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La nuit était tombée sur une partie du monde et alors que certains se couchaient d’autres se lever. Et là où certains se laissaient tomber dans un sommeil profond, d’autres avaient accès un niveau d’éveil supérieur.

S’élevant hors du corps qui lui servait à la fois d’abri et de prison, Asmo savoura cet instant de libération. Jamais, au grand jamais, il ne pourrait envisager de vivre sans Erdrak, ou même de quitter le corps du Loup Solitaire pour vivre une vie éthérée dans ce nouveau monde qui s’offrait à lui. Mais pour rien au monde, il ne voudrait abandonner ces nuits de liberté.

Lorsque le Loup Solitaire s’endormait et que la conscience d’Erdrak sombrait dans le sommeil, celle d’Asmo s’envolait pour un autre monde. Il lui avait fallu un certain temps pour comprendre ce monde, l’atteindre régulièrement et facilement, puis pour s’y déplacer. Il lui avait fallu encore plus de temps pour appréhender l’immensité des possibilités qui s’offraient à lui, et même aujourd’hui, l’incarnation de la colère savait qu’il n’en avait vu qu’une infime partie.

S’élevant hors de son corps, Asmo put contempler le monde onirique tel qu’il le voyait. Un immense univers, une voie lactée, une galaxie, de points lumineux, chacun d’une couleur différente, d’une intensité différente. Dans toutes les directions, il y avait une quantité de possibilité.

Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres d’Asmo. Il était sûr qu’il pourrait fusionner certaines de ses étoiles ou simplement les souffler. Il en était sûr, mais il n’avait pas encore trouvé le moyen de le faire. Par contre, il avait trouvé le moyen de pénétrer ces étoiles et donc de s’introduire dans les rêves des gens. Car ce qu’il voyait, ce n’était pas moins que l’esprit des personnes endormies.

Après plusieurs essais, Asmo avait appris à interagir avec les rêves et les modeler pour en faire ce qu’il voulait. Et ce qu’il voulait le ravissait toujours. Jamais sa soif de violence et de perversité n’avait été aussi bien alimentée qu’en développant ce pouvoir endormi.

Il observa l’univers devant lui à la recherche d’une lueur qui l’attirerait, ou d’une idée. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver ce qu’il cherchait et pour y pénétrer. Son esprit entra dans le rêve d’un autre et il resta invisible, juste en surface de la conscience et de l’inconscience de son malheureux hôte, le temps de l’observer.

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Le temps. Un détail. Il aurait dû s'en douter. Désormais, il essayait de faire sans, de ne pas trop y penser. Le temps était pour les vivants, et s'il songeait trop fort à sa situation, il craignait de s'en défaire.

Ces lieux avaient toujours été sa demeure. Rien n'était plus évident et naturel que sa présence au sein des songes. Il en était ; un fragment de rêve qui un jour avait pu inspirer l'air du monde réel. Ici, tout ressemblait à ce que l'oxygène avait pu être jadis. Chaque parcelle de rêve était un océan prismatique dont il était une goutte d'eau. Celui qui avait été un elfe pâle à la courte crinière dorée ébouriffée errait d'esprit en esprit, d'univers en galaxie, prenant la forme de ses cent quarante ans, celle de son serment, celle d'un oisillon, ou celle de son hôte. Il voletait comme un guilleret rayon de lumière, ondoyant, dansant, léger comme il aurait toujours dû l'être. Nul besoin de chercher son objectif ; il l'avait embrassé comme s'il avait été écrit dans les cendres infimes qui formaient son être. Là où ses pas le portaient, les ombres les plus vicieuses laissaient place à l'autre côté du miroir. Nulle ombre sans lumière, nulle lumière sans ombre. Aussi nécessaire que cela était pour l'ombre de s'étendre, la lumière se devait d'éclairer. Dawan ne portait nul jugement, ne faisait nulle différence, et nul calcul. Il venait, éclairait, et repartait.

Grande fut l'étincelle lorsqu'il rejoignit le songe de cette apprentie baptistrelle au regard d'azur auréolé de soleil. Il dissipa ses doutes qui l'habitaient. Il lui offrit une forêt d'arbres de bois et d'argile dont les troncs se sculptaient si l'on chantait pour eux. Peu importaient les paroles, ils la comprenaient. Leurs feuillages étaient des feuilles mêlées de cristal, qui projetaient des reflets colorés sur le sol moëlleux du rêve. L'eau coulait dans les noeuds des troncs comme une véritable fontaine secrète.
Ils batifolaient tous deux. Dawan avait pris la forme enfantine de ses cent quarante ans, son front ceint d'une lanière de tissu, ses habits n'étant guère plus qu'un pan de tissu blanc enroulé autour de lui, que les airs maintenaient contre sa peau, et faisaient voleter derrière lui. Ses pieds nus effleuraient le sol quand il dansait sur la musique d'une vièle forgée d'étoiles qu'il gardait contre son épaule. Le Chanteciel accompagnait le chant de l'apprentie, et ses sculptures aux allures tendres. Un renard, un elfe aux traits virils, un jeune phoque... Bientôt, la musique leur offrit la vie. Ils commencèrent à se déplacer le long des troncs dans lesquels ils étaient forgés, jusqu'à jouer entre eux, affectueusement.

La musique tournoyait à l'image de sa source et de son danseur, elle emplissait les lieux et les coeurs, teignait l'atmosphère d'amour et de joie douce. Ils auraient pu continuer ainsi jusqu'à ce que l'aube porte d'elle-même ce que le Chanterêve ne faisait que refléter et amplifier: sa propre envie de vivre, ses propres sources d'émerveillement, ces beautés qui lui donneraient envie d'aller plus avant et de s'engager dans son réveil avec une énergie qu'elle avait en elle.
Ils auraient pu. Mais l'esprit de Dawan se troubla à une perception qu'il n'avait encore jamais connue. Des vibrations uniques, qui parlaient plus que mille mots. Il ignorait qu'ils pouvaient se croiser. L'aura était son opposée. Elle était proche, puissante... Tellement puissante. Les gens le ressentaient-ils également comme lui pouvait percevoir cet être ? Il en doutait. Pourtant, il allait devoir se mettre à son niveau, au moins pour protéger la jeune Enwr. Que pouvait-il lui vouloir ?

Revenant près de la jeune femme aux cheveux d'aube, Dawan concentra son essence, jusqu'à les entourer tous d'eux d'une aura faite de son envie de protéger la belle enfant. Ce fut comme si un ciel bleu existait précisément à cet endroit, autour d'eux, et comme si même leurs ongles étaient plus doux. Le Chanteciel tourna son regard de perle vers celui qui venait les interrompre.

"- Asmo... Pourquoi ? Que cherches-tu ? Je peux peut-être te l'apporter. Que dirais-tu que nous dansions, Asmo ? Nous pourrions faire quelque chose de magnifique..." Ah, il s'était encore laissé troubler dans sa réflexion première. D'un mouvement de tête, Dawan chassa la proposition parasite qu'il avait laissé échapper. Elle s'envola sous la forme de lucioles. "Pourquoi es-tu ici ?"

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C’était curieux d’observer les autres sans rien faire. Cela l’était encore plus lorsqu’il s’agissait d’observer les rêves des autres.

En regardant, Asmo comprit ce qui l’avait attiré près de cette lueur. Il s’en détachait une douceur et une candeur immense ainsi que quelque chose d’autre, mais impossible de mettre la main dessus. Il avait beau chercher, mais pas moyen de trouver depuis la périphérie du rêve. Et la Colère n’était pas sûre de trouver même à l’intérieur. C’était comme si le rêve était à l’étroit dans lui-même. Non, pas exactement ça, il était trop grand pour ce qu’il était plutôt, comme s’il accueillait autre chose qui n’avait pas sa place, mais que le rêve avait accepté, comme on agrandit un feu de camp pour accueillir de nouveaux voyageurs.

Le rêve était bien pour le commun des mortels. Mais ce genre de chose n’atteignait pas Asmo, ou alors d’une autre manière. Le beau n’avait pas d’apprise sur lui, tout comme la paix, ou l’amour, toutes ces choses qu’on dit bonne. Il ne les détestait pas non, de même qu’on ne déteste pas des fourmis. Ces choses étaient juste négligeables et bonne qu’à une seule chose. Assouvir une soif et alimenter un feu brûlant, celui de la destruction. Asmo ne se sentait complet que dans le sang, le fer et la violence.

Toutefois, lorsque le bonheur est trop grand, il est très dur de le détruire et Asmo n’était pas encore habitué à sa nouvelle forme. Il manquait encore de force et de contrôle.

Il allait se détourner quand il eut confirmation de sa sensation. Ils étaient bien deux dans le même rêve et la Colère s’avança un peu dans la frontière du rêve. C’est à ce moment qu’il sentit la perception du visiteur l’effleurer. C’était une sensation étrange, comme une caresse, mais avec les yeux, mais sans les yeux. Un souffle de l’esprit. Asmo en aurait la chair de poule si son esprit avait pris la forme d’un corps.

Immédiatement, le rêve changea sans que son propriétaire le senti. Le ciel devint plus bleu, l’herbe plus douce et l’environnement plus écœurant aux sens d’Asmo. Et l’intrus s’adressa à lui.

Une vague surprise traversa Asmo, lorsque l’inconnu l’appela par son nom, le nom qu’il s’était donné et que seul Erdrak connaissait puisqu’il était le seul à le connaitre. Une vague de haine s’éparpilla autour d’Asmo. Il n’avait pas encore prit forme et donc ne pouvait pas répondre par des mots, mais sa Colère et sa véhémence traversaient l’espace, faisant trembler le rêve autour de la protection de l’intrus.

Ce n’était pas volontaire. Ce n’était pas fait pour l’intimider, ou au moins pas consciemment. Mais tel était Asmo, laissant à son esprit, la liberté d’exhaler ses pulsions. Ses pulsions qui ne cessaient de devenir forte à mesure que l’autre posait des questions et que l’hôte du rêve ne semblait pas percevoir l’approche du danger, comme si son rêve continuait paisiblement sous la protection de l’autre.

Asmo pénétra pleinement dans l’aura du rêve, quittant l’entre songe o il s’était tenu jusqu’à présent. Il descendit vers le sol, dans des ténèbres tourmentées par ces sentiments fulminants et finit par poser le pied sur l’herbe en prenant sa forme humaine.

Il avait les yeux couleurs sang et brillant d’une lueur maline et malsaine, comme tous ce qu’il pouvait transpirer. Et pourtant, il était beau. Son visage juvénile était celui d’un jeune homme à peine entrer dans l’âge adulte, une barbe légèrement naissante, encore duveteuse. Sa peau était encore lisse et semblait douce et si ce n’était son expression viciée, son visage aux cheveux courts aurait été avenant et plaisant. Il portait une armure d’acier gris et brillant, propre et solide ainsi qu’une épée avec une tête de loup sur le pommeau.

Asmo fixa l’inconnu de ses yeux brûlant. Il réfléchissait. Comment connaissait-il son nom ? Comment connais-tu mon… Il arrêta sa question. Il ne voulait pas la dire mais ses pensées étaient trop fortes. Il fallait faire attention. Mais il ne s’était pas tu que pour ça. Dawan. C’est ça ?

Son sourire s’agrandit, révélant des dents blanches et impeccables. Cela fait beaucoup de questions. Mais une seule réponse t’intéresse. Et bien je vais te répondre. Asmo libéra volontairement cette fois, tout ce qu’il faisait de lui un être à part. Sa haine, sa soif de violence, de sang de douleur et de souffrance. Tout ce qui dormait en chaque homme et chaque femme du monde. Le rêve autour de lui se brisa, partant en fumée, flammes et tourbillons.

Mais pas tout le rêve. La jeune femme blonde derrière Dawan continuait de jouer avec un bébé, un nourrisson, elfique à la vue des oreilles. Elle était comme inconsciente à la destruction ambiante, protéger par la bulle de douceur de Dawan.

Ma réponse sera bien simple. Pourquoi pas. Je sais que si je te pose la question de répondra autrement. Ma réponse sera bien simple. Sûrement que tu es là pour le plaisir ou la joie, le bonheur. Et bien moi c’est pareil. Je vais te répondre que c’est pour le plaisir.

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Un doux sourire, que Dawan avait appris lorsque ses parents avaient voulu l'enseigner à sa soeur, répondit à celui d'Asmo. Ce dernier avait répondu tout seul à sa première question. Naïvement, l'elfe lié des étoiles imaginait que son opposé devait ressentir ce que lui avait pu connaître les premières fois où cela lui était arrivé. Quelque surprise, suivie d'une acceptation amusée. Là où Dawan aurait pu s'inquiéter qu'un être comme Asmo aie des informations sur lui, il savait que ce dernier pouvait rester serein, et profiter pleinement de la découverte. Ce qu'ils étaient désormais les poussait à se connaître, instinctivement. Leurs différences les liaient, d'une certaine façon.

Connaître son nom, connaître sa nature, savoir qui ils étaient, ne faisait pas tout. Dawan était un être de Rêve. Ce qui était lié à l'autre monde, il l'ignorait. Et ce que pouvait penser Asmo lui était étranger également. Oh, il pouvait le deviner, comme jadis dans l'autre mon il pouvait tenter s'il le voulait de deviner son interlocuteur. Ce n'était néanmoins pas le même savoir que celui qui le liait aux éléments nés de ce monde. Sa bulle de protection se rétrécit, pour ne plus contenir qu'Aurore. Le jeune Cawr ignorait si, ici aussi, la magie demandait une certaine énergie, épuisable, mais n'avait pas tant envie de le découvrir au mauvais moment, et de la mauvaise manière.
Ainsi Dawan put ressentir pleinement la haine qui constituait cette être. Elle était venue avec lui. La libérer ne la rendait que plus visible. Le regard étoilé du Chanteciel caressa les flammes et la colère. Ce qu'il en ressentit ? La cruelle envie de consoler Asmo. Ce ne devait pas être facile de porter tout cela en lui. Sous les doigts du pâle elfe, la rage de feu prenait des couleurs plus tendres, les mêmes qu'aurait pu avoir une bulle de savon. Cela ne brûlait pas. Pourquoi aurait-ce brûlé ? Si aucun d'eux n'apportait la précision, il n'y avait pas de raison.
De même, il n'y avait pas de raison à sa présence ici. Plaisir ou douleur n'aurait rien changé, puisque Dawan lui-même avait été surpris de retrouver, d'une certaine façon, l'existence. Mais est-ce que cela intéressait vraiment Asmo ? Venait-il vraiment pour discuter paisiblement autour de leurs communes destinées ? Rien n'était moins sûr. L'enfant des rêves devinait également que le fruit de la haine se moquait de ses chants comme de son premier crachat. D'autres sujets pouvaient peut-être le porter à de plus paisibles actions.

"- D'où viens-tu, Asmo ? Qui es-tu dans l'autre monde ? D'où es-tu né ? Te manquait-il de l'amour ? De l'attention ? Du respect ? Tu peux me le dire. Sois sans crainte. Je ne veux pas être ton ennemi."

Sa voix avait été délicate et tendre. Une auréole de bienveillance émanait de ses mots. Asmo aurait pu être son enfant sans qu'il eut parlé différemment -Dawan ne s'était jamais adressé aux enfants comme à des êtres stupides. Sa voix avait été aussi légère que de l'éther. Et il n'avait pas eu besoin de tendre la main vers Asmo tant les notes qui le composaient étaient plus parlantes encore. Ce qu'il voulait, c'était apporter à cet être de haine ce qui lui avait manqué. Le but n'était pas de l'éradiquer. Le but était de faire ce que Dawan était censé faire.

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Le chaos, la destruction. Tout n’était que violence autour d’Asmo et cela le complaisait dans sa personnalité de colère. Pourtant, il n’arrivait pas à s’en satisfaire. Lui qui aimait faire montre de sa violence et dont la force, jusqu’à présent, n’avait connu pour seule limite que celle du corps du Loup Solitaire, ici, dans le monde onirique, n’avait plus ce problème. Pourtant, quelque chose l’empêchait de savourer pleinement cette libération.

Il contemplait Dawan et la jeune femme derrière lui et comprit. Il lui fallut un certain temps pour y parvenir, car Asmo n’avait pas l’intellect d’Erdrak, il n’était pas un stratège, pas un diplomate. Il était la force et l’instinct du Loup Solitaire. Pourtant, il y parvint. Ce qui l’empêchait de pleinement savourer sa libération était la résistance que lui offrait Dawan. Une résistance qui l’empêchait d’obtenir, ou plutôt de détruire ce qu’il voulait comme bon lui semblait.

La Colère avait longuement réfléchi à cette gêne, si toutefois le temps avait une quelconque emprise sur le monde qui les entourait. Dawan avait posé ses questions sans qu’Asmo ne réagisse, la tourmente que la haine d’Asmo imposait à l’environnement ne faisant que s’amplifier.

Finalement, le problème trouvait, le visage d’Asmo quitta son expression rêveuse. Il n’avait pas eu une expression enfantine, pas celle d’un gamin qui rêve de devenir chevalier, mais si ses yeux s’étaient plongés dans la réflexion, son sourire n’avait pas perdu sa coure malveillante. Son regard se ralluma de cette soif de sang et revint sur Dawan.

Sans qu’il ne comprît vraiment comment, il avait entendu les questions, et cela ne faisait qu’amplifier son sourire. Il savait ce qu’il voulait, et la résistance du rêveur ne rendra sa réussite que plus délicieuse.

Cela fait beaucoup de questions. Et bien je vais te répondre. Je viens du cœur des hommes, des femmes, des elfes et des vampires. Je suis dans l’autre monde comme tu dis, exactement ce que je suis ici. La Colère, la tourmente, la haine et la violence. Je suis la Colère, et je suis né de la Colère. Je suis la Haine et fut engendré par elle.

Asmo éclata de rire en repensant à la suite des questions. L’amour ? Le respect ? De l’attention ? C’était ridicule. Tu dis que tu ne veux pas être mon ennemi. Sa voix était terrifiante de haine contrôlé, brûlante d’une folie inassouvie. Mais qu’est-ce qui te fais penser que c’est ce que je veux.

La Colère avait planté son regard dans celui du rêveur, luisant de toute ce qu’il était. Il se mit à tourner autour de la bulle, toujours dans la tempête de flammes et de ténèbres. Il remarqua alors que ses flammes proches de la bulle avaient changé et ne reflétaient plus exactement sa haine. Il tournoya ainsi un moment en silence, sans plus prêter attention à la bulle et ce qu’elle contenait.

Pourquoi ses flammes avaient-elles changé ? Sa réflexion reprit du temps, une éternité, ou bien une seconde. Il cherchait sans comprendre les règles de ce nouveau monde, ce monde qui devait être le sien.

Pourquoi les flammes ne brûlaient pas le rêveur comme elles brûlaient Erdrak lorsque l’heure du combat approchait ? Pourquoi ne brûlaient-elles pas ? Asmo sentit l’idée de brûlure parcourir son corps puis se répandre dans la tempête. Il comprit pourquoi ça ne brûlait pas. Parce qu’il ne l’avait pas pensé ainsi.

Son regard revint sur le rêveur et il imagina que les flammes brûlent. Et elles se mirent à devenir aussi ardente que la lave. Ce monde avait ses règles, mais elles étaient lâches et la Colère pourrait jouer avec par le simple fait de le vouloir.

Son attention se porta sur la jeune femme et son sourire devint un peu plus cruel. Elle a l’air heureuse. J’aimerai bien savoir pourquoi.

Sans plus de difficulté, Asmo s’imagina à ses côtés. Son corps traversa la paroi invisible de la bulle, mais sa tempête resta à l’extérieur. La Colère ne comprit pas pourquoi mais son attention était pleinement concentrée sur la jeune femme. C’était si facile de plier ce monde. Personne n’avait la volonté de le faire, personne n’avait la volonté de changer le monde comme lui le voulait. Et donc personne ne pouvait l’arrêter.

La jeune femme n’avait pas remarqué la présence d’Asmo, continuant de bercer le petit. Une grimace traversa le visage d’Asmo lorsqu’il vit que le petit était un elfe. Pourtant la femme était humaine. Etrange.

D’une simple volonté, Asmo explora ses peurs et il fut surpris de les voir en si faible nombre. L’esprit de la jeune femme était d’une simplicité déconcertant, plein de confiance, de naïveté et surtout d’émerveillement. Mais la Colère trouva rapidement quelque chose à exploiter. Tous les rêves ne durent pas éternellement.

La tempête cessa brutalement et le décor changea. La plaine, la forêt, tout avait disparu. A la place, il y avait une chambre du nouveau domaine baptistral. Dans un coin, se tenait un établi, avec des pièces de bois et des sculptures inachevées. Un lit simple logé le mur et un petit bassin d’eau se tenait dans un coin. La jeune femme marchait de long en large, en proie à la panique. Elle berçait frénétiquement le petit, chantant une berceuse, mais rien n’y faisait. Le petit poussait des cris atroces de souffrance, qui ne faisaient que s’amplifier. Asmo ne connaissait rien à l’immaculation, mais il avait vu dans l’esprit de la jeune femme que c’était un processus extrêmement douloureux qui touchait les elfes. Et surtout qu’elle craignait que cela touche son bébé et qu’il en meurt.

C’était un cauchemar tout trouvé pour Asmo qui le créait de toute pièce, à mesure qu’il se déroulait. Il en avait complètement oublié la présence de l’autre rêveur, savourant tout de la scène qui avait lieu dans le monde onirique.

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Le sourire de Dawan s'estompa, et son expression passa de sa béatitude habituelle à un air plus... Intrigué. Il fixait Asmo, de ses yeux et de ses oreilles, avec une curiosité tout à fait enfantine, comme face à un être dôté de caractéristiques que l'on découvre pour la première fois. Colère, haine, violence. Il en avait entendu parler. Il les avait subis. Désormais, ce n'étaient que des mots dans le vent, de vagues concepts dont il avait la définition, mais qui restaient distant. Si par empathie Dawan tendait toujours à chercher à partager les sentiments qui lui faisaient face, ceux qui lui étaient présentement évoqués ne trouvaient aucune résonnance en lui. Avait-il perdu une part de son identité pour ne devenir que symbole ? Avait-il toujours été ainsi ? Il ne savait pas. Cela n'avait pas d'importance. Ce qui en avait, c'était lui, c'était eux. Asmo était-il cette part d'ombre qui soutenait l'équilibre, ou était-il le fruit d'un débordement de cette part d'ombre ?

L'un comme l'autre ne changeait sans doute pas les réactions du Chanteciel à son égard. Cependant, la réflexion l'occupa jusqu'à ce qu'Asmo s'immisce dans la bulle de protection qu'il avait créé, après avoir jaugé le changement dans les flammes. Dawan le trouvait attendrissant, à sa manière. Le voir découvrir le monde, et se découvrir lui-même, rappelait à l'elfe de lumière ses propres débuts et tâtonnements. Quelle maitrise pouvait s'offrir à Asmo, lui qui était né d'une libération du contrôle ? Tout à ses paternelles pensées, et à la mine aimante qu'il revêtait à nouveau, il fallut que la musique change brusquement pour qu'à nouveau Dawan reprenne un rôle d'acteur.

Un gémissement, ou plutôt un couinement, lui échappa lorsqu'une flamme lui lécha la main. Il s'en débarassa d'un geste gracile. Quel farceur. Et quel innocent enfant. Il essayait, c'était normal. Constatant cela, et réparant d'une pensée la brûlure, Dawan n'eut pas le temps de lui expliquer le bonheur. L'intérêt en aurait été limité. Si leur nature était la même, qu'Asmo ne puisse ressentir le bonheur n'était pas exclus.

Ce nouveau décor, Dawan ne le connaissait pas. Néanmoins, les notes qui en émanaient étaient très caractéristiques :  cet endroit était une Maison, un refuge. Un lieu un peu sacré pour les créatures sédentaires qu'étaient certains humains. Les cris du bébé lui vrillèrent les tympans, lui arrachant une grimace, renforcée par la peur d'Aurore. Dawan ne connaissait rien à l'immaculation, ce cela ne l'empêcherait pas d'agir. Rester dans la même pièce qu'Asmo allait être compliqué, si tous deux devaient à chaque fois tenter d'imposer leur façon de voir les choses.

Les pleurs se turent. Dawan ne cacha pas son soulagement, dans un soupir sincère. Mieux encore, le bébé paraissait avoir subtilement changé d'allure. Les veinules qui le couvraient rappelaient un certain protecteur de baptistrels. Ses traits, eux, rappelaient ceux de la jeune femme, en partie. Le Chanteciel se rapprocha d'Aurore.

"- Tu as face à toi une terrible adversaire, Asmo. Aurore ne manque pas de ressources. En elle, et autour d'elle, dansent les étoiles de ses bonheurs. Pour l'instant, elle a besoin de se reposer."

Une demande tacite : celle qu'Asmo aille voir ailleurs. Et si possible, dans un rêve qui n'existait pas. Les rêveurs étaient les protégés de Dawan. Leur sommeil devait être doux et réparateur. Il devait les aiguiller vers leur avenir et leur en donner le goût. Une main éthérée se posa sur l'épaule de la jeune femme. A travers elle, Aurore avait accès à une part de l'essence de Dawan, comme une source d'énergie supplémentaire à celle dont elle disposait. Si face à Asmo elle avait besoin de se rappeler qu'il n'était que cauchemar, et que sa réalité à elle valait mieux que lui, elle pouvait user du puits sans fond de poésie et d'amour qu'était Dawan. Elle n'était pas seule. Exactement comme dans la réalité.


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Le plaisir malsain d’Asmo cessa immédiatement à cause de l’intervention de Dawan. Jusqu’à présent, à chaque fois qu’il voulait prendre les choses, il n’y avait pas eu de contestation. De vaines tentatives pour restreindre son pouvoir, mais pas vraiment de contre-attaque. La bulle de l’autre n’était pas une vraie barrière et quand Asmo eut compris le fonctionnement de monde, il avait entendu avec satisfaction le couinement de Dawan sous la morsure de ses flammes.

Le rêve tournait en cauchemars et la Colère se délectait de pareil désarroi. Puis cela cessa. Plus de pleurs, plus de peurs. Pour un instant du moins. Dawan était intervenu et s’était opposé à Asmo plus frontalement cette fois. Mais si Asmo découvrait ce monde, Dawan ne semblait pas savoir qui il avait vraiment contre lui.

Asmo grimaça et singea Dawan alors que ce dernier parlait. Il était tellement convaincu que le cauchemar avait cessé que s’en été ridicule. C’est bon ? Tu as fini ? Alors regarde bien les étoiles du bonheur de cette Aurore. Et dis-moi si elles brillent toujours autant.

Le bébé aux veinules était particulièrement calme maintenant. Trop calme. Aurore ne cessait de le bercer, en proie au désarroi. Le bonheur est la proie la plus facile pour la peur. Alors regarde bien les étoiles du bonheur de cette Aurore.

Aurore pleurait et le bébé ne respirait plus. Dès l’instant où Asmo avait senti l’intervention de Dawan, il avait fini la torture pour une frappe plus violente. Par la souffrance, il avait provoqué la mort du nourrisson en s’inspirant de la plus grande peur de sa mère. Un rire fou sortit de l’espace autour d’Asmo. Terrifiant par sa folie, par sa violence. Ce n’était pas un rire gai, joyeux.

Puis il cessa brutalement quand le monde autour d’Asmo et de Dawan disparut. La Colère se retrouva de nouveau dans l’espace entre les rêves. Il voyait les étoiles de différentes couleurs partout. Mais plus celle d’Aurore. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Il lui fallut un moment pour comprendre que la jeune femme s’était juste réveillé et Asmo poussa un cri de rage dans l’espace. Il n’avait pas encore le contrôle absolu. Ses victimes avaient une échappatoire, le réveil était leur salue.

Sa haine grandit encore, impactant les songes les plus proches, perturbant le repos des dormeurs alentours. Asmo ne comprenait pas ce monde, ni pourquoi il voulait lui résister. Il ne cachait rien des raisons de sa colère. Pour lui, tout n’existait que pour être détruit. Le vrai pouvoir venait de la force brute et personne ne devait pouvoir s’échapper.

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Les lèvres de Dawan se pincèrent de frustration. Il n'avait même pas eu le temps d'agir, modifier le rêve, tant pour Aurore que pour respecter ce qui l'animait. Par chance, il pouvait se consoler en sachant que l'apprentie avait en elle de quoi passer autre ce cauchemar.
Alors que restait-il à s'occuper, pour le moment ? Eux. Les deux abrutis qui se retrouvaient entre les rêves, sans qu'aucun d'eux ne fut satisfait, ou complet. Dawan croisa les bras, le temps de contempler le monde autour d'eux. Il n'était jamais venu ici jusqu'alors, lui qui bondissait de rêve en rêve, instinctivement, suivant la lumière comme l'abeille suit le pollen. Par où allait-il bien commencer, maintenant ? Pouvait-il créer, dans cet endroit, quelque chose qui lui serait propre, et qui resterait même sans sa présence ? Un refuge ? Ou peut-être devait-il s'occuper de cet Asmo hurlant à côté de lui.

Le cri le déstabilisa, et la haine qui grandissait le poussa à se reculer, puis à mettre ses mains devant lui, créant ipso facto un bouclier. Autour de lui, l'essence d'Asmo déchirait les airs comme le faisaient les hurlements d'une tempête. Pourtant, tout occupé à se protéger qu'il était, Dawan dut reconnaître un élan très paternel envers cet immature fils des Hommes. Subir les conséquences de ses actes, et en hurler de rage... Oui, il fallait le reconnaître, en Asmo il y avait une part immense d'humanité, brute et sauvage. Il évoquait au Chanteciel certains enfants.
Pour autant, l'envie de consoler cet enfant-là ne lui venait pas. L'apaiser, oui, sans doute. Lui permettre de se déchaîner sur quelque chose, jusqu'à ce qu'il en meurre... Ç'aurait peut-être été la solution. Mais il ne le pouvait. Pas tout de suite. Pas tant qu'il ne pouvait être certain des enjeux et répercussions de ce plan qui se dessinait, Dawan ne pouvait le mettre en place.

Tant pis. En attendant, il allait faire ce qui devait être fait. Il allait donc... Faire connaissance avec Asmo. Bon, pas autour d'un thé, de toute évidence. Dawan était quasiment certain que, s'il demandait à son congénère sa boisson préférée, ç'allait être du sang de vierge, des larmes, ou tout autre élément qui n'aurait de sens que dans la douleur.
Levant une main vers ce ciel qui n'existait pas, Dawan créa une sorte de bulle, autour d'eux, pour absorber la haine qui émanait d'Asmo, et l'empêcher d'atteindre les autres dormeurs. L'effort lui arracha une grimace. Il se souvenait avoir bu des remèdes pour les maux de ventres meilleurs que ces émotions qu'il tentait de retenir. D'une voix toujours aussi tendre, mais qui trahissait son effort, il demanda à ce grand enfant qu'il voyait en Asmo :

"- Veux-tu vraiment réveiller tous les rêveurs alentour ?"

Il n'abaisserait ses barrières que si Asmo en faisait de même, et les ramènerait à la première ébauche d'affront au sommeil.

"- Je crains que ne te soit laissé le choix de la mesure."

Non, rien à faire, il n'y avait toujours ni défi, ni moquerie, ni sarcasme dans sa voix. C'était vraiment une petite voix inquiète. Et pour cause : si une violence démesurée se voyait et se contrait aisément, y compris pour les esprits, les plus insidieuses formes de la colère pouvaient être dévastatrices. Et Dawan aimait beaucoup trop ses protégés, les vivants, pour leur souhaiter cela.
Lui vint alors une question brillante de pertinence. La réponse pouvait bien l'éclairer sur leur nature, sur les moyens par lesquels il pouvait Apaiser la colère, et peut-être même sur ses propres buts au sein de cet univers.

"- Est-ce la première fois que tu viens en ce lieu ? Viens-tu de mourir, dans l'autre monde..? Y existes-tu ?"

Est-ce qu'inconsciemment il essayait de diriger Asmo vers autre chose que l'origine première de sa colère ? Peut-être. Ou peut-être n'était-ce que sa propension naturelle à savoir regarder là où l'oeil n'était pas attiré. Quelle importance, au fond ? Après tout, il avait toujours fait confiance à ses émotions pour le guider sur la bonne voie. Elles avaient des raisons qui dépassaient ce qu'un esprit, tout elfique soit-il, pouvait envisager.
Sa petite tête s'était penchée sur le côté, en fixant Asmo, à l'image de l'Esprit-Lié qui l'avait pris jadis sous son aile, celui de la chouette. Une chouette curieuse qui observait son reflet dans le miroir pour la première fois, et essayait de les comprendre tous deux. Mais d'eux deux, qui était celui coincé de l'autre côté du miroir ?

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Il y avait une certaine jouissance dans le déchainement de violence d’Asmo. La Colère pleine de rage prenait plaisir à se défouler. Dasnce monde, il se sentait libre finalement. Malgré le réveil de l’humaine, il avait un univers complet pour s’y libérer, détruire, et se repaitre de la misère des autres. Tout ce qu’il ne pouvait pas faire d’habitude, de l’autre côté du monde. Là, il était seul et maître de lui-même. Il n’avait pas d’ordre à recevoir et surtout aucune raison de les accepter.

Il continuait à enfler, sa tempête de plus en plus forte. Il sentait que sa force allait bientôt atteindre sa limite et qu’après, il devra se déplace pour semer plus désordre et de destruction. Mais il avait la conviction qu’avec l’habitude, sa puissance n’aurait plus de limite dans ce monde.

Soudain, il sentit une autre force s’opposer à lui, lui résister pour finalement le cantonner. Cette force rendait inaccessible les rêves adjacents mais pire encore, elle emprisonnait Asmo dans une sphère, l’empêchant de faire ce qu’il souhaitait plus que tout au monde.

Asmo chercha l’origine de la résistance, le regard rouge injecté de haine. Il n’y avait personne pourtant, la jeune fille s’était réveillée. Il vit enfin Dawan et il se souvint de la présence de l’autre esprit. Bien sûr, ça ne pouvait être que lui. Cet empêcheur de tourner en rond. Asmo devait le détruire.

Toute sa rage se dirigea vers l’esprit. Il n’était plus question d’une tempête mais d’une rayon deux fois plus grand qu’un humain. Le flux continu frappa Dawan, le faisant disparaitre dans un torrent de feu et de ténèbres. L’attaque sembla durer une éternité. Une fois qu’Asmo fut certains d’avoir détruit cet opposant, il maintint son attaque quelques temps avant de la cesser.

Quand le rayon disparu, un nouveau cri de rage résonna dans l’espace entre les songes. Dawan était toujours là, intact, absolument pas inquiété par ce qui venait de se passer. Comment avait-il fait ?

Pour augmenter sa colère, Dawan prit la parole. Qu’importe les rêveurs alentours. Asmo avait décrété ce monde comme étant le sien. Personne ne pouvait lui dire que faire ici. Personne n’avait le droit de s’opposer à lui. Il était prisonnier le jour, alors la nuit, il serait le maître.

Sa rage ne diminua pas, alors que Dawan posait ses questions. Des questions tellement stupides que le rire sinistre de la Colère résonna dans l’espace. Idiot. Je ne peux pas mourir, dans quelque monde que ce soit. La mort ne me concerne pas et ce monde n’est pas nouveau pour moi. Je m’y suis installé depuis toujours, bien qu’il me fallût du temps pour exister en tant que telle. Et toi ? Que viens-tu faire ici ? Pourquoi me résister alors qu’il te serait plus simple et si plus reposant d’abandonner et de fermer les yeux. L’heure des rêves est finie et la mort n’est pas ce qu’elle semble. Alors abandonne.

Une nouvelle vague de colère vint frapper Dawan avec force avec toujours la même absence d’effet.

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La rayon s'estompa, et ce qu'il laissa apparaitre était un Dawan tout à fait serein. La rage avait glissé autour de lui, avant d'être absorbée par les murs qu'il avait conçus autour d'eux. Lui, il avait saisi un petit morceau de rayon, en avait fait une sphère qu'il avait posée dans le creux de sa main. Il était sagement occupé à jouer avec, à approcher son doigt de la petite sphère de rage, et la regarder onduler pour s'écarter, comme si leur magnétisme avait été opposé. Oh qu'elle était jolie ! Qu'elle était mignonne ! Elle était même tellement jolie et mignonne qu'elle se montra plus intéressante que le rire d'Asmo. Dawan eut un vague tic lorsque ce son fort peu harmonieux molesta ses sensibles oreilles de Cawr, mais ne lui accorda pas plus d'attention. Il fallut des mots pour que, factuellement, il se montrât plus attentif. Cela ne se vit que lorsqu'il répondit, tranquille, badin :

"- J'étais vivant. J'aimais bien cet endroit." Un délicat mouvement de la main pour désigner leurs alentours, comme une danseuse. "Un jour, j'ai cessé de vouloir vivre. Je me suis laissé mourir." Son regard partit loin, quelque part, au-dessus d'eux, dans une pause qui, s'il avait été vivant, lui aurait servi à reprendre son souffle. "Je ne me souviens pas de ma mort. Je me souviens juste avoir ouvert les yeux ici. Je ne crois pas m'être encore réveillé dans l'autre monde, comme si ici était ma nouvelle place."

Dawan avait commencé à déambuler, sans plus observer son visiteur. Sous ses pas naissaient des constellations, qui s'étendaient avec des cliquetis de verre, discrets, comme pétillants. La question de sa nouvelle identité, et de son existence, était toujours un peu gênante. Il n'aimait pas y penser, et avait peur d'y penser. Il craignait que cela finisse par l'impacter. Finir son éternité avec les mêmes ombres que celles qui l'avaient entrainé vers le fond l'effrayait. Pour le moment, il s'estimait chanceux d'être comme... Protégé ? Il ne savait pas trop. C'était comme si, ici, quelque chose l'empêchait de retourner à cet état.
Mais la mort était une autre chose.

"- Je ne crains pas la mort, Asmo. Je voulais l'embrasser. Je ne sais juste pas pourquoi je suis ici."

Ainsi abandonner ne l'aurait pas davantage jeté dans les bras de Mort. Il ne pouvait accéder à la requête d'Asmo. En revanche, est-ce qu'il pouvait être tué, par une entité qui lui était semblable ? Peut-être. Un instinct, une intuition, murmurait à l'oreille de Dawan que cette mort-là, il ne pouvait pas l'accepter aussi bien que celle qui aurait dû l'accueillir.
Mourir tué par Asmo, c'était laissé ses rêveurs entre des griffes pestilentielles. Au nom de l'harmonie, il ne pouvait laisser ceci se faire. S'il devait mourir, ce serait avec Asmo.

L'intérieur de la sphère changea, peu à peu, devenant plus lumineux. Bientôt, il y eut ici de la terre, des roches, des arbres, un ciel, des nuages. Quelques objets apparurent également, des babioles, qui allaient de la statuette à la table, en passant par des couverts de porcelaine, des enclumes... Il en apparaissait de plus en plus.
La silhouette de Dawan, elle, devenait de plus en plus transparente. Il offrit un doux sourire à Asmo.

"- Est-ce détruire que tu veux ? Je peux t'offrir ceci. Tu peux détruire autant que tu veux. Et si jamais tu venais à changer d'avis, à reconsidérer l'idée que nous cohabitions ici, et façonnions ensemble... Tu n'auras qu'à m'appeler."

Il serait là. Il était toujours là.
Dawan fit mine de disparaitre. Son attention traina sur cette petite sphère, ce défouloir, qu'il venait d'offrir à la Colère.

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La tempête colérique environnante cessa brutalement quand Dawan prononça son dernier mot. Le calme qui en résulta fut assourdissant. Ce fut une sensation étrange car en y repensant, il n’y avait pas vraiment eu de bruit non plus. C’était plus une idée de bruit et maintenant une idée du silence qui résonnait dans le monde. Le monde que Dawan avait créé autour d’Asmo, dans la bulle de la prison qu’il avait construite sembla immobile.

Asmo n’avait pas écouté ce qu’avait dit Dawan. Il n’avait même pas entendu ses paroles. Son attention comme sa rage était tournée vers l’extérieur, un extérieur qu’il ne pouvait atteindre parce que quelque chose l’en empêcher. Parce que Dawan l’en empêchait. Mais il ne pouvait pas non plus supprimer Dawan. Pourquoi il ne pouvait pas détruire ce que l’autre avait créé.

A force de violence, il avait fini par comprendre. Sa colère s’était tue, mais pas calmer. Il regardait maintenant l’autre rêveur, un rictus mauvais sur les lèvres. L’autre s’en allait comme si on pouvait congédier Asmo, comme si on pouvait le traiter comme un enfant qu’on enferme dans sa chambre avec de dérisoires jouets, quand le monde entier pouvait être son terrain de jeu.

Dawan commença à disparaitre mais son évanouissement cessa brutalement, et il reprit corps tout aussi vite. Des miroitements se firent autour de lui, comme des étoiles, au plutôt des filaments, qui se rejoignaient pour former une toile d’araignée, une cage où enfermait une proie. La cage fut terminée bien vite et commença à se resserrer.

Dans sa bulle, le monde construit par Dawan commença à trembler puis à se déliter, lentement. De tout ce qui fut imaginé, il ne reste plus que poussière plus plus rien. Les deux esprits se tenaient de nouveau dans le vide, entre les songes.

Sans esquisser un mouvement, Asmo se déplaça vers Dawan, son sourire toujours malfaisant. Il avait trouvé une faille. La force brute ne pouvait fonctionner pour détruire ce qu’un autre a voulu inviolable. Si un objet et indestructible, alors il suffisait de le défaire, comme on défait un nœud : en faisant le cheminement inverse.

Asmo avait compris alors que Dawan créait autour de lui. La prison était faite pour retenir la violence de la colère, alors il suffisait de la retirer par la ruse paisible. La prison qu’Asmo avait faite pour Dawan n’était pas là pour le retenir, mais pour l’étouffer et le tuer. Et rien ne pourrait arrêter cela.

Je crains que tu ne puisses plus répondre à mes appels, rêveur. Ni à ceux de qui que ce soit. Je ne suis pas un enfant qu’on punit ou réconforte.

Il n’ajouta rien et partit d’un rire qui raya le vide. Puis s’éloigna en accélérant, vers un songe lointain, sa soif de violence malsaine derrière lui, telle une cape au vent.

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Cette sensation autour de lui, il la connaissait. Comme le parfum diffus d'un fragment de souvenir. Lorsque ce dernier lui revint, le Chanteciel ne put s'empêcher de rire, de son petit rire léger et cristallin de grand enfant. Le monde des Rêves ne s'encombrait pas d'air, et le son partait sans frontière. Le tuer ! Ah la douce idée qu'Asmo avait eue là ! Hélas, il n'avait pas été le premier à l'envisager. Alors même que la Colère ne le regardait plus, Dawan fit mine de s'enlacer, se blottir au creux de sa prison, avec un doux sourire, essayant malgré tout de se laisser bercer par Mort, de laisser les volontés les plus perfides. Cette force qui voulait le réduire à néant ressemblait à cette étreinte qu'il avait tant fantasmée. Il l'épousa si bien, qu'à l'ultime instant, celui où l'oeuvre d'Asmo aurait dû le réduire à Néant...

