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descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyL’amour à la draconique [PV Keetech]

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¤ Le présent ¤

25 novembre de l’an 1762 du troisième âge

Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis ce fameux jour où le dragon rouge, accompagné de ses protégés, de quelques bipèdes sans importance dont leur seule présence était due à la nécessité invoquée par son frère, mais aussi et surtout sa belle et douce Keetech, s’était rendu au sein du royaume des morts. Le voyage avait été particulièrement inédit et personne d’autre qu’eux ne pouvait se vanter d’avoir confronté les dangers qu’ils ont rencontrés et d’avoir pu contempler de leurs yeux les paysages insolites qui se sont présentés à eux. L’enfant de l’orage se souvenait encore parfaitement de ce fleuve suspendu dans le vide seulement éclairé par mille et une lueurs autour d’eux semblables à des étoiles dans la nuit. Cette traversée sur le bateau de verre, où avait-elle eu lieu exactement ? Combien de chemin existait-il de ce genre ? Combien d’autre monde exister ? Celui des morts, le plan astral, le plan physique. Tant de mystère que le dragon rouge aimerait élucider, tant d’aventure que le colérique aimerait vivre. Quitter le continent sauvage avait importé son lot de regret, pour autant, si c’était à refaire, il le referait. Il avait enduré de nombreuses épreuves, il avait enduré de nombreuses souffrances, mais il en était ressorti grandit, plus fort, et plus conscience des menaces pesant sur les siens. Ainsi, il était plus à même de les en protéger.

Toutefois, cette fois-ci, il ne s'était pas mis seul en danger. Il avait mis en danger sa compagne en lui demandant de l’accompagner. Plus encore, il lui avait demandé quelque chose de fort couteux lorsque les baptistrels avaient d’user de leur pouvoir afin de les rétrécir et leur permettre d’entrer dans la faille. Et pour tout cela, le dragon avait promis de se faire pardonner auprès de sa douce. Il devait donc trouver un moyen de se racheter. Oh certes, il avait quelques petites idées pour y parvenir, connaissant très bien sa compagne, mais le problème était le temps. Il y avait fort à faire, le rouge était un constant mouvement, découvrant ce nouveau territoire, rencontrant les espèces qui y vivaient, le tout en étant toujours préoccupé par la menace immédiate à savoir celles des chimères. Pour le bien des siens qu’il s’était juré de protéger, il devait trouver un moyen de stopper l’ennemi. Il connaissait des méthodes, mais encore fallait-il posséder les ressources pour les mettre en œuvre. Malheureusement, le colérique aussi fort soit-il, il avait ses limites.

Pour autant, après d’importantes recherches, il semblait avoir obtenu une piste. La Bâoli, une antique légende qu’il avait apprise en rencontrant une importante tribu de Graärh au nord de l’île baptisée par les vampires y vivant Nyn-Tiamat en l’honneur de sa fille. Après avoir fait un effort conséquent pour réussir à trouver un espoir de le localiser, l’enfant de l’orage pouvait enfin faire une pause. Il aimait profondément Keetech, aussi était-il peiné de devoir faire attendre ses excuses, pourtant il préférait cent fois affronter sa colère plutôt que de la voir périr de la main des Chimères. Cette simple pensée lui était intolérable. Cependant, le temps était à présent venu, sa psyché apaisée par l’espoir de localiser le puits décrit dans les légendes félines  il pouvait enfin accorder tout son temps à sa dulcinée.

Sachant que cette dernière se trouvait sur l’île de Calastin, l’enfant de l’orage avait entendu son esprit afin de la contacter et lui demander si elle pouvait le rejoindre, sur la pointe nord de l’île en forme de croissant de lune. Il avait projeté dans son esprit l’image du lieu exact où il souhaitait la voir. Il s’agissait d’une immense falaise qui s’avançait sur la mer, de là on pouvait voir au loin récif du croc du dragon. Ce lieu bien que beau pour un bipède ne pouvait révéler sa magnificence qu’aux dragons en raison de leur acuité visuelle bien plus développer. Ainsi les géants d’écailles pouvaient voir la lumière du soleil se refléter sur la fine couche de glace et les icebergs du récif des crocs du dragon, donnant depuis la falaise, l’impression que cette partie de la mer était fait l’or. Un spectacle particulièrement plaisant pour les yeux.

Mais si le cadre était beau, il ne serait pas suffisant pour se faire pardonner. Verith devait trouver autre chose à offrir à sa belle, et il savait exactement quoi. Le trouver, en revanche, serait une autre histoire. Mais rien d’impossible pour le rouge. S’il avait été en mesure de trouver et faire construire une copie précaire d’un antique objet Tarenth dans l’objectif de localiser le Bâoli, il pouvait parfaitement trouver des bananes ! Et en quantité. Or, le rouge avait une petite idée ne l’endroit où il pourrait en obtenir.

Calastin était une ile où l’on trouvait de nombreux animaux, mais peu de végétaux, l’endroit était impropre à l’agriculture. Elle n’était pas impossible, mais la qualité du sol était particulièrement mauvaise. Pourquoi ça d’ailleurs ? Peut-être cela avait-il un rapport avec le fait qu’à de très nombreux endroits de l’île, pour ne pas dire sa totalité, son sol semblait creux. Un phénomène très étrange, auquel le rouge n’avait pas le temps de s’y intéresser. Peut-être plus tard, une fois les chimères vaincues. Il ne pouvait être partout à la fois. Aussi, si l’agriculture était pauvre, les royaumes bipèdes environnants n’avaient d’autres choix que de l’importer d’ailleurs. Et des îles qu’il avait visitées, Keet-Tiamat était le meilleur endroit pour pratiquer la culture de la flore. Son fleuve nourrissant ses berges d’une façon fort étonnante. Il y avait de la magie là-dedans, beaucoup de magie. Mais encore une fois, le rouge n’avait le temps de s’en préoccuper.

Néanmoins, se rendre à Keet-Tiamat serait beaucoup trop long et il ne voulait pas faire attendre la dragonne d’orage plus longtemps. La chose à faire était donc simple, s’en prendre aux navires bipèdes venant de cette direction. Et il ne serait pas difficile pour le nez du dragon de distinguer ceux transportant ce qui l’intéressait. Ainsi, l’enfant de l’orage mena plusieurs assauts, dans le temps qui lui était imparti, afin d’obtenir un stock suffisant. Il rassembla le tout le jour venu dans un des bateaux qu’il n’avait pas détruits, en brisant le mat et le pont de sorte qu’il ne reste plus que la cale à la façon d’un récipient. Il serait ainsi plus simple de transporter et disposer son présent. Verith usa de ses puissantes ailes pour transporter l’embarcation au sommet de la falaise, là où devait avoir lieu le rendez-vous, et se posa, attendant l’arrivée de Keetech, venant masquer de son aile l’embarcation.

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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Depuis plusieurs mois, Keetech avait élu domicile sur cette ile en forme de croissant lunaire que les bipèdes nommaient Calastin ; non point qu’elle s’y plaisait particulièrement car ses paysages, composés de plaines mornes au nord et de collines au sud, étaient dénués d’attraits à ces yeux.

Toutefois, le haut plateau rocheux qui surplombait l’ile abritait de nombreux herbivores dont la chair au gout succulent constituait un véritable festin.

Sans compter que la reine des nuées possédait le pouvoir de se déplacer rapidement d’un bout à l’autre de cet archipel dont elle n’avait pas encore percé tous les secrets et celle-ci devait admettre que Tiamaranta ne manquait pas d’intérêt, même s’il n’égalait pas en magnificence le continent sauvage dont elle était originaire. Une fois qu’elle aurait exploré les moindres recoins de Calastin, elle visiterait d’autres îles de fond en comble et qui sait, peut-être découvrirait elle quelque chose qui aiderait son compagnon dans sa quête.

D’ailleurs cela faisait des mois qu’elle ne l’avait pas revu, depuis qu’ils étaient rentrés du Royaume des morts, même si elle pouvait ressentir sa présence et qu’il lui suffisait de chercher son esprit pour pouvoir entrer en communication télépathique avec lui. L'écailleuse savait qu’il recherchait avec acharnement un moyen de vaincre ces créatures nommées chimères et même s’il n’en laissait rien paraître, en raison de son tempérament secret, elle devinait son inquiétude et surtout son fervent désir de la protéger. Quoiqu’il arrive et peu importe les épreuves que ce dernier devrait affronter, celui-ci resterait toujours fièrement dressé dans l’adversité et protégerait les êtres les plus chers à son cœur, elle et leur fille Nynsith.
Et c’était sans doute l’un des raisons pour lesquelles elle l’aimait tant et avait quitté le continent sauvage pour rejoindre Ambarhùna après avoir eu l’indicible pressentiment que l’écarlate courrait un grave danger.

Leur longue séparation lui avait appris que jamais elle ne pourrait supporter de voir périr son époux et désormais elle désirait se joindre à son combat et œuvrer à la réussite de leur cause.

Pourtant, le dragon de l’ire persistait à lui faire des cachotteries et laissait planer le mystère sur ses activités, mais elle savait qu’un dragon aussi hyperactif que lui explorait probablement cet archipel à la recherche de solutions.

De son côté, la reine des nuées avait fait certaines découvertes sur Calastin qui méritaient d’être examinées avec la plus grande attention. Par exemple, durant ses pérégrinations sur l’ile en forme de croissant de lune, Keetech avait remarqué la présence de créatures nommées Golems et cette espèce semblait endémique à Calastin, du moins à sa connaissance, car le bestiaire de Tiamaranta était riche et varié. Sans compter que cet endroit abritait une grande magie qu’elle pouvait ressentir grâce à ses sens sur-aiguisés et ses affinités avec cette essence mirifique.

