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description« Féraux. » - Purnandu. Empty« Féraux. » - Purnandu.

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Après le 11 novembre, Cordont.

Trop peu de temps après son arrivée à Sélénia, elle avait été obligée de reprendre sa route qui la conduisait toujours plus au sud, mais elle avait le bon espoir de rentrer chez-elle une fois que sa mission serait terminée, elle supportait de moins en moins la puanteur des autres races, et pire maintenant que l'esclavage avait grandement diminué l'on pouvait voir ces sauvages plus bêtes qu'humain parcourir les terres que les peuples civilisés avaient conquis comme s'ils y avaient participé.

À l'ombre du soleil dans un bosquet elle s'occupait à entretenir les pièces de son armure et de celui de sa monture, elle manquait cruellement d'un forgeron capable de travailler sur d'aussi importantes pièces, peut-être aurait-elle plus de chance à Caladon. Ou peut-être pas. En attendant, elle devait se débrouiller avec son seul bras valide pour les petites réparations, mais elle n'avait pas le talent de son ancien forgeron. Jetant rapidement un œil à ses compagnons de route qui avait accepté de retourner au royaume avec elle, ils devaient faire preuve de prudence, un groupe de cavalier en armure ne passait pas inaperçu et encore moins quand il s'agissait de vampire en uniforme.

Elle levait distraitement les yeux de son ouvrage s'assurant que sa monture était toujours là, ainsi que celle de son regretté époux, et leur progéniture. L'entier palomino à l'allure sportif était placide, mais le destrier vampirique noir zain était nerveux, la jument frappait du pied au moindre bruit suspect, oreilles plaquées en arrière et enfouies dans sa crinière épaisse, l'air agacé, s'ébrouant même faisant tinter son collier. Et Audacieuse fidèle à elle-même, pouliche qui n'avait que quelques semaines caracolait autour de ses géniteurs, sa robe rougeoyante détonnait sur ce bout de plaine. Les trois équidés représentaient exactement ce que l'enfant vampire aurait désiré pour elle-même, une vie de paix. Et idéalement son époux encore à ses côtés.

Louve était un véritable cheval de guerre, l'inaction l'agaçait, et Aphaïa comprenait ce sentiment, elle-même peinait à tenir en place lorsqu'aucun conflit n'avait lieu, mais finalement la paix n'était-elle pas ce qu'elle voulait, elle avait été formatée à se battre depuis bien avant sa renaissance en créature de la nuit. De même, qu'on avait pris soin de lui apprendre à haïr tout ce qui n'était pas vampire. Devenant viscéral au fil des années puis des siècles.

Elle se levait en entendant le hennissement enjoué de la pouliche, signe caractéristique d'une trouvaille particulièrement intéressante. Elle restait au couvert du bois pour observer, elle savait qu'elle n'avait aucun intérêt à se montrer si ça n'en valait pas la peine. Ses yeux se plissaient devant le spectacle qu'elle observait, la pouliche n'avait rien trouver de mieux à faire que de caracoler autour d'un passant, voulant l'entraîner dans un de ses yeux, faisant faussement mine de charger se cabrant à quelques mètres pour repartir encore plus gaiement, néanmoins elle ne voyait pas avec quoi l'alezane jouait. Alors elle décidait de sortir des bois, utilisant son sifflet pour rappeler sa monture à elle avait qu'elle ne se décide de régler le souci de l'inconnu qui osait s'approcher de sa progéniture, l'attachant donc au premier arbre venu, Hélios ne tardant pas à remarquer l'absence de sa jument suivait docilement le mouvement. Néanmoins, elle eut sa réponse, quand la jument se mit à tirer au renard et gratter avec acharnement, ronflant et lâchant un hennissement furieux quand l'odeur lui parvint aux naseaux, la monture savait reconnaître l'odeur de son ennemi du moment. Et la vampire aussi.

Audacieuse joue avec un de ces barbares, j'y vais. Elle attrapait sa ceinture avec son épée, prête à tuer n'importe lequel de ces barbares pour se rendre justice. Elle était la commandante aucun de ces hommes n'irait contredire ses gestes pas même le plus fou ou le plus cruel.

Elle descendait la légère butte, main droite sur le pommeau de son épée, prête à dégainer si besoin. Son bras gauche handicapé camouflé derrière son manteau de brume, elle fixait un moment d'un regard vide d'émotion la curieuse scène qui se déroulait devant elle, la pouliche totalement inconsciente du danger dans toute la naïveté de son jeune âge tentait d'attirer l'attention d'une de ces créatures primitives. La pouliche était massive typée demi-trait, quatre balzanes ornaient ses membres, et son chanfrein était marqué d'une liste large qui se terminait entre ses deux naseaux, fixait sans crainte l'homme-félin.

Aphaïa sifflait, rappelant la pouliche à l'ordre, mais elle n'en avait cure. Éloigne-toi de ce sauvage, il pourrait bien te bouffer, imbécile. Et elle fixait la créature avec un regard humain supérieur et empli de haine mélangée à un profond dégoût. Tranchant singulièrement avec son visage de poupée, l'enfant-vampire revêtait l'apparence d'un enfant d'une dizaine d'années, un enfant aurait fuit, mais elle était bien plus que ça. Sans même se cacher de ne pas être humaine, ni même dissimuler son dégoût pour la créature. Elle avait parlé sans même lui adresser un regard, comme s'il n'était pas en mesure de comprendre la signification de ces quelques mots, une insulte de plus.

Néanmoins, elle était parfaitement sur ses gardes malgré sa tenue un peu légère, une simple cape azure, une robe blanche, des gants et des bottes noirs, l'étui et sa dague attachés autour de sa cuisse, épée bien mise en évidence, elle avait confiance en ses capacités et ne cillait même pas de se retrouver à dix mètres d'un prédateur pareil, l'attitude d'un chasseur-né ayant l'habitude de chasser la même proie et qui n'hésiterait pas à tuer, même s'il s'agissait d'une force de la nature.

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La journée était propice à la cueillette et c'était bien l'activité à laquelle l'immense graärh aspirait lorsqu'il quitta la sécurité du camps de réfugiés et se dirigea vers les bois et collines alentours. Le vent était frais, le ciel encore dégagé bien qu'une petite brume pâlissait le soleil et rendait ses rayons plus frileux. A l'ombre, l'herbe portait encore une couche de givre et quelques flaques gelées crissaient sous le poids de ses pas. Doté de son bâton magique qu'il relaya pour l'occasion à celui de marche, Purnendu portait à ses hanches les doubles gants de pugilats ainsi que, d'une sangle barrant son poitrail musclé, la sacoche sans fond qui contiendrait toute sa précieuse récolte. Il avait, naturellement, emporté avec lui quelques baumes et nécessaires de premiers soins au cas où il rencontrerait des difficultés ou, plus précisément ; s'il rencontrait quelqu'un en difficulté. Quelques baies séchées, lanières de viandes, tranches de pains et de fromages ainsi que son outre d'eau pure intarissable complétaient son paquetage. Il comptait sortir toute la journée et peut-être même passer la nuit à la belle étoile. Avec le cœur de l'hiver à quelques semaines de là et la croissance constante de bipèdes dans le camps des réfugiés, les réserves de l'hospice s'écoulaient plus vite qu'elles ne seraient ravitaillées par Délimar et Caladon. Pour cette raison, le natif avait dressé en compagnie des autres médecins et mages la liste des matériaux dont ils auraient besoin pour confectionner potions et médicaments, puis avec son cynisme habituel il avait refusé toute escorte armée. Il n'avait pas de temps à perdre et ne voulait pas ralentir sa marche à cause d'une compagnie encombrante et bruyante.

