12 Octobre, matin.
Aldaron était à une de ses éternelles réunions. Si Valmys n'avait pas deviné à quel point ces dernières pouvaient être ennuyeuses, peut-être en aurait-il voulu à son père de ne pas passer davantage de temps avec lui.
Cherchant tout de même à profiter de son séjour à Caladon, il se levait aux mêmes horaires que lui, passait le moment dangereux du petit déjeûner avec lui (surveillant ses tartines d'un air suspicieux), et dépensait son temps sans lui en balades autour et au sein de la ville. Ce faisant, il apprenait à comprendre Deïa, la chienne au poil noir et blanc et aux allures lupines qui lui avait été présentée. Elle était joviale, mais montrait un peu trop vite les crocs aux inconnus, au goût de Valmys. Peut-être perdrait-elle naturellement ce réflexe après quelques temps passés au milieu de bipèdes de confiance.
Ce matin était frais, humide, un peu brumeux. Un prémice à l'hiver, qui venait. Un vrai plaisir pour celui qui venait de Néthéril, après avoir tant admiré les neiges de Nyn-Tiamat. Retourner sur les terres du froid ne le tentait que davantage. En attendant, il ne comptait pas qu'une seule seconde de froid soit perdue sans qu'il en profitât !
Enfilant sa nouvelle tunique vert-gris, celle qui lui donnait l'air sacrément élégant, et nul autre manteau, veste ou cape, il s'esquiva de ses appartements, proposant à sa compagne quadrupède de le suivre. Malgré toute la confiance qu'il accordait à Aldaron, il préférait laisser sa chambre fermée, en son absence. Un nouveau réflexe. Excepté cela, Deïa avait son aval pour aller ou bon lui semblait.
Un soupir de satisfaction marqua la sortie de Valmys dans le jardin e la demeure. Il inspira le plus possible de brume matinale. Un sourire ravi accueilli la sensation fraîche et saine de cet air dans ses poumons. Il avait froid. C'était un délice.
L'esprit vagabond, il se perdit d'un pas lent au milieu des allées et sentiers du jardin, quatre pattes sautillantes suivant les siennes. Nombre de plantes avaient revêtu leur apparence automnale, et d'autres n'étaient pas encore réveillées, le soleil apparaissant tout juste au milieu de nuages qui se faisaient plus épars. Valmys crut discerner quelques endroits où la terre avait été imbibée d'eau. Cet environnement était peut-être encore pâle, le faisait peut-être frissonner... Mais c'était le sien, et il aurait pu y déambuler encore plusieurs heures. Cela sentait bon l'herbe mouillée, et le silence respectueux du matin était encore maître des lieux. Les griffes de Deïa sur la pierre paraissaient bruyantes.
Il flânait. Son coeur était ouvert à chaque découverte, et son esprit jouait à concevoir d'autres jardins, inspirés de ce dernier, des détails qui en lui étaient dignes d'intérêt pour le petit immaculé. Tout à cette observation, il remarqua assez vite ce petit élément qui sortait de l'ordinaire. Là, au sec, posé sur un banc, un petit carnet, abandonné. C'était triste ! Et surtout: c'était dangereux ! Peu importait les informations contenues dedans: il suffisait d'une averse pour tout abîmer !
L'archiviste en Valmys ne fut mû que d'une seule volonté: celui de protéger le précieux ouvrage ! S'en approchant d'un pas plus déterminé, l'Enwr vint se saisir du fragile petit objet. Il lui vint à l'esprit que, peut-être, pouvait-il rendre ceci à son possesseur. Si ce dernier avait été prévoyant, peut-être avait-il laissé quelques indices pour le retrouver. Innocemment, le petit dernier des Leweïnra se plongea dans la lecture dudit ouvrage.
C'était fascinant ! Et un peu intime. Les joues roses sous l'effet de la gène, Valmys peinait pourtant à s'arrêter de lire. L'auteur décrivait son trouble face à une certaine Aurore... Se pouvait-il que ce soit celle qu'il connaissait ? S'il lisait davantage, il le saurait peut-être.
La gène prit le dessus, et Valmys tourna quelques pages avant d'avoir eu la vérité, à la recherche d'un indice plus percutant. Des histoires d'argent... Un intendant ? Une intendante, il lui avait semblé lire quelques accords au féminin. Soudain, une page se couvrait d'un nom qui ne lui était pas inconnu. Il aurait pu totalement passer à côté, si ce dessin de moustache ne lui avait pas rafraîchi la mémoire. Ah oui ! Artane ! Copain-de-poney ! L'autrice semblait avoir un sacré béguin pour lui. Deux béguins, donc. Un coeur ouvert. Valmys aurait sans doute apprécié d'aborder le sujet avec elle, s'il n'avait pas eu quelques soucis de son côté.
Un son soudain lui parvint. Hâtivement, il referma le livre qu'il consultait. Les joues toujours roses, et un air clairement surpris sur son visage rayé de cuivre, il se tourna vers l'origine dudit bruit, l'inquiétude crispant ses mains sur sa précieuse trouvaille. Son dos était un peu voûté, sous l'effet du froid autant que de la crainte. Il n'aimait pas être surpris, et n'aimait pas non plus l'idée d'être seul avec quelqu'un d'inconnu.
Deïa, elle, semblait sereine, fièrement tournée vers le bruit, remuant calmement la queue. Ce qu'elle percevait ne l'inquiétait pas pour le moment... Sauf si cela se montrait trop agressif envers son protégé.
