Pas de pompe, pas de grands étalages ni de cérémoniale figuration… en vérité, pas même un réel comité d'accueil. Elle était seule, haute figure portant l'armure de la citadelle Délimarienne, cheveux sombres ondoyant dans la brise marine, yeux pâles fixés sur le navire qui approchait, effectuant sa manœuvre de mise à quai. Aucun garde ne l'accompagnait, aucune suite, pas de messagers, encore moins de dames de compagnies, et pourtant elle ne paraissait nullement solitaire, nullement isolée ou menacée. Ses traits graves et durs ne cachaient pas le souci qui l'habitait, et elle ne se fendit d'aucun sourire mielleux ou hypocrite lorsque le souverain Sélénien posa le pied dans l'enceinte de la ville, pendant que les marins s'occupaient du navire de son grand-père. Alors que le jeune homme était guidé vers elle, Tryghild laissa ses mires se perdre dans les voilures de La Glacern, éprouvant un puissant sentiment de soulagement à savoir son aïeul encore en vie et ici, auprès d'elle. L'instant perdura sans qu'elle n'y mette fin trop brusquement, et pourtant, elle revint bien vite au très délicat colis que Nyko lui avait ramené et dont elle n'était toujours pas certaine de savoir quoi faire exactement. Elle n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle devait aborder la raison pour laquelle ils se regardaient tous deux en chien de faïence en cet instant, elle ne savait pas quoi dire, comment le dire, comment faire passer un message clair et arriver à son but… Il était jeune, tellement jeune, trop jeune même, cela rendait les choses tellement difficiles… mais de toute façon il n'y avait pas le choix, il fallait boire son verre en entier une fois servit, faire dans la demi-mesure ne lui ressemblait pas. Elle se devait d'agir, pour sa patrie. Toujours pour sa patrie.
« Bonjour .» fit-elle sèchement.
Et elle lui tendit brusquement une dextre, amorçant une poignée de main virile et bourrue. Ce n'était absolument pas ce qu'elle avait eut l'intention de faire, et la raideur de ses épaules montrait assez qu'il s'agissait d'un automatisme difficilement contenu. Dans sa tête, cela avait sonné autrement, elle était plus prolixe, moins brutale et concise. Dans sa tête, il y avait une salutation plus complète, avec un titre, et éventuellement s'enquérir de comment le voyage s'était passé, mais devant ses inquiétudes, tout cela était passé à la trappe et elle avait foncé dans ses habitudes, sans faire cas du reste. Tant pis. Son regard franc accrocha le sien, le gardant et le jaugeant un instant sans se cacher, prenant la mesure. L'Intendante dépassait le souverain largement, mais elle escomptait qu'il ne se ferait pas plus petit encore face à elle. Ilhan désespérerait certainement et cela l'ennuyait de ne pas faire honneur à ses enseignements, mais elle espérait le faire d'autres manières en tout cas. Par l'essence du dialogue à ouvrir et si les Déesses le voulaient, par un accord entre eux… et il faudrait au moins les Déesses pour qu'elle réussisse un jour à se comporter comme une politicarde. Serrant les dents, elle nota sans mal qu'il allait bien et n'était ni malade ni blessé, aussi décida-t-elle de se passer de questions creuses et courtoises. Si elle était courtoise, elle, c'était en ne leur faisant pas perdre leur temps. Après un instant, elle recula donc légèrement et se détourna de moitié pour indiquer l'intérieur de la ville. Celle-ci était encore grouillante d'activité et malgré l'importance de la venue du souverain rival, les habitants ne semblaient pas plus perturbés que cela, remplissant leurs devoirs avec abnégation et efficacité.
« Venez .»
Intérieurement, elle remercia Aldaron de lui avoir servit d'exercice pour calquer son pas à celui d'un autre, aussi réussit-elle à ne pas le perdre ou leur faire jouer les instruments de musique saugrenus. Ce fut à pied qu'ils marchèrent dans les rues de la ville en direction de la citadelle principale, car elle n'avait pas voulut de montures. La marche en elle-même était autant un test pour circonvenir sa personnalité qu'un moyen de la garder elle en mouvement pendant qu'ils discutaient afin de ne pas lui donner le mal de mer. Elle avait tant de mal à rester en place qu'en l'instant, avec toute l'importance du moment et de ses décisions, devoir attendre sans bouger serait un supplice bien trop atroce. Parfois, elle saluait un homme ou une femme sur leur chemin, d'un simple signe de tête, sans rien dire. Il fallut au moins une bonne quinzaine de minutes avant qu'elle ne se décide à rompre de nouveau le silence qui s'était établit entre eux, tendu, au moins à ses yeux à elle. Sa voix n'avait aucune douceur particulière, et lorsqu'elle parla, elle eut, au fond d'elle-même, l'impression que son cœur allait quitter sa poitrine pour s'en aller, sautillant, sur les pavés. Elle ne devait pas faire d'erreurs, elle devait être au mieux d'elle même, de cette rencontre dépendrait peut-être la paix et la sécurité des siens… surtout la sécurité. Elle avait d'innombrables attentes sur les épaules et n'avait pas le droit de reculer ou d'hésiter, pas le droit à une seconde chance. Bien sûr que la pression était là, c'était tout naturel, le contraire l'aurait couvert de honte car cela l'aurait désignée comme frivole et inconséquente. Elle ne l'était pas ! Elle était la digne fille de son père, elle avait été choisie comme Intendante pour une raison. Une bonne espérait-elle.