La campagne qui entourait le gouffre ne devrait pas présenter de dangers, du moins rien qu'il ne saurait s'occuper seul. Elle grouillerait bien assez vite de soldats et d'éclaireurs, ruinant nombre de précieuses ressources dans le processus. Dans moins de temps encore, les sous bois seraient rasés pour subvenir aux besoins des survivants, mais aussi à la construction d'un véritable camps voire même d'une nouvelle citée. Cette sortie solitaire était peut-être sa dernière chance de savourer les lieux comme la Nature l'avait sculptée. Arrêtant sa marche lorsqu'il fut au sommet d'une petite colline, Purnendu se tourna pour contempler le gouffre béant avec un léger plis amer aux babines. Le vent joua dans son opulente fourrure, gonfla sa crinière et fit ondoyer sa queue interminable. Il plaqua aussi la simple tenue qui habillait son imposante silhouette et fit claquer autour de ses jarets sa longue cape. Particulièrement résistant au froid, l'immense fauve portait davantage des pièces d'armures en cuir souple que de réels vêtements. Ne gênant pas ses mouvements, les protections faites sur mesure couvraient principalement ses points vitaux et se liaient de sangles ou de bandes torsadées de tissus aux couleurs de Caladon. Une simple cape dotée une ample capuche capable de couvrir ses cornes avait le revers brodé du blason de la maison Leïwenra. Plus qu'une question d'orgueil à s'afficher ouvertement lié à une telle famille, il s'agissait d'un âpre compromis passé avec l'elfe et son vampire. A cause de l'esclavage florissant sur les graärh, il était risqué qu'un spécimen aussi spectaculaire que lui se promène sans "maître". Ainsi Purnendu avait cédé à l'inquiétude de ses amis et accepté d'emporter avec lui cette sécurité même s'il doutait de son efficacité. Au contraire, ne risquait-il pas de devenir une cible pour tous les détracteurs du Bourgmestre ?

Un soupir échappa à ses babines alors qu'il ajustait la sangle et ne reprenait finalement sa route. En cette saison, il ne pouvait pas réellement compter sur les feuillages pour satisfaire ses besoins, il aurait tout intérêt à chercher pour des racines, des écorces voire quelques baies tardives ou des graines oubliées sous le tapis des feuilles mortes. En cette saison, le choix était réduit aussi espérait-il trouver de l'Alkékenge qui était une plante rampante qui portait sur ses tiges tendres des lampions qui dissimulaient des cerises uniques dont les vertus permettaient de soulager les troubles rénaux, les rétentions d'eau, les calculs urinaires ou encore les œdèmes. Si les baies pouvaient se manger tel quel, il était aussi possible de les sécher et d'en faire des infusions, un plus non négligeable quand le froid s'intensifiera. Une plante plus simple à trouver en cette saison et qu'il guettait déjà en passant aux abords des champs en jachère fut la Grande Bardane. Avec une floraison tardive, ses vertus se cachaient dans ses larges feuilles rêches et ses racines ; les unes servant en cataplasme contre les rhumatismes alors que les secondes s'employaient en décoction pour gérer les problèmes cutanés, voire en lotion capillaire pour luter contre la teigne ! Hors vue la piètre hygiène de vie dans le camps, une telle plante ne serait clairement pas de refus. Quittant les chemins tassés aux ornières boueuses, Purnendu s'engagea sur des sentiers de pâtures pour espérer trouver des Capselles à l'ombre humide des arbres ou talus. Grace à cette plante, entièrement recyclable, il espérait faire de puissantes infusions qui aideraient les femelles à apaiser leurs flux sanguins, voire même pour les autres mâles en cas de saignements bénins d'organes internes.

Le graärh était sur une pente herbeuse en contrebas d'une forêt dense lorsqu'il s'arrêta pour s'intéresser aux feuilles touffues de quelques Grandes Sanguisorbe, probablement protégées des gelées hivernales grâce au tapis d'herbes couchées par les passages récurrents du bétail. Sourire satisfait étirant ses babines sombres, il fit glisser la sangle pour que la sacoche repose sur ses cuisses. Accroupis avec le museau dans l'ouverture dimensionnelle, il fouilla quelques minutes jusqu'à trouver une large sacoche de chanvre dans laquelle se trouvait plusieurs couches de parchemin afin d'absorber l'humidité des plantes qui y seraient stockées. Fermant la sacoche pour la glisser de nouveau sur sa hanche, il posa un genoux au sol et courba son dos massif par dessus les herbes. Tenant une petite serpe de la dextre, il commença à fouiller délicatement les tiges feuillées pour s'assurer qu'aucun parasite ou qu’aucune maladie n'ait souillé les plants. Concentré sur son étude, il n'entendit pas caracoler l'animal et sursauta lorsque le hennissement jovial vrilla ses tympans. Relevant le museau, il se trouva truffe à naseaux avec une petite pouliche aux grands yeux veloutés et oreilles dressées en signe d'intérêt. Encolure courbée, elle secoua la tête et fit quelques petites ruades avant de repartir au galop, freiner des quatre sabots, pivoter maladroitement et revenir vers lui en pleine charge dégingandée. La surprise passée, Purnendu se mouva de sorte à protéger les précieuses plantes du jeu innocent de l'animal, craignant que ce dernier ne piétine sa récolte. En temps normal, il aurait été moins conservateur et aurait même tenté d'apprivoiser l'adorable pouliche, mais les Sanguisorbes étaient une trouvaille trop importante pour qu'il les sacrifie de la sorte. Leurs vertus sur le sang seraient d'une grande aide pour tous les blessés du cataclysme. Capable d'arrêter les hémorragies les plus violentes, elles pouvaient soigner des lésions pulmonaires autant que des blessures externes accidentelles. Plus encore, elles agissaient sur l'écoulement des mauvaises plaies, empêchant des infections et la formation d'ulcères. Il comptait en faire des compresses, voire des pommades, sinon des décoctions et des sucs frais.

Hors pour cela ? Et bien, il devait avoir des échantillons encore viables à travailler ! La pouliche ne sembla pas remarquer sa prudence et puisqu'il n'avait pas l'air non plus de vouloir partir, elle continua de caracoler autour de lui avec force de hennissements et de souffles enjoués. Incapable de se retenir, Purnendu plongea une main dans sa sacoche et chercha une poignée de lamelles de pommes séchées pour appâter l'animal et pouvoir lui caresser sa robe toute duveteuse le temps qu'elle se régale. Son action fut cependant interrompue par une voix féminine, froide comme l'Inlandsis malgré la jeunesse de son timbre. Dressant les quatre oreilles, le graärh tourna son attention sur la pente et remarqua l'approche d'une enfant bipède. Elle ne devait pas dépasser le mètre quarante et portait une chevelure rousse flamboyante comme il n'en avait encore jamais vu. Ses yeux pâles ne s'emplissaient que de haine et de dégoût à son égard, lui arrachant un soupir inaudible alors qu'il pencha du chef en une interrogation silencieuse. Comment une enfant pouvait avoir un regard si vieux, usé et blasé par l'existence ? Il se dégageait de la minuscule silhouette une profonde solitude drapée dans la colère implacable et la haine d'autrui. Instinctivement, Purnendu l'identifia comme une menace potentielle, mais il refusa de montrer à son tour le moindre signe d'hostilité. Il ne servirait à personne d'envenimer bêtement une situation qui n'avait, pour l'heure, rien de critique. Sortant la main de sa sacoche, il écarta les paumes de sa ceinture et donc de ses armes, puis planta son bâton dans l'herbe avant d'ouvrir les phalanges de sa dextre pour montrer les lamelles fripées de pommes séchées. Un vague sourire ourla ses babines sombres alors qu'il prenait la parole dans un langage commun maîtrisé, bien que tinté de l'accent profond et ronronnant de sa race :

