20 Novembre, Cordont.
Est-ce qu'elle allait aussi mal que ce qu'il se murmurait ? Elle avait l'impression que ce gouffre avait aspiré toutes les choses positives de ce lieu qui pourtant anciennement regorgeait de vie, il avait dévoré les habitants de la ville, leurs souvenirs, leurs espoirs, il ne restait plus qu'une poignée de survivants à présent. Il n'en restait qu'un profond sentiment de vide. La catastrophe l'avait déracinée, et chaque jour qui s'écoulait loin des siens devenait une nouvelle aiguille qui se plantait dans sa tête et son cœur. La seule chose qui l'empêchait de sombrer à ce monstre invisible était son nouveau devoir, qu'elle accomplissait malgré son état préoccupant. Elle était trop fière pour s'afficher dans un tel état de faiblesse, physique et moral.
Ses nuits à présent n'étaient plus aussi belles que les jours des communs, des mauvais rêves l'entraînait, elle réfléchissait beaucoup, trop, peut-être même, elle n'avait que ses correspondances pour se réfugier, sans réponses pour le moment. Étaient-elles seulement arrivées à destination ? Ou peut-être que le comte était trop occupé pour lui répondre, il avait fort à faire depuis la catastrophe. Quant à son géniteur, ils étaient en froid depuis des semaines, et elle avait lentement perdu espoir de lui faire retrouver la raison. Et malgré toute la colère qu'elle ressentait à son égard, à présent elle ne ressentait que de la pitié. Quant à sa fille, elle avait hâte de la retrouver.
Elle en venait presque à haïr ces nuits qu'autrefois elle encensait, la journée, tout allait, elle avait fort à faire, mais la nuit.. Ses pensées se tournaient vers l'abîme que lui évoquait un monstre prêt à dévorer l'île entière, l'air s'engouffrait dans les cavités et lui donnait l'impression d'une bête qui respire. Simple fruit de son imagination ou réalité ? La fille de nuit était persuadée que le gouffre continuerait de grandir.
Lorsqu'on la demandait elle se trouvait dans sa tente, en face de son nécessaire pour écrire ses lettres, elle le quittait rapidement, elle était déjà prête, dans sa robe de soie d'un brun foncé aux teintes chaudes, finement couverte de dorures qui mettaient en avant sa silhouette. Elle retouchait son maquillage qui avait quelque peu couler à cause de ses larmes, retouchait sa coiffure - un chignon élaboré qui durcissait un peu ses traits adolescents - ses multiples bijoux en argent pour masquer sa misère et une cape en soie sur ses épaules nues et elle partait, délaissant la chaleur de sa tente pour la froideur du monde extérieur. Elle s'enveloppait d'avantage dans sa cape, jetant un regard froid en direction du ciel où elle crut un instant apercevoir Fafnir, pour lui aussi elle n'avait plus vraiment le temps.
Sintharia prenait à cœur son nouveau rôle, elle était discrète et efficace, elle avait deux identités, l'une pour la nuit et l'autre pour le jour, l'intrigante, qui avait toujours une oreille quelque part, qui correspondait aux quatre coins des îles et qui recevait à la flamme des bougies jusque tard le soir, une présence délicate et féminine qui ne faisait aucun mal au camp, et la gardienne qui n'était qu'une ombre, efficace et qui ne se montrait que peu. Personne n'aurait pu savoir qu'il s'agissait de la même personne, personne n'avait jamais vraiment imaginé que la fille Dalis puisse être autre chose qu'une frêle adolescente séductrice à ses heures perdues et les déguisements n'aidaient pas. Mais il y avait toujours ces écrits, un papier d'une couleur gris de lin des argentures fines dans les marges -, des lettres propres, parfaitement bien écrites, l'écriture italique purement féminine, et un parfum sur le papier, des fragments joliment écrits de vie, de ce qu'elle voyait, qu'elle glissait sans mal là où seul le destinataire saurait les trouver. Une habitude de galante qu'elle avait conserver, le bourgmestre n'en avait pas été indemne, des morceaux de ce qu'elle observait, des conversations qu'elle entendait, des noms dont elle se méfiait. Des propos qui s'ils avaient pu être intercepter pouvait facilement être pris pour de simple racontars d'intrigants, elle utilisait cela pour toutes ses correspondances avec ses gens de cœur. Elle était futée, indiscutablement.
