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descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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-> 25 Décembre de l'an 1762

Le vampire avait longuement hésité à mettre les pieds à Athgalan au lieu de rester dans la tranquillité du domaine jusqu'à repartir pour Aerthia. Après tout, au départ, la perfide n'avait rien à lui rapporter, même pire, ce lieu plein de danger avait pour capitaine l'une de ses rivales, Irina Faust, ce lieu était donc le point culminant du réseau d'information de cette dernière et sûrement d'ailleurs, que la princesse vampire saurait très rapidement qu'il avait été ici. Cependant, l'androgyne n'avait guère le loisir d'être lâche, des actions téméraires devaient être entrepris s'il voulait mener à bien ses projets. Ce désir pour le pouvoir, pour le trône et tout ce qu'il y allait de pair avec, cela le dévorait de l'intérieur, il ne pensait qu'à ça... Bien entendu derrière cela, il y avait également une conscience que sa survie en dépendait, il ne voyait dans les projets d'Irina qu'un danger pour le royaume vampirique et par corrélation, pour lui, cette paix fragile et sans intérêt pour Aerthia qu'elle avait imposé, son interdiction de l'esclavage de ces bêtes de Graarh qui mettait en péril l'économie vampire... Sans oublier que la dite princesse était avant tout une des capitaines de la perfide, il ne pouvait pas lui faire confiance et tôt ou tard, elle tenterait de se débarrasser du conseil pour écarter toute menace potentielle.

Par conséquent, Toryné était sortis de son confort habituel, lui qui avait décidé de déposer les armes pour jouir d'une vie de privilège armé seulement de ses mots et de sa beauté, il avait repris la pratique de l'épée, cherchant à réveiller le guerrier qu'il avait été. Étonnamment, le vampire qui pourtant avait montré un intérêt certain pour la magie semblait l'avoir comme délaissé, voir même l'oublié. Personne ne pouvait lui faire remarquer cela, car il n'avait parlé à personne de ses projets, seul Kalza, la capitaine des esclaves avec qui le monstre affamé faisait alliance, pouvaient en avoir l'idée, mais sans en connaître les détails. Autre détail troublant chez le vampire, dont cette fois-ci ce dernier avait pleinement conscience, cette douleur de plus en plus vive qui survenait par moment dans son dos. Cela avait commencé il y a quelques mois, au départ, il n'était question que de simple démangeaison, dont Toryné avait ignoré, refusant de gratter sa peau, de peur d'abîmer sa peau voir même ses ongles, mais aujourd'hui, il se montrait bien plus inquiet.

Il n'avait guère besoin de cela en plus, il allait bientôt mettre sa vie en jeu, ce n'était pas le moment d'avoir une telle gêne. Peut-être devrait-il aller voir un guérisseur ou un apothicaire, mais il se méfiait trop de cette ville pour laisser une personne suffisamment proche de son dos pour qu'elle puisse y planter un surin. Cependant, la perspective d'une dague dans le dos lui semblait presque moins douloureuse que son dos, heureusement que la douleur n'était pas constante, mais d'un autre côté le manque de prévisibilité de cette douleur ne l'arrangeait pas non plus. Porté son vieil uniforme vampirique semblait même être pire, le métal si proche de son corps lui faisait même ressentir une sensation étrange, c'était comme si son dos... poussait l'armure ? C'était impossible, il fallait vraiment qu'il trouve quelqu'un pour l'aider, le risque méritait d'être pris...

Toryné s'adossa contre un mur, comme pour caller son dos et l'empêcher de "pousser", mais cela lui fit surtout grimacer de douleur sur le coup. Le vampire fit de grand effort pour ne pas laisser transparaître davantage la douleur, il avait beau être armé d'une épée et de son armure, un moindre signe de faiblesse pourrait lui être fatal ici. Malgré son attirail militaire, le visage de l'androgyne était parfaitement visible et comme à son habitude maquillée avec élégance, ses lèvres rouges, certes plus sombres qu'à l'habituelle par un certain souci de discrétion, ses paupières assombris pour donner plus de profondeur à son regard, cils longs et d'un noir quelque peu brillant, le tout couronné de sa chevelure parfaitement blanche dont la simple vue montrait la noblesse avec laquelle elle était entretenue, tout comme sa peau, d'une pâleur que certain, dont lui-même, qualifiait de pure. En clair, son visage trahissait sa richesse où du moins une appartenance à un milieu aisé, il remarquait les regards en sa direction, lui qui ne savait aucunement se fondre dans la marée des êtres communs.

Il restait donc le plus digne possible, toujours adossé contre le même mur, attendant désespérément que la douleur ne cesse pour reprendre sa marche, mais restant tout de même sur ses gardes, prêt à dégainer si jamais un passant venait à s'approcher bien trop près de lui. Ce n'était pas la perfide qui aurait raison de lui.

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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Perché sur une caisse de bois à demi vermoulue, en équilibre précaire mais non moins gracieux, le pirate se questionnait sur le choix des divinités à l'égard de ses rencontres impromptues. Quelques temps plus tôt c'était Valmys qu'il retrouvait au beau milieu de Caladon, et à présent, voilà que son oiseau blanc réapparaissait inopinément, presque entre ses griffes, alors qu'il ne le cherchait même pas. Non, il ne le cherchait pas. S'il était là, c'était avant tout pour attraper une petite souris qui avait fourré son nez dans des affaires qui n'étaient pas les siennes, et qui risquait de provoquer une série d’événements forts déplaisants pour lui qui n'avait vraiment pas le temps de s'occuper de tout cela pour le moment. Son père lui donnait bien assez à faire, avec ses ambitions et ses rêves de grandeur. Non qu'il le blâma de viser haut, mais cela tendait à demander une certaine détermination et un zèle prompte, autant de qualités particulièrement chronophages pour tout un chacun. Venir se tapir en embuscade ce jour-là lui coûtait déjà beaucoup de liberté, mais il s'y pliait de bonne grâce, tâchant de le voir comme un investissement : moins ses soucis personnelles venaient le déranger, plus efficace il serait pour les usages auxquels on le destinait. Néanmoins, cette rencontre dans une rue sordide, d'une ville sordide, à une heure sordide, avait quelque chose de terriblement attrayant qui ternissait sans mal l'éclat d'une parfaite contenance, d'un esprit purement pragmatique. S'il avait écouté les besoins de l'heure, il l'aurait ignoré, mais quelle bassesse ce serait, que de mépriser ainsi une dame. Ses lippes se pincèrent sur un sourire roué, et en prenant appui sur une main gantée, il se laissa descendre souplement jusqu'au dessus de la tête neigeuse qui se reposait contre un mur suintant d'humidité et de crasse.

Il aurait pu rester là encore un long moment, à l'observer. Il aurait aussi pu l'attraper fermement comme un chaton, l'ayant à sa portée. A la place, sa profonde voix de ténor rythmée vint troubler le silence relatif de l'allée d'une note exotique, emprunte d'une forme d'amusement retenu, une allégresse badine qui tentait de s'assagir, de se discipliner sans tout à fait y parvenir.

«  Quelle délicieuse surprise que celle-ci. Précédemment tu succombais à mon air faussement innocent, aujourd'hui tu foule ma tanière pour y trouver du repos »

La pointe de son dard frôla la peau délicate du cou, menaçant de l'entailler sans le faire, dans un mouvement aussi mortel que vif, joueur et contrôlé.

«  En bon hôte, je me dois de t'obliger, sais-tu… »

Et pourtant, cette chère âme n'avait guère appréciée son hospitalité la dernière fois qu'ils s'étaient croisés tous les deux sur l'ancien continent. Le rappel même lui faisait l'humeur chagrine. Et quand il était d'humeur chagrine, il était également d'humeur meurtrière et malicieuse. Nul doute qu'il en ferait les frais s'il ne s'enfuyait pas dans la seconde, et pourtant, qui disait qu'il le laisserait partir ? Puisqu'il avait le bon goût de lui tomber si proverbialement dans les bras, il serait bien discourtois de dédaigner l'immolé. Sur sa propre trille mentale, il se redressa, sa haute silhouette sombre embrassant les drapés nocturnes de l'allée, s'y fondant aisément, presque indiscernable. Un instant plus tard, le tintement de son dard sur l'acier de l'épée retentissait comme la note d'un clairon fougueux. Sa voix provint de sa droite cette fois, les pieds fermement ancrés das la fange de la Perfide.

«  Que fait une adorable créature telle que toi dans un tel endroit ? Toute plaisanterie mise à part, je doute que ton caractère te pousse à offrir ton essence à mon dessein alors… aurais-tu finalement réussi à trouver la proie que tu m'avais promise ? Non... »

Cette fois, il la sentait sur lui et son pas le rapprocha de l'oiselle, dansant, gracieux, mesuré et félin, lui tournant autours, corps nerveux frémissant, prêt à l'action, tête légèrement penchée, bandeau face à lui. Il huma, une fois, deux fois. Douleur, perturbation. Il le savourait sur sa langue. Quelle surprise cachait donc le plumage blanc de la précieuse volaille ? Sa curiosité enivrée le poussait à en chercher des signes, sur lui, même infimes, quoi que ce fut qui puisse avouer la vérité. De nouveau, sa voix résonna, son vibrato parfait, comme une hypnose lente mais assurée.

«  Dis-moi tout, blanc plumage… tu ne saurais me mentir n'est-ce pas ? Quelle vilaine parure ce serait pour toi et je détesterais devoir racler tes plumes pour te la retirer... »

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Le vampire vivait décidément les plus éprouvants mois de sa vie et son corps et son esprit semblaient peiner à supporter tout cela. Était-ce l’accumulation de tous ses efforts qui se matérialisaient par cette douleur, comme si symboliquement, il portait un fardeau trop lourd sur ses épaules ? Ou plutôt son dos. Ou alors était-ce un empoisonnement, un maléfice envoyer par ses ennemis ? Irina ? Il était certes sur son territoire, mais quand et surtout comment ? L'androgyne pensa immédiatement à ce verre de sang que lui avait offert la capitaine des esclaves. L’avait-elle dupé ? Non, cela n’avait aucun sens, avec lui, elle pouvait obtenir gros, de plus si la Graarh l’aurait voulu, elle aurait pu se débarrasser de lui bien plus rapidement, à moins qu’elle n'envisageait jouer avec lui d'abord…

Cependant, les inquiétudes du vampire allaient devoir attendre, car comme on pouvait s’y attendre à Athglan, d’autres ennuis vinrent à lui. Un bel être, dont les griffes avaient déjà manqué par le passé de le prendre à tout jamais, aveugle créature gracile qui avait su s’approcher de lui sans que Toryné ne puisse le remarquer. Si le cœur du mort avait pu battre, toute la Perfide aurait pu l’entendre tellement, le vampire était apeuré. Il n’avait pas oublié Caladon, alors que Toryné écoulait une vie paisible profitait de la richesse qu’il avait accumulé, flânant et courtisans bourgeois et bourgeoise de la Cité. Toryné avait toujours vu la séduction comme une chasse dont il régnait tel un maître suprême, il dupait de par son apparence, créait la surprise, mais finissait toujours par obtenir ce qu’il désirait, mais un jour, il croisa la route de ce monstre… Le prédateur se retrouva dans le rôle de la proie, l'excitation se transforma en peur et la satisfaction en frustration.

