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¤ Manigance ¤
30 janvier an 1763 du troisième âge

Certains diraient que Nathaniel avait eu beaucoup de chance. D’autres diraient qu’il avait réussi son coup grâce à sa maitrise et ses talents. L’arrogance du personnage dirait qu’il avait réussi cela parce qu’il était brillant. La sagesse du personnage aurait dit que les deux avaient été nécessaires pour en arriver là. Sa chance, son intellect, sa prestance, l’elfe sombre devait sa situation actuelle à la réunion de ces trois éléments. Le capitaine de la confrérie avait vaincu les Séléniens lors de la bataille navale de fin décembre, malgré que celui-ci n’ait été envoyé à l’eau il était parvenu à récupérer une partie du butin, plus encore il avait été en mesure de défaire un navire éclaireur chimère et de conserver l’information en évitant les fuites avant de parvenir à vendre cette dernière à toutes les nations de l’archipel et amasser un sacré pactole. Il était même parvenu à garder sa tête sur ses épaules en réussissant à négocier avec l’empereur de Sélénia et son dragon pour obtenir leur aide dans la vente de l’information des Chimères. Le pirate avait pris des risques, de très gros risques, mais son audace, ou peut-être est-ce son insolence, avait été récompensé. Il avait rapporté des diamants en quantité à Athgalan, suffisamment pour régler leur problème de trésorerie pendant un moment, bien que la construction de certains projets viendrait rapidement tarir cette ressource. Mais qu’importe, il avait l’or des nations. Cet or, il ne l’avait pas rapporté à Athgalan, pas encore, il n’allait pas revenir à la ville pirate tout de suite, pas avant le premier jour du mois de mars. Donc en attendant, cet or était le sien, pas celui d’Athgalan ou de la confrérie. En bon pirate, il était allé dissimuler ce pactole loin des regards indiscrets. Il récupèrerait son trésor sur le retour.

L’elfe à la chevelure d’écume avait l’or, il ne lui manquait maintenant plus que le pouvoir. Et ce pouvoir, il comptait s’en emparer bientôt. Dame chance lui souriait et il avait bien l’intention d’en profiter tant que cette opportunité ne s’éteignait pas. Athgalan, la confrérie, tout cela lui appartiendrait sous peu. Le pirate n’avait jamais caché son désir d’obtenir le titre de roi de la confrérie. Il était à présent temps de s’atteler pleinement à cette tâche. La capitaine des esclaves serait sous peu liée à sa cause, il se rendait sur Nyn-Tiamat pour s’assurer de ce fait en remplissant sa part du marché. Massacrer des graärh pour faire en sorte que la guerre entre les vampires et les félins ait lieu. Cependant, ce n’est pas uniquement pour cette raison que le capitaine des gredins se rendait sur l’ile gelée. Sur cette ile se trouvaient actuellement deux capitaines de la confrérie. Le capitaine des catins, Irina Faust bien trop occupée à gérer son royaume qu’elle en délaissait les affaires de la confrérie, et le capitaine des assassins qui, comme tous les autres, avait remarqué ce fait et comptait se débarrasser cette dernière pour en tirer profit. Malheureusement, l’elfe sombre n’appréciait pas qu’on tente de lui couper l’herbe sous le pied. Irina avait fauté, pour autant il ne souhaitait pas sa mort, elle pouvait encore être utile. Kalza était d’accord avec lui sur ce fait. Même si elle avait mis des bâtons dans les roues de son commerce, elle ne souhaitait pas la voir mourir, seulement lui donner une leçon.

La catin était une femme compétente, et il nuirait grandement à Athgalan de la perdre, quand bien même elle avait délaissé les intérêts d’Athgalan et mit les siens à profit. Elle devrait être punie pour ça, oui, mais la mort paraissait être un peu trop excessive. Nathaniel n’avait pas l’intention de laisser faire le capitaine des assassins et malheureusement pour lui, même s’il était compétent, l’elfe sombre connaissait quelqu’un de plus compétent. Ce qui n’était pas le cas avec Irina.

La catin avait tant bien que mal essayé de faire respecter l’accord qu’elle avait passé avec les Graärh, mais si certains vampires avaient préféré rester au sein de la capitale, elle et ses partisans s’étaient déplacés au sein du port de Nevrast. En conséquence, si Irina était là, c’est là que le capitaine des assassins se trouverait. Traquer une proie est aisé lorsque cette dernière en traque elle-même une. La proie se montre moins vigilante, trop focaliser sur sa chasse, n’imaginant pas qu’elle puisse, elle aussi, être chassée. Dans moins d’une heure, le Maelstrom approcherait des côtes de Nyn-Tiamat. L’elfe et certains de ses hommes emprunteraient alors les chaloupes pour rejoindre la terre ferme, sous couvert de la nuit. Son navire, lui, resterait entre les mains de son second qui se chargerait de rester à bonne distance. À terre, Nathaniel retrouverait quelques-uns de ses hommes envoyés en avance, pendant qu’il négociait avec les nations la vente de l’information concernant les chimères, pour préparer le terrain. Il avait confié le commandement de cette mission à Teotl Tearrii, son maitre d’équipage. Un garçon particulier, mais doué. S’il lui avait confié son plan de tuer le capitaine des assassins pour le remplacer par quelqu’un d’autre, Nathaniel ne lui avait pas encore dit qu’il comptait le remplacer par lui. Néanmoins, peut-être que ce dernier s’en doutait.

Alors qu’il était plongé dans ses pensées, le capitaine des gredins fut tiré de ces dernières quand on vint frapper à la porte de sa cabine.

« Capitaine, Nyn-Tiamat est en vue. »

« Parfait, dites à l’équipage de se préparer. »

Nathaniel se leva de sa chaise et alla récupérer ses armes, tournant son regard vers le petit elfe immaculé qui se trouvait dans un coin de la salle.

« Toi, tu restes là, et surtout tu ne fais pas de vague. Je vais ordonner qu’on s’occupe de toi et qu’on ne te fasse pas de mal tant que tu ne fais rien de stupide. Je te conseille donc de rester sage et de ne toucher à rien si tu veux revoir ceux qui te sont proches. La dernière fois, tu t’es échappé par manque de vigilance. Ceux qui ont commis cette faute sont morts, aussi elle ne sera pas reproduite. »

Nathaniel quitta sa cabine, laissant là le jeune Valmys qui s’était retrouvé de façon inexpliquée sur son navire. Prêt, le capitaine embarqua avec quatre autres pirates à bord d’une chaloupe qui partit en droit en direction de l’île gelée. Le maelstrom, lui, disparaissait lentement dans l’obscurité en s’éloignant. Il le reverrait dans quelques jours si tout se passait bien. Après une bonne vingtaine de minutes, la barque accosta enfin. Nathaniel et ses hommes descendirent sans attendre et du bruit se fit entendre parmi les buissons. La silhouette d’un immaculé apparut lentement en sortant de l’obscurité.

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Il l'observait depuis le haut d'un arbre, perché sur une branche, immobile et figé, la tête penchée légèrement sur le côté, une mèche d'argent frôlant son épaule gainée de cuir. Son esprit était froid, tandis qu'il suivait les coups de rames les rapprochant du rivage de pierres glacées. Cela faisait plusieurs semaines que lui et son petit groupe s'étaient séparés du Maelström afin de mener à bien la mission qui leur était destinée. Des semaines qu'ils pavaient la route vers un événement retentissant, un événement d'importance primordiale pour le futur d'Athgalan. Il n'ignorait pas un instant les ambitions de son Capitaine, son désir de devenir Roi des pirates et nul doute que la mort de l'assassin lui ouvrirait des portes, de nombreuses portes. Et ils étaient l'instrument de ce changement, la dague plantée dans le dos de cet homme se croyant au sommet de son pouvoir et qui oubliait de regarder où il allait. Oh… cela allait lui coûter cher, très cher. Et avec la venue du Capitaine des gredins, les mâchoires du destin se refermaient finalement, la corde du couperet se tendait pour la descente finale. Mais pas encore, non pas tout à fait. Il savourait le goût du destin sur sa langue, tandis que la barque accostait enfin.

L'entournure de ses lèvres s'ourla un instant, le sourire acéré comme une fine lame aiguisée tranchant la chair. L'amusement, comme un pétillement dans la glace de son humeur, échauffa sa nuque et ses joues. Nathaniel n'était pas lourdement gardé. Parce qu'il était fort, mais sans doute aussi parce que personne ne venait de ce côté perdu des terres gelées. En le prenant par surprise, sans doute aurait-il pu le tuer sans avoir à tenter sa chance dans un combat en face à face contre les nombreuses capacités de l'orque forban. Mais il était de son côté, au moins pour le moment. Après ? Tout dépendait des réactions qu'il aurait. Pour l'instant, néanmoins, il lui laissait l'opportunité de noter sa présence, installé dans son arbre, tandis qu'un des autres pirates qui l'accompagnait se présentait dans les ombres en dessous, détournant l'attention, servant de messager. Nyn-Tiamat possédait une aura… singulière, si l'on voulait trouver un mot adéquat et courtois tout à la fois. Bien des choses pouvaient arriver en ces lieux, et il poussait les êtres à changer, parfois profondément. Or ses compagnons de mission avaient changés. Bien sûr, il avait un peu aidé cette transition mais le mérite ne lui revenait pas entièrement car une fois de plus, il avait été foncièrement opportuniste.

Mais n'était-ce pas là l'essence de la piraterie ?

Là en bas, cela discutait. Son héraut accueillait le Capitaine des gredins, lui expliquant qu'ils avaient monté un petit camp dans une cavité hors de vue, dissimulée, où ils pourraient converser en paix. La barque fut hissée sur le rivage puis cachée afin qu'elle ne soit pas repérée dans l'hypothèse où quelqu'un viendrait naviguer par ici, ou si quelqu'un se perdait dans les environs. Puis l'autre ouvrit la marche vers le camp et il se releva enfin, souplement, descendant de son perchoir et se mêlant à la petite troupe sans guère de bruits. Après une dizaine de minutes de marches, il fit connaître sa présence, s'avançant jusqu'à se trouver coude à coude, ou plutôt avant bras à coude, avec Nathaniel. Croisant les poignets dans son dos, il garda le pas souple, et après quelques instants, rompit le silence de sa voix profonde et cadencée, au timbre dépourvue de nuances elfiques, mais porteuses de celles, chantantes, de Lyssa la Vagabonde, avec une petite inflexion sur certains mots. Il parlait lentement, avec détachement, comme s'il avait parlé du temps qu'il faisait ou des réserves actuelles de graines de pavots. Comme si ce dont ils discutaient n'avait aucune importance, aucune portée. Comme si l'objet de son discourt n'était pas l'un des fiers capitaines de la confrérie pirate.

