17 novembre 1762
« … Matis? »
Son nom passa entre ses lèvres interdites comme un murmure dans une flute. Doux et mélodique, mais faible. Peut-être que les deux hommes qui l’escortaient l’avaient entendu, s’ils portaient attention, mais certainement personne d’autre. Les yeux dorés s’écarquillèrent doucement, une mine soucieuse se transforma rapidement en paralysie. Son visage, elle ne l’avait pas vu, d’abord intimidée par la taille impressionnante de l’inconnu . Puis elle avait jeté un deuxième coup d’œil, se demandant qui était cette nouvelle tête qu’elle n’avait pas vu plus tôt. Elle avait, après tout, entendu parler que les Délimariens avaient jetés l’ancre récemment. Puis elle avait figé devant le visage d’un esprit. Était-ce un esprit? L’avait-il vu, figer ainsi?
La veuve se surprit à se demander comment ses cheveux étaient devenus gris aussi rapidement. Il y avait moins d’un an, depuis qu’il…depuis qu’il…
Son visage, ses traits devenaient flous, un à la fois. La veuve avait peur, plus que tout, de tenter de se souvenir à quoi ressemblaient ses yeux car chaque fois qu’elle forçait sa mémoire à revoir quelque chose, tout devenait brumeux. Ses yeux, à quoi ressemblaient ils? Elle voulait encore, pouvoir voir leur expression candide, la manière dont ils se pliaient lorsqu’il était en colère. Et si elle devait toujours se contenter que d’un mot pour décrire ses yeux, à sa mémoire? La misérable insatisfaction que de ne pouvoir nommer que leur couleur. Il était tellement plus grand, c’était impossible. Juste une coïncidence cruelle.
Il ne se passa que quelques secondes de paralysie avant qu’elle sente les battements de son cœur s’accélérer, elle fit quelques pas en arrière, bien qu’elle eût déjà une distance de plusieurs mètres avec le colosse. Son cœur battait si fort qu’elle le sentait vouloir exploser dans chacune de ses veines. Autone posa la main sur la besace à sa ceinture quand elle remarqua qu’elle hyperventilait déjà depuis un moment. Sa respiration s’était-elle accélérée avant ou après son cœur? « Marius… » Le rossignol fit quelques pas confus vers l’arrière et fouilla d’une main distraite dans sa besace. Il devait bien y avoir quelque chose, un éventail, un mouchoir, une potion. Elle ne savait même pas ce qu’elle cherchait, il lui fallait absolument calmer quoi que ce soit qui agitait son cœur à ce moment. Ou se cacher, se cacher était très bien. Pourquoi avait-elle donné son mouchoir à Ivanyr? Elle ne pouvait pas se permettre de se montrer aussi vulnérable ici, devant le peuple et encore moins devant les Délimariens.
Voulant s’adresser à son garde du corps, elle se retourna et posa à nouveau, sans le vouloir, son regard sur le visage qui lui était si familier avant que cette image, elle aussi, ne devienne floue. Le rossignol tenta d’attraper le bras de son garde du corps mais sa main s’arrêta dans le vide, elle sentit ses pieds perdre l’équilibre. Dans son esprit, retentit une question, avant qu’elle ne sente son corps attiré par le sol. « Comment est-ce possible? » Marius, confus, l’empêcha de justesse d’heurter le sol.
Elle ouvrit les yeux du même brouillard qui les avait éteints. Elle prononça, dans sa confusion « Matis … » alors que le voile devant ses yeux se levait. Elle fronça les sourcils en se redressant, pour être en position assise. La petite dame posa une main sur son front, tentant de se souvenir où elle était.
« Co...Cordont, c’est ça? Qu’est-ce qui s’est passé? » pensa-t-elle à voix haute. « Je ne sais pas, Dame Falkire, vous avez défailli… seulement quelques instants. » répondu Marius, encore déstabilisé par le malaise inattendu. La petite dame observa le ciel et les ombres portées par les campements. Il était certain, au moins, qu’elle n’était pas restée inconsciente plus d’une heure. En vérité, seulement quelques minutes avaient passés. Autone posa les yeux sur sa robe. Pourquoi était-ce le seul jour qu’elle décidait de porter la seule robe longue qu’elle avait emmenée, qu’elle devait se retrouver au sol? Bien qu’elle ne fût pas réellement prête à affronter les questionnements et les rumeurs, elle enfila rapidement le masque de marbre qui la protégeait toujours en politique après avoir laissé un soupir s’échapper. Elle utilisa l’aide de Marius pour se relever et secoua un peu sa robe noire. Sa seule envie à présent était de rejoindre sa tente et de ne jamais en sortir. La petite dame jeta un oeil sur le Nexus du cœur noir qui restait presque toujours à son cou. À quoi s'attendait-elle? Il n'allait certainement pas changer de couleur.
La veuve s’arrêta net et pâlit lorsqu’elle vit le colosse devant elle et détourna les yeux, évitant de baisser la tête, embarrassée.