« J'ai eu les rapports de mes hommes sur l'état de Cordont. Je sais la ruine et la menace qui pourrait se trouver là, sous nos pieds. Je sais ce que les autres dirigeants de l'Alliance pensent de tout cela. Et vous, Empereur ? Qu'en pensez-vous ? Vous avez vu le golem désactivé, sur place, vous avez vu les décombres… qu'est-ce que ça vous a inspiré ? Qu'est-ce que ça vous a fait ? .
Elle laissa un instant passer, avant d'ajouter, avec un calme étrange, et davantage de contrôle, sa dynamique fixée par la marche et elle ne pu que se féliciter davantage d'avoir choisit cette option plutôt qu'une autre.
« Je ne sais pas ce qu'on vous a dit de moi. Je préfère l'affirmer dès à présent, je ne suis pas une policitienne, je ne manie pas les mots comme des armes. Lorsque je parle, c'est pour des échéances concrètes. Je n'ai pas l'intention de nous faire perdre du temps à tous les deux. J'espère que cela vous convient… .»
« Bonjour .» fit-elle sèchement.
Et elle lui tendit brusquement une dextre, amorçant une poignée de main virile et bourrue. Ce n'était absolument pas ce qu'elle avait eut l'intention de faire, et la raideur de ses épaules montrait assez qu'il s'agissait d'un automatisme difficilement contenu. Dans sa tête, cela avait sonné autrement, elle était plus prolixe, moins brutale et concise. Dans sa tête, il y avait une salutation plus complète, avec un titre, et éventuellement s'enquérir de comment le voyage s'était passé, mais devant ses inquiétudes, tout cela était passé à la trappe et elle avait foncé dans ses habitudes, sans faire cas du reste. Tant pis. Son regard franc accrocha le sien, le gardant et le jaugeant un instant sans se cacher, prenant la mesure. L'Intendante dépassait le souverain largement, mais elle escomptait qu'il ne se ferait pas plus petit encore face à elle. Ilhan désespérerait certainement et cela l'ennuyait de ne pas faire honneur à ses enseignements, mais elle espérait le faire d'autres manières en tout cas. Par l'essence du dialogue à ouvrir et si les Déesses le voulaient, par un accord entre eux… et il faudrait au moins les Déesses pour qu'elle réussisse un jour à se comporter comme une politicarde. Serrant les dents, elle nota sans mal qu'il allait bien et n'était ni malade ni blessé, aussi décida-t-elle de se passer de questions creuses et courtoises. Si elle était courtoise, elle, c'était en ne leur faisant pas perdre leur temps. Après un instant, elle recula donc légèrement et se détourna de moitié pour indiquer l'intérieur de la ville. Celle-ci était encore grouillante d'activité et malgré l'importance de la venue du souverain rival, les habitants ne semblaient pas plus perturbés que cela, remplissant leurs devoirs avec abnégation et efficacité.
« Venez .»
Intérieurement, elle remercia Aldaron de lui avoir servit d'exercice pour calquer son pas à celui d'un autre, aussi réussit-elle à ne pas le perdre ou leur faire jouer les instruments de musique saugrenus. Ce fut à pied qu'ils marchèrent dans les rues de la ville en direction de la citadelle principale, car elle n'avait pas voulut de montures. La marche en elle-même était autant un test pour circonvenir sa personnalité qu'un moyen de la garder elle en mouvement pendant qu'ils discutaient afin de ne pas lui donner le mal de mer. Elle avait tant de mal à rester en place qu'en l'instant, avec toute l'importance du moment et de ses décisions, devoir attendre sans bouger serait un supplice bien trop atroce. Parfois, elle saluait un homme ou une femme sur leur chemin, d'un simple signe de tête, sans rien dire. Il fallut au moins une bonne quinzaine de minutes avant qu'elle ne se décide à rompre de nouveau le silence qui s'était établit entre eux, tendu, au moins à ses yeux à elle. Sa voix n'avait aucune douceur particulière, et lorsqu'elle parla, elle eut, au fond d'elle-même, l'impression que son cœur allait quitter sa poitrine pour s'en aller, sautillant, sur les pavés. Elle ne devait pas faire d'erreurs, elle devait être au mieux d'elle même, de cette rencontre dépendrait peut-être la paix et la sécurité des siens… surtout la sécurité. Elle avait d'innombrables attentes sur les épaules et n'avait pas le droit de reculer ou d'hésiter, pas le droit à une seconde chance. Bien sûr que la pression était là, c'était tout naturel, le contraire l'aurait couvert de honte car cela l'aurait désignée comme frivole et inconséquente. Elle ne l'était pas ! Elle était la digne fille de son père, elle avait été choisie comme Intendante pour une raison. Une bonne espérait-elle.
« J'ai eu les rapports de mes hommes sur l'état de Cordont. Je sais la ruine et la menace qui pourrait se trouver là, sous nos pieds. Je sais ce que les autres dirigeants de l'Alliance pensent de tout cela. Et vous, Empereur ? Qu'en pensez-vous ? Vous avez vu le golem désactivé, sur place, vous avez vu les décombres… qu'est-ce que ça vous a inspiré ? Qu'est-ce que ça vous a fait ? .
Elle laissa un instant passer, avant d'ajouter, avec un calme étrange, et davantage de contrôle, sa dynamique fixée par la marche et elle ne pu que se féliciter davantage d'avoir choisit cette option plutôt qu'une autre.
« Je ne sais pas ce qu'on vous a dit de moi. Je préfère l'affirmer dès à présent, je ne suis pas une policitienne, je ne manie pas les mots comme des armes. Lorsque je parle, c'est pour des échéances concrètes. Je n'ai pas l'intention de nous faire perdre du temps à tous les deux. J'espère que cela vous convient… .»
Dernière édition par Tryghild Svenn le Ven 28 Sep 2018 - 21:43, édité 1 fois