« - Bonjour à toi aussi. »

Ses yeux d'absinthe brillaient d'amusement et de curiosité alors qu'il gardait une posture détendue, toujours accroupi ce qui le mettait à la même hauteur que sa jeune interlocutrice. La pâleur de sa peau le fit légèrement tiquer et il l'observa avec plus d'intensité. Quelque chose clochait chez elle, mais il ne parvenait pas encore à définir exactement quoi. Un détail qui lui échappait et qu'il jurerait d'avoir déjà vu ailleurs. Une chose qui ne lui avait cependant pas échappé était l'épée que la petite fille tenait et à voir l'assurance de sa posture, il n'était pas à écarter la possibilité qu'elle sache parfaitement bien s'en servir. Ce fut avec une note de cynisme qu'il ajouta, badin :

« - Je ne compte pas manger ta pouliche. Mon précédent repas fut amplement suffisant ! »

Son sourire s'accentua, sans révéler pour autant ses crocs si ce n'était les proéminentes canines qui se courbaient comme deux sabres d'ivoire. Il jeta les lamelles de pommes vers l'animal pour montrer sa bonne foi, puis posa les mains sur ses genoux alors que sa longue queue angora balayait l'herbe avec d'amples mouvements paisibles.

« - Je m'appelle Purnendu Chikitsak. Je suis un guérisseur itinérant qui, à la demande d'un ami, apporte son assistance à Cordont. A qui ai-je l'honneur ? »

La familiarité de ses mots contrastait avec une diction parfaite que l'on pouvait espérer chez la noblesse. Ayant appris la langue aux côtés d'Ivanyr, le graärh avait obtenu une éducation pointue des formulations... si l'on oubliait le vouvoiement dont le principe lui échappait totalement dans la traduction. Son regard, doté cette fixité propre aux félins, restait vrillé sur l'enfant.

« - Es-tu une des mercenaires de Caladon ? Ou peut-être fais-tu partie d'une caravane... »

Oreilles dressées, il huma l'air pour chercher d'autres odeurs et des sons qu'il aurait inconsciemment filtré par habitude : les bipèdes étaient bruyants et son bref passage dans la Revenante l'avait saoulé de vacarmes et d'odeurs trop riches, trop complexes. Cette enfant ne pouvait pas être seule et si elle continuait à se montrer aussi hostile, alors le fauve cendré ne désirait pas finir dans une embuscade à cause de sa négligence.

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Ce fut d'avantage la pouliche qui répondit aux salutations de l'homme félin, d'un hennissement envieux à la vue des morceaux de pommes, facilement corruptible de part son jeune âge, elle avançait dans la direction de la créature qui lui était inconnue, réclamant, oui. La jeune bipède, elle, se contentait de siffler de manière désapprobatrice, son visage se renfermant encore d'avantage, la tension allait grandissante, elle n'allait pas laisser cette chose se donner des airs, mais elle n'était pas chez elle, donc elle se contenait, bien qu'elle avait envie de lever son épée pour lui rappeler sa place.

Elle avait beaucoup plus d'honneur que tous ces sauvages, si elle devait attaquer cela serait seule, épée en main, dans un duel qui aurait pu être équitable, si elle n'avait pas deux siècles d'entraînement derrière elle.. Elle achevait de descendre de la butte, elle avait cette prestance typique des soldats ayant une lourde réputation, ceux qui avaient survécu à de nombreuses guerres, ceux qui haïssaient profondément ce qui n'était pas eux. Elle l'affichait et le portait tout aussi dignement que l'on portait une couronne, comme elle portait son racisme qui sonnait comme une évidence.

Étonnant qu'une créature pareille puisse se donner un nom.. Encore plus surprenant que ces sauvages soit capable d'apprendre une langue civilisée.. D'ordinaire, c'étaient les Hommes qui donnaient un nom aux animaux, vu qu'ils en étaient incapables, elle semblait rester dubitative quelques secondes avant de se donner la peine de lui répondre, enfin, elle n'était pas à la première surprise vis-à-vis de ces monstres. Il avait donné ce qui semblait être une identité alors elle en ferait de même, s'adressant à lui comme à une entité douée d'intelligence, bien que ce ne fut pas le cas. Aphaïa Makhaïra, dit le Fléau Rouge, commandante dans l'armée vampirique. Elle ne s'était même pas caché de l'horreur que cela représentait, elle avait mené de nombreux rixes contre ce peuple primaire, et si elle était en vie pour s'en réjouir aujourd'hui, c'est qu'elle avait gagné, sa supériorité avait été prouvée. Elle ne pouvait donc être qu'une créature de la nuit, aucune armée mortelle n'utilisait des enfants, affichant un sourire satisfait qui eut presque l'air sympathique.

Et être comparée à un simple mercenaire quelque part l'irritait fortement. Mais elle repensait aux doux mots de son époux, qui avait tout fait pour qu'elle puisse guérir de la vie que l'armée lui avait créer, elle avait progressé, mais tout était parti en éclat à la mort du vampire, elle était désespérée et perdue. Quand elle se retournait, l'étalon se tournait vers elle, la longe de sa propre monture dans la bouche - qu'il avait réussi à retirer de la base du collier d'encolure et le regard typique du cheval qui a fait une bêtise.

Elle ressemblait à un chaton faisant le gros dos de manière démesurée pour faire reculer un adulte, elle avait cet intime besoin de se savoir supérieure. Elle allait fait un pas de plus dans la direction du fauve quand elle entendu un hennissement rauque, la jument était libre et elle avait bien senti que les choses se gâtaient. Elle se tournait rapidement, détournant son attention alors que la tension ne faisait que monter. Quand elle se retournait, l'étalon se tournait vers elle, la longe de sa propre monture dans la bouche - qu'il avait réussi à retirer de la base du collier d'encolure et le regard typique du cheval qui a fait une bêtise.

La jument non préoccupée par l'herbe qui s'étendait sous son nez, semblait déterminée à éliminer elle-même la menace, elle avait pris un grand galop, ressemblé, fracassant, une tonne de muscles déterminée à éliminer ce qui se trouverait entre son poulain et elle, elle bondissait toutes dents dehors à côté de la créature, juste assez pour la faire reculer, corrigeant rapidement sa descendance d'un autre coup de dent et revenant rapidement vers sa cavalière, la monture était immense par rapport au petit corps que représentait l'enfant, pratiquement deux mètres au garrot, tout en muscles et en nerf, mais pas dénuée d'élégance. Elle-même avait failli finir sous les sabots de son propre destrier, elle semblait surtout soufflée par la performance de l'équidé. La pouliche semblait néanmoins toujours autant curieuse vis-à-vis du félin.

Elle reprenait rapidement son sérieux finissant par ajouter : Même les animaux ne peuvent se tromper sur votre nature pernicieuse.

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Si l'insulte lui passa largement au dessus des cornes, le sifflement éveilla cependant en lui une méfiance viscérale tant elle lui rappelait les feulements de son espèce. En réaction instinctive, l'épaisse fourrure de sa nuque se hérissa, gonflant davantage encore son imposante silhouette alors que sa queue s'enroulait désormais autour de ses chevilles, ne laissant que l'extrémité d'active en petits tressaillements agacés. Prenant sur lui pour ne pas trahir davantage ses émotions, il se contenta de pencher légèrement la tête sur le côté dans l'expectative d'un dialogue plus intelligent, surtout venant d'une petite bipède aussi singulière. Il restait persuadé qu'il y avait bien plus à récolter chez elle qu'un racisme obtus... et il avait raison, quand bien même l'offrande du nom qui lui fut confié manqua de le faire bondir et décamper à toutes jambes. Une vampire ! Il s'en était douté, mais faute de spécimens à étudier le graärh n'avait pas osé conclure sans davantage de preuves. Plus encore qu'une simple vampire, il s'agissait du Commandant de cette race maudite !? N'avait-elle pas le corps d'une enfant ? Le visage des petits orphelins de Cordont lui pinça le cœur et il ferma quelques secondes les yeux en poussant un long et profond soupir. Les us et coutumes des autres peuples lui semblaient parfois réellement tordus et obscures.