« … Matis? »
Son nom passa entre ses lèvres interdites comme un murmure dans une flute. Doux et mélodique, mais faible. Peut-être que les deux hommes qui l’escortaient l’avaient entendu, s’ils portaient attention, mais certainement personne d’autre. Les yeux dorés s’écarquillèrent doucement, une mine soucieuse se transforma rapidement en paralysie. Son visage, elle ne l’avait pas vu, d’abord intimidée par la taille impressionnante de l’inconnu . Puis elle avait jeté un deuxième coup d’œil, se demandant qui était cette nouvelle tête qu’elle n’avait pas vu plus tôt. Elle avait, après tout, entendu parler que les Délimariens avaient jetés l’ancre récemment. Puis elle avait figé devant le visage d’un esprit. Était-ce un esprit? L’avait-il vu, figer ainsi?
La veuve se surprit à se demander comment ses cheveux étaient devenus gris aussi rapidement. Il y avait moins d’un an, depuis qu’il…depuis qu’il…
Son visage, ses traits devenaient flous, un à la fois. La veuve avait peur, plus que tout, de tenter de se souvenir à quoi ressemblaient ses yeux car chaque fois qu’elle forçait sa mémoire à revoir quelque chose, tout devenait brumeux. Ses yeux, à quoi ressemblaient ils? Elle voulait encore, pouvoir voir leur expression candide, la manière dont ils se pliaient lorsqu’il était en colère. Et si elle devait toujours se contenter que d’un mot pour décrire ses yeux, à sa mémoire? La misérable insatisfaction que de ne pouvoir nommer que leur couleur. Il était tellement plus grand, c’était impossible. Juste une coïncidence cruelle.
Il ne se passa que quelques secondes de paralysie avant qu’elle sente les battements de son cœur s’accélérer, elle fit quelques pas en arrière, bien qu’elle eût déjà une distance de plusieurs mètres avec le colosse. Son cœur battait si fort qu’elle le sentait vouloir exploser dans chacune de ses veines. Autone posa la main sur la besace à sa ceinture quand elle remarqua qu’elle hyperventilait déjà depuis un moment. Sa respiration s’était-elle accélérée avant ou après son cœur? « Marius… » Le rossignol fit quelques pas confus vers l’arrière et fouilla d’une main distraite dans sa besace. Il devait bien y avoir quelque chose, un éventail, un mouchoir, une potion. Elle ne savait même pas ce qu’elle cherchait, il lui fallait absolument calmer quoi que ce soit qui agitait son cœur à ce moment. Ou se cacher, se cacher était très bien. Pourquoi avait-elle donné son mouchoir à Ivanyr? Elle ne pouvait pas se permettre de se montrer aussi vulnérable ici, devant le peuple et encore moins devant les Délimariens.
Voulant s’adresser à son garde du corps, elle se retourna et posa à nouveau, sans le vouloir, son regard sur le visage qui lui était si familier avant que cette image, elle aussi, ne devienne floue. Le rossignol tenta d’attraper le bras de son garde du corps mais sa main s’arrêta dans le vide, elle sentit ses pieds perdre l’équilibre. Dans son esprit, retentit une question, avant qu’elle ne sente son corps attiré par le sol. « Comment est-ce possible? » Marius, confus, l’empêcha de justesse d’heurter le sol.
Elle ouvrit les yeux du même brouillard qui les avait éteints. Elle prononça, dans sa confusion « Matis … » alors que le voile devant ses yeux se levait. Elle fronça les sourcils en se redressant, pour être en position assise. La petite dame posa une main sur son front, tentant de se souvenir où elle était.
« Co...Cordont, c’est ça? Qu’est-ce qui s’est passé? » pensa-t-elle à voix haute. « Je ne sais pas, Dame Falkire, vous avez défailli… seulement quelques instants. » répondu Marius, encore déstabilisé par le malaise inattendu. La petite dame observa le ciel et les ombres portées par les campements. Il était certain, au moins, qu’elle n’était pas restée inconsciente plus d’une heure. En vérité, seulement quelques minutes avaient passés. Autone posa les yeux sur sa robe. Pourquoi était-ce le seul jour qu’elle décidait de porter la seule robe longue qu’elle avait emmenée, qu’elle devait se retrouver au sol? Bien qu’elle ne fût pas réellement prête à affronter les questionnements et les rumeurs, elle enfila rapidement le masque de marbre qui la protégeait toujours en politique après avoir laissé un soupir s’échapper. Elle utilisa l’aide de Marius pour se relever et secoua un peu sa robe noire. Sa seule envie à présent était de rejoindre sa tente et de ne jamais en sortir. La petite dame jeta un oeil sur le Nexus du cœur noir qui restait presque toujours à son cou. À quoi s'attendait-elle? Il n'allait certainement pas changer de couleur.
La veuve s’arrêta net et pâlit lorsqu’elle vit le colosse devant elle et détourna les yeux, évitant de baisser la tête, embarrassée.