« Il traquait Faust depuis de nombreux jours quand nous l'avons enfin pisté. Nous avons défini des emplacements à privilégier en nous basant sur une étude des mouvements de Faust. Cependant, même si nous avons assez rapidement pu noter qu'il se montrait moins méfiant. Il était certes persuadé que personne ne connaissait sa présence, mais je n'ai pas désiré jouer là-dessus. Étudier sa façon d'être, de procéder, à été plus long par la suite, surtout quand nous devions faire attention à ne pas trahir notre propre présence. En revanche, j'ai pu noter qu'il entretenait quand même des formes de correspondance alors j'ai finalement pris la place d'un des pions qu'il subornait pour envoyer ses messages codés  »

S'interrompant au moment opportun, il écarta plusieurs branches d'un bras pour qu'ils entrent enfin dans la grotte qu'ils avaient trouvé. Ils descendirent la pente douce mais glissante, et dans l'espace réduit et humide le scorpion laissa à son Capitaine l'opportunité de prendre possession des lieux… et de l'auguste prisonnier qui se trouvait là, paralysé par le venin de son dard. Ses hommes lui avait retiré ses armes et son armure, le laissant vulnérable et dissimulant le matériel hors de portée de cette créature redoutable. S'il venait à s'enfuir, il devrait soit perdre du temps à chercher ses biens, soit risquer de mourir gelé là dehors. Humilier un individu aussi important ne le dérangeait absolument pas. Il n'en avait pas plus à faire que ça propre fierté. Si qui que ce soit s'attachait durablement à une telle notion, il était déjà mort, trois fois mort. S'arrêtant un peu en retrait, il croisa les bras, parcourut du regard le prisonnier avant de reporter son attention pénétrante sur l'orque. S'attendait-il à cela ou bien allait-il être frustré de ne pas l'attraper lui-même ? Oh, si c'était le cas, tant pis pour lui, il n'avait qu'à être présent. Attendant encore quelques instants, il finit néanmoins par s'exprimer de nouveau.

« Un présent… pour le futur Roi de la confrérie  »

S'approchant, il vint se tenir près de la forme solidement liée et posa le bout tranchant de ses griffes sur sa gorge.

« Voulez-vous avoir ce plaisir, Capitaine ? »

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¤ Couper une tête pour la remplacer ¤

La nuit s’était abattue sur l’île de Nyn-Tiamat, d’épais nuages couvraient le ciel et quelques flocons de neige tombaient. La barque était légèrement ballotée sous la houle et de temps à autre, un petit bruit se faisait entendre. De légers morceaux de glace cognaient la coque et se faisaient repousser. Rien d’important ou de menaçant, sans quoi l’elfe à la chevelure d’écume les aurait chassés du chemin d’un revers de la main, à l’aide de l’esprit-lié de l’orque, depuis longtemps. Le regard du capitaine se perdit quelques instants vers les hauteurs. Ce lieu ne devait que rarement connaitre le soleil, une terre idéale pour les vampires en somme. Sombre et froid comme leur race. Tant mieux, tout se passerait dans l’ombre, comme cela devait se passer entre criminels et pour Athgalan. Comment se passerait cette nuit ? Serait-elle violente ? Serait-elle douce ? Comment devait-il faire son entrée ? Comment devait-il annoncer la mort imminente et inévitable de sa proie ? Tout ceci devait être bien travaillé. Il ne fallait pas négliger le style, bien au contraire. Cela avait son importance.  Le gredin soupira et ferma les yeux. Il trépignait d’impatience, sa main autour de Catherina n’avait de cesse de crisper. Il sentait qu’elle aussi était excitée. Elle avait soif. Soit de violence et de sang. Sur cette ile, elle aurait assurément sa dose.

L’embarcation finit par atteindre sa destination, venant taper contre la neige recouvrant la plage sauvage à laquelle les pirates avaient prévu d’accoster. Les hommes du capitaine descendirent en premier, puis lui à son tour, venant fouler le sol de cette ile gelée. Il n’appréciait pas particulièrement cette dernière. Il n’appréciait pas particulièrement la terre en règle générale, préférant être en mer, sur un navire. Le petit groupe fit quelques pas, allumant des torches pour s’éclairer dans pénombre ambiante. Il n’y avait personne. Étaient-ils en retard ? Leur étaient-ils arrivés quelque chose ? L’opération avait-elle échoué ? Avaient-ils vendu la mèche et cette rencontre devenait-elle un piège ou au contraire leurs lèvres étaient-elles restées closes ? Par réflexe, Nathaniel fit claquer sa langue, venant user de son esprit-lié pour se repérer à l’aide de l’écholocation. Il fut le premier à noter la présence d’un homme près d’eux, mais aussi d’un autre plus haut. L’elfe ignora la présence de l’être à leur niveau, encore dissimulé pour porter son regard de prédateur vers l’arbre. Il ne fallut pas longtemps pour que ce dernier laisse deviner qui il était. Alors ainsi on ne venait pas en personne saluer son capitaine. Le gredin espérait que l’immaculé avait une bonne raison.

Un homme finit par se présenter à eux, il s’agissait de l’un de ceux envoyés en compagnie de Teolt pour préparer l’opération avant son arrivée. Le pirate envoyé par l’immaculé leur donna les informations qu’ils désiraient avant de se mettre en route vers le campement monter par les éclaireurs du capitaine. Dans la nuit glaciale, éclairés par des torches, guidés par le forban, Nathaniel et ses hommes avancèrent. L’elfe sombre garda un œil, ou du moins façon de parler, sur le maitre d’équipage qui avait décidé de jouer bande à part et de les suivre de loin, venant lentement se rapprocher, jusqu’à arriver au niveau de Nathaniel, pensant s’être faufilé sans bruit. Sans bruit et avec discrétion oui, si bien qu’il avait berné la plupart des autres pirates. Mais le capitaine des gredins n’était pas si aisé à surprendre. Sa langue claquant contre son palais, et avant même que l’immaculé ne puisse dire un mot, l’elfe à la chevelure d’écume prit les devants.

« Je commençais à m’interroger, allais m’obligé à venir te chercher moi-même. Préparer l’opération t’aurait-il fait découvrir une passion pour la filature ? J’espère que tu t’es mieux débrouillé avec notre proie qu’avec moi … que tu as une bonne excuse pour te faire pardonner de ne pas m’avoir accueilli en personne. »

L’elfe se contenta de regarder du coin de l’œil le jeune immaculé. Nathaniel était un être dangereux, aussi imprévisible que l’océan, Teolt le savait. Jouer avec lui n’était pas une chose conseillée, sauf quand on avait de quoi se permettre de le faire.

« Où en sommes-nous ? »

Curieux ? Peut-être un brin, mais après tout l’elfe avait envoyé des hommes pour préparer son arrivée et le travaille qu’il allait devoir accomplir, donc quoi de plus normal que de s’informer sur la situation avant d’envisager la suite du plan. Teolt n’attendit pas et prit la parole pour lui détailler où en étaient les préparatifs. On aurait dit que l’immaculé faisait son rapport comme on parlait du temps qu’il fait. Ne prenait-il pas son travail au sérieux ? Non, ce n’était pas du genre de son maitre d’équipage. À ce qu’il lui disait, Nathaniel pouvait déjà imaginer que Teolt avait un plan et avait déjà mis des hommes en place pour le mettre en œuvre, n’attendant plus que la présence et l’ordre de son capitaine pour le mettre en œuvre. À moins que.

Le groupe arriva enfin au campement des forbans, habillement dissimulé. Une fois le chemin dégagé, l’elfe put s’introduire en même temps que Teolt. Ce dernier put alors mettre à la vue du gredin le capitaine des assassins. Celui-ci était dévêtu d’équipement de nature à en faire un danger, en plus d’être solidement attaché. Nathaniel haussa un sourcil en voyant cela. Il l’avait attrapé ? Sans lui ? Il lui avait pourtant dit de préparer l’opération, pas de la mener. Frustrer ? Oui Nataniel l’était un peu. Il aurait apprécié participer à la capture et à l’humiliation de l’assassin. Le voir se défendre, l’entendre essayer de l’acheter pour sa vie. Malheureusement … il avait été privé de tout ceci. Teolt avait dû faire comprendre à son prisonnier qu’il n’y avait aucune échappatoire. Il se tenait dans la gueule de l’orque, il ne manquait plus qu’une simple pression de la mâchoire pour le tuer. L’elfe sombre détourna le regard du prisonnier pour le diriger vers Teolt qui aussi tôt prit la parole.

« Un présent… pour le futur Roi de la confrérie  »

Le sourcil du pirate se baissa. Sa frustration disparut et il sentit l’excitation monter en lui. Oh qu’il aimait ça …

L’immaculé s’approcha de l’assassin et posa la partie tranchante d’une de ses armes de pugilat contre la gorge du prisonnier. Il s’apprêtait à le tuer, n’attendant que l’ordre de son capitaine. Au moins avait-il attendu cela.

« Un instant. »

Le gredin jeta un coup d’œil vers ceux qui l’avaient accompagné à bord de la barque puis se dirigea vers la table la plus proche, commençant à retirer son manteau, son couvre-chef, ainsi que sa visière et baisser son foulard qui dissimulait son visage.

« Apportez la boite. Teolt, approches. »

L’un des hommes s’approcha, tenant une grosse boite carrée de laquelle émanait un peu de magie. Celui-ci la posa sur la table et l’ouvrit. Un vent de fraicheur s’en dégagea. Nathaniel se retourna vers son maitre d’équipage.

« Je vois que tu as pris les devants. Ton cadeau me suffit largement à te pardonner de ne pas m’avoir attendu … et de ne t’être pas directement présenté à mon arrivée. »

Le gredin tira l’épée de l’homme qui était venu porter la boite et fit en pas en direction de l’immaculé. L’elfe tenait l’épée par le manche, mais la pointe était en direction du sol, il n’y avait aucune intention belliqueuse chez le capitaine, même si sa singulière aura de prédateur demeurait. Nathaniel passa sa main derrière la nuque de Teolt et le tira en avant pour le coller à lui. Il vint presser l’épée contre le buste du maitre d’équipage.

« Je suis fier de toi, Teolt. Ce présent que tu m’offres, je l’accepte. Et j’en ai moi-même un pour toi. Prends cette épée, décapite-le, proprement, et empares-toi du titre de capitaine des assassins de la confrérie. Tu as prouvé que le méritait bien plus que cette larve. Tu resteras à jamais un membre de mon équipage. Règne à mes côtés lorsque je serais devenu roi, comme un père et son fils. »

Nathaniel libéra Teolt et se recula, laissant l’épée entre les mains du spirite du scorpion.

« Je présenterais sa tête à Irina en lui montrant les preuves de son projet de la tuer afin d’obtenir son vote. Puis tu présenteras sa tête à la confrérie pour que tous te reconnaissent comme nouveau capitaine des assassins. »

L’elfe tira une chaise puis vint s’asseoir.

« Offre-moi un beau spectacle. »

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Son père était un être… singulier, c'était le moins que l'on puisse dire. Sur ses lèvres fleurit un sourire, presque malicieux, en réponse à la menace latente de l'orque. Pour autant, il ne répondit pas. Teotl avait beau avoir nombre de défauts, mais il se sentait suffisamment sûr de lui pour ne pas avoir besoin de répliquer à toutes les perches qu'on lui tendait. De plus, conforter Nathaniel dans sa façon d'être lui donnait par la suite un avantage non négligeable. Si pour cela il devait subir ces petits inconforts, alors ce n'était pas cher payé pour ce qu'il y gagnait. Parce qu'il y gagnait évidemment. Il se contenta, à la place, de détailler la façon dont ils s'y étaient prit pour accomplir la besogne qu'on leur avait allouée et ce jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Là, son assurance parlerait toute seule. Pendant tout le temps où il laissa l'orque découvrir sa prise, le scorpion l'observait, attentivement, avidement même s'il n'en montrait rien du tout. Il dévorait son expressivité et en secret, se réjouissait de l'avoir frustré, mesquin. Le Capitaine pirate était comme un instrument à musique dont il pinçait les cordes par expérimentations, lui tirant des sons discordants pour son unique plaisir. Oui, jouer était amusant, terriblement amusant. Mais le jeu n'était pas aussi brutal que de le piquer jusqu'à le voir exploser, il voulait aussi passer le baume pour repiquer par derrière s'il s'en sentait l'envie, pour voir s'il allait ferrer quelque chose chez celui qui se disait être un prédateur. Et il savait quoi lui dire, c'était encore pincer les cordes. Il voulait voir, expérimenter.