« - Enchanté de faire ta connaissance, Commandante Aphaïa. »

La beauté de sa diction tranchait avec la familiarité dont il faisait inconsciemment preuve, toutefois aucune animosité ou mépris ne se faisait entendre dans le timbre profond et ronronnant du fauve couleur de cendre. S'il n'avait pas réellement conscience de l'importance du grade, il l'associait à l'équivalent d'une Naayak dans sa propre culture et pour cela, son respect était sincère malgré l'horreur que sous-entendait ce titre. Était-elle responsable des massacres commis sur son peuple ? Pouvait-elle y changer quoi que ce soit s'il parvenait à la convaincre ? Les risques étaient bien trop grands lorsque l'on considérait l'animosité évidente qu'elle semblait lui porter. Puisqu'il n'avait encore commis aucun acte condamnable à son égard, elle devait simplement détester sa race pour des raisons personnelles... ou juste la peur de la différence, comme lui avait expliqué Luna. Relevant le museau vers la petite fille immortelle, il la contempla avec prudence, puis tourna la tête en direction de la pouliche qui grattait l'herbe d'un sabot pour déloger une lamelle de pomme qui échappait à ses lèvres veloutés. Attendrit, Purnendu allait pour tendre la main en direction de la friandise pour aider la petite gourmande, quand il entendit un fracas soudain gonfler et gonfler droit dans sa direction. Ses oreilles tiquèrent et il fit un bond agile en arrière, évitant de justesse de se faire piétiner par une immense jument furieuse.

Surpris, il se redressa de toute sa hauteur et plissa des yeux alors que sa queue ondoyait avec un agacement accru. Et bien ! Il n'était là que pour cueillir des plantes médicinales, pas pour subir un jugement et des menaces de morts, que ce soit d'un cheval que d'une vampire frustrée. Un bas feulement commença à sourdre de sa gorge, avertissement du prédateur à une potentielle proie. Il ne désirait pas se battre, mais il ne comptait pas non plus courber l'échine alors qu'il était parfaitement innocent. Heureusement, la pouliche vint désamorcer son humeur par une simple caracole autour de lui accompagnée d'un hennissement joyeux, puis sembla captivée par la queue du graärh et commença à lui tourner autour ou même à sautiller au dessus d'elle, jouant avec l'innocence de son age et l'absence d'un dressage rigoureux. Toutefois, le commentaire qu'ajouta Aphaïa lui fit claquer la langue d'agacement et il posa sur elle un regard sévère. Les remarques acerbes se bousculaient contre ses babines, mais l'herboriste prit sur lui pour ne pas les laisser déborder. A la place, il retourna s'accroupir près des Sanguisorbes pour commencer sa cueillette. Une partie avait été ruiné par la charge de la jument furieuse et à cette vitesse, il ne lui resterait bientôt plus rien à récolter s'il ne se dépêchait pas. Un instant concentré sur sa tâche, il finit par reprendre la parole quand il fut certain que l'acerbe de ses mots ne viendrait pas aggraver la situation :

« - La réaction de ta jument n'est-elle pas plutôt l’œuvre des éducations antérieures qui lui furent forcées tout au long de son existence à tes côtés ? Si l'on compare cela à la candeur de la pouliche qui m'aborde sans préjugés, sans haine ou peur, peut-on réellement parler de ma nature comme étant pernicieuse ? Entre elle et la jument qui porte le fer de la soumission, qui est la plus apte à me juger en toute neutralité ? »

De la serpe, il trancha une tige et déposa la plante bien à plat sur un tissu absorbant. Ses yeux restaient captivés par son ouvrage délicat et pourtant tout son être était tendu en direction de la vampire, guettant avec ses autres sens afin de ne pas être pris au dépourvu. Sa voix se fit plus grave et un ronronnement commença à se tisser dans chacun de ses mots, la magie associée à ce sort venant apaiser et rythmer les énergies ambiantes.

« - Mais tout cela n'est qu'hypothétique, car après tout je ne vois là que l'instinct d'une mère cherchant à veiller sur sa progéniture, nullement le jugement d'une créature sur la nature d'une autre. Ces considérations n'entrent pas en ligne de compte dans le règne animal, car elles sont propres aux êtres doués d'une conscience supérieure... Regarde, la jument ne m'attaque plus d'elle-même et la pouliche continue de jouer autour de moi. Alors dis-moi, Commandante Aphaïa ; n'est-ce pas simplement le reflet de tes propres émotions que tu projettes inconsciemment sur ton animal pour t'insuffler un sentiment de légitimité ? »

Il releva les yeux sur elle et la vrilla de son intensité. Sa posture était paisible, ouverte alors qu'il tenait la serpe vers le bas et qu'il restait accroupi, posé. Le ronronnement s'intensifia et il étira faiblement ses babines en l'ombre d'un vague sourire.

« - Tu sembles être une femme d'intellect, sans quoi tu n'aurais pas obtenu un tel titre, ni gagné l'affection d'une jument aussi féroce. Désires-tu réellement donner l'image d'une créature obtuse et aussi amère qu'une noix trop mûre ? Je ne connais pas ton histoire, mais je connais celle qui lie nos deux races et je peux me douter de l'origine de ta haine envers mon peuple. Toutefois, je sais que je n'ai rien à voir avec les raisons qui te poussent à agir ainsi. Après tout, le seul vampire sur qui j'ai levé la main n'a fait qu'un innocent vol plané sur la place marchande de Caladon... »

Il soupira et leva une main pour se gratter la crinière, songeur et légèrement embarrassé. Il avait dans l'idée que tout allait finir en pugilat, mais il était incapable de se taire maintenant qu'on l'avait -involontairement- lancé sur le sujet. Oh, au pire il courait plus vite que la petite vampire et si la jument s'en mêlait, il n'aurait qu'à la ralentir dans les bois proches.

« - Écoute... Ma tribu fut massacrée par des vampires. J'ai perdu tout ceux que je pouvais considérer comme ma « famille » et rien que cela me donnerait le droit de haïr ta race et, pour être honnête, je ne vous porte pas réellement dans mon cœur. Cependant, suis-je vraiment légitime à porter un jugement aussi vindicatif et fermé sur tous les vampires que je viendrais à croiser ? Non.
Le monde n'est pas noir ou blanc, il se décompose d'une palette de nuances. Le bénéficie du doute doit être accordé à tout un chacun, sinon pouvons-nous réellement nous targuer d'être des êtres d'Intelligence ? Si les animaux sont aussi tranchés dans leur action après avoir été marqué d'une épreuve traumatisante, ils sont toutefois capable d'accorder une seconde chance à ceux qui se présentent avec honnêteté. Ne pouvons-nous pas faire preuve de la même abjuration ?
 »

Son sourire se fit plus amer et il retourna à la cueillette de ses plantes.