Elle finissait par pousser la toile de la tente pour y pénétrer, avec ce même air craintif que la première fois, mais cette fois-ci plus usé, elle croulait sous ses étoffes et ses propres bijoux, loin de ses habituels protecteurs, elle semblait vulnérable, presque une cible facile, presque comme si on l'avait déposer ici à la manière d'un appât. Néanmoins, elle se tenait droite et ne cillait pas face à la montagne que représentait la Triade. La courtisane savait que lorsqu'elle était appelée ce n'était pas pour parler banalités.
Un œil avisé pouvait voir facilement au travers de la mascarade, elle semblait plus fragile que jamais, les yeux encore brillants de larme de son récent malheur, affichant l'air de ceux qui souffrent d'un mal qui les brûlent de l'intérieur, que tout le maquillage du monde ne suffirait pas à cacher ce fait. Mais la maladie ne saurait pas retirer la beauté du jeune cygne noir, on lui trouvait même une certaine dignité naturelle. Ce tableau ne dura que quelques secondes avant que la transformation de rigueur ne s'opère.
Elle se recentrait, elle était ici pour une raison, alors elle se ressaisissait avec une détermination impressionnante, en quelques secondes son visage se lissait et elle fit une révérence polie, non sans le gratifier d'un sourire qui sonnait comme amical, dans un bruit agréable de soie, l'étoffe suivait ses mouvements accentuant son élégance, et même si ce masque sonnait un peu faux, indiscutablement elle était belle. Même si le moindre geste brusque pourrait tout balayer.
Messire. Elle attendit ensuite qu'il lui précise l'objet de sa présence ici. Que puis-je faire pour vous ? Elle arborait le ton poli et légèrement charmeur de leur rencontre à Caladon, la première fois.
La courtisane se souvenait de leur première rencontre, et de leur seconde, lorsque ses yeux glissèrent sur le sol, ce jour-là, il avait percé son intimité, le voile était tombé, la noblesse et la beauté presque vulgaires des Dalis avait laissés place à la vérité crue. Et ce soir encore, de nombreuses questions lui brûlait les lèvres, mais cela pourrait bien attendre, tous deux semblaient déterminés à conserver jalousement leurs secrets.
Peut-être avait-il eut vent de ses malheurs, ou peut-être qu'il attendait qu'elle choisisse le bon moment pour aborder le sujet - les choses finissaient par se savoir rapidement même si elle avait garder farouchement ce secret -, en peu de temps elle avait échapper à la mort par trois fois, la chute dans le cratère, sa chute de la falaise, et la troisième, elle avait bien faillit mourir noyée. Elle se donnait tant dans son nouveau rôle, qu'elle finissait par s'oublier, dormant à peine une poignée d'heure par jour, levée avant l'aurore. Son inaction vis-à-vis de ses tourments n'étaient pas due à un manque de confiance, elle était juste trop préoccupée par son devoir pour s'arrêter, elle voulait si bien faire, si bien qu'elle était enjouée par ces moments qui l'empêchait de réfléchir.
Sa présence ici avait eu beaucoup de bon, elle avait gagné en efficacité, agrandissant son réseau par la même occasion, même si elle se laissait encore porter par ses états d'âme. Elle s'était dévoilée avec cette liberté toute nouvelle, loin de la pression de son géniteur. Cela n'avait pas été facile d'effacer les peurs que le vampire avait ancré en elle, il était tellement facile d'obtenir l'amour d'une personne que l'on enferme. Elle se rendait compte qu'elle avait été victime de l'égoïsme du conseiller, il ne l'aimait finalement que parce qu'il se sentait supérieur à elle. Finalement ne l'avait-elle pas aimé seulement parce qu'elle ne connaissait personne d'autre ?
Quant à servir la Triade - elle qui pourtant il y a quelques mois s'indignait de servir ou de plier face à qui que ce soit -, elle s'était faite à cette idée, reposant sa confiance, s'acceptant. Elle apprenait, elle qui avait l'habitude de ne compter que sur elle-même et ses propres capacités, un grand effort.
On lui avait aussi découvert une certaine fidélité, car même si elle parvenait à manger à tous les râteliers, elle était fidèle, elle lui avait montré ses capacités à tuer, elle aurait pu jouer la comédie, ils étaient proches et pourtant à aucun moment elle n'avait eu cette idée de trahir la confiance de l'elfe, arracher une vie était quelque chose de facile, mais pas trahir. Et pourtant elle en avait eu l'occasion, encore aujourd'hui, elle était armée, l'arbalète du Souffle toujours attachée à son bras gauche, dissimulé en un simple bijou était une arme qu'elle aurait pu utiliser à tout moment.