-Cela fait longtemps, en effet… Toryné fit tous les efforts du monde pour garder sa voix naturel et non-fébrile, cependant la peur se laissa tout de même ressentir, sa main sur le pommeau de son épée, son regard évitant… Si dans sa vie le conseiller avait toujours su contrôler son visage et sa méta communication, la situation lui faisait perdre ses moyens. Quelle belle coïncidence n’est-ce pas ? De Caladon à Athgalan… que deviens-tu cher ami ?

Que pouvait-il faire d’autre qu’entamer la conversation comme si de rien n’était ? Il ne pouvait envisager de se battre dans ses conditions, certes la douleur disparaissaient graduellement, mais elle était toujours bien présente dans son dos et cela l’accablaient bien trop pour espérer avoir la moindre chance. De plus, comme l’avait dit son prédateur, il était dans sa “tanière”, alors que lui était seul dans cette ville… “Une proie ?”, effectivement, il avait dû faire cette promesse pour sauver sa vie, s’il avait à l’époque véritablement envisagé de donner ce qu’on lui exigeait, la jalousie de sa fille pour tout être que l’androgyne mordait avait disons… compromis ses plans.

-Avec le temps, les proies se conservent mal disons… et je ne doute pas qu’un être aussi capable que toi ai pu aisément trouver son bonheur sans mon aide, n’est-ce pas ?


Une voix tendre et douce, trahissant une certaine soumission, mais il n’avait guère le choix pour le moment. Celui qu’il pensait encore être un elfe se montrait intrusif, envahissant et menaçant et il ne pouvait rien y faire. “Quant à ma présence ici… on m’a dit qu’Athgalan était un bon endroit pour faire des affaires, pour le moment, je ne suis pas trop déçu”. Il doutait qu’une réponse aussi vague puisse satisfaire son interlocuteur, mais son alliance avec Kalza devait rester le plus secret possible s’il voulait voir ses plans couronnés de succès.

-Et toi, dis moi, que fais tu donc ici ? Pourquoi avoir élu domicile dans un tel endroit ? Il avait de maigre chance pour que cela passe, mais la conversation semblait actuellement sa seule échappatoire.

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L'idée même avec du mérite, lui imposant une certaine fascination alors que sa mire psychique imaginait déjà ce que donnerait le résultat, la sensation sous ses griffes, la chair délicate rompant face à la pression ajustée, la vision du drapé soyeux révélant la chair perlée, carmine en dessous mais surtout l'expression de l'oiseau lorsqu'il la mettrait à nu, la lueur dans ses beaux yeux quand il lui ferait un voile de son derme préservé… Une ébauche de croc vint gratter l'intérieur de sa joue, tandis qu'il jugulait l'inspiration que l'autre susurrait, voulant encore la laisser mûrir peu plutôt que de céder à son impulsion. Une plus ample préparation serait nécessaire pour ne pas insulter la qualité de la chair qu'on lui offrait et gâcher un matériel de premier choix. Il se devait d'être un orfèvre, non un ouvrier de basse extraction. Et pourtant, que les Déesses le garde, c'était si dur que de résister. Quel traitement devrait-il utiliser, pour conserver la douceur et la souplesse de sa peau ? Quel outil choisir pour la coudre ou l'orner de dentelle ? Devrait-il lui appliquer un léger lustre ? Le rouge la complimenterait-il suffisamment ? Sinon, un traitement à l'iode sur la chair dénudée serait nécessaire pour l'assombrir sensiblement. Faudrait-il le mettre en exergue d'autres spécimens pour le rendre véritablement à sa singularité u suffirait-il de l'orner correctement ? Trouver d'autres spécimens de qualité similaire allait s'avérer compliqué, surtout au sein de la Perfide. Il ne devait pas dépasser un certain stade de peur, chez sa proie, autrement la peau risquait de ne pas conserver sa qualité, elle serait probablement trop sèche et ne formerait pas les voiles qu'il espérait obtenir.

Qu'oubliait-il déjà ? Une affaire d'une certaine importance, maintenant, il en était certain, mais qu'était-ce donc ? Le son de cette voix à la soyeuse douceur lui plaisait, elle coulait sur lui comme le fin voile d'un ruisseau pur d'une haute montagne, céleste soulagement lavant ses sens aiguisés et délicats de la crasse de leur entourage. Réceptacle ouvert et malheureux de la discordance extérieure, de la bassesse des instincts d'une ville tournée vers des vices sans ambition et sans imagination, il savourait la qualité de sa voix presque autant que celle de sa chair de lait. Ne serait-il donc pas merveilleux de faire de lui un instrument de musique ? Il serait alors une œuvre sur tous les plans, visuelle comme auditive, un plaisir sensoriel travaillé, véritable œuvre d'art dont il pourrait se rengorger. Le traitement des cordes serait certainement plus délicat que celui de la peau, sauf s'il parvenait à obtenir sa totale collaboration à ce délicieux projet, quant au parfum, il serait le moins compliqué de tous à obtenir, sans aucune fausse modestie, puisqu'il en avait la preuve juste devant lui. Se fendant d'une radieuse expression un bref et éphémère instant, ses griffes bondirent une première fois, vives comme un serpent, inattendues, et pourtant, leur tranchant délicieusement retenu, caressant à peine la soie d'une joue pâle, le pouvoir léchant sans jamais frapper, tant que le fil terrible n'entamait pas ce doux vélin. Il jouait, conscient de son expertise, scellé dans sa volonté taquine de lui faire miroiter ce sort sans jamais le lui infliger. Le défigurer ainsi n'aurait ni sens ni plaisir et il en était pétrit d'envie.

« Je suis ici pour affaire ma chère, tout comme toi »

Le ton était léger, badin, bien qu'il résonna de sa puissante vibration, transformant l'innocence du propos en engouement malicieux. Toryné n'avait pas à savoir les raisons qui le poussait à se percher dans une allée crasseuse et puante de cette ville de misère et de décadence. Non seulement cela ne l'intéresserait sans doute pas, mais en plus cela risquait de nuire à sa qualité.

« Je suis profondément ravi de savoir que tu t'épanouis mais il est bien regrettable que tu le fasses en de tel lieu, ô mon doux lys. Aucune âme charitable n'a donc porté à ton attention que ces ténébreuses ruelles servent au sacrifice de ceux qui s'y perdent ? »

Leurs deux corps se frôlaient par instants, tandis qu'il l'encerclait, caressant sa chevelure soyeuse, suivant le tracé d'une armure qui ne lui seyait pas du tout. Avec tout le respect qu'il avait pour ses succulents appâts, le voir porter une telle cotte était une divine plaisanterie, une occurrence aussi grossière que grotesque. Mieux valait encore qu'elle fut nue plutôt qu'ainsi attifée.

« Vois-tu, la perfide broie les âmes et les essences. Mais elle est également le terreau d'une obscure végétation se repaissant de l'empire de chair et de larmes sous lequel elle croit. Certains ne supportant plus leurs conditions se rendent en de tels lieux, s'offrant à l'appétit de ces phalènes occultées dans l'ombre. Or je ne souffrirais pas qu'une telle splendeur m'échappe ! Ne t'avais-je pas déjà dis être un homme jaloux, mon oiselle ? Pourquoi voudrais-tu donc aiguiser cette jalousie ? »

Il le gratifia d'un sourire affable, sa voix n'ayant pas un instant perdu le ton de la conversation malgré la teneur de ses propos. Sa main se posa fermement sur l'épaule de sa proie délicate, se faisant sentir sans pour autant se faire menaçant. Et pourtant, le tremblement nerveux qui la parcourait avouait sa capacité à se refermer sur lui comme une serre s'il ne faisait pas les bons choix. Non, il ne lui échapperait pas aussi aisément.

« Viens, ne restons donc pas ici… tu n'y trouveras rien de bon et si je dois te dévorer, je préfères le faire dans des draps propres plutôt que dans la fange de cet endroit. Il n'est pas de ton rang ne trouves-tu pas ? Tu préfèreras certainement un peu plus de confort et je suis d'une humeur aussi généreuse que poétique »

Pieu mensonge mais il n'avait pas à le savoir. Pas pour le moment en tout cas. Fermement, mais sans violence, il le fit quitter l'allée, le dirigeant  sans grand mal. Tout son être était tendu vers le sien, sa queue de scorpion oscillant derrière eux, venant parfois racler contre le métal de son accoutrement ou accrochant dans les boucles de retenues par simple jeu, et pour tester le poids de tout cela.

« Nous devrions parler de promesses, toi et moi.La tienne n'est pas tenue et je n'aime pas que l'on ne tienne pas ses promesses. Elles n'ont plus aucune substance, par la suite. Plus aucune valeur ! Et quel terrible mal ce serait… Comment pourrais-je affirmer avec sincérité vouloir faire honneur à ta splendeur par la suite ? Cela me forcerait d'autant plus à devoir agir ! Oui certes, il ne resterait alors que les agissements pour prouver ma bonne foi… ou la tienne »

Son sourire sensuel avait un petit quelque chose de tranchant lorsqu'il le lui dédia.

« Laisse moi donc entendre ton agréable trille là-dessus »

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Il se faisait envahir par cette abomination elfique et s’il n’avait su se maîtriser, le vampire aurait hurler dans un mélange de terreur et de dégoût. Teolt était une créature bien singulière, s’il procurait chez le sublime androgyne une peur tenace, cette dernière elle aussi était bien singulière. Elle n’était pas comparable à ce qu’il avait ressenti face au courroux de Keetech, ou même à celle de voir un carreau d’arbalète se planter à quelques centimètres de son visage… Non, cette peur était mêlée à un sentiment dont il n’avait pas l’habitude, quelque chose dont habituellement, il était le maître artisan, le malaise, ce sentiment inconfortable, fils d’ambiguïté. Toryné s’amusait souvent en jouant de cela, de part son apparence androgyne ses interlocuteurs ne savaient pas sur quels pieds dansés… Pour Teolt, c’était cette dualité, entre sa beauté si exotique et la dégénérescence de son esprit, un ignoble piège dont se défaire était compliqué.

À Caladon, le vampire n’avait eu d’autre choix que de se soumettre et de plaidoyer pour sa survie, le hasard des choses avaient voulus qu’il ne puisse remplir sa part du marché en échange de sa survie. Cependant, il n’était plus ce naïf bourgeois Caladonien, prit dans son propre au jeu, il avait survécu à la justice d’un dragon et avait réussi à conclure un accord avec l’une des capitaines de la perfide. Tous ses efforts, pour conquérir le pouvoir n’allait pas s’arrêter pour satisfaire la folie de ce monstre.