« - Je suis un éternel optimiste, je sais... mais j'aime à penser que l'on peut s'accorder au moins la sincérité quant au fait qu'aucun des partis impliqués n'est totalement innocent. Les vampires ont leurs fautes, mais les graärh aussi. Il ne reste qu'à se poser une seule question, Commandante Aphaïa : veux-tu être celle qui prolonge les préjugés et la haine ou bien celle qui offre à son peuple un moyen de rédemption et d'évolution ? »

Dans le premier cas, il remballerait son matériel et rentrerait à Cordont. Il n'irait pas la dénoncer auprès du Bourgmestre et encore moins d'Ivanyr, ne désirant pas attiser la haine que cette femelle portait à sa race, mais il veillerait à garder les alentours sous surveillance pour que son influence nocive ne vienne pas aggraver le malheurs qui battait déjà Cordont depuis des semaines. Dans le second cas, bien qu'il doutait de le voir être choisi, alors il se ferait un plaisir de converser avec elle et d'en apprendre plus sur sa race, son passé et les expériences qui en résultaient. Tendu, le graärh faisait mine de ne pas la regarder pour lui offrir un semblant d'intimité à ses réflexions, toutefois son corps restait alerte, prêt à esquiver toute forme d'agression.

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Elle regardait le félin se gonfler, oh, il paraissait à présent sacrément impressionnant, néanmoins la minuscule bipède ne se laissait pas démonter pour autant et restait fermement assise sur sa position, presque autant par caprice que par fierté. Son regard vif analysait lentement la situation, il était plus imposant qu'elle, ça, c'était indiscutable. Certainement bien plus fort aussi, et puis elle n'avait qu'un bras et elle n'avait pas son armure, une morsure et s'en serait fini d'elle. Et sans être sur sa monture, ses chances étaient amoindries, est-ce que ça valait le coup de rouster l'impertinent ? Non certainement pas ? Mais l'envie continuait doucement de la chatouiller malgré tout. Elle gardait ce caprice dans un coin de sa tête.

Je n'ai pas pour habitude de me mettre dans la tête des animaux. Elle se grattait l'arrière du crane, affichant une moue perplexe et enfantine, comme si quelque part elle était désolée, et c'était peut-être le cas, elle ne s'était juste jamais poser ce genre de question. Je suppose qu'elle est en droit d'être en colère contre des choses qui l'ont attaquées, les animaux ne font pas la part des choses. Les chevaux étaient des êtres complexes et à la fois tellement simple, si on ne leur apprenait pas à apprivoiser leurs peurs, ils auraient sans cesse peur du même objet, à chaque fois, en effet la jument possédait les traces d'une attaque, ancienne, puisque le poil avait repousser sur ses cicatrices, une longue balafre sur son épaisse encolure, une autre sur la croupe.

Audacieuse elle, en dépit de la conversation qui avait lieu, entreprenait à présent de faire les poches de la curieuse créature, dans l'espoir de trouver autre chose à manger.

La puce aurait pu bondir face au ton de l'animal, mais elle n'en faisait rien, néanmoins sa fureur n'éteint pas éteinte, elle faisait juste tout les efforts du monde pour la contenir à l'intérieur d'elle, mais elle avait toujours son aura de détermination et de mort autour d'elle. Parce que quand elle observait le félidé, elle revoyait les siens agonisants et la colère laissait place à la tristesse et l'amertume. Ce jour-là, elle avait appris que l'on pouvait vivre dans les regrets comme dans un pays. Ah, si elle avait été armée ce jour-là, tout aurait pu être différent.

Tu parles drôlement bien pour un chat. Derrière le langage familier, se cachait l'ombre d'un compliment, il y avait donc un semblant de mieux dans ce début de relation, elle le fixait avec de grands yeux qui étaient d'un bleu-gris d'orage, presque impressionnée ? Étonnamment, quelque chose lui en faisait écho en elle, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Néanmoins, elle se révélait être d'une méfiance incroyable, elle l'observait d'un regard de bête, prêtant attention à chacun de ses mouvements, elle aussi ne voulait pas se faire avoir, et elle ne pouvait pas prêter confiance à la créature, les mots et l'attitude ne suffiraient pas à lui faire baisser sa garde.

Tu pourrais haïr mon peuple. C'est ce que j'ai choisi de faire. Haïr sa propre nation, rendait soudainement les agissements de cette dernière plus moralement acceptables. En réalité à ce moment elle haïssait bien plus le royaume vampirique et cette foutue catin parjure d'Irina Faust que tous ces graarh qui pullulaient à Nyn-Tiamat et qui avaient massacrés sa famille. Nous sommes ce que le monde à choisit de faire de nous. Les autres sont toujours le pire de ce qu'il peut nous arriver. Un discours plutôt fataliste, mais qui si l'on se posait réellement la question, était loin d'être faux. Tu es sage, mais à des lieux de la réalité. De SA réalité.

Beaucoup de mots qu'elle ne connaissait pas sortaient de la bouche carnassière de l'animal, elle était une soldate pas un poète ou l'un de ces inutiles politiques. Elle grondait sourdement, d'une manière presque animale. À aucun moment, elle n'avait détourné les yeux de sa cible. Elle n'avait pas cessé de faire des longueurs et de s'agiter dans tous les sens, mais c'était toujours mieux que de se faire insulter ou attaquer, c'était un mal pour un bien, mais au moins il y avait une amélioration.

Rédemption ? Elle lâchait un éclat de rire froid et dénué d'émotion à ce mot, cessant de marcher, tête légèrement penchée sur le côté, comme si elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il racontait, posant un regard sombre et sans fond dans les absinthes du fauve.. Ce mot avait le goût de cendre dans sa bouche. Je n'ai pas à offrir une quelconque rédemption à qui que ce soit, 'Chat. Je n'ai pas ce pouvoir et par-dessus tout, je n'ai rien à me faire racheter. Je ne voulais pas de cette guerre, je ne voulais pas de ce foutu esclavage. J'ai bien assez de mes propres erreurs pour vouloir corriger celles des autres. Elle se figeait, quelques secondes, affichant un pâle sourire qui voulait tout et rien dire. Étaient-ce les signes d'un dérèglement mental ? Ou de quelque chose de plus profond. Maintenant tout est différent. Il n'y aura plus de pitié.

Pourquoi Chat ? Parce qu'ils avaient des noms beaucoup trop compliqués, pour commencer, et qu'ensuite elle appelait les choses comme elle le sentait et en l'occurrence, il sentait le Chat. Et que quelque chose en elle se sentait flatter par ce choix.

Et toi à qui offres-tu la rédemption ? Auprès innocents qui avaient été lâchement assassinés alors qu'ils n'étaient même pas armés ? En tout cas la suite de leur conversation risquerait bien d'éduquer un peu la jeune vampire.

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Un coup habile du poignet et la serpe détacha une nouvelle tige de son parterre humide, proprement, sans plier la fibre végétale. Il allongea la sanguisorbe près des autres, puis essaya de jauger combien il lui en faudrait encore afin de pourvoir à une demande, malheureusement, toujours croissante. Cette plante pouvait arrêter jusqu'à de lourdes hémorragies, mais il fallait la boire en infusion serrée et ce, plusieurs fois par jour. Il valait mieux avoir des produits frais, mais vu l'incident, il serait contraint d'en faire sécher une bonne partie pour pouvoir en ré-utiliser plus tard et s'éviter des sorties récurrentes. Surtout si le voisinage était aussi mal fréquenté ! En parlant de ça, l'étrange compliment de la vampire lui fit redresser les oreilles et il l'observa un moment avec un air placide, puis un vague sourire étira ses babines et il énonça d'une voix chargée d'humour et d'auto-dérision un :

« - Miaou. »

Ce fut tout. Le miaulement n'était même pas imité avec ne serait-ce qu'une miette de recherche, il était un mot, parfaitement articulé avant que l'immense graärh ne laisse filer un rire fugace et ne hausse des épaules, n'éprouvant pas une once de regret à avoir osé le faire. Si son interlocutrice se prenait décidément trop au sérieux, lui continuait à jouer la carte de la nonchalance. Pour l'instant, son choix semblait être le bon puisque la petite vampire ne lui avait toujours pas sauté à la gorge et qu'elle semblait même encline à lui adresser la parole pour autre chose que des insultes. Il y avait du progrès ! Soufflant par le museau, il reporta son attention sur la cueillette, tendant sa main libre pour soulever les herbes hautes à la recherche de quelques bulbes et racines qu'il pourrait récolter sans risquer de péricliter tout le parterre. Pensif, le graärh secoua légèrement la tête de droite et de gauche, n'en revenant pas qu'une personne puisse en venir à haïr son propre peuple, sans discernement pour ceux qui n'étaient pas impliqués dans le malheur du concerné. D'un autre côté, que savait-il exactement de son histoire ? Rien qui lui permettait de la juger, une fois de plus. Il ne pouvait qu'essayer de la comprendre et de lui accorder autant de respect dans ses choix qu'il lui était possible selon ses propres principes. Une marge de manœuvre qui promettait d'être très serrée.