Qu'allait-il faire ? Voudrait-il un meurtre sanglant ? Une œuvre plus personnelle ? Allait-il le tuer lui-même où était-ce lui, le scorpion, qui allait s'en charger en fin de compte ? L'ordre qui tomba lui fit pencher la tête sur le côté, très légèrement, en signe de curiosité, et il s'écarta lentement de son prisonnier, laissant ses griffes appuyer sur la peau sans la percer. Une vague veine noire palpita un instant sous la peau nue avant de disparaître. Ses pas souples le conduisirent jusqu'à l'homme à qui il avait remit le bout de sa laisse et Teotl laissa son regard vagabonder sur la boîte que l'on apportait avant de revenir à son géniteur. La fraîcheur subite le surpris, sa perception de la magie n'était pas très développée hélas mais il se contenta de remuer légèrement en attendant de connaître la suite. Une épée ? Quel grossier ouvrage que cela. Pourtant il présentait un usage qui lui plairait plus que l'arme en elle-même… Une épée était avant tout un engin de mort. Voulait-il empaler l'assassin là-dessus ? Amusante possibilité. S'il le faisait d'un seul coup la viande serait encore assez tendre pour qu'il prépare un plat digne d'un festin pour le futur couronné. Puisqu'il était un prédateur, la viande ne devrait nullement le gêner, non ? Le gardant à l’œil, le scorpion se tendait de plus en plus tandis que l'autre avançait et lorsque la poigne se referma sur sa nuque, il tendit tous les muscles, instinctivement prêt à griffer ou à planter pour se libérer. Il n'aimait pas forcément l'emprise que cela donnait sur lui.

Non en vérité… il n'aimait pas cela tout court. Sa puissante silhouette musclée frémissait d'une violence tout juste contenue, alors qu'il était massé contre la haute silhouette de son père. Immobile, ses mains tremblaient légèrement, les griffes meurtrières bruissant l'une contre l'autre lorsqu'il bougeait un doigt, la chitine de sa queue cliquetait, le dard ondoyant. Teotl bénissait sa discipline, car s'il ne l'avait pas eut, il aurait sans doute planté l'orque par pur instinct de survie. En lieu et place de quoi il le surveillait attentivement, par dessus son épaule. Son souffle restait régulier, mais il humait par instant l'air alentours, cherchant le parfum de la violence, le musc de la prédation. Mais l'air était saturé de peur. Leur prisonnier crevait littéralement de terreur et le répandait largement, même son ses lambeaux de maintient. Pendant un moment, le silence fut religieux, mais bientôt, l'autre parla, instaurant d'abord la curiosité, puis la surprise, et enfin la méfiance chez le scorpion. Puis, vicieusement, une autre émotion vint également s'insinuer en lui, conduite par la conclusion de l'orque. Est-ce qu'il était sérieux ou était-ce un piège ? Lui, capitaine ? Il n'avait pas de navire, il n'avait pas de stature autre que celle qu'il avait construire à bord du Maelström ! Puis le pragmatisme revint. Il voulait une voix de plus pour son élection, soit, cela ne signifiait pas qu'il ne devait pas profiter du présent.

Il était fier, disait-il. Il resterait membre de son équipage, disait-il. Tout cela, le scorpion l'observait avec une froideur timorée, partagé entre un affect brûlant, et un calcul rationnel. Le laissant s'écarter de lui, il prit l'épée, l'observant attentivement. Son esprit ralentissait, étudiant chaque mot, le répétant, cherchant chaque sens tandis qu'il approchait du prisonnier. La lame jouait dans la lueur magique entretenue dans la caverne. Il la fit osciller d'un côté de l'humain, puis d'un autre, avec nonchalance. L'acier sifflait légèrement dans l'air glacial de Nyn-Tiamat. Il la faisait accélérer, puis ralentir, comme les ondoiements d'un serpent venimeux prêt à mordre. Et pendant un moment, il ne fit que cela, observant attentivement les réactions de l'assassin. Il cherchait à prévoir le mouvement, peut-être voulait-il esquiver, tenter quelque chose ? Il n'y arriverait pas. La danse se poursuivait, et bientôt, il se pencha, légèrement, pour venir souffler d'une voix profonde, rythmée et aussi soyeuse que le jeu de l'épée dans l'air.

« Il est difficile de la suivre, n'est-ce pas ? Tantôt à droite, puis à gauche, elle n'a jamais le même rythme. Tu ne sais pas quand elle mordra. Tu ne sais pas où. Vais-je suivre les ordres et te tuer proprement ? Vais-je m'amuser avec toi ? »

Peut-être allait-il lui infliger les milles coupures, le saigner jusqu'à ce qu'il en périsse, par de petites plaies. Lentement, très lentement. Il se sentirait mourir. Il savourerait chaque seconde. Mais le processus était long, très long. C'était un supplice subtile et raffiné mais pas vraiment de circonstance. Sa queue darda, caressante, le long de la colonne vertébrale.

« Ne t'ai-je pas bien enseigné durant nos quelques jours ensembles ? Je suis loyal à mon roi, tu le sais, n'est-ce pas ? Je ne peux que te tuer donc… à moins bien sûr... »

Il s'interrompit, un léger sourire ourlant ses lèvres. Un instant, l'épée cessa de bouger, suspendue, puis reprit son chemin, caressante et lascive comme la main blanche d'une amante. Sa main, ferme, ne tremblait plus depuis longtemps.  Son regard absent dévorait toujours la forme du prisonnier. Son orgueil lâcherait-il face à la peur et à la certitude de mourir ?

« A moins bien sûr que tu ne supplie ton roi de t'épargner. Vas-tu supplier ? »

Sa voix était suave, charmeuse mais toxique. La caresse de la lame se faisait plus insistante, comme une confirmation qu'il n'allait pas tarder à perdre patience. Il n'allait pas se retenir éternellement. Pourquoi attendre pour donner du spectacle, si son prisonnier n'en donnait pas de lui-même ? La fierté valait-elle une vie perdue ? Il voyait presque les rouages sous le crâne de sa victime et pressa un peu plus, comme une menace latente, dans son dos. Il y eut un moment de flottement, puis, à l'instant où la bête apeurée en lui craquait enfin et qu'il ouvrait la bouche pour supplier, le scorpion retirait la lame appuyée sur sa chair. Pour mieux l'abattre en travers de son cou, d'une frappe nette, quelques instants plus tard, juste le temps de laisser l'autre se prostrer en avant et se cacher lui-même la vue. La tête vint rouler aux pieds bottés de l'orque.

« Il aura essayé »

S'avançant en nettoyant l'épée, il l'a déposé sur une table de fortune et se baissa souplement pour ramasser la tête par les cheveux. Il la présenta proprement au Capitaine des gredins, puis la plaça dans la boîte sans aucun doute prévue à cet effet, pour la conserver. Laissant ses griffes traîner sur le bois, sans pour autant l'endommager. Un moment pensif, il se détourna pourtant pour observer le profil de Nathaniel, venant finalement lui faire face de nouveau. Ils étaient seuls dans la grotte à présent, les autres étaient sortis pour récupérer du bois ou monter la garde, tout simplement. Ils étaient seuls, et le vent sifflait. L'immobilisme commençait à s'installer. Mais il ne le laissa pas faire. Avec un cliquetis, il retira ses griffes, puis ses gants de protection, et prit un long et fin couteau. Se penchant, il détacha le reste du corps et commença à entamer les chairs de sa lame glacée. Par gestes sûrs, il découpait la viande, sa parole à peine entamée par l'effort.

« Je ne compte pas répandre la nouvelle de ce changement de poste. L'individu qui exhibera ouvertement la tête de cet homme sera une figure créée de toutes pièces. Une image sans nom, qui sera crainte. Pas de visage, pas d'identité, juste les faits, les actes, clairement signés, pour instaurer la loi du Roi. D'apparence, je resterais le maître d'équipage du Maelström… Ne serait-ce pas la première fois que deux capitaines cohabitent ainsi ? »

Sa lame s'immobilisa alors qu'il venait de détacher le foie et l'observait d'un air critique, pas très bien disposé envers ce morceau de chair qu'il trouvait trop sombre. L'excès, sans aucun doute. Il ne pourrait rien en faire de satisfaisant hélas. Se redressant, il balança les morceaux dans un tonneau remplit de sel, pour les conserver. Il faudrait laver la saumure avant de préparer quoi que ce soit, mais c'était parfaitement envisageable. Les morceaux qu'il avait retiré étaient les plus tendres, et les plus charnus, les moins pollués surtout. Le reste serait probablement laissé aux charognards de la région. Se nettoyant les mains sur un morceau de tissu, il poursuivit, sans le lâcher du bandeau.

« Les assassins sont des armes. Vos armes, lorsque j'en aurais fini avec eux… Vous pourrez compter sur ma voix et ma loyauté. Mais avant cela, j'ai un autre présent pour vous. Qui se trouve un peu plus loin dans le réseau de cavernes que nous avons découvert… »

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¤ Capitaines ¤

Le capitaine de la confrérie avait un cadeau pour son maitre d’équipage, un cadeau qui, il l’espérait, lui plairait. Une promotion, devenir un membre de la confrérie, faire partie de l’élite des crapules, détenir du pouvoir. Nombreux habitants d’Athgalan souhaitaient l’être. L’elfe sombre ne savait pas si cela plairait au spirit du scorpion. La promotion et la place en elle même. Surement que non. Ce qui lui plairait en revanche c’est ce qu’il pourrait retirer du rôle de capitaine des assassins. Teotl était un immaculé particulier, difficile à saisir. Plus psychologique et plus réfléchit sans doute … plus subtile quoi. Quoi qu’il en soit, le pirate ne serait pas dupe pour autant. Ce cadeau en était autant un pour lui que pour Nathaniel. Placer un de ses hommes loyaux à une place importante de la confrérie, ce coup d’échec peu subtil criait de manière flagrante qu’ainsi le gredin espérait obtenir un vote de plus pour être élu roi de la confrérie. Il s’agissait plus d’un échange de faveur. Je te promus et tu me promus par la suite. Tout cela n’était que politique au final.

Nathaniel avait relâché Teotl de son emprise, l’avait laissé prendre l’épée, puis c’était éloigner de lui pour s’asseoir sur une chaise et observer le spectacle. Spectacle qu’il demandait d’ailleurs à l’assassin. Les yeux de l’orque se posèrent sur la mine de l’ancien capitaine. Ce dernier respirait la peur et l’elfe à la chevelure d’écume s’en délectait. S’il avait été un vampire, le gredin se serait régalé à entendre le rythme cardiaque du condamné s’accélérer lorsque la lame s’approchait de sa chair. Pour le moment, il ne pouvait qu’imaginer les soubresauts de son cœur lorsque l’épée passait d’un flanc à l’autre. Teotl prenait aussi plaisir à briser sa victime, à les voir céder. Les deux êtres se ressemblaient sur ce point. À la différence près que, il le pensait, Nathaniel préférait le spectacle contrairement au maitre d’équipage. Nathaniel aimait être vu durant son méfait, il aimait que son public ressente ce que sa victime pouvait ressentir. Alors que Teotl apparaissait plus être intime dans ce genre de situation. Préférant être en tête à tête avec sa proie. Être le seul à jouer avec, tel un chat vicieux.

