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descriptionInstinct fraternel [Eleo] EmptyInstinct fraternel [Eleo]

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12 Octobre, matin.

Aldaron était à une de ses éternelles réunions. Si Valmys n'avait pas deviné à quel point ces dernières pouvaient être ennuyeuses, peut-être en aurait-il voulu à son père de ne pas passer davantage de temps avec lui.
Cherchant tout de même à profiter de son séjour à Caladon, il se levait aux mêmes horaires que lui, passait le moment dangereux du petit déjeûner avec lui (surveillant ses tartines d'un air suspicieux), et dépensait son temps sans lui en balades autour et au sein de la ville. Ce faisant, il apprenait à comprendre Deïa, la chienne au poil noir et blanc et aux allures lupines qui lui avait été présentée. Elle était joviale, mais montrait un peu trop vite les crocs aux inconnus, au goût de Valmys. Peut-être perdrait-elle naturellement ce réflexe après quelques temps passés au milieu de bipèdes de confiance.

Ce matin était frais, humide, un peu brumeux. Un prémice à l'hiver, qui venait. Un vrai plaisir pour celui qui venait de Néthéril, après avoir tant admiré les neiges de Nyn-Tiamat. Retourner sur les terres du froid ne le tentait que davantage. En attendant, il ne comptait pas qu'une seule seconde de froid soit perdue sans qu'il en profitât !
Enfilant sa nouvelle tunique vert-gris, celle qui lui donnait l'air sacrément élégant, et nul autre manteau, veste ou cape, il s'esquiva de ses appartements, proposant à sa compagne quadrupède de le suivre. Malgré toute la confiance qu'il accordait à Aldaron, il préférait laisser sa chambre fermée, en son absence. Un nouveau réflexe. Excepté cela, Deïa avait son aval pour aller ou bon lui semblait.

Un soupir de satisfaction marqua la sortie de Valmys dans le jardin e la demeure. Il inspira le plus possible de brume matinale. Un sourire ravi accueilli la sensation fraîche et saine de cet air dans ses poumons. Il avait froid. C'était un délice.
L'esprit vagabond, il se perdit d'un pas lent au milieu des allées et sentiers du jardin, quatre pattes sautillantes suivant les siennes. Nombre de plantes avaient revêtu leur apparence automnale, et d'autres n'étaient pas encore réveillées, le soleil apparaissant tout juste au milieu de nuages qui se faisaient plus épars. Valmys crut discerner quelques endroits où la terre avait été imbibée d'eau. Cet environnement était peut-être encore pâle, le faisait peut-être frissonner... Mais c'était le sien, et il aurait pu y déambuler encore plusieurs heures. Cela sentait bon l'herbe mouillée, et le silence respectueux du matin était encore maître des lieux. Les griffes de Deïa sur la pierre paraissaient bruyantes.

Il flânait. Son coeur était ouvert à chaque découverte, et son esprit jouait à concevoir d'autres jardins, inspirés de ce dernier, des détails qui en lui étaient dignes d'intérêt pour le petit immaculé. Tout à cette observation, il remarqua assez vite ce petit élément qui sortait de l'ordinaire. Là, au sec, posé sur un banc, un petit carnet, abandonné. C'était triste ! Et surtout: c'était dangereux ! Peu importait les informations contenues dedans: il suffisait d'une averse pour tout abîmer !
L'archiviste en Valmys ne fut mû que d'une seule volonté: celui de protéger le précieux ouvrage ! S'en approchant d'un pas plus déterminé, l'Enwr vint se saisir du fragile petit objet. Il lui vint à l'esprit que, peut-être, pouvait-il rendre ceci à son possesseur. Si ce dernier avait été prévoyant, peut-être avait-il laissé quelques indices pour le retrouver. Innocemment, le petit dernier des Leweïnra se plongea dans la lecture dudit ouvrage.

C'était fascinant ! Et un peu intime. Les joues roses sous l'effet de la gène, Valmys peinait pourtant à s'arrêter de lire. L'auteur décrivait son trouble face à une certaine Aurore... Se pouvait-il que ce soit celle qu'il connaissait ? S'il lisait davantage, il le saurait peut-être.
La gène prit le dessus, et Valmys tourna quelques pages avant d'avoir eu la vérité, à la recherche d'un indice plus percutant. Des histoires d'argent... Un intendant ? Une intendante, il lui avait semblé lire quelques accords au féminin. Soudain, une page se couvrait d'un nom qui ne lui était pas inconnu. Il aurait pu totalement passer à côté, si ce dessin de moustache ne lui avait pas rafraîchi la mémoire. Ah oui ! Artane ! Copain-de-poney ! L'autrice semblait avoir un sacré béguin pour lui. Deux béguins, donc. Un coeur ouvert. Valmys aurait sans doute apprécié d'aborder le sujet avec elle, s'il n'avait pas eu quelques soucis de son côté.

Un son soudain lui parvint. Hâtivement, il referma le livre qu'il consultait. Les joues toujours roses, et un air clairement surpris sur son visage rayé de cuivre, il se tourna vers l'origine dudit bruit, l'inquiétude crispant ses mains sur sa précieuse trouvaille. Son dos était un peu voûté, sous l'effet du froid autant que de la crainte. Il n'aimait pas être surpris, et n'aimait pas non plus l'idée d'être seul avec quelqu'un d'inconnu.
Deïa, elle, semblait sereine, fièrement tournée vers le bruit, remuant calmement la queue. Ce qu'elle percevait ne l'inquiétait pas pour le moment... Sauf si cela se montrait trop agressif envers son protégé.

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C'est avec hâte que la jeune conseillère revenait sur ses pas avec hâte. Ce carnet qui ne se trouvait plus dans ses affaires ne pouvait que se trouver là bas. Elle longea les allées fraîches et boisées sans s'arrêter, comme auparavant, sur les derniers boutons qui ne manqueraient de faner les jours prochains. Elle avait trouvé apaisant de visiter la modeste propriété que son père adoptif avait prit soin d'arranger. S'il n'avait rien de comparatif avec les parcs des anciennes demeures de Gloria, cet espace verdoyant avait le mérite d'être une véritable marque de distinction au sein d'une ville en plein essor de construction. Eleonnora elle même ne s'était pas dotée d'un domaine aussi conséquent. Elle regardait au par ailleurs cet étalement de richesse avec un certain dédain de jalousie. Car, comme il en était la cas pour de nombreux nobles et aristocrates, la traverse avait nettement diminué ses ressources financières. La demoiselle faisait de son mieux pour ne pas le laisser paraître et rester une grande dame du monde mais elle n'était rien comparé à l'ancien Triade.
C'était d'ailleurs en attente d'un entretien avec lui qu'elle avait flâné entre les jeunes plantes qui n'avaient qu'un seul printemps à leur actif mais qui s'étaient pourtant déjà tintée des tristes couleurs de l'automne. Elle avait même regretté de ne pas être venue plus tôt pour voir les bourgeons, maintenant grisâtres, fleurir sous le ciel estival. Aussi, sa balade l'avait menée sur un des bancs de pierres qui étaient rangés le long des allées sablées.

L'humeur n'était cependant plus au vagabondage. Les bottines de la jeune femme martelaient le gravier de tout son empressement, en oubliant presque les bonnes convenances prescrivant un pas léger aux jeunes dames de la cours. Elle priait si fort pour que personne n'ai mit la main sur cet objet qu'elle avait malencontreusement laissé dans un moment d’inattention. Ah! Si ce valet ne l'avait pas surprise sur les cheminement de ses pensées, peut-être que cela ne se serait pas produit! Prendre le thé? Une collation? Non mais elle lui apprendra à venir déranger une personne bien plus importante que lui! Si ce carnet si intime fut passé entre les mains de ne serait-ce quelque jardinier ou bonne, elle le ferait sanctionner! Elle ne pensait pas à la honte qu'elle éprouverait si quelqu'un avait l'occasion de parcourir les lignes marquées de ses pensées les plus intimes...Elle réprima un frisson d'effroi. Elle ne pourrait certainement pas laisser impuni celui qui aura eu le malheur d'y toucher...Qu'est ce que bien pourrait revendiquer une personne alors en possession de ses plus sombres secrets? Ses joues déjà rosies par la fraîcheur matinale, s'empourprèrent d'avantage à la pensée de ce qu'elle avait inscrit sur les pages de ce carnet.

Ce fut en apercevant au loin une silhouette entre deux buisson bien taillés que son cœur manqua un battement. Elle prit ses jupons à bout de bras et se précipita vers l'inconnu.
« Qui vous a permis?!» Les halètement dans sa voix déteignaient sur le ton autoritaire qu'elle aurait alors voulu avoir, mais son regard brulant en disait loin sur ses intentions. Elle suspendit une seconde pour reprendre son souffle, répudiant le fait de s'être ainsi montrée en spectacle. Puis d'un air méprisant elle surplomba ce petit être au regard surpris qui tenait encore fermement entre ses mains le fameux carnet. A la vu de l'objet de ses pensées, alors lové dans les bras d'un inconnu, le sang d'Eleonnora ne fit qu'un tour. D'un geste vif elle tendit la main vers le jeune homme pour s'en emparer. Cependant elle ne pu atteindre sa cible. Avec un grognement sourd une bête s'était interposée entre son maitre et la petite furie. Cette dernière poussa un cri de stupeur devant les crocs du chien qui avait débarqué de nul part. S'étant reculée à une distance raisonnable de cette nouvelle menace, elle apostropha son propriétaire. « Dites donc à votre bête de se calmer! » L'envie de traiter de tout les noms cet inconnu avait bizarrement disparue. « Je souhaite simplement reprendre mon...carnet. »

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Les petits doigts de Valmys se raffermirent sur leur précieux protégé. Bien, la dame qui arrivait en courant vers lui, elle avait l'air tout sauf commode. Elle avait l'air d'être un véritable danger pour les pauvres petits livres sans défenses !
Tandis que la demoiselle/la prédatrice d'ouvrages reprenait son souffle, le jeune immaculé la dévisagea, immobile, tendu de craintes qu'avaient pu lui infliger d'autres femmes avec autant de force de caractère. Celle-ci avait pourtant l'apparence des femmes qui au sein de Caladon réussissaient leur vie. Sa tenue était de qualité, soignée. Elle venait complimenter naturellement un visage aux traits agréables. Mettait-elle du maquillage ? Son teint était bien beau, surtout pour une humaine, et assez pâle pour témoigner de son rang. Elle avait l'air jeune, Valmys ne lui donnait pas plus que son propre âge. Sans doute l'avait-il déjà croisée au sein de la demeure de leur hôte, ou dans les environs de Caladon, mais... Il ne lui semblait pas qu'ils eussent été présentés. En tout cas, nul nom ne venait à l'esprit du petit être inquiet.

Au geste en sa direction, Valmys recula, instinctivement. Il gardait des instincts de proie, et rentrer de force dans son intimité n'était pas la meilleure façon de l'aborder. Oui, l'espace autour de lui, à portée de bras, était son intimité. La présence canine qui venait symboliquement représenter Aldaron auprès de son fils immaculé, vint s'interposer, grondant, son museau retroussé dévoilant ses crocs. Par chance, la jeune bourgeoise avait eu le bon réflexe, juste assez d'instinct de survie, pour leur éviter à tous deux l'incident diplomatique, et s'éviter à elle de salir ses beaux habits par son propre sang. Deïa était adorable, mais son éducation la poussait à mordre sitôt que l'on s'approchait de son chiot-sans-poils. Au moment où la jeune femme aux joues empourprées de colère réclamait que ledit chiot intervienne pour calmer la menace, Valmys se chargeait déjà, d'un ton qui se voulait calme mais d'une voix finement vibrante d'émotion, de demander à Deïa de ne pas bondir sur le danger pour le moment.

"- Tout doux, Deïa, tout doux..."

