, de la viande toute fraîche, salée et tranchée en lames comme elle les aimait ! C'était le cuistot impérial qui lui faisait ça, qu'est-ce qu'il était gentil d'ailleurs celui là, il faudrait qu'elle arrête de le dévaliser la nuit il ne le méritait peut-être pas. Quoi qu'il en soit, toute contente elle alla le voir, s'introduisant dans une salle de séjour d’où émanait l'odeur, histoire de lui épargner de monter voir Mëryl pour la servir, mais alors quelle ne fut pas sa surprise de voir qu'il n'y avait pas de cuistot moustachu mais cet immonde cuivré en plein repas ! Et c'était bien la viande super bonne qu'il dévorait goulûment et sans aucune classe... quel gâchis ! Cependant une idée lui vint : Voilà qui allait lui permettre de se distraire ! Elle qui adorait jouer un sale tour à ce dragon surexcité elle allait enfin pouvoir se changer les idées, et ne pas risquer de succomber à sa blessure. Alors, aussi silencieuse que possible, elle se cacha en embuscade dans un coin de la pièce, pas trop loin du cuivré moche, et attendit patiemment qu'il soit sur le point de finir son repas.
Au moment ou il s'apprêtait à avaler les dernières tranches, un éclair noir fusa et le plat vola, et retomba au sol vide, les trois dernières tranches pendouillant à la gueule d'une petite dragonne noire qui le toisait le regard moqueur, à quelques mètres de lui. Le temps qu'il comprenne ce qu'il venait de se passer, d'une petite voix malicieuse et tout à fait agaçante elle s'amusa à le provoquer :
« Hey ! Espèce de gros lézard tout gras ! Si tu veux ça il va falloir m'attraper ! »
Et après avoir savouré un temps son regard étonné, elle se carapata sans demander son reste. Peut-être pas lui, mais elle, elle allait bien s'amuser ! Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas embêté ce lézard d'Alkhytis !