La tension montait à chaque instant, les veines du cou du condamné semblaient avoir triplé de volume, bientôt le couperet s’abattrait. Pour autant, le nouveau capitaine proposa à son prédécesseur une échappatoire, il devait demander grâce à son roi. Nathaniel resta froid, il avait dès le début compris la manœuvre du maitre d’équipage, il ne faisait que jouer avec lui une fois de plus. Cette porte de sortie était un leurre, un moyen de faire naitre l’espoir pour mieux ensuite le briser. Le gredin n’avait aucune intention de gracier l’ancien capitaine et cela l’immaculé l’avait compris. Et puis, la logique voulait qu’une succession entre deux capitaines des assassins se fasse dans le sang. Quel crédit aurait le nouveau s’il n’avait pas tué son prédécesseur. C’est ainsi, lorsque Teotl senti sa proie reprendre une bouffée d’air en même qu’une bouffée d’espoir pour demander grâce auprès de Nathaniel, qu’il abattit son épée d’un coup net. Le corsaire n’eut pas le temps d’émettre le moindre son, la tête tomba et roula au sol tandis que le reste du corps devenait moue et manqua de s’écraser lui aussi au sol s’il n’y avait eu les liens pour le maintenir.

Nathaniel se redressa sur sa chaise et applaudit Teotl pour exprimer son contentement du spectacle qu’il venait de lui donner. Un roi s’amusant d’une exécution, son futur règne s’il avait lieu s’annonçait bien sombre. L’elfe vint s’étendre pour évacuer toute la tension et le suspense qui avaient entouré cette exécution, tandis que le nouveau capitaine des assassins nettoyait son épée et rangeait la tête de l’ancien dans la boite magique. Ce dernier lui annonça son désir.

« C’est comme tu le souhaites, Teotl. Tu es le capitaine des assassins à présent. Si tu préfères rester dissimulé dans mon ombre, fait donc. Je serais celui qui éclate les crânes au grand jour et toi qui coupe les gorges la nuit tombée. Plus la lumière est forte, plus l’ombre l’est aussi. Lorsque je serais roi des pirates, je ne souhaite avoir à mon bord que les meilleurs. Et les capitaines de la confrérie sont les meilleurs dans leur domaine, il ne m’apparait donc pas étrange que deux capitaines de l’organisation soient à bord du même navire. »

La main de Nathaniel passa sur Catherina, sa masse, qu’il vint caresser comme s’il souhaitait la calmer de ce qui venait de se passer. Il faut dire que le gredin avait un rapport étrange avec son arme. Ce que ressentait le gredin, il le projetait sur cette dernière. Les hommes s’éloignèrent ensuite, allant monter la garder et chercher du bois pour le feu. La nuit était tombée, le froid était omniprésent, et Nyn-Tiamat était réputé pour sa dangerosité. Il valait mieux faire attention. Et maintenant que le spectacle était fini, il n’y avait plus de raison de ne pas vaquer à ses occupations. Teotl, lui, commençait déjà à découper le cadavre de l’ancien capitaine comme on découpe un porc, jetant certains morceaux dans le sel pour le conserver. D’autres auraient été dégoutés, mais pas Nathaniel. Il était un elfe, mais avait déjà mangé de la viande et pas uniquement animal, même si cela le rendait un peu malade par la suite en raison de son organisme. Pour autant il avait renouvelé l’expérience, car ses papilles avaient apprécié l’expérience. Il avait d’ailleurs hâte de devenir immaculé pour ne plus avoir à subir les maux de ventre lié à sa condition elfique.

« Je compte sur toi pour les dresser, comme j’ai dressé mes hommes. Il n’y a rien de pire qu’un capitaine de la confrérie qui n’assure pas le bon comportement de ses troupes. J’aurais beaucoup de regret si tu maniais tes troupes comme le fait le nabot. »

Nathaniel arqua un sourcil quand le nouveau capitaine lui annonça qu’il avait un cadeau supplémentaire.

« Encore ? Et bien, que d’attention pour son futur roi. J’espère que tu n’as pas également capturé la capitaine des catins. Je n’ai trouvé personne pour la remplacer. »

L’elfe se redressa lentement, gardant sa masse en main qu’il vint reposer contre son épaule. Il affichait un air confiance, mais également dangereux, comme à son habitude.

« Je te laisse passer devant, Teotl. »

Le gredin vint faire claquer sa langue contre son palais.

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Il estimait réellement que rester dans l'ombre serait la meilleure des tactiques. Cela lui donnerait plus d'efficacité, plus de latitude pour agir à sa guise, en toute efficacité. Et l'efficacité était bien sa dynamique première, la plupart du temps. Il n'aimait pas faire du travail bâclé et il n'aimait pas agir comme un cochon, ou comme les trois quarts des pirates d'ailleurs, à faire dans le brouillon et l'approximatif. Il aimait la netteté, la justesse, le travail bien fait. Si les tueurs qui constituaient l'équipage de son père n'étaient pas analphabètes pour la plupart, sans doute aurait-il été qualifié très justement de maniaque. Heureusement, il n'était pas nécessaire aux marins de savoir lire pour tuer correctement ou manœuvrer un bâtiment, ce qui était leur devoir. Il n'entendrait donc jamais ce qualificatif de leur part et cela lui éviterait certainement de devoir faire récurer les entrailles des morts aux survivants, puis de devoir expliquer au futur Roi de la confrérie pourquoi il allait devoir recruter en masse d'un seul coup. Leur partenariat lui allait parfaitement, que Nathaniel attire toute l'attention sur lui, brille autant qu'il le pouvait, un souverain forban peint en vermeille et or, et lui serait l'ombre meurtrière passant inaperçu pour dévorer habilement les proies qui échappaient aux griffes du lion. Ils formaient un cercle complet, une maîtrise totale, ils couvraient ensemble tous les tableaux, tous les plans. Alors devant cette constatation, était-ce si absurde, si étrange qu'il veuille enfin lui révéler qui il était vraiment ? Pendant peu de temps, avant l'intronisation du capitaine du Maelström au titre de roi, ils seraient sur un pied d'égalité, ils préparaient leur prise de pouvoir, ils se taillaient la part du lion. Était-ce si absurde de vouloir se révéler, de vouloir qu'il sache à qui exactement il confiait son ombre ? Pour le scorpion en tout cas, ce n'était pas absurde. C'était le moment, l'ouverture qu'il attendait. Il ne pouvait pas attendre éternellement d'avoir mieux. L'éternité dans la piraterie était un concept quelque peu évasif.

« Je ferais régner l'ordre »

Il n'était certainement pas le nain, non. Et il n'avait pas l'intention de l'être. S'il devait prendre un modèle, l'elfe était davantage à son goût et n'était-ce pas justice ? Bientôt, il comprendrait, oui. Très vite, en fin de compte. Trop vite. Il avait soudainement l'impression de conduire un attelage fou et prit d'autant plus de précautions. Un fin sourire naquis à ses lèvres. Remplacer la capitaine des catins ? Pour la qualité de son entre-cuisse rouillé ou pour son réseau d'information ? Mais il soutenait aisément l'idée, n'ayant personne à proposer à ce poste. Fort heureusement, ce n'était pas d'elle dont il s'agissait bien qu'il ait quelques informations intéressantes sur elle et sur ses récents échanges avec les monstres félins. Cela attendrait. D'un signe de tête, il confirma que ce n'était pas le cas. Puis il ouvrit la marche vers le fond de la grotte, lui tournant ouvertement le dos comme un loup offrirait sa gorge en soumission, gageant qu'il ne s'agissait pas d'un piège pour l'Orque. Pour autant, ses intentions meurtrières n'étaient pas absentes et il fit volontairement siffler son dard dans l'air glacé de l'île gelée. Un écho, un miroir, une réponse en deux tons, d'abord loyale, puis instillant le doute, une rayure sur la surface nette. Cela ressemblait assez bien à son tempérament, mais surtout à son état d'esprit, à mi-chemin entre certitude et doute sur son allégeance. Ce qu'il allait lui révéler pencherait dans l'un ou dans l'autre. Valmys lui avait un jour demandé pourquoi il voulait absolument que Nathaniel le reconnaisse, pourquoi il ne voulait pas d'une figure d'adoption. La vérité, crue, il l'avait évoqué sans plonger l'immaculé dedans jusqu'au cou. Il marchait lentement, ses pas faisant à peine résonner les parois de la grotte alors qu'ils s'enfonçaient dans un boyau sombre, éclairés par ds pierres luminescentes. Il sentait la chaleur de l'elfe dans son dos comme un four, dans cet air glacial, tellement sec qu'il était à couper au couteau.

« Nous sommes assez loin des autres je pense »

Sa voix portait à peine, mate, dans l'air ambiant, audible pour son interlocuteur, mais suffisamment basse pour ne pas porter au-delà de leurs deux êtres face à face. L'affirmation laissait transparaître sa manœuvre, lui offrant encore une fois une forme de franchise, de sincérité, tout en mettant son jeu en lumière. Il n'y eut aucune attaque cependant, alors que Teotl continuait à le mirer, intensément, si intensément que cela se sentait certainement, son corps crispé et tendu. Il n'avait pas réellement de plan à partir de cet instant. Cela viendrait comme cela viendrait. Et il aurait la réponse qu'il aurait. Il savait, dès le premier souffle, que cela n'aurait pas une importance réciproque, il s'agissait de son but à lui, l'Orque n'était pas un tendre. Mais cela tombait plutôt bien, le cas contraire l'aurait laissé sans armes, non préparé. Il ne voulait ni effusion, ni tendresse, et il savait qu'il ne comprendrait pas de toute façon même s'il y avait droit. Le monde l'avait éduqué à la dure, à ne rien attendre de chaleureux ou de désintéressé. Le monde était une salope syphilitique qui voulait infecter le plus grand nombre possible de ces bêtes en rut qui la baisait chaque heure de chaque jour sans chercher à se contenir. Le monde faisait crever les plus faibles et ne conservait que les plus forts, les plus capables, les plus déterminés. Il ne voulait pas d'une touchante réunion de famille, sa mère s'était assurée de lui retirer cet espoir ridicule dès le premier instant où ils s'étaient rencontrés, et toute douceur qui lui restait, il l'avait rapidement vendu à Gloria contre une bouchée de pain et un peu de chaleur en hiver. Aujourd'hui, paré de toutes les armes que sa vie lui avait forgé, il faisait face à la motivation qu'il s'était donné pour rester en vie. Jusqu'à présent, couvert du sceau de l'anonymat, il avait estimé faire le bon choix. Mais est-ce que cela continuerait ?    

« Nardirren Rildírlos. Cela doit vous parler, n'est-ce pas capitaine ? »

Son frère aîné. Il attendit n bref instant, juste le temps de voir la teneur de la lueur dans les yeux de l'Orque, puis il continua, tranquillement, de cette tranquillité de tortionnaire ou de dompteur face à une bête sauvage. Mais le capitaine des gredins était une bête sauvage en un sens, alors ce n'était pas absurde d'agir ainsi. Il était instinctif et imprévisible, et violent. Oui en soi, cela correspondait bien à une bête, et ça lui allait parfaitement de jouer avec ses crocs. De tenter sa chance.

