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descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Aube du 16 Octobre de l’an 1762 Ambharunien

Le silence de la nuit recouvrait encore la tribu quand Sa’Hila ouvrit les yeux. Un lourd silence que seules les sentinelles à l’extérieur de son foyer perturbaient par leur rondes. Comme bien souvent, elle s’éveillait avant le soleil, fidèle à sa réputation de lève-tôt par ailleurs. Papillonnant des yeux afin d’en chasser les derniers restes de fatigue, elle s’étira dans son hamac et laissa pendre sa main pour grattouiller Bhavika entre les oreilles, roulé en boule en-dessous d’elle. Le gros félin se mit à ronronner et Sa’Hila sourit, attendrie. à le voir si paisible, qui pourrait croire que le félidé avait un caractère de cochon ?
Dans un mouvement tout en souplesse, elle se laissa glisser et entreprit de se débarbouiller à l’eau claire, rafraîchie par la nuit. Puis elle entreprit sa toilette quotidienne, mettant un point d’honneur à paraître aussi respectable que sa fonction l’exigeait, et surtout par pure coquetterie. Le temps qu’elle enfila une robe de lin bleutée et qu’elle ceignit sa lame, que la panthère noire avait aussi fini de se réveiller. La bête s’étira de tout son long, plantant ses griffes dans le sol en baillant à s’en décrocher la mâchoire. Son rituel quotidien en somme. Ceci fait, Bahvika trottant docilement à côté d’elle, l’Aaleeshaan finit par sortir de son wigwam, savourant l’air frais de la savane. Chargé de l’humidité des moussons, il était cependant agréable, apportant quelques fragrance de terre mouillée. Dans quelques heures, ce même air se chargerait des odeurs des activités de la Légion, mais pour le moment, la Dompteuse se contentait de profiter de son moment de la journée préféré et avisant Garan, la sentinelle posté à quelque pas d’elle, lui fit un signe de tête franc et direct. Celui-ci s’inclina légèrement, visiblement heureux que sa garde nocturne soit terminée et il prit congés en prévenant les autres.

Une fois seule, elle contourna le monticule de terre sur lequel culminait sa demeure et vint s’asseoir sur une pierre plate, usée par le temps et la météo. Sa pierre de méditation comme elle aimait l’appeler, était dans l’axe parfait pour regarder le lever du soleil, qui d’ailleurs pointait ses premiers rayons. Une fois que celui-ci réchaufferait le monde pleinement, elle devra porter son masque de dirigeante, comme d'habitude depuis dix années déjà. Par chance, ce n’était pas encore un fardeau pour elle et de tout coeur elle savait que jamais ce ne le serait. Son métier était dur, parfois épuisant mais ô combien gratifiant. Les Graärh avaient besoin d’elle et elle avait besoin d’eux. Et si la situation actuelle n’étaient pas des plus reluisantes par rapport aux esclavagistes, au moins étaient-ils tous restés unis dans l’adversité.
Perdue dans ses pensées, elle vit un oiseau voleter dans l’aube naissant. Malgré la distance, mais à la vue de son atterrissage, elle reconnut Leksa. “Et bien, il n’y a pas que moi de matinale aujourd’hui.” pensa-t-elle amusée. La jeune Chouette lui avait fait bonne impression et bien que téméraire, c’est bien les épreuves qu’elle avait subi qui l’avaient marqué. Loin d’éprouver de la pitié, elle admirait son courage et c’est avec humilité qu’elle écoutait ses conseils, elle qui était en sécurité au coeur de la Légion. Cela faisait un moment d’ailleurs qu’elle n’avaient pas eu l’occasion de discuter toutes les deux. Le moment était bien choisi finalement. Grattant toujours Bhavika à son endroit préféré, elle lui murmura à l’oreille:

-Vas me chercha Leksa s’il te plaît, joignant l’image mentale de la flamboyante graärh.

Des années de dressage avaient rendus les deux félins aussi complices que complémentaires. Parfois, Sa’Hila n’avait même pas besoin des pouvoirs du Cheval pour communiquer à demi mot avec la panthère. Voyant là une bonne occasion de se dégourdir les pattes, le félin s’élança directement en direction de sa destinataire.
Quelques minutes passèrent pendant lesquelles seuls quelques stridulations d'invisibles grillons troublèrent le calme du jour naissant, avant que le roux caractéristique de la Tribyoon ne fasse son apparition. Le familier reprenant sa place à côté de sa maîtresse, elle désigna une place à côté d’elle. Elle ronronna la première, comme le voulait la tradition.

-Bonjour Leksa, cela fait un moment que je ne t’ai pas vu. Joins-toi donc à moi et apprécies le levé du jour. N’est-ce pas là le plus beau moment de la journée ?

Ce n’était pas vraiment un ordre mais simplement une invitation. Même si elle pouvait donner des ordres, elle aimait pas vraiment ça et préférait que les actes soient sincères. Leur langage corporel étant déjà très marqué par les rapports de domination (ce qui expliquait surement pourquoi le vouvoiement était une notion totalement obscure pour les graärh), elle ne tenait pas à imposer encore plus ses décisions inutilement.
Gardant les yeux rivés sur l’astre qui colorait le ciel de milles nuances de rouges, elle attendit patiemment sa réponse.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Sans la lumière du jour, les vastes plaines de la savane de Stymphale revêtaient une allure terrifiante. Que cachaient les hautes herbes ? Quels animaux étaient capables de bondir depuis les basses branches d'un baobab ? Le danger revêtait plusieurs visages, surtout avant le levé du soleil, et même le plus expérimenté des Graärh devait redoubler de prudence.

Même le ciel n'était pas sécuritaire. On trouvait toujours un rapace plus gros que soi. Mais Leksa ne volait jamais seule. Avec Heyra, elle formait un duo insolite qui ne manquait pas d'attirer l'attention des plus observateurs. Mais à deux, les chances de faire une mauvaise rencontre s'amenuisaient.

La pygarde vocifer volait un peu derrière la chouette chevêche. La première était bien plus grande que la seconde, mais leur vol matinale était paisible. De plus, Leksa bénéficiait d'un contrôle sur les vents, ce qui lui permettait de gérer les paramètres de son vol à sa guise. Heyra, elle, était dépendante des courants.
L'ankoay émit un cri. On aurait presque dit celui d'un goéland. Ses yeux globuleux et jaune étaient posés sur le dos de la petite chouette qui planait devant elle. En réponse à ce cri, Leksa émit un "kiou kiou" bref et clair. D'une envergure de soixante centimètres seulement, la liée de la chouette n'était pas plus grande qu'un pigeon. Sa tête aplatie, son front bas ainsi que ses yeux jaunes surplombés par des sourcils blancs et froncés lui donnaient un air sévère. Son crâne était piqueté de petites tâches blanches tandis que son bec courbé était jaune pale. Le reste de son plumage était grisâtre et semé de taches plus claires. Ses pattes, couvertes de petites plumes blanches, se terminaient en des serres puissantes.

L'horizon s'éclaircissait derrière l'improbable duo. Le jour se levait et l'horizon se teintait de nuances orangées. Il s'agissait sans aucun doute du moment préféré de Leksa. Cette dernière ne manquait pas un seul levé de soleil depuis sa plus tendre enfance. Lorsque le ciel s'embrasait et que l'astre du jour semblait si proche, la Graärh se sentait alors si petit en ce monde... Mais paradoxalement, sa place dans le cycle de la vie lui semblait alors si claire.