De prime abord, l'explication qui lui fut fournie lui parue limpide. C'était évident ! Elle l'avait vu son carnet en main, et avait cru qu'il allait agir en mal avec, alors qu'il voulait juste le lui rendre. Quel quiproquo, ahaha, vraiment !
Alors, avec un petit sourire gêné et forcé, Valmys eut une ébauche de geste, un livre qui se détachait de lui, un bras qui se dépliait, lentement...

Pour finalement se stopper dans son mouvement, avec un bref et léger froncement de sourcil, troublé. Un mot d'Aldaron lui revenait. Un petit mot sur la société Caladonienne, et sur les manipulations, manigances et tromperies qui pouvaient naître des enjeux politiques personnels. Dans un instant fugace, il crut voir une lueur dans le regard de son interlocutrice, qu'il interpréta comme de la malice. Et si ce carnet n'était autre que celui d'un de ses opposants ? Valmys rapprocha légèrement le carnet de lui.

"- Je suis désolé... Mon père m'a mis en garde par rapport aux mensonges que l'on pouvait me présenter. J'aimerais être sûr qu'il s'agit bien là de votre carnet."

Sa voix dénuée de nuances méprisantes ou goguenarde trahissait toute la sincérité de son désarroi. Avoir à refuser quelque chose à une potentielle aggresseuse ne lui plaisait pas vraiment. Sa présence faisait monter en lui l'angoisse, il avait hâte de ne plus être en sa présence. Il fallait bien qu'il ait une bonne conscience pour se mettre dans pareille situation -et cela ne le rendait pas plus à l'aise pour autant.
Se redressant un peu, il observa à nouveau l'ouvrage, sa couverture un peu usée, ses pages parfois froissée par le temps. Il avait bien une idée...

"- Peut-être pouvez-vous me parler de son contenu ? Quelque savoir que seul le vrai possesseur de ce carnet connaîtrait. Je serais sans doute plus enclin à vous le rendre alors..."

Sa voix avait été incroyablement douce, en comparaison avec l'agression première qui avait tranché les airs, celle de la prétendue autrice du livre. Elle était toujours teintée d'un peu de crainte. Cependant, avec le froid, et sa tenue dénuée de veste, peut-être pouvait-ce paraitre pour une simple réaction physique.
Valmys restait savamment posté derrière Deïa, qui n'avait pas quitté sa posture agressive -mais avait au moins cessé de grogner.

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Comment pouvait-il douter de sa sincérité?...En y repensant, c'était quelque chose de tout à fait légitime ici bas. Puis elle ne pouvait pas se vanter d'être la personne à qui on peut faire le plus confiance. Politicienne vénale, enfant gâté, opportuniste mercantile...tant de noms dont elle avait été affublée. Les dirigeants étaient tous les proues du bateaux, se prenants écumes et rafales envers et contre tous. Mais ils ne se rendaient pas compte ces vermisseaux. Il lui vint logiquement à l'esprit que ce jeune homme l'eu reconnue et, dans un élan de chevalerie grotesque, avait décidé de défendre le précieux journal de la vilaine conspiratrice qu'elle était. Pour autant, ce geste était déplacé pour quelqu'un d’inférieur. Cela n'aurait rien changé à sa petite vie de donner sagement ce carnet, peu importe à qui il appartient. Se croyait-il juste à agir ainsi? Qu'un dieu du hasard ou que sa charmante propriétaire allait le récompenser? Si c'est ce qu'il croyait, alors il était encore plus idiot qu'elle n'aurait pu le penser.
Les lèvres de la demoiselle se pincèrent en un rictus antipathique alors qu'elle jaugeait ce nouvel obstacle à sa volonté. Elle se demandait comment un homme aussi simple pouvait la défier, elle, Eleonnora Ostiz. Il avait des traits assez communs, un hâle témoin de ses origines modestes et son charisme, s'il n'était pas inexistant, était comparable à celui d'un chiot. Cependant un détail attira l'oeil de la jeune femme. Pendant un instant seulement on aurait pu assister à un éclair de surprise sur le visage condescendant de l'aristocrate. En effet, les trilles qui ondulaient le long de la peau mat de ce sale garnement était l'empreinte de ce peuple dont les louanges se faisaient le long des côtes. Aldaron embauchait vraiment n'importe qui ici...Surement un énième migrant sans le sou. Pourtant sa tenue, bien qu'élémentaire, ne semblait être dénuée de valeur. Un bourgeois en visite? Un valet tout fraîchement arrivé? Un visiteur opportun? Ou peut-être même une des étranges connaissances de son père de coeur? Si c'était le cas, il lui pardonnerait de le malmener mais elle n'avait pas l'intention de se laisser faire...Qui était vraiment cet elfe au oreilles étrangement rondes? Une aura de mystère s'était alors installée autour de cet être. Néanmoins, là n'était pas la question. Peu importe son origine, ce carnet ne devait pas se trouver entre ses mains à cet instant et même jamais.

Il semblait que, devant la proposition de ce petit être, la demoiselle ai reprit des couleurs. Était-ce la colère ou bien l'embarras qui teintait ainsi son visage d'une couleur virginale?  « Parce qu'en plus de vous emparer de mon bien, vous avez osé...lire? » Elle n'osait émettre d'hypothèses sur ce qui pouvait bien avoir été dévoilé. Elle n'osait même plus penser à tout ce qu'elle avait put inscrire d’embarrassant...Ce garçon avait entre ces mains la possibilité de détruire toute la crédibilité qu'elle s'était acharnée à construire. Il était bien trop honteux pour elle d'énoncer à voix haute ce qu'elle consignait en toute intimité sur ses lignes. Elle ne laisserait pas cet homme de basse condition la prendre de haut comme il voudrait ainsi le faire! Humilier une puissante, c'est cela qu'il voulait?! Il ne savait pas à qui il avait affaire ce malfrat de bas étage. Elle n'osa cependant faire un pas de plus en voyant les babines de la chienne devant elle se retrousser, comme si elle sentait cette envie de meurtre qui émanait de la conseillère.

Elle prit d'avantage de recul comme pour l'examiner à nouveau. Il lui fallait un autre angle d'attaque pour récupérer l'objet de son désir sans pour autant se ridiculiser pour autant...Mais soudain son expression colérique se transforma.  « N'est ce pas plutôt à vous de me dire pourquoi vous voulez tant garder MON journ-carnet? » Les yeux plissés elle regardait le jeune homme avec défiance. « Je vois clair dans votre petit jeu...Je ne vous expliquerai aucunement ce que j'ai pu inscrire sur ses pages. Je ne sais pas qui vous envoie mais sachez que je suis la seule à connaitre le code qui se cache entre les lignes inscrites ici. Car si vous vous êtes emparé de cet inestimable objet, c'est surement en connaissance de cause...ai-je bien raison? Je vous félicite d'en être arrivé jusque là mais sachez que les secret de Caladon sont bien gardés... » Elle désigna le journal d'un signe de la tête. Il comprendrait, comme il en avait fait la supposition plus tôt, qu'il n'y avait aucun sens à ce qu'une personne aussi importante qu'elle tienne de tels récits nunuches sur sa vie amoureuse. « Rendez le moi donc et je vous promet de ne pas appeler la garde pour qu'ils vous punisse comme le méritent les voleurs dans votre genre. »

Evidemment que ce petit elfe, bien qu'énigmatique soit-il, n'était pas un danger et évidemment qu'elle n'avait aucun secret défense consigné parmi ce ramassis de commentaires à l'eau de rose. Elle comptait sur son coup de bluff pour l'embrouiller et ainsi repartir sans ennui avec son carnet. En y repensant elle pourrait très bien appeler la garde maintenant...mais ce serait abandonner devant cet ignorant. Elle aimait régler ses problèmes par elle même, surtout quand il ne requéraient que les mots comme arme. Et pour le coup, il avait du soucis à se faire ce petit va-nu-pied.

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Deïa restait tendue, son regard de glace dardé vers la jeune femme. Elle voulait bien rester immobile et gentille pour faire plaisir à son bipède, mais croire sincèrement qu'il n'y avait pas de danger dans cette grande silhouette lui était impossible. Elle sentait d'ici de l'agressivité. Son chiot-sans-poils ne serait blessé ni par sa congénère, ni par sa propre naïveté !

Valmys avait subtilement penché la tête sur le côté, au reproche de la prétendue propriétaire du carnet. Il était prêt à avouer l'avoir lu, sans souci -il n'était pas apprenti baptistrel pour rien. Ses raisons étaient bonnes, les assumer ne posait pas de souci. En revanche, il se demandait clairement s'il n'avait pas déjà suffisamment d'arguments pour tendre le précieux bien à la jeune femme. Le rouge sur ses joues parlait bien plus que la colère de ses mots. Pourtant, fondamentalement, il n'y avait rien de si dramatique dans ce carnet. Rien d'honteux. L'écriture était très correcte, rien d'indécent n'était révélé. Des sentiments ? Qu'y avait-il d'honteux à avoir de tendres inclinaisons envers d'autres personnes. C'était bien plus cautionnable que de plus belliqueux propos, du point de vue du pacifiste petit Enwr.

A ce moment-là, précisément, tout aurait pu bien se passer. Mais Valmys maintint le silence, comprenant que la jeune femme avait davantage à dire. Il la laissa l'examiner, avec un léger tic au niveau des lèvres qu'il ne perçut ni ne retint. Être jaugé comme on jauge une bête prête à l'acquisition ne lui rappelait rien de bon. Allait-elle le menacer de quelque sévice physique ? Vraiment, ce n'était pas nécessaire ! Ils pouvaient s'arranger sans en arriver à ces fins, vraiment, sans avoir besoin de donner à cette journée un goût aigre. Par "chance", rien de cet acabit ne vint.
Au lieu de cela, le jeune immaculé eut une tentative un peu surréaliste de le convaincre... Qui le dé-convaincut. Il avait lu le carnet, et ne s'en était pas caché. Un code ? Innimaginable. Elle ne pouvait connaître le contenu de ce... Journal, donc ? Non, si elle l'avait su, elle aurait évité ce stratagème. Alors que, précédemment, son bras s'était détendu, prêt à se détacher de l'ouvrage tant convoité, ce dernier se rapprocha désormais de son torse, persuadé qu'il avait effectivement à faire à quelque jeu de gens de la bonne société. Et il protègerait la véritable autrice de ce journal !

La menace de la garde le refroidit un peu dans ses élans héroïque. Il tenait à ses ains, elles pouvaient encore lui être utiles (notamment pour jouer de la musique). Puis il se souvint qu'il était à Caladon, et non pas dans quelque bourgade crasseuse des anciens empires humains. Sans doue pouvait-il se défendre. D'auatnt plus qu'ici, les gardes devaient avoir l'habitude également de ce genre d'histoires. Amassant un peu de courage et confiance en lui, Valmys tenta de se redresser à son tour, paraitre bien ferme sur ses appuis.

"- Faites donc. Néanmoins, en tant qu'apprenti baptistrel, et fils adoptif d'Aldaron Leweïnra, je doute recevoir le châtiment que vous espérez."

Se détournant, tant pour masquer ses émotions que pour tenter de faire comprendre à la voleuse amateure qu'il était inutile d'insister de la sorte. Sa prudence -paranoïa ?- le poussait à rester très attentif aux sons que pouvaient émettre la jeune femme. Savait-on jamais, si la violence venait à lui paraitre comme une solution, et si Deïa ne parvenait à l'arrêter. La brave bête continuait de faire face à l'humaine, reculant lentement pour rester auprès de son bipède.

"- Je déplore que vos prétentions me laissent à penser que vous n'êtes la propriétaire de ce carnet. J'aurais aimé la trouver. Nous aurions pu parler de ce qu'elle a confié, et je l'aurais rassurée, lui aurait parlé des premiers rayons de soleil de nos jours, et des marins de nos nuits." Il eut un soupir, aussi lour de sens que ses insinuations. Que l'on veuille raisonnablement agir en mal envers quelqu'un était une chose. Que l'on maintienne ses intentions avec un rappel à l'humanité en était une autre. Il eut un bref coup d'oeil en arrière. "A mon sens, nul mot honteux n'habite ces pages. Si c'est là ce que vous recherchez, peut-être vaut-il mieux pour vous chercher un autre carnet."

