17 Novembre 1762
Comment s'y prendre ? Voilà qui n'était pas dénué d'intérêt, comme question. L'évidence même, c'était qu'il ne pouvait pas simplement se présenter devant les portes de Délimar en présentant sa requête. De toute façon il ne pouvait pas simplement se présenter à Délimar tout court, ce serait un désastre assuré. Dans le meilleur des cas il ruinait Aldaron monétairement à cause de son niveau de maîtrise magique et des objets qu'il transportait partout, dans le pire des cas il ruinait Aldaron moralement parce qu'il se serait fait tuer. Et le but n'était pas de ruiner Aldaron du tout. Au contraire, cette démarche avait pour but d'apporter quelque chose d'heureux pour leur mariage, à savoir une identité finalement bien délimitée à qui il pouvait foutrement être. Donc il ne pouvait pas faire la démarche lui-même et il n'avait vraiment pas envie de demander à Autone de faire cela pour lui. Il gardait encore en tête qu'elle pensait son amour pour son lié intéressé et biaisé. Purnendu était hors de question tant que la ville océanique pratiquait l'esclavage. Aldaron n'était même pas une option, parce qu'il s'agissait d'une surprise. Il ne restait donc pas grand monde dans son entourage proche. Pendant plusieurs heures, il s'était posé la question de comment cela pouvait bien se passer, quelle sorte de solution il pouvait envisager. Puis, il avait déniché son pigeon. Un conseiller Délimarien mais pas Glacernois, ni Almaréen. Quelqu'un qui n'était pas fermé à la magie, à défaut du vampirisme. Il pourrait certainement lui faire les yeux doux, lui jouer de la vièle, ou carrément de tout l'orchestre symphonique, mais tant que cela fonctionnait, c'était tout bon pour lui. Il avait une conscience aiguë du fait que les Délimariens ne l'appréciaient pas le moins du monde et lui-même, même s'il était très heureux de ses origines, il n'avait pas forcément envie de subir la gêne et la tension qu'une prise de contact directe allait fatalement provoquer pour tout le monde, c'était un mal qu'il pouvait facilement éviter.
Plutôt que de risquer de croiser un de ses derniers parents, ou tout du moins d'Achroma, Ivanyr se contenterait donc de subir le regard lourd de quelques gardes loups lorsqu'il vint à s'approcher de la tente de sa proie. Annonçant vouloir discuter d'une affaire relevant du Bourgmestre de Caladon avec la tête diplomatique de l'océanique, le mage attendit dehors qu'on l'autorisa à entrer, cherchant résolument à tout regarder sauf les gardes restés en faction devant la tente. Même sans cela, il sentait la désapprobation et l'envie de meurtre qu'exhalaient ces corps et ces esprits. Imperceptiblement, Ivanyr soupira, sans rien montrer de son inconfort à être ainsi mit en contact avec le peuple de Délimar. Il y avait énormément de choses qu'il pouvait et voulait supporter mais ça ? C'était bien à la limite du tolérable. Dents serrées, il se retenait de demander ce qu'il avait pu bien faire pour qu'on lui en veuille à ce point. Même si on le prenait pour Achroma, l'Aîné n'avait-il pas donné de lui-même, de son sang et de son esprit pour la cause commune, n'avait-il pas fait sa part, gagné le droit à être reconnu ? Qu'est-ce qui rendait ces humains aussi hargneux à son égard ? Voir la stature d'un prince Elusis chez les vampires ? Car il savait qui avait été Achroma. Silath Elusis. Prince.Héritier. Mais si vraiment on lui en voulait pour être vampire, n'était-ce pas hypocrite ? Les Glacernois avaient désavoué ce prince, l'avaient rejeté en raison de sa magie. Pourquoi se montraient-ils si outragés qu'il soit vampire en ce cas, si tous les liens avaient été coupés ? Il revoyait l'image de la femme aux cheveux sombres, l'épée légendaire au flanc, et il se demandait si les Délimariens auraient été également choqués d'apprendre que Silath avait été l'amant d'une Kohan. Peut-être. Les Délimariens semblaient prendre ombrage de beaucoup de choses. Cependant, il avait conscience que poser une telle question n'allait en rien aider ses relations avec les fils du nord, aussi se contentait-il de faire comme si de rien n'était. Voilà encore une solution pour laquelle on ne pourrait pas lui faire de reproches.
Fort heureusement, il ne fallut pas non des années pour que le conseiller se décide à lui donner audience. C'était heureux, car à ses yeux à lui, il venait déjà d'attendre une éternité entière. Se faire silencieusement juger par des Délimariens armés jusqu'aux dents, cela ressemblait fort au royaume d'expiation de Mort que certaines sectes pouvaient dépeindre. Avec un hochement de tête, le vampire pénétra sous la tente, accompagné d'un des gardes, et attendit que celui-ci sorte de nouveau avant de s'intéresser à la personne qui séjournait là. Hochant la tête pour le saluer, il prit la parole, avec une certaine lassitude nonchalante.
« Bonjour, Maître Avente. Merci de bien vouloir me recevoir. »
Ses lèvres se pincèrent alors qu'il retenait un commentaire sardonique sur la bonne volonté des Délimariens à lui accorder ce qu'il désirait. La toile de la tente n'était pas bien épaisse, et les gardes loups avaient l'oreille fine, hélas. Déjà qu'il allait devoir subir leur connaissance de ce qu'il désirait accomplir, autant ne pas en rajouter. Tranquillement, Ivanyr fit quelques pas pour s'éloigner d'un des pans de tissu, avec la certitude que celui-ci ne tiendrait pas si on décidait de le planter à travers, et une fois à distance raisonnable de toute potentielle épée meurtrière, il reprit, reportant son regard clair sur le Romantique. Voilà qui était une espèce en voie de disparition.