Doucement, la petite chouette fit demi-tour. Les rayons du soleil l'éblouirent un instant. Derrière elle, Heyra effectua également un gracieux virage. Leur plumage se nimbait d'or et de flammes, rappelant le pelage naturel de Leksa. Les vents poussaient le duo vers les multiples habitations marquant la présence du cœur de la Légion. Il s'agissait du plus grand rassemblement de Graärh de toute l'île et, chaque fois, la féline sentait son cœur se gonfler de joie tandis qu'elle observait ses semblables depuis le ciel. Un important sentiment de protection venait ensuite prendre la place de sa gaieté. En volant ainsi au-dessus des Graärh, Leksa prenait à cœur son rôle.

La féline replia doucement ses ailes et piqua vers la terre ferme. L’atterrissage était toujours un instant difficile. Mais cette fois-ci, la féline reprit forme originelle à plusieurs mètres du sol. Ses ailes devinrent des bras. Ses serres devinrent des jambes. La petite chouette d'une envergure de soixante centimètres laissa sa place à une Graärh haute de deux mètres trente. La différence était saisissante et l’atterrissage tout autant, car Marche-flamme tomba de presque cinq mètres et se réceptionna sans la moindre difficulté, son corps se ramassant sur lui-même pour amortir le choc.

Tandis qu'elle se redressait de toute sa hauteur, Heyra piqua et frôla son épaule avant de repartir vers le ciel en poussant un "whii-oh" de joie. Cette vision fit grand plaisir à la féline, dont la queue remua de droite à gauche. Marche-flamme se tourna vers l'horizon afin d'admirer le reste de la course du soleil, mais un nouveau cri de Heyra poussa la Graärh à se détourner de ce spectacle. Un "whii-oh whii-oh whii-oh" caractéristique d'un danger, de quelque chose dont la pygarde voulait la prévenir.

Leksa reconnut Bahvika. La panthère noire, campagne de l'Aaleeshaan, était l'unique représentante de sa race au sein de la Légion. Elle trottait tranquillement vers la Tribyoon mais s'arrêta à quelques pas avant de faire demi-tour, non sans s'assurer que la Graärh la suivait. Au-dessus d'eux, Heyra suivait leur déplacement d'un œil attentif. Seuls quelques grillons troublaient la quiétude du jour naissant. Même la présence de Bahvika ne parvenait pas à troubler ce moment fort agréable où la nature s'éveillait.

Enfin, Marche-flamme aperçut Sa'hila. Assise sur sa pierre plate comme chaque matin, l'Aaleeshaan respirait la sérénité. Bahvika revint s'allonger à ses côtés tandis que Leksa s'arrêtait à quelques pas de là. En signe de respect, elle inclina la tête en poussant un ronronnement, puis releva le regard. Étant toutes deux des Naayak, la Chouette se permettait de regarder Sa'hila directement. Cette dernière l'invita à prendre place à ses côtés pour admirer le levé du jour, ce que Leksa s'empressa de faire. Elle n'aimait pas manquer ce spectacle.

Tranquillement, la féline vint donc s'agenouiller à la gauche de l'Aaleeshaan. La posture martiale de Marche-flamme démontrait son statut de guerrière. Elle ne revêtait pas son armure car elle n'en avait pas besoin au sein de la Légion, toutefois, elle portait son kataana à la ceinture. Ce sabre de facture Graärh auquel elle tenait tant ne la quittait que rarement une fois hors de son wigwam. Leksa avait veillé à garder une distance respectable entre elle et Sa'Hila. Malgré son statut de Tribyoon, elles ne se connaissaient pas encore très bien.

— Je ne peux qu'approuver, répondit Leksa. Son ton était léger et trahissait sa bonne humeur.

Ses prunelles orangées brillaient aussi fortement que le soleil qu'elle ne quittait pas des yeux. La sérénité qui émanait de Sa'hila était communicative. À ses côtés, Marche-flammes se sentait apaisée.

— Lorsque j'étais petite déjà, je me levais chaque matin bien avant l'aube pour admirer ce spectacle. Aujourd'hui, je partage également un vol avec Heyra. Le vent dans les plumes est si vivifiant !

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Sa’hila sourit. Elle ne pouvait qu’imaginer le sentiment de liberté que pouvait éprouver Leksa. Voler était un privilège que peu de graärh bénéficiaient, mais jamais elle n’avait été jalouse. Elle avait assez les pattes sur terre et la tête sur les épaules pour ne pas avoir besoin de s’évader et de rêver de s’élever dans les airs. Toujours est-il que sa remarque trouva un écho chez l’Aaleshaan. Elle eut un petit rire.

-Ma génitrice me répétait toujours “Tu as raison Sa’Hila. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.” Venant d’elle, ça me faisait bien rire, elle qui se levait après tout le monde. Mais au final, elle n’avait pas vraiment tort. La beauté du monde est bien plus forte pendant cette état transitoire entre le jour et la nuit. Et surtout, ça m’a bien réussi de me lever si tôt finalement.

Le soleil réchauffant petit à petit le village endormi, un début d’activité pointait le bout de son nez. La légère brume matinale de la mousson commençait elle aussi à se dissiper, terrassée par les rayons chauds de l’astre.
Pensivement, la dompteuse continuait de gratouiller la tête de Bhavika, lui arrachant des ronronnements de plaisir. Et lui arrachant quelques touffes de poils également. Mine de rien, la panthère commençait se faire un peu vieille.  gé de maintenant quatorzes années, le félin montrait quelques signes de vieillesse. Sa’Hila en était triste bien sûr, mais aussi sereine. Après tout la mort faisait parti intégrante du grand cycle de la vie. Et comme tout cycle, il devait se répéter.

S’arrachant à sa contemplation, maintenant que la lumière de l’étoile devenait dangereuse pour les yeux, elle se tourna vers sa Tribyoon, gardant toujours un air serein. Son ton était toujours affable et son regard toujours droit planté dans celui de ses vis-à-vis. Comme à son habitude, elle avait aussi prit le soin de coincer sa queue sous sa pierre de méditation.

-Alors dis-moi, qu’as-tu prévu aujourd’hui ? Tu ne repars pas patrouiller avant un moment il me semble ? Comme je te comprends, moi aussi je profiterai des excellents plats des liés-Vache avant de repartir pendants des jours.

Elle ne souhaitait pas l’accabler de leur situation martiale dès le matin, préférant amener le sujet pour plus tard.

Dernière édition par Sa'Hila le Lun 7 Jan 2019 - 18:18, édité 1 fois

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Malgré les épreuves qui jalonnaient sa courte existence, Marche-flamme avait un caractère léger. Elle était accessible et il était facile de devenir son amie. La tête parfois un peu dans les nuages, elle n'en oubliait pas pour autant son devoir. La protection de son peuple lui importait plus que tout autre chose. Ses escapades avec Heyra, Leksa les appréciait d'autant plus car le reste de son temps était voué en grande partie à son peuple. En cela, elle comprenait d'autant plus Sa'hila. Plus expérimentée que Leksa, celle-ci prenait plaisir à apprendre de l'Aaleeshann de sa Légion.

« J'aime ce sens de l'humour. » répondit Leksa en souriant de tous ses crocs. L'ironie de cette petite histoire l'amusait beaucoup. C'était le genre de blagues qu'elle aimait particulièrement. « Quoi qu'il en soit, cela nous fait un point commun » souligna la féline en tournant son regard orangé vers Sa'hila. Bavhika attira ensuite son regard. La panthère noire appréciait particulièrement les caresses de sa maîtresse à en juger par ses ronronnements. De tous les animaux existants, l'amour que Leksa portait aux félins était le plus fort. Ils étaient si proches de son espèce, ils partageaient tant d'attributs, d'habitudes, de moyens de communication. Parfois, c'en était étourdissant.