C'était son dernier mot. Si avec tout cela elle ne parvenait à le convaincre, alors le carnet retrouverait sans doute le bureau d'Aldaron -qui saurait sans doute mieux que lui en retrouver la propriétaire. Nerveux, Valmys occupa ses mains à la découverte de la première fleur qui passait à leur portée -une fleur typique de l'archipel-, évitant toujours le regard de la coupable... Ou victime ?

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Ce personnage était décidément bien étrange...Elle n'avait jamais vu auparavant aucun homme de son acabit rester sur ses positions alors qu'il était menacé de la sorte. Même après la tentative, un peu surréaliste diriez vous, d'Eleonnora d'embrouiller son esprit. Aussi en plus de voir, qu'à l'évidence, elle n'était pas tombée sur un jardinier simplet, elle du se rendre compte qu'il n'avait pas conscience de qui elle était. Qui dans ces contrée, en particulier de ceux qui vagabondaient dans ce parc, ne pouvaient mettre de nom sur son visage? Un étranger? Cela ne pouvait être que cela? Que manigançait son père dans le dos de ses conseiller à déléguer des étrangers au sein de sa demeure? Il y avait anguille sous roche...a moins que...

Eleonnora manqua de s'étrangler. Si elle avait été d'humeur plus joviale peut-être aurait-elle éclaté de rire et pardonné à son...frère. Le mot lui aurait écorché la bouche. Et si c'était bien ce lien qui devait, à l'avenir, définir sa relation avec ce petit être, cette rencontre était une très mauvaise entrée en matière.  «Excusez moi, mais si vous étiez le fils d'Aldaron Leweinra, notre cher Bourgmestre, je pense que j'en serait la première au courant.» Elle avait levé un sourcil suspicieux à l'entente de ces paroles fabuleuses qui lui était difficile à croire.
Elle aurait pu monter dans les tons, cracher à ce visage insolent qu'il était impossible qu'il puissent appartenir à la même famille, si c'est ainsi qu'elle pouvait l'appeler ce regroupement étrange. Pourtant elle n'était pas inculte au point d’ignorer l'existence d'un nouvel adopté. Le bourgmestre, qu'elle côtoyait quotidiennement sur son lieu de travail, lui en avait glissé un mot entre deux réunions...quelque part une façon assez officieuse, fait dans la précipitation, ce qui ne ressemblait pas à son père de cœur. Elle ne s'en était pas inquiétée, connaissant Aldaron, il ne tarderait pas à la présenter officielle. Autant dire qu'elle avait oublié cette histoire depuis. La voir resurgir ne lui demanda cependant pas d'activer ses neurones pour autant car à la vue du petit elfe qui se tenait devant elle, le doute commença à l'éprendre.
« Puisque je suis Eleonnora Ostiz, conseillère de notre merveilleuse citée de Caladon...et de surcroît il se trouve qu'Aldaron Leweinra est MON père adoptif. » Au début de cette conversation elle n'aurait même pas pensé à se présenter. Cela n'était pas un mal qu'elle se prenait pour le commun des mortels qui voyaient au premier coup d’œil, s'ils ne connaissaient déjà pas sa situation, qu'elle n'était pas une simple courtisane à qui l'on pourrait impunément manquer de respect. Ces mots lui rappela alors l'époque où le nom de Crissolorio Ostiz remplaçait celui d'Aldaron, où il n'était pas mention d'adoption ni d'un nom qui était étranger au sien. Bafouait-elle ainsi son feu-père, où qu'il soit? Elle s'était beaucoup trop posé ces questions de nombreuses heures durant; Elle en était arrivée à la conclusion que la seule chose qu'un Ostiz ayant abandonné ses enfants méritait était bien qu'on oublie tout respect le concernant. Dorénavant elle était la figure de proue des Ostiz, puis elle avait trouvé un nouveau model à dépasser. N'était ce pas tout ce qu'elle avait désiré? Alors elle porterait fièrement ce titre, qui, avouons-le ne lui avait pas été d'une aide moindre lorsqu'il avait été question de gravir les marches du pouvoir. Mais c'était une bien autre histoire où les sentiments ne jouaient aucun rôle.

Son port altier ne manqua pas de s’affaisser lorsque de la bouche de son soit-disant frère sortirent les derniers mots qu'elle souhaitait entendre aussi fort. Instinctivement elle plaqua ses mains sur ses oreilles, les joues rougies par l'embarras.  « Tais toi! Tais toi donc! » Il n'avait pas à dire en quoi ce contenu était honteux ou pas! Elle n'avait que faire de l'avais de ce moralisateur! Elle voulait juste qu'il se taise! Et si quelqu'un venait à entendre? Elle sera ses petits poings, maintenant écarlate. Elle avait abandonné l'idée de s'avancer avec cette satanée bête qui grognait un peu plus à chaque fois que le ton montait. Mais au diable cette chienne dont elle se chargerait elle même si elle osait lui sauter dessus.  «Vous torturez une jeune fille en lisant le contenu de ses pensées les plus intimes! Vous n'êtes qu'un mufle!» Elle avait perdu ses esprit, bien évidemment! Les mots étaient sortis d'entre ses lèvres comme des pierres lancées pour lapider. Toutes les émotions qui s'étaient entrechoquées en elle ne lui avaient pas réellement donné l'occasion de réfléchir. « Qui croyez vous être pour prétendre connaitre le coeur d'une étrangère? Personne ne vous demande votre avis sur...mes amours où peu importe, ces autres histoires idiotes de marins, de blondes...» Elle fini sa phrase à demi ton, se renfrognant dans son embarras.

Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Lun 26 Nov 2018 - 20:46, édité 1 fois

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Un subtil sourire en coin étira les lèvres de Valmys, tandis que son dos faisait face à la Dame au Carnet. Eleonnora ? Enfin il la rencontrait ! Et étrangement, savoir que c'était elle ne lui faisait pas regretter ce qu'il venait de faire. Ce n'était rien de méchant, et il devinait en cette jeune femme trop d'éducation pour lui faire du mal. Se chamailler, en revanche... Elle devait le pouvoir. Cette idée plaisait au petit Enwr. Puisque désormais il avait une soeur, il avait vingt-quatre ans de chamailleries manquées à rattraper. N'était-ce pas une façon de montrer que l'autre était important, et que l'affection qu'on lui portait était si immortelle qu'elle permettait de ne pas se montrer tout le temps ?

"- De blonde, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais parlé de blonde. Mais je suis ravi de savoir que nous avons Aurore Lapsida en commune connaissance."

Triomphalement, Valmys se tourna vers sa soeur, un sourire goguenard, lui tendant enfin le carnet si précieusement gardé. Nul besoin de preuve supplémentaire, et nul besoin de protéger davantage le précieux ouvrage.

"- Mon nom est désormais Valmys Neolenn Leweïnra. Tu peux m'appeler Valmys. Je suis heureux d'enfin te rencontrer, et ravi que tu aies reconnu tes sentiments envers Aurore."

Derrière lui, Deïa commençait à se montrer peu à peu plus calme, malgré son air suspiscieux. Ces bipèdes qui se montraient les crocs puis qui devenaient copains... C'était bizarre. A n'y rien comprendre. De toutes façons ils étaient toujours bizarres les bipèdes. Pas logiques, pas cohérents... M'enfin. Ils donnaient à manger, c'était déjà ça.
Valmys ressemblait déjà beaucoup moins à une proie. Le port plus altier, la mine plus confiante, il osait affronter celle qui avait été sa prédatrice. Il ne la craignait plus. Au nom de leur lien, elle ne pouvait rien lui faire. Ils étaient forcément copains, non ? Et ils allaient forcément s'entendre, c'était écrit.

"- Nombreux sont celles et ceux qui n'osent embrasser leurs sentiments au nom du genre de la personne. Pourtant, à mon humble avis, ce monde a besoin de plus d'amour que de barrières entre les personnes. Ne penses-tu pas ?"

Il eut un petit rire. Cette façon de lui en parler, c'était un peu avouer ses propres inclinaisons. C'était un peu lui rendre ce qu'il lui avait pris, afin de pouvoir lui rendre ce carnet. Son rire était un peu rouillé, il ne l'avait plus utilisé depuis un moment. Mais le pli de ses yeux quand il riait était enfantin, et sincère. Allez, à la suite maintenant ! Il avait oeuvré dur pour préparer sa première rencontre avec sa soeur, grâce aux indications de son père. Il savait exactement ce qu'il avait à faire.

"- Allez. Ne boude pas, je ne suis pas celui qui abusera de ton carnet. Si tu veux, pour me faire pardonner, je peux te montrer le mien. Quelque chose me dit qu'il te plaira. Et puis, tu sais... J'ai préparé un cadeau pour toi !"

Il en était très fier. Le torse bombé, son sourire en coin toujours présent. Il commença à s'engager vers l'intérieur de la demeure, et l'incita à le suivre d'un signe de main.

"- Viens !"

A grandes enjambées, il se glissa à l'intérieur de cet endroit qu'il commençait à bien connaître. Là, il faisait plus chaud, plus sec. Rien qui ne soit désagréable. Comme le bon roturier qu'il était, il laissa ses bottes à l'entrée pour ne rien salir, et s'élança dans les escaliers en n'emportant avec lui que le bruit feutré de ses guêtres sur les tapis et le carrelage. Penché par-dessus la rambarde de l'escalier, il incita encore Eleonnora à le suivre, avec un entrain à la hauteur de l'affection qu'il avait déjà pour celle qui avait pu être si terrifiante auparavant. Il fallait la rassurer, il fallait qu'elle comprenne qu'elle était bien tombée, qu'elle n'avait plus de raison d'être sur ses gardes. Deïa suivait Valmys, bondissant par-dessus les marches avec son énergie habituelle.

La chambre de Valmys avait une fenêtre qui donnait sur les jardins. Un grand lit, fait avec amour par ses soins, un bureau en désordre, couvert de parchemins, eux-mêmes couverts de tâches d'encre. Son psaltérion trônait fièrement dans un coin. Quelques plantes égayaient les lieux. Un objet étrange se situait sur la table de nuit, qui permettait à Valmys de ne pas trop traîner au lit le matin.

"- Tu n'es pas obligée de rentrer, je peux comprendre."

Suivre quelqu'un dans sa chambre pouvait être terrifiant, pour qui pouvait être une potentielle proie. Il connaissait ce genre de choses, depuis quelques temps. Se penchant sur un des tiroirs de son bureau, il en sortit un carnet, glyphé d'imperméabilité, ainsi qu'un petit objet brillant. Il revint vers Eleonnora.

"- Tiens."

Il ne lui avait pas menti. L'objet brillant, il avait oeuvré dur pour lui. Il avait spécifiquement tenu à travailler pour gagner l'argent nécessaire, et s'offrir un petit fragment d'or. Il l'avait taillé, sculpté, pour qu'il prenne la forme d'un pendentif à l'image d'un flamand rose stylisé, au cou courbé. Le carnet, lui, était couvert de croquis divers et variés, annotés. Plantes et paysages de Néthéril, croquis de la cité d'Endeaërumë, portraits de Caladoniens, travaux d'anatomie, visages d'Enwrs, de Cawrs, de flûtistes, et même quelques portraits d'Aldaron et de Deïa. Beaucoup de dessins divers venus de divers coins de Tiamaranta. Aldaron lui avait assuré qu'Eleonnora avait des tendances aventureuses, et que cela lui plairait.
Valmys laissa à Eleonnora le temps qu'elle voulait, l'observant avec un sourire plus tendre, plus affectueux. Acceptait-elle ces offrandes, pour nouer les premiers liens de leur fratrie ?