-Ta jalousie me prouve la pureté de l’envie qui te consume pour mon être, une créature de mon rang mérite ce qu’il y a de mieux, ne penses-tu pas ?

Une voix d’une douceur affectée avec des pointes de grave, cette soumission n’était que de surface, car son esprit s’afférait déjà à mettre en œuvre un plan d’action pour se débarrasser de l’ignoble envahisseur.

-Une amie à moi aime comparer ce lieu à une rose qui s’élève d’une masse de purin, je pardonne à cette cité d’être encore aussi peu esthétique, elle est jeune et bien sauvageonne encore… en revanche, c’est davantage d’intimité que je voudrais…

Comme à son habitude, ses lèvres et son esprit se dissociaient tout en œuvrant l’un pour l’autre, le trompeur et l’intriguant dans leur danse éternelle auraient aujourd’hui un nouveau compagnon. Face à la dragonne de Quartz, Toryné n’avait aucune arme pour lutter autre que sa perfidie, mais aujourd’hui, ses outils étaient plus nombreux. Certes, il n’avait pas encore recouvré toutes ses capacités militaires d’antan, mais avec associer à celle qu’il avait à acquérir en magie entre temps, il avait les moyens de se défendre.

Un plan venait déjà dans son esprit, rien de véritablement élaboré, mais il n’avait pas le temps de penser à mieux, désormais, il devait attendre le moment opportun. Ironiquement, son attention, intégralement portée sur le monstre, lui faisait presque oublier la douleur qui perforait son dos. Cependant, elle était toujours présente et il ne l’oubliait pas, cette dernière semblait en revanche s’être quelque peu stabilisé et n’avait plus qu’à espérer que cela reste ainsi pour ne pas jouer en sa défaveur.

-Mon trille ? Bien entendu… Aucun autre son ne sortit de sa bouche, ses mains formant un tube, le vampire d’un geste brusque et rapide lança la forme imaginaire en arrière, visant Teolt de la malédiction des chaînes qu’il visualisait dans son esprit. L’androgyne n’espérait qu’une seule chose, que les chaînes retiennent suffisamment longtemps sa cible pour lui laisser le temps de le semer au sein de la Perfide. Il ne tenterait pas de tuer Teolt, le risque était bien trop grand, il ne savait pas si son sort serait suffisamment efficace pour entraver tout les mouvements de l’elfe, une réplique était possible et il ne s’y risquerait pas.

Maintenant, il fallait courir, se rapprocher du territoire de Kalza au maximum, là au moins pourrait-il trouver un semblant d’allier et de protection.

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A l'instant où les chaînes venaient mordre sur le cuir de son armure, la pointe de sa queue venimeuse s'enfonçait dans la chair du vampire, rapide et précise, si vive que la douleur se sentait à peine, et pourtant , dans le système de la blanche colombe la substance paralysant circulait déjà. Avec un sourire en coin, il le regarda courir, sachant que cela ne ferait que faciliter les choses par la suite, sa soudaine fièvre accélérant la course du venin dans le corps froid. Un bas gloussement lui secoua les épaules et il commença à avancer, marchant lentement, sans cesser de combattre les chaînes qui tombèrent finalement quand la forme du vampire s'immobilisa également, tombant au sol sans plus pouvoir bouger, les muscles figés. Avec un soupire nonchalant, il se débarrassa enfin du poids du métal sur ses bras et son torse, s'époussetant avant de rejoindre sans se hâter le lieu où avait chu son oiselle, le pas léger et enjoué, un sourire carnassier venant danser sur ses lippes grises aux sons qui lui parvenait. Ah, les chants dépravés de la Perfide. La vision qui l'attendait ne le surprenait absolument pas, alors qu'au détour d'une rue boueuse, la forme pâle entrait de nouveau dans son champ de vision, souillée de la crasse et de la fange couvrant le sol, entourée de formes tantôt faméliques, tantôt bouffies, débordantes de méchanceté et de lubricité pour cette délicate créature soudainement sans défense entre leurs griffes. L'immaculé s'arrêta à quelques pas du groupe ainsi formé, pile dans le champ de vision du vampire incapable du moindre geste, et croisa les bras, épaule contre une poutre branlante, sans quitter son sourire sauvage et moqueur, narquois. Il ne fallait pas longtemps pour que les doigts noirs de saletés défassent les couches protégeant le corps délicat, que les ongles plein de boue, de peau et d'excréments raclent contre la peau sans défaut. L'incarnation des bas fonds de la ville, de sa pauvreté et de ses vices s'assemblant près d'une proie facile, qui ne pouvait rien faire pour lui échapper. Et lui ? Il attendait. Sa colombe avait besoin d'une petite leçon.

Les minutes s'écoulaient, la paralysie durait… Il avait offert une dose importante au corps de sa douce muse, elle ne pourrait bouger avant un moment. Les raclures se battaient pour la première bouchée de chair fraîche, mais la mêlée de bêtes pourries et parasitées laissa fatalement son lot de rats sur le côté, des rats qui s'adjugèrent un avant-goût pendant que le reste de la fange vomie par la sinistre ville continuait de s'écharper, rendue folle par la perspective de cette revanche sur la vie, la satisfaction d'appétits primaires de leurs esprits primaires. Il laissa faire, souriant plaisamment à sa victime le temps que la masse de chair puante trouve une place confortable entre les cuisses rigides et vienne quémander sa récompense à avoir su se préserver. Le chancre n'alla cependant pas plus loin, s'arquant sur un hoquet et un gargouillis, prit de spasmes tandis qu'une griffe de métal sombre s'abattait sur son épaule et le tirait en arrière, le dard du scorpion sifflant dans l'air, menace à quiconque voudrait s'approcher. Malheureusement, il n'allait pas pouvoir s'en sortir sans en tuer un ou deux de plus, simplement pour prouver que ses menaces étaient belles et bien réelles et qu'il n'hésiterait pas. Contre une victime incapable de se défendre, ils avaient leur chance, contre un tueur, ils n'étaient rien et il devait leur rappeler pourquoi ils en étaient arrivés à vivre comme des rats, en grappillant les miettes laissés par les forts. Contournant la forme salie et étalée sur le sol de son pas dansant, le pirate ne fut que sifflements et sons sourds pendant quelques instants, son silence ponctué par les hurlements de ceux qu'il déchirait de ses griffes. La nuée révoltante s'égaillait rapidement, jamais mue par autre chose que l'instinct de préservation personnel. Aucune forme d'esprit de groupe ou de cohérence. Rien que les esprits de bêtes réduites. Il fut bien vite seul avec sa prise, soupirant doucement dans l'air lourd et fétide du marais.

« Bien… J'ose croire que tu as compris à présent, ma sucrerie »

S'abaissa à croupetons, souplement, il lui caressa les cheveux de ses griffes couvertes de morceaux de chair et encore humide de sang, laissant les macabres décorations se perdre dans les mèches lunaires.

« Fort heureusement, je suis là pour toi, ma colombe, encore magnanime et présent après ta déplorable traîtrise. Ne suis-je pas bon envers toi ? N'es-tu pas reconnaissant ? »

Se redressant, il ramassa les effets de sa petite oiselle, les fourrant dans son sac de cuir, avant de le prendre lui-même dans ses bras et de l'emporter au travers des ruelles. Là, dans son antre, il s'occupa de laver le corps blanc de la souillure qu'il avait subit, les gestes doux et prévenant, s'attachant à rendre sa gloire à sa chevelure, la baignant et la peignant avant de la lui tresser. Il lui avait oint le corps d'une huile, pour empêcher les parasites présents dans la boue et la fange de la Perfide de venir gâter son être. Et tout du long ? Il parlait, d'une voix profonde, vibrante et chantante, empreinte de son accent Lyssien, lui expliquant comment il comptait procéder pour lui confectionner la plus belle robe qui soit. Il faudrait certainement que sa colombe se montre patiente, car il ne la dépècerait que morceau par morceau afin de laisser à son organisme vampirique le temps de se régénérer sans lésions durables. Il savait déjà comment il voulait procéder, les huiles avec lesquelles il allait traiter les pans, les fils de soie qu'il utiliserait pour nouer, les outils pour effectuer la dentelle… Il comptait effectuer un tannage minéral, pour garder toute la souplesse de la peau, puis il la poudrerait et la parfumerait pour qu'elle soit le plus agréable possible. Avec un tel soin, elle serait belle et parfaitement adaptée à la douce créature qu'elle devait orner. Son perfectionnisme ne souffrirait pas de faire moins.

« Après tout... » fit-il en lui caressant une joue, une pointe indéfinissable dans la voix, à la fois affection, cruauté et amusement « Un être de ton rang mérite ce qu'il y a de mieux, et qu'y-a-t-il de mieux que toi ? »

Il eut une inspiration vive et sèche à l'idée et jugula une pulsion qui parcourut tout son corps avec violence, faisant trembler les griffes à quelques centimètres de la peau douce et froide. Cambré, il retint son souffle quelques instants, vibrant de violence, avant de se calmer, et de venir lui caresser le visage pensivement. Se penchant pour pouvoir l'observer, il eut à son égard un sourire permissif, et chassa une mèche venue onduler sur son front.

« Je pourrais aussi faire des fils de tes cheveux, mais j'aurais trop peur qu'ils ne repoussent pas ensuite »

De nouveau, il inspira avec violence, et cette fois, il y avait des crocs de bête dans son sourire, son regard invisible pesant sur lui de haut en bas, sa main meurtrière et son dard caressant la chevelure qui lui plaisait tant. Se détournant, corps crispé, muscles bandés, il alla chercher de quoi l'habiller et revint, l'ornant comme il l'aurait fait d'une poupée, chantonnant un petit air innocent et guilleret qui le suivait depuis son enfance à Lyssa. Lorsqu'il eut achevé son œuvre, il l'observa de nouveau.

« La paralysie ne devrait plus tarder à s'effacer… La dernière dose que je t'ai donné était plus légère. Peut-être que quand tu pourras de nouveau parler du acceptera de me donner une de tes jolies tresses pour t'avoir sauvé la vie, hm ? Ne t'agite pas mon oiselle, tu te ferais du mal, laisse la liberté te revenir paisiblement. Ne me force pas à t'attacher, je n'aimerais pas risquer gâter ta peau maintenant... »

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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Les chaînes jaillir du sol, venant capturer l’ignoble créature qui avait du fait du vampire sa proie. Sans la moindre hésitation, l’androgyne se dégagea de l'étreinte du monstre et partit en courant le plus rapidement possible. Était-ce son dos, ou sa précipitation, qu’il l’avait empêché de sentir le dard sournois s'enfonçant dans sa chair si délicate ? Quoi qu'il en fût, la course du vampire ne dura pas longtemps, très vite l’intégralité de ses muscles se raidir, sans que l’androgyne ne comprenne pourquoi. Il s’écroula, son visage immaculé se vautrant violemment contre la boue. Le dégoût fut sa première réaction, lui dont la beauté de son visage était sa plus précieuse des possessions, cette dernière était terni…

Cependant, la peur vint très vite lui faire oublier ce dégoût, réalisant désormais parfaitement dans la situation dans laquelle il se trouvait. Incapable de faire le moindre geste, comment lui… qui avait su négocier un accord avec l’une des capitaines de la Perfide, pouvait désormais se retrouver à la merci de ce maudit dégénéré ? Teolt viendrait le rattraper tôt ou tard, sa malédiction des chaînes, déjà, ne devait plus le retenir… et il serait sûrement en colère de la résistance du vampire. Pas une seconde, il ne doutait que cette paralysie fût de son œuvre, il l’avait sous-estimé et il n’avait plus le choix que d’en payer le prix…. Peur naïve que celle-là, car il n’y avait pas que l’immaculé qui était une menace pour lui, toute Athgalan s’avérait être un danger, une cible aussi facile que lui ne tarderait pas à attirer les rapaces.