Mais contrairement au Graärh, les animaux n'avaient pas une longue espérance de vie. À en juger par le museau gris de Bavhika et les touffes de poils qu'elle perdait, celle-ci n'en avait plus pour longtemps. Leksa ne se souvenait plus exactement de son âge, mais la panthère devait avoir plus de dix ans selon ses estimations. Leksa se garda, toutefois, d'évoquer le sujet avec Sa'hila. Bien que la mort soit partie intégrante du grand cycle de la vie, il était parfois douloureux de l'évoquer. La Trybyoon ne voulait pas troubler son Aaleeshann.

Au loin, une silhouette à quatre pattes s'avançait. Elle attira le regard affûté de Marche-flamme, qui plissa les yeux. Elle reconnut alors Nia. Comme d'habitude, la femelle guépard trottinait tranquillement entre les habitations, venant trouver sa maîtresse. La guépard n'était plus toute jeune, songea Leksa en l'observant. Cela faisait de nombreuses années qu'elles chassaient ensemble. Mais le lien entre Nia et elle était indestructible et survivait au temps. Nia avait but le lait maternelle de Leksa, qui lui avait sauvé la vie grace à lui. Depuis, elles ne se quittaient plus. Ouvrant les bras, Marche-flamme accueillit le guépard avec plaisir. Les deux félines se mirent à ronronner à l'unissant, frottant leur museau dans le cou de l'autre. Nia s'allongea ensuite aux côtés de sa maîtresse, qui se mit aussitôt à la caresser. Les ronronnements de Bavhika et de Nia firent sourire la Graärh. C'était une mélodie dont elle ne se lassait pas.

« En effet, je souhaite prendre un peu de temps pour m'occuper des nôtres, ici même, au sein de notre village et réfléchir à notre organisation. » son regard embrassa les nombreuses habitations ainsi que les Graärh qui en sortaient petit à petit. Le village s'animait sous les yeux des deux femmes et de leur compagne. L'évocation des Liés-Vache par Sa'hila attisa l'appétit de Leksa, qui n'avait toujours pas manger. Sa queue se mit à frotter l'herbe derrière elle, de gauche à droite, tandis que son estomac se tordait à l'idée d'un bon repas. « Tu me mets l'eau à la bouche, Sa'Hila. Souhaites-tu partager un repas avec moi ? » s'enquit Leksa.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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L'amour inconditionnel de Nia pour Leksa émut Sa'Hila. Il était si fort qu'elle n'avait pas besoin de la traduction du Cheval pour comprendre les ronronnements du félin. Amusé, elle se fit la réflexion qu'elle avait là l'autre face du dressage: l'élevage. Si elle arborait de multiples cicatrices au bras résultant du dressage de Bhavika quand il était encore sauvage, Leksa avait quant à elle éduqué Nia depuis les premiers jours de sa vie. Deux manières de faire à la finalité similaire. Voilà un point qu'elle souhaitait aborder avec la Tribyoon si celle-ci était disposée à parler. Et quoi de mieux qu'un repas pour ouvrir la discussion ?

-Ce sera avec plaisir. Viens-donc, il me reste du zèbre faisandé à la banane et aux trois piments.

Quittant son perchoir, elle tendit sa patte à Leksa pour l'aider à se relever, ajoutant par la même:

-Tu verras, c'est une étrange association mais venant des Vaches, tu peux être sûr que c'est très bon.

Depuis toujours, elle encourageait les membres de la tribu à s'adonner à leur passion. Alors, même si elle ne comprenait pas toujours les excentricités des liés-vache, elle acceptait toujours de goûter à leurs nouvelles créations. Et bien souvent, elle était étonnamment surprise du résultat. Elle n'avait aucun doute que la flamboyante tribyoon saurait apprécier également.

Parmi les différentes pièces séparées du hall principal par des tentures représentant les Esprits, se trouvait une cuisine. à l'image des graärh, la pièce était simple, basique et fonctionnelle, tout comme le mobilier, comme dans n'importe quelle autre habitation du village. Sa'Hila avait mit un point d'honneur à réduire les démonstrations inutiles de son rang. Elle s'était élevé au plus haut de leur société mais n'en restait pas moins une membre à part entière. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle tenait à faire le plus de choses possible par elle-même également, l'idée même de paraître pour une assistée et une privilégiée lui hérissait le poil.

Finissant finalement de réchauffer les restants de plats, elle versa le tout dans des écueils de terre cuite et en offrit un à son invitée, sans oublier les deux familiers. Si la demeure de l’Aaleeshaan était le centre politique de la Légion, elle n’en demeurait pas un lieu de vie chaleureux où il faisait bon vivre. De nombreux encensoirs diffusaient de subtiles odeurs épicés qui stimulaient la concentration et l’éveil. Assise à une table basse de palmier vernis, sa queue agitée de ses mouvements incontrôlés habituels, Sa’Hila observait tranquillement la jeune dresseuse. Il lui arrivait souvent de partager des repas avec les autres Tribyoon, afin de maintenir une relation de confiance et de compréhension. Cependant, à la différence des autres conseillers, Leksa était jeune, beaucoup plus jeune. Si la matriarche était rompu à l’exercice du pouvoir depuis de nombreuses années, Leksa avait beaucoup à apprendre encore. Et loin de s’en formaliser, Sa’Hila appréciait la curiosité et la soif d’apprendre des plus inexpérimentés. S’étant découvert une certaine passion pour l’enseignement, elle ne refusait jamais de tendre la patte à qui le demandait.
Entre deux coups de cuillères, après avoir demandé comment elle trouvait le plat, elle glissa à la flamboyante graärh:

-Leksa. J’aimerai te soumettre quelque chose, une pensée qui me trotte dans la tête depuis quelques jours déjà. En vue de la bataille à venir, je souhaiterai que nous élargissions nos rangs de félins de combat. J’en ai déjà un peu discuté avec les Kisaan Chevaux-Liés, et j’aimerai que tu te joignes à nous. Elle coula un regard vers Nia et Bahvika qui ronronnaient ensemble de choses et d’autres de leur côté. Je sais que tu as un certain savoir-faire avec les bêtes.

Elle pensait évidemment à Nia, mais également à Heyra. Indéniablement, la marche-flamme avait un don, et ce, sans être béni du Cheval. Il ne lui manquait qu’un petit rien pour exceller dans le domaine.

-C’est pourquoi j’aimerai que tu m’accompagnes. J’aimerai t’enseigner une nouvelle façon de voir le dressage, acquise après des années de pratique. Qu’en dis-tu ?

L’Aaleeshaan posa un regard plein de bienveillance sur la fougueuse graärh. En un sens, elle ressemblait beaucoup à l’idée qu’elle se faisait de sa propre progéniture… si les circonstances capricieuses de la vie n’en n’avaient pas décidé autrement.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Son estomac grondait, son appétit affuté par l'Aaleeshaan. Quelle idée d'évoquer les Liés-Vaches et leur bonne cuisine si tôt le matin ! Alors que les ventres étaient encore vides ! De plus, après des jours loin de la tribues, l'appétit de Leksa n'en était que plus grand. Cette dernière se débrouillait en matière de cuisine, mais pas aussi bien que les Graärh dont l'esprit totem était la vache.

Sa'hila accepta l'invitation. Mais plutôt que de mener Leksa vers la place centrale en quête de nourriture, l'Aaleeshaan l'invita en sa maison. C'était un honneur pour la jeune Tribyoon. Celle-ci accepta la main tendue et s'empressa de suivre son aînée, Nia sur ses talons.

« Salé et sucré ! J'aime beaucoup ce genre d'association. Et le tout relevé par le piment... Ce sera un régal. Merci Sa'hila !»