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Ni une ni deux, la jeune fille s'empara du carnet avant même que ce personnage moqueur n'ai suspendu son mouvement. Elle le sera contre sa poitrine d'un geste protecteur. Ces écrit étaient resté trop longtemps en la possession d'un inconnu. Elle le garda ainsi comme par peur qu'on le lui reprenne à nouveau. Ses joues s'étaient enflammées malgré son air belliqueux à l'entente de ce nom, si doux à ses oreilles et pourtant secrètement gravé dans son cœur. Et dans son carnet évidemment. Désormais elle ne savait si elle était embarrassée d'avoir laissé quelqu'un en lire le contenu où bien de s'être ainsi donnée en spectacle...Dire qu'elle était à deux doigt d'activer sa magie. Cela n'aurait pas été digne d'elle et de son rang, point du tout. Aussi, malgré le regard mauvais qu'elle jetait délibérément la demoiselle retint tout commentaire quand à ce minois insolent qu'osait arborer son nouveau...frère. Un frère? Était-elle obligée de s'entendre avec lui? Parce qu'après ce qu'il venait de lui faire subir, lui et ces élans de justicier moralisateur, il très mal parti pour monter dans son estime. Pourtant en y réfléchissant bien peut-être aurait-elle été déçue de savoir, en dépit de son respect pour la hiérarchie, qu'un membre de sa famille soit un faible qui se plie aux exigences de la première aristocrate croisée. Cela ne pardonnerait absolument rien!

«Mes sent- Non mais de quoi je me mêle? Malappris! Je ne sais qui t'as appris les bonnes manières mais ici on n'embête pas les demoiselles! » Mais c'est qu'il prenait la confiance maintenant qu'il se croyait son égal! Qu'il ne se croit pas tout permis au nom de...de quoi d'ailleurs? Ils n'avaient qu'Aldaron en commun. Néanmoins cela faisait déjà beaucoup. Elle ne voulait pas faire de tort à la personne qui assurait son avenir. Quand à le considérer comme son frère, le chemin à parcourir serait encore long. « Je pense surtout que tu es bien idéaliste...Et si ce n'est l'acceptation de nos propres penchants, d'autres barrières se dresseront devant nous. Et cela ne sera pas au nom de l'amour. » Elle ne pouvait discuter d'avantage d'Aurore. Déjà avait-elle bataillée, et bataillait-elle toujours pour laisser vaquer ses sentiments en paix pour ce gredin d'Artane...Décidément les sentiments n'étaient pas son fort. Contrairement à ce petit malin qui semblait tout à fait à l'aise d'en dévoiler les moindres détails. Aucune pudeur...Mais surement ressentait-elle de l'envie. De le voir si épanoui avec ses propres sentiments la rendait chafouin. Pourtant elle s'était calmée devant cet air joyeux et surtout la menace de la chienne qui s'était écartée.

Une lueur s'alluma tout de même dans ce yeux boudeur à la mention du mot cadeau. C'est qu'il comptait acheter son pardon ce bougre? Il tenait bien de son père celui ci! Elle se rappelait bien des fois où Aldaron lui offrait des tissus et pierres précieuses pour acheter son calme...Néanmoins cela méritait un peu d'attention. Après tout elle pouvait bien faire une petite pause...Elle se tourna vers son nouveau frère avec une moue dubitative. Puis Sans un mot, elle emboîta le pas à ce personnage décidément très enjoué pour quelqu'un qui venait de se faire menacer par Eleonnora Ostiz. Elle fut même surprise de le voir traverser les allées, s’engouffrer dans le manoir et lui indiquer le chemin comme s'il avait toujours vécu là. Pieds nus qui plus est...Elle réprima un commentaire négligeant et se contenta de lever le yeux au ciel. Il n'avait rien de commun avec la luxueuse maison, bien qu'elle soit restée très sobre pour une personne du rang d'Aldaron. Il ressemblait plus à un enfant qui se fiait des lois et des étiquettes, pret à suspendre les colliers hors de prix aux chandeliers et à chiper des gâteaux en cuisine. Quelque part elle se revit. Puis elle revit l'expression froide de Crissolorio. Sans doute n'avait-il personne pour le corriger de la sorte. Elle se demanda si cela devrait-être son rôle de le protéger des ses inconvenances? Elle qui avait toujours été la plus jeune de sa fratrie, se sentait l'âme d'une aînée. Cela pouvait être drôle...


A vrai dire, Eleonnora n'était jamais montée dans cette partie de la demeure où se trouvaient les pièces qui concevraient l'intimité de son propriétaire. Elle se délectait alors de cette partie inédite de la vie de son père de coeur qu'elle découvrait alors avec un certain amusement. Ici elle se sentait plus à l'aise...n'allez pas penser qu'elle ne se soit sentie menacée avec ce gringalet! Mais il ne lui inspirait juste qu'une infime confiance pour s'être ainsi joué d'elle. Aussi, se trouvait-elle aux aguets d'une malice cachée. Elle s'arrêta sur le palier de sa chambre avec une pudeur dissimulée. Elle passa la tête au travers de l'encadrement pour examiner les lieux plus en détails. Elle était plus petite que la sienne, surement que celle de leur père mais elle paraissait s'être adaptée à lui comme un animal aurait façonné son petit nid. Elle tiqua légèrement au désordre ambiant mais cela reflétait surement son caractère...énergétique? Elle sursauta quand il la convia à rentrer. Evidemment, elle s'en était gardée aux bonnes convenances; Ne pas entrer dans les parties privées de qui que ce soit sans en avoir eu l'autorisation. En particulier pour une jeune fille. Toutefois elle ne voulait pas que l'on cru qu'elle puisse avoir peur. Ainsi, il n'eut pas à le lui dire deux fois. Elle entra dans la pièce, qui eu l'air tout de suite plus étroite lorsque, elle, ses ornements, sa robe de lourd satin moutarde, son port altier entrèrent. Elle était comme un anachronisme dans cet univers qui ne lui appartenait pas. Toutefois c'était l'impression qu'elle avait eu en visitant le Bourgmestre pour la première fois. Tout ici respirait la sobriété, dépourvu d'ornements, de richesses dont elle raffolait. Les elfes, inconsciemment, aimaient probablement rester en connection avec cette nature qui leur était si chère ou bien était-ce simplement leur style de vie? Elle ne comprendrait jamais ceci, elle qui raffolait de tout ces petits détails, comparables à de la dentelle de pierre qui embellissaient richement chaque parcelle de mur avec la grâce dont étaient capables les hommes.

Encore plongée dans sa contemplation des lieux, elle avait à peine regardé Valmys s'approcher. Elle posa un regard nonchalant sur la main qu'il lui tendait. L'éclat de l'or sembla se refléter dans son regard, la happant immédiatement. Elle jeta un un coup d'oeil vers l'elfe cherchant un signe d'approbation avant de s'emparer des objets. Elle ouvrit d'abord le carnet dont elle connaissait déjà le contenu avant même d'en avoir lu les inscriptions. L'écriture était brouillonne, tacheté de toute part, des fois même illisible, les dessins biens réalisés mais peut-être trop disséminés mais c'était là le récit passionnant de tant d'aventures...Un léger sourire naquit même sur ses lèvres lorsqu'elle reconnu les portraits d'un Aldaron à la mine tantôt distraite, tantôt sérieuse. Elle s'arrêta de feuilleter l'ouvrage, quelques visages d'Enwrs retenant son attention. Elle cru en reconnaître un. Elle plissa les yeux avant de comprendre quel minois angélique l'avait prise au dépourvu. Elle ferma sèchement le carnet pour jeter son dévolu sur le bijou. Elle se tourna pour le contempler à la lumière du jour et en apprécier les détails. Elle avait vu mieux, ce n'était pas un véritable travail d'orfèvre, peut-être un peu trop brut mais...Elle se tourna vers lui. « C'est toi qui a fait tout ça?... » Elle ne voulait pas pour autant lui pardonner mais son expression adoucie trahissait son admiration. « ...Et en quel honneur m'offrirais tu ceci? » Sa méfiance restait cependant intact. la demoiselle avait beau avoir confiance en Aldaron pour fréquenter les bonnes personnes ( tout aussi étranges soient-elles), elle venait à peine de rencontrer ce jeune homme. Avait-il préparé ceci à l'avance? Elle n'avait rien fait de ce genre...Jamais cela ne lui serait venu à l'esprit d'ailleurs. Voulait-il créer une véritable...famille? Pour tout dire, Eleonnora, cotoyant le Bourgmestre dans son travail quotidien, l'abordait plus comme un protecteur. Alors le mot famille lui venait à la bouche comme quelque chose d'immature, tout droit sorti du tréfonds d'un passé où elle ne voulait pas replonger.

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Valmys n'avait pas perdu son adorable sourire de gamin heureux. Eh, il n'allait tout de même pas faire la tête alors qu'il avait une frangine toute neuve ! Il l'avait poliment observée qu'elle jaugeait ce qu'il lui avait remis. Lorsqu'elle eut fini avec le carnet, l'Enwr reprit cet outil dont il avait encore besoin. Ouvrant une page, il constata ici une petite erreur de perspective. Un geste de la main amena à lui sa mine de graphite favorie, et il corrigea hâtivement ce point.

"- Oui-oui !"

Enfin, il avait taillé le bout d'or à la force de son chant. Un bout d'or vaillamment obtenu par son propre labeur d'artiste, offert à la Cité de Caladon. Il était également possible que, lassé de voir son fils oeuvrer chaque jour à récolter des piécettes, Aldaron aie été voir le marchand de minéraux pour le pousser à faire une réduction au petit être à la peau veinulée. C'était possible. Valmys n'en savait rien du tout. Il savait juste qu'un beau matin le prix avait diminué, et qu'il avait pu prendre ce bout d'or qu'il voulait à tout prix façonner.
Pas question néanmoins de souligner cela. Il aurait eu l'air de se plaindre, ou se vanter, quand l'intention n'était pas là. Aldaron lui avait vaguement décrit Eleonnora, et Valmys avait déduit quelques traits relativement capitalistes. Là où il trouvait le besoin de dépenser son temps et sa sueur pour offrir quelque élément portant valeur et symboles, la jeune femme n'y verrait sans doute pas le même intérêt. Pour le moment, le petit grand frère qu'il était devinait tout ceci? Il n'avait pas encore pu tester l'étendue du capitalisme d'Eleonnora. La vision qu'il en avait était... Adoucie, et ignorante.

Son sourire s'estompa très légèrement lorsqu'au lieu de donner son avis sur ce pendentif, cette création, Eleonnora préféra s'enquérir suspicieusement de l'intention qu'il y avait derrière. Avait-elle si peu confiance en lui ? Etait-il si terrifiant ? Si par expérience il ne pouvait que comprendre que les autres bipèdes soient dangereux... Avait-il vraiment l'air d'un pirate ? Il avait fait ses plus beaux sourires, il avait offert des cadeaux, et il avait partagé son carnet. C'étaient là, pour lui, des marques de ses propres vulnérabilités qu'il offrait ! Il ne pouvait pas être méchant. Ne le voyait-elle pas ? Rahlala. Un jour, Valmys irait voir son Esprit-Lié, pour obtenir de lui l'ancestral secret de la choupibouille.
En attendant, il donnait l'impression d'un être un peu déstabilisé. La question le prenait au dépourvu et il peinait à mettre des mots sur ce qui, pour lui, était l'évidence même.

"- Euh, eh bien, euh... Ben... Dähddy... Enfin, papa m'a dit que tu aimais bien l'or, alors je me suis dit que peut-être, tu aimerais..."

Bafouillant, il réalisait également quelles autres raisons pouvaient pousser Eleonnora à une telle question. L'impression qu'il avait quelque chose à payer auprès d'elle, peut-être. Ce n'était pas le cas. Son pardon pour la précédente histoire de carnet ? Non, il n'avait aucun regret et aucun remord quant à cette dernière. C'était vraiment juste... Enfin, c'était...!