Et ces dernières ne se firent pas prier, semblant arriver de toute part, pendant un bref instant, Toryné sentait les regards curieux et méfiants. Se demandait-il s’agissait d’un traquenard ? Comment une créature au physique si délicat et si enclin à la convoitise pouvait, là maintenant, s’offrir à eux. Dans tous les cas, ils ne réfléchissent pas longtemps, très vite, tel des bêtes affamés et enragés, tous se ruèrent sur le morceau de viande de haut facture qu’il était. Tous les efforts du monde étaient vains, il ne pouvait se débattre, de leur doigt crasseux, en temps normal indigne, ce ne serait de même pas, d’effleurer sa personne, ces charognards arrachaient chaque morceau de son armure, voulant goûter au somptueux mets qu’il devait représenter. Cependant, loin d’être unie dans leur entreprise, la vermine se battait, tous voulaient leur égoïste bouché, tous voulaient être le premier à profiter d’une telle créature. L’androgyne, partagé entre la plus grande des frustrations et le plus profond des dégoûts, n’avait qu’un seul désire, occire les misérables qui osaient faire de lui l’objet de leur désir. Il enrageait de ne pas pouvoir arracher leurs yeux pour avoir osé le regarder, de leur broyer les mains pour leur apprendre ce qu’il en coûtait d’oser ternir la blancheur divine de sa peau et enfin de leur couper le membre viril…

Le viol ? Toryné s’en moquait, combien d’homme avait été en lui sans qu’il le désire ? Cela ne l’atteignait plus, mais la simple idée que des êtres aussi révulsant puisse user de lui comme d’un objet de plaisir... Certain profitait même de la mêlée général pour s’attribuer un “avant-goût” de sa personne.

Pourtant, tout cela n’était rien… rien à côté de la vision qu’il avait... Teolt, spectateur sadique de cet ignoble spectacle. Un ambigu sentiment l'envahit, d’un côté, il priait pour que cette marée de crasse et d’horreur, le protège de la créature aveugle, mais de l’autre, il suppliait intérieurement que Teolt n’intervienne pour lui épargner cette disgrâce. *Ne suis-je pas une créature d’exception ?* Pensa-t-il *Comment peux-tu laisser ces insignifiants cloportes, goûter au délice que je suis ?* Comme s'il cherchait désespérément à provoquer son bourreau pour qu'il intervienne, sans que ce dernier ne puisse l'entendre. Son regard trahissait cette pensée, peur, désespoir et frustration se mêlait dans ses orbes au cœur brun, mais Teolt semblait bien trop apprécier le spectacle.

Cela sembla durer une éternité… Jusqu’à que finalement, un “victorieux” puisse enfin se dégager de la mêlé, prêt à profiter de son dû, mais Toryné l’ignora, son regard toujours rivé sur Teolt, il savait très bien que le misérable sur lui allait bientôt se rendre compte de l’erreur qu’il avait commise. La scène devint une parodie du chevalier servant qui venait sauver sa douce, puis des cris, des hurlements, des suppliques ? Ce qu’entendait le vampire était bien trop chaotique pour pouvoir se faire une image précise, Teolt massacrait ceux qui avait la folie de rester… un dur rappel de la réalité de ce monde, le puissant prend ce qu’il désire, le faible s’écrase ou périe. Dans d’autres circonstances, Toryné aurait jubilé d’une telle vengeance, mais son corps, toujours immobile, était désormais livré à celui qu’il avait voulu fuir en premier lieu.

Il ne pouvait frissonner en sentant les griffes de cette bête passer dans ses cheveux, le sang et la chair des ignobles de la Perfide se mêlant dans sa chevelure, son calvaire ne faisait pourtant que commencer. Teolt l’emmena, après tout, il avait “gagné” le vampire androgyne… Toryné fut lavé, corps et chevelure traiter avec le plus grand soin, s’il avait été naïf, il aurait pu penser être tiré d’affaire, mais il ne savait que trop bien que cela n’était que les prémisses d’une suite bien plus funeste. Et comme pour appuyer ses propos, Teolt lui décrivait ce qu’il allait lui faire subir, le tout d’une voix qui aurait été envoûtante dans d’autres circonstances, mais qui ne rajoutait que plus d’horreur à la scène.

Son dos, comme si la situation n’était pas assez désastreuse, sembla repartir de plus belle, la douleur revint plus intensément que jamais. La paralysie disparaissant lentement, mais sûrement, permis à Toryné un cris bref, mais saccadé. Le bout de ses doigts tremblait, autre témoin de sa douleur…

-Je… Les efforts pour communiquer de Toryné étaient intenses, mués par la peur et le désespoir… Kalza… J...Ai...affaire…. aaaa…. Dernier espoir du Dalis, peut-être, pouvait-il convaincre son bourreau de s’arrêter si lui transmettait l’alliance qu’il avait conclue avec la capitaine des esclaves. Il n’avait que peu d’espoir, Teolt semblait plus agir en suivant ses pulsions que par la réflexion, mais il ferait tout pour s’en sortir.

-Tu… auras...ta tresse.... Un autre spasme de douleur de son dos vint secouer son corps, dont la mobilité était toujours entravée, lui arrachant un autre cri… et bien…plus si… Mais cette fois-ci, la douleur était bien trop forte pour lui permettre de continuer.

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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Les difficiles pépiements de sa colombe lui firent pencher la tête sur le côté, ses yeux aveugles et occultés l'observant avec une prédatrice tendresse, tandis qu'il lui caressait les cheveux, jouant avec les boucles douces et souples, brillantes maintenant qu'elles n'étaient plus encrassées. Le nom qui tombait des lèvres tentatrices lui était bien connu, et il ne retint pas un petit rire bref, haut perché et aigrelet, aveu de son amusement enfantin à la piètre tentative de bouclier qu'on lui opposait. La plissure de ses lèvres se fit taquine, polissonne, les traits de son visage malicieux bien que son regard absent l'handicapait sensiblement à faire passer la pleine mesure de ses émotions. Sa queue chitineuse ondoya et cliqueta dans son dos, le dard jouant avec bonne humeur. Il n'était pas aveugle à la souffrance que l'autre démontrait, à sa peur, à son désespoir, mais il s'en repaissait comme un affamé. Il voulait voir toute l'étendue de la gamme expressive de sa proie, tout ce qu'il était capable d'exprimer et ses émotions négatives le fascinait magistralement. Comment parvenait-il à rester aussi beau même dans un tel instant ? La peur n'humiliait-elle pas le corps et l'âme lorsque l'être qui la subissait n'était pas assez fort pour la supporter ? Et tenter ainsi, pitoyablement, de marchander n'était-il pas une preuve évidente de faiblesse ? Ses griffes s'égarèrent sur le visage délicat, androgyne, alors que Teotl, pensif, se gorgeait de sa vue. Comment donc faisait-il ? Peut-être que ce passe-droit était-il ce qui faisait de lui, au moins en partie, un être de haute valeur. Se rapprochant encore, son doux souffle tiède caressant le derme immaculé, le Scorpion dévora l'autre du regard, cherchant les perles carmines qui pouvaient rouler sur le satin de sa peau. Aucune n'était présente pourtant, et il soupira légèrement, avant de se redresser, rompant enfin le silence installé par sa fixité. Sa voix, toujours chaude, toujours plaisante, ressemblait à la roue d'un paon.

«  Oh. Toryné. La seule personne qui tient ma muselière, c'est le capitaine des gredins. Personne d'autre, et seulement par mon bon plaisir. Parce que je le veux »

Néanmoins, la situation méritait qu'il s'arrête dessus. Pas en raison de cette sordide alliance, mais bien parce que sa précieuse créature semblait réellement souffrir et qu'il n'y était pour rien. Une observation fort déplaisante, en vérité. Il était le seul à pouvoir lui faire ressentir de la souffrance, tout autre être ou chose devait disparaître promptement. Il ne tolérerait jamais que l'on revienne sur cela, et Toryné allait devoir le comprendre et l'accepter. Plus tard. Sur l'instant, la douleur affichée par le vampire ne lui plaisait réellement pas, et elle l'intriguait. Se relevant pleinement, il s'éloigna un instant et alla chercher un petit sachet posé sur un meuble en bois clair. De ce sachet, il tira trois feuilles d'un rouge profond, purpurin, royal et revint près du vampire pour l'examiner davantage. Portant les feuilles à ses lèvres, il les happa et mâcha lentement, dénudant un bras de son oiselle et l'entaillant légèrement avec un couteau à lame simple mais aiguisée habilement. Sans frémir, il garda le couteau dans la plaie pour éviter que celle-ci ne puisse se refermer et releva un instant le visage vers le regard de sa belle, tout en lui respirant un avertissement ferme. Toryné ne devait pas bouger, bien qu'il puisse désormais le faire. Retirant les feuilles à présent humides, il les roula en un fin tube végétal et le plaça dans la plaie avant de laisser celle-ci commencer à se refermer, embrassant et enserrant le semblant de cataplasme. Se passant un pouce sur les lèvres pour en chasser l'humidité, le pirate se redressa à nouveau, dominant la silhouette immaculée face à lui et brisant à nouveau le silence. Il était important que le vampire comprenne pourquoi il faisait tout cela, pragmatiquement parlant, afin qu'il ne vienne pas tout gâcher. Sa colombe était magnifique et avait de nombreuses qualités, mais parfois, vraiment, elle avait une cervelle d'oiseau.

«  Ces feuilles ont un effet anesthésiant, même pour les vampires. Cependant du faut que tu sois mort, je suis obligé de laisser ton corps les absorber pour un temps afin que l'effet puisse s'étendre. Lorsque tu ne sentiras plus la douleur, je rouvrirais l'emplacement et retirerais les feuilles. N'essaye pas de le faire toi-même, tu n'as pas ce genre de compétence et je préfère que le travail soit fait proprement pour limiter les marques sur sa jolie peau… »

Il lui caressa de nouveau le visage, les cheveux et les épaules, vint appuyer sur les points clefs de son dos pour le masser légèrement, continuant d'user de sa voix comme d'une berceuse pour le forcer de se détendre et accepter le soulagement que les herbes allaient lui apporter. Après une dizaine de minutes, il le relâcha et vint le déshabiller de nouveau pour trouver exactement ce qui n'allait pas avoir lui. D'une voix paisible, il lui expliqua ce qu'il était entrain de faire, ses doigts assurés pressant, caressant pour trouver ce qui n'allait pas chez sa colombe. Puis, soudainement, il s'arrêta, mains sur son dos, curieux. Avait-il rêvé ? De nouveau, il tâta les dos mais il n'était pas possible de se tromper. Un instant prit de court, surpris et ne s'y attendant pas le moins du monde, le pirate resta silencieux. Puis, il vint dessiner le contours des boursouflures qu'il sentait, encore légères, sur le corps de son prisonnier.