Il était encore là. Debout, les bras ballants, aussi indemne et lumineux que s'il ne venait pas d'approcher la fin. Un soupir un peu chagriné lui échappa. Au moins avaient-ils essayé. Mais définitivement, son avenir n'était pas là. Dans la continuité du rêve qu'était son nouveau monde, il chercha Asmo. Rien de difficile : il suffisait de suive la piste malsaine qui se dessinait au travers du vide.

Dans cet esprit qu'Asmo malmenait, l'univers se fit plus résistant, puis plus lumineux. Là où l'hôte était chôyé le parasite put avoir un rappel de ce à quoi ressemblaient ses créations. Dans les cauchemars, il était vain de fuir sa peur. Ici, il était sans doute vain de fuir son opposé. Ce fut pourtant le conseil que murmura la voix claire et maternelle de Dawan, juste à l'oreille d'Asmo, alors qu'il était pourtant hors de sa portée :

"- Fuis. Si je sais où tu te trouves, je vais vouloir t'arrêter. Si tu veux sévir... Fuis-moi."

La représentation visuelle de Dawan n'avait pas bougé les lèvres. Son chant, une berceuse, entourait leur hôte avec délicatesse. Il restait près de ce dernier, à jouer sagement, avec les pétales de roses qui dansaient dans l'air.

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Dawan vint protéger le rêve agressé par Asmo et ce dernier sourit. Son esprit jubilait devant la réaction du rêveur. Le cauchemar ne faisait que commencer et il ne regarda pas la terreur qu’il avait instillée dans le songe de l’inconnu se faire repousser alors que l’environnement se renforcer, devenait plus stable, plus doux et plus calme.

La tourmente de sentiment néfaste continuer à se fracasser sur les protections que Dawan avait dresser, oblitérant la vue des autres songes, des autres mondes. Il n’y avait plus qu’un îlot de lumière dans les ténèbres sanglant. Qu’un îlot de lumière isolé, où se tenait Dawan et le dormeur, protégés par une puissante bulle de lumière.

Asmo savourant sa victoire. Il avait en réalité trouver comment traverser les protections de Dawan. Il avait compris que le combat qu’ils mèneront sera de longue haleine, et qu’il fera appel à beaucoup d’imagination car dans ce monde, tout ce qu’il est pensé peut apparaitre et donc tout mur peut être contourner, toute barrière franchie.

Mais plutôt que de s’acharner sur la destruction d’un songe ou de Dawan, chose qu’Asmo ne se sentait pas capable de faire actuellement, la Colère s’était contentée d’attaquer un rêve, proche et d’obliger Dawan à venir le protéger. Il le laissera convaincu de son invincibilité, mais la tourmente qui l’entourera n’aura jamais le but de le vaincre. Elle restera là juste pour l’empêcher de voir le reste du domaine onirique, et aussi pour l’empêcher de sortir.

Car plutôt qu’une prison au mur lisse, Asmo avait dressé autour de Dawan une enclave mouvante et épaisse, donnant l’illusion de l’attaque, de l’agression alors qu’elle ne faisait que roder et empêcher le rêveur de sortir.

De l’autre côté, Asmo partit vers un autre songe, avant de scinder son influence. Les deux rêves devinrent cauchemars, puis les plus proches noircirent, comme atteint d’une gangrène. Certains s’éteignirent quand Asmo provoquait de trop forte terreur, mais bientôt, les scintillements doux des songes devinrent rouges et noirs, ternes et faibles.

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Dawan resta un moment les bras ballants, à observer sa prison avec un intérêt sincère, et la curiosité qui faisait ceux qui tentaient de démystifier ce monde. La réflexion qu'avait eue Asmo valait qu'on la souligne. C'était fascinant, comme les êtres, poussés hors de leurs sentiers habituels, pouvaient se montrer inventifs et ingénieux. Peut-être y avait-il une leçon à tirer quant à la façon de faire grandir son prochain, ses enfants ou ses apprentis. Dawan eut un pincement au coeur, en songeant à la vie qui l'avait empêché trop tôt de se soucier des sciences de l'éducation. Il lui restait ses proches, et son apprenti. Peut-être pouvait-il essayer de lui montrer des chemins de pensée jusqu'alors hors de sa portée. Les rêves n'étaient-ils pas faits pour briser les barrières de l'esprit ?

Ah, oui, le temps continuait de passer. Il fallait peut-être faire quelque chose. Son petit rêveur n'était pas aussi stoïque que lui face à la sensation d'attaque. Avec sa sérénité habituelle, Dawan l'entoura de ses bras, pour le téléporter un peu plus loin. Enfin, fondamentalement, ce n'était pas la manipulation qu'il avait faite. Mais les esprits de ses protégés étaient plus prompts à embrasser ce qu'ils connaissaient déjà.
Chôyant son protégé pour l'aider à se remettre de ses émotions, Dawan porta quelques coups d'attention à la prison qu'il avait laissée derrière eux, et aux méfaits qu'Asmo était en train d'accomplir. Lui, il finissait juste ce qu'il faisait, et il allait, mh... Il avait peut-être une autre idée. Une idée qui lui vint, comme son déplacement l'avait porté auprès d'un parfum nouveau. Dawan se sentait comme un canidé venant de trouver une piste, à partir d'une trace d'odeur sur un habit. Lorsque tout fut en ordre de son côté, il se mit en marche, pour suivre la trace.

Ladite trace fit dévier son chemin de celui des rêves où sévissait Asmo. Elle l'emmena auprès d'un jeune homme aux cheveux châtains, en armure, entouré de plusieurs loups qui semblaient le voir comme un frère. D'un de ces loups, il apprit son nom. Prudemment, Dawan prit les couleurs du rêve, pour ne pas paraitre un danger à celui qui en était l'hôte. Des feuilles de la forêt dans laquelle ils se trouvaient, il se vêtit, s'offrant une tunique et une couronne végétale. Il vint face à la Meute, arrivant d'assez loin pour paraitre simple voyageur, et non pas embuscade. Quand il fut devant le loup socialitaire, à hauteur de parole, il lui expliqua :

"- Erdrak, j'aimerais que tu te réveilles, s'il-te-plait. Asmo ennuie les autres dormeurs."

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