Keetech avait aussi rencontré certains bipèdes, comme Sinestra, une jeune prêtresse de la Rose ardente, qu’elle avait maudite et qui était devenue sa jeune protégée. Cette relation malgré sa brièveté avait troublé la dragonne de l’orage, en lui révélant l’instinct protecteur qu’elle pouvait développer à l’égard de certains bipèdes, à condition de ceux-ci acceptent d’embraser sa cause et de se comporter avec le respect dû à ces fiers sauriens.
Hélas, Sinestra avait péri de la main d’un conseiller vampirique nommé Toryné Dalis et Keetech après l’avoir retrouvé afin de rendre la justice draconique au nom de sa jeune protégée avait décidé de faire de lui son serviteur. Après tout, cet étrange androgyne pourrait lui être utile grâce à sa fourberie typiquement bipédique, son influence et aussi son or hérité de la famille Dalis, en dépit du fait que l’écailleuse ne comprenait pas bien l’importance que ces morceaux de métal revêtaient pour les deux-pattes.

Toutefois, l’écailleuse avait compris que l’or et les richesses permettaient d’obtenir des biens matériels et de gagner en puissance et en influence, malgré le fait qu’elle jugeait inconscient le fait de s'y fier aveuglement. Après tout, d'autres armes existaient et pouvaient se révéler au moins aussi utiles, si pas plus que ces vulgaires piécettes.

Cependant, par le biais de sa servitude, Toryné pourrait œuvrer à la cause de l’anti-lien et l’aider à mieux comprendre ce monde de bipèdes qui par certains aspects demeurait complètement étranger à sa mentalité draconique et la déroutait.

D’ailleurs la saurienne se demandait s’il lui serait un jour possible de parvenir à comprendre l’esprit de ces créatures tant le fossé mental qui les séparait semblait abyssal ; toutefois peu à peu elle parvenait à mieux cerner leur mentalité et à appréhender leurs mécanismes de pensées. Malgré cela, elle observait toujours avec perplexité les mouvements de leurs lèvres et les sons articulés qui s’en échappait lorsque les bipèdes conversaient entre eux. Doté de la capacité de communiquer par télépathie, à ses yeux leur langage ressemblait à un babillage grossier.

La dragonne de l’orage avait également fait une curieuse découverte récemment. Au début du mois de Novembre, en survolant l’ile, cette dernière avait remarqué la présence d’un énorme cratère qui semblait conduire dans les profondeurs de cette terre qui semblait creuse et dont le sol était d’une pauvreté inhabituelle.

Depuis lors, la Saurienne s’interrogeait sur ce que pouvait contenir l’intérieur de Calastin qui soit susceptible d’attiser à ce point la convoitise des bipèdes. Voilà qui se révélait fort intriguant et mériterait de plus amples investigations ; peut-être devrait elle s’en ouvrir à son compagnon et lui faire part de certaines de ses observations.

D’ailleurs, ce dernier l’avait contacté télépathiquement pour connaitre le lieu où elle se trouvait et l’y rejoindre. Keetech n’avait pas oublié la colère et l’humiliation ressentie lorsque les Baptistrels l’avaient rétréci pour lui donner la taille d’un dragonnet ; en y repensant, elle sentit ses écailles se hérisser d’indignation et il se promit de gourmander son époux dès qu’elle le reverrait car ce dernier n’avait toujours pas présenté ses excuses à sa bien-aimée.

Et l’écailleuse qui savait se montrer aussi déterminée et volontaire que son compagnon était résolu à ne pas lui pardonner s’il ne lui présentait pas des excuses en bonne et due forme et un cadeau  à la mesure de l’offense commise.

Afin de mener à bien son combat contre les bipèdes et le lien, le dragon de l’ire n’avait pas hésité à se rendre jusqu’au pays des défunts, situé aux confins de l’univers connu et à affronter de nombreux dangers.

Elle se remémora l’étrange voyage qui les avaient conduit au sein du Royaume des morts en compagnie des protégés bipèdes de son époux dans le but de réactiver le mécanisme de réincarnation et délivrer les âmes prisonnières. C’est lors de ce périple que l’écailleuse avait découvert les tragiques évènements d’une de ses vies antérieures durant laquelle elle incarnait un enfant-elfe assassiné par son propre père ; un frisson de répulsion lui parcourut l’échine à ce souvenir qu’elle espérait effacer de sa mémoire. C’est également au cœur de ce sanctuaire inviolé par les vivants qu’elle avait rencontré le Tarenth et Cymbor le frère décédé de Verith.

Après tant d’années de lutte, d’espoirs et de déceptions, son bien-aimé avait pu rencontrer son frère disparu et discuter avec lui avant de repasser le portail menant au monde des vivants et ce jour-là son épouse se trouvait à ses côtés. Cette pensée la rasséréna tandis qu’elle survolait les plaines de Calastin, les couvrant de son ombre immense, en direction de la pointe nord de l’ile où l’écarlate lui avait donné rendez-vous. Son cœur battait fort dans sa poitrine et elle ressentait un mélange d’impatience et d’anxiété à l’idée de revoir son compagnon après ses longs mois de séparation car le Rouge semblait aussi insaisissable que le vent d’été, même pour celle avec qui il s’était marié draconiquement. Et l’écailleuse ne doutait pas qu’outre ses indispensables excuses, Verith aurait de nombreuses choses à lui apprendre sur les raisons qui l’avaient gardé éloigné d’elle des mois durant et surtout sur ses éventuelles avancées. Du moins, celle-ci l’espérait et était déterminée à en apprendre plus à ce sujet car désireuse d’aider son époux à atteindre ses objectifs.

En arrivant au lieu convenu, Quartzécaille aperçut la forme massive et puissante, aux écailles d’un rouge ardent de son mâle et en le voyant elle se surprit à songer que ce dernier était une créature magnifique, malgré les stigmates laissés sur sa chair par ses innombrables combats. A leur vue, elle se remémora les rudes combats qu’il avait menés contre ses autres prétendants afin de lui prouver sa valeur et conquérir son cœur. Une pointe d’attendrissement naquit en elle à ce souvenir et cette dernière se posa à côté de Verith, dont l’aile éployée dissimulait quelque chose…décidément, il serait dit que le dragon de l’ire, fidèle à lui-même, lui ferait des cachotteries jusqu’au bout. Toutefois, Keetech décida de faire comme si de rien n’était et ses mires azurées se posèrent sur les crocs-de-givre dont la forme étincelante, ressemblant à des énormes dents de diamants, apparaissaient dans le lointain.

Pour leurs retrouvailles, son époux lui avait donné rendez-vous dans un lieu splendide d’où ils pouvaient admirer la splendeur des flots que la lumière solaire transformait en un miroir doré et où leurs mires de dragon discernaient dans le lointain, auréolés des brumes marines, les contours des crocs de givre. Le spectacle d’une beauté époustouflante, la laissa un moment bouche bée, avant que celle-ci ne se décide à prendre la parole.

- Bonjour Verith
, dit-elle d’un ton froid, qui laissait deviner que derrière la carapace de glace qu’elle s’était forgée, un brasier couvait. Cela fait plusieurs mois que nous ne nous sommes pas vus. Je suppose que tu étais très occupé mais j’ose espérer que tu n’as rien oublié…

Elle appuya bien sur la dernière partie de sa phrase que pour son époux devine à quoi celle-ci faisait allusion. Puis tournant la tête, elle plongea son regard céladon dans les prunelles dorées du Rouge, guettant sa réaction.

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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¤ Excuse ¤

Le dragon de l’ire, qui avait vu le jour par-delà l’océan, avait traversé cette étendue d’eau pour trouver son frère, n’y avait trouvé que le malheur et le danger, luttait à présent contre les terribles forces qu’il avait découvertes sur la terre des dragons. Contraint à fuir cette terre qui leur revenait de voir, il s’acharnait à présent à défendre les siens en déployant toutes ses forces à découvrir un moyen de vaincre ceux qui les menaçaient. Malheureusement, cette folle quête requérait de nombreux sacrifices, des sacrifices qu’il n’était plus le seul à subir désormais. La dragonne de quartz, qui avait vu le jour par-delà l’océan, avait élevé une fille en l’absence de son père, avant d’aller avec elle à la recherche de ce dernier. Le dragon de l’ire s’était retrouvé contraint d’impliquer une partie de sa famille, l’obligeant à faire elle aussi des sacrifices pour mener une quête essentielle. Mais à présent, le dragon devait faire face aux conséquences de ces sacrifices et tenter de les réparer.

L’enfant de l’orage avait donné rendez-vous à celle qui avait su posséder son cœur rempli de colère, préparant minutieusement l’instant. Pour dompter une bête féroce, il faut être encore plus féroce qu’elle. Aussi Verith allait-il devoir se montrer prudent envers celle qui avait su se montrer suffisamment féroce pour le dompter. Déjà l’enfant de l’orage entendait le vent se plier sous l’approche aérienne d’un dragon. Keetech était encore loin, mais il l’entendait arriver. L’ouïe, l’odorat, tant de sens sur lesquels il avait dû se reposer quand Vie lui avait arraché la vue. Aujourd’hui, ses mauvais souvenirs étaient derrière lui. Aujourd’hui, il n’allait pas y penser, depuis que sa famille était de retour, il pouvait profiter de rare moment d’apaisement. Un luxe dont il avait été privé depuis son départ du continent sauvage.

Le rouge restait immobile, se contentant de fixer l’horizon, attendant, patiemment, que Keetech arrive et se pose près de lui. Verith était le genre de personne après qui on n’arrêtait pas de courir. Incapable de tenir en place, il était toujours en train de chercher, d’explorer ou de se battre. Non pas qu’il ne se préoccupait pas de ses proches qui étaient contraints de venir à lui au lieu que ce soit l’inverse, bien au contraire. Lui aussi aimerait bien que les rôles s’inversent par moments. Mais ce n’était pas le cas, et cela ne serait peut-être jamais le cas. Le rouge suivait une voie, et ceux qui voulaient le côtoyer n’avaient pas d’autre choix que de l’emprunter aussi s’il voulait le trouver. Ce qui, d’un côté, le rendait assez facile à trouver.