«  Tu sens ? Ta peau est gondolée à ces endroits, il y a quelque chose en dessous. Sais-tu de quoi il s'agit Toryné ? Car je vais devoir inciser ton dos pour soulager la pression sur tes chairs. S'il s'agit d'un parasite qui aurait fait son nid sous ta peau je préfère le savoir et prendre des précautions supplémentaires pour ne pas t’abîmer… même si cela me surprendrait de la part d'une créature aussi raffinée. Sauf si c'est le fait d'un de tes ennemis bien entendu »

De sa main chaude et rêche il tâta doucement la zone, en prenant garde, la sensation très étrange sous la pulpe sensible de ses doigts, puis lui caressa la chute de rein. Un lourd soupire lui secoua le torse. Ce genre d'opération allait être compliquée, surtout s'il voulait réduire les dommages au maximum et il n'était pas chirurgien non plus. Fort heureusement, il découpait des corps humains depuis suffisamment longtemps pour commencer à être adroit d'un couteau et il avait assez subit de blessures pour savoir comment se comporter en présence de cela. En revanche, il devait admettre que l'inconnu de ce qu'il risquait de découvrir le perturbait quelque peu. Ce n'était pas tout les jours qu'il voyait quelque chose comme ça, même ici à Athgalan où pourtant la fange, la misère et les vices étaient des terreaux fertiles pour toutes sortes d'horreur.

«  Je pense que le mieux, compte tenu de la douleur que cela va représenter pour toi et qui est à mon sens totalement inutile, serait que tu te plonges dans la transe vampirique et que je te paralyse de nouveau pendant que je m'occupe de toi. Sois une gentille colombe, je n'ai vraiment pas envie de devoir t'assommer »

Il y eut un blanc, puis il acheva :

«  Le plus tôt sera le mieux… as-tu quoi que ce soit à me dire avant cela ? »

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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Le vampire n’avait guère nourri le moindre espoir que l’évocation de la capitaine des esclaves puisse faire reculer les folles intentions de l’abjecte créature. Teotl était de ces êtres dont des sentiments comme la peur ou la crainte ne semblait pouvoir atteindre. Pourtant, sa vaine tentative n’avait pas été vide d’intérêt, en effet l’immaculé donnait une information qui pourrait s'avérer précieuse à l’avenir, si avenir, il y avait. Le capitaine des gredins était donc celui à qui son bourreau rendait des comptes, selon son bon vouloir que ce dernier disait, mais c’était la seule forme d’autorité que ce monstre semblait avoir.

Gardant donc cette information dans son esprit, l’attention de Toryné revint rapidement sur la situation actuelle, sa douleur était toujours présente et plus déchaînés que jamais. Son dos semblait comme réclamer quelque chose, c’était l’impression qu’il en avait, il criait à la liberté, mais à la liberté de quoi ? Cette simple idée semblait folle et le vampire se demandait si son esprit n’était pas embrumé par tous les stimuli d’odeur qui l’entourait, ou bien par les soi-disantes feuilles anesthésiantes que son ravisseur, bien que ces dernières faisaient leur effet au bout de quelques minutes. Il n’avait pas tenté la moindre résistance aux manipulations de Teotl, comme acceptant son sort, il était à la merci du bon vouloir de son hôte désormais et rien de servait de possiblement abîmer son corps d’avantage qu’il n'allait l’être.

Et l’immaculé n’avait point menti dans ses dires, Toryné était bien plus… apaisé ? Du moins, autant qu’il ne pouvait l’être dans cette situation. Teotl le massait, lui parlait d’une voix douce qui se voulait rassurante, si le vampire n’avait pas conscience du sort que lui réservait ce monstre, sûrement, ne serait-il pas sur quels pieds danser désormais. Son médecin de fortune ne finit pas trouver ce dont il n’allait pas, bien qu’il s’agissait sans surprise de son dos, il vint lui apporter plus d’éclaircissement sur sa situation. La peau de son dos semblait gondoler, cette simple révélation suffit à le faire frissonner de dégoût, sa délicate perfection ternie par… il ne savait pas quoi… Quelque chose était en dessous, quelque chose qui réclamait sa liberté. Cela semblait de plus en plus… plausible, désormais.

Comment, pourquoi et par qui ? Il n’avait qu’un seul moyen de le savoir, cela ne lui plaisait nullement, mais il allait devoir laisser Teotl lui charcuter le dos. Il serait de nouveau paralysé, mais s’il faisait comme lui suggérait son futur chirurgien, plongé en transe, alors la douleur ne serait pas tant un problème que ça… Il devait cependant accepter que son élégance en pâtisse une nouvelle fois, une énième agression aujourd’hui, il maudissait ce jour du plus profond de son être.

-Bien… lâcha-t-il comme un soupir, alors qu’il mettait ses mains en croix contre sa poitrine, ce que trouvera en… m’ouvrant le dos… Je veux pouvoir le voir de moi-même à mon réveil. Allons-y.

Dans l'esprit de Toryné pendant sa transe :


En sortant de la transe, Toryné était encore partiellement immobilisé, cependant, il pouvait parfaitement sentir que quelque chose était différent. Son dos, quelque chose de nouveau avait jailli, il ne pouvait le voir, mais il sentait les nouveaux muscles de son corps et ce nouveau poids.

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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La demande le laissa perplexe. Sachant la préciosité de la créature qu'il tenait entre ses griffes, le pirate n'escomptait pas forcément le soumettre à la vision de ce qui pouvait être extrait de sa chair. S'il aimait se jouer de ses sentiments, il n'y avait là aucun plaisir à retirer d'une telle exaction car cela ne ferait qu'indisposer sa proie d'une façon qui ne servirait pas du tout ses desseins. Néanmoins, il n'avait aucune bonne raison de lui dire la vérité, aussi se contenta-t-il d'opiner du chef brièvement. Mentir ne lui coûtait rien, et il pourrait de toute façon décider en toute liberté une fois que l'autre serait en transe. Que ferait-il quand il en sortirait pour comprendre qu'il avait tout fait disparaître ? Il n'irait pas fouiller le four ou les déchets dans la rue, il se salirait encore une fois, et pas que les ongles. La question réglée, il attendit de voir sa douce colombe entrer en transe, tête penchée sur le côté puis, une fois qu'il fut certain de son abandon, le piqua une nouvelle fois avant de s'écarter et de préparer ce dont il avait besoin. Ses couteaux, son matériel d'extraction, mais également un puissant poison pouvant plonger un vampire dans une léthargie de plusieurs heures. Une fois tous les outils en place, le pirate nettoya la lame, et entama l'extraction, par gestes lents et contrôlés. Incisant précisément sur les contours boursouflés, il frotta les bords de la plaie avec une herbe ralentissant la régénération vampirique, puis retira une première couche de peau avec une immense délicatesse.

Ce qu'il découvrit là-dessous lui fit pincer les lèvres. Pourtant, il n'avait pas réellement pensé que la peau était tout ce qui retenait… quoi exactement ? Pour le moment c'était informe, il n'aurait su dire. Avec précaution, Teotl entreprit de retirer la chair enserrant les boursouflures, morceau par morceau. Il travaillait sans se soucier du temps qui passait, extrêmement concentré sur sa tâche et oublieux de tout le reste. Ses gestes lents ne tremblaient pas un instant, et il prenait un soin maniaque de son plan de travail, le nettoyage régulièrement, de même que ses outils, usant et abusant des substances destinées à éviter que son travail soit gâché par les capacités régénératrices du vampire. Lorsqu'il en eut finit, des mèches argentées étaient collées à son front par la sueur et il reposa nettement ses outils avant de faire quelques mouvements pour assouplir les muscles de ses mains et de ses bras. Se lavant une dernière fois les mains, le scorpion entreprit de laver les plaies et de replacer les chairs non détachées correctement. Il rangea ses outils, récupéra la chair et la peau pour les transférer dans une pièce spécialement conçue pour fumer du poisson et de la viande, et revint pour administrer le poison incapacitant à son oiselle. Satisfait, il lui réinjecta un peu de son venin paralysant pour faire bonne mesure puis le transféra dans sa chambre en attendant de préparer une salle et du matériel convenable pour son dessein.

Car, en bon esprit pragmatique, il avait la ferme intention de profiter de la situation. L'opportunité était parfaite. Bien sûr, pendant les jours qui suivirent, il fut contraint de renouveler les doses de substances très souvent mais cela en valait la peine. Tout d'abord, il lavait et traitait la peau, afin qu'elle se conserve et ne perde rien de ses qualités intrinsèques, blancheur et douceur, souplesse et flexibilité. Il travaillait minutieusement, en chantonnant un air provenant de la vieille ville de Lyssa la Vagabonde, sa cité d'adoption, sa voix profonde et cadencée rythmant son ouvrage et lui tenant compagnie. Une fois la peau nourrie correctement, il la traita sur une seconde couche, puis lui appliqua une brillance, morceau par morceau. Il laissa un moment les longs pans immaculés pour faire le choix de son fils de couture, hésitant entre de la soie d'araignée et de la chevelure elfique pour complimenter la qualité de la peau qu'il allait coudre et pour être le plus résistant possible. En fin de compte, il décida de pencher en faveur de la chevelure elfique et s'assura que sa colombe était toujours profondément droguée avant de descendre jusqu'à la cave, creusée dans un morceau de roche et très fraîche. Une forme prostrée dans un coin se redressa à son apparition, et se roula en boule dans une tentative de se protéger lorsqu'il s'approcha, le pas souple, sifflotant une comptine pour enfant.

Il s'arrêta devant elle, l'observa un moment puis se pencha pour lui passer une main dans les cheveux, jaugeant en connaisseur. Pendant plusieurs minutes, il resta silencieux, et l'arrêt de sa chanson sembla plonger sa matière première dans une profonde confusion à laquelle, de bon cœur, il mit fin. La lame du couteau racla à peine le cuir chevelu lorsqu'il coupa plusieurs longues tresses, la matière première émettant un petit son puis se reprenant, plongeant dans le silence. La perspective de travailler sur la robe le mettait de bonne humeur, aussi décida-t-il de la récompenser d'une caresse et d'une salade fraîche. Refermant la porte derrière lui, il remonta, vint bloquer les mèches sur une plaque spéciale et délaça les tresses pour les peigner et les nourrir, les traitant à leur tour. Laissant reposer les substances, il prit du temps pour ébaucher le concept, toujours entraîné par ses chansons. Lorsque tout fut prêt, il se mit au travail, utilisant une aiguille d'os gravée, assez effilée pour lui entailler les doigts. Il manqua d'ailleurs de faire perler le sang plus d'une fois, grimaçant et sifflant entre ses dents, frustré de sa gaucherie. Il parvint néanmoins, après de nombreux jours, à ce qu'il désirait, et contempla un très long moment la robe qu'il avait créé, et testa les dentelles auxquelles il s'était essayé. Oui… elle était de bonne qualité, simple en soi, pas ce qu'un véritable tailleur aurait pu faire mais néanmoins, il avait réussit à convenir.

