6 Septembre de l'an 7 de l'âge d'obsidienne
Quel abruti ! Quel crétin ! Quelle honte ! Quel gâchis de tant de force, tant de puissance, de charisme, tant de possibilités pour un esprit si pleins de préjugés, si pleins de fausses idées, des idées stupides et déshonorantes. Comment pouvait-on penser que le lien était quelque chose de mauvais dès lors qu'il vous maintient en vie, il était certes libre, lui, mais s'il ne tenait bon ce n'était que grâce à sa force prodigieuse, et son cœur de pierre, même elle, qui méprisait le faible, qui adorait la force et serait prête à beaucoup pour l'obtenir, tout comme lui, avait un instinct dominateur et méprisant, même Aïasil, dragonne d'obsidienne, en était arrivée à contredire le puissant dragon rouge, car nulle doute que dans sa condition, elle n'aurait jamais pus survivre sans Mëryl.
Verith de l'ire, était celui qu'on lui avait choisi et attribué comme gardien temporaire, chargé de sa sécurité, après en avoir fait la promesse à peau-blanche, la sorcière Vallaël. Son but avait été de la protéger, elle, alors que Mëryl courrait à sa perte dans le désert. Mais pourquoi Mëryl avait insisté pour cette séparation ? Alors que c'était bien évidemment elle qui avait besoin de protection et pas l'inverse ! Comment la petite rose pouvait-elle croire que loin d'elle elle se sentirait mieux ? Dans les pattes d'un dragon borné et visiblement sans pitié, alors qu'elle courrait elle même dans la gueule du loup !
Oui, Aïasil avait été furieuse, elle n'avait pus s'empêcher de bouder pendant une bonne partie du voyage dans les serres de Verith, mais s'il y avait bien eu un avantage a toute cette véritable tragédie, c'était celui d'avoir eu accès à l'immense savoir de ce dernier, autant qu'en matière de vol que de chronologie armandéene, peut-être que, poussé par un instinct paternel refoulé, il avait été amené à vouloir l'éduquer ? Qu'il s'en aille lui et ses idées noires ! Malheureusement, elle ne sut dire ça que trop tard, car elle finit par réellement s'intéresser à ses dires lorsqu'ils abordèrent finalement un sujet oublié, refoulé, qu'Aïasil avait secrètement cherché à aborder aussi bien avec elle même qu'avec le dragon rouge, un sujet qui occupait finalement et maintenant une place immense dans son petit cœur : ses parents.
Immense fut le choc, lorsqu'elle apprit que l'étoile polaire ne brillait plus, elle avait pourtant pu l'observer longtemps la nuit, lorsqu'elle rêvait encore de la caresse de l'esprit de sa mère alors qu'elle dormait paisiblement sous le lac, dans son œuf, elle la voyait briller encore et encore, hormis la lune, aucune autre n'avait une telle lumière, pure, puissante, si puissante...
Comment avait-elle pu s'éteindre ? Celle là même dont elle tenait force et vivacité, celle-là même dont elle tenait un esprit si affuté ? Comment avait elle pu s'éteindre, toute puissante, et aimante qu'elle l'ai été, avant même que sa propre fille put admirer la blancheur de ses écailles, plus pâles que la lune, plus acérées que n'importe lesquelles de ces stupides outils bipèdes. Silaraë, l'étoile polaire, l'éclair qui pourfendait la nuit, avait cessé de briller, et cela depuis longtemps. Comment ? Elle ne savait pas, pourquoi ? Non plus, il y avait toujours une raison à la disparition de quelqu'un, mais elle ne pouvait en voir une pour l'étoile polaire, car Verith pouvait profanner tant qu'il voulait l'amour et la confiance aveugle qu'Aïasil avait pour Silaraë, jamais il ne pourrait ne serait-ce que l’érafler.
Et pourtant, elle l'avait abandonée, Aïasil réalisait maintenant que l'étoile qu'elle commençait à percevoir, depuis le dessous des arbres, lorsqu'elle pointait le museau au ciel pour voir la dix-septième nuit de sa vie envelopper le monde et faire briller lune et étoiles, n'était qu'un pâle mirage de la présence de la dragonne des neiges. La lune était ce soir là invisible derrière les nuages, Mëryl était absente, elle l'avait rejetée, d'une manière douce peut-être mais elle l'avait fait et elle ne méritait plus de faire partie du paysage nocturne pour l'instant, l'autre crétin rouge non plus, il était trop bête pour ça, et ni elfes appréciables ni vampire musicienne ni même ces misérable et sales humains n'étaient présent autour d'elle. Elle était seule, le ciel s'assombrissant était vide, pas d'étoiles, pas de lune.
Elle ne voyait que l'étoile polaire, seule, brillant alors que les autres en étaient incapables, puissante, perçant les nuages. Aïasil voulait croire au réconfort et au soutient qu'elle lui apportait, mais elle savait maintenant que cette étoile, malgré les dernières ondes, les echos de la chaleur qu'elle lui envoyait, derrière cette puissante apparence, était déjà morte.
Alors elle était là, au milieu d'une clairière, seule, sans âmes qui vive aux alentours, après avoir échappé à la surveillance du rouge pour s'enfuir alors que le crépuscule arrivait, camouflée par la nuit, qui allait de paire avec la couleur de ses écailles, par les hautes herbes, cachant son petit corps. Ses yeux argentés fixant le ciel en deux petits points lumineux, elle sanglotait, seule, sans Enetari, sans Mëryl, sans Silaraë.
Pourquoi cette étoile semblait toujours briller si elle était éteinte ? Pourquoi ne lui avait-on pas dit plus tôt que sa mère était morte ? Elle aurait peut-être pu encaisser le choc avant la mort de sa liée, elle aurait eu le soutien de sa soeur d'âme, le seul soutien qu'elle avait maintenant, c'était la promesse d'espoir et de vie que lui donnait cette étoile qui pourtant ne vivait pas, alors elle restait couchée dans l'herbe, à la fixer, à la regretter, à la détester, à la haïr.
"Menteuse."
Lui adressa-t-elle, le museau vers le ciel, alors que le mot se perdait dans la nuit noire...
De toute façon, qui pourrait l'entendre ?
Dernière édition par Aïasil le Lun 27 Aoû 2018 - 13:44, édité 1 fois