La maison de l'Aaleeshaan était plus modeste que ce à quoi on pouvait s'attendre. C'était la première fois que Leksa la visitait. Cette dernière tentait de ne pas trop laisser fureter son regard, mais la curiosité était un trait que partageaient nombre de vivants. Leksa ne faisait pas exception à cette règle.
Sa'hila les fit entrer dans sa cuisine. L'air était saturé de bonnes odeurs et Leksa ne pu s'empêcher de les humer longuement, heureuse d'être de retour au sein de sa Légion. Son regard orangé inspecta ensuite la pièce. Pourvue d'un mobilier simple et sans prétention, cette cuisine était avant tout fonctionnelle. Leksa en possédait une semblable dans sa propre habitation, mais il n'y régnait pas une aussi bonne odeur ! Toutefois, cela était normal. Leksa n'était pas aussi souvent chez elle que pouvait l'être Sa'hila. Son rôle l'obligeait à rester auprès des siens tandis que Marche-flamme avait davantage de liberté de mouvement.

Sur une plaque suspendue au dessus de l'âtre, Sa'hila fit réchauffer leur repas. Pour patienter et ne pas gêner cette dernière, Leksa prit place sur un coussin, assise à l'unique table basse de la pièce, tandis que Nia se roulait en boule près de Bavhika. Les avant-bras sur ses coudes, Leksa observait faire son ainée, sans un mot, et savourait tranquillement les bonnes odeurs qui s'élevaient de l'âtre. Son estomac ne manqua pas de gargouiller, d'ailleurs.

Leksa accepta à deux mains l'écuelle que lui offrit son ainée et attendit que celle-ci prenne place avant de commencer à manger, ce que les deux familiers ne firent pas. Ils avaient attaqué leur repas sitôt leur écuelle déposée devant eux. Dès la première bouchée, la féline à la fourrure de feu sut apprécier la chaleur et le goût de se succulent et inhabituel repas.

« C'est délicieux ! » s'exclama-t-elle avec joie. « Merci pour ce bon repas, Sa'hila. Il me réchauffe la panse et le coeur. »

Le ton était fort léger. Hélas, il ne pouvait le rester. Bien trop vite, l'Aaleeshaan évoqua un sujet fort fâcheux qui ne manqua pas de faire froncer les sourcils à Leksa. Celle-ci retroussa brièvement les babines à l'évocation des envahisseurs, tandis que ses oreilles se couchaient, puis elle déposa sa cuillère dans son écuelle, l'air résignée.

« Ce serait un honneur que de me joindre à vous. Mais je n'ai pas les dons qui sont les vôtres, vous les Liés au cheval. Je ne suis pas certaine de pouvoir utiliser vos techniques avec efficacité. » Avoua Leksa en détournant le regard, incertaine.

Nia comme Heyra accompagnaient Leksa depuis fort longtemps. Là où les liés du cheval pouvaient comprendre les bêtes et bénéficier d'un lien privilégié avec elles, Leksa ne pouvait compter que sur ses capacités propres. Même si elle arrivait à déchiffrer le langage du guépard et de l'aigle, Marche-flamme doutait parvenir au niveau de Sa'hila un jour, et donc maîtriser sa façon de dresser les bêtes.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Sa’Hila sourit doucement. Nonchalamment accoudée, elle regardait Leksa avec bienveillance. Contrairement à la flamboyante, l’Aaleeshaan était intimement certaine de ses capacités. Bien avant d’être à la tête de Vat’Aan’Ruda, la dompteuse avait toujours déceler les savoir-faires de ses pairs. Et maintenant qu’elle avait la légitimité de commander, elle poussait chacun de ses sujets à les exploiter.

-Jamais je ne demanderai à mes guerriers quelque chose qu’ils seraient incapable de fournir. C’est à la fois une perte de temps et un manque de sagesse. Notre vie est courte, pleine de surprises, de joies et de peines, mais courte tout de même. Il nous faut la profiter pleinement Leksa. Et le doute et l’hésitation sont des activités peu lucratives et chronophages, tu ne penses pas ?

Saisissant un petit pot à couvercle, elle en sortit des petits gâteaux secs au miel qu’elle tendit à Leksa, se penchant vers elle par la même.

-Et puis je vais te confier un petit secret, que seules autre mes soeurs sont au courant. Je suis sûre que tu as entendu parler de ma Quête pour le poste de Kamda ? Et bien figures-toi que…. elle descendit sur le ton de la confidence … je m’étais injecter sciemment de la bave de Khaanatma !

En voyant la face d’horreur de Leksa, elle ne put s’empêcher de rire franchement. Oui, c’était exactement le même regard ahuri que ses soeurs lui avait réservé quand elle leur avait parlé de son plan, des années plus tôt. Comment leur en vouloir d’ailleurs ? Tous les graärh apprenaient à se méfier des Khaanatma et leur morsure qui coupait toute connection avec les Esprits-Liés. Et tous graärh sensé ne se risquerait jamais à s’inoculer volontairement une telle souffrance.

-Je sais, je sais. Tu te demandes sûrement pourquoi j’ai commis une telle folie, surtout avant une si importante épreuve. C’est simple. Très simple même: je voulais me prouver à moi-même que j’étais digne de diriger en réussissant cette épreuve par mes propres moyens. Sans aide, en comptant uniquement sur moi, sur mes connaissances. Si je ne pouvais triompher d’une créature plus sauvage qu’un graärh en colère, en étant démunie, comment pouvais-je espérer régner plus tard ?

Elle fit une petite pause, laissant à Leksa un instant de réflexion sur ses paroles, le temps pour elle de laver rapidement leurs assiettes. Puis une fois fini, elle se repositionna devant la guerrière, aussi paisible qu’un vent de colline.

-Si je te racontes tout cela, c’est pour que tu comprennes que ce n’est pas par orgueil, ni fierté que j’ai accompli un tel acte de folie. C’est surtout pour te faire comprendre que souvent, il faut croire en soi, en ses capacités, et ce, bien avant de se reposer sur les dons de ses Esprit.

Elle croqua un morceau de gâteau avant de reprendre.

-Figures-toi. J’avais trentes étés quand j’ai dompté Bahvika. Tu en as vingt-cinq et tu te fais obéir de Nia et Heyra sans problèmes. Cette simple constatation est probante de tes qualités tu ne crois pas ?

Elle acheva sa “plaidoirie” par une franche tape sur l’épaule et un petit clin d’oeil.

-Bien si tu es prête, prépares-toi, nous partirons dans deux heures. Kal’vareh et Iiatish ont repéré une tigresse et ses petits non loin de la Légion, nous allons passer aux travaux pratiques dès aujourd’hui !



Dernière édition par Sa'Hila le Ven 12 Avr 2019 - 17:23, édité 2 fois

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Les oreilles de Leksa se dressèrent sur sa tête, puis elle releva son regard orangé vers son Aaleeshaan. Sa'Hila avait raison, bien entendu et pendant un instant, la féline se sentit penaude.

« Oui. » Répondit-elle finalement en hochant la tête.

Du bout des griffes, Leksa accepta les biscuits. Elle en attrapa un et mordit dedans avec ses molaires afin de ne pas mettre de miettes partout dans sa belle fourrure rousse. Puis, sur le ton de la confidence, Sa'Hila lui révéla un secret connu d'elle et de ses sœurs uniquement. L'expression de Leksa changea subitement face à cette folle révélation et elle posa des yeux bien ronds sur son Aaleeshaan. La surprise se mêlait à l'horreur puis, ensuite, à l'admiration. Sa'Hila méritait réellement son statut de chef, songeait Leksa en la regardant plus attentivement. Serait-elle capable de faire la même chose que sa supérieure, se demanda t-elle en croquant dans son biscuit ?