Dernière édition par Sintharia Dalis le Dim 28 Oct 2018 - 15:45, édité 1 fois
Est-ce qu'elle allait aussi mal que ce qu'il se murmurait ? Elle avait l'impression que ce gouffre avait aspiré toutes les choses positives de ce lieu qui pourtant anciennement regorgeait de vie, il avait dévoré les habitants de la ville, leurs souvenirs, leurs espoirs, il ne restait plus qu'une poignée de survivants à présent. Il n'en restait qu'un profond sentiment de vide. La catastrophe l'avait déracinée, et chaque jour qui s'écoulait loin des siens devenait une nouvelle aiguille qui se plantait dans sa tête et son cœur. La seule chose qui l'empêchait de sombrer à ce monstre invisible était son nouveau devoir, qu'elle accomplissait malgré son état préoccupant. Elle était trop fière pour s'afficher dans un tel état de faiblesse, physique et moral.
Ses nuits à présent n'étaient plus aussi belles que les jours des communs, des mauvais rêves l'entraînait, elle réfléchissait beaucoup, trop, peut-être même, elle n'avait que ses correspondances pour se réfugier, sans réponses pour le moment. Étaient-elles seulement arrivées à destination ? Ou peut-être que le comte était trop occupé pour lui répondre, il avait fort à faire depuis la catastrophe. Quant à son géniteur, ils étaient en froid depuis des semaines, et elle avait lentement perdu espoir de lui faire retrouver la raison. Et malgré toute la colère qu'elle ressentait à son égard, à présent elle ne ressentait que de la pitié. Quant à sa fille, elle avait hâte de la retrouver.
Elle en venait presque à haïr ces nuits qu'autrefois elle encensait, la journée, tout allait, elle avait fort à faire, mais la nuit.. Ses pensées se tournaient vers l'abîme que lui évoquait un monstre prêt à dévorer l'île entière, l'air s'engouffrait dans les cavités et lui donnait l'impression d'une bête qui respire. Simple fruit de son imagination ou réalité ? La fille de nuit était persuadée que le gouffre continuerait de grandir.
Lorsqu'on la demandait elle se trouvait dans sa tente, en face de son nécessaire pour écrire ses lettres, elle le quittait rapidement, elle était déjà prête, dans sa robe de soie d'un brun foncé aux teintes chaudes, finement couverte de dorures qui mettaient en avant sa silhouette. Elle retouchait son maquillage qui avait quelque peu couler à cause de ses larmes, retouchait sa coiffure - un chignon élaboré qui durcissait un peu ses traits adolescents - ses multiples bijoux en argent pour masquer sa misère et une cape en soie sur ses épaules nues et elle partait, délaissant la chaleur de sa tente pour la froideur du monde extérieur. Elle s'enveloppait d'avantage dans sa cape, jetant un regard froid en direction du ciel où elle crut un instant apercevoir Fafnir, pour lui aussi elle n'avait plus vraiment le temps.
Sintharia prenait à cœur son nouveau rôle, elle était discrète et efficace, elle avait deux identités, l'une pour la nuit et l'autre pour le jour, l'intrigante, qui avait toujours une oreille quelque part, qui correspondait aux quatre coins des îles et qui recevait à la flamme des bougies jusque tard le soir, une présence délicate et féminine qui ne faisait aucun mal au camp, et la gardienne qui n'était qu'une ombre, efficace et qui ne se montrait que peu. Personne n'aurait pu savoir qu'il s'agissait de la même personne, personne n'avait jamais vraiment imaginé que la fille Dalis puisse être autre chose qu'une frêle adolescente séductrice à ses heures perdues et les déguisements n'aidaient pas. Mais il y avait toujours ces écrits, un papier d'une couleur gris de lin des argentures fines dans les marges -, des lettres propres, parfaitement bien écrites, l'écriture italique purement féminine, et un parfum sur le papier, des fragments joliment écrits de vie, de ce qu'elle voyait, qu'elle glissait sans mal là où seul le destinataire saurait les trouver. Une habitude de galante qu'elle avait conserver, le bourgmestre n'en avait pas été indemne, des morceaux de ce qu'elle observait, des conversations qu'elle entendait, des noms dont elle se méfiait. Des propos qui s'ils avaient pu être intercepter pouvait facilement être pris pour de simple racontars d'intrigants, elle utilisait cela pour toutes ses correspondances avec ses gens de cœur. Elle était futée, indiscutablement.