"- Tu es ma première soeur. Je n'avais encore jamais fait de cadeau à une soeur."

Un mouvement d'épaules qui se voulait désinvolte ponctua sa phrase, comme s'il énonçait là quelque chose de banal. Une façon pour lui de se détacher de ses mots, de se protéger lorsqu'il dévoilait une vérité trop grande. Auprès de sa nouvelle famille, il avait envie de rattraper tout le temps perdu sans eux, tout ce temps à être le sans-famille, le sans-attache. Il avait passé trop d'années auprès d'une unique et même personne, un enseignant. Il avait observé l'enfance des autres sans vraiment y goûter, et c'était très particulier ces envies juvéniles qui parfois le prenaient depuis qu'Aldaron lui avait offert son nom. Il voulait jouer avec l'autorité, il voulait prouver qui il était, et prouver son affection. Devant Eleonnora, il voulait tester les divers jeuxx et taquineries qu'il n'avait pu infliger à qui que ce soit. Mais tant qu'elle ne lui ferait pas confiance, il allait d'abord devoir prouver qu'il avait toutes les qualités d'un vrai grand frère : il avait de l'expérience avec l'existence, il était prêt à la soutenir, la protéger, et être là pour elle.
Ce pouvait être long. Une voix anxieuse en Valmys murmura qu'il faisait bien d'espérer que ce ne soient pas les chimères qui le poussent à faire ses preuves, et que jamais ils n'aient à découvrir leurs attaches sous les crocs de la punition Originelle. Il repoussa ces sombres images dans un coin plus éloigné de son esprit. Mieux valait ne pas y penser trop fort, s'ils voulaient vivre.

"- Il ne m'a pas tout dit non plus. Sur ce que tu pouvais aimer, tes activités favorites, tes passes-temps... Tes arts ?"

Une petite note d'espoir habitait le mot "art". Pour un apprenti baptistrel, avoir un art à enseigner à sa petite soeur aurait été une aubaine, une façon aisée de nouer le lien qui le tentait. Il ne se faisait pas d'illusions, mais... Peut-être avait-elle toujours été attirée par un art, et peut-être comprendrait-elle qu'à travers lui, elle avait une occasion de s'en approcher ? Qui savait ?
Peut-être comprendrait-elle qu'il avait envie de passer du temps avec elle. Cela l'éloignerait de ses multiples obligations, certes... Mais il ne demandait pas des journées complètes non plus. Juste un brin de temps, tant qu'il était là.

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Ne délaissant pas de son air sévère, la demoiselle interrogeait le jeune elfe du regard. Il était sans dire que son instinct de politicienne véreuse la poussait naturellement à délaisser les réjouissance pour laisser place à la paranoïa. Elle était comme un chat qu'il fallait dompter pour ne pas recevoir de coups de griffes à la moindre tentative d'approche. Pourtant elle vit bien que son interlocuteur ne s'attendait pas à tant de suspicion. Elle du se rendre à l'évidence; Lui non plus n'était pas de ce monde. Tout comme Artane, tout comme Aurore. Sa naïveté pure et sincère, celle qu'elle comparait à un diamant brut chez aurore, elle avait le don de l'attendrir. La demoiselle se battait sans cesse pour se rapprocher, tout en sachant que cela serait à jamais impossible de ces univers qu'elle n'avait la possibilité de comprendre.

Des frères, elle en a déjà. Et comme son père, autant auraient-ils périt dans les flammes de l'ancien continent, ils faisaient parti du passé. Pourtant il ne lui eu pas besoin de plus pour se faire happer par l'heureux appel de ces temps insouciants. Ces chamailleries pour un gâteau de plus, ses escapades avec ces filous, les remontrances des parents et puis surtout des rires, cristallins et libres. Ces images étaient comme un haut le coeur pour Eleonnora. Des frères, elle en avait eu. Cette pensée menaient son cœur au bord des lèvres. Comme un spectre qu'elle croyait parti depuis longtemps, elle le senti planer au dessus d'elle. Tel un miasme il l'enveloppait des pensées sombres du deuil. Ce fantôme de malheur. Pourquoi toi? Tu n'as donc rien fait pour nous sauver? Imagines tu les souffrances que nous avons subit? Voilà que maintenant tu veux nous remplacer! Ingrate! Avarice! Elle serra les poings dans l'espoir de le faire taire. Les événements avaient beau aller à une cadence effrénée depuis qu'ils avaient posés le pied ici, le temps du deuil, lui, restait le même. Elle en était même allée jusqu'à se demander si c'était cette solitude qui l'avait menait à des décisions si irraisonnées; Elle s'était accrochée à Aldaron comme l'on s'accrochait une bouée. Elle avait ouvert son coeur à Artane. Puis, loin de son amant, avec ce foutu stress et cette ambition qui lui mettait tant de pression, elle s'était abandonnée aux bras d'une jeune manante. Elle avait entendu dire que le deuil durait trois ans...Elle n'en pouvait déjà plus de ce poids invisible sur ses épaules. Pourquoi les morts ne pouvaient-ils pas la laisser en paix?

La jeune femme vit ce garçon, tout souriant, qui lui tendait la main. Après tout accepter Aldaron l'avait bien aidée à oublier Crissolorio. Il ne suffisait que d'un mouvement pour s'alléger de ce poids invisible qui l'accablait encore et toujours. Elle se rendit compte que son expression s'était crispée. Elle ne voulait pas se montrer faible. Un fois face à son nouveau père avait déjà été de trop. Pourtant c'était sans penser que cet enfant, lui aussi avait besoin de combler le vide de sa poitrine. Ils étaient comme deux petits êtres poussés par la marée, que le destin avaient déposés là pour pouvoir se compléter et s'aider. Quelque part elle avait pressentit la même chose en la présence d'Aurore.
« ...Tu n'as donc jamais eu de frères ou de sœurs? » Loin d'elle l'envie de faire de la charité. Ce n'était pas son genre. Mais peut-être y trouverait-elle son compte en trouvant un nouveau talisman à ses cauchemars. Puis, en bonne qualité de commère, la demoiselle restait bien curieuse de ce que pouvait cacher ce personnage. Plus tard elle eu peur que sa question soit trop indélicate. S'il avait, lui aussi été adopté, c'était bien qu'il n'avait ni père ni mère. « Enfin, si tu ne souhaites pas en parler... » Son ton las, cachait l'empathie de ses pensées. Peut-être ne voudrait-il pas faire resurgir ses spectres à lui. « ...Dans tout les cas, mon père restera celui qui nous reliera. »

A propos d'Aldaron, elle se sentait étrangement mal à l'aise du fait de le partager. Elle gardait à l'esprit que celui ci avait parlé d'elle à ce Valmys, qui, en plus d'habiter avec lui, partageait son pain quotidien alors qu'il lui avait à peine glissé un mot à son propos. Oh, ce n'était pas de la jalousie...enfin peut-être un peu, si. Elle avait eu l'habitude d'être la chouchoute de papa, la petite préférée. Crissolorio ne l'épargnait pas pour autant et pourtant la future Bourgmestre avait toujours su qu'elle serait la digne descendante de ce dernier.
Aussi, resta t-elle suspicieuse à l'idée que l'elfe qu'elle devrait partager avec ce nouveau venu se mette à lui faire des confidences.

« Mes activités... » Sans mentir, son travail l'avait entièrement accaparée depuis son arrivée à Caladon. Elle se souvenait d'un temps où elle était une jeune fille oisive, que seuls les beaux gredins et les soirées mondaines intéressaient. C'était bien une chose qu'elle ne regrettait pas de son passé. Ce n'est pas ainsi qu'elle aurait pu être respectée de ses semblable. Cependant elle n'avait pas renoncé à son confort de vie. Ce serait d'ailleurs impensable venant de sa part. «...Et bien, dans ma jeunesse on m'a apprit la danse, l'arithmétique, les vers, la peinture, l'équitation, la natation...et bien d'autres disciplines dont je garde vaguement le souvenir. Enfin, cela est l'apanage des jeunes filles de bonne famille. » Elle haussa les épaules d'un air détaché. Quoi de plus naturel après tout? Se vanter? Devant ce petit homme qui n'avait pas l'air d'avoir mesure de son importance et qui risquait de lui subtiliser l'attention de son père? Peut-être bien. « Mais j'avoue que ce j'ai le plus gardé, étonnement, c'est mon gout pour le piano. J'en ai d'ailleurs une bel exemplaire qui traîne dans mon salon. » Qui traîne, qui trône plutôt, mais ce n'était qu'un détail pour Eleonnora Ostiz. Elle eu un instant de silence, posant un regard circonspect sur le petit elfe qui semblait avide d'en savoir plus. Puis, cédant à ce regard impatient elle leva les yeux au ciel avant de souffler sans plus d'assurance; « Mais j'avoue en avoir un peu perdu les usages... » Après tout la dernière personne a avoir posé les doigts sur le clavier avait été ce gredin venu de nul part. Alors surement était-il temps de redonner son honneur à ce bel objet.

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Leur père serait celui qui les unierait ? Valmys essaya de cacher son air interloqué, mais il était bien trop expressif pour ça. Est-ce que cela voulait dire qu'elle refusait un lien direct entre eux, ou qu'au contraire elle reconnaissait le lien nouveau qui les unissait. Dans ce genre de cas, deux solutions s'offraient : soit oser demander, soit espérer que la réponse viendrait d'elle-même, plus tard. Le petit dernier des Leweïnra écarta donc la question, admettant qu'il saurait assez tôt, et que persister, c'était risquer de se faire du mal avant l'heure. À moins que cela ne l'inquiéta déjà ? Cela l'inquiétait déjà. Mais la situation ne lui permettait pas de se l'admettre.
L'apprenti baptistrel secoua négativement la tête, et prit brièvement la parole, au moins pour s'éviter de penser : "Ne t'en fais pas, je peux en parler. Je n'ai jamais eu de frère ou de soeur, à part ceux de l'Ordre. Mais ce n'est pas pareil. Surtout parce que je les voyais assez peu." Ce dernier point allait peut-être changé. Ne s'était-il pas dit, à son retour du Maelstrom, qu'il allait songer à s'assagir et à rester un peu en place ? Enfin... Il l'avait peut-être pensé, à un moment.. Bon, peut-être qu'un jour il arriverait à passer six mois sans voyager, et qu'il pourrait enfin développer ces attaches qui lui importaient tant. Vu d'ici, ce temps-là paraissait encore lointain, comme les songes des enfants quand ils se voient adultes.

L'énumération qui s'offrit à lui des diverses activités d'Eleonnora fit pétiller dans ses yeux des étincelles d'intérêt. Ils allaient avoir des intérêts communs ! Des activités qu'il pourrait faire ensemble ! Valmys allait pouvoir lui apprendre à voler les poneys. Après tout, c'était cela qui avait tant plu à Aldaron, non ? Si elle aimait les sciences, peut-être pourrait-il lui proposer quelques énigmes de bon aloi pour faire fumer ses méninges. De la musique ? Parfait ! Elle n'aurait pas eu le choix, de toutes façons. Avoir un frère baptistrel impliquait de jouer de la musique avec lui, c'était évident ! Il allait lui apprendre à jouer du psaltérion. Mh ? L'avis d'Eleonnora ? Son consentement ? Des détails. Quand elle verrait l'instrument, elle allait vouloir en jouer, c'était sûr ! Après tout cela ressemblait au piano, pour qui décidait d'en jouer avec des baguettes, en frappant les cordes.