« J-je n'imaginais pas... C'est fou, surprenant et admirable. » Commenta la féline. « En dépit du danger, je comprends le pourquoi de cette démarche. » Son regard se tourna vers la panthère noire, qui n'avait pas bougé d'un pouce. L'animal lui rendit son regard, ce qui troubla la jeune Tribyoon. Elle détourna les yeux un instant, puis se tourna de nouveau vers Sa'Hila.

« Je comprends. Il est vrai que... que je n'ai pas besoin du Cheval pour comprendre et communiquer avec Nia et Heyra. »

L'intéressée leva la tête et poussa un petit feulement. Cela fit sourire la féline. Ses babines se soulevèrent pour découvrir des crocs bien blancs. Le compliment de l'Aaleeshaan fut comme une caresse dans sa fourrure et Leksa se redresse sensiblement, flattée. Cependant, Marche-flamme n'oubliait pas qu'elle avait dompté ses deux amies alors qu'elles étaient des nouveaux nés. Construire un lien de confiance était bien plus simple avec un jeune dont la méfiance à l'égard des Graärh était absente.

« J'ai tout ce qu'il me faut pour la journée. Je te suis, Aaleeshaan. » Répondit Marche-flamme en se levant, vite imitée par Nia qui vint se frotter contre sa cuisse en ronronnant.

La féline était stressée par l'épreuve à venir - elle ne voulait pas décevoir sa supérieure - mais surtout très honorée d'avoir était choisi par Sa'Hila. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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-A la bonne heure !, s’exclama l’Aaleeshaan.

La fougue de la jeunesse lui faisait plaisir à voir. Leksa était une gemme brute que Sa’Hila transformerait lentement en joyau magnifique. C’était un projet autant important pour la Légion, que pour elle-même. Depuis le temps, elle avait admis qu’elle essayait de combler un vide dans son coeur. Ce même vide de ne pas avoir pu élever son enfant unique...

-Mais je ne t’apprends rien en te disant que je ne peux pas partir aussi prestement que toi, ajouta-t-elle en posant sa main sur l’épaule de Leksa. Si tu veux bien m’attendre à l’entrée du village, je dois donner quelques instructions pendant que nous serons absentes.

Avec de grands pouvoirs, venaient de grandes responsabilités. C’était l’une des premières leçons que Sa’Hila avait apprise à son investiture en tant que Kamda Aaleeshaan. Si elle occupait la plus grande fonction parmi les siens, c’était également au prix d’une certaine liberté. Pour elle, sortir gambader librement dans la savane était devenu quelque chose de très compliqué. A vrai dire, son emploi du temps surchargé ne lui laissait pas vraiment de temps à elle. Cependant, quand il lui arrivait à s’accorder ce précieux temps, elle en profitait pleinement. Elle déléguait alors ses responsabilités aux autres Tribyoon, le temps d’une journée. Ces moments de détente étaient essentiels à sa santé mental. Combien d’Aaleeshaan avaient déjà cédé sous la pression ? Combien de fois avait-elle dû intervenir pour régler des problèmes de folie passagère chez ces femelles trop zélés ? Ne disait-on pas “Un esprit sain dans un corps sain” ? Ce n’était qu’une question d’équilibre après tout…

Elle informa donc rapidement tous les Nayaak importants à la gestion de la Légion. Les requêtes et plaidoiries seraient ajournées, les tours de gardes inchangés, et toutes les autres petites choses que devait gérer la cheffe au quotidien seraient mises en suspens. Via le réseau des spirites Geai ou son tatouage, les informations circulaient très vite. Elle n’était pas peu fier d’avoir mis en place ce système, au sein de la Légion et même dans les autres tribus. Ainsi, elle pouvait à tout moment être au courant de choses urgentes. “Le savoir est pouvoir” et question savoir, Sa’Hila en connaissait un rayon !

Environs de la Légion

Enfin sur le départ, l’Aaleeshaan, vêtue de son armure, avait invoqué deux chevaux-golem et les deux femelles s’étaient mise en route, laissant les familiers au village. Ce jour là, elles ne devraient s’occuper d’autres animaux que ceux qu’elles allaient commencer à apprivoiser. Et puis, au moins pourraient-elles discuter un peu le long du trajet, qui ne durait pas plus d’une petite heure. Tout en discutant, Sa’Hila se fit la réflexion, par ailleurs, que ce n’était pas seulement une tigresse qu’elles s'apprêtaient à apprivoiser, mais l’une et l’autre également. Si Sa'Hila s’efforçait de se rapprocher de chacun des légionnaires d’une manière ou d’une autre, leur grand nombres ne lui permettait pas forcément d’y parvenir. Leksa en faisait parti. Et leur situation actuelle ne leur avait encore moins permis de briser la glace, leurs rapports ayant été conditionnés par les batailles à venir de façon strictement professionnelles. Cette chevauchés ne leur fit donc que le plus grand bien.

Une fois arrivé en vu de la tanière de l’animal, la Danse-Fauve en profita pour préciser certaines choses que l’inexpérimentée n’avait pas forcément pu saisir par elle-même.

-Habituellement, les grands félins ne s’approchent pas aussi près de la Légion. Tu comprends, ici nous sommes sur un territoire Graärh, nous représentons l’espèce dominante. Mais avec le rapatriement des tribus vers l’intérieur des terres, nous avons également bouleversé la répartition des territoires des animaux sauvages. Chaque décisions a des conséquences… même quand on ne fait que réagir à un problème. L’important est d’en avoir conscience et de faire son maximum pour faire les choses justes.

Elle s'arrêtèrent au sommet d’une petit butte, juste assez haute pour avoir une vue dégagée sur le baobab où l’animal avait trouvé refuge. Située dans le vent, elles ne risquaient pas d’être repérées.

-Avant que nous commencions, j’aimerais te poser une question. Nous nous apprêtons à dominer un animal sauvage. Nous allons le soumettre et le domestiquer. En faisant cela, qu’est-ce qui nous différencie des Ashuddh esclavagistes ?

Elle avait posé cette question avec gravité. Tout dresseur graärh devait se l’être posé au moins une fois dans sa carrière. Et il convenait aux aînés de bien aiguiller les jeunes sur la voie de la sagesse.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Leksa venait de s’embarquer pour toute une aventure ! Et même si elle ignorait tout des plans que la Kamda Aaleeshaan avait la concernant, Marche-flamme était honorée. Cette journée, décidément, commençait bien.

« Je vais aller chercher quelques affaires, puis je t’attendrai à l’entrée du village. » confirma la jeune Tribyoon.

Heureuse, Leksa quitta la demeure de son Aaleeshaan et s’envola vers sa propre maison. En se déplaçant par la voie des airs, Marche-flamme gagnait de précieuses minutes sur son aînée, car elle tenait à arriver la première au point de rendez-vous. Il était hors de question de faire attendre Sa’Hila.

Tout en douceur, Leksa se posa devant sa maison et y pénétra, la porte n’étant verrouillée par aucun moyen que ce soit. En attendant que Nia rentre, Marche-flamme commença à enfiler son armure de cuir. Nommée Cheetakee’gati, il s’agissait d’une protection complète principalement faite de cuir, mais comportant également un peu de mailles. Elle était plutôt légère et parfaitement adaptée à la taille de Leksa. Sa particularité, qui donnait son nom à l’armure, était un glyphe augmentant la vitesse du porteur, offrant ainsi de meilleurs réflexes. Pour une chasseuse telle que Marche-flamme, cette armure était un outil indispensable.