Elle finissait par pousser la toile de la tente pour y pénétrer, avec ce même air craintif que la première fois, mais cette fois-ci plus usé, elle croulait sous ses étoffes et ses propres bijoux, loin de ses habituels protecteurs, elle semblait vulnérable, presque une cible facile, presque comme si on l'avait déposer ici à la manière d'un appât. Néanmoins, elle se tenait droite et ne cillait pas face à la montagne que représentait la Triade. La courtisane savait que lorsqu'elle était appelée ce n'était pas pour parler banalités.
Un œil avisé pouvait voir facilement au travers de la mascarade, elle semblait plus fragile que jamais, les yeux encore brillants de larme de son récent malheur, affichant l'air de ceux qui souffrent d'un mal qui les brûlent de l'intérieur, que tout le maquillage du monde ne suffirait pas à cacher ce fait. Mais la maladie ne saurait pas retirer la beauté du jeune cygne noir, on lui trouvait même une certaine dignité naturelle. Ce tableau ne dura que quelques secondes avant que la transformation de rigueur ne s'opère.
Elle se recentrait, elle était ici pour une raison, alors elle se ressaisissait avec une détermination impressionnante, en quelques secondes son visage se lissait et elle fit une révérence polie, non sans le gratifier d'un sourire qui sonnait comme amical, dans un bruit agréable de soie, l'étoffe suivait ses mouvements accentuant son élégance, et même si ce masque sonnait un peu faux, indiscutablement elle était belle. Même si le moindre geste brusque pourrait tout balayer.
Messire. Elle attendit ensuite qu'il lui précise l'objet de sa présence ici. Que puis-je faire pour vous ? Elle arborait le ton poli et légèrement charmeur de leur rencontre à Caladon, la première fois.
La courtisane se souvenait de leur première rencontre, et de leur seconde, lorsque ses yeux glissèrent sur le sol, ce jour-là, il avait percé son intimité, le voile était tombé, la noblesse et la beauté presque vulgaires des Dalis avait laissés place à la vérité crue. Et ce soir encore, de nombreuses questions lui brûlait les lèvres, mais cela pourrait bien attendre, tous deux semblaient déterminés à conserver jalousement leurs secrets.
Peut-être avait-il eut vent de ses malheurs, ou peut-être qu'il attendait qu'elle choisisse le bon moment pour aborder le sujet - les choses finissaient par se savoir rapidement même si elle avait garder farouchement ce secret -, en peu de temps elle avait échapper à la mort par trois fois, la chute dans le cratère, sa chute de la falaise, et la troisième, elle avait bien faillit mourir noyée. Elle se donnait tant dans son nouveau rôle, qu'elle finissait par s'oublier, dormant à peine une poignée d'heure par jour, levée avant l'aurore. Son inaction vis-à-vis de ses tourments n'étaient pas due à un manque de confiance, elle était juste trop préoccupée par son devoir pour s'arrêter, elle voulait si bien faire, si bien qu'elle était enjouée par ces moments qui l'empêchait de réfléchir.
Sa présence ici avait eu beaucoup de bon, elle avait gagné en efficacité, agrandissant son réseau par la même occasion, même si elle se laissait encore porter par ses états d'âme. Elle s'était dévoilée avec cette liberté toute nouvelle, loin de la pression de son géniteur. Cela n'avait pas été facile d'effacer les peurs que le vampire avait ancré en elle, il était tellement facile d'obtenir l'amour d'une personne que l'on enferme. Elle se rendait compte qu'elle avait été victime de l'égoïsme du conseiller, il ne l'aimait finalement que parce qu'il se sentait supérieur à elle. Finalement ne l'avait-elle pas aimé seulement parce qu'elle ne connaissait personne d'autre ?
Quant à servir la Triade - elle qui pourtant il y a quelques mois s'indignait de servir ou de plier face à qui que ce soit -, elle s'était faite à cette idée, reposant sa confiance, s'acceptant. Elle apprenait, elle qui avait l'habitude de ne compter que sur elle-même et ses propres capacités, un grand effort.
On lui avait aussi découvert une certaine fidélité, car même si elle parvenait à manger à tous les râteliers, elle était fidèle, elle lui avait montré ses capacités à tuer, elle aurait pu jouer la comédie, ils étaient proches et pourtant à aucun moment elle n'avait eu cette idée de trahir la confiance de l'elfe, arracher une vie était quelque chose de facile, mais pas trahir. Et pourtant elle en avait eu l'occasion, encore aujourd'hui, elle était armée, l'arbalète du Souffle toujours attachée à son bras gauche, dissimulé en un simple bijou était une arme qu'elle aurait pu utiliser à tout moment.
Dernière édition par Sintharia Dalis le Dim 28 Oct 2018 - 15:45, édité 1 fois