Aldaron était à une de ses éternelles réunions. Si Valmys n'avait pas deviné à quel point ces dernières pouvaient être ennuyeuses, peut-être en aurait-il voulu à son père de ne pas passer davantage de temps avec lui.
Cherchant tout de même à profiter de son séjour à Caladon, il se levait aux mêmes horaires que lui, passait le moment dangereux du petit déjeûner avec lui (surveillant ses tartines d'un air suspicieux), et dépensait son temps sans lui en balades autour et au sein de la ville. Ce faisant, il apprenait à comprendre Deïa, la chienne au poil noir et blanc et aux allures lupines qui lui avait été présentée. Elle était joviale, mais montrait un peu trop vite les crocs aux inconnus, au goût de Valmys. Peut-être perdrait-elle naturellement ce réflexe après quelques temps passés au milieu de bipèdes de confiance.
Ce matin était frais, humide, un peu brumeux. Un prémice à l'hiver, qui venait. Un vrai plaisir pour celui qui venait de Néthéril, après avoir tant admiré les neiges de Nyn-Tiamat. Retourner sur les terres du froid ne le tentait que davantage. En attendant, il ne comptait pas qu'une seule seconde de froid soit perdue sans qu'il en profitât !
Enfilant sa nouvelle tunique vert-gris, celle qui lui donnait l'air sacrément élégant, et nul autre manteau, veste ou cape, il s'esquiva de ses appartements, proposant à sa compagne quadrupède de le suivre. Malgré toute la confiance qu'il accordait à Aldaron, il préférait laisser sa chambre fermée, en son absence. Un nouveau réflexe. Excepté cela, Deïa avait son aval pour aller ou bon lui semblait.
Un soupir de satisfaction marqua la sortie de Valmys dans le jardin e la demeure. Il inspira le plus possible de brume matinale. Un sourire ravi accueilli la sensation fraîche et saine de cet air dans ses poumons. Il avait froid. C'était un délice.
L'esprit vagabond, il se perdit d'un pas lent au milieu des allées et sentiers du jardin, quatre pattes sautillantes suivant les siennes. Nombre de plantes avaient revêtu leur apparence automnale, et d'autres n'étaient pas encore réveillées, le soleil apparaissant tout juste au milieu de nuages qui se faisaient plus épars. Valmys crut discerner quelques endroits où la terre avait été imbibée d'eau. Cet environnement était peut-être encore pâle, le faisait peut-être frissonner... Mais c'était le sien, et il aurait pu y déambuler encore plusieurs heures. Cela sentait bon l'herbe mouillée, et le silence respectueux du matin était encore maître des lieux. Les griffes de Deïa sur la pierre paraissaient bruyantes.
Il flânait. Son coeur était ouvert à chaque découverte, et son esprit jouait à concevoir d'autres jardins, inspirés de ce dernier, des détails qui en lui étaient dignes d'intérêt pour le petit immaculé. Tout à cette observation, il remarqua assez vite ce petit élément qui sortait de l'ordinaire. Là, au sec, posé sur un banc, un petit carnet, abandonné. C'était triste ! Et surtout: c'était dangereux ! Peu importait les informations contenues dedans: il suffisait d'une averse pour tout abîmer !
L'archiviste en Valmys ne fut mû que d'une seule volonté: celui de protéger le précieux ouvrage ! S'en approchant d'un pas plus déterminé, l'Enwr vint se saisir du fragile petit objet. Il lui vint à l'esprit que, peut-être, pouvait-il rendre ceci à son possesseur. Si ce dernier avait été prévoyant, peut-être avait-il laissé quelques indices pour le retrouver. Innocemment, le petit dernier des Leweïnra se plongea dans la lecture dudit ouvrage.
C'était fascinant ! Et un peu intime. Les joues roses sous l'effet de la gène, Valmys peinait pourtant à s'arrêter de lire. L'auteur décrivait son trouble face à une certaine Aurore... Se pouvait-il que ce soit celle qu'il connaissait ? S'il lisait davantage, il le saurait peut-être.
La gène prit le dessus, et Valmys tourna quelques pages avant d'avoir eu la vérité, à la recherche d'un indice plus percutant. Des histoires d'argent... Un intendant ? Une intendante, il lui avait semblé lire quelques accords au féminin. Soudain, une page se couvrait d'un nom qui ne lui était pas inconnu. Il aurait pu totalement passer à côté, si ce dessin de moustache ne lui avait pas rafraîchi la mémoire. Ah oui ! Artane ! Copain-de-poney ! L'autrice semblait avoir un sacré béguin pour lui. Deux béguins, donc. Un coeur ouvert. Valmys aurait sans doute apprécié d'aborder le sujet avec elle, s'il n'avait pas eu quelques soucis de son côté.
Un son soudain lui parvint. Hâtivement, il referma le livre qu'il consultait. Les joues toujours roses, et un air clairement surpris sur son visage rayé de cuivre, il se tourna vers l'origine dudit bruit, l'inquiétude crispant ses mains sur sa précieuse trouvaille. Son dos était un peu voûté, sous l'effet du froid autant que de la crainte. Il n'aimait pas être surpris, et n'aimait pas non plus l'idée d'être seul avec quelqu'un d'inconnu.
Deïa, elle, semblait sereine, fièrement tournée vers le bruit, remuant calmement la queue. Ce qu'elle percevait ne l'inquiétait pas pour le moment... Sauf si cela se montrait trop agressif envers son protégé.