Après avoir enfilé sa protection, Leksa attacha le fourreau de son kataana dans son dos. De cette façon, elle ne serait pas gênée par son arme. Dans les hautes herbes de la savane, le fourreau du sabre Graärh pouvait facilement s’y empêtrer et c’était une chose que Marche-flamme ne souhaitait pas. Enfin, Leksa hésita longuement avant de saisir sa lance brisée. C’était un objet que NaKaï lui avait offert des années plus tôt et dont elle se servait comme d’une dague. Elle fixa l’objet à sa ceinture, prête à être dégainé également.

Un halètement lui indiqua l’arrivée de Nia, qui avait sans doute couru. La guépard vint trouver l’ombre et la fraîcheur en la demeure de sa maîtresse, qui s’agenouilla devant elle afin de glisser ses pattes dans sa courte fourrure. Une écuelle remplie d’eau attendait la féline à quatre pattes.

« Tu vas rester ici avec Heyra. » lui indiqua Leksa entre deux ronronnements. Après un coup de langue sur son museau, Marche-flamme se redressa et quitta sa maison pour rejoindre l’entrée du village, où elle attendit son Aaleeshaan.

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Leksa grimpa souplement sur le dos du cheval-golem invoqué par Sa’Hila. Monter n’était guère l’activité favorite de Marche-flamme. Cette dernière avait l’habitude de parcourir les terres de son peuple sous sa forme ailée et devoir garder les deux pattes sur terre était désagréable. Toutefois, il était hors de question de s’en plaindre. Le temps qu’elle passait ici avec Sa’Hila était précieux.

Marche-flamme suivit Danse-Fauve au sommet d’une petite butte. Un peu plus loin se dressait un fier baobab, au pied duquel l’animal avait fait sa tanière. Les tigres étaient des animaux féroces, puissants et impressionnants. À chaque fois que Leksa en apercevait un, l’honneur emplissait son coeur. Le tigre était le roi de la jungle et il n’avait que peu d’égaux ici.

Accroupi, Leksa observait l’arbre. Le vent de face apportait mille et une odeur, dont celle de leur proie. Mais soudain, à la question posée par Sa’Hila, la féline redressa le museau. La question de son Aaleeshaan la laissait perplexe. Nia et Heyra suivaient Leksa par amitié. La première, Marche-flamme l’avait sauvé, l’avait nourrit de son propre lait. La seconde, l’histoire n’était pas vraiment différentes. Au sein de leur groupe, Leksa était la dominante, mais les liens qui les unissaient étaient ceux d’une famille, d'une meute.

« Je… Je ne sais pas vraiment. Nia et Heyra me suivent par amitié, par amour. La première à même goûté à mon lait maternel. Je n’ai jamais dompté un animal sauvage… Je leur ai tendu la patte. » Répondit-elle avec incertitude. « J'ai toujours eu a coeur de leur laisser le choix. »

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Sa’Hila hocha la tête. Oui, les liens de la famille était les plus fiables et les plus puissants.Très peu pouvait se targuer de partager un tel lien avec ses familiers. Cependant, avoir une seule vision de fonctionnement ne suffisait pas. Il lui fallait connaître d’autre manières de faire. C’est en connaissant toutes les facettes du métier de dresseur qu’elle pourrait vraiment évoluer.

-La nuance est subtile mais toutefois hautement importante : nous respectons le règne animal. Même si les Esprits nous ont fait plus intelligents que la plupart des autres animaux, nous nous devons de nous souvenir d’où nous venons. Si nous sommes l’espèce dominante, cela ne nous donne pas le droit de maltraiter les plus faibles. La domestication n’est pas un asservissement, Leksa. Tout dresseur se doit de bâtir une relation de confiance tout en imposant sa volonté. C’est un exercice très particulier qui demande des années de pratique bien sûr.

Elle marqua un temps avant de reprendre, un sourire en coin.

-À bien des égards, le travail du dresseur ressemble fortement à celui de l’Aaleeshaan.

C’était vrai uniquement sur Néthéril ceci dit. Les Aaleeshaan de Paadshail ne diraient sûrement pas la même chose !

-Aujourd’hui donc, je vais te montrer ce que je sais de cette discipline. Elle s’arrêta subitement avant de reprendre. Une meilleure idée avait germé dans son esprit. En fait, j’ai une meilleure idée. Approches toi Leksa.

La femelle alpha saisit délicatement le poignet droit avec le sien et le serra fermement. Son regard était franc alors qu’elle le plongeait dans celui de la jeune dresseuse.

-C’est toi qui va expérimenter directement mon enseignement. Je suppose que tu connais déjà mon tatouage ?

Elle baissa les yeux sur leur poignets. Relâchant son étreinte, Leksa pouvait voir le tatouage de Geai Moqueur dans le creux du poignet de Sa’Hila, luire d’un faible halo bleuté. Sur son propre membre, une lueur semblable y pulsait à présent. Dans le cas où elle ne s’en souviendrait pas ou qu’elle ne le connaissait pas très bien, elle lui expliqua rapidemment. Et parce que la pratique était le meilleur apprentissage, sa voix résonna directement dans celle de la Tribyoon.

#Grâce à lui, je pourrai te guider à distance. Tant que tu me feras confiance, cette marque ne disparaîtra pas. Elle n’existe qu’entre toi et moi.#

Ses babines formant un sourire affable, elle posa sa main sur son épaule.

-Bien, je pense que tu es prête. Suis mes instructions, crois en tes capacités et tout se passera bien. Si quoi que ce soit dérape, je ne serai pas bien loin.

Un dernier regard encourageant et elle la regarda s’éloigner vers l’antre du fauve et de ses petits. Joignant ses coussinets et faisant appel aux énergies de la terre, les chevaux-golem s’ébrouèrent, projetant de la glaise jusqu’à ne laissant plus qu’apparaître des smilodons rocailleux. Satisfaite, elle s’accroupit et guetta la femelle marcher d’un pas assuré.

#L’approche que je vais t’enseigner fonctionne sur la plupart des grands félin, les graärh exclus bien sûr#. Elle ne pouvait transmettre que des mots mais elle savait que la plaisanterie serait comprise. #Etudier le comportement des animaux que l’on veut approcher est primordial, je pense que je ne t’apprends rien. Heureusement pour toi, tu es assez familière avec Nya et tu as accès à mes connaissances. Ce sera un jeu de graärhons. Bien, commences donc par sortir ton arme de son fourreau. Regardes donc comme la lame brille et accroches la lumière. La tigresse en fera de même. Ton objectif est de réussir à capter son attention dessus. Elle va d’abord te voir comme une menace et va chercher à comprendre ce que tu es. À ce moment, tu feras de lents mouvements avec ton kataana pour accrocher son regard dessus. On appelle cela la “fascination”. Son instinct maternelle entrera alors en conflit avec son instinct de conservation. Elle va hésiter à attaquer pour protéger ses petits et fuir pour se protéger elle-même. Alors à ce moment précis, tu briseras la distance d’indécision que tu auras créé et tu gonfleras le poil et hurlera le plus fort possible. C’est ce qu’on appelle la “sidération”. C’est une sorte d’attaque mentale qui va la destabiliser et ancrer une peur viscérale qui va la paralyser. Tu en profiteras pour lui asséner un coup pour la mettre au tapis.#

Le regard acéré, elle observerait comment la Marche-Flamme s’en sortirait, prête à intervenir. Cette technique comportait des risques, tout comportement animal pouvait être imprévisible, ce n’était pas une science exacte après tout. Mais globalement, elle avait déjà fait ses preuves. Il était vital que Leksa réussise la première partie d’elle même, elle devait figer la première impression de leur cible dans son esprit. Elle ne devrait reconnaitre son autorité qu’à elle est personne d’autre, lui montrer qui était l’alpha entre les deux...