« Je me doute que vous devez être très demandé, donc si cela vous convient, j'irais droit au but en me passant des formules de politesse et de jeu que vous appréciez tant de la part d'Aldaron. Ça vous convient ? .»
Il attendit un bref instant, avant d'aller plus avant, afin qu'il n'aille pas se faire d'idées.
« Je sais que vous avez un statut spécial à Délimar. Pour savoir si vous pouvez, techniquement parlant m'aider, j'aurais besoin de savoir si on vous laisse l'accès aux archives familiales de la ville. Et plus particulièrement à celles des Glacernois. Car ce que je vais vous demander est en rapport avec ces archives. »
Plutôt que de risquer de croiser un de ses derniers parents, ou tout du moins d'Achroma, Ivanyr se contenterait donc de subir le regard lourd de quelques gardes loups lorsqu'il vint à s'approcher de la tente de sa proie. Annonçant vouloir discuter d'une affaire relevant du Bourgmestre de Caladon avec la tête diplomatique de l'océanique, le mage attendit dehors qu'on l'autorisa à entrer, cherchant résolument à tout regarder sauf les gardes restés en faction devant la tente. Même sans cela, il sentait la désapprobation et l'envie de meurtre qu'exhalaient ces corps et ces esprits. Imperceptiblement, Ivanyr soupira, sans rien montrer de son inconfort à être ainsi mit en contact avec le peuple de Délimar. Il y avait énormément de choses qu'il pouvait et voulait supporter mais ça ? C'était bien à la limite du tolérable. Dents serrées, il se retenait de demander ce qu'il avait pu bien faire pour qu'on lui en veuille à ce point. Même si on le prenait pour Achroma, l'Aîné n'avait-il pas donné de lui-même, de son sang et de son esprit pour la cause commune, n'avait-il pas fait sa part, gagné le droit à être reconnu ? Qu'est-ce qui rendait ces humains aussi hargneux à son égard ? Voir la stature d'un prince Elusis chez les vampires ? Car il savait qui avait été Achroma. Silath Elusis. Prince.Héritier. Mais si vraiment on lui en voulait pour être vampire, n'était-ce pas hypocrite ? Les Glacernois avaient désavoué ce prince, l'avaient rejeté en raison de sa magie. Pourquoi se montraient-ils si outragés qu'il soit vampire en ce cas, si tous les liens avaient été coupés ? Il revoyait l'image de la femme aux cheveux sombres, l'épée légendaire au flanc, et il se demandait si les Délimariens auraient été également choqués d'apprendre que Silath avait été l'amant d'une Kohan. Peut-être. Les Délimariens semblaient prendre ombrage de beaucoup de choses. Cependant, il avait conscience que poser une telle question n'allait en rien aider ses relations avec les fils du nord, aussi se contentait-il de faire comme si de rien n'était. Voilà encore une solution pour laquelle on ne pourrait pas lui faire de reproches.
Fort heureusement, il ne fallut pas non des années pour que le conseiller se décide à lui donner audience. C'était heureux, car à ses yeux à lui, il venait déjà d'attendre une éternité entière. Se faire silencieusement juger par des Délimariens armés jusqu'aux dents, cela ressemblait fort au royaume d'expiation de Mort que certaines sectes pouvaient dépeindre. Avec un hochement de tête, le vampire pénétra sous la tente, accompagné d'un des gardes, et attendit que celui-ci sorte de nouveau avant de s'intéresser à la personne qui séjournait là. Hochant la tête pour le saluer, il prit la parole, avec une certaine lassitude nonchalante.
« Bonjour, Maître Avente. Merci de bien vouloir me recevoir. »
Ses lèvres se pincèrent alors qu'il retenait un commentaire sardonique sur la bonne volonté des Délimariens à lui accorder ce qu'il désirait. La toile de la tente n'était pas bien épaisse, et les gardes loups avaient l'oreille fine, hélas. Déjà qu'il allait devoir subir leur connaissance de ce qu'il désirait accomplir, autant ne pas en rajouter. Tranquillement, Ivanyr fit quelques pas pour s'éloigner d'un des pans de tissu, avec la certitude que celui-ci ne tiendrait pas si on décidait de le planter à travers, et une fois à distance raisonnable de toute potentielle épée meurtrière, il reprit, reportant son regard clair sur le Romantique. Voilà qui était une espèce en voie de disparition.
« Je me doute que vous devez être très demandé, donc si cela vous convient, j'irais droit au but en me passant des formules de politesse et de jeu que vous appréciez tant de la part d'Aldaron. Ça vous convient ? .»
Il attendit un bref instant, avant d'aller plus avant, afin qu'il n'aille pas se faire d'idées.
« Je sais que vous avez un statut spécial à Délimar. Pour savoir si vous pouvez, techniquement parlant m'aider, j'aurais besoin de savoir si on vous laisse l'accès aux archives familiales de la ville. Et plus particulièrement à celles des Glacernois. Car ce que je vais vous demander est en rapport avec ces archives. »
Dernière édition par Achroma Seithvelj le Dim 23 Déc 2018 - 13:30, édité 2 fois