« Nous avons fait connaissance avant que je ne m'engage sur votre navire, au sein du royaume elfique. Je sais me faire apprécier, n'en déplaise à votre équipage. Je sais comment amadouer et me faire bien voir. Nous nous sommes… rapprochés, pour ainsi dire. Il a connu une vie passionnante, à mes yeux en tout cas. Mais ce qui m'a intéressé au-delà de tout c'était son passé, sa jeunesse, sa famille. Abandonné dans un orphelinat humain par son père. Nos deux histoires ont trouvés quelques similitudes, au-delà de ce même début. J'ai moi aussi été abandonné chez les humains, par ma mère qui ne supportait pas ma vue »

La seule différence, c'était que les Baptistrels qui avaient présidés à l'accouchement avaient insisté pour que le nourrisson soit placé dans une bonne famille, consciente des valeurs elfiques. L'ironie, c'était que cette famille d'accueil respectait ces valeurs plus que ses géniteurs eux-mêmes ! Ses parents adoptifs avaient voulu l'éduquer comme un être sensé, droit et juste, serviable et attentif. Sa mère avait brisé le moule et l'eau s'était infiltrée jusqu'à enlever les jolies peintures.

« J'ai été immensément intéressé par sa compagnie. Mais elle m'a aussi intrigué alors j'ai profité de l'apprentissage de ma fille au sein du Domaine Baptistral pour demander à poser une question qui me taraudait l'esprit. Il se trouve que j'ai reçu une réponse qui dépassait ce que je pensais, de loin. Voyez-vous capitaine, Nardirren et moi avont plus en commun que quelques éléments de notre passé. Le moteur de notre existence, ce qui nous a placé sur notre tout premier chemin de vie était le même. La même personne. Un choix différent, une situation différente… mais une même personne. Vous »

Tous deux étaient nés de la même impulsion, la violence reproductrice, le besoin sexuel de la même personne. L'abandon avait été fait par deux êtres distincts mais avec un seul esprit à l'origine. L'expression toujours neutre, il continua. Il lui fallait aller jusqu'au bout, mais fort heureusement il avait presque fini. Hors de question de faire de cet instant une caricature larmoyante ou de mal transmettre ses intentions. Il n'était pas faible, et il n'était certainement pas une proie.

« Vous êtes mon père. Vous avez violé ma mère durant un de vos raids. Elle ne supportait pas mon existence, elle lui rappelait ce que vous lui aviez fait. Elle n'a jamais rien voulu voir en moi à part vous. Même lorsque j'ai prouvé pouvoir être autre chose que votre spectre, elle m'a rejeté. Alors je l'ai faite brûler sur un bûcher almaréen et je me suis mis en quête de vous »

Tout comme avec Valmys, sa voix restait complètement détachée. Il aurait pu parler de la pluie et du beau temps qu'il aurait usé du même ton, de la même attitude. Rien en lui ne montrait l'importance de ce qu'il disait, à part les mots eux-mêmes. L'horreur de ce qu'il décrivait lui passait loin au dessus du bonnet. Ce qui lui importait n'était pas une souffrance passée, ce qui lui importait, c'était l'avenir et ce qu'il voulait gagner. Il avait passé tout ce temps à attendre, il ne s'arrêterait pas avant la fin.

« Je ne suis pas un gosse geignard. Je ne veux pas d'émouvants retrouvailles pleines de larmes et de mièvreries. Je ne vous demande même pas d'essayer de rattraper le temps perdu, je l'estime bien investit, il m'a donné les armes dont j'avais besoin pour survivre et arriver jusqu'ici. Je ne vous demande pas non plus de m'aimer comme un père, je m'en suis passé pendant toute ma vie et je ne nous crois pas capable de ce genre de faux semblants. Mais je veux votre reconnaissance. Je veux que vous m'acceptiez. Je veux régner avec vous, comme votre héritier…. »

Ou aucun d'eux ne ressortirait de cette grotte, il était prêt à le faire.

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¤ Révélation ¤

Nathaniel et Teotl s’enfonçaient progressivement à l’intérieur des galeries d’une sombre grotte. Après avoir exécuté l’ancien capitaine des assassins, celui qui désormais prenait sa place souhaitait montrer quelque chose au capitaine des gredins. L’elfe sombre ignorait ce que l’aveugle pouvait bien lui réserver, il ne pouvait qu’espérer que la deuxième surprise serait aussi bonne que la seconde. Malheureusement les choses démarraient mal. Après s’être enfoncé dans la grotte au point d’être seul tous les deux, hors de portée des autres membres de l’équipage, le scorpion s’immobilisa et se retourna pour scruter Nathaniel. Le regard dur du pirate se posa sur son maitre d’équipage. À quoi rimait tout ceci ? Pouvait-on lire dans ses yeux. Mais également une menace. Fais attention à ce que tu as l’intention de faire.

« Nardirren Rildírlos. Cela doit vous parler, n'est-ce pas capitaine ? »

L’elfe ne sourcilla pas à l’évocation du nom de son premier enfant. Il n’eut qu’un simple haussement de sourcils vaguement interrogatif. Pourquoi lui parlait-il de son premier bâtard ? Avait-il l’intention de lui dire qu’il l’avait rencontré ? Qu’il l’avait tué ? Ou peut-être avait-il la folle idée d’exercer une quelconque pression à l’encontre de Nathaniel en menaçant la vie de son premier fils. Si c’était le cas, alors c’était franchement hilare. Mais il ne pouvait reprocher à Teotl d’essayer. Le gredin avait déjà accompli suffisamment pour son premier fils. Il l’avait abandonné. Et il s’agirait de son seul et unique geste d’amour à son encontre. Quant à ce qui pouvait lui arriver maintenant, l’elfe s’en moquait bien. Le temps avait passé, Nardirren était devenu grand maintenant. C’était à lui de s’occuper de ses propres affaires.

L’elfe ne dit pas un mot de plus, souhaitant voir où l’assassin souhaitait en venir. Quel petit plan avait-il monté dans son esprit ? L’aveugle relata brièvement le début de l’histoire de Nardirren, avant de faire une similitude avec la sienne. Oh il avait été abandonné. Le monde était petit, beaucoup de parents abandonnaient leurs enfants, Nathaniel le premier. Le gredin ne disait toujours, rien se contentant de garder son sourcil haussé. Il espérait que Teotl ne le ferait pas mariner trop longtemps non plus sinon il risquait de s’énerver avant que le scorpion ne dise à l’orque où il souhaitait en venir. Nathaniel put toutefois apprendre que la fille de son second, dont il avait déjà vaguement entendu parler, avait reçu un apprentissage auprès des Baptistrel. Était-elle devenue une maitre barde ? Un père pirate et fille baptistrel. Voilà qui serait cocasse. Au fur et à mesure que Teotl poursuivait, celui-ci mettait l’accent sur le lien particulier qui semblait le rapprocher de Nardirren. Finalement la vérité tomba et elle laissa perplexe le gredin. L’un de ses sourcils était haussé tandis que le second était froncé.

Bien … et alors ? Que comptait-il faire de cela ? Voulait-il nouer des liens avec lui ? Voulait-il de l’amour de la part de Nathaniel ? Ou voulait-il au contraire venger sa pauvre mère dont l’elfe sombre n’avait gardé aucun souvenir. Non, cette dernière option semblait être écartée. Il avait vendu sa mère aux Almaréens parce que celle-ci l’avait rejeté. Quel vilain enfant, mais le capitaine à la chevelure d’écume était bien mal placé pour juger, il avait lui-même tué sa mère … enfin, celle adoptive. Pour autant, cela n’en disait pas plus sur les intentions de Teotl. N’ayant pas reçu la reconnaissance qu’il désirait de la part de sa mère, il cherchait maintenant celle de son autre géniteur ? Et si Nathaniel refusait, le ferait-il aussi bruler sur le bucher ? Enfin, le scorpion exprima son souhait à son père.

 « Je ne suis pas un gosse geignard. Je ne veux pas d'émouvantes retrouvailles pleines de larmes et de mièvreries. Je ne vous demande même pas d'essayer de rattraper le temps perdu, je l'estime bien investi, il m'a donné les armes dont j'avais besoin pour survivre et arriver jusqu'ici. Je ne vous demande pas non plus de m'aimer comme un père, je m'en suis passé pendant toute ma vie et je ne nous crois pas capables de ce genre de faux semblants. Mais je veux votre reconnaissance. Je veux que vous m'acceptiez. Je veux régner avec vous, comme votre héritier…. »

Les traits du gredin se détendirent, son faciès arborant un air légèrement arrogant.

« J’ai violé de nombreuses femmes, fait l’amour à de nombreuses autres, et culbuté autant de catins. Ça ne m’étonnerait donc pas d’avoir autant de bâtard qu’un des anciens rois humains. Le monde peut peut-être s’estimer heureux que l’immaculation n’ait pas existée plus tôt, sans quoi j’aurais engrossé les humaines avec lesquelles j’ai également couché. Tu es de mon sang. Soit. Je ne m’embêterais pas tenter de prouver le contraire, car je ne le peux pas et parce que je n’ai pas l’envie de perdre du précieux temps à vouloir le faire. Et à vrai dire, il n’est pas guère étonnant qu’un de mes descendants se trouve être également un criminel et se trouve proche de moi sans que je ne le sache, maintenant qu’Athgalan concentre la plus grosse partie de la population d’enfant de putain. »

L’elfe sombre marqua une pause, observant de haut en bas celui qui se disait être son fils.

« J’ai abandonné Nardirren pour qu’il ne tombe pas entre les griffes de la femme qui m’a enlevé et adopté. Parce que je voulais qu’il ait la chance d’avoir une vie différente de la mienne. Ce doit être le seul et unique geste d’amour que j’ai eu en tant que parent envers mon premier fils. Et c’est le même que j’ai eu pour tout les autres à partir de cet instant en ne cherchant jamais à en apprendre sur mes autres bâtards. Et c’est la même chose pour toi Teotl. Tu as raison de ne pas t’attendre à de l’amour de ma part, car je suis un pirate. »

Nathaniel lâcha un petit soupir.

« L’abandon était ta chance d’obtenir une vie meilleure que la mienne. Et pourtant te voilà devant moi. J’en déduis que tu as accepté d’avoir une vie comme celle que je mène. Alors soit. Considère cela comme ta récompense pour tes longues années de recherches. Teotl, je te reconnais comme étant du même sang que l’odieux criminel, mais aussi plus grand capitaine de tous les temps passés, présents et à venir, Nathaniel Eärendil. Tu es mon fils et mon héritier légitime. »

Le gredin vint lever Catherine devant lui, passant sa main dessus comme pour la caresser.

« Malheureusement pour toi, je ne compte pas casser ma pipe avant un long, très long moment. Aussi, en tant que fils souhaitant régner à mes côtés, j’aimerais que tu fasses quelque chose pour ton père. Assures mes arrières et élimines les traitres. »

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S'il devait être totalement sincère, il devrait avouer qu'il s'était attendu à plus de difficultés que cela. S'il devait être parfaitement objectif et rationnel, il s'était attendu à voir l'Orque profiter de l'apparente faiblesse qu'il montrait. Pourquoi exactement ? Pour le tuer éventuellement, l'option n'était pas à exclure. Ou pour en tirer profit. Il le disait lui-même avec une parfaite objectivité : il était un pirate. En cet instant de pure vulnérabilité, un manipulateur consommé aurait sans doute pu faire de lui ce qu'il voulait, il en avait parfaitement conscience. Il avait besoin, viscéralement, que cet homme l'accepte. Il avait attendu cela la grande majorité de sa vie, voir son rêve profond se fracasser entre ses doigts l'aurait achevé. Il voulait être fort, mais il n'avait aucun doute sur cette faiblesse-là, gravée dans sa chaire et dans son âme. Pour obtenir la reconnaissance de son père, le Scorpion aurait été prêt à beaucoup de folies, prêt aux plus révoltantes atrocités pour gagner ce qui lui manquait. Lui demander n'importe quoi, absolument n'importe quoi aurait été un jeu d'enfant avec cet enjeu de la balance. Il l'aurait fait. N'importe quoi, pourvu que son père le reconnaisse et le veuille à ses côtés. Il savait sa faiblesse, il savait cette immense faille en lui, mais il n'aurait pas pu l'éviter même s'il l'avait voulu. Parce que ça comptait indubitablement trop. Il était là, sans défense, en face d'un être sans foi ni lois, sans limites ni scrupules et encore moins de douceur. Et tout ce qu'on lui demandait, c'était de s'occuper des traîtres. Il en restait sidéré. Soit Nathaniel n'était vraiment pas un manipulateur, soit il était si bon qu'il ne le voyait pas le moins du monde et ne le comprendrait que trop tard.