Cela serait sans doute leur principale occupation. Mais là, tout de suite, Valmys avait une bien meilleure idée en tête. Quelque chose qu'il n'avait pas pu faire depuis un moment et qui, il en était sûr, permettrait de sceller des liens. De ce qu'il venait d'entendre, Eleonnora avait l'air d'être née non pas avec une cuiller, mais avec la soupière en argent dans la bouche. Rire était toujours plus compliqué la bouche pleine. Heureusement, il existait des moyens d'arranger ça !
Le jeune immaculé avait retrouvé un grand sourire, joueur et enfantin. Une joie sincère, maintenue par les convenances, teintait sa voix quand il reprit : "Ce n'est pas grave ! Nous pourrons en jouer, si tu veux. Je peux peut-être t'apprendre quelques choses... Ou nous pourrions jouer à quatre mains !" Il reprit son souffle, se calma un chouilla. "Papa m'a fait parvenir du matériel de peinture, aussi. Il m'a indiqué une pièce de la maison qui pouvait servir d'atelier à ce genre de choses. Si cela te tente, que tu as un instant dans ton emploi du temps, et..." Il la dévisagea, de haut en bas. "...Et une tenue qui ne craint pas la salissure, nous pourrions également essayer ! Qu'en dis-tu ?" Ses yeux disaient "s'il-te-plait" à sa place. Même un piètre mage aurait deviné à ce moment-là son lien avec l'esprit-lié de l'hermine, tant il paraissait... Poupi ? Poutou ? Et inoffensif. Terriblement inoffensif.

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Décidément ce garçon ne semblait en rien impressionné par les grandes sphères. C'en était presque agaçant. Eleonnora avait l'habitude qu'on lui voue un respect inconditionnel dès le moment où on apprenait sa situation...Mais, lui, dans toute sa candeur, la voyait comme n'importe quelle jeune fille de son age. Surement était-ce un bon départ pour le genre de relation qu'il souhaitait entretenir avec elle? Il était tout de même terriblement agaçant. Peut-être que pour le calmer elle lui raconterait des histoires effrayantes sur le monde où il venait de s'introduire. Mais qui voudrait torturer un être aussi adorable? «Je n'ai pas vraiment le temps pour les enfantillages figure toi...» L'idée de refuser sa demande eu à peine le temps de traverser son esprit qu'elle fut happée par ce regard. Instinctivement, elle recula. On aurait dit un petit chiot. Vous savez, ceux qu'on regarde des heures durant sans vraiment savoir pourquoi. La seule réaction que l'on pouvait avoir devant un tel spectacle était de soupirer. La demoiselle hésita un instant avant de répondre mais après tout, n'avait-elle pas toujours rêvé d'adopter un petit animal de compagnie? «Si tu me donne une raison valable peut-être que je te suivrai... » Il sembla la fixer avec davantage de conviction. Elle recula par réflexe et détourna les yeux....Il était vraiment maléfique. «Bon, d'accord! Mais pas très longtemps! » Et qu'il cesse ce charme venu tout droit des enfers! Elle jeta un oeil par la fenêtre. La brume se dissipait peu à peu dans les allées boisées du parc et les premiers rayons perçaient les nuages. Il était encore tôt mais son entretiens avec le représentant de la guilde des artisans du métal était encore à préparer...Pensive, elle enroula autour de son doigt un mèche délicatement ondulée. « Peut-être...peut-être en fin d'après midi...Je ne te promet rien mais je tâcherai d'être là...De toute façon il faut que je revienne ici déposer un compte rendu à Aldaron...Oui, disons en fin d'après midi!» Elle haucha la tête d'un air entendu. Peu importe l'avis de cette créature, il n'avait qu'à se plier à ses convenances. « Après tout ce n'est pas comme si tu avais grand chose à faire. » Sur ces paroles légèrement amères, elle tourna les talons et sorti de la chambre, secouant vaguement la main en signe d'au revoir.


*****

Cet étranger était apparu dans sa vie le matin même et elle lui accordait déjà son temps personnel...elle se demandait quelle folie l'avait prise. Triturant le pendentif doré en forme de flamand, la jeune femme s'apprêtait à rentrer dans la demeure qu'elle avait quitté quelques heures plus tôt. Elle ne se savait pas aussi nerveuse, mais elle avait du mal à appréhender les choses qui sortaient du cadre de son emploi du temps. L’incontrôlable était chez elle une terrible source de stress. C'est souvent ce que l'on disait des gens de pouvoir finalement mais cela ne la rassurait pas pour autant. Ou sinon cela pouvait être à cause de la tenue qu'elle arborait à cet instant présent. Elle épiait du regard les alentours, espérant qu'aucun noble ne vienne à la voir ainsi même si elle était dissimulée sous une lourde cape. Elle avait d'ailleurs fait le chemin, qui aurait du li prendre 10 minutes à pieds, en calèches. Elle n'aurait pas prit le risque qu'on la voit alors dans cette robe de roturière. Elle n'était pas dénuée de mauvais gout cela dit; Bien qu'elle soit d'une neutralité affligeante cette robe aux ton azuré était cintrée comme il le fallait et était agrémentée d'une légère dentelle le long de l'encolure. Elle n'avait que ça qui valait vraiment le coup d'être sali...Même si elle ne se sentait pas prête à en arriver jusque là. Prudence était mère de sûreté. Et puis avec ce chenapan...à quoi pouvait-on s'attendre?

Une domestique lui ouvrit enfin. La conseillère se surprit même à prier pour que son père de cœur ne la surprenne pas dans cette situation. Elle voulait toujours faire bonne impression auprès de lui alors s'abandonner ainsi à ces loisirs enfantins ne mettaient pas sa candidature en valeur. Elle interpella un valet qui eu l'air surpris. Elle sortit de sa sacoche un dossier qu'elle ordonna de remettre sur le bureau d'Aldaron. Devant son regard interrogateur elle se justifia. « Dites lui...dites lui que j'étais de passage.» Elle n'allait tout de même pas lui remettre en main propre ainsi...

Eleonnora se dépêcha alors de gravir les marches de l'étage, rasant presque les murs. Elle atteint la chambre de son nouveau...frère et toqua un fois. Pas de réponse. Elle frappas une seconde fois; Toujours rien. « Valmys? » Elle jeta un regard derrière elle. Qu'est ce qu'il faisait le bougre?

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Le rire de Valmys avait suivi les amères paroles d'Eleonnora. Etait-elle jalouse ? C'était du moins ce qu'il imaginait. Quoi de plus normal, si elle aimait effectivement l'aventure, mais se cantonnait à une seule et même cité ? Elle devait savoir, aussi bien que lui, qu'il était loin d'être oisif. Son rôle était autre, sa fatigue était autre. Peut-ête qu'à force de se côtoyer, elle saisirait un jour la main qu'il était prêt à lui tendre pour l'entrainer vers son monde à lui, où les lendemains étaient imprévisibles, et où le maître-mot était de ramener aux sédentaires quelques rêves à se mettre sous la dent.




Ah l'agréable surprise ! Ah l'inattendu rayon de soleil ! Valmys se trouvait bien sot. Aldaron l'avait prévenu, pourtant... Pourquoi n'avait-il pas fait le lien ? Une tête d'enclume, voilà ce qu'il était ! Ou peut-être juste un jeune immaculé très préoccupé. Son arrivée avait été saluée avec l'annonce imprévue de l'anniversaire d'Aldaron, puis son adoption tout aussi imprévue... Depuis, son petit nuage était loin au-dessus des mortels. Mais tout de même. Sa logique aurait pu rester un peu plus longtemps à terre, non ?

Sa journée se fit révolution autour de cet astre. Les rues de Caladon prirent de nouvelles couleurs. Il chanta ses aventures, les merveilles qu'étaient ses journées, et écouta celles qu'il n'avait pu vivre. Ce faisant, il profita de l'air de l'Extérieur, et de ce que les rues pouvaient proposer pour colorer sa soirée à venir. Lorsque son pas, bondissant et guilleret, le ramena auprès de l'antre de son père, il se fit plus murmurant, plus confident, pour expliquer ses plus récentes découvertes. Oh, rien de précis, que du vaporeux, du sentiment mis en mot : il avait rencontré sa soeur, et savait son affection pour une charmante enfant aux cheveux d'or. Il n'allait pas plus loin que des ébauches de sous-entendus. Rien de concret. Rien qui ne puisse rompre son serment non plus. Avec un sourire amusé, il entraina son fragment de lumière avec lui, dans le dédale que pouvait représenter le manoir pour des inconnus. Passant devant une horloge, il réalisa l'heure. Diantre ! Pourvu que sa soeur ne l'attente pas depuis trop longtemps. Voilà qui aurait fait fort mauvaise impression... Mais aurait au moins eu le mérite de démentir tout préjugé d'oisiveté. Et puis, cette lumière qu'il ramenait ne pouvait qu'illuminer la journée et le visage de sa douce soeurette !

Eleonnora était devant sa porte, et eux arrivaient dans le couloir, courant à moitié. Valmys avait un grand sourire, ravi, et les cheveux un peu ébouriffés, sortant de son catogan comme si ce dernier n'était qu'un vague ornement, et de multiples tresses de fleurs sous le bras. Au bout de son autre main, il y avait un poignet. Un adorable poignet. L'adorable poignet d'un adorable éclat de lumière.

"- Eleonnora !" s'exclama-t-il pour attirer son attention. Arrivé à sa hauteur, il ralentit enfin le pas et reprit son souffle, plus par réflexe que réel besoin. Cette histoire d'immaculation... Il peinait à s'y faire. "Je suis désolé de t'avoir fait attendre. J'avais un peu la tête ailleurs. Mais j'ai pensé que tu apprécierais de dessiner avec un modèle !" Son ton était jovial. Il se décala un petit peu, pour être sûr qu'Eleonnora n'ait rien loupé, et pour le plaisir de pouvoir contempler l'expression de cette dernière. Lui ? Il n'était pas peu fier ! N'était-ce pas un sacré cadeau que de ramener à sa soeur l'objet de ses mots les plus passionnés, sa belle et douce Aurore ? N'était-il pas le meilleur des frères ? Ne méritait-il pas un peu de sa clémence et de sa considération ?

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Je sais que j’aurai dû essayer de le voir plus tôt, mais je n’aurai jamais cru que préparer un mariage puisse être aussi compliqué et long. Dans mon village natal, ceux que j’ai vu ce sont quand j’étais encore plus jeune et bien inconsciente du travail qu’il fallait pour organiser une telle fête, mais je garde cependant le souvenir d’une masse de personnes faisant des allers et venues, des odeurs de gâteaux et de plats sortir de plusieurs maisons, et de nous, les enfants, tressant des guirlandes de fleurs. Mais mon village n’est pas immense et des mariages, il n’y en a pas eu tant que ça.

Si bien que, alors que je prépare le mien, je découvre le torrent de chose à faire et à voir, mais surtout, je suis demandée partout, mais nécessaire nulle part. Tout ce fait sans moi, et je n’ai qu’à approuver telle ou telle chose. Les gens qui organisent les festivités mettent tant d’énergie que je n’ose pas leur dire non. Je sais que c’est l’influence ou je ne sais trop quoi de Seö qui fait que ce qui me semblent être une armée travaille pour rendre ce jour merveilleux mais je ne peux m’empêcher de penser qu’ils font ça de bonnes grâces et avec grand plaisir, ce qui est peut-être vrai, en plus de leur devoir.

Bien souvent je me sens inutile, et mal à l’aise. Mes nausées régulières n’améliorent rien. J’ai essayé plusieurs choses mais rien ne les fait passer. Je devrais demander à maman, mais je n’arrive pas à la voir suffisamment longtemps, entre ce que je dois faire et ce qu’elle doit et surtout veut faire, avec papa. Cependant, j’arrive de mon côté à avoir un peu de temps pour m’occuper de Läpse. Un peu de temps ? Non, je m’isole de la folie des grandes villes avec le petit elfe pour passer beaucoup de temps avec lui et mon amant. Ça j’y arrive très bien. Mais peut-être est-ce ce que je couve ou bien l’agitation dont je ne suis plus habituée, la vie au domaine étant très calme, mais je suis constamment fatiguée. Pas une grosse fatigue, mais régulièrement, je ressens le besoin de faire une pause et j’ai du mal à manger. Une forte fringale arrive et quand je me retrouve devant un fruit ou un gâteau, elle s’envole aussi vite qu’elle est venue, remplacée par une nausée désagréable.