« - Merci. »

Le compliment n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd et ça tombait bien, car il en avait quatre d'oreilles. Petit sourire en coin des babines, il se gratta la nuque et peigna sa crinière d'un air toujours aussi pensif. Autant sa cueillette touchait à sa fin, autant la conversation avec Aphaïa n'était pas prête de s'achever. La journée était encore jeune, il pouvait bien lui accorder encore un peu de son temps, mais fatalement il lui faudra rentrer à Cordont pour préparer ses nombreux remèdes. Il y avait aussi les orphelins dont il devait prendre soin, puis bien entendu : Ivanyr. Le rire froid de la femme-enfant le fit tressaillir et il l'observa avec une expression de sincère surprise, ne s'attendant pas à une réaction aussi acide et désillusionnée. Et bien ! La corruption des racines était bien plus profonde qu'il ne l'avait imaginé. L'inquiétude le gagna et il se frotta l'avant du museau en un geste soucieux, puis rangea la serpe et commença à plier proprement les sanguisorbes dans leur papier avant de les glisser dans un petit sachet qui gagna l'intérieur magique et insondable de sa sacoche.

« - Mmmh... La rédemption. C'est un très grand mot, même dans votre langue. Il s'agit d'une action, celle de ramener quelqu'un au bien, de se racheter. J'ai bon ? »

Il n'attendit par réellement son approbation, sachant déjà qu'il avait absolument raison : il avait retenu tout le dictionnaire de la langue commune après tout. Purnendu se redressa et posa une main sur la tête de la petite pouliche, laissant ses griffes peigner sa crinière hirsute et lui gratter l'arrière des oreilles avec habileté, la force employée parfaitement dosée pour ne pas entamer le cuir de l'animal et risquer de la blesser. Lorsqu'il fouilla ses poches, il lui donna une pleine poignée de baies séchées et cristallisées dans du miel. Il eut un sourire attendrit à sentir les lèvres veloutés venir amasser les friandises au creux de ses coussinets.

« - Je me suis mal exprimé, je le crains. L'on offre pas la rédemption, on la mérite. On travail pour la gagner, n'est-ce pas ? Il s'agit d'un acte né de la volonté farouche d'un être ou alors d'un ensemble entier guidé par un seul vœux : racheter ses erreurs. Mais encore une fois, quelles sont les erreurs réprimées ? Dans un monde qui n'est pas manichéen, peut-on réellement s'adjuger le rôle de commissaire ? L'objectivité est impossible, même pour ceux qui prétendent le contraire. Se prétendre l'arbitre absolu, n'est-ce pas aussi une forme de tort ? D'hypocrisie ?
Nous naissons dans un monde complexe et nous sommes formés, comme tu l'as dis, par ce même monde. Au travers de nos parents, des parents de nos parents et des parents avant eux. Des expériences et des enseignements que le monde leur a formulé, naissent des cultures. Selon comment un être choisi de guérir face à l'adversité, comment un autre souhaite surmonter une épreuve ou alors s'y abandonner : les peuples se forment et se divisent, plus rarement encore ils se retrouvent et s'unissent.
Par cette simple constatation, comment peut-on être objectif ? Ce qui nous semble immoral par nos expériences et enseignements, sera tout à fait normal pour un tiers parti. Et l'inverse est vrai. Vous nourrir du sang d'autres créatures, est-ce un mal ? Non, il s'agit de votre nature. Devez-vous forcément tuer ? Peut-être ou peut-être pas. Vous êtes des prédateurs après tout. Que vos proies soient forcément des êtres dit d'intelligence est-ce là votre seul crime ? Le fait de plonger en esclavage ceux que vous ne comprenez pas, ceux que vous n'estimez pas être égaux, est-ce différent des autres peuples qui mettent une laisse aux animaux dits « domestiques » ? Tout est, au final, une question de perspective.
 »

Les yeux voilés par une profonde mélancolie, l'immense graärh parlait d'une voix douce et amère. Sa main continuait de flatter la petite pouliche, si minuscule à côté de lui. Cette dernière léchait sa paume, essayant de grappiller les vestiges d'une saveur au miel longtemps disparue sous plusieurs couches de bave.

« - La rédemption. Comme je le disais, c'est un effort de volonté. Elle ne vient pas à nous de façon ingénue et gratuite. Mais pour avoir une rédemption, il faut être en tort, encore une fois... alors qui peut blâmer qui ? Qui possède le droit d'agir ainsi ? La majorité. C'est la majorité qui gagne, celle qui importe au plus grand nombre... et qui exclu ainsi les minorités ? Ou bien est-ce pour éviter l’oppression d'une minorité que la-dite majorité va imposer au plus grand nombre un code de conduite ?
Ahahah... Le sujet est vaste, n'est-ce pas ? Je m'y perdrai aisément, surtout dans votre langue. Mais pour répondre à ta question : je n'offre la rédemption à personne. Ma langue a fourché un peu plus tôt, je m'en excuse. En tout cas, je ne m'en donne pas le droit : celui de décerner une rédemption. Vois-tu, je ne suis pas un innocent, j'ai mes propres torts et... j'en aurais encore bien d'autres. Que cela soit de façon volontaire ou non, mes gestes causeront fatalement un préjudice tôt ou tard ; que cela soit envers un peuple entier, une famille ou une seule personne.
 »

Il fit silence et regarda sa main gluante enfin libérée de la petite pouliche. Fronçant un peu le museau, il essuya distraitement sa paume dans l'herbe humide, puis la sécha sur le revers de sa cape déjà gorgée d'eau et de boue. Un peu plus ou un peu moins...

« - Tout ce que l'on peut espérer, c'est marquer une différence à son échelle. Je n'accorde pas la rédemption, mais je fais l'effort de toujours laisser l'occasion à ceux que je croise de la travailler selon leur perception d'une faute qu'ils auraient pu commettre envers moi ou mon peuple, par exemple. Regarde nous : malgré nos passés, nous conversons au lieu de chercher à nous égorger. Même si ce n'est que quelques minutes, c'est un progrès que je n'aurais pas espéré lorsque nos regards se sont croisés pour la première fois. »

Le ronronnement avait persisté tout au long de son monologue, bruit profond et chaud, roulement rythmé et apaisant sur le fond de sa voix grondante, rocailleuse. Il utilisait son sort unique pour essayer de diffuser autour de lui une aura de quiétude et de méditation. Il cherchait à calmer les esprits, détendre les muscles et apaiser les nerfs. Sa queue angora ondoyait derrière lui en un mouvement similaire aux pendules.