Très bientôt, le ciel, la terre, la mer et la magie se mirent à vibrer sous l’arrivée d’un dragon. Keetech était là. Verith tourna légèrement la tête pour venir poser son regarder sur les cristaux de cette dernière qui semblaient scintiller sous les rayons du soleil couchant. Le rouge remarqua rapidement que le regard de la dragonne était captivé par le spectacle qu’offrait la nature. Il ne dit mot, attendant que cette dernière ne parle en premier. Cela ne tarda pas dès que Keetech parvint à extirper son regard du récif gelé, le ton de celle-ci fut presque aussi froid que les icebergs qui formaient de dernier. L’enfant de l’orage ne put s’empêcher de deviner que tout ceci n’était qu’une façade, il ne connaissait que trop bien la dragonne d’orage. Il savait qu’intérieurement, cette dernière bouillait et qu’il valait mieux pour lui d’éteindre le brasier avant qu’il ne se fasse tirer les cornes. Mais le rouge était irrécupérable.

Verith prit un air et un ton faussement étonné et paniqué quand il s’adressa à Keetech.

« Hein quoi ? Je devais me souvenir de quelque chose ? Mince, je crains avoir été tellement occupé  que j’en ai oublié ce dont je devais me souvenir … »

Le rouge vint lever une patte pour se gratter le bout du museau à l’aide d’une griffe, faisant mine de prendre un air pensif.

« Mh … si effectivement maintenant que tu me le dis, il y avait bien quelque chose … qu’est ce que ça pouvait être … »

La patte du rouge passa de son museau au sommet de son crâne, venant d’une griffe gratter les écailles entre ses cornes. Il prit un air encore plus pensif forçant même le trait.

« Mhhh …. Je crois que ça me revient … Je suis persuadé que ça à un rapport avec ça. »

Verith redevint un petit peu plus sérieux et leva son ail, venant révéler à la dragonne la coque d’un navire qui dégueulait de victuaille. Il semblait y avoir de la banane, beaucoup de bananes, presque intégralement que de la banane. Cependant, en se concentrant un peu, en humant l’odeur qui s’en dégageait, on pouvait déceler autre chose. Une fragrance particulièrement, salée, marine. Tel un cadeau, les bananes en constituaient le papier, tandis qu’en son cœur se trouvaient d’épais et juteux morceaux de baleine.

« Je suis désolé de t’avoir demandé de m’accompagner dans un endroit dangereux, de t’avoir demandé de coopérer avec des bipèdes et que tu aies dû être rétrécis à la taille d’un dragonnet … même si je dois avouer que te voir ainsi m’a rappelé le bon et ancien temps du continent qui nous a vu naitre. »

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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Après un instant de méditation contemplative face à la magnificence du spectacle de ces lointains pics de glaces, nimbés de la brume marine et illuminés par les rayons du soleil, Keetech porta son attention sur son bien-aimé, le mirant avec sévérité. Malgré la façade de froideur marmoréenne qu’elle arborait, la tempête grondait dans son cœur, non seulement en raison de l’absence d’excuses du Rouge suite à « l’incident » du rétrécissement, mais aussi à cause des multiples cachoteries qu’il lui faisait depuis de longs mois. Certes, elle connaissait son tempérament secret et n’était pas intrusive au point d’exiger que ce dernier lui révèle la moindre de ses pensées, par égard pour son intimité ; cependant, la dragonne de Quartz se sentait blessée d’être ainsi laissée à l’écart des quêtes de son époux tandis que celui-ci parcourait l’archipel dans tous les sens afin d’en percer les nombreux mystères.

Elle-même ressentait la présence d’une magie différente de celle d’Ambarhùna et devinait que Tiamaranta leur reverserait encore bien des surprises à l’avenir, certaines bonnes, d’autres mauvaises. Et unir les forces et l’intelligence de plusieurs dragons ne serait probablement pas superflu, surtout si les chimères parvenaient à retrouver leurs traces et à envahir l’archipel où les rescapés du continent dévasté d’Ambarhùna avaient trouvé refuge. Doté d’un esprit sage et avisé, la Saurienne ne savait que trop bien que le danger n’était jamais totalement écarté et que mieux valait demeurer sur ses gardes et prêt à lutter face à de nouvelles menaces plutôt que de se reposer sur ses lauriers.

Pendant ces récents mois de séparation avec son bien-aimé, Keetech, quant à elle, n’était pas non plus demeurée inactive et avait fait plusieurs rencontres, certaines des plus enrichissantes, avec des bipèdes et un dragon nacré nommé Kaalys, et les informations recueillies l’aidaient à mieux appréhender la psychologie bipédique et cet univers énigmatique. Pour une dragonne libre, née sur le continent sauvage, la psyché d’un bipède ressemblait à un dédale nébuleux et elle peinait encore à comprendre la raison de certains de leurs comportements ainsi que les valeurs saugrenues qui les animaient, comme leur quête irrationnelle de ces morceaux de métaux nommés or. Néanmoins, il s’agissait de points à ne pas négliger et cette dernière avait conscience de la nécessité d'accroître ses connaissances sur les bipèdes, leurs mœurs ainsi que les règles qui régissaient leurs sociétés, ainsi que poursuivre l’exploration de cet archipel afin de mettre à jour certaines secrets enfouis au sein de ces îles.

Mais la reine des nuées apprenait vite et, à l’instar de l’écarlate, celle-ci envisageait de collaborer avec certains de ces deux-pattes, pour peu que ceux-ci sachent se montrer dignes de sa confiance,  ou possèdent des compétences utiles à la poursuite de ses objectifs.

Dardant ses mires de givres, aussi glacées que des glaciers éternels, sur son compagnon la fille des tempêtes le toisa guettant sa réaction. Connaissant Verith, celle-ci savait qu’il tenterait de l’amadouer et userait de la ruse afin de calmer le bouillonnement intérieur qui couvait sous la façade impassible de son épouse. Feignant l’ignorance et sur-jouant une réaction effrayée, le dragon de l’ire s’adressa à elle.

Les prunelles d’azurites de Quartzécaille s’étrécirent tandis qu’elle scrutait son bien-aimé avec suspicion. Celui-ci préparait sûrement quelque chose mais la Saurienne n’était pas née de la dernière pluie et ne se laisserait pas duper facilement.

- Oublié ? Tu m’en diras tant, voilà qui ne te ressemble guère d’être si négligent. Mon pauvre Verith, tes recherches éreintantes au sein de cet archipel ont dû altérer tes souvenirs,
dit-elle en feignant un ton faussement contrit. Puis prenant soudain une voix plus dure et sévère, elle poursuivit :
- Crois-tu pouvoir retrouver la mémoire seul ou dois-je te la rafraîchir ?

C’est alors que l’écarlate leva une patte et se gratta le museau avec sa griffe tout en simulant un air pensif avant de poursuivre son simulacre de réflexion en se grattant le crâne.
- Mon cher ami, tu t’enfonces…grogna la tempétueuse écailleuse, sentant que si son époux persistait à jouer ce petit manège celui-ci risquait rapidement d’épuiser sa patience.
En dépit de son tempérament calme et de la grande maitrise d’elle-même qu’elle mettait un point d’honneur à conserver en toutes circonstances ; Keetech possédait des limites à ne pas franchir sous peine de s’attirer son courroux et de subir le juste châtiment de ses crimes, à l’image d’une justice froide et implacable.

Sentant qu’il jouait un jeu dangereux, Verith redevient sérieux et releva son aile éployée, dévoilant par la même occasion la coque éventrée d’un navire d’où dégoulinait des bananes écrasées en énorme quantité telle une marée jaunâtre et sucrée. En humant les effluves qui s’en dégageaient, la dragonne de l’orage sentit une autre odeur dont la flagrance salée lui était étrangement familière. La purée de banane continuait à dégouliner des restes du navire, dévoilant progressivement ce qu’elle dissimilait, à savoir un énorme morceau de baleine bien juteux, l’un des mets préférés de la reine des nuées. A sa seule vue, l’écailleuse commença à saliver en pensant au délice que ce morceau de baleine, accompagné d’une purée de banane, formant ainsi un étonnant mélange de saveurs salées et de sucrées, serait pour ses papilles draconiques.

Pendant que sa compagne s’extasiait devant ce cadeau inattendu, le Rouge décida de poursuivre son offensive de charme en lui rappelant leur jeunesse sur le continent sauvage, espérant éteindre le brasier intérieur de la rancœur qui la consumait. Et pour cela, ce dernier disposait d’armes redoutables afin d’attendrir le cœur de sa dulcinée, à savoir éveiller son appétit de gourmet et attiser sa nostalgie de leurs premiers émois.

Quartzécaille sentit son palpitant battre plus fort et une douce tendresse pour son époux l’envahir, mais elle se reprit rapidement. Si ce fourbe de Verith croyait l’infléchir si facilement, il se trompait. Néanmoins, avoir songé à lui offrir un tel présent était déjà un très bon début et elle appréciait cette délicate attention.

- Hm, je vois que tu t’es surpassé et que ta mémoire est parfaitement fonctionnelle puisque tu t’es rappelé l’un de mes mets favoris. En plus tu t’es donné la peine de l’agrémenter de bananes, mon fruit préféré, dit-elle en prenant un ton faussement détaché.

Comme sa fille Nynsith, la reine des nuées appréciait particulièrement la saveur sucrée de ce fruit exotique et pouvait en avaler plusieurs tonnes comme dessert après ses copieux repas.

Keetech se remémora également leurs jeunes années sur le continent sauvage et contempla le magnifique dragon qui avait su ravir son cœur, bien qu’elle se soit révélée réticente à céder à ses avances, le contraignant à se battre contre ses autres prétendants afin de la conquérir en prouvant sa valeur et la sincérité de son amour.