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Non sans une certaine fierté, Leksa se considérait comme une très bonne dresseuse et, cela, depuis des lunes et des lunes. Bien que jeune, elle se faisait obéir à deux animaux fort sauvage et, surtout, avec un dressage bien particulier. Aucun Graärh, au sein de la Légion, pouvait se venter d’avoir même offert son lait maternel pour se faire.

Mais sous le regard de Sa’Hila, Leksa se sentait bien petite. La fierté qui lui faisait gonfler la poitrine se trouvait écrasée sous de nombreux questionnements. Son Aaleeshaan, de part son expérience et son savoir, la forçait à se remettre en question.

Incertaine de comprendre, d’ailleurs, Marche-Flamme fronçait les sourcils. Jusqu’à ce que…

-À bien des égards, le travail du dresseur ressemble fortement à celui de l’Aaleeshaan.

Ceci éclairait la lanterne de la jeune Graärh.

- En fait, j’ai une meilleure idée. Approches toi Leksa.

Intriguée, Marche-Flamme avança sans crainte vers son Aaleeshaan et se laissa docilement faire. Sa’Hila ne lui ferait pas de mal, de cela Leksa en était convaincu.

- Je suppose que tu connais déjà mon tatouage ?

La féline opina du chef et soutint ce regard franc. La poigne de Danse-Fauve était forte et chaude. Leksa se sentait soutenue par ce simple contact et ne sentit même pas la magie du Geai Moqueur imprimer sa marque sur son épiderme. Pourtant, lorsqu’elle baissa les yeux sur son poignet, le tatouage de Sa’Hila était bien visible, comme si ses poils avaient disparus pour laisser sa peau bien visible. Un léger halo bleu jurait - malheureusement ! - avec sa belle fourrure rousse ! Toutefois, l’honneur était si grand pour Leksa que celle-ci s’en moquait.

Leksa s’éloigna, non sans un regard vers Sa’Hila. L’absence de Heyra et Nia la laissait, il lui semblait, comme nue. Marche-flamme avait tant l’habitude d’avoir ses compagnons à ses côtés que, pendant un instant, elle se sentit mal à l’aise et presque apeurée. Mais cela ne dura guère. Leksa inspira longuement, après s’être arrêtée, et attendit que les battements de son coeur ralentissent. Ensuite, elle reprit sa marche d’un pas beaucoup plus assuré.

#L’approche que je vais t’enseigner fonctionne sur la plupart des grands félins, les graärh exclus bien sûr#

Un sourire ourla ses babines. C’était étrange d’entendre une voix dans sa tête et Leksa n’était pas certaine d’aimer cela, mais elle n’avait, pour l’instant, pas le choix.

# Bien, commences donc par sortir ton arme de son fourreau. #

Leksa mit la main gauche sur le fourreau de bois et la droite sur la garde lacée de cuir. Avec un geste ample, elle tira la lame courbe de son écrin protecteur, qui ne fit pas le moindre bruit. En effet, l’intérieur du fourreau était tapissé d’un matériaux qui évitait à la lame de s’accrocher.

Celle-ci, comme l’indiquait Sa’Hila, brillait sous le soleil. Leksa leva son sabre à la verticale et croisa son propre regard avant d’être légèrement éblouie par l’astre du jour. Résolue, elle baissa l’arme au niveau de sa taille et s’avança vers la tanière, sans peur.

Marche-flamme sentit la tigresse et ses petits avant de les voir. Leksa tenait fermement le kataana tout en s’assurant de ne jamais se trouver à l’ombre afin de profiter de l’effet éblouissant du soleil. Celui-ci, d’ailleurs, réchauffait son dos et lui procurait une sensation de bien-être bienvenu.

Je la vois. pensa fort la féline pour s'encourager.

Et la tigresse la voyait aussi. Elle s’était levée et, les pupilles dilatées et les crocs apparents, s’était placée entre Leksa et ses petits. Marche-flamme, comme l’avait expliqué Sa’Hila, leva alors sa lame et fit d’amples mouvements du poignet. En face, la tigresse semblait effectivement hésiter entre attaquer, protéger ses petits et trouver une échappatoire. Engaillardi par cette petite victoire, Leksa gonfla le poitrail, coucha les oreilles et fouetta l’air de sa queue touffue.

« ROAAAAAAAAARRRRR ! »

Aussi certainement que ses ancêtres smilodon avant elle, Leksa rugit plus qu’elle ne cria. Puis elle s’élança d’un bond vers son adversaire. Grâce à la chouette, son saut fut si puissant qu’elle percuta la tigresse d’un seul et unique bond et lui enfonça son épaule dans la gorge, puis la souleva sans effort grâce à l’élan et l’adrénaline qui coulait dans ses veines. Leksa sentit le poids du fauve puis, très rapidement, plus rien, tandis que la mère roulait dans la poussière à plusieurs mètres de là. La tigresse n’avait même pas eu l’opportunité de la griffer ou la mordre, la Tribyoon s’en tirait donc sans blessures.

Je-je crois que je lui ai brisé l'épaule. Il me semble avoir entendu un craquement.

Cela ne serait guère surprenant. Et, compte de fait, alors que la tigresse était déjà bien assommée et affalée sur le flanc, son épaule avait un angle étrange.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Et bien, une chose était sûre, elle ne voudrait jamais de Leksa comme adversaire. Bien sûr, elle connaissait sa force et sa vitesse, mais jamais elle ne l'avait réellement vu l'employer. C'était très impressionnant. Sans aucun doute, elle avait vraiment l'étoffe d'une femelle dominante. Sa'Hila était très fière d'elle. Bon, son cœur s'était serré au moment de l'impact. Être liée au Cheval n'apportait pas que des avantages. Irrémédiablement, comprendre le langage des bêtes augmentait son empathie envers eux. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle se montrait intraitable sur les dresseurs maltraitants, même si le cas ne s'était jamais présenté.
Toujours est-il qu'elle s'était approché de son apprentie et de leur pauvre victime. La tactique d'approche ayant trop bien fonctionnée, Leksa semblait désolée.
Maintenant plus près, la matriarche pouvait à présent observer plus en détails l'animal. La mère était encore relativement jeune, mais néanmoins assez vieille pour que la crainte des bipèdes ne reste incrustée en elle. Malheureusement, Leksa ne pourrait pas lier de connection durable entre elles. Il y avait des limites que les non-liés Chevaux ne pouvait franchir. Seul un rapport de domination serait envisageable dans cette situation, ce qu'elle se refusait. Elle pourrait, cependant s'occuper d'un tigron une fois sevré. Après tout, cette approche lui correspondait le mieux. Elle avait cette faculté de créer un lien fort, presque maternel avec les bêtes.

Mais pour le moment, l'Aaleeshaan devait d'abord soigner la tigresse. La Marche-Flamme n'y avait pas été de main morte. En même temps qu'elle jugeait de l'état de la patte de la féline, elle transmis à sa protégée son ressenti. Elle évitait de parler à voix haute, le Cheval traduisant ses paroles en tout temps.