« - La question que je te posais était : veux-tu évoluer ou rester dans le miasme des préjugés ? Tu as certainement obtenu vengeance auprès de ceux qui t'ont fais souffrir, maintenant vas-tu continuer à projeter ton deuil et ta peine de façon aveugle sur tout ceux que tu croises ou veux-tu laisser le doute et l'opportunité à ceux que tu croises de prouver s'ils sont, ou non, différents ? Si le monde nous définit, comme tu l'as si bien dit et si ce dernier n'est effectivement pas manichéen, alors nous ne le sommes pas non plus. Toi, comme moi et comme tous les autres, sommes ainsi censé être capables de nuancer nos jugements et d'accepter que d'autres aussi, soient une nuance. »

Le fauve couleur de cendre se gratta le dessous de la gueule, légèrement inquiété d'avoir une fois de plus divergé du sujet principal ou pire : d'avoir emmêlé les mots ou les phrases dans cette langue qu'il maîtrisait depuis peu en comparaison de son interlocutrice. Il était parti loin, très très loin et ne savait pas si ses paroles avaient eut beaucoup de sens au final.

« - Tu m'as répondu. Tu m'as dis que tu n'avais pas voulu de tout ça. Nous non plus. Moi non plus, je ne voulais pas de tout ça. Mais... je suis aussi heureux que tout soit arrivé, car j'ai pu découvrir de nouvelles choses, faire de nouvelles rencontres. J'ai souffert, mais je m'efforce aussi de trouver une trace de bonheur, de poursuivre mon existence jusqu'à ce que les Esprits me rappellent à eux. Tu as une existence d'immortelle, n'est-ce pas ? Il y a tant de choses que tu as pu voir, apprendre et … perdre. Qu'est-ce qui te permet de continuer ? Maintenant c'est visiblement la haine et la colère, mais quoi d'autre ? Avant que l'incident n'arrive, qu'est-ce qui te poussait à survivre face au poids inimaginable d'une vie immortelle ? Le sens du devoir ? L'amour ? La nostalgie ou encore un désir plus vaste ? Une ambition peut-être ? »

Sa curiosité ressurgissait, inextinguible.

« - Quel est ton âge d'ailleurs ? Quels sont tes Esprits Liés ? »

S'il obtenait ces quelques réponses, il parviendrait à mieux définir la petite vampire qui lui faisait face. Sa cueillette était loin derrière à présent et il se concentrait sur le spécimen face à lui, pupilles légèrement dilatés et truffe frémissante.

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Elle ne put s'empêchait de lâcher un franc éclat de rire devant le faux miaulement du félidé, qu'elle tentait vainement de dissimuler derrière ses mains, comme le ferait n'importe quel enfant. Parfois la simplicité, c'était tout ce qu'il fallait pour débrider un peu une situation. De plus, il semblait avoir bien reçu le compliment et au final n'était-ce pas tout ce qui importait ?

L'enfant hochait positivement de la tête à ses paroles, sa définition était juste alors elle ne trouvait rien à dire, et pour tout le reste elle écoutait, d'une oreille peut-être moins attentive que ce qu'elle aurait du, il n'avait pas tort au fond, derrière ses jolies phrases bien tournées. Personne ne pouvait être assez stupide pour nier les évidences.. Sauf cette écrasante majorité qui se permettait de juger les actions des autres, et pour renverser ce fait, il fallait que la minorité devienne majorité et comme au prochain siècle ça ne sera toujours pas le cas, alors pourquoi est-ce qu'on parlerait de cette injustice ?

La pouliche, elle une fois le sucre parti, se décidait à réclamer autre chose, un hennissement pincé et des oreilles en arrières, une croupe présentée, c'était l'heure des grattouilles.

En effet, je suis immortelle jusqu'à ce qu'une personne suffisamment douée arrive à en décider autrement. Mais je ne trouve pas que l'immortalité apporte réellement quelque chose à une existence, l'on est contraint d'accomplir les mêmes erreurs, les siècles nous rendent trop orgueilleux pour une simple remise en question et que dire du reste. Et si finalement tout tournait autour de la loi du plus fort ? Plusieurs siècles de survie pour mourir en une seconde la main de quelqu'un de plus puissant ou de plus fourbe, ça ne lui plaisait pas vraiment, mais pour l'heure elle enterrait un à un chacun de ses ennemis.

L'enfant de la nuit avait toujours eu un aspect très critique sur cette prétendue bénédiction sombre, ou plutôt malédiction dans son cas. Elle aurait voulu connaître le monde, profiter des merveilles qu'il abritait et finalement elle tait trop âgée et amère pour le faire, elle ne profitait de rien et plus rien ne la surprenait. Et puis il y avait les autres mots, les mots gravé avec une lame acérée dans son esprit. Mais elle éviterait soigneusement de le mentionner à un inconnu, elle n'en avait jamais parlé, pas même à son compagnon.

Tu es heureux de tous ces drames ?! Elle était interloquée, personne ne pouvait se réjouir de ces bains de sang, il avait fait hurler la timide humanité qui se terrait dans son corps d'immortelle. Toutes ces vies gâchées ! Pour rien ! Elle ne criait pas, mais toute son innocence du haut de son minuscule corps criait ce malheur. La vie, la liberté, ce sont les seules choses qui méritent qu'on se batte pour elles ! Pas parce qu'un vampire paranoïaque à décider de passer ces nerfs sur une race inconnue. On m'a rit au nez quand j'ai dit être contre cette idée et que si on refusait de se battre ça serait considérer comme de la haute-trahison et qu'on nous tuerait ! Une fois de plus c'était son immense fidélité qui avait ruiner sa vie, si elle avait déserté avant l'attaque des chimères, elle aurait pu refaire sa vie avec Caleb, et peut-être même qu'il ne serait pas mort. Des tas de gens sont morts pour cette folie, ce n'est pas une bonne chose.

Elle ne pouvait finalement que s'en vouloir, parce que c'était comme si elle l'avait tué de ses propres mains. Elle se rendait compte qu'elle commençait à comprendre la situation et par conséquent à l'accepter, et quelque part, ce fut un ultime coup de poignard. Et elle ne comprenait pas comme de simples rencontres, amitiés ou on-ne-sait quoi pouvaient changer ce fait.

Ce qui me faisait tenir avant ?.. Avant le drame ? L'amour bien sûr ! Il n'y a que ça qui peut faire tenir durablement les bipèdes ! Tout le reste ce n'est que du vent ! Et elle avait aimé, et comme elle avait aimer, elle n'avait jamais aimé autant, et pourtant elle n'était pas spécialement aimante ou même romantique. Pour retrouver sa lumière elle était prête à exterminer toute une race. Le sens du devoir n'est qu'une arme qui finira par se retourner contre soi. Ou contre les personnes que l'on aime.

Maintenant, il n'y a plus que la vengeance, la mort et un champ de bataille qui s'étend à perte de vue. Elle était ainsi elle vivait dans un passé encore frais, dans la douleur d'une vie qu'elle ne connaîtrait jamais plus. Elle maudissait son cœur d'humaine, méprisait sa nature de vampire et le poids des années de massacre qui devenait de plus en plus lourd à chaque vie passée au fil. Et c'était devenu inéluctable à présent.

Son regard brillait tendit qu'elle se recentrait sur le curieux individu, interloquée par la question qu'il lui avait posé, elle répondit avec une franchise typique du jeune âge et avec toute la force de l'évidence. J'ai été mordue à douze ans et voilà plus de deux siècles que je parcours ce monde. L'horrible vérité se dévoilait derrière les mots presque innocents, un crime odieux pour la majorité des gens qu'elle avait rencontré, peut-être qu'il en serait différemment pour Gros-Chat et ça ne lui ferait pas vraiment de mal. Le chat, bien entendu ! À cet aveu, elle sentait presque quelque chose ronronner en elle, en cœur avec le grand félin, flatté.