Je n’ai pas revu Eleonnora depuis ma visite dans ses appartements. Je l’ai croisé de loin, et je me demande si elle m’a vu. J’aurai bien voulu aller la voir, lui parler. Le moment d’intimité que nous avons partagé, lors de notre unique rencontre m’a laissé un doux souvenir. J’aimerai bien qu’on devienne plus proche, mais je doute que ce soit possible. Malgré son jeune âge, elle a de grandes responsabilités, des devoirs alors que moi, je ne suis que fille de paysan, apprenti au domaine baptistale. Mais pendant un moment, j’ai cru qu’on aurait pu au moins devenir amie. Tant pis, je garderai alors le moment que nous avons passé en tête à tête, et chérirais mes maladresses qui nous ont si bien rapprochées.

Mais ce matin, une autre surprise est venue me tomber dessus. Je savais qu’il était présent, je savais aussi qu’Aldaron en avait fait son fils. Mais ces deux faits ne semblaient pas avoir fait tout leur chemin dans mon esprit. Alors que je me rendais dans un des jardins de la demeure, une silhouette que je connais a attiré mes pas. Ma surprise fut totale en tombant sur Valmys. Et la sienne fut complète aussi. Comme deux amis séparés de longues dates, ce qui dans les faits était vrai, nous avons passé la journée ensemble. Déambulant dans les rues, j’ai redécouvert mon ami, autrefois si timide et craintif. J’ai eu la surprise d’apprendre de sa bouche, comme une confirmation, qu’il était bien le fils adoptif d’Aldaron. Je ne me ferais certainement jamais à l’idée, puisque Valmys est u peu plus âgé que moi, cependant, c’est un elfe. Pour eux, il n’est toujours pas adulte. Läpse, le bébé que j’ai recueilli ne serait pas encore adulte alors que je ne serai déjà plus que poussière.

Comble de la surprise aussi, Valmys ne cesse de me parler de sa sœur. Mon étonnement est immense de le savoir maintenant adopté et doté d’une sœur. Plus encore, il n’a eu de cesse de me répéter par allusion discrète que je n’ai pas toutes saisies mais aussi, que sa sœur avait de l’affection pour une jeune femme aux cheveux d’or. Je trouvais cela assez amusant, car bien des personnes, surtout dans les villes, aiment à définir mes cheveux par ces mots, là où mes parents parlent de cheveux de blé. Certainement que, entre la ville et la campagne, le blond se pare d’or ou de blé.

Alors que nous passons devant une horlage, Valmys semble s’inquiéter. Nous devions rencontrer sa sœur, et manifestement, nous sommes en retard. Alors que j’aurai aimé m’asseoir pour me reposer, car je suis de nouveau assaillie par une grande fatigue, Valmys me fait courir dans les couloirs. Ma robe simple et bleue ne me permet pas de faire de grandes enjambées et je manque de trébucher plusieurs fois, mais cela ne fait pas ralentir mon guide.

Nous arrivons dans un couloir que je connais très bien et mon cœur rate un battement lorsque Valmys appelle un nom aussi doux que le miel. Essoufflée mais surtout surprise, je regarde la jeune bourgmestre en rougissant fortement. Est-ce possible ? Mais bien sûr, j’aurai du faire le lien. Ou pas. Enfin, Est-ce Eleonnora la sœur dont Valmys ne cesse de me parler ? Dessiner avec un modèle ? Je ne sais même plus ce que je fais ici.

Je baisse les yeux en rougissant fortement. Je ressens maintenant une grande gêne d’être en présence de la jeune femme, mais surtout de la présence de mon ami en plus. Les retrouvailles que j’aspirais de mes vœux, se réalisent enfin, mais pas comme je l’aurai cru. Je suis là, respirant fortement pour reprendre mon souffle. Qu’est-ce qu’Eleonnora va penser ? Est-ce qu’elle était au courant ? Est-ce que c’est elle qui a demandé à Valmys de m’amener ? Et est-ce qu’elle est heureuse de me voir ?

Malgré l’euphorie que je garde en souvenir, je me demande si ce n’était pas juste moi qui ai ressenti tout ceci. Eloeonnora est si sophistiquée et intelligente, elle aurait pu jouer la comédie de la bonne amie pour plaire à Aldaron ou tout simplement parce que c’est le rôle qu’elle voulait jouer avec moi. Et si, de toutes les tempêtes de sentiments que j’ai ressenties, aucune n’était vraiment sincère pour elle ? Et pourquoi est-ce que je ressens toute cette confusion ? Je n’ose pas regarder la jeune femme, ni même son frère.

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«Ah, Enfin! Ce n'est pas trop t...» Ses lèvres devinrent lourdes et ses paroles se figèrent.  Derrière le petit fripon, qui, soit dit en passant avait l'air ravit, pointait une tête blonde qu'elle pouvait reconnaître entre mille.  Son coeur  rata un battement. Les grands yeux bleus de la nouvelle venue n'osaient s'aventurer vers elle et la demoiselle eu la forte impression qu'elle l'évitait. En y repensant elle l'évitait elle même depuis un certain temps. Il lui était arrivé de la croiser au détour d'une rue passante, dans les faubourg ou non loin des places marchandes...Elle s'était toujours arrangée pour paraître trop occupée pour apercevoir la tête ingénue. Pourtant au détour d'une conversation avec un riche bourgeois, d'un actionnaire influent, son regard ne cessait de secrètement épier les faits et gestes de cette jeune fille. Elle n'était pas obsédée par sa personne, loin de là! On pourrait presque la faire passer pour une maniaque à agir ainsi...Et elle aurait bien voulu se contrecarrer de cette vulgaire villageoise mais c'était comme si une partie de sa conscience agissait indépendamment de sa raison. Après tout cela restait secret. Et elle comptait bien estomper ce mystère dans la brume...jusqu'à aujourd'hui.  Car elle avait beau feinté le désintérêt total, ici elle ne trouvait aucune échappatoire. D'autant plus que la tendre couleur rose que prenait la carnation de la jeune fille laissait libre plaisir à la conseillère d'imaginer ce à quoi elle pouvait penser. Oh ce n'était pas réellement difficile pour elle de penser à tout ce qui pouvait faire rougir sa jeune amie en sa présence.  Aussi, il y avait de multiples raisons pour qu'elle adopte le même comportement mais sa fierté le révoquait. Tout autant qu'elle décida de faire comme si elle n'était qu'une étrangère.  En définitif elles ne s'étaient entrevues qu'une fois en sa demeure pour quelques conseils à propos de son mariage...rien de plus. Surtout rien de plus. Rien qui ne pourrait l'amener à la traiter comme une proche dans tout les cas.

« Mademoiselle...Laspida. » A première vue impossible de savoir si elle était dérangée par cette visite impromptue ou si cela la rendait heureuse. Le sourire de politesse était de mise. Elle la jaugea de haut en bas, détaillant sa tenue aussi rudimentaire que lorsqu'elle l'avait rencontrée la première fois. Cela faisait sûrement quelque temps qu'elle était installée à Caladon en vue de se marier mais elle avait toujours l'air de la provinciale qui débarquait en pleine ville.  Cette fraîcheur n'était pas déplaisante chez elle. Chez son frère ce n'était que de la mauvaise éducation...S'il pouvait prendre graine sur la douceur d'Aurore peut-être serait-il plus convenable dans le milieux où il devrait s'intégrer. « Comment vous sentez vous depuis la dernière fois ? » Faire allusion à ces instants la mettait presque dans l'embarras, aussi elle embraya vite sur autre chose. Et comme elle s'était mit comme point d'honneur de faire comme si rien ne s'était passé, il était hors de question qu'elle y pense encore davantage. « Je suis réellement désolée pour ce que mon...frère peut vous faire subir. Je ne connais notre filiation que depuis peu et il m'en a déjà fait voir de toutes les couleurs... » Elle gloussa élégamment derrière sa main avant de se tourner vers son frère. Son regard devint tout de suite plus menaçant. « Qu'est ce qu'il te prend d'embêter les gens dans leurs activité ? Je suis certaine que tu ne t'es même pas excusé ! » Il le faisait exprès le garnement. Elle le connaissait depuis quelques heures et voilà déjà qu'il se mêlait déjà de sa vie. Quel était son réel problème ? Elle regretta de ne pas s'être méfiée comme le lui avait crié son instinct. Par elle ne savait quelle idiotie, la demoiselle avait écouté ses bons côtés, s'était persuadée qu'il ne pouvait pas être un mauvais bougre et surtout par respect pour Aldaron qui devait porter ce rejeton de la malice dans son cœur.
Néanmoins en présence de la jeune blonde elle ne se serait pas permit d'élever la voix, de l'insulter; Même si l'envie ne lui manquait pas. En sa présence elle n'était d'ailleurs pas elle même. L’embarras la prenait de court et elle réagissait inconsciemment à fleur de peau. Était-elle trop agressive? Trop froide? Oh, et qu'allait-elle penser de cette robe rudimentaire qu'elle portait? Elle avait peur qu'Aladron puisse la voir ainsi accoutrée mais Aurore...c'était le pompom! Ah! maudit soit ce frère!!  Au fond de sa poitrine son cœur tambourinait à peine perdue. Et la conseillère se demandait comment elle faisait pour encore contrôler ses émotions. Gênée par le problème de taille que représentait la villageoise, elle entortillait frénétiquement une de ses mèches de cheveux autour de ses longs doigts avec une expression préoccupée.

« Je ne suis pas sure que mademoiselle Laspida ai le temps de céder à tes caprices, elle a sûrement bien d'autres occupations, n'est-ce pas ? » Elle lui avait retourné un sourire radieux mais tout ce qu'elle souhaitait c'est qu'elle s'en aille avant que sa poitrine n'explose.

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Est-ce que Valmys regrettait quoi que ce soit ? Nan. Absolument pas. Et surtout pas devant l'expression qu'eut Eleonnora en découvrant celle qui la tourmentait tant. Avec le plaisir joueur de ceux qui apprécient les histoires de sentiments, il s'imaginait ceux qui devaient traverser sa soeur ; la joie, la crainte de mal faire, beaucoup de questions, et assurément un peu d'injures à l'encontre de celui qui ne l'avait même pas prévenue. Ah, parfait ! C'était bien là tout l'intérêt de faire des surprises aux personnes chéries : se faire adorer, et insulter en même temps. Valmys affichait un sourire en coin que seule Eleonnora pouvait voir, ravi qu'il était de sa bêtise. Oh, elle ne lui en voudrait pas longtemps. Quand elles auraient passé une bonne après-midi en tête à tête, pourraient-elles encore lui en vouloir ?

Bon, Aurore, peut-être pas. Eleonnora lui en voudrait peut-être un peu plus longtemps. Valmys avait bien noté que, cette fois, la demoiselle avait choisi une tenue plus encline à la peinture qu'à la séduction. Allez, elle lui aurait reproché la robe gâchée si elle avait sali une robe plus proprette. Définitement, nul regret n'en valait la peine.

Valmys fit mine de lever les yeux au ciel quand il fut question de ce qu'il pouvait faire subir à Aurore. Eh ! Il était baptistrel ! Enwr, certes, mais cela n'empêchait pas de viser à éviter la souffrance d'autrui. Il avait été adorable envers Aurore, veillant à lui offrir une compagnie qui aurait, le plus possible, été le miroir de sa lumière. Il avait respecté ses envies, avait pris soin de lui demander avant si elle éprouvait le même engouement que lui à l'idée de peindre, avant de l'inviter à cet instant qui allait sans doute la soulager de la moultitude d'éléments à penser pour son mariage. Se doutant néanmoins que ce devait être une part de panique qui faisait dire de telles inepties à Eleonnora, il ne lui en tint pas rigueur, se contentant juste de lui tirer la langue, avant de rétorquer :

"- Pourquoi me serais-je excusé ? Aurore avait l'air tout à fait volontaire pour venir faire de la peinture ! Allons, Eleonnora, nous sommes tous motivés pour peindre, ne perdons pas de temps !"

