Aïasil a écrit:- Début Octobre de l'an 7 de l'âge d'obsidienne, en parallèle avec l'Event Éclore -
On aurait pu croire a un crépuscule, pourtant le soleil était encore haut, il toisait les arbres de sa place stellaire, les brûlant, eux et les autres créatures qu'ils abritaient, de son regard embrasé ou qu'ils soient sur terre. On aurait pu y croire, car localement, une double force s’exerçait sur cette forêt, ou l'on y célébrait un heureux mariage, promesse d'une union entre deux elfes, amour, félécité. C'était un événement rare et précieux, même en temps de guerre, un événement qui attirait tout les regards, tout les rayons du soleils qui alors délaissaient le reste. Y comprit, non loin de là, sur un carré d'herbe, au milieux de quelques pauvres arbres victimes du mauvais sort, un petit morceau d'ébène, un cailloux, une obsidienne, délaissée de tout regards, toute attention, même celle du soleil, même celle des étoiles, même celle de la lune, même celle de sa liée.
En ce lieu, là ou reposait la pierre noire, sa malédiction hantait chaque être vivants. Les feuilles des arbres tombaient plus vite, l'herbe s'écrasait sur elle même, aucun oiseau ne chantait, ceux qui avaient fuit l'avaient aussitôt fait. Car ceux qui étaient demeurés, tous étaient dévorés par un poison chassant la lumière et chassant le bonheur, la paix, rongeant leur raison. La haine régnait au sein de cet endroit maudit, la douleur, la haine, la souffrance, la colère, tant de mots qui pourtant ne pouvaient pas qualifier pleinement la puissance de cette force immense, qui détruisait lentement chaque parcelle de vivant dans cet enfer obscur. C'était un lieu ou de perpétuels sanglots et le vrombissement d'une flamme destructrices étaient entendus, parfois distinctement, parfois mêlés, un concert de malheureuses pensées. Tout cela venait de ce cailloux, posé là contre une souche d'arbre, les pattes repliées sur elles-même, la tête rentrée contre son ventre, la queue enroulée autour de lui, il n'avait rien de très imposant. Pourtant, toutes ces mauvaises pensées provenaient de lui, s'échappant de lui en un flot continu, qui s'éparpillait dans toutes les directions, elles étaient tellement puissantes et tellement nombreuses qu'elles n'étaient même plus compréhensibles, qu'elles emprisonnaient leurs victimes dans des boucles sans fin, ou elles ignoraient tout de cette souffrance, mais désiraient la partager tout ce qui aurait le malheur de se trouver à proximité, qui incubaient la violence dans leurs esprits, ils ignoraient tout de leur souffrance à eux ainsi que de sa souffrance à elle.
Chaque esprits, chaque chose aussi bien matérielle qu'immatérielle, aussi bien petite que grosse, animale que végétale, tout était à genou, dominé, emprisonné par de gigantesques tentacules noires, hérissées de piques cinglantes, venimeuses. Des ronces qui proliféraient depuis le caillou sombre qui leur servait d'engrais, qui s'entremêlaient, s'enroulant autour des arbres pour les contaminer, partant de la base de leur tronc pour parasiter jusqu'à l'infime petite branche, dévorant au passage nids d'oiseaux, insectes, perturbant l'écosystème entier de ce carré d'herbe. Ceux qui le pouvaient fuyaient tant qu'ils le pouvaient encore, les végétaux écoutaient sa peine sans pouvoir y échapper, se condamnant à la partager jusqu'à eux même dépérir. La petite obsidienne ne deversait pas sa peine en eux pour se soulager, elle le faisait inconsciemment pour les punir de ne pas subir ce qu'elle subissait, elle était devenue un poison pour le monde.
Elle ne savait pas ce qu'elle faisait, privée de lumière, mais incapable de retourner dormir sous la glace, sous la surface du lac. Elle n'ignorait pas la souffrance qu'elle provoquait, mais ça lui était bien égal, tant de choses ne lui importaient plus et ne lui importeraient plus. Elle était seule, perdue, elle n'avancerait plus jamais, pas sans lumière, pas sans l'éclat de la lune. Mais elle demeurait, elle ne mourrait toujours pas, alors elle demeurait, dans le silence total, refermée sur elle même, son esprit fou engloutissant tout dans sa colère, indifférente à la nature qui se mourrait autour d'elle. Pas de soleil, d'étoile, pas de lune. C'était peut-être vraiment un crépuscule, et peut-être qu'il n'y aurait jamais d'aube.
Mëryl Nalwaë a écrit:Rien.