Et cette fois encore, la fière dragonne de l’orage ne comptait pas le laisser gagner si facilement.

- Ne crois pas tu pourras m’amadouer avec ce simple présent. Tu t’es montré très vilain Verith en demandant à ses bipèdes de me rétrécir à la taille d’un dragonnet et cela mérite une bonne leçon, dit-elle en accentuant son expression de froideur et de sévérité. Il faudra plus qu’un bon repas pour que j’accepte de te pardonner totalement, même si je dois reconnaître que c’est un excellent début.

Il était indéniable que son compagnon connaissait ses goûts, ses désirs et se débrouillait à merveille pour exploiter ses faiblesses, à savoir son péché mignon et son penchant pour les plaisirs gustatifs, bien que Keetech soit moins vorace que sa fille surnommée la dragonne de la faim en raison de ce trait de personnalité. Mais le Rouge semblait oublier une chose, Keetech aussi connaissait l’un de ses plus gros points faibles et pouvait en user contre lui le moment venu.

La gigantesque saurienne s’approcha de l’épave et prit un morceau de baleine qu’elle trempa dans la purée de banane avant de l’avaler, sentant cette chair savoureuse fondre sous son palais. C’était un véritable régal mais si cette dernière s’y attardait, elle risquait de perdre de vue son objectif, à savoir châtier Verith comme il se devait, aussi, à regret, Keetech se détourna du délicieux met et ses iris bleutés se rivèrent sur son bien-aimé tandis qu’elle arborait une expression pleine de gravité :

- Puis tu n’as pas que cet humiliant rétrécissement à te faire pardonner. Il y a aussi tes éternelles cachotteries et tes longues disparitions sans me donner de nouvelles ni m’informer de quoi que ce soit concernant tes activités. Je sais à quel point tu désires nous protéger moi et notre fille mais cela me blesse de me sentir ainsi tenue à l’écart.

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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¤ Explications ¤

Verith jouait avec les limites de Keetech et il savait bien que ce jeu était dangereux, cependant il ne pouvait pas s’en empêcher. Pour autant, le rouge n’était pas idiot, il connaissait très bien sa douce et savait jusqu’où il pouvait aller et jusqu’où il ne devait pas aller. Aussi après l’avoir fait un peu mariné, l’enfant de l’orage redevint sérieux et présenta ses excuses à sa douce. Cela fit mouche ou du moins toucha-t-il l’estomac de cette dernière. Il vit celle-ci commencer à saliver à la vue du repas que le rouge lui avait préparé. Très vite, la dragonne prit un ton faussement détaché pour le féliciter. Cette dernière avait sa fierté et il ne serait pas aisé que de la lui faire mettre de côté avec quelques aliments. Toutefois cela aiderait grandement. Une personne qui a les papilles en extase et le ventre bien rempli est bien plus encline à pardonner et bien moins encline à s’énerver. Cela prendrait un peu de temps, mais très vite Quartzécaille oublierait les cachoteries du colérique. Peu de temps après, le cœur de l’orage se saisit d’un morceau de repas pour l’engloutir. Le cœur de l’ire l’observa faire sans rien dire, l’écoutant.

« Il est malheureusement des concessions qui doivent être faites et cela ne me fait point plaisir. Mais je ne n’aurais jamais demandé une telle chose si cela ne s’avérait pas nécessaire et surtout si ces bipèdes à qui j’ai demandé cela n’étaient pas parvenus à s’affranchir de ma colère envers eux. Du moins celle ancienne et non celle à venir. Or pour le moment ils n’ont encore rien fait pour engager mon ire à leur encontre. »

Le rouge observa la réaction de sa douce et répondit sans attendre. Comment les baptistrels sont-ils parvenus à s’affranchir de l’ancienne rancœur du rouge à leur égard ?

« Ils ont soigné une blessure que j’ai reçue à la patte et qui m’handicapait. En échange, afin de pas de montrer ingrat, j’ai décidé de les affranchir des griefs que j’avais à leur encontre jusqu’alors. Je pense qu’il s’agissait de quelque chose d’équitable. Cette blessure m’avait été infligée par la déesse du feu. Disons que j’ai eu quelques profondes divergences d’opinions avec eux. »

Verith dodelina légèrement de la tête.

« Et concernant mes longues absences … disons que c’est un sujet sensible et que je ne souhaite pas vous exposer plus au danger que je ne l’ai déjà fait. Mais je suppose que je ne vais pas avoir le choix que de m’expliquer. Cela fait longtemps … environ dix années que je suis au fait de l’existence des chimères. Cela m’a été révélé par un individu … dont je ne préfèrerais pas encore te parler aujourd’hui. Tu l’as rencontré dans l’autre monde, Edwyn Ruddy. »

Le colérique marqua une pause et sa voix mentale trembla de rage rien qu’à l’évocation du nom de ce sinistre personnage.

« Depuis ce jour, je sais qu’elles représentent un danger, un immense danger. Depuis ce jour je cherche un moyen de les combattre. J’en ai trouvé, mais ils sont malheureusement hors de portée et aujourd’hui nous sommes seuls. Il n’y a plus de dieux pour nous aider. Même si cela rajoute du catastrophe à la situation, cela ne me déplait pas pour autant. Nous sommes désormais seuls maitres de notre destin. Et puis … au vu de leur utilité jusqu’ici. Mais je m’égare. Depuis dix ans je suis au fait de cet ennemi. Depuis dix ans j’ai cherché un moyen de le combattre. Mais depuis dix ans aussi j’ai essayé d’alarmer les liés de cette menace. Ils n’ont rien fait. Je mène donc cette guerre contre eux … seul. À l’exception que quelques bipèdes que j’ai alliés à ma cause et qui ont su se rendre étonnamment utile. Et au vu des capacités des chimères, un petit comité peut s’avérer plus efficace pour les combattre. »

Verith marqua une pause en se rendant compte qu’il était parti dans beaucoup trop d’explication. Il toussota légèrement et reprit.

« Quoi qu’il en soit, si je me suis absenté et si je ne t’ai rien dit depuis notre arrivée sur cette nouvelle terre, c’est parce que je cherche encore et toujours un moyen de vaincre les chimères. Et j’ai peut-être trouvé une piste. Je me suis rendu près de ce nouveau peuple. Les graärh. Ils m’ont donné accès à leur histoire, à leur légende. Et parmi ces dernières, il en existe une très intéressante. Celle d’un puits de magie qu’ils nomment le Bâoli. Si je n’ai pas encore de preuve formelle de son existence, je pense que cette chose existe. Je pense cela, car c’est la seule chose qui explique que la magie existe sur cet archipel, malgré le fait qu’aucun dragon n’y ait jamais mis les pieds. Ce Bâoli doit être une source de magie, une source puissante. Si on parvenait à mettre la patte dessus. On pourrait peut-être trouver un moyen de l’utiliser pour se battre contre les chimères. Mais encore faut-il le trouver. »

Levant une griffe, le rouge vint montrer un objet enfoncé dans le poitrail de son armure Morneflamme.

« J’ai fait construire cette chose avec les connaissances dont je dispose. Le monde n’a pas vu de telle pièce depuis de nombreux siècles. Si le Bâoli est une source de magie, cette chose devrait la trouver. Sans aucun doute. »

Le rouge reposa sa patte.

« Je sais que cela ne justifie pas que vous ait maintenu à l’écart tout ce temps, mais … pour aller vers les graärh, j’ai jugé qu’y aller tout seul était peut-être une meilleure idée. Je veux dire … c’est un peuple de chasseur qui vit sur une terre peuplé de créatures très dangereuses pour eux. Alors, regarde-nous. Il y  a de quoi les effrayer. Sans compter qu’ils ont à cran avec les bipèdes qui envahissent sans vergogne leur territoire. Et puis … c’est un peuple qui n’a jamais commis la moindre faute contre les dragons. C’est un peuple innocent. Je voulais savoir comment je réagirais face à eux. »

Le colérique baissa la tête.

« Mais il y a autre chose. J’ai été seul pendant de longues années, après la mort de ma sœur et de ma mère. Vous voir toutes les deux. Ma femme et ma fille. Je remplis d’une joie immense. Mais aussi de beaucoup de tristesse et de peur. Ma famille ne s’est pas totalement éteinte, mais j’ai peur de la voir disparaitre et je pense à ceux qui sont déjà partis. J’avais besoin de m’éloigner pour me changer les idées et penser à autre chose. »

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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Quartzécaille connaissait suffisamment le côté fourbe de Verith pour savoir que ce dernier tenterait de la duper, tout en respectant certaines limites, car il n’était pas bête au point d’ignorer qu’à force de jouer avec le feu on finissait par se brûler. Toutefois, le dragon écarlate semblait presque prendre plaisir à jouer avec elle, attendant le moment propice pour dévoiler ce qu’il avait à dire. Sans compter que ce dernier avait pris soin d’amadouer sa compagne en lui offrant un succulent diner. Mais Keetech, elle aussi, possédait plus d’un tour dans son sac et ne comptait pas se laisser berner si facilement.

Néanmoins, celle-ci n’allait pas dédaigner ce met préparé avec amour et la Saurienne à l’aide d’une griffe s’empara d’un morceau de baleine, assaisonné à la banane, et l’enfourna dans sa gueule, tentant de garder son sérieux et de dissimuler son plaisir gustatif. Sans quoi, son époux risquait de crier victoire trop rapidement. Reprenant soudain son sérieux, le dragon de l’ire, qui était demeuré silencieux, prit la parole et Keetech l’écouta parler, analysant ses arguments.