Ses bras étaient encombrés, et il avait besoin de les soulager. Sans plus laisser le temps à sa chère soeur de remettre en question ses plans, il passa devant elle, pour ouvrir la porte, et aller déposer les liasses et couronnes de fleurs qu'il portait sur un des tabourets qui faisait office de support, au centre de la pièce.
Deux grandes fenêtres offraient à leur antre une luminosité parfait. Moult tissus jadis blanc s'étaient à quelques endroits stratégiques. Du matériel d'art était présent ; argile, peintures, aquarelles, pinceaux... Mais un seul chevalet. Pas plus gêné que cela, Valmys se saisit de matériel déjà préparé, de grande toile dressée sur un cadre de bois dont j'ai oublié le nom et que si vous l'avez ça m'arrangera bien, qu'il contempla avec pragmatisme. La qualité était très bonne. Il n'en attendait pas moins de son père.

"- Eh bien... Il va nous falloir partager le support, on dirait." Il installa la toile sur le chevalet, commença à ramener près de ce dernier la peinture et les palettes, les pinceaux. "Comment s'organise-t-on ?"

Il se tourna vers Aurore, qui était leur invitée, mais également la seconde apprentie baptistrelle en ces lieux. Elle avait sans doute des idées, ou envies ! Valmys lui avait vaguement suggéré en chemin qu'elle aurait pu servir de modèle, qu'elle avait les traits adéquats pour cela. Mais après tout, la voir se battre avec Eleonnora pour peindre sur une même toile pouvait être follement drôlatique ! C'était à elle d'en décider. Lui, il commença à se faire plus discret, organisant leur espace de travail, n'étant pas le principal acteur de cette scène.

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Je ne peux manquer l’hésitation dans la voix d’Eleonnora de même que l’utilisation du mademoiselle et de mon nom de famille. Pourtant quand nous nous sommes séparées, elle m’appelait Aurore. Enfin, je crois. Ou alors est-ce que je l’ai rêvé ?

Je sens son regard me détailler alors que je garde la tête baissée en rougissant. J’ai l’impression d’être une petite fille qui a fait une bêtise, ou alors qu’on présente à une tante particulièrement exigeante pour un séjour chez elle pour lui donner un coup de main pour son élevage de mouton ou son travail de couturière.

Je lève enfin les yuex vers elle quand il me demande comment je vais depuis notre dernière rencontre. Au moins s’en souvient-elle. Mais je crois me souvenir que je lui ai tombé dessus deux fois, que je me suis évanouie une fois et qu’au moment de nous séparer, j’ai vomi.

Bien, merci et vous-même. Je lui cache mes nausées matinales et le malaise que je ressens toujours en la voyant. Ce ne serait pas élégant et il n’y a pas de raison pour qu’elle le sache.

Je lui souris timidement en l’entendant glousser sur sa filiation avec Valmys avant de redevenir gênée. Son ton est plus menaçant et autoritaire quand elle s’adresse à Valmys. J’aimerai défendre mon camarade, mais la gêne m’en empêche. Même Eleonnora semble différente. Peut-être est-elle dans son état naturel. Ou bien je la dérange.

Sa question rhétorique me met mal à l’aise et j’ai l’impression que je la dérange plus qu’autre chose. J’aimerai m’excuser et partir, pour ne plus déranger mais je n’ose ni bouger ni parler. Seulement rougir.

Valmys prend donc l’initiative t passe devant. Je le suis et m’arrête un instant aux côtés d’Eleonnora. Je suis navrée. Je ne voudrai pas m’immiscer dans vos activités avec votre frère. Mais il avait l’air tellement… Je ne savais pas que vous étiez sa sœur, ou plutôt je n’avais pas fait le rapprochement. Aldaron m’avait pourtant laissé sous-entendre que vous étiez tous les deux de sa famille maintenant. Je n’ai juste pas fait le rapprochement.

Je finis par entrer à la suite de Valmys et Eleonnora. Il n’y a qu’un seul chevalet mais Valmys ne semble pas gêner plus que cela. Par contre, il me pose la question de l’organisation à moi. Je rougis encore une fois et jette un regard à l’autre jeune femme de la pièce.

Je… ne sais pas. Je ne sais pas peindre et n’ai jamais vraiment eu l’occasion de faire de la peinture. En tout cas pas comme ce que vous allez faire manifestement. Valmys, tu le sais, je fais dans la sculpture. Alors je ne sais pas trop. Peut-être que euh… Eleonno… euh… Dame… Euh… Enfin…. Peut-être que vous avez des idées ? Je me tourne vers Eleonnora pour qu’elle vienne à mon secours. J’ai un peu la tête qui tourne, ce doit être la tension. J’aperçois une chaise dans un coin.

Par contre, je vais m’asseoir cinq minutes. Je ne me sens pas bien. Nous avons certainement trop marché avec Valmys aujourd’hui. Ou alors c’est le mariage qui approche. Si maman est calme, papa remue ciel et terre toutes les cinq minutes pour des broutilles.

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Sans avoir pu contester une dernière fois, voilà qu'elle se retrouvait embarquée dans les fantaisies de ce jeune homme ...Elle commençait à cerner le personnage. Après tout ce n'était pas comme s'il tentait de cacher sa nature celui là! Sa spontanéité avait le don d'agacer sa nouvelle soeur; En fait, surtout lorsque ce trait de caractère venait interférer dans sa vie quotidienne. Elle ne disait pas vivre une vie de mesure et de sagesse, loin de là mais elle savait comme tout adulte responsable que la vie était faite de compromis. Alors elle s'était contenté de regarder cette jeune blonde de loin, comme une relique qui lui sera à jamais intouchable. Il y avait des choses qui l'en empêchaient; Des choses pour lesquelles elle était prête à faire ce genre de sacrifices. Ses valeurs, sa situation, l'amour d'Artane, de ses congénères...Elle en venait même à penser que les amoureux prêt à tout lâcher, tout laisser paître n'étaient que des fous et des idiots. Ou surement n'avaient-ils rien à perdre. L'amour était-il alors un geste désespéré dans ses cas ci? C'était à n'y rien comprendre.  Cependant ce qu'elle savait bien, c'était qu'en ce moment précis son cœur tambourinait à tout battre dans sa poitrine. Ce phénomène physique n'avait clairement rien de normal et pourtant...impossible de l'arrêter. Ce n'était pourtant pas force d'être froide ou désagréable, mais son corps désobéissait insolemment à son esprit. Et les déesses savaient à quel point ce manque de contrôle était la chose qu'elle détestait le plus au monde.

Apparemment son corps n'était pas la seule entité à présenter de l'insubordination à son autorité naturelle; Et non sans un regard noir à ce malotrus qui lui servait désormais de frère, elle leur emboîta le pas, comme sous la contrainte. Cela lui apprendra à vouloir jouer la gentille.  D’emblée elle s'était attendue à ne pas porter cet individu dans son coeur très longtemps. Ou faudrait-il qu'il accomplisse un véritable miracle pour qu'il puisse gagner de nouveaux points dans l'estime de la demoiselle. Elle aurait du s'en douter! Un elfe, insouciant, musicien qui ne veut faire de sa vie que des cabrioles et des vers...Pourquoi ne pas donner son argent aux plus démunit tant qu'il y était? Pour faire de la musique, des feux de oie, s'interroger sur les derniers amours de sa soeur, il y avait du monde mais lorsqu'il était question de s'atteler un véritable travail, plus personne n'était présent. Encore, les riches enfants d'aristocrates ne se plaignaient pas, même s'ils sont tout aussi répugnants; Mais c'était ce même genre de personne qui se plaignait de ne pas trouver de travail. Il suffit pourtant de traverser la rue à Caladon! Mais elle s'égarait...peut-être que ses conclusions étaient hâtives. Après tout s'il était baptisrel, surement avait-il un vrai plan d'avenir. Elle espérait juste s'être trompé à l’égard de l'oisiveté de son jeune frère. Puis fallait-il bien trouver une raison de grogner devant son air clairement amusé.

C'était bien l'impression qu'il donnait. Les yeux plissés par ce sourire taquin, il regardait les deux jeunes femmes se démener à la tâche. Lorsqu'Aurore lui adressa la parole Eleonnora eu du mal à détendre son air crispé pour paraître plus aimable. Elle s'en voudrait de lâcher sur elle sa frustration et son stress. Ça ne serait pas honorable et elle n'avait rien à voir avec ça. Et toujours aussi fragile, elle demanda à prendre du repos.
« Je vous en prie... » Elle faisait de son mieux pour paraitre neutre mais dans ses yeux brillait l’inquiétude. Comment se faisait-ce qu'une paysanne soit aussi fragile? Le grand air n'avait-il pas renforcé ces gens là? Elle se mordilla la lèvre, apposant une main délicate sur l'épaule de la blonde.
« Voulez vous quelque chose? Peut-être un verre d'eau, à manger?... » Elle n'attendit même pas la réponse de son amie pour se tourner vers son frère.  « Rends toi utile, vas lui chercher ça en cuisine....s'il te plait. »
Bien que l'invitée ne montrait pas la volonté de recevoir quelque attention qu'il soit, le ton d'Eleonnora était ferme et ne préconisait aucune insubordination. Puis cela ferait si plaisir à son frère de les laisser seules à seules. Après tout, c'était pour cela qu'il avait manigancé toute cette mascarade. Eleonnora soupira alors que ce dernier s'empressait de sortir de la pièce.  « Qu'est ce que l'on va faire de lui...? »

Elle ne sut pas si cela avait été le meilleur choix de décommander son frère car maintenant qu'il était parti, le silence était si pesant. Elle s'empêchait de regarder fixement son invitée, qui ne semblait plus savoir où se mettre. Elle était si...adorable. «J'ai une idée! » Hâtivement, la conseillère traîna le chevalet en face de son invitée. « Vous êtes à l'endroit idéal. » Elle sourit un instant avant de découvrir le matériel que le chenapan de service avait préparé. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas dessiné quoique ce soit, mais elle pourrait évidemment s'en sortir avec les vielles leçons qu'elle avait reçu dans son enfance. Tout cela n'était pas si loin après tout. Et puis si cette occasion lui donnait une bonne raison de scruter cet ange blond sans avoir l'air d'une détraquée, elle ne dirait pas non.

Munie d'une mine graphite, elle entama, le premier croquis. LA lumière traversant la fenêtre venait se poser délicatement sur sur les cheveux d'or, lui donnant un éclat insaisissable. Son visage plus rond qu'elle ne l'aurait pensé semblait tendu sous la pression. Pourtant ce pli que sa lèvre prenait lorsqu'elle était gênée était si mignon. La seule vision de ces grands yeux détendaient les nerfs de sa nouvelle portraitiste. Parler en se taisant, parler en silence, ouvrir la bouche sans ouvrir la bouche, ne pas desserrer les lèvres et communiquer. Les regards s'échangeaient dans un concert que seul le bruit pouvait briser. Les non-dit n'étaient rien qu'une impression car l'intimité de ce silence signifiait tout en cet instant. Elle aurait voulu que rien ne vienne les sortir de ce monde à part, ce monde à elles. Mais il y eu un craquement, une porte qui s'ouvrit trop vite ou un pas agité,et  tout fut fini. Aussi, Eleonnora se tourna troublée, lorsque son frère entra de nouveau dans la pièce. En y réfléchissant, il en avait mit du temps...mais elle avait prié pour qu'il ne revienne jamais. En concert, les deux jeunes filles s'étaient détournées comme deux amants découvert la mains dans le sac en flagrant délit d'ébats amoureux. Elles n'avaient pourtant rien fait de mal... Toutefois Eleonnora savait au visage de son frère, qu'elle aurait à s'expliquer. Oh oui, il n'allait pas la lâcher celui là...

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