La dissimulant, il revint à la chambre où reposait son oiselle et s'installa sur une chaise avec ce qui lui restait d'ouvrage. Adossé contre le mur, une longue jambe musclée calée sur son genou, il attendit que le vampire, enfin, revienne à lui, tout en tressant et assurant lentement une superbe tresse de cheveux blancs sur une surface de cuir brossé, d'un rouge sombre et veiné. Il tressait les cheveux pâles avec des lanières de cuir, glissant des bagues d'os ou de métal pour orner les longueurs de parures. Un instant, il vit la colombe bouger et se fendit d'un petit sourire en coin, passager, le laissant revenir à lui, à la conscience. Il l'avait allongé sur le ventre, pour ne pas le bloquer et le froisser, et en le voyant se redresser, il termina la dernière fermeture de métal, puis déposa sa ceinture sur la table de chevet avant de le rejoindre, sa poigne ferme venant l'asseoir correctement et rejeta sa chevelure de devant son visage. Un instant, ses doigts vinrent lui caresser le dessous du menton puis il s'assit de nouveau devant lui.

«  Enfin éveillé… ne bouge pas trop, mon bel oiseau. Voilà un moment que tu vogue hors de la conscience. Reprends-toi lentement, ensuite je te montrerais quelque chose... »

Il attendit un peu, en le gardant à l’œil, puis le fit se lever pour l'emmener jusqu'à une surface réfléchissante afin qu'il puisse constater par lui-même.

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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Son réveil fut accueilli par la douce voix de Teotl… mais également par la faim la plus dévorante qu’il n’est jamais ressenti. Même lors de son errance, suite à la trahison de sa mère, il n’avait connu une faim semblable. Il se sentait incroyablement faible, combien de temps était-il resté en transe ? Plusieurs jours ? Plusieurs semaines ? Alors que l’immaculé l’aidait à se relever, le vampire comprenait petit à petit que son hôte ne s’était pas contenté de s’occuper de son dos pendant son absence, il le sentait, sa peau n’était plus exactement la même. Il avait trop de fois, parcouru son corps de ses propres mains, profitant narcissiquement de la sublime créature qu’il était, son adoration fanatique pour son corps avait de lui un expert de sa propre condition, si un détail venait perturber cet équilibre, il le sentait. Aisément, il comprit que Teotl avait accompli son sombre dessein, profitant de sa torpeur pour lui dérober de fines couches de son enveloppe charnelle. Sûrement, devait-il s’estimer heureux de ne pas avoir été éveillé durant le processus, mais il avait peur de voir son image dans un miroir, de voir sa peau être devenu un dégradé de blancheur et non cette uniformité qu’il travaillait tant.

Cependant, toutes ses peurs s’effacèrent une fois face à son reflet, non pas qu’elle en était rassuré d’une quelconque manière, mais autre chose nécessitait son attention la plus totale. L’androgyne avait effectivement senti que son dos était bien plus lourd en se réveillant, cela aussi l’avait inquiété, quoi qu’avait pu trouver son boucher, il ne l’avait pas retiré, cela pour une quelconque raison qu’il découvrait désormais. Ce supplice qu’il vivait depuis déjà plusieurs jours, cette douleur perforante dans son dos n’était ni un vulgaire parasite, ni encore un sortilège de l’un de ses ennemis, bien au contraire.

Deux ailes, deux sublimes et immenses ailes d’une blancheur immaculé, semblable à sa chevelure. Aucun son ne put sortir de la bouche du nouvellement ailé, seul son regard écarquillé pu retranscrire la stupeur qui l’animait, mais également sa contemplation. Comment ? C’était la seule question qui lui venait à l’esprit, il oublia quelque peu sa faim, ce qui s’était passé durant sa transe, aussi bien sûr le plan physique que psychique, toute son attention était porté sur ses deux nouveaux membres. Il se pencha d’un côté puis de l’autre, tourna sur lui-même, avant de s'essayer à bouger ses nouveaux muscles, la sensation était indescriptibles. D’abord timide quant à ses mouvements, petit à petit le cygne blanc gagnait en assurance, analysant méthodiquement la manière dont fonctionnait ses muscles, la répartition du poids d’une aile sur tout son corps, son centre d’équilibre avait lui aussi drastiquement changé. S’il n’avait pas été en compagnie de Teotl, sûrement que Toryné aurait passé la journée à se découvrir…

-Je suppose que… “ça”, n’est pas de ton œuvre. Dit-il plus pour lui-même en ce tournant vers l’immaculé. Cela est… Inattendu, et encore le mot est faible. As-tu la moindre idée de comment cela à pus se produire… non, de comment cela est-ce même possible je devrais dire… Il se tourna de nouveau vers son reflet, souriant légèrement. J’ai déjà entendu mille histoires improbable qui s’étaient avéré vrai… Mais celle d’un vampire qui, du jour au lendemain, deviendrait ailé… ça jamais je ne l’ai entendu.

Cependant, il était devenu ailé, mais était-il devenu volant pour autant ? Il devrait bien entendu s’adonner à certains tests, mais il n’avait guère l’impression qu’il puisse voler malgré ses nouvelles ailes. Son corps n’était pas conçu pour permettre cela, il n’avait pas la morphologie d’un volatile, ses jambes feraient un contre poids trop important pour être équilibré s’il tentait de voler le corps allongé et s’il restait à la verticale, il ne pourrait que seulement faire du surplace en se maintenant dans les airs. Alors pourquoi avait-il des ailes, si ses premières estimations s’avéraient correctes, alors cela n’avait pas vraiment de sens.

-As-tu remarqué autre chose durant ma torpeur ? D’ailleurs, accepterais-tu de me dire combien de temps, je suis resté ici ? Et… Ce regain de réalité lui rappela cette faim, sa main se porta à son ventre, était-ce un autre battement de cœur que celui de l'immaculé, que le vampire percevait dans l’antre de son prédateur ? Ses sens étaient plus en alerte que jamais, il devait satisfaire la soif qui le tiraillait, par chance, il avait appris à contrôler même la plus violente des faims. Que comptes-tu faire de moi désormais ? Si je ne me trompe pas, tu as accompli ce que tu voulais et… Il passait sa main dans ses cheveux avant de réaliser, il retint une légère grimace. Tu sembles aussi d’être déjà servi ici aussi… Es-tu comblé ou désires tu encore autre chose de moi ? Il s’exprimait avec une voix calme, marqué de son androgynie, cependant cela serait mentir que de dire que l’androgyne ne craignait pas que la gourmandise de son prédateur à son égard soit encore plus grande qu’elle ne semblait. J’apprécie ton hospitalité, j’en ressors… il jeta un bref coup d’œil à ses ailes… différent, j’aime à dire. Cependant, mon corps réclame le nectar des mortels…

Il pourrait vider deux bourgeois Caladonien bien rempli dans son état actuel, cependant, si son hôte consentait à le laisser partir et à lui rendre ses affaires, il devrait sûrement se contenter d’un poisseux de la Perfide, de quoi prendre sa petite revanche narcissique, peu importe qui en subirait les foudres.

descriptionDeux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii] EmptyRe: Deux monstres, un seul est le prédateur. [PV : Teotl Tearrii]

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Le pirate confirma d'un signe de tête qu'il n'était pas l'auteur des deux ailes plumeuses dans le dos de la colombe, car bien qu'il fut doué de ses mains, il ne l'était pas à ce point, et surtout ? Il n'était pas bon mage. Or, faire pousser des ailes animales sur un bipède, c'était forcément de la magie, pas besoin de chercher très loin. D'ailleurs, il était étonnant que la petite tête blanche et bien faite de sa donzelle ne se soit pas déjà rendue compte de cette évidence. Haussant les épaules, relativement imperméable face à la perplexité de la délicate créature qu'il retenait, le scorpion répondit avec une franchise dépourvue de la recherche qu'il avait mit à lui parler jusque là. En même temps, il l'avait secourut d'un viol, enlevé, nettoyé, lui avait ouvert le dos, l'avait dépecé et lui avait fait une robe, après un moment, il n'avait plus à avoir autant d'intentions verbeuses. Peut-être était-il aussi un peu à court de poésie pour dissimuler son impatience latente, ce qu'on ne pouvait pas vraiment lui reprocher compte tenu de la semaine qu'il venait de passer. La réponse, donc, fut aussi laconique qu'elle fut désabusée, même portée par la voix chaude et charmeuse du pirate qui savait si bien s'en servir.

« On vit dans un monde dominé par des lézards ailés géants cracheurs de feu, on a vu des déesses mourir, une race antique réapparaître, une terraformation par un dragon complètement barge, et on a perdu notre ancien continent à causes de saloperies qui possèdent les gens. Je dois avouer que de toutes les questions que tu pourrais te poser, ma belle, 'pourquoi' et 'comment' sont les moins pertinentes du lot. Tu n'as pas plutôt envie de savoir comment tu vas devoir retailler toute ta garde robe pour qu'elles passent ? Ou simplement si tu peux voler avec ? »

Il haussa un sourcil blanc pour appuyer ses paroles, plutôt curieux de ce qui passait dans la tête de son oiselle. Alors ? Ce serait quoi pour son altesse ? Le vole, la robe, autre chose ? Il n'était pas difficile. Est-ce que ça se mangeait, ces ailes ? Est-ce que c'était musclé ? Les plumes allaient repousser ? Obligeant, puisqu'il passait à des considérations un peu plus terrestres, Teotl lui apprit qu'il avait passé un peu plus d'une semaine avec lui et qu'il n'avait rien vu d'autre qu'une pair d'ailes géantes sortir de son dos. C'était déjà bien assez, le dos de sa pauvre oiselle n'était pas un sac sans fond. Il posait enfin de bonnes questions, pas celles qu'il attendait, mais de bonnes questions tout de même. Muet dans un premier temps, il se contenta d'écouter avec un sourire mauvais aux lèvres, bras croisés, observant, au travers de son bandeau, le vampire qu'il avait enlevé. La question valait de l'or. Ce qu'il comptait lui faire, désormais ? Son imagination excitée par l'apparition de ses ailes avait bien des idées en tête, plus ou moins douloureuses. Très bonne question ça, qu'est-ce qu'il comptait faire de lui ? Il ne savait pas lui-même. Pourtant, quelque chose lui disait que sa douce colombe n'avait pas encore comprit.