Rien n’allait bien, rien n’allait en sa faveur et ce néant trouait son cœur d’une douleur insupportable. Elle ne voulait plus de rien, elle voulait ce néant, elle le voulait entièrement et non partiellement, puisque c’était trop douloureux ainsi. Mëryl reprit son souffle, s’étouffa dans le souffle saccadé et prononcé en s’appuyant sur l’arbre. Les sanglots la prirent, alors qu’elle tremblait avec cette envie d’hurler et de s’écorcher de ses ongles faibles ou de…sa dague. Et cette simple idée l’anéantissait. Elle voulait disparaître, c’était eux qui l’avaient transformé ainsi. C’était eux, tous, avec leurs cages, leurs leçons, leur rejet, leur jalousie, leur peur, leurs esprits protecteurs, leurs interdictions, leurs traditions. Elle maudissait, tout, tout strictement tout. Disparaître, elle voulait s’endormir et ne jamais s’éveiller et à ce rythme; nul besoin d’avoir une arme pour y arriver, puisque sa respiration s’accélérait à un rythme dangereux.
Sa mère, elle l’avait aimé, elle lui avait donné tout ce qu’elle avait puisé d’émerveillement et de bonheur, de joie. Ces roses offertes dans la nécroses, alors que sa famille pourrissait et se brisait, se craquelait sans qu’elle ne puisse rien y faire. Son père était parti, Eldakhar ne comprendrait jamais son attachement à sa famille, son empereur ne comprendrait juste rien à rien. Sa tante, amas de remords et de violences, pure et pourtant, les mains rouges. Elle avait peur, de ce qu’elle était devenue. Cette douleur qu’elle avait vu en l’abomination, qu’elle avait voulu soigner de son amour et de sa bonté, elle la reconnaissait en elle-même. Elle aurait voulu, tant voulu qu’Aïasil soit un nouvel espoir pour elle, pour soigner ce deuil. Mais cette dragonne ne lui montrait pas son amour : Elle le lui demandait, en la faisant sentir pathétique, minable, faible, seule…Elle n’était pas assez bonne pour Aïasil et elle blessait Amaury, qui l’avait tant aidé. Et si elle était devenue mauvaise pour ceux qu’elle aimait?
L’enfant de l’abomination invoqua la dague à sa main. Cette idée l’abattait complètement, elle n’y arrivait pas. Couarde, elle n’avait pas le courage d’y mettre fin, mais elle avait mal et son âme criait à l’aide. La petite rose était repliée sur elle-même et la simple présente du pommeau entre ses mains la faisait trembler. Elle ne pouvait pas faire ça, elle ne pouvait pas…Et si elle mourrait, peut-être qu’Aïasil se libèrerait d’une liée, parviendrait à s’épanouir. Elle n’était pas Enetari, elle n’avait jamais voulu prendre ce rôle. « Aïasil… » Parvient-t-elle à souffler entre les sanglots. Elle répéta son prénom, plusieurs fois, se demandant à plusieurs reprises si elle était devenue folle, puis en s’affublant de cette injure, elle se demanda quand c’était arrivé. « Je n’en…peux plus…je veux…que ça cesse…Pardonne moi, je ne voulais pas dire ça… » Jamais, jamais elle n’avait voulu la blesser. Elle avait voulu lui dire que sa jalousie lui faisait mal, qu’elle ne voulait pas qu’on lui enlève sa liberté, qu’elle n’en pouvait plus de se retrouver noyée dans sa tristesse. « J’ai besoin de toi. J’ai besoin de toi pour accomplir mes rêves. J’ai besoin de toi pour en faire partie. J’ai besoin de toi pour être libre. J’ai besoin que tu me donne cette liberté et tu peux me la donner en étant présente. Je veux une famille, je veux voyager. Et tu es l’amour de ma vie. » Elle éclata dans un nouveau sanglot, serrant le poing sur le manche.[color=#7adea2] « Mais ça me fait tellement mal… Je n’en peux plus. Je suis horrible et pathétique je sais. J’aurais tant aimé que tu m’aide, que tu m’appuie, que tu sois là…pourquoi… Sa voix se brisa, elle laissa tomber l’arme, posant ses mains devant ses yeux. À qui s’adressait-t-elle, d’ailleurs? Elle ne savait même pas, si elle était là, elle ne pouvait peut-être même pas l’entendre. Accroupie et complètement repliée sur elle-même, l’enfant de l’abomination espérait de tout son cœur que quelque part, la dragonne l’entendait, parce qu’elle sentait les mots s’étouffer dans sa gorge des larmes qui l’empêchaient seulement de voir. Et sans que Mëryl ne s'en doute, ses mots étaient venus à l'esprit de sa dragonne par télépathie.
«Je ne suis plus rien...» souffla-t-elle en posant les yeux à nouveaux sur sa dague. Elle avait fait le vide. Son père la détesterait, il n'y avait plus de raison de tenter d'accomplir ses rêves en son honneur. La petite rose attrapa la dague, tremblante. «Et si je te libérais? Tu es mieux sans moi, comme eux...» Sanglots, souffle coupé. «Plus rien...»