#Bravo, tu as bien compris la méthode. Avec le temps et l'expérience, tu pourras te rendre compte que cette technique peut aussi s'utiliser dans le cadre de la chasse ou pour te protéger.
Cependant, tu ne pourras réellement te faire accepter que par les plus jeunes. Seuls les esprits les plus impressionnables se laissent modeler. Ce comportement est le même dans tout le règne animal après tout.#


La tigresse gémit à l'approche de Sa'Hila. La douleur, la peur et l'inquiétude rendait ses mouvements imprévisibles. Heureusement, la Danse-Fauve avait des années d'expériences et savait exactement quoi dire et quoi faire pour l'apaiser. Et même si elle n'était pas la meilleur guérisseuse, sa maîtrise de la magie lui permettrait de la remettre suffisamment d'aplomb pour le retour au village. Ses golems transportaient, quand à eux, les tigrons dans leur gueule. Il était essentiel qu'aucune autre odeur que celle de leur mère ne soit présente sur leur petit corps afin d'éviter qu'elle ne les abandonne.
Faisant signe à Leksa de la suivre, Sa'Hila prit la direction du retour. La tigresse, elle, suivait de près ses petits. Son apprivoisement ne faisait que commencer. Il faudrait du temps et de la patience, deux choses que l'Aaleeshaan possédait.

-J'espère que tu as apprécié cette journée Leksa. Je sais que les circonstances qui nous réunissent souvent ne sont pas les plus agréables, aussi j'aimerai que nous nous retrouvions plus souvent hors de nos devoirs. Qu'en dis-tu ?

Sa'Hila avait vraiment envie de passer plus de temps avec Leksa, autrement que pendant les réunions avec les autres Tribyoon à parler de la guerre à venir.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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À peine essoufflée par l’effort, Leksa rengaina son kataana. Les tigrons ne représentaient pas un danger, la mère encore moins. Avec son épaule cassée, marcher lui serait impossible sans ressentir une immense douleur, alors bondir sur sa proie…

Leksa tourna son regard orangé vers Sa’Hila, dont la voix lui parvint sans que l’Aaleeshaan ait besoin d’articuler. D’un hochement de tête, la féline lui signifia qu’elle comprenait. Sans la bénédiction du Cheval, il lui était impossible de nouer un lien autrement que par l’adoption de tout-petits. Cela ne la dérangeait pas, c’était ainsi qu’elle s’était faite des compagnons de Nia et Heyra. Tout en croisant les bras sur son poitrail, Leksa s’écarta de quelques pas. Sa queue battait l’air derrière elle, signe d’une certaine nervosité. Était-ce le courroux de la mère qu’elle craignait, une fois remise sur pattes par Sa’Hila ?

Une fois soignée, Sa’Hila invoqua ses golems, qui prirent en charge les tigrons. Sans que l’Aaleeshaan ait besoin d’expliquer la démarche, Leksa la comprenait. Il n’était pas si rare de voir une mère abandonner son petit après sa naissance lorsqu’une odeur autre que la sienne l’imprégnait. Il s’agissait de situation d’une profonde tristesse, mais hélas la nature était ainsi faite.

Leksa emboîta le bas à Danse-Fauve. Elle marchait quelques pas derrière elle et gardait un oeil avertit sur la tigresse, qui elle-même était dans le sillage des golems de Sa’Hila. Elle n’avait d’yeux que pour sa progéniture, semblait-il, et finalement Marche-Flamme se détendit un peu. Toutefois, sa patte restait proche de la garde de son kataana.

« Cela me ferait grand plaisir. » Répondit Leksa à la proposition de son ainée.

Passer plus de temps avec elle était l’occasion d’en apprendre plus sur sa personne, mais également de profiter de son expérience. Il n’y avait pas plus grand honneur que de partager le temps et les passions de l’Aaleeshaan. Une pointe de fierté naquit dans le poitrail de Leksa.

« S’occuper de la tigresse et de ses petits est une première occasion de nous côtoyer plus souvent. Où vas-tu les garder ? Il n’y a pas de risque concernant Bahvika ? »

Même domptés, les animaux sauvages le restaient. Si Bahvika était territoriale, peut être n’accepterait-elle pas si aisément la venu de la tigresse et de ses petits. Ces animaux n’étaient pas réputés pour vivre en groupe, ni pour se mélanger d’ailleurs.

« As-tu des idées de noms pour eux ? »

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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Cette journée s'était remarquablement bien déroulée, Sa'Hila en était très satisfaite. Leksa était naturellement douée, cela aidait beaucoup au succès de cette entreprise, mais même si elle avait confiance en ses capacités, elle n'oubliait pas qu'elles avaient eu beaucoup de chances également. Le dressage n'était pas une science exacte et il n'était pas rare que certains des meilleurs succombent au comportement imprévisible de bêtes sauvages. Le Cheval lui avait l'accès au mode de communication universel avec les autres animaux, et bien qu'elle puisse tenir des conversations plus ou moins pertinentes avec bon nombre d'entre eux, en particulier Bahvika, elle n'oubliait pas qu'ils n'avaient pas la même intelligence que les graärh et qu'encore plus qu'eux, étaient souvent dominés par leur instincts.
L'Aaleeshaan félicita mentalement la jeune dresseuse de pointer ce problème. Cela démontrait une certaine sagesse de la Marche-Flamme. Cela la fit néanmoins rire.

-Ne t'inquiète pas, Bahvika n'est pas un problème. Il vit avec moi depuis si longtemps qu'il n'est plus capable de contester mes ordres. Et puis je le connais, il a horreur de la solitude. Il va râler les premiers jours, mais il va vite s'y faire. Quand aux tigrons… je pense les confier à Agashi et Nelwah. J'ai décelé un grand potentiel chez elles.

Agashi était un tout jeune spirite Cheval mais déjà, il présentait de très grande dispositions allant au-delà de la simple affinité avec les animaux. De manière surprenante, il s’était rapproché de Nelwah et toute deux ne s’étaient pas lâché d’une patoune depuis, bien que Nelwah n’ait pas été bénie par le Cheval. Un instant, elle s’était demandé si les deux graärhon s’étaient rapproché grâce à leur passion commune, où si c’était une volonté des Esprits. L’Aaleeshaan n’eût pas été surprise que les Inséparables soient passé par là. Parmi les Esprits, ils étaient parmi les plus mystérieux et leur volonté bien souvent des plus facétieuses…

-Quand à leur nom, je les laisserai les choisir. Rien ne vaut pour consolider le lien entre un dresseur et son familier que si celui-ci le nomme après tout. - détournant le regard de la route pour le poser sur la tigresse- Même si l’idéal serait de nommer par le vrai nom de l’être qu’on prend sous notre aile. N’est-ce pas … Girija ?

La femelle haussa les oreilles à cette évocation et coula un regard mystérieux à Sa’Hila. Ô bien sûr, il ne s’agissait pas de son “vrai” nom à proprement parlé, car après tout, le langage qu’utilisait les graärh n’avait rien en commun avec celui des autres animaux, comme l’inverse était tout aussi vrai. S’il était vrai que les Chevaux parlaient la langue des animaux, une traduction exacte était impossible. Il s’agissait avant tout de la compréhension des intentions, des petites mimiques propres à chacuns. Leksa elle-même avait dû l’expérimenter en nommant ses bêtes. Si Heyra et Nia répondaient à leur nom, c’était parce qu’elles s’étaient habitués à l’intonation de ces sons. Elle l’expliqua d’ailleurs à la Marche-Flamme sur le chemin du retour. Comprendre le fonctionnement des autres spirites, en apprendre plus sur les Esprits, c’était à cela que devait tendre chaque Graärh de Vat’Aan’Ruda. Leur force venait de leur unicité, de leur connaissance et la confiance qu’ils mettaient en chacuns. Le savoir, était une arme particulièrement effilée dans les pattes de qui savait bien s’en servir. Et cela, la Danse-Fauve en était convaincue et comptait bien l’enseigner à sa jeune disciple.

descriptionMarcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila] EmptyRe: Marcher à pas de Graärh [Leksa x Sa'Hila]

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