« Toi »

Le mot était tombé simplement et il vint lui caresser les épaules avec une lenteur calculée, l'observant de très près. En fin de compte, comme souvent avec son oiselle, il se laissait guider par ses instincts. Cela lui venait naturellement, sans qu'il ait vraiment besoin d'y réfléchir. Cette fois-ci n'était pas différente et lorsqu'il le relâcha, ce fut avec un petit geste d'impuissance. Mais son sourire brillait toujours et lorsqu'il alla plus loin dans ses paroles, celles-ci étaient crues, directes et sans détours.

« Ce que je veux c'est toi. Entièrement, totalement, sans aucune concession. Tu as voulu me séduire, j'ai voulu te séduire et c'est moi qui t'ait finalement attrapé, je suis meilleur prédateur que toi, Toryné et j'ai décidé ce jour-là que tu m'appartenais. J'ai voulu te consumer, j'ai désiré ton goût sur ma langue comme rien d'autre parce que je n'avais encore jamais dégusté un vampire… et je ne veux pas mourir idiot vois-tu ? Mais depuis, j'ai goûté ta race plus d'une fois. Vous êtes répugnants. Mais toi… tu as d'autres qualités que ce goût-là. Et je t'ai désiré autrement alors. Tu m'appartiens encore aujourd'hui parce que tu es incapable d'être plus fort que moi et de repousser ma volonté. Tu n'en a pas les moyens. Ce que je veux de toi ? Je désire tout de toi. Aujourd'hui tu es en vie et libéré de ce qui te torturait. Tout ça par ma volonté. Et lorsque tu partiras de cet endroit ? Ce sera encore ma volonté »

S'interrompant, il lui laissa la possibilité de digérer ce qu'il venait d'assener. Puis, d'une voix douce comme une caresse, il acheva avant de s'éclipser.

« Et si je vais chasser de quoi te nourrir c'est bien pour te garder en bonne santé, car je détesterais te voir de nouveau mal en point. Comme je l'ai dis, je suis peu partageur. Pas difficile, mais pas partageur. Souvient-en quand tu repartiras… et penses-y avant de me faire faux bond »

Le laissant ouvertement sur place, il quitta la pièce, puis disparut à l'extérieur. Bien sûr, il allait attendre un peu avant de réellement chasser quoi que ce soit, car il désirait voir si le vampire tenterait de 'échapper ou s'il allait écouter la voix de la raison. Si l'oiselle voulait tenter de prendre son envole, elle apprendrait qu'il n'aimait pas non plus qu'on aille à l'encontre de ses désirs…


Dernière édition par Teotl Tearrii le Sam 9 Fév 2019 - 19:47, édité 1 fois

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Ce que voulait Teotl, c’était lui. Cette réponse résonnait dans son esprit d’une manière insupportable. Qu’on le désire lui plaisait, son apparence était fait pour susciter la convoitise, la séduction avait été longtemps son seul moyen de défense, puis par la suite un moyen d’atteindre ses objectifs… Personne ne l’avait pris à son propre jeu avant l’immaculé… Devait-il payer cette unique défaite pour l’éternité ? Par chance, il semblait être trop précieux pour le monstre, trop pour que ce dernier ne le supprime pas. Teotl sembla également enclin à la laisser partir tôt ou tard, il n’allait pas faire obstacle à ses desseins, c’était toujours ça.

Son ego en revanche… Il bouillonnait comme jamais, il n’avait qu’un désir, détruire Teotl, l’anéantir jusqu’à qu’il en reste qu’un simple souvenir pour quiconque ayant un temps soi peu envie d’en garder de cette créature. Il l’attacherait, le violerait, le laisserait mourir de faim, ignorant ses suppliques de Lyssien et se délectant de sa vengeance. Si son esprit s’afférait à une telle imagination, son visage restait relativement neutre, mais soumis, comme évitant un regard qui pourtant n’était pas vraiment là. Seuls ses deux poings fermés et tremblotant pouvaient témoigner de l’état dans lequel il se trouvait.

Une fois Teotl sortie pour lui chercher de quoi se nourrir, le cygne grogna, avant de finalement hurler de rage. Incontrôlable, il n’avait rien pour extérioriser sa rage, il n’avait guère le loisir de se défouler sur ce qu’il se trouvait dans ce lieu. Non seulement la pièce était plutôt épurée, mais en plus, prendre le risque d’attirer la colère de son ravisseur n’était pas vraiment une idée brillante, il était encore en “vie” pour le moment et il comptait bien le rester. Dans d’autres circonstances, Toryné serait rentré en transe afin de se ressourcer, mais étant donné comment c’était passé la précédente, l’androgyne n’était pas encore prêt de renouveler l’expérience… Il était donc coincé dans l’antre de son prédateur, à attendre, nu, que ce dernier daigne lui apporter du sang et finalement le laisse partir.

-Et je suppose que ce n’est pas la peine à ce que je m’attende à du sang de haute qualité ici, pensa-t-il tout haut. Il allait sûrement devoir se contenter d’un de ses pouilleux de la perfide, heureusement que sa condition d’enfant de la nuit lui permettait de ne pas craindre une quelconque maladie, car qui sait le nombre de saloperies que devait se trimballer à un ressortissant de la Perfide...

Il y avait bien entendu ce battement de cœur qu’il entendait dans la salle à côté, indiquant qu’il n’était pas seul ici et donc qu’un potentiel repas était à porter. Une autre victime de l’immaculé ? Toryné n’allait en tout cas pas s’y intéresser, il avait déjà bien à faire pour assurer sa propre survie pour jouer au justicier succinct. Il n’allait pas non plus tenter de s’échapper, sa précédente tentative avait suffisamment été un fiasco, bien qu’elle lui avait permis de découvrir l’une des armes de la créature, la paralysie. Cependant, sans son arme, son armure et ses effets personnels, s’enfuir semblait compromis et encore plus vu alors que la faim le tiraillait.

Le vampire n’avait qu’une chose à faire, se contempler, où plutôt observer ses ailes, il y avait au moins du positif dans ce cauchemar. Teotl pouvait bien rester de marbre devant elles en prétextant que ce monde avait déjà su donner son lot d'événement improbable, lui en restait fasciné. Cependant, il avait marqué un point, toute sa garde-robe allait devoir subir un ajustement, le temps que cela représenterait, Athgalan serait achevé pensa-t-il. Quant à la question du vol, Toryné restait sur sa première position, il était morphologiquement inapte pour voler véritablement, cependant la question était de savoir s’il pouvait se maintenir un certain temps dans les airs et la hauteur qu’il pouvait atteindre. Par chance, le Dalis faisait parti de la race vampirique, lui conférant une force surnaturelle, des ailes aussi imposantes auraient non seulement entraver un humain, voir le clouerait sur place, autant dire que des battements d’ailes leur serait impossible. Quoiqu’il en soit, tout type de test se ferait en extérieur, une fois libéré de cette situation.

Combien de temps s’écoula avant que son hôte ne revienne ? Toryné faisait les 100 pas, tournait en rond… Bon sang qu’il avait faim… et la faim ne l’aidait pas à réfléchir convenablement. À plusieurs reprise l’androgyne s’était arrêté devant la porte, réfléchissant à la possibilité de partir chercher sa nourriture de par lui-même, mais Teotl prendrait ça pour une nouvelle tentative de fuite s’il le prenait sur le fait. Ce fut ardu, mais Toryné fut suffisamment endurant pour contrôler sa faim, il alla pas jeter un œil dans l'autre pièce et ne mit pas son nez dehors, il en avait assez des actions téméraires cette fois-ci. Il allait donc attendre l’arrivé de son hôte si particulier.

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La tentative de fuite qu'il attendait ne venait pas. Toryné aurait-il si bien appris sa leçon si rapidement ? Non cela ne se pouvait, son oiselle avait beaucoup de qualité mais elle restait têtue. Il y avait forcément autre chose, une autre raison qui le poussait à rester là, dans cette cage qu'il avait défini pour lui. Mais le Scorpion pressentait qu'il ne découvrirait pas ainsi ce dont il s'agissait, à rester planté au dehors sous sa propre fenêtre. Mieux valait trouver de quoi nourrir les appétits de son oiseau de compagnie, car s'il désirait lui trouver quelque chose de correct à consumer, il devait fatalement s'éloigner de ce lieu pourrissant. Gagnant la limite du cœur solide de la Perfide, il trouva là ce dont il avait besoin, de la chair suffisamment fraîche et en bonne santé pour convenir à ce dont son animal de compagnie aurait besoin pour se sustenter. Attirer la victime puis l'offrir à l'inconscience sans trop la brusquer, pour éviter que le sang ne tourne, fut plus compliqué, et lui demanda plus d'efforts que ce genre de bête de somme n'en demanderait idéalement. Mais cela remonterait quelque peu la qualité de la nourriture, aussi s'y pliait-il sans se plaindre outre mesure. Lorsqu'il revint, le corps qu'il portait sur une épaule était encore chaud et bien vivant, complètement détendu. A tel point d'ailleurs qu'il glissait un peu de sa prise, l'obligeant à le jucher de nouveau d'une petite secousse de l'épaule de temps en temps. La porte s'ouvrit sans préambule et sans panache, le battant de bois s'écartant sur l'impulsion de sa botte afin de laisser passer et son fardeau et celui qui servait d'animal de bât pour l'occasion. Il glissa un coup d’œil à son oiselle puis déposa sa victime sur le lit avec précautions, afin de ne pas bousculer l'humain. On lui avait toujours apprit à traiter sa nourriture correctement, il avait retenu la leçon, depuis le temps. S'étirant à la suite de ce retour fructueux, l'Immaculé défroissa souplement ses muscles et se tourna avec un léger sourire en coin vers la forme laiteuse qui occupait une majorité de l'espace boisé de ses ailes.

« Bon appétit »

Tapis dans un coin, le pirate laissa toute latitude au vampire pour qu'il se nourrisse comme il l'entendait, se faisant aussi invisible et aussi discret qu'une ombre. L'occasion lui permettait d'étudier ces ailes d'un peu plus près. Ce n'était pas tous les jours qu'un vampire se retrouvait à pousser des appendices dorsaux aussi incongrus et encombrants après tout. Elles semblaient réelles, et cependant, il n'était pas certain que cela serve autre chose qu'un but purement décoratif. Laissant l'autre à sa dégustation, il se glissa hors de la pièce après quelques longues minutes et s'en alla vérifié que la robe avait terminé de sécher correctement. Il ne voulait pas qu'elle se déchire ou se déforme dès qu'on la porterait après tout. Il avait passé bien trop de temps dessus pour admettre de voir tout cela gaspillé en plus de la matière première unique en son genre. Lorsqu'il revint, Toryné semblait avoir achevé son déjeuner. Ce qui restait du réceptacle vide ne reçut pas l'ombre d'un regard alors qu'il faisait signe au vampire de le rejoindre.