Et il n'en avait rien à faire en fin de compte parce que… Nathaniel l'acceptait.
Il l'acceptait.

Ne pas ployer sous le joug de la nouvelle lui demanda toutes ses forces. Il inspira profondément, lentement, crispant les muscles pour rester bien droit face à son père. Il ne devait pas plier, hors de question. Il se briserait avant cela mais ne plierait jamais. Une puissante poussée interne, comme une soudaine montée d'adrénaline, lui tendit le corps, serra ses muscles, fit frémir ses nerfs vifs, tiraillant sous sa peau, pulsant à ses tempes, comme si ses veines venaient de se remplir d'alcool fort. Attendait-on de lui qu'il se récria de ces aveux de dépravation, d'inhumanité, quand lui-même se guignait de toutes les lois et les morales sur monde ? Tu es de mon sang, avait-il dit et ô combien il avait voulu entendre ces mots. L'Orque n'avait aucune idée de l'impact psychique que cela avait sur lui. En cette heure, il aurait pu accepter d'arracher le cœur de sa propre fille et de son petit-fils nouveau-né pour les offrir, encore fumant, sur un plateau à celui qui lui avait donné la vie. Tu es de mon sang, avait-il dit, voulait-il le voir couler pour lui, là sur l'instant ? Voulait-il apprécier sa propre création ? Ce qu'il avait fait, avec son sperme et son sang, avec sa chair et son esprit ? L'autre ne lui avait rien demandé d'extravagant, était-il alors ferré, manipulé, à vouloir, lui, offrir le monde à genoux en retour pour ce qu'il venait de lui donner ? Il renaissait en l'instant, psychologiquement, il renaissait comme on renaît au sein des cultes les plus sombres et obscures des temps immémoriaux, quand les enfants des dieux rampaient à peine hors de la matrice de leur essence et célébraient des cultes sanglants aux déesses-mères.

Tu es de mon sang. Tu es mon fils. Les mots tournaient, battaient dans son esprit, emplissant son crâne comme une symphonie sans fin. Il en aurait hurlé de joie, à la place, il déglutissait ce cri sauvage et l'avalait comme un vin rare. Il s'était imaginé ces mots des centaines de fois, il avait imaginé sa voix, quand il tuait des humains à-mêmes les ruelles sordides de Gloria, quand il se laissait grimper par des hommes et des femmes dans les bordels dont il était un pensionnaire temporaire, quand il se repaissait de la chair des morts sous la lune… Il avait imaginé des centaines, des milliers de variantes à ces mots quand il avalait les râles de ses victimes et les gémissements de ses partenaires. Et à présent, ils étaient gravés dans son corps comme un fer chauffé à blanc. Il les avait répété, la bouche pleine de fluides, il les avait répété, les mains enfoncés dans les chairs, il les avait répété sans arrêts, comme une musique de fond qui ne le quittait jamais et qui explosait soudain, pour laisser place au silence. Et dans ce silence fracassant, il n'entendait que sa respiration, et le bruit de gouttes d'eau qui tombaient, les unes après les autres sur la roche. Le silence s'infiltra à son tour en lui, lentement, jusque dans la moelle de ses os, comme un soupire de soulagement qui le libérait d'un immense poids. Ce poids se liquéfia, coula hors de lui, hors de son corps comme de son esprit, comme un fleuve… un rire, suave, chaud et sensuel qui se répercuta en écho, une liesse mesurée, aux accents du charme noble mais qui tintaient d'une forme perturbante d'innocence. Un rêve d'enfant qui venait de se réaliser.

L'enterrait-il alors, cet enfant qu'il avait été, les mots de son père scellaient-ils son bûcher ?

« Mais vous n'êtes pas qu'un capitaine… père »

Le surnom était si doux et délicieux, roulant sur sa langue comme une sucrerie qu'il s'accordait comme il ne se l'accorderait pas à l'extérieur. Il était trop secret, trop méfiant pour partager librement sa liesse. Ou alors, il trouverait un moyen, sans se mettre en danger. Déjà, l'idée se formait en lui. Il allait être capitaine des assassins, l'héritier de cet homme que le monde apprendrait à craindre s'il ne le faisait pas déjà. Un éternel prince, une ombre éternelle, qui jamais, sans doute, ne serait couronnée. Mais il aimait cela, c'était un rôle qui lui convenait et dans lequel il pouvait se réaliser. Tout le monde ne portait pas bien la couronne après tout. Tout le monde n'en avait pas besoin, et priver son père ne lui plairait pas. En vérité, cela ne ferait que ternir son plaisir. Que Nathaniel perdure et c'était tout ce qu'il avait nourrit qui perdurerait avec lui, son rêve et sa réalisation, et toute la force qu'il avait mise là-dedans. L'Orque réalisait-il qu'il venait de s'attacher un être capable de tout sacrifier pour leur intérêt commun, qui n'avait jamais eut la moindre attache sentimentale, mais qui s'accrochait à lui avec la férocité d'une bête sanguinaire ? Oh le Gredin aurait sa couronne oui et il la lui visserait sur la tête s'il le fallait. Le rire s'écoulait, encore, plus, puis mourrait tandis qu'il se reprenait. Non, Nathaniel ne l'avait jamais comprit. Peut-être était-ce pour le mieux d'ailleurs. Son pas le guida vers lui, avalant la distance qui les séparait.

« Vous êtes le premier Roi de la confrérie. Vous êtes la lumière dans les yeux de nos ennemis. Être l'ombre qui leur tranche la gorge me convient, cela n'a pas changé. Gardez la couronne, je ne compte pas vous voir casser votre pipe avant longtemps, moi aussi »

Un sourire carnassier vint étirer ses lèvres alors qu'il le regardait de bas en haut. Il voulait qu'il s'occupe des traîtres ? Fort bien, n'était-il pas le capitaine des assassins après tout ? On lui donnait un ordre, et il ne pouvait pas le refuser, ni à son roi, ni à son père. Plus encore, il ne voulait pas le lui refuser. Athgalan allait connaître une inquisition comme jamais encore auparavant. Lorsqu'il en aurait finit avec la ville, elle scanderait le nom de son souverain et plus rien d'autre. Son esprit galopait déjà, les idées fusaient, il en refusait la plus grande partie mais il en restait bien assez pour l'occuper. Son pas le mena flanc à flanc avec l'Orque, et ses griffes vinrent jouer sur la masse, cliquetant fluidement, son dard tapa contre une des boucles pectorales alors qu'il inspirait profondément, et émettait de nouveau un rire ondoyant, bas cette fois, retenu. Sa voix, lorsqu'elle vint, était également basse, une discrétion, un aveu intime, comme s'il ne désirait pas risquer de partager cela par accident avec qui que ce soit d'autre. Il voulait que l'on s'occupe des traîtres, hein ? N'était-ce pas alors naturel que l'héritier s'en charge, voulant conserver ses attributs ?

« Et que désirez-vous faire de ces traîtres, dites-moi ? Moi… je les imagine fort bien ornant le sol de notre salle du conseil, qu'en dites-vous ? Imaginez… Des corps presque intouchés, pour garder intactes leurs silhouettes, composés comme une fresque sur mesure, comme un œil géant apposé dans un sol creusé. Il suffirait de conserver les corps avec un enduit spécial, puis de sceller une plaque de verre sur eux. Avec l'enduit les corps ne pourrissent pas, ils restent tel quel… un rappel intemporel du sort subit par nos ennemis »

Sa voix variait à peine, le ton si léger qu'il effaçait son côté monocorde. Ses griffes continuaient d'effleurer, son dard de jouer, frappant toujours sur des parties en métal. Il le contrôlait trop bien pour le piquer par erreur.

« Je ferais un monument de leur échec. Rien ne sera perdu. Leurs cheveux serviront aux tentures de la salle du conseil. Ceux qui ne resteront pas figés, repentant sous nos bottes pour l'éternité, je les ferais couler dans l'acier d'une statue pour accueillir les marins dans le port. Et ceux qui n'auront pas cet honneur, je les recyclerais. Leur graisse pour les lampes, leur chair pour les esclaves et les prisonniers, les os pour nos poignards et nos outils, leurs muscles, leurs nerfs pour attacher nos armes et nos biens. Je tannerais leur peau, leurs dents et leurs ongles feront nos colles et ceux qui ne sont pas en bon état… ils serviront d'engrais »

Son souffle s'arrêta et il inspira de nouveau dans l'horreur de ses propres mots. Un léger blanc, tandis que l'atmosphère s'imprégnait de son vœu, de son serment.

« J'enverrais des agents dormants dans chaque groupuscule de cet archipel… »

Oui, il avait des plans. Il connaissait suffisamment les rouages de leurs peuples, pour avoir fait partie des coulisses, pour savoir qu'il y avait matière à faire avec tout cela et assurer à Athgalan une puissance inégalée. Et tout cela ? Pour eux. Il aurait beaucoup à faire, lorsqu'il rentrerait mais fort heureusement… il allait avoir des serviteurs sur lesquels s'appuyer. Ils seraient d'ailleurs les premiers à être passés au crible. Il serait intransigeant, une main d'acier dans un gant de velours. Et une main dirigée par la volonté d'un seul être. Sa loyauté lui était désormais acquise totalement et sans restriction.

« Ils n'auront qu'un seul nom aux lèvres, pour survivre à nos lames. Ils n'imploreront qu'un seul nom pour conserver leurs pitoyables vies »

Il les imitait, un genoux à terre devant son suzerain, attendant l'adoubement sanglant. Ce n'était pas seulement une promesse, un serment. C'était également une question, sous-entendue, une demande, une attente…

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¤ Digne de mon nom ¤

L’amour, un sentiment dont le gredin était pratiquement dénué, pratiquement oui, car il avait su faire preuve d’acte d’amour dans sa vie. Ces actes il les a faits à l’encontre de ses fils, de ses filles, de ses nombreux bâtards. Cet acte d’amour se constituait purement et simplement en l’abandon. Ceux qui résultaient de son sang devaient avoir une chance, la chance que lui n’a pas eue : celle de connaitre une vie meilleure. Une vie meilleure que celle de leur forban de père. Une vie dont l’elfe sombre avait été privé lors de son enlèvement. On avait choisi pour lui, l’humaine qui l’avait enlevé puis adopté avait choisi pour lui. Cela, il ne le souhaitait pas à sa descendance. Son unique geste d’amour paternel visait donc à offrir à sa progéniture la liberté. À partir de cet instant, ce qui leur arrivait dépendait pleinement d’eux-mêmes et si un jour celui-ci ou celle-ci venait à tomber dans les griffes d’un individu manipulateur ou même de Nathaniel lui-même, alors cet enfant ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même. Car le gredin n’éprouverait pour lui aucun amour. Jamais il n’éprouverait de l’amour pour Teotl. Ce dernier avait fait le choix de revenir à lui. Ce dernier avait fait le choix de se placer sous sa subordination. Alors le pirate allait l’utiliser à son maximum, jusqu’à ce qu’il se déchire et tombe en mille et un lambeaux, jusqu’à ce que son corps ne soit plus capable de bouger.