- L’existence est faite de concession n’est-ce pas ? Te laisser partir sur Ambarhùna à la recherche de ton frère et rester seule sur le continent sauvage fut une concession de ma part envers toi et je suppose qu’à présent je vais également devoir en faire vis-à-vis de certains bipèdes. J’ai également eu l’occasion de croiser le chemin de plusieurs deux-pattes et certains d’entre eux pour des raisons complexes sont devenus mes protégés ou mes serviteurs. Ce monde est complexe et difficile à comprendre pour une dragonne libre telle que moi, mais j’ai lucidité de m’apercevoir que certains bipèdes peuvent être utiles à la réussite de notre cause. J’espère juste nous n’aurons jamais à regretter d’avoir accepté de collaborer avec eux.

Quartzécaille écouta imperturbable la suite de ses paroles et ses explications sur les Baptistrels ainsi que la dette qu’il avait envers eux. Et l’écailleuse était forcée de reconnaitre que ces chanteurs possédaient d’étonnants pouvoirs. Soigner la blessure occasionnée par une divinité et rétrécir deux dragons de leur taille ne représentait pas un acte à la portée de n’importe quel magicien.

- Ces chanteurs sont dotés de très grands pouvoirs n’est-ce pas ? Je suppose que c’est la raison pour laquelle tu t’es alloué leurs services mais quelles sont les divergences d’opinions que tu as eues avec eux ?

Après cela, Verith dodelina de la tête, semblant acquiescer aux remarques de la reine des nuées sur ses longues absences. A son tour, elle hocha la tête avec gravité et répondit :

- Je sais à quel point tu as peur pour ma vie et celle de notre fille. C’est la raison pour laquelle tu ne voulais pas que nous venions sur Ambarhùna et que nous soyons confrontées à la menace des chimères. Mais désormais que nous sommes là, nous ne pouvons pas restées à l’écart et te laisser prendre tous les risques, en tout cas ce n’est pas ce que je veux. Si tu crains tant qu’il m’arrive quelque chose alors aide moi à devenir plus forte afin que je puisse combattre à tes côtés. De toute façon, tu ne pourras pas toujours me protéger…

Keetech connaissait la fierté de son époux, lui qui n’avait pas hésité à combattre tant de dragons afin de la faire sienne et elle savait que l’une de ses pires craintes serait de la perdre ainsi que leur fille. A certains égards, ce dernier pouvait se montrer surprotecteur et exagérément secret, dans l’espoir de préserver les derniers êtres chers qu’il lui restait. Pourtant, la dragonne de l’orage possédait un puissant pouvoir dont Verith aurait tort de se priver dans le combat qui était le sien. A l’évocation d’Edwyn Ruddy, cette dernière sentit la voix mentale de son compagnon trembler de rage tant ce sinistre individu incarnait à ses yeux l’infamie. Après tout, le Tarenth était responsable de la création du Lien qui asservissait les dragons.

- Je me souviens de cette créature, ce Tarenth. Il était différent de tous les bipèdes que j’ai rencontrés jusqu’à présent avec ses cheveux opalescents et ses veinures argentés. Une grande puissance émanait de lui et sa voix possédait des sonorités hypnotiques. J’ignore ce que tu as appris à son sujet, mais je suppose que c’est important et source de danger puisque tu préfères garder le secret. J’espère juste que tu m’en diras plus le moment venu.

La fille des tempêtes se remémora son étrange rencontre avec le Tarenth dans le monde des défunts et un frisson lui parcourut l’échine. Cet être était dangereux et d’innombrables mystères l’auréolaient et Quartzécaille espérait qu’un jour elle connaîtrait toute la vérité à son sujet.

Ensuite l’Ecarlate expliqua que cela faisait dix années qu’il menait une guerre acharnée contre les chimères et qu’au terme de nombreux efforts, ce dernier avait peut-être trouvé une piste pour les vaincre. L’écailleuse se souvenait avoir affronté ces créatures maléfiques lors de son arrivée à Ambarhùna, sauvant par la même occasion la capitale Elfique à l’aide de sa tempête d’éclairs.

L’unique espoir de terrasser la menace chimérique résidait en une puissante source de magie nommée le Baoli et Verith montra à son épouse un objet qui lui permettrait peut-être de trouver sa localisation.

- J’ai senti la puissante magie de cet archipel et qui ne doit rien à la présence des dragons. Elle vient forcément de quelque part et pourrait peut-être incarner le moyen d'éradiquer ces créatures venues du plan astral. Sur Ambarhùna bien des mages ont tenté de les combattre sans succès et elles sont pour la plupart immunisés contre la magie. Qu’est-ce qui te fais penser que la magie du Baoli pourrait être efficace contre les chimères ? Est-ce à cause de sa puissance ou parce que tu penses que sa nature est différente de la magie utilisée par les Ambarhùnéens ?

Puis le dragon de l’ire avoua à son épouse qu’il avait préféré aller seul vers les hommes-félins par crainte de les effrayer et aussi pour connaitre son ressenti vis-à-vis d’eux.

- Et qu’as-tu ressenti envers les Graarh ? Es-tu prêt à leur faire une confiance aveugle car ils sont innocents de tous les crimes des autres bipèdes ou est-ce qu’à tes yeux ils demeurent l’incarnation d’une menace potentielle ? Après tout, s’ils sont innocents de toute offense envers les dragons, c’est sans doute moins en raison de leur nature que parce qu’ils n’en ont pas eu l’occasion. Ces contrées étaient vierges de dragons jusqu’à notre arrivée.

Verith baissa la tête et confia à sa bien-aimée qu’il avait passé de longues années seul après la mort de sa mère et de sa sœur et leurs peurs qui l’habitaient à l’idée de perdre sa femme et sa fille. La Saurienne l’écouta attentivement et songea que c’était sans doute sa manière de se protéger et que derrière son épaisse cuirasse d’écailles ; le Rouge abritait un cœur sensible, même si elle était la seule à qui celui-ci acceptait de se dévoiler.

- La mort de Skade et des autres membres de ta famille représente une tragédie, dit-elle avec tristesse. Et je sais à quel point moi et Nynsith sommes chères à ton cœur  et que pour rien au monde tu ne supporterais de nous perdre. Pourtant malgré tout, j’aimerais avoir une place auprès de toi et ne pas être sans cesse mise à l’écart.

Ensuite la Reine des nuées s’interrompit et resta un moment silencieuse, contemplant à nouveau le scintillement des Crocs-de-Givre dans le lointain d’un air pensif.

- Il y a autre chose dont j’aimerais te parler et qui me tiens à cœur. Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion d’élever notre fille ensemble et cela restera certainement mon plus grand regret. Mais je sais qu’il est impossible de modifier le passé et que seul le présent et l’avenir reste à écrire.
Elle tourna la tête en direction de son époux et plongea ses prunelles céladon dans les siennes avant de dire avec gravité:

- Je voudrais que tu me fasses un autre enfant.

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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¤ PLSD : Position Latérale de Sécurité Draconique ¤

L’enfant de l’orage ne fut même pas surprit lorsque sa douce lui révéla que certains bipèdes étaient devenus ses serviteurs ou protégés. La même chose s’était produite pour lui. Dans des situations complexes, bien des choses pouvaient naitre. L’enfant de l’orage ne put que s’empêcher de ricaner d’un air amusé de la situation.

« Il m’est arrivé la même chose, avec plusieurs d’entre eux. Le premier était désespéré et errait en attendant la mort après avoir été trahi par la divinité en laquelle il croyait. J’avais moi-même eu un démêlé avec une divinité un peu avant. Le deuxième a été trompé par Edwyn tout comme je l’ai été, il a décidé de m’accorder pleinement sa confiance même s’il cela signifiait se porter à l’avant d’un terrible danger et se mettre à dos des déesses. La troisième a subi des affres presque semblables au lien, mais avec les êtres que les bipèdes et graärh nomment les esprits-liés. Cela lui a mis le monde à dos, mais je fus le seul à reconnaitre le mal qui l’avait frappé. La quatrième m’a été apportée par le premier. »

Tout ceci remontait à loin, ses premières rencontres avec Saemon le Corbeau, Aflord Gorder l’agneau sacrifié, Kälyna la liée du tyran blanc, Sighild l’Épervier.

« Rappelle-toi simplement qu’ils sont des bipèdes et qu’il ne faut donc pas leur accorder ta confiance. Ou alors une seulement extrêmement limitée pour ceux qui le méritent vraiment. Assures-toi qu’ils fassent toujours la preuve leur loyauté. Ils sont des possessions, des outils rien de plus. Tant que tu les verras de cette manière, ils ne pourront pas te décevoir ou te tromper. Si un dragon veut rester en vie en les côtoyant, il doit faire preuve de prudence. C’est pour ça que je suis encore en vie et pas ma mère. »

L’enfant de l’orage opina légèrement du chef.

« Ils possèdent un pouvoir puissant en effet. Je ne le saisis pas encore entièrement. Non, je me suis mal exprimé. Quand je parlais d’eux, je ne parlais pas des baptistrel, mais des divinités. J’ai refusé d’être un pion sur leur échiquier. Je les ai virulemment contestées en raison de leurs hypocrisies et de leurs propres fautes. Je me suis dressé sur la route qu’ils avaient tracée et … et je te raconterai tout en détail une prochaine fois, car cela concerne également l’individu dont j’ai mentionné le nom un peu plus tôt. »

Il n’était pas encore l’heure de parler d’Edwyn Ruddy. Il n’était pas encore l’heure de lui parler de ce qu’il avait appris, de comment il avait été trompé avant d’être maudit par Vie. Ceci viendrait une prochaine fois. Il ne voulait pas trop inquiéter Keetech, ni même qu’elle se sente coupable du fait de ne pas avoir été à ses côtés ou de l’avoir laissée partir pour Ambarhùna. Le rouge avait certes beaucoup souffert, mais il avait aussi beaucoup appris.