Finalement, aucun autre esprit ne lui conviendrait mieux que le chat. Elle se laissait presque tomber dans l'herbe, pour s'y asseoir, elle posait ses iris sur l'étranger.

Les bipèdes se posent beaucoup trop de questions, je pense que les animaux seront toujours plus heureux que nous Un autre aveu, plus grave à présent, elle réfléchissait en effet trop, elle enviait la vie des mortels qui avaient une existence si courte pour finalement avoir besoin de réfléchir à rien. J'ai beaucoup étudié les tiens, tu sais, à notre arrivée sur Nyn-Tiamat, avant la guerre. Je me cachais à plat ventre dans la neige, enveloppée dans une grande cape blanche et je notais tout ce que je voyais. Parfois, je dessinais aussi.. Puis un jour notre prince à décider qu'une des espèces était de trop sur l'île quand on a commencé à construire.

Mais cette île n'est pas à nous. Elle semblait soudainement devenir pensive.

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L'éclat soudain le fit légèrement tressaillir, la surprise marquant sa silhouette par le gonflement de sa queue et la crispation dans son dos qui le rendait légèrement arqué. Ses pupilles s'arrondirent jusqu'à manger la majeur partie de ses iris d'absinthe alors que ses quatre oreilles pointaient en direction de la jeune silhouette, écoutant le ruisseau de son rire avec un émerveillement grandissant. Ce chant était aussi surprenant que rare, ce qui rendait sa découverte plus précieuse que jamais. Lui aurait-on dis qu'il réussirait à faire rire un vampire autre qu'Ivanyr, il ne l'aurait pas cru car son ami représentait déjà un sacré défis à lui tout seul. Lorsqu'elle cessa de rire pour retrouver son sérieux et continuer la conversation, lui-même se retrouva confronté aux nouveaux caprices de la pouliche. Il l'observa à son tour avec surprise, puis curiosité alors qu'il mettait quelques secondes à comprendre ce qu'elle désirait. Lorsque ce fut fait, il leva une main dont les doigts hybrides s'achevaient par d'immenses griffes noires et courbes qu'il lui était impossible de rétracter. Un moment d'hésitation le saisit alors qu'il n'osait pas gratter la croupe offerte de peur de déchirer le cuir délicat alors à la place, il ferma le poing et lui frotta la robe à rebrousse poils en espérant que cela suffise.

« - Ahahah... Non, ne te méprends pas. Je ne suis pas heureux pour les vies gâchées. C'est juste que malgré toutes ces morts et cette destruction, il y a quand même des choses merveilleuses et ingénues qui subsistent. Ces pertes sont tragiques, je ne peux le nier et n'en éprouve nullement le besoin. Toutefois, je ne dois pas uniquement me focaliser là-dessus, car ce serait alors dénigrer le droit d'exister à tous ceux qui font l'effort de communiquer et d'avancer vers un désir de paix durable. Si je me contente d'embrasser la haine et la rancœur, je fermerai la porte à toutes les beautés que sont la richesse des cultures et le bénéfice mutuel qui en ressortira forcément. »

A voir le trémoussement de la petite jument, il avait réussi à trouver un compromis entre les grattouilles et le massage ! Lui-même satisfait, il continua de la cajoler de longs instants avant qu'il ne se tourne de nouveau vers la vampire-enfant qui avait fini par s'asseoir dans l'herbe. Purnendu nota qu'elle avait aussi lâché le pommeau de son épée et qu'elle s'ouvrait à lui comme il n'aurait jamais cru en être le témoin. Est-ce qu'un simple miaulement avait réellement suffit à ébrécher le vernis de sa colère ? Non, il y avait quelque chose de plus profond, de plus viscéral dans ce relâchement : un besoin trop longtemps ravalé. Peut-être avait-il pour lui d'être effectivement un graärh, loin du schéma de pensée des autres races, loin de leur apparence aussi. Suffisamment de différence pour qu'Aphaïa se sente capable d'ouvrir pareil confessionnal... si tant est qu'elle ne soit pas en train de lui mentir. Dressant une paire d'oreille avec un air vaguement interloqué, l'herboriste préféra penser que ce n'était pas le cas et qu'il assistait réellement à un partage à cœur ouvert, aussi ironique que cela soit pour un vampire.

« - L'amour... qu'elle notion étrange ! Vous aimez vous compliquer la vie... et pourtant ce sont ces choses qui vous rendent aussi forts et opiniâtres. Peut-être mon peuple aurait-il à gagner ou bien irait-il plonger droit dans cette auto-destruction dont vous semblez si friands ? »

La question, rhétorique, glissa doucement dans la brise et fut suivi d'un léger silence avant qu'il ne soupir et ne tourne le museau vers la forêt qui s'étendait plus haut. Aurait-il le temps de poursuivre sa cueillette s'il traînait davantage ? Il en doutait. La conversation, aussi intéressante soit-elle, ne tombait pas vraiment au meilleur moment et il regrettait déjà de devoir y mettre fin. Un détail cependant, lui fit reconsidérer son choix et il observa avec intérêt la petite et frêle silhouette.

« - Tu nous étudiais à Nyn-Tiamat ? »

Il pouvait parfaitement s'imaginer la scène et pouffa légèrement de rire avant que l'amertume ne vienne tordre ses babines d'une légère grimace.

« - Oui, en effet... cette île n'est pas à vous. Mais ce n'est pas la notre non plus. Nous ne faisons qu'emprunter ses richesses, aussi maigres soient-elles, puis à notre tour lorsque nous rendons notre dernier souffle et partons rejoindre les étoiles avec les Esprits... Nous rendons tout ce que la terre a pu nous prêter lors de notre existence. Un cycle fragile que nous essayons de défendre farouchement. Aveuglément peut-être ! Là où nous attaquons, nous devrions enseigner notre façon de faire ? Qui sait... On ne peut pas faire boire un chameau qui n'a pas soif, comme on dit à Néthéril. »

Il soupira et commença à ajuster ses affaires, rangeant le matériel et s'assurant que les plantes ne se froissent pas dans sa sacoche magique. Une fois qu'il fut assuré de ne rien oublier et de ne pas endommager sa précieuse récolte, il baissa la truffe vers la petite vampire et lui fit un léger sourire.

« - J'aurais aimé continuer cette conversation, malheureusement j'ai de nombreux impératifs qui ne peuvent souffrir d'un quelconque délais. Si jamais tu restes dans les alentours, permets moi de te rencontrer à nouveau et cette fois sans tous les préliminaires d'intimidation ? »

Taquin, il lui fit un petit clin d’œil avant de reculer de quelques pas, puis de tourner les talons et de descendre la pente douce vers le sentier qui menait à Cordont la Chue. Il aurait aimé parcourir les bois, mais s'il y avait une vampire, il y en avait probablement d'autres et ceux là ne seraient peut-être pas aussi ouvert d'esprit. Si les environs devenaient aussi dangereux, peut-être demanderait-il une escorte au Bourgmestre... si être suivit le mettait profondément mal à l'aise, la perspective de finir en carpette de salon ou pire : en esclave, suffisait à lui faire reconsidérer ses options. Au bout de quelques minutes, il regarda par dessus son épaule et leva une main pour saluer la minuscule et solitaire silhouette qu'il voyait au loin, flanquée par ses chevaux. Transformer une enfant en vampire ? Il lui faudrait demander si c'était une chose courante et acceptée dans cette culture étrange et tourmentée... pour lui, ça lui semblait aberrant et contre-productif. Avec un léger haussement d'épaules, il se concentra sur son trajet, s'écartant un peu du chemin pour essayer de dénicher des plantes qui auraient échappées à sa vigilance au premier passage.

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