« J'ai un présent pour toi »

Produisant la robe, il la déposa sur une chaise et invita le vampire à s'en approcher. En vérité, il était très fier de ce qu'il avait réussit à faire et espérait sincèrement qu'elle plairait également à celui qui devait la recevoir. Il avait tout fait pour penser la chose de la meilleure façon possible et fort heureusement, il avait pu la tailler pour qu'elle laisse passer les ailes. Ce serait déjà bien plus pratiques que la défroque qu'il portait jusque là et puis… ça lui allait bien mieux en fin de compte. C'était plus approprié, comme ornement pour son oiselle. Devait-il insister pour qu'elle accepte ? Non sans doute pas. Elle était resté après tout, peut-être avait-elle réellement compris. Seul le temps le lui dirait. Il n'avait pas la possibilité de l'enfermer pour toujours dans cet endroit, et de toute façon ça ne lui allait pas. Il lui faudrait trouver un nid plus acceptable pour préparer une cage. Et beaucoup plus de temps. Il le relâcherait en attendant, sans rien en dire. Pas besoin de lui faire tourner le sang trop vite.

« Je compte te laisser partir. Après tout, les rencontres fugaces sont les meilleurs, n'est-il pas ? Si tu es vraiment en affaire avec les capitaines, tu reviendras tôt ou tard et je pourrais m'enquérir de toi… A moins bien sûr que tu n'ai quelque chose à me demander avant cela... »

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Dans l’attente de son repas, le vampire s’était allongé sur le ventre, devant le miroir de la pièce. S’observer était la seule chose qu’il avait trouvée pour tuer l’ennui, sa tête poser sur des mains à l’unisson, l’androgyne s’amusait à battre d’une aile à l’autre au même rythme qu’il balançait ses jambes. Il se demandait combien de temps Teotl le garderait encore ici, pour le moment au moins, il semblait avoir la garantie de sortir d’ici en vie, son prédateur n’étant pas intéressé à sa chair ou à sa mort. Cependant, il espérait que ce dernier n'était pas pris d’une autre envie malsaine qui l’amènerait à poursuivre sa captivité. Il ne voulait pas finir en oiseau en cage, destiné à être l’objet de perversion de ce dégénéré. Son destin l’appelait, ce cygne noir qu’il avait vu en transe devait sûrement en être une quelconque manifestation après tout… Sa place était sur un trône, pas dans les griffes de Teotl.

Toryné avait bien fait de ne pas tenter une nouvelle tentative, l’heure n’était pas à la rébellion, il fallait savoir quand et comment gagner sa liberté. De même qu’avec Keetech, le cygne blanc allait devoir patienter et ruser avant de prendre l’ascendant sur Teotl, pour le moment joué une soumission de bonne figure, bien que forcé, était sa meilleure option. Être l’objet d’un autre pourrait d’autant plus présenter ses avantages, la dragonne de l’orage lui avait inconsciemment ouvert les portes de nouveau allié pour étendre son influence, Teotl lui… et bien, pour le moment, il lui rapportait de quoi se nourrir. L’immaculé déposa son repas sur le lit et lui gratifia d’un bon appétit, ce à quoi Toryné répondit d’un sourire quelque peu timide. Se redressant comme un félin s’étirant, une fois sur ses deux jambes, il s’approcha de long pas lent de son repas, où plutôt de sa victime, bien que cette notion était ambiguë pour un vampire.

Il pouvait entendre les battements de cœur de l’homme, son hôte l’avait-il paralysé ? Cette capacité était vraiment utile et véritablement meurtrière, paralysé quelqu’un demandait-elle de l’énergie ? Quoiqu’il en soit, Toryné payerait cher pour avoir un individu avec cette aptitude parmi ses fers valoir.

L’ailé se posa, assis, au niveau de la taille de l’être immobile, lui tournant le dos. Il n’était guère habitué à boire directement à la source, la dernière fois avait été Sinestra, mais en temps normal, en vampire civilisé, il buvait son sang dans de belles coupes. Il n’allait cependant pas faire la fine bouche, l’individu ne semblait pas être l’un de ces crasseux auxquels il avait pu être confronté lors de sa tentative de fuite. Teolt avait même fait l’effort de lui procurer un corps chaud, c’était bien plus que ce qu’il aurait pu espérer en un tel lieu. Il souleva le bras le plus proche de lui et y planta ses crocs, savourant lentement le doux nectar de vie s’écoulant dans son être.

Pendant ce temps, son hôte s’éclipsa sans que le vampire ne s’en aperçoive dans un premier temps, son esprit entièrement focalisé sur le plaisir oral. Qu’était-il parti faire ? En avait-il pour longtemps ? Cela l’inquiétait et pour cause, tout l’inquiétait dans cette situation, à tout moment, Teotl pouvait décider de vouloir lui arracher les yeux pour les conserver dans un bocal ou encore ses canines pour en faire un collier qui sait ? Il ne savait pas combien de temps s’était écoulé durant sa captivité et il craignait également que cela ne joue sur ses projets… Les courtisans sans nouvelle de lui pendant trop, longtemps, seraient une bande désorganisés, et les risques de trahison n’en était que davantage augmenté…

Il n’eut guère trop à attendre en fin de compte, très vite le beau et monstrueux Lyssien revint vers lui, lui faisant signe de le suivre. Sur ses gardes, mais docile, l’androgyne se leva et s'approcha, qu’allait-il se passer désormais ? Mais, loin d’une énième pulsion malade dont il serait la victime, ce que lui dévoila Teotl était même tout le contraire. Un présent ? Et quel présent ! L’ouvrage était magnifique, l’œil expert du vampire, qui lui-même concevait certain de ses vêtements, s’attela rapidement à l’observation poussée de la parure. Le travail était très original, peu conventionnel, un espace avait été alloué pour que ses ailes puissent passer…

-Est-ce toi qui as réalisé cela ? Demanda-t-il presque crédule alors que son regard restait indécollable de la parure. Alors que sa main touchait enfin la matière de l’habit, le vampire efféminé fut très étonné, car la matière ne lui disait rien du tout. Il semblait y avoir en parti de la dentelle et potentiellement de la soie, mais le tissu principale était un véritable mystère. Puis, petit à petit, le cheminement d’idée se fit. Pourquoi Teotl avait tant voulu le dépecer ? Il avait bien dû faire quelque chose de sa peau et il savait que c’était pas dans une optique anthropophagique, lui-même ayant avoué que la chair de vampire n’était pas bonne, cela s’appliquant sûrement aussi pour la peau. Cette matière qu’il ne reconnaissait pas, venait pourtant de lui…

Son regard s’écarquilla, la question lui brûlait les lèvres, mais il refusait pourtant de la poser, avait-il peur de la réponse qui lui semblait pourtant si évidente ? N’importe qui serait écoeuré et terrifié devant une révélation aussi macabre. N’importe qui de sain ou de typique, mais Toryné n’était rien de tout ça. Son narcissisme le poussait dans une fascination malsaine pour ce vêtement fait de sa personne, c’était comme une glorification, de lui-même par lui-même. Oui de savoir qu’il s’agissait de sa propre peau lui plaisait et si le vampire ne savait pas se contrôler, une réaction physique aurait pu être perceptible.

Sans un mot, sans un regard, Toryné enfila cette parure qui lui était destiné. La tenue ne pourrait très certainement ne jamais être portée convenablement pas une autre personne, tellement elle embrassait ses formes. “Comment suis-je ?” Demanda-t-il. Il s’approcha, de petit pas et d’un léger déhanché, “Partir ? Tout de suite ?” Sa voix était suave et murmurante, l’une de ses mains se posa sur le torse de l’immaculé, son index et son majeur y tapotant légèrement “Ne veux pas tu pas profiter un peu de ma présence ? N’y a-t-il pas quelque chose… d’autre, que tu désires ?”

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Une affirmation simple, un hochement de tête, rien de plus, pour convoyer qu’il était bien l’auteur de la parure à présent dévoilée aux yeux du vampire. Parler aurait rompu le cheminement des pensées de l’oiselle face à lui et aurait ôté une grande part de son amusement à observer la compréhension faire soudainement jour en elle. Il restait là, à le regarder, à attendre sa réaction, guettant le moindre frémissement qui le trahirait. Et puis finalement, il eut gain de cause, alors qu’un léger sourire en coin lui ourlait l’entournure des lèvres. Il avait enfin comprit de quoi il retournait ? Voilà qui était plaisant. Tout son ouvrage perdait quelque peu en intérêt si son destinataire ne comprenait pas pleinement sa teneur. Mais il la comprenait désormais et pouvait donc l’apprécier à sa juste valeur. Il sentit la question, bien qu’elle resta informulée mais décida de ne pas donner corps et tangibilité à son illumination, la préférant bien davantage à l’invocation de la vérité. Ainsi, il restait une petite part de timidité à cette vérité, une infime et naïve chance qu’elle n’existe pas tout en ayant la certitude qu’il s’agissait de la bonne réponse. Ainsi, il restait toujours cette ultime réserve, cette ultime attente jamais réellement abandonnée, jamais réellement remplie. Un frustration angoissée et éhontée.

Mais le vampire n’allait certainement pas se laisser troubler par cela, non ? Après tout, avec assez de caractère, ceci n’était qu’une superbe pièce ornementale, non ? Et il avait du caractère, n’est-ce pas ? Il pouvait l’apprécier. Lui, à tout le monde, était très fier de sa réussite. Et évidemment, il en serait plus fier encore lorsque son modèle l’aurait enfilé pour des essayages. Le laissant s’en saisir, il lui tourna lentement autours, son attention vérifiant les points les plus fragiles de sa création pour s’assurer qu’ils ne craquent pas et ne se détruisent pas. Il avait, certes, l’oeil pour les mesures et il avait vérifié une large part de ses dimensions… mais on ne pouvait jamais savoir, après tout. Et il détestait l’idée de s’être trompé ou d’avoir échoué. Peu à peu, alors que la fibre se tendait sur les formes, son doute s’étiola complètement. La robe était parfaite, elle avait exactement la tension requise, elle avait la bonne forme, le bon mouvement et complimentait ses ailes nouvellement acquises. La couleur avait bien saisie, même si un vernis supplémentaire ou un effet poudré aurait pu convenir également pour donner davantage cette impression éthérée qui convenait au personnage. Le voyant se tourner vers et et l’approcher, il haussa un sourcil et décida de garder pour lui sa critique d’art.

Parfaite

Il n’avait pas bougé, pas frémit, pas tiqué, offrant une réponse sincère mais semblant désintéressée. En vérité, il surveillait son approche avec méfiance. Le soudain jeu de séduction ne collait pas avec son attitude jusque là et il n’était pas encore assez idiot pour avaler aussi aisément un tel revirement. Essayait-il réellement de le séduire à présent ? Un moment, il considéra l’idée avant de la rejeter. Non, il ne le voulait pas, du moins ne voulait-il pas céder aussi aisément et le laisser se gratter un avantage. Ménager leur prochaine rencontre l’intéressait davantage. Prenant sa main, il y déposa un galant baiser avant de mordiller sa chair délicatement.

Non… je réserve cela pour notre prochaine rencontre

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