« Ces dernières années, j’ai beaucoup appris sur ce que l’on nomme la magie. Celle de notre monde, que l’on nomme la trame, est un poison pour les chimères. C’est ce qui explique pourquoi elles ont besoin d’un corps pour vivre dans notre plan. Si une chimère vient dans notre monde sans une enveloppe corporelle, elle trouvera rapidement la mort. Il existe ensuite deux autres types d’énergie. Celle du Néant qui est capable de détruire la trame. Le Néant ne vient pas de notre monde et à ce que je sache on ne la trouve pas à l’état naturel ici. Le Néant vient du plan astral. Les chimères sont capables de vivre dans le Néant, cette énergie ne les affecte pas. Il était initialement manié par le dieu du néant. Le dernier type d’énergie s’appelle la haute magie. On ne la trouve pas non plus à l’état naturel ici, car elle vient également du plan astral. La haute magie était initialement maniée par les déesses. Aujourd’hui, personne n’est capable de la manier. »

Le rouge marqua une courte de pause avant de reprendre.

« La haute magie est, du peu que j’en sache, l’énergie principale qui baigne le plan astral. Les Chimères peuvent donc vivre à l’intérieur sans problème. Cependant, lorsque la haute magie est concentrée, celle-ci peut détruire les chimères. Il faut savoir que la trame est un dérivé de la haute magie. Nous, dragons, sans que nous en ayons conscience, sommes connectés au plan astral. Nous sommes des sortes de ponts. Nous drainons la haute magie du plan astral, nous la transformons en trame avant de la libérer. C’est ainsi que nait la magie. C’est ainsi que la vie peut se développer. »

Verith poursuivit son exposé.

« Cet archipel est vierge de tout dragon, mais la trame y est très présente. Il doit donc y avoir quelque chose ici qui fait, comme nous, office de catalyseur. Et je pense qu’il s’agit du Bâoli. Cela signifierait que le Bâoli est d’une manière ou d’une autre relié au plan astral et donc à la haute magie. Si cela est vrai, et qu’on trouve un moyen d’user de cet accès à la haute magie, il serait possible de faire une arme capable de vaincre les chimères. C’est la meilleure piste que j’ai trouvée depuis … non je crois qu’il s’agit de la meilleure que j’ai jamais eu. »

L’enfant de l’orage finit son exposé. Il était peut-être un peu trop enthousiaste, mais il s’agissait en réalité de la seule solution qu’il avait aujourd’hui, aussi s’y raccrochait-il à fond. La conservation dériva ensuite sur les hommes-félins.

« Les Graärh sont innocents. Ils méritent donc leur chance. Je ne les traiterais pas de la même manière que les bipèdes. Et je ne laisserais pas les crimes des bipèdes me pousser à préjuger des Graärh. Je ne veux pas les voir comme une menace. Mais je ne leur accorderais pas pour autant une confiance aveugle. Tu as peut-être raison lorsque tu dis que s’ils sont innocents de toute offense envers les dragons, c’est sans doute moins en raison de leur nature que parce qu’ils n’en ont pas eu l’occasion. Cependant, il n’en demeure pas moins qu’il existe une possibilité de construire une relation de confiance avec eux. De ce fait, nous pouvons les mettre en garde. Nous pouvons éviter que ce qui s’est produit avec les bipèdes se reproduise avec eux. J’ai montré aux plus grands groupes de Graärh de Nyn-Tiamat ce que les bipèdes ont fait sur Ambarhùna. Comment ils se sont fait la guerre, comment ils nous ont impliqués dans leurs guerres, comment ils ont semé la zizanie parmi les nôtres. J’espère que cela les empêchera de se faire berner par les bipèdes, mais j’espère aussi que cela leur permettra de ne pas commettre les mêmes erreurs envers nous. »

Verith marqua une courte pause avant de reprendre.

« Ils m’ont déjà demandé mon aide pour défendre leur terre des Vampires si un conflit éclatait avec eux. Ils m’ont écouté et ils m’ont donné les informations sur leur légende dont je pouvais avoir besoin pour combattre les chimères. Alors j’ai accepté de les aider le moment venu. Si ces derniers sont prêts à se battre pour se défendre, je me vois mal resté inactif alors que je critiquais nos ancêtres d’avoir préféré partir Ambarhùna plutôt que de se défendre. »

Il y avait une lueur déterminée à l’intérieur des prunelles du dragon rouge. Quand l’enfant de l’orage regardait la situation aujourd’hui, il avait l’impression de revoir celle qu’il avait pu voir dans les lointains souvenirs de sa race. Les races bipèdes accostant après un long et éprouvant voyage sur la mer. S’installant en toute impunité avant de commencer à se faire la guerre. Aujourd’hui les Graärh tenaient le rôle des dragons autrefois. L’enfant de l’orage n’accepterait pas de voir les bipèdes accomplir un tel méfait une nouvelle fois. Surtout s’il avait la possibilité d’empêcher cela.

Enfin ce fut à sa douce de prendre la parole.

« Il y a autre chose dont j’aimerais te parler et qui me tient à cœur. Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion d’élever notre fille ensemble et cela restera certainement mon plus grand regret. Mais je sais qu’il est impossible de modifier le passé et que seuls le présent et l’avenir restent à écrire. »

Le rouge était très peiné de ne pas avoir pu élever sa fille et la situation actuelle ne lui permettait pas réellement de rattraper le temps perdu. Mais il se promettait d’accomplir un jour son rôle de père.

« Je t’écoute. »

Le regard de Keetech se plongea alors dans le sien. Il était d’une profonde détermination et d’une certaine gravité ce qui déstabilisa quelque peu Verith. Que pouvait-elle d’avoir de si grave et important à lui dire ? Le rouge eut l’impression d’avoir une sueur froide coulée le long des écailles de l’arrière de son cou.

« Je voudrais que tu me fasses un autre enfant. »

Les pupilles du colérique semblèrent se dilater sous la surprise. L’enfant de l’orage pourtant si puissant et redoutable resta pantois et désarmer face aux paroles de sa douce. Ouvrant légèrement sa gueule sans rien dire, sous le choc. Dire que la surprise pouvait se lire sur son visage serait un euphémisme. En effet, Verith fut plongé dans un profond état de sidération dont il mit une bonne minute à en sortir.

« Tu … Tu … tututu … »

L’esprit de l’ire balbutiait, parvenant avec difficulté à expression de sa volonté.

« Tutu veux queque je tete fasse unun autre enfant ? »

Le rouge tourna le museau, respirant bruyamment pour reprendre son calme tandis que derrière sa queue s’agitait violemment venant frapper le sol de droite à gauche. Autant dire que le colérique ne parvenait pas du tout à masquer son profond trouble face à ce que venait de lui annoncer sa douce.

« Je … Je … Jejeje … Je ne sais pas quoi dire. Jeje suis … content, heureux et consterné et terrifié à la fois … Jeje … je veux dire … d’autres enfants me fe-ferait extrêmement plaisir … m-m-mais co-comment je pourrais les protéger a-a-alors qu’il y a t-tant de danger p-p-pour les dragons. Co-comment construire quelque chose a-a-alors que le sol est effrité. »

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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Quand Keetech avoua à son époux qu’elle avait pris certains bipèdes sous son aile, ce dernier ne manifesta aucune surprise, se contentant de ricaner, avant d’expliquer qu’un phénomène similaire lui était arrivé. Puis, il donna à sa bien-aimée des précisions concernant sa rencontre avec ses protégés. Et cette dernière se remémora les bipèdes qui les avait accompagnés et aidés lors de l’expédition au royaume des défunts. Durant ce voyage sépulcral aux confins de l’outre-tombe, plusieurs d’entre eux s’étaient distingués par leur puissance et leur bravoure, notamment cette elfe au visage lunaire et à la chevelure nocturne et cette Nordique surnommée l’épervier.

La suite des paroles du dragon de l’ire laissa l’écailleuse un peu songeuse. Les protégés du Rouge ne représentaient à ses yeux que des possessions, des outils, rien de plus ? Vraiment ? Certes Keetech n’était pas la dragonne la mieux disposée à l’égard de ces créatures car, née libre, elle conservait une psyché sauvage, pleine de fierté et indomptée, à l’image des tempêtes ; néanmoins une vision purement utilitariste des bipèdes lui semblait un peu…radicale.

Entre ces deux extrêmes qu’incarnaient l’instrumentalisation et la soumission totale, il devait exister divers points de vue intermédiaires et une infinité de nuances, à l’image de la réalité composée d’innombrables couleurs qui une fois mélangées donnaient naissance à cinquante nuances de gris. Son compagnon y adhérait vraiment ou tentait-il de s’auto-persuader qu’il valait mieux agir de la sorte, endurcissant son cœur à l’extrême afin d’éviter d’être blessé ?

La fille des tempêtes se rappela la jeune Sinestra Azzura, cette prêtresse de la Rose Ardente, que rien ne prédisposait à devenir sa protégée car leur rencontre résultait du simple fruit du hasard. En admettant qu’il n’existe nulle prédestination et que certains êtres n’étaient pas destinés à voir leur route se croiser.

Au début, Keetech s’était montré méfiante vis-à-vis d’elle et l’avait maudite suite à une offense commise par la jeune fille trop candide. Et en quête de rédemption, celle-ci avait décidé de prêcher la cause de l’anti-lien et de vénérer la dragonne responsable de sa cécité. Ensuite, la jeune prêtresse était morte, assassinée par un conseiller Vampirique et son trépas avait laissé la reine des nuées quelque peu déroutée…

A sa grande surprise, une pointe de regret avait empli son cœur au moment d’allumer le bûcher funéraire de la défunte. Sinestra ne représentait-elle vraiment rien pour elle ? Peut-être avait-elle tenté de s’en convaincre avant de la perdre. Comme si le décès de la prêtresse avait éveillé en elle un manque inconnu…Encore aujourd’hui, le souvenir de cette jeune fille, trop tôt disparue, telle une fleur arrachée, affleurait au cœur de sa psyché.
Sinestra était une innocente, au sens large du terme, et cela ne rendait sa mort que plus tragique et injuste. Mais la justice existait-elle réellement, comme Keetech cherchait à s’en convaincre, où l’univers était inégalitaire et les règles en lesquelles elle croyait n’étaient que des inventions destinées à ramener un semblant d’ordre dans un monde chaotique ?