Qu’est-ce que la manipulation ? Cela peut-il être vu comme du chantage ? Non, pas aux yeux du gredin. Le chantage est une injonction pour Nathaniel. Tu fais cela où il se produira ceci. Mais le chantage à ses limites. Il ne fonctionne que tant qu’on est capable de faire chanter l’autre. Combien de temps aurait-il pu être capable de faire chanter Teotl ? S’il était bien de son sang, alors il ne saurait tolérer fort longtemps de rester sous la poigne d’un autre. Il chercherait à l’évincer. À renverser la tendance. Nathaniel était fait pour dominer, pas pour être dominé et il espérait que cette caractéristique s’était transmise par son sang. Il ne pouvait toutefois omettre la possibilité que la faiblesse des femmes qu’il avait engrossées puisse rejaillir sur sa progéniture et donc affaiblit l’impact de son sang.

Qu’est-ce que la manipulation ? N’est-ce pas une méthode délibérée mise en œuvre dans le but de contrôler ou d’influencer la pensée, les choix, les actions d’une personne ? D’obtenir sa soumission non volontaire ou consentie ? En ce sens, en quoi la manipulation diffère-t-elle de la loyauté ? La loyauté n’est-elle pas l’ultime forme de manipulation ? Un individu qui vous idolâtre et est prêt à tout faire pour vous. Même mieux ! À donner le meilleur de soi-même. Nathaniel avait donné ce qui à ses yeux valait un bout de pain, tandis que Teotl avait reçu ce qui à ses yeux valait tout l’or du monde. L’assassin lui était loyal. L’assassin lui était soumis. L’assassin était désormais sous son influence. Nathaniel n’avait pas foi en la loyauté. La peur, le respect qu’inspire la crainte, voilà ce en quoi il avait foi. Pour autant, il serait idiot de sa part de négliger les différentes méthodes qui s’offrent à lui. Surtout que la peur connait elle aussi ses limites. Elle ne fonctionne pas sur tout le monde. Son effet ne permet pas d’obtenir les meilleurs résultats sur tout le monde. Car le résultat, voilà ce qui prime avant tout. En sentant la joie dissimuler, mais suintant des pores de la peau de Teotl, il sut qu’il aurait pu faire sombrer ce dernier dans l’abysse en abusant de ce bout de pain en or. Mais il n’en avait rien fait. L’abysse conduit à la folie. La folie conduit aux pires erreurs. Et il ne pouvait prendre le risque que cela survienne de la part d’un individu occupant un poste aussi important dans la hiérarchie de la confrérie.

Teotl avait eu ce qu’il souhaitait. Une chose qu’il avait longue recherché à en croire la longue enquête menée. Il chérissait de cette chose, il chérissait cette reconnaissance. Il allait vouloir le conserver. Il allait vouloir la protéger. Il allait vouloir s’en montrer digne. Ne dit-on pas que l’on obtient de meilleurs résultats lorsque l’on conjugue le bonheur au travail ? Une méthode malheureusement forte couteuse qui ne peut pas être utilisée de manière universelle. Toutefois … lorsque celle-ci ne coute rien, alors autant ne pas s’en priver.

Si l’assassin avait eu une queue de chien en lieu et place d’une queue de scorpion, nul doute que celle-ci s’agiterait de manière frénétique. La jubilation de Teotl se lisait dans son sourire, dans ses projets. Mais celui qui jubilait, c’était Nathaniel. Les gens sont une force. Une force qu’il veut s’accaparer pour mettre le monde sous sa botte. Ce projet, il se sait incapable de le mener à bien seul. Il lui faut donc des subordonnées pour l’aider. Et il venait de s’en dégoter un en or massif. Ce morceau de pain qu’était la reconnaissance d’un fils par son père, ne valait pas ce qu’il venait de gagner aujourd’hui. Mais cela, le gredin s’en moquait éperdument. Son seul profit l’intéressait. Si Teotl y trouvait son compte, tant mieux, sinon tant pis. Une fois devenu roi de la confrérie, il serait l’autorité, éternellement. Des élections ? La confrérie connaitrait sa première et dernière élection. Seule la mort de détrônerait … et encore.

L’imagination de Teotl sembla s’éveiller, se mettant à bouillonner, comme si l’annonce de Nathaniel avait eu l’effet d’une puissante drogue venant le doper. Oui, c’est ce qu’il voulait. C’est exactement ce qu’il attendait ! Le gredin coinça Catherina sous son aisselle et applaudit doucement. Son fils avait fini ses tirades dignes d’une macabre scène de théâtre et avait mis un genou en terre.

« Splendide ! Cela me plait beaucoup. Tu sais comment faire plaisir à ton père ! Je sens qu’on va encore plus s’éclater que du temps où tu étais un simple maitre d’équipage à bord du Maelstrom. J’en tremble d’excitation rien que d’y penser. »

Nathaniel se saisit de sa masse et vint doucement remonter le menton de Teotl avec. Son regard dur se posa sur lui.

« Je ne doute pas que tu sauras très vite te montrer digne du nom de ton père, digne d’être un Eärendil. Et que tu feras tout pour continuer à t’en montrer digne et faire rayonner mon nom, Teotl. Allez, redresses-toi. »

L’elfe vint reposer sa masse sur son épaule.

« Cette soirée fut vraiment très productive ! Mais demain le saura plus encore. Quand tu auras fini ce que tu as à faire sur Nyn-Tiamat. Je veux tu ailles capturer le capitaine des contrebandiers. Mais ne le tue pas. Lui aussi va devoir être remplacé par quelqu’un de plus compétent et j’ai une petite idée de qui pourrait faire l’affaire. Je veux que comme toi, il lui coupe la tête et la présente au conseil. Quand tu l’auras capturé, il faudra commencer quelques préparatifs pour éviter les possibles répercussions que ma nomination en tant que roi pourrait entrainer. Les effusions de sang c’est bien beau, mais ce serait un terrible gâchis et on ne peut pas se permettre de gâcher par les temps qui courent. »

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A l'instant où la voix de Nathaniel… de son père… s'éleva, il su immédiatement qu'il allait se retrouver face à un dilemme de taille. Non point en raison de ce que son capitaine et futur souverain pouvait être amené à lui demander, mais bien en raison de ce qui venait de se jouer. Devait-il s'afficher, ou rester discret sur cette parenté ? Homme pragmatique habitué à survivre en tirant le meilleur de ce qu'il possédait, Teotl n'était pas de ceux qui avançaient le nez en l'air sans la moindre méfiance. Ce qu'il affirmait, ce qu'il affichait et accomplissait avait un impact sur la façon dont on le percevait et cette image avait un pouvoir, elle pouvait être une arme pour lui, ou contre lui. Son être hurlait cependant de son envie de profiter pleinement de ce qu'il avait reçu, il voulait cela. Il avait eut la preuve, cependant, qu'il devait faire attention, avec sa mésaventure dans les îles sud. Alors quoi ? En vérité il y avait une solution toute trouvée qui ne risquait pas de mettre trop en péril ce qu'il prévoyait. N'avait-il pas affirmer qu'il se constituerait une identité sur mesure, et une image sur mesure, pour son rôle de Capitaine ? Et bien il y associerait sa véritable identité. Teotl resterait simplement Teotl pour l'équipage, mais le masque lisse et mortel du maître des Assassins scanderait le nom royal. Et avec un peu de chance, cela motiverait certains conspirateurs à commettre des erreurs en pensant l'appâter avec le trône de son père. Il serait bien difficile de trouver meilleure concession à tout cela.

Nathaniel avait raison, il voulait être digne de ce qu'on lui donnait, et désormais il n'avait que peu de doutes sur le fait qu'on le manipulait. Mais comme prévu, il était trop tard. Ferré, le Scorpion ne voulait pas se passer de ce qu'il avait obtenu en fuyant. Fuir où de toute façon ? Cela n'aurait pas eut de sens. Hors il n'était ni stupide, ni aux abois. Alors il acceptait cette manipulation. Tout le monde était gagnant ici, cela lui allait parfaitement puisqu'il désirait l'avènement du Roi de la Confrérie. Le contact froid du métal sur la chair tendre de son menton expédia un frisson dans son échine, mais ce n'était pas de la peur qu'il ressentait : c'était de l'anticipation. C'était un adoubement. Il renaissait dans le froid et les ténèbres et le silence, en une créature plus meurtrière encore. Et dans un geste fluide, parfaitement balancé, il se redressa pleinement. Il avait beaucoup à faire, beaucoup de cibles en vue. Attentif, il intégra les ordres d'un bref hochement de tête. Son esprit bourdonnait agréablement, comme il ne l'avait pas fait depuis des années. Dire qu'il ne donnait pas son plein potentiel comme maître d'équipage était peu de choses, un seul navire n'était pas difficile à garder en parfait état de fonctionnement une fois que les marins étaient soumis. Mais là, il avait un défi à relever et une motivation sans fin à l'accomplir. Que son père parvienne à ses fins leur offrirait non seulement un pouvoir sans précédent mais également une opportunité de transformer la glaise repoussante d'Athgalan en un objet complexe.

« Pas besoin de massacrer tout Athgalan. J'établirais une liste des exemples à donner, si les exécutions sont bien menées, le message passera naturellement »

Et il comptait faire en sorte que le message soit limpide. Les pirates n'étaient pas la populace la plus intelligente au monde mais ils avaient un bon instinct de survie et aucune loyauté. À quelques exceptions près. Lui-même en était une. Il trouverait celles dans l'autre camp pour s'en débarrasser. Tuer toutes les têtes n'était pas une bonne idée. L'exemple d'Irina était parfait : ils n'avaient pas de moyens de la remplacer, elle devait rester. D'autres n'avaient pas la même chance. Les survivants contempleraient à jamais les visages de ceux à qui il allait offrir l'éternité, dans le sol de la salle du conseil. Un rappel de la raison pour laquelle ils étaient encore de ce monde et pas de l'autre. Cultiver un sentiment était une chose merveilleuse et d'un intérêt sans failles. Il prendrait grand plaisir à instiller la peur et la méfiance dans le cœur de ces forbans pour les mener là où le Roi le désirerait. Mais il savait aussi qu'il y aurait des hommes à convaincre autrement.

« Je compte établir un climat propice avant votre montée sur le trône. Attendre ne servirait pas notre cause. Autant commencer à retirer quelques individus clefs dès maintenant, circonvenir les autres, et identifier les points d’achoppement pour les renforcer. L'élection par le conseil se fera dans le calme »

Il y avait également la question de l'étranger qui serait à évoquer succinctement. Si les grandes puissances de l'Archipel ne devaient pas réellement prendre tout cela autant au sérieux qu'eux, il n'avait pas spécifiquement envie que le message se répande trop vite. Sans être intéressées, les nations ne tarderaient pas à faire un calcule rapide de ce qu'un changement aussi radical de répartition des pouvoirs allait signifier pour l'efficacité des pirates sur les mers de l'Archipel. Et le visage de son père était connu et pas vraiment en odeur de sainteté. L'affaire des Chimères, tout simplement. Combien avait-il extorqué déjà ? La somme était colossale. Les nations s'en souvenaient certainement. Lui aussi allait devoir prendre des mesures. Intéressant d'ailleurs. Son visage se tourna légèrement pour lui permettre de mirer Nathaniel plus concrètement. A quel point le réseau d'Irina Faust était-il fiable ?

« Je n'ai guère de raison de rester plus longtemps sur Nyn-Tiamat en personne, à moins que vous ne désiriez que j'assiste à votre prise de la Catin, Père. Mon temps sera mieux utilisé si je pars ce jour. Seul. Mes hommes vous guiderons parfaitement »

Il ne savait pas où était le contrebandier et finalement, il serait plus dur à débusquer que l'Assassin. Un tueur était là où son contrat se trouvait mais… qu'en était-il d'un homme destiné à être invisible et à se jouer des routes commerciales surveillées ? Fort heureusement, il savait au moins qu'il avait deux points d'accroche : Athagalan et Caladon. L'or n'avait certes pas de frontière, mais il avait tendance à se condenser, un peu comme le sel. Et tout Capitain avait un point de chute dans la Perfide. Deux possibilités pour débuter sa chasse, donc. Pendant que l'Orque s'occupait de Faust et de mettre Nyn-Tiamat à feu et à sang, il aurait un peu de temps pour débuter ses recherches et débusquer sa proie. Étonnamment, Caladon serait un bon début. Cette ville appelait les richesses avec plus d'efficacité qu'un chant Baptistral. Où aller pour maîtriser un gros flot de contrebande, si ce n'était pas là-bas ?

« Où dois-je livrer le colis ? »

Le mauvais côté d'être un pirate, c'était qu'on bougeait souvent, surtout un pirate en affaire. Il n'avait pas spécifiquement envie de courir après son lieu de dépôt alors qu'il allait être débordé de travail pour les mois à venir. Attendant la réponse, il continuait de cogiter sur les multiples possibilités qui s'offraient à eux après ces révélations. Il allait devoir traquer les espions étrangers, mais simplement se baser sur des bruits de couche ne lui serait d'aucune utilité. Les catins seraient utiles pour sa recherche des traîtres, en revanche. Et pour vérifier si Faust serait réellement capable de s'adapter à la nouvelle partition qui se jouait. Il parlerait avec elle. Une perspective certes peu exaltante en l'état de ses priorités mais minimiser les détails et ajourner leur étude ne servirait pas au long terme. C'était aussi un détail qui avait manqué le tuer quelques mois auparavant.

« Et… qu'en est-il du capitaine des pirates ? »

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¤ Les poupées de chiffons ¤

Les préparatifs à la montée sur le trône d’Athgalan par Nathaniel commençaient aujourd’hui. Le plan se mettait en branle et il était trop tard pour faire machine arrière. Il fallait avancer, sans se retourner, sans s’arrêter. Il fallait progresser vite pour ne pas laisser le temps à ses opposants de voir le couperet qui bientôt s’abattrait sur leur nuque. L’elfe sombre souhaitait que cela se fasse proprement, sans plus de résistance que nécessaire. Bien sûr, son intronisation n’en serait pas une vraie sans un peu de sang qui coule. Après tout, quel individu est devenu roi sans que du sang de coule ? Personne. Certes il fallait préparer le jour de l’intronisation, mais il fallait aussi préparer le suivant. Le plus difficile n’est pas de s’emparer du pouvoir, mais de le conserver. Nathaniel avait de nombreux projets aussi n’aurait-il pas de temps à perdre à matant les rébellions internes. Mieux valait tuer le poussin dans l’œuf. Cela Teotl l’avait parfaitement compris.

« Je compte sur toi pour cela, Teotl. Je réfléchirais à la manière de mener les exécutions, il faut que ce soit un minimum spectaculaire, non seulement pour que le message s’imprègne bien, mais aussi pour qu’on ne s’ennuie pas. »

Le gredin opina du chef à la suite des dires de l’assassin. Ce dernier avait parfaitement compris. L’elfe sombre s’occuperait de prendre directement contact avec les autres capitaines pour s’assurer de leur vote et soutien, de gré ou de force, tandis que l’immaculé viendrait réduire le nombre de partisans des capitaines les plus réfractaires, afin de les isoler et de les affaiblir, mais aussi de tuer dans l’œuf les autres potentielles menaces internes.

« Tu as fait ta part en Nyn-Tiamat, Teotl. Je m’occuperais de la suite ici. Je me saisirais de la catin et j’en profiterais pour sympathiser avec ses rivaux au titre de prince noir. Irina n’a rien apporté à Athgalan en guise de prince noir, alors peut-être vaut-il mieux pour nous de miser sur un autre poulain. Et puis s’attirer le soutien d’une des nations nous permettra de temporiser avec les autres. »

Nathaniel garda quelque peu le silence, réfléchissant déjà à la suite. S’il pouvait s’associer à un partisan de l’esclavage, il pourrait redorer les affaires dont le rendement avait été écorché suite aux manigances d’Irina.

« Je te contacterais le moment venu pour te dire où envoyer le colis. Cela ne devrait pas trop tarder. Juste le temps de m’assurer de la relève. »

Enfin, une dernière question devait être traitée, celle du capitaine des pirates. Cette espèce de nabot qui occupait le poste que le gredin aurait grandement apprécié avoir.

« Le nabot n’aura que peu de choix. Il ploiera les genoux où je les lui briserais. Dans le pire des cas, sa disparition ne poserait guère de complication. Je reprendrais son post. Il ne manquera plus que de trouver quelqu’un pour reprendre celui de capitaine des gredins, mais cela ne sera également guère compliqué. Mon bras droit devrait faire l’affaire, il aura eu tout le temps de se former en ma compagnie pour assurer la fonction de capitaine des gredins. »

Nathaniel vint ouvrir son manteau et mit sa main à l’intérieur, venant farfouiller dans ses poches internes.

« Si nous avons fait le tour du sujet, il y a autre chose que je veux que tu fasses pour moi. Ou plutôt que tu me donnes. »

Le gredin finit par sortir deux poupées de chiffon, un peu grossières. Avec beaucoup d’imagination, on pouvait envisager une ressemblance, ou du moins des signes concordants entre elles et Teotl. Le gredin allait devoir s’améliorer dans le domaine de la couture. Malheureusement pour lui, il ne pouvait déléguer la création de ces dernières.

« J’ai appris beaucoup de choses depuis mon arrivée sur cet archipel. Et je ne parle pas de couture. Les Graärh, en dépit de leur apparence bestiale, sont une véritable mine d’informations en ce qui concerne les esprits-liés … et leur magie. Ils en savent beaucoup plus que nous. Et ce fut … une véritable aubaine. »

Le gredin eut un léger sourire difficilement contrôlable en repensant à cette découverte, mais aussi à la façon dont il avait pu l’obtenir.

« Je veux que tu me donnes tes esprits-liés, Teotl. Non … donner n’est pas le terme adéquat. Je dirais plutôt prêter. Ta force viendra ainsi grandir la mienne. Bien sûr, cela ne diminuera en rien la tienne ou l’utilisation de tes esprits. Tu as deux esprits-liés si je ne trompe pas. Je vais donc te demander deux mèches de cheveux. Une pour chaque poupée. Une pour chaque esprit. Ainsi je pourrais être en mesure de les copier, même en l’absence de ta présence dans les environs. »

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Il hocha la tête, parfaitement d'accord avec ce calcule des plus sensibles. Irina ne savait pas se faire d'alliés de toute évidence, si on constatait la débandade générale de ses affaires. Pas d'alliés de poids en tout cas. Il lui fallait l'accumulation de chaque moins que rien de son réseau pour avoir du poids. Mais bien qu'il dédaigna sa pauvreté stratégique, il ne demeurait pas moins que le réseau d'information était important, en tant qu'entité globale et non en raison de ses membres. Ils ne devaient pas même être considérés comme des êtres pensant, juste une force globale. Mais là encore, la catin avait le cœur trop tendre semblait-il et cela plaisait aux pauvres âmes en perdition qui constituaient sa force. C'était dangereux et il n'aimait pas humer le danger aussi proche d'eux. Aussi proche de son père, surtout. Il allait falloir grandement penser à tout cela. Mais… après. Une fois qu'il en aurait terminé avec le contrebandier. Quoi qu'il pouvait peut-être faire d'une pierre deux coups. C'était à considérer.

« Tout à fait. Avoir un allié choisi sera profitable pour notre sécurité »

Si toutes les nations s'alliaient contre eux comme elles tendaient à le faire quand elles étaient acculées, alors la confrérie ne tiendrait sans doute pas. S'ils divisaient cette union potentielle en revanche, ils auraient un avantage certain. Mais il n'existait pas des centaines de possibilités pour eux. Les vampires étaient sans doute le choix le plus simple. Caladon également. La suite lui fit hocher la tête. Il ne commenta pas cette fois-ci. Il n'en avait pas besoin en vérité. Si Nathaniel avait déjà un candidat de remplacement en vue, tout allait pour le mieux. De qui est-ce qu'il s'agissait ? Bah, l'autre le lui dirait le moment venu. Pas besoin de se préoccuper de choses qui viendraient en leur temps. Hâter une information n'augmenterait pas sa valeur mais pouvait être dommageable pour son efficacité. Parfois, en savoir moins était une très bonne chose. Il tiqua intérieurement à l'idée de voir le second du Maelström à la table des capitaines… pour des raisons fort personnelles. Mais il n'en dit rien.

« Oui ? »

Un méfiance lente lui fit surveiller son père attentivement tandis que l'autre fouillait les replis de son manteau. La vue des deux poupées de chiffon le laissa de marbre mais uniquement parce qu'il savait garder la face. Avec prudence, il examina les créations grossières avec critique. Qu'est-ce que c'était que ces choses exactement ? On eut dit les premières réalisations d'une femelle humaine pour ses tâches de maisonnette. Et encore, une jeune femelle humaine aurait eut plus de talent pour ça si elle avait été éduquée correctement. Il n'avait pas la moindre idée de là où l'Orque avait déniché ces choses mais elles étaient affreuses et il n'avait pas envie de commenter dessus au risque de le vexer. Là, jouer avec le feu ne lui plaisait pas. Il y avait des sujets qui méritaient cela, et d'autres… d'autres qui n'avaient guère de substance. Hochant la tête, Teotl ne put qu'aller dans le sens de son père. Les natifs étaient grossiers sur certains sujets mais pas sur tout et il avait lui-même était fasciné par leur union avec les esprit-liés. Pour preuve, en suivant leurs rituels, il en avait acquis un second à ses côtés.

« Bien sûr »

Il n'y avait aucune hésitation dans sa voix, bien que l'idée de 'donner' ses esprits l'eut d'abord crispé avant que l'Orque ne complète son explication. Prenant un couteau à sa ceinture, il se coupa deux mèches sans attendre et prit deux lacets de cuir d'une de ses bourses de transport pour nouer correctement les délicats fils argentés. Une fois que ce fut fait, il tendit le tout à son père et observa de nouveau les poupées. Quand ils en auraient l'occasion, il l'interrogerait sur tout cela, sur cette capacité nouvellement acquise. C'était curieux et terriblement pratique. Pour l'heure…

« Je vais prendre congés dès à présent. Nous nous retrouverons plus tard quand nos affaires le demanderont. Bonne chasse »

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