- Est-ce que les choses sont vraiment aussi tranchées que tu le prétends ou cherche tu à te leurrer en le croyant ? Parmi ces bipèdes que tu considères comme tes protégés, il y avait une Elfette au visage diaphane et à la chevelure de jais. Je l’avais déjà vu dans tes souvenirs auparavant. Tenteras-tu de me faire croire qu’elle n’est qu’un simple instrument pour toi…ou quelque chose d’autre ?

Keetech se rappelait de Kalyna Vallael car celle-ci avait pris part à l’expédition menant aux pays des morts et bien des mystères nimbaient cette femme-elfe. Cependant, cette dernière semblait posséder un statut particulier aux yeux de l’Ecarlate, du moins c’était ce que l’écailleuse supposait.

- Lors de nos retrouvailles, peu après mon arrivée sur Ambarhùna, tu m’as appris la mort de Skade en raison du Lien, mais que s’est-il passé réellement ? J’aimerais sincèrement le savoir. Et un dragon peut-il se rétablir de la perte de son Lien ou choisir de le détruire de…sa propre volonté ?


Quartzécaille avait appris que certains dragons, jadis liés, avaient survécus à la perte de leur moitié d’âme. La mort n’était donc pas automatique, mais ce déchirement laissait des séquelles mentales souvent indélébiles. Pourtant, cette expérience, aussi pénible soit-elle, se révélait-elle forcément négative ? Un dragon qui perdait la moitié de son âme était-il seulement amputé d'une part de lui-même ou pouvait-il gagner un enseignement d’une telle épreuve ?

Kaalys semblait résilient et sorti peut-être grandi de cette expérience. Après tout, les épreuves et l’adversité pouvaient renforcer un être ? Tout ce qui ne tuait pas rendait peut-être plus fort. Sans compter que Verith, en raison de sa souffrance lié au Lien, manquait sans doute d’objectivité dans ses réponses et Keetech désirait analyser les choses de la manière la plus neutre possible. La Saurienne s’était rangée à ses côtés, principalement par amour, mais elle possédait sa propre pensée.

A son tour, Quartzécaille hocha la tête en réponse aux paroles du Rouge.

- Les divinités dont tu parles, je crois avoir vu deux d’entre elles. Deux jumelles, lorsque nous avons été séparés dans l’au-delà et que je me suis retrouvée seule avec le Tarenth et cette femme nommée Sighild. Durant ce moment, il m’est arrivé une expérience vraiment étrange…moi aussi je t’en parlerai un jour, mais plus tard.

La dragonne de l’orage se rappela, non sans une certaine gêne, les souvenirs de sa vie antérieure et de l’enfant-elfe assassiné qu’elle était autrefois. Et cela la mettait mal à l’aise d’imaginer avoir été l’une de ses créatures à deux pattes. Combien de vies antérieures avait-elle déjà vécues ?

La suite des propos de Verith intrigua fortement la Saurienne :

- Puisque tu dis que tu nous sommes connecté au plan astral, cela signifie que nous serions en mesure d’y aller à volonté si nous maîtrisions certains pouvoirs ? Pour nous rendre dans le monde des défunts tu avais utilisé un objet en forme de miroir, ce qui signifie que des portails sont possibles ainsi que créer des trous permettant de voyager dans la trame. Et tu dis que la magie de la haute-trame n’était maniée que par les divinités et que plus personne ne l’utilise. Est-ce que cela signifierait que les dragons pourraient apprendre à la manier un jour ? Du moins les plus puissants d’entre eux ?

Voilà qui était intéressant, surtout pour une dragonne aussi axée sur la magie que la tempétueuse écailleuse. Keetech écouta la suite de l’exposé sur le Baoli et sur la possibilité d’en faire une arme contre les chimères.

- Est-ce que tu as déjà une idée de comment t’y prendre ? Une singulière magie existe au sein de cet archipel. Je la sens au plus profond de mon être, mais cette essence mirifique sera-elle assez forte pour terrasser ces créatures ? Elles sont capables d’utiliser les corps bipèdes ou de dragons comme réceptacles afin de survivre dans notre monde. Et surtout comment compte diriger l’énergie du Baoli sur les chimères ?

La magie existait certes, mais d’après ce que sentait Keetech elle n’était pas suffisamment puissante pour terrasser les chimères. Sur Ambarhùna, on trouvait aussi la présence de magie et pourtant les chimères avaient triomphé des enfants des dieux. Néanmoins, cette dernière  était curieuse d’en savoir plus sur le plan de son bien-aimé.

La suite de leur conversation lui montra qu’elle n’était guère au bout de ses surprises. Le rubis de l'ire, qui d’ordinaire restait à l’écart des conflits des bipèdes, se disait prêt à se battre pour défendre les hommes-chats de Nyn-Tiamat contre les vampires.

- Lors d’un conflit, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. Sans doute que les vampires ont également leurs raisons d’agir comme ils le font, mais tu souhaites défendre les Graarh pour des raisons personnelles et en remerciement pour leur services…Je peux comprendre ton point de vue, même si pour le moment je désire conserver mon impartialité. Mais je me rappelle avoir agis par le passé pour protéger ce peuple nommé elfes contre les chimères et qu’en guise de remerciement, ceux-ci ont donné une partie de mon nom à leur île.

Puis quand Keetech prit un ton plus sérieux, plongeant ses mires céladon glacé dans celles ambrées de son époux, et lui demanda de lui faire un autre enfant. Elle vit ce dernier se figer et trembler, paraissant au bord d’une syncope, comme si cette annonce était pire pour lui qu’affronter seul des créatures terrifiantes. La fille des tempêtes écouta son point de vue bégayant, essayant de comprendre ce qui l’effrayait tant.

- Tu as peur de me faire un autre enfant car tu crains que notre œuf soit dérobé par les bipèdes et qu’il se lie à un deux-pattes ? Tu penses que toi et moi serions incapables d’éviter ce qui te parait inéluctable malgré notre puissance ?

Ensuite, toujours aussi proche de son bien-aimé, Quartzécaille le fixa avec intensité :

- Verith, est-ce que tu me désires toujours ?

Depuis leurs retrouvailles, malgré l’affection qu’il lui portait, Keetech gardait en tête que le flamboyant dragon ne l’avait toujours pas touchée. Se pouvait-il que son épouse le laisse à présent de glace ?

descriptionL’amour à la draconique [PV Keetech] EmptyRe: L’amour à la draconique [PV Keetech]

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¤ Réponses ¤

Keetech ne perdait pas le nord et savait déceler les éléments importants sur lesquels il fallait rebondir, appuyer, fouiner. Et le fait que Verith, le dragon de l’ire, connu pour sa haine et sa colère viscérales à l’encontre des bipèdes, décide d’en prendre certains sous son aile et de leur accorder sa protection était justement l’un de ces points. Le colérique s’attendait bien évidemment à ce que sa douce s’interroge à ce sujet et il se tenait prêt à lui répondre, autant qu’il le pourrait. Malheureusement, il ne pourrait pas tout lui dire, pas aujourd’hui, car ces sujets étaient entremêlés au Tarenth et à ce qu’il avait subi à cause de lui. L’enfant de l’orage garda le silence un moment, réfléchissant, cherchant ses mots. Il finit par regarder sa compagne droite dans les yeux.

« Je cherche simplement à être le plus juste possible, sans oublier le passé, sans commettre d’erreur et sans me retrouver blesser. Adopté une vision aussi tranchée reste encore la meilleure solution. Cela n’empêche pas certains gestes, bien sûr, mais quand un dragon côtoie des bipèdes, il doit impérativement rester sur ses gardes. S’il se laisse berner, alors cela signera son arrêt de mort, ou pire encore. Tant que je ne m’égare pas de cette vision tranchée, je ne risquerais rien et je pourrais accomplir ce que je dois accomplir pour le bien de ceux que j’aime. Car c’est là tout ce qui compte.»

Le rouge se tut avant de reprendre.

« Après, tu as peut-être raison. Je me leurre moi-même. Mais au final, c’est pour mon propre bien. Je sais ce que les bipèdes sont. Je sais ce qu’ils sont capables de faire. Je connais le mal qu’ils représentent. Je connais le mal que le lien représente. Et je dois protéger ceux que j’aime ainsi que ma race de ce mal. Alors je ferais ce qui doit être fait. »

La détermination du colérique était vibrante. Il ne faillirait pas. Il ne devait pas faillir. Il ne pouvait pas faillir. Peu importe ce qu’il aurait à faire.

« Ambarhùna a été secoué par de tragiques événements. Le Tyran Blanc a commis beaucoup de méfaits. Ma mère a décidé de se lier peu avant cela. Le bipède auquel elle s’est liée l’a exposé au Tyran Blanc. Tout ce que son lié a subi, elle l’a subi aussi. Ce fut pire lorsque celui-ci a réussi à la faire tomber sous son joug. Skade a vécu le pire à cause du lien et de la folie du bipède auquel elle s’est liée. À la fin de la guerre contre le Tyran Blanc, elle était à bout. Toutes ces souffrances ont eu raison d’elle. Le lien l’a tué. Sans cela, sans le lien, elle n’aurait pas souffert et elle serait encore de ce monde. Le lien a tué ma mère. »

Le rouge lâcha un grognement.

« En effet, il est possible de survivre à la perte d’un lien. C’est toutefois un phénomène rarissime. Et même alors la vie menée n’est qu’une demi-vie. L’âme est fractionnée, la douleur ne disparait jamais. Un lié, dragon ou bipède, qui perd son lien suite à la morte de l’autre et survit, ne se rétablit jamais. Une blessure aussi profonde ne disparait jamais. Je suppose qu’on apprend simplement à vivre avec. Quant à la possibilité pour un dragon de détruire lui-même son lien, je suppose que cela est possible, mais il serait fou de croire que cela se ferait sans conséquence. La magie du lien était une magie taboue et interdite par les divinités, car elle touchait à l’âme. Si un lié veut lui-même détruire son lien, je pense que c’est comme s’il s’arrachait lui-même une partie de son âme. »

Tout n’était pas aussi simple. La vie n’était pas un conte de fée. Penser que la destruction d’une partie de son âme suite à la perte ou à la destruction du lien permettrait de vivre heureux jusqu’à la fin des temps n’était que pure chimère. Un rêve fou. Une telle magie n’est pas sans conséquence. Le rouge ne la connaissait pas suffisamment, mais le peu qu’il savait lui suffisait pour savoir qu’il s’agissait d’une magie maléfique. Si les divinités elles-mêmes en avaient fait un tabou, un interdit, c’est bien pour une bonne raison.

« Tu n’es pas la seule Keetech. Je les ai vus aussi. Les déesses jumelles : Vie et Mort. Ce fut … extrêmement désagréable pour moi de les revoir. Je les pensais disparus à jamais. À vrai dire, j’aurais préféré ne jamais les revoir. Et j’espère ne plus jamais les revoir suite à cela. Je regrette que tu te sois retrouvé seul avec le Tarenth. J’aurais préféré éviter cela. Il n’est pas bon pour qui que ce soit de rester près de lui. »

Le colérique hocha doucement de la tête. Il préféra omettre le fait que lui-même avait vu quelque chose. Cela n’avait pas d’importance, c’était une autre vie. Ce qui comptait c’était celle qui menait maintenant.

« Très bien, tu me raconteras ça le moment venu. Si je te fais moi-même attendre pour certains points de mon histoire, il est parfaitement normal que tu en fasses de même. Cela devait être un événement très troublant. »

Le rouge semblait avoir piqué à vif l’intérêt de sa douce sur le sujet de la magie. Il était heureux pour une fois que ce soit lui qui lui apprenne quelque chose et non l’inverse.

« En côtoyant le Tarenth, j’ai appris beaucoup de choses. Nous, les dragons, sommes connectés au plan astral. Nous sommes comme un pont, une passerelle pour s’y rendre. Mais ce n’est pas quelque chose d’aussi simple. Je me suis rendu par deux fois sur le plan astral. La deuxième fois par une faille qui avait été créée suite aux événements du Tyran Blanc et de la Mort des divinités. La première fois en utilisant le pont que je représente. Cependant, pour y parvenir, le Tarenth a dû associer ses pouvoirs au mien. Si je suis le pont, le Tarenth était la clé. »

Verith secoua doucement négativement de la tête.

« Aussi je ne pense pas qu’une telle prouesse soit à nouveau possible. Les dragons et les Tarenth sont des races spéciales. Les Tarenth disposaient de capacités, de pouvoirs que nul autre bipède ne possède et ne possèdera sans doute jamais. Du moins j’espère. Après, rien n’est impossible, il doit bien exister un moyen. »

Le rouge fit une courte pause avant de reprendre.

« Pour nous rendre sur le plan des défunts, je possédais en effet un artefact. Un fragment d’un miroir que l’on trouve dans le jardin du palais de Mort sur le plan astral. Mais cet artefact était sans commune mesure. Une déesse elle-même l’a créée. Mais, même avec cela, je n’aurais rien pu faire seul. Cymbor m’a guidé. Je me doute bien que le Tarenth lui soufflait quoi dire, car il se doutait que si ça venait de lui, je ne voudrais jamais l’entendre. Mais le procédé était un peu le même que se rendre pour le plan astral. Le fragment était le pont et j’ai servi de clé. Toutefois, l’opération était toutefois assez bâtarde. On a plutôt fait un trou dans le mur pour s’infiltrer plutôt qu’ouvert une porte. Il est surement possible de recréer ce phénomène, mais à condition d’avoir le pouvoir nécessaire pour le faire. Et encore, l’opération qu’on a menée pour se rendre sur le plan des défunts était dangereuse. On a eu de la chance. On aurait pu créer une véritable catastrophe. »

Le risque encouru avait été immense, malheureusement la situation avait exigé la prise de tel risque.

« Je ne pense pas que ce soit une question d’apprentissage, mais plus une question de possibilité. La haute-magie n’est pas l’énergie qui baigne naturellement notre monde. Je pense donc que les divinités qui nous ont créés ne nous ont pas créées pour que nous soyons capables de l’utiliser. Il en découle donc le fait que je pense que nous ne sommes pas capables de l’apprendre. Mais ça ne veut pas pour autant dire qu’il soit impossible pour un dragon de manier la haute-magie, bien au contraire. Et l’exemple le plus flagrant n’est autre que le Tyran-Blanc. Ce dernier était capable de le faire. Mais il en fut capable uniquement parce que certaines capacités lui ont été offertes par Néant. Et que par la suite, il lui a volé son cœur, au sens propre du terme. Je pense donc qu’il ne soit pas possible d’apprendre à manier la haute magie. En revanche, je pense qu’il est capable que nous nous en emparions. Mais comment y parvenir, ça je n’en ai pour le moment aucune idée. »

Le sujet vira ensuite rapidement sur les chimères qui étaient bien sûr la principale source d’inquiétudes.

« Je ne connais que leurs faiblesses, mortelles ou non. À partir de la il faut que je trouve un moyen de l’exploiter avec une arme, si je puis dire. Je ne sais pas si je trouverais ce que je recherche sur cet archipel, mais c’est tout ce que je souhaite, car je commence à être à court d’options. Je ne peux donc que croire que je trouvais l’origine de la magie sur cette terre et que je pourrais ensuite l’exploiter afin de rayer les chimères de la carte. Si le Bâoli est ce que je pense, j’ignore encore comment je pourrais m’en servir. Je ne pourrais le savoir qu’une fois sur place afin de l’étudier et voir les possibilités. Je ne peux pas partir avec une idée préconçue, car il serait possible que le Bâoli, s’il existe, ne soit pas adapté et ne me permette donc pas de le faire. Mais l’idéal serait que je m’inspire de ce que j’ai vu sur le plan astral. Le domaine où se trouvent les palais des divinités est entouré d’une barrière en haute magie qui pulvérise tout bonnement une chimère si elle s’en approche. S’il était possible de faire quelque chose de semblable avec l’une des faiblesses des chimères, alors il suffirait de lever cette barrière et ensuite de l’étendre au maximum afin d’acculer les chimères jusqu’à être en mesure de les anéantir. »

Le rouge exposa son idée plutôt que son plan. Malheureusement il n’était pas en mesure de dresser un plan s’il n’avait pas tous les éléments en sa possession. Il ne saurait cela que le moment venu. Le sujet dériva à nouveau sur les bipèdes et les graärh et la réaction de sa douce le froissa.

« Une raison de faire ce qu’ils font ? Les vampires se sont installés sur des terres qui ne leur appartiennent pas, sans demander l’avis à ceux qui la possèdent. C’était déjà impardonnable en soi. Mais plus encore, ils attaquent lesdits propriétaires de cette terre, les chassent et les privent de liberté. Qu’importe la raison, elle ne saurait justifier cela. Et si j’ai moyen d’empêcher cela, alors je le ferais. Car les bipèdes ont fait à peu de chose près la même chose sur Ambarhùna. Ils sont venus, ils se sont installés, ils nous ont chassés, asservit avec le lien, voler nos œufs, tués et tués dans leur guerre folle. Nos ancêtres n’ont rien fait à l’époque et regardent où cela nous a menés. Ils auraient dû laisser éclater la puissance draconique pour ramener l’ordre. Alors oui, je vois en cette situation notre situation passée. Je n’étais pas là à l’époque, mais je suis là aujourd’hui. Alors je ferais tout ce qui est nécessaire pour empêcher cela. Ce n’est pas seulement pour les remercier. C’est aussi par devoir envers moi-même. »

Le rouge était passablement agacé par l’absence de réaction de sa compagne. Il ne pouvait pas lui en vouloir, bien sûr, car elle avait été toujours été ainsi, préférant observer et arbitrer un conflit, car tel était sa nature et c’est aussi pour cette raison qu’il l’aimait. Mais le sujet était ici particulièrement sensible pour le dragon rouge. Et ce n’était pas près d’en finir, quand, après avoir bégayé suite à la demande de Keetech, cette dernière lui demandait s’il avait peur et s’il la désirait toujours.

« Oui j’ai peur ! Mais cette peur n’entrave pas mon désir pour toi ! »

La voix du colérique tonna dans la trame comme mille éclats.

« J’ai peur, car je sais ce dont le lien et les bipèdes sont capables. J’ai peur de les voir naitre lié, que mes enfants soient piégés dans leurs coquilles durant un temps indéterminé, qu’ils soient séparés de nous, qu’ils ne naissent ni ne vivent parmi les leurs, parmi nos valeurs. Je ne veux pas qu’ils naissent parmi les bipèdes, je ne veux pas qu’ils connaissent les mêmes horreurs que ceux qui sont nés liés. Qu’ils obéissent à des bipèdes puis meurent inutilement dans leur interminable conflit. Et même s’ils ne venaient pas au monde lié. J’ai peur que des bipèdes viennent nous les voler. J’ai peur de ne pas être capable de les protéger. J’ai peur que tu perdes la vie en essayant de leur protéger. J’ai perdu mon frère, ma sœur et ma mère. Je n’étais pas là pour les deux premiers et je n’ai pas su protéger cette dernière. Je préférais que les bipèdes et le lien n’existent plus avant d’avoir d’autres enfants. Car les seuls dangers qui pourraient alors exister ne seraient pas